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16 8 jo 8 8 14 18 14 Tantes à corriger fautes. poulccs prcft vainc qu’elle l’élcve h qu’aullî vafe deftruifoit jel’ay faite réfutation minée corrections. poulccs de chemin prez veine qu elles l’élcvcnt cette qu’ai nfî bafe deftruiroit je la fis relation mince RAITE
A
quiéme Figure ; & qu’on les remplit, fe tous d’eau jufques à vne rhefine hauteur, & qu’on Faiïe à tous des oti- uertures pareilles par en bas, lefquel- les on bouche pour retenir l’eau : l’ex- perience fait vo;r , qu’il faut vne pa- reille force pour empefeher tous ces tampons de fortir , quoy que l’eau foiten vne quantité toute differente en tous ces differents VailTeaux ; par- ce qu'elle eft à vne pareille hauteur en tous : & la mefure de cette force efl le poids de l’eau contenue dans le premier Vaiffcau , qui eft vniforme en tout fon corps : Car fi cette eau pe- fe cent liures , il faudra vne force de cent liures, pour foûtenir chacun des tampons, & mefme celuy du Vaif- feau cinquième , quand l’eau qui y eftnepeïeroic pas vne once. Pourl’cprouuer exa&jmcnt, il faut boucher i’ouuerture du cinquième Vaiffeau auec vne piecedebois ron- de, enueloppée d’étoupe comme le piftond’vne Pompe, qui entre & cou- le dans cette ouucrture auec tant de juftefle, qu’il n’y tienne pas , & qu’il empefehe neanmoins l’eau d’en for-
des Liqvevrs. Chap« I. 5 tir, & attacher vn fil au milieu de ce pifton, que l’on paffe dans ce petit tuyau,pour l’attacner à vu bras de ba- lance , & pendre à l’autre bras vn poids de cent liures : on verra vn par- fait Equilibre de ce poids de cent li- ures auec l’eau du petit tuyau qui pefevneonce ; & fi peu qu’on dimi- nucdeces cent liures, le poids de l’eau fera bailler le Pi lion , & par consé- quent bailler le bras de la balance où il eft attaché , & hauller cckiy où pend le poids d’vn peu moins de cent liures. Si cette eau vient à fe glacer, que la glace ne prenne pas au Vaif- feau, comme en effet elle ne s’y atta- che pas d’ordinaire ; il ne faudra à l’autre bras de la balance qu’vne once fiour tenir le poids de la glace enEqui- ibre; mais li on approche du feu con- tre le Vaiffeau,qui faite fondre la gla- ce j il faudra vn poids de cent liures pour contrebalancer la pelanteurdc cette glace fondue en eau, quoy que nous ne la fuppofions que d’vne once. La mefme chofe arriucroit, quand ces ouuertures que l’on bouche fe- A ii
x De l’E QJ I L I B RE voient a cofté, ou mefme en haut: & il (croit mefme plus aifé de l’c- prouuer en cette forte. Il faut auoir vn Vaifteau clos de tous coftez, & y foire deux ouuertu- rcs en haut, vne fort-étroitte, l’autre plus large -, & fonder fur l’vne&fur l’autre, des tuyaux de la grofleur cha- cun de fon ouuerture ; ôc on verra que fi on met vn Pifton au tuyau large, & qu’on verfe de l’eau dans le tuyau menu, il fondra mettre fur le Pifton vn grand poids, pour empefeher que le poids de l’eau du petit tuyau ne le poufle en haut ; de la mefme forte que dans les premiers exemples il fal- loir vne force de cent liures pour em- pefeher que le poids de l’eau ne les poufsât en bas , parce que l’ouuertu- re eftoic en bas ; & fi elle eftoit à cô- té , il foudroit vne pareille force pour empefeher que le poids de l’eau ne repoufsât le Pifton vers ce cofté. Et quand le tuyau plein d’eau fe- roir cent fois plus large on cent fois plus eftroit, pourueu que l’eau y fût toujours à la mefme hauteur, il fou- droit toujours vn mefme poids pour
des Liqvevrs. Chap. ï. c contrepefer l’eau , & fi peur i*ondi- minue le poids, l’eau bai itéra ,& fera monter le poids diminué. Mais fi on veifoit de beau dans le tuyau à vne hauteur double, il fau- drait vu poids double fur le Pifton, pour contrepefer l’eau 5 &demefme fi on faifoit l’ouuerture où eft le Pi- fton, double de ce qu'elle eft, il fau- drait doubler la force nccefiaire pour foùtenir le Pifton double : d où l’on voit que la force neccfiaire pourem- pefeher l’eau de couler par vne ou- verture, eft proportionnée à la hau- teur de 1 eau, & non pas à fa largeur; ôc que la mefure de cette force eft toujours le poids de toute l’eau qui fe- rait contenue dans vne colomne de la hauteur de l’eau, Ôc de lagrof- feurde l’ouuerture. Ce que j’ay dit de l’eau fe doit en- tendre de toute autre de Li- queurs.
Pourquoy les Liqueurs pefent fuguant leur hauteur. ON voie par tous ces exemples, qu’vn petit filet d’eau tient vn grand poids.en Equilibre: il refteà montrer quelle eft la caufe de cette multiplication de force ; nous Talions faire par l’experience qui fuit. Si vn Vaiileau plein d’eau, clos de toutes parcs a deux ouvertures, Pvne - centuple de l’autre ; en mettant à cha-' * cunevn Pifton qui luy foit jufte,vn homme pourtant le petit Pifton, éga- lera la force de cent hommes, qui Ecourteront ccluy qui eft cent fois plus ar» & en lurmontera quatre vingt dix neuf. Et quelque proportion qu'ayent ces ouuertuqn, fi les forces qu’on met* tra fur les Piftons font comme les ouuertures, elles feront en Equilibre. D’où il paroift, qu’vn Vaiileau plein d’eau eft vn nouueaii principe de Mé- dian i que , & vue machine nouuelle pour multiplier les forces à tel degré
Des Lîqvevrs. Chap. II. 7 qu’on voudra, puis qu’vn homme par ce moyen pourra enleucr tel fardeau qu’on luy propofera. Et l’on doit admirer, qu’il fe rencon- tre en cette Machine nouuelle céc or- dre confiant qui le trouue en toutes les anciennes, fçauoir le leuier , le tour, la vis fans fin, &c. qui eft , que le chemin eft augmenté en mclmc proportion que la force. Car il cil vi- fible,que comme vne de ces ouucitu- rc eft centuple de l’autre, fi l’homme qui pouttè le petit Pifton l’cnfonqoit d’vn poulet, il ne repouftèroit l’autre que de la centième partie feulement : car comme cette impulfion fe fait à caufe de la continuité de l’eau , qui communique de l’vn des Pillons à l’autre, & qui fait que l’vn ne peut fe mouuoir fans pourter l’autre j il eft vifible que quand le petit Pifton s’eft meu d’vn poulce, l’eau qu’il a pouflee, pourtant l’autre Pifton, com- me elle trouue fon ouuerture cent fois plus large, elle n’y occupe que la cen- tième partie de la hauteur : de forte que le chemin eft au chemin , comme la force à la force. Ce que l’on peur A iitj
prendre mefine pour la vraye caufe de cét effet, eftant clair , que c eft la inefine chofe de foire faire vn poul- ce de chemin à cent liures d’eau, que de faire faire cent poulces de chemin à vne liure d’eau; «Sr qu’ainfi , lors qu’vne liure d’eau eft tellement ajli- ftée auec cent liures d’eau , que Les cent liures ne puiilént fe remuer vn poulce, qu’elles ne foiïent remuer la liure de cent poulces , il faut quelles demeurent en Equilibre , vne liure ayant autant de force pour faire foire vn poulce de chemin à cent liâtes, que cent liures pour foire foire cent poulces à vne liure. On peut encore ajouter pour plus grand eclaircilfement > que l’eau eft également prellce fous ces deux Pi- ftons \ car fi l’vn a cent fois plus dq poids que l’autre, auffi en reuanche il touche cent fois plus de parties; & ainfi thacune l’eft également donc toutes doiuent eftre en repos > parce qu’il n’y a pas plus de raifon pourquoy l’vne cede que l’autre: de forte que fi vn Vaiifeau plein d’eau n’a qu’vne feule ouucrcure, lai-
des Liqvevrs. Chap. 11. 9 ged’vnpoulce , par exemple , où l’on mette vn Pifton charge d’vn poids d’vne liure j ce poids fait effort contre tomes les parties du Vaùîeau généra- lement^ caulé de la côtinuité & de la fluidité de Peau: mais pour déterminer combien chaque partie fouffre j en voicy la réglé. Chaque partie large d’vn poulce, comme l’ouuerturCjfouf- fre autant que fi elleeftoit pouilee par lepoids d’vne liure ( fans compter le poids de Peau dont je ne parle pas icy, car je ne paile que du poids du Pifton) parce que le poids d’vne liure prefle le Pifton qui eft a l’ouuerture , & cha- que portion du Vaiileau plus ou moins grande , fouffre precifémenc plus ou moins a proportion de fa grandeur, foit que cette portion foit vis à vis de l’ouuerture, ou à cofté , loin ou preft ; car la continuité 8c la fluidité de l’eau rend toutes ces cho- fes là égales & indifférentes : De for- te qu’il faut que la matière dont le Vaiileau eft fait, ait allez de refiftan- ces en toutes fes parties pour fou tenir tous ces efforts : Si fa rclîftance eft moindre en quclqu’vne, elle creve ; fi
De l’Eqvilibre elle eft plus grade, il en fournie ce qui eft neceifiire, & le refte demeure inii- tilc en cette occasion : tellement que fi on fait vne ouuerture nouuelle à ce Vailleau , il faudra pour arrefter l’eau qui en jalliroit , vne force égaleàla rcfiftance que cette partie deuoit auoir, c’eft a dire, vne force qui foit à celle d’vne liure , comme cette der- nière ouuerture eft a la première. Voicy encore une preuve qui ne pourra cftre entendue que par les ïculs Geomctrcs, & peut eftrepaflce par les autres. fe prends pour principe, que jamais vn corps ne fe meut par Ion poids,fans que Ton centre de granité defeende. D’où je prouue que les deux Piftos fi- gurez en la l igure VII. font en Equi- libre,en cette f orte: car leur centre de granité comun, eft au point quidiuife la ligne,qui joint leurs centres de gra- nité particuliers, en la proportion de leurs poids ; qu’ils fe meuuent main- tenant s’il eft poflible: donc leurs che- mins feront entre eux comme leurs poids réciproquement, comme nous auons fait voir : or fi on prend leur
des Liqvfvrs. Chap. II. it centre de granité commun en cette fécondé fituation, on le trouuera pre- cifëment au mefme endroit que la première fois ; car il fe trouuera toû- jours au point qui diuife la ligne, qui joint leurs centres de granité particu- liers , en la proportion de leurs poids; donc à eau le du parallelifme des li- gnes de leurs chemins, il fe trouuera en l’interfedion des deux lignes qui joignet les centres de granité dans les deux fituations : donc le centre de granité commun fera au mefme point qu’auparauant: donc les deux Pillons confiderez comme vn feul corps , fe font meus , fans que le centre de gra- nité commun foit defeendu : ce qui eft contre le principe : donc ils ne peu- vent fe mouuoir: donc ils feront en repos , c’eft à dire en Equilibre j ce qu'il falloir démontrer. lay démôtré par cette Méthode dans vnpetitTraitté dcMcchanique,la rai- fon de toutes les multiplications de forces qui fe trouuent en tous les au- tres inftrumens de Mechanique qu’on ajufquesà prefent inventez. Car je fais voir en tous, que les poids inc-
D E L E Qjr I L I B R E gaux , qui fe trouuent en Equilibre, par l’auantage des Machines , font tellement difpofez par la conftruûion des Machines,que leur centre de gra- nité commun ne fçauroit jamais det cendre, quelque foliation qu'ils prit lent : D’où il s’enfuit qu’ils doiuent demeurer en repos , c’eft à dire en Equilibre. Prenons donc pour très véritable, qu’vn Vaiileau plein d’eau , ayant des ouuercurcs, & des forces à ces ouuer- tures qui leurfoient proportionnées, elles font en Equilibre; & c’eft le fon- dement &: la radon de TEquilibredes Liqueurs , dont nous allons donner pluiteurs exemples. Cette .Machine de Mechanique pour multiplier les forces, eftant bien t—r» entendue, fait voir la raifon pour la- 11 î * * r» aX», quelle les Liqueurs peicnt fuiuant leur hauteur, & non pas fuiuant leur largeur dans tous les effets que nous enauons rapportez. Car il eft vifible qu’en la Figure VI. reau d’vn petit tuyau contre- pefevn Pifton chargé de cent liures, parce que le V ailfeau du fond eft luy
des Liqvevrs. Chap. II. 15 mefme vn Vaiilcau plein d’eau, ayant deux ouuertures, a l’vne defquelles eftlePifton large, à laurre leau du tuyau qui eft proprement vn Pifton pefant de luy mefme, qui doit con- trepefer l’autre , fi leurs poids font entr’eux comme leurs ouuertures. Aufli en la Figure V. l’eau du tuyau menu eft en Equilibre auec vn poids de cent liures -, parce que le Vaiflêau du fond qui eft large & peu haut, eft vn Vailleauclos de toutes parts > plein d’eau , ayant deux ou- uertures, l’vne en bas, large, où eft le Pifton, l’autre en haut menue , où eft le petit tuyau , dont l’eau eft propre- ment vn Pifton pefant de luy mefme, & conrrepelanr l’autre, à caufe de la proportion des poids aux ouuertures; car il n’importe pas fi ces ouuertures font vis à vis ou non , comme il a eftc die. Où l’on voit que l’eau de ces tuyaux ne fait autre chofe, que ce que feroiëc desPiftons de cuiure égalemët pelans, puis qu’vnPifton de cuiure pefant vne once, fcroit auflî bien en Equilibre auec le poids de cent liures , comme
1^. De l’E O.VI LIER! le petit filet d’eau pefant vne once : de Cotte que lacaufe de l’Equilibre d’vn petit poids auec vn plus grand , qui paroift en tous ces exemples, n'eft pas en ce que ces corps qui pefentfi peu, & qui en contrepelent de bien plus pefans, font d’vne matière liqui- de, car cela n’eft pas commun à tous les exemples , puiique ceux où de pe- tits Piftons de cuiure en contrepelent de fi pefans, montrent la mefme cho- ie mais en ce que la matière qui s’é- tend dans le fond des Vaiileaux , de- puis vne ouuerture jufqu’à l’autre eft liquide , car cela cil commun à tous ; & c’eft la véritable caufe de cette multiplication. Aulli dans l’exemple de la Fi- gure V. fi l’eau qui eft dans le pe- tit tuyau feglaçoit, & que celle qui eft dans le Vai fléau large du fond demeurait liquide , il faudrait cent liures pour foùtenir le poids de cette glacejinais fi l’eau qui eft dans le fond ïe glace, foit que l’antre fe gele ou demeure liquide, il ne faut qu’vne once pour la contrepefer. D’où il paroift bien clairement, que
des Liqvëvrs. Chap. HT. iç c’eft la liquidité du corps, qui com- munique d’vue des ouuertures à l’au- tre, qui caufe cette multiplication de forces;parce que le fondement en eft, comme nous avons déjà dit , qu’vn Vailïeau plein d’eau eft vne Machine de Mechanique pour multiplier les forces. Partons aux autres effets, dont cet- te Machine nous dccouure la raifon. Chapitre III. Exemples & raisons de l'Equilibre des Liqueurs, SI vn VailTeau plein d’eau a deux Fie are ouuertures, à chacune defquelles VÎ1L foit foudé vn tuyau ; fi on verfe de l’eau dans l’vn & dans l’autre à pa- reille hauteur , les deux feront en Equilibre. Car leurs hauteurs cftant pareilles, elles feront en la proportion de leurs groileurs, c’çft à dire de leurs ouuer- tures ; donc ces deux eaux de ces tuyaux font proprement deux Piftons pefims à proportion des ouuertures; donc ils feront en Equilibre parles
16 D B L’E QJftî. IBM dcmonftrations precedentes. De là vient, que fi on verfede l’eau dâs l’vn de ces tuyaux feulement, eUe fera remonter Veau dans l’autre, juf- ques à ce qu’elle foit arriuée à la met me hauteur , & lors elles demeure- ront en Equilibre ; car alors ce feront deux Piftons pefans en la proportion de leurs ouuertures. Ces fonet cet ne yeuurnc f.i• îe qu e rem - •liff’nc le V ai/T* j u |iif* que* â 1cm de* tuvJ'>sdr IJ e Liqueur la plut pefatite. C’eft la raifon pour laquelle l’eau monte auflî haut que fa four ce. Que fi l’on met des Liqueurs diffe- rentes dans les tuyaux , comme de l’eau dans vn, & du vif argent dans l’autre, ces deux Liqueurs icront en Equilibre,quand leurs hauteurs ferot proportionnées à leurs pefanteurs; c’eft a dire quand la hauteur de l’eau fera quatorze fois plus grande que la hauteur du vif argent , parce que le vif argent pefe de luy mcfme quator- ze fois pins que l’eau ; car ce fera deux Piftons, l’vn d'eau , l’autre de vifar- gent , dont les poids feront propor- tionnez aux ouuertures. Et mcfme quand le tuyau plein d’eau feroit cent fois plus menu que celuy ou (croit le vif argent, ce petit filet
des Liqvevrs. Chap. III. 17 d’eau tiendroit en Equilibre toute cette large malle de vif argent, pour- ueu qu’il eût quatorze fois plus de hauteur. Tout ce que nous auons dit jufques à cette heure des tuyaux , le doit en- tendre de quelque Vaillèau que ce foit, régulier ou non ; car le mefme Equilibre s’y rencontre : de forte que fi au lieu de ces deux tuyaux que nous auons figurez à ces deux ouuercures, on y mettoit deux V ai fléaux qui abou- tilient auflî à ces deux ouuertures ; mais qui fuflent larges en quelques endroits, eftroits en d’autres, & en- fin tous irréguliers dans toute leur eftenduc ;eny verfant des Liqueurs à la hauteur que nous auons dit, ces Liqueurs feroient auflî bien en Equi- libre dans ces tuyaux irréguliers , que dans les vniformes ; parce que les Li- queurs ne pefent que fuiuant leur hau- teur , & non pas fuiuant leur largeur. Et la demonftration en feroit facile, en inferiuant en l’vn & en l’autre plu- fieurs petits tuyaux réguliers ; car en feroit voir par ce que nous auons dé- montré , que deux de ces tuyaux in£
iS De l’Eqvilïbrî cripts, qui fe correfpondent dans îes deux vailleaux » font en Equilibre : donc tous ceux d’vn Vailïeau feroient en Equilibre auec tous ceux de l’aiu tre. Ceux qui font accoutumez aux infcriptions & aux circonfcriptions de la Geometrie, n’auront nulle pei- ne à entendre cela j & il feroit bien difficile de le démontrer aux autres au moins Géométriquement. Si Ton met dans vne riuiere vn tuyau recourbé par le bout d’en bas, plein de vifargent, en forte toutefois que le bout d'en haut foit hors de l'eau > le vifargent tombera en partie, jufques à ce qu’il foit baille a vne certaine hauteur, puis il ne baillera plus , mais demeurera fufpendu en cét eftat; en forte que fa hauteur foit la quator- zième partie de la hauteur de l’eau au deflus du bout recourbé; de forte que fi depuis le haut de l’eau jufques au bout recourbe, il y a quatorze pieds, le vif argent tombera jufques à ce qu'il foit arriué à vn pied feulement plus haut que le bout recourbé, à la- quelle hauteur il demeurera fufpen- du j carie poids du vif argent qui pe-
des Liqvevr.s. Chap. III. 19 fe au dedans, fera en Equilibre auec le poids de l’eau qui pefe au dehors du tuyau , à caufe que ces Liqueurs ont leurs hauteurs proportionnées à leurs poids, que leurs largeurs font indifférentes dans l’Equilibre ; & il eft aufli indifférent par la me fine rai- fon , que le bout recourbé foit large ou non , & qu’ainfi peu ou beaucoup d’eau y pefe. Aufli fi on enfonce le tuyau plus auant, le vif argent remonte, car le poids de l’eau eft plus grand ; & fi on le hauffe au contraire, le vif argent baiffé , car fon poids furpaflé l’autre *> & fi on panche le tuyau, le vif ar- gent remonte , jufques à ce qu’il foie rcuenu à la hauteur neceflàire, qui auoit efté diminuée en le panchant > car vn tuyau panché n’a pas tant de hauteur que debout. La mcfme choie arriue en vn tuyau Figurc fimplc, c’eft à dire qui n’eft point re- courbé» car ce tuyau ouuert par en haut & par en bas, cftant plein de vif argent, & enfoncé dans vne riuiere, tourueu que le bout d’en haut force ors de l’eau, fi le bout d’en bas eft à
De t Eqvïlibrb quatorze pieds Allant dans l’eau , le vif argent tombera, jufques à ce qui! n’en refte plus que la hauteur d’vu pied ; & là il demeurera fufpendu par le poids de l’eau : ce qui eft aifé à en* tendre > car l’eau touchant le vif ar* gent par de flous, & non pas par deft lus,fait effort pour le pou lier en haut, comme pour chafler vn Pifton , & auec d’autant plus de force quelle a plus de hauteur ; tellement que le poids de ce vif argent ayant autant de force pour tomber, que le poids de l’eau en a pour le poullerenhaut, tout demeure en contrepoids. Auflî fi le vif argent n y eftoit pas, il eft vifible que l’eau entreront dans ce tuyau , & y monreroit à quatorze pieds de hauteur, qui eft celle de fou niueau ; donc ce pied de vif argent pe- fant amant que ces quatorze pieds d’eau ,dont il tient la place , il eft na- turel qu’il tienne l’eau dans le mefme Equilibre ou ces quatorze pieds d’eau la ciendroient. Mais fi on metcoit le tuyau fi auant dans Peau, que le bout d’en haut y entrât. alors Peau entreroic dans le
dis Liqvevrs. Chap. IV. 11 tuyau, & le vifargent tomberoit j car Veau pefant aufli bien au dedans qu’au dehors du tuyau , le vif argent /croit fans vn contrepoids neccllàire pour eftre foûtenu. Chapitre 1 V. De F Equilibre d^yne 'Liqueur auec vu corps folide. Oys allons maintenant donner des exemples de l’Equilibre de l’eau auec des corps maiïifs, comme auec vn Cilindre de cuiure maffif, car on le fera nager dans l’eau en cette forte. Il faut auoir vn tuyau fort long, Fg. XI. comme de vingt pieds, qui s’élargif- fe par le bout d en bas, comme ce qu’on appelle vn entonnoir : h ce bout d’en bas eft rond , <Sr qu’on y mette vn Cilindrc de cuiure, fait au tour auec tant de juftelle , qu’il puilie entrer & fortir dans l’ouuerture de cét entonnoir, & y couler fans que l’eau puitfc du tout couler entre deux, & qu’il ferueainfi dePifton,ce qui eft aifé à faire j on verra , qu’en mettant
k Cilindre & cét entonnoir enfem. ble dans vne riuicre , en forte tou* tefois que le bout du tuyau foit hors de l’eau, fi l’on tient le tuyau auec la main,& qu’on abandonne le Cilindre de cuiure à ce qui deuraarriuer > ce Cilindre maflîf ne tobera point, mais demeurera fufpendu , parce que l’eau le touche par défions ôc non par def. fus ( car elle ne peut entrer dans le tuyau*,) & ainfi l’eau le poulie en haut de la mefme forte qu’elle poufioitle vif argent dans l’exemple precedent, & auec autant de force que le poids de cuiure en a pour tomber en bas ; & ainfi ces efforts contraires fecontre- balancent. Il eft vray qu’il faut pour cet effet qu’il foit allez auant dans l’eau, pour faire qu’elle ait la hauteur nccellaire pour contrepefer le cuiure: de forte que fi ce Cilindre avnpied de haut, il faut que depuis le haut de l’eau jufques au bas du Cilindre, il y ait neuf pieds, à caufe que le cuiure pefe de luy mefme neuf fois autant que l’eau ; auflî fi l’eau n’a pas allez de hauteur , comme fi on retire le tuyau plus vers le haut de l’eau, fon
dis LiQvevrs. Chap. IV. 25 poids l’emporte , 6c il tombe, mais fi on l'enfonce encore plus auant qu’il ne faut, comme à vingt pieds; tant s’en faut qu’il puifle tomber par fon poids , qu’au contraire il faudroit employer vne grande force pour le feparer 6c l’arracher d’auec l'enton- noir , car le poids de l’eau le poulie en haut auec la force de vingt pieds de haut.Mais fi on perce le tuyau,6c que l’eau y entre, 6c pefe aufli bien fur le Cilindre comme par délions, lors le Cilindre tombera par fon poids,com- me le vif argent dans l’autre exemple, parce qu’il n’a plus le contrepois qu’il faut pour lefoûtenir. Si ce tuyau tel que nous le ve- Fig.XIl. nous de figurer eft recourbe , 6c qu’on y mette vn Cilindre de bois, 6c le tout dans l’eau, en forte neanmoins que le bout d’en haut forte de l’eau; le bois ne remontera pas , quoy que l’eau l’enuironne; mais au contraire il s’enfoncera dans le tuyau, à caufe qu’elle le touche par dellus 6c non pas par deflbus, car elle ne peut entrer dans le tuyau ainfi elle le poulie en bas par tout fon poids, 6c point du
24. De l’Eqjti libre tout en haut , car elle ne le touche pas par de flous. figure Que fi ceCilindre eftoit à fleur d’eau, XI11. c’cit à dire qu’il fût enfoncé feule- ment , en forte que l’eau ne fût pas au deffus de luy, mais aufli qu’il n’eût rie hors de l’eau; lors il ne feroit pouf fé ny en haut ny en bas par le poids de l’eau , car elle ne le touche ny par deflùs ny par deflbus , puis qu’elle ne peut entrer dans le tuyau j & elle le touche feulement par tous fes coftez: ainfi il ne remonteroit pas , car rien ne l’élcue, & il tomberoit au contrai- re, mais par fon propre poids feule- ment. Que fi le bout d’en bas du tuyau eftoit tourné de cofté , comme vne croffe, & qu’on y mît vn Cilindre, & le tout dans l’eau , en forte toûjours que le bout d’en haut forte hors de Peau , le poids de l’eau le pouffera de cofté au dedans du tuyau, parce qu el- le ne le touche pas du cofté qui luy eft oppofe , Se elle agira de cette forte auec d’autant plus de force , quelle aura plus de hauteur. Chap. V.
dès Liqvevrs. Chap. V. ty Chapitre V. JDa corps qui font tout enfoncez dans l'eau. NOvs voyons par là que Feau poulie en haut les corps qu’elle touche par délions ; qu’elle poulie en bas ceux qu’elle touche par delïus ; 5c qu elle poulie de coftc ceux qu’elle touche par le cofté oppofe : d’où il eft aifé de conclure, que quand vn corps eft tout dans l’eau, comme l’eau le touche par delTus, par deflbus, 5c par tous les coftez, elle fait effort pour le fiouller en haut, en bas, 5c vers tous es coftés : mais comme la hauteur eft la mefure de la force qu’elle a dans toutes ces impreflîons on verra bien aifément lequel de tous ces efforts doit preualoir. Car il paroift d’abord que comme elle a vne pareille hauteur fur tou- tes les faces des coftés, elle les pouf- fera également ; 5c partant ce corps ne receura aucune impreffion vers aucun cofté, non plus qu’vne girouet- te entre deux vents égaux. Mais com-
n me l’eau a plus de hauteur fur la face d’en bas que fur celle d’en haut, il eft vifible qu’elle le pouflèra plus en en haut qu’en bas; & comme la dif- férence de ces hauteurs de l’eau eft la hauteur du corps mehne, il eft ai- le d’entendre que l’eau le pouffe plus en haut qu’en bas , auec vne force égale au poids d’vn volume d’eau pa- reil à ce corps. De forte qu’vu corps qui eft dans l’eau y eft porte de la mefme forte, que s’il eftoit dans vn baftin de ba- lance , dont l’autre fût chargé d’vn volume d’eau égal au lien. D’où il paroift que s’il eft de cuiure ou d’vne autre matière qui pefeplus que l’eau en pareil volume , il tombe; car fon poids l’emporte fur celuyqui le contrebalance. S’il eft de bois ou d’vne autre ma- tière plus legere que l’eau en pareil volume, il monte auec toute la force dont le poids de l’eau le lurpafle. Et s’il pefe également, il nedef- cend ny ne monte ; comme la cire qui fe tient à peu prés dans l’eau au lieu où on l’a mer.
des Liqvevrs. Chap. V. 17 De là vient que le feau d’vn puis n'eft pas difficile à hauifer tant qu’il eft dans l’eau, 6c qu’on ne fentfon poids que quand il commence à en for tir, de mefme qu vn feau plein de cire ne feroit non plus difficile a haut fer eftant dans l’eau : Ce n’eft pas que l’eau aufli bien que la cire, ne pefent autant dans l’eau que dehors; mais c’eft qu’eftant dans l’eau , ils ont vn contrepoids qu’ils n’ont plus quand ils en font tirés ; de mefme qu vn baffin de balance chargé de cent liures n’eft pas difficile à haut fer, fi l’autre l’eft également. De làvient que quand du cuiure eft dans l’eau, on le lent moins pefant precifément du poids d’vn volume d’eau égal au fien ; de forte que s’il pefe neuf liures en l’air,il ne pefe plus que huit liures dans l’eau ; parce que l'eau en pareil volume qui le contre- balance pefe vne liure : 6c dans l’eau de la mer il pefe moins ; parce que : l’eau de la mer pefe plus, a peu prés 1 d’vne quarante-cinquiefine partie. : Parla mefme raifon deux corps3 l’vn de cuiure 3 l’autre de plomb,
eftant egalement pefants, & par con- fisquent de diffèrent volume , puis qu’il faut plus de cuiure pour Fai- re la mefme pcfanceur ; on les trouuera en Equilibre, en les met- tant chacun dans vn baflïn de balan- ce : mais fi on met cette balance dans l'eau , ils ne font plus en Equilibre: car chacun eftant contrcpefc par vn volume d’eau égal au fien, le va. lumede cuiure citant plus grand que celuy de plomb, il a vn plus grand contrepoids ; & partant le poids du plomb eft le maiftre. Ainfi deux poids de différente ma- tière eftant ajuftez dans vn parfait E- quilibre, de laderniere jufteflè où les hommes peuuent arriuer ; s’ils font en Equilibre, quand l’aireft fortfec, ils ne le font plus quand l’air eft hu- mide. C’eft par le mefme principe, que quand vn homme eft dans l’eau, tant s’en faut que le poids de l’eau le pouf- fe en bas , qu’au contraire elle le poulie en hautjmais il pcfe plus qu’el- le ; & c’eft pourquoy il ne laiflè pas de tomber , mais auec bien moins
dis Liqvevrs. Chap. V. 29 de violence qu’en l’air ; parce qu’il eft contrepefé par vn volume d’eau pareil au nen, qui pefe prefque au- tant que luy ; & s’il pefoit autant il nageroit. Aufli en donnant vn coup à terre, ou faifant le moindre effort contre l’eau , il s’éleue 8c nage : 8c dans les bains d’eau bourbeuic , vn homme ne fçauroit enfoncer ; & lî on l’enfonce, il remonte de luy mcfme. Parla mefme caufe, quand on fe baigne dans vne cuue, on n’a point de peine àhaufter le bras, tant qu’il eft dans l’eau ; mais quand on le fort de l’eau, on fent qu’il pefe beaucoup; à caufe qu’il n’a plus le contiepoids d’vn volume d’eau pareil au fien, qu’il auoit eftant dans l’eau. Enfin , les corps qui nagent fur l’eau, pefentprecifément autant que l’eau dont ils occupent la place ; car l’eau les touchant par délions, 8c non pas par delliis , les poulie feulement en haut. Et c’eft pourquoy vne platine de plomb eftant mile en figure connexe, elle nage -, parce qu’elle occupe vne grande place dans l’eau par cette fi- B. * « nJ
gure ; au lieu que li elle eftoit mafli- ue , elle n’occupcroit jamais dans l’eau que la place d’vn volume d’eau égal au volume de la matière, qui ne fuffiroit pas pour la contrepefer. Chapitre VI. Des corps compreffibles qui font dans l eau. ON voit par tout ce que j’ay montré, de quelle forte Peau agit contre tous les corps qui y font, en les preflànt par tous les coftez; d’oii il eft aifé à juger, que fi vn corps compreffible y eft enfoncé , elle doit le comprimer en dedans vers le centre -, & c’eft aufli ce qu’elle fait, comme on va voir dans les exemples fuiuans. Si vn foufflet qui a le tuyau fort long, comme de vingt pieds, eft dans । l’eau, en forte que le bout du fer for- te hors de l’eau ; il fera difficile à ou- urir fi on a bouche les petits trous qui font à 1’vne des ailes ; au lieu qu’on, l*ouuriroit fans peine, s’il eftoit en l’air > à caufe que l’eau le comprime
des Liqvevrs. Chap. VI. 51 de tous coftez par fon poids : mais II on y employé toute la force qui y eft neceftaire , & qu’on Voilure ; fi peu Îpi’on relâche de cette force , il fe rc- èrmeaucc violence ( au lieu qu’il fe tiendroit tout ouuerc s’il eftoit dans l’air ) à caufe du poids de la maiîc de l’eau qui le prelle. Auflî plus il eft auant dans l’eau, plus il eft difficile à ouurir ; parce qu’il y a vne plus grande hauteur d’eau à lupporter. C*eft ainfi que fi on met vn tuyau Figure dans l’ouuet cure d’vn balon, & qu ou x v *• lie le balon autour du bout du tuyau, long de vingt pieds > en verlant du vif argent dans le tuyau jufques à ce que le balon en foit plein ; le tout eftant mis dans vne cuue pleine d’eau, en forte que le bout du tuyau forte hors de l’eau-, on verra le vif argent monter du balon dans le tuyau , juf- ques à vne certaine hauteur ; à caufe que le poids de l’eau prelfant le ba- lon de tous coftcz, le vif argent qu’il contient eftant prefle également en tous fes points , hormis en ceux qui font a l’entrée du tuyau ; ( car l’eau n’y a point d’accès, le B iiij
tuyau qui fort de Peau l’empefchant ) il e11 poulie des lieux où il eft prefle vers celuy où il ne left pas ; & ainfi il monte dans le tuyau jufques a vne hauteur à laquelle il pefe autant que Veau qui eft au dehors du tuyau. En qtioy il arriue la mefme chofe, que fi on prelfoit le balon entre les mains , car on feroit fans difficulté remonter fît liqueur dans le tuyau j & il eft vifïble que Peau qui l’enuiron- ne le prefte de la mefme forte. C*eft par la mefme raifon , que fi . vn homme met le bout d’vn tuyau de verre long de vingt pieds fur fa cuiffe, & qu’il fe mette en cét eftat dans vne cuuc pleine d’eau, en forte que le bout d’en haut du tuyau foie hors de l’eau ; fx chair s’enflera à la partie qui eft à l’ouuerture du tuyau , &, il s’y formera vne grolle tumeur, auec douleur , comme fi fa chair y eftoit fuccce & attirée par vne van- touze ; parce que le poids de l’eau comprimant fon corps de tous co- ftez, hormis en la partie qui eft la bouche du tuyau qu’elle ne peut tou- cher , à caufe que le tuyau où elle ne
des Liqvevrs. Chap. VI. h peut entrer empefche qu’elle n’y ar- riue> la chair eft poullee des lieux où il y a de la compreflion , au lieu où il n’y en a point ; & plus il y a de hau- teur d’eau , plus cette enfleure eft grotte ; & quand on ofte l’eau , l’en- fleure celle: & de mefme li on fait encrer l’eau dans le tuyau > car le poids de l’eau affrétant aufli bien cet- te partie que les autres , il n’y a pas plusd’enfleure en celle Jà qu’aux au- tres. Cét effet eft tout conforme au pre- cedent ; car le vif argent en l’vn , ôc la chair de cet homme en l’autre * cftant prettes en toutes leurs parties* excepté en celles qui font à la bouche des tuyaux; ils font pondez dans le tuyau, autant que la force du poids de l’eau le peut faire. Si l’on met au fond d’vne cuue plei- ne d’eau vn balon où l’air ne foit pas fort prette ; on verra qu’il fera com- primé fenftblcment ; & à mefure qu’on oftera l’eau , il s’élargira peu à peu ; parce que le poids de la malle de l’eau qui eft au de dus Je luy le comprime de tous codez vers B v
34 l’Eq^vilibre le centre , jufqu a ce que le reflort de cet air comprime foie auflî fort que le poids de l’eau qui le prefle. 5i l’on mec au fond de la mefme cuue pleine d’eau vn balon plein d’air prefle extrêmement ; on n’y re- marquera aucune compreflîon : ce n’eft pas que l’eau ne le prefle ; car le contraire paroift dans l’autrebalon. &danscekiyoù eftoic le vif argent, dans lefouftlet, & dans tous les au- tres exemples ; mais c’eft qu’elle n’a pas la force de le comprimer fenfi- blement;parce qu’il i’eftoit déjà beau- coup : de la mefme force que quand vn reflort eft bien roide, comme ce- luy d’vnearbaleftre , il ne peut eftre plié fenfiblemenc par vne force mé- diocre , qui en comprimeroit vn plus foible bien vifiblemenc. Et qu’on ne s’étonne pas de ce que Je poid > de l’eau ne comprime pas ce balon vifiblemenc; & que neanmoins on le comprime d’vne façon fort con- fiderablc , en appuyant feulement le doigt defliis ; quoy qu’on le pref- fe alors auec moins de force que l’eau: La raifon de cette différence eft > que
des Liqvevrs. Cfiap. Vf. quand le balon eft dans l’eau, elle le prelïe de tous coftez ; au lieu que quand on le prefie auec le doigt, il n’eft prefie qu’en vne partie feule- ment : or quand on le prefte auec le doigt en vne partie feulement , on l’enfonce beaucoup , & fans peine ; d’autant que les parties voifines ne font pas ptelfoes, & qu’ainfi elles re- çoiuent facilement ce qui eft ofté de celle qui l’eft : de force que comme la matière qu’on chafic du feul en- droit prelfé fediftribuë à tout lere- fte, chacune en a peu à reccuoir ; ôc ainfi il y a vn enfoncement en cette partie qui deuient fort vifible , par la comparailon de toutes les parties qui l’enuironnent, 8c qui en font exem- ptes. Mais fi on venoit à p reflet aufli bien toutes les autres parties comme celle la; chacune rendant ce qu’elle auoit receu de la première, elle re- uiendroità fon premier eftat ; parce qu’elles feroient prefiées elles me fi- nies aufli bien qu’elle ; 8c comme il n’y auroit plus qu’vne compreflîon generale de toutes les parties vers le
centre, on ne verroir plus de com. preflion en aucun endroit particulier, & l’on ne pourvoit juger de cette compreflion generale que par la com- parai fon de l’efpace qu’il occupe à celuy qu’il occupoit; & comme ils fe- roient très peu differents, il feroit im- poflible de le remarquer. D’où l’on voit combien il y a de différence entre prefler vne partie feulement, ou pref- îer généralement toutes les parties. Il en eft de mefme d’vn corps dont on prefle toutes les parties, hors vne feulement ; car il s’y fait vne enfleure par le regorgement des autres, com- me il a paru en l’exemple d vn hom- me dans l’eau, auec vn tuyau fur fa cuiflc. Aufli fi l*on preflé le mefme balon entre les mains , quoy qu’on tâche de toucher chacune de fes par- ties , il y en aura toujours quelqu’vne era entre les doigts , où vne grofle tumeur : mais s’il eftoit poflible de le prefler par tout également, on ne le comprime- jroit jamais fenfiblement, quelque ef- fort qu’on y employait ; pourueu que l’air du balon fût déjà bien preflede qui s’echapp il fe formera
des Liqvevrs. Chap. VII. 57 luy mefme : & c’eft ce qui arriue quand il eft dans l’eau ? car elle le touche de tous coftez. Chapitre VII. Dej animaux qui font dans teau. TOvt cela nous découure pour- p quoy l’eau ne comprime point - les animaux qui y font , quoy qu’el- * le preife généralement tous les corps qu’elle enuironne, comme nous Ta- lions fait voir par tant d’exemples: Car ce n’eft pas qu’elle ne les preiîe ; mais c’eft que comme nous auons dé- jà dit, comme elle les touche de tous coftez , elle ne peut eau fer ny d’en- fleure ny d’enfoncement en aucune partie en particulier ; mais feulement vne condenfation generale de toutes les parties vers le centre, qui ne fçau • roiteftre vifible , fi elle n’eft grande, &qui ne peut eftre qif extrêmement legere , à caufe que la chair eft bien compare. Car fi elle ne le touchoit qu’en vne partie feulement , ou fi elle le tou- choit en toutes, excepté en vne, pour-
ueu que ce fut eu vne hauteur confi- dcrable^ l'effet en feroit remarqua- IJ ™ auons fait voir ; mais le preffant en toutes, rien ne paroift. il eft aifé de palier de là àlaraifon pour laquelle les animaux qui font dans l’eau n’en (entent pas le poids. Car la douleur que nous fentons quand quelque chofe nous prefteeft grande, fi la compreffion eft grande; parce que la partie prelféeeft épuifée de fitng, & que les chairs , les nerfs, les autres parties qui la compta- ient 5 font poullees hors de leur • pla- ce naturelle , & cette violence ne peutarriuer fins douleur. Mais fi la compreffion eft petite, comme quand on effleure fi doucement la peau auec le doigt, qu on ne pritie pas la par- tie qu’on touche de lang , qu’on n’en détourne ny la chair, ny les nerfs, & qu’on n’y apporte aucun change- ment ; il n’y doit aufh auoir aucu- ne douleur fenfible ; <3c fi on nous touche en cette forte en toutes les parties d.i corps , nous ne deuons fentir aucune douleur d vne compref* fion fi legere.
des Liqvevrs. Chap. VIL 59 Etc’eftce qui arriue aux animaux qui font dans feau ; car le poids les comprime à la vérité, mais fi peu que cela n’eft aucunement perceptible, par la raifon que nous au on s fait voir; fi bien qu’aucune partie n’eftant pref- fée, ny cpuifée de fang, aucun nerf ny vaine, ny chair , n’eftant détour- nez ( car tout eftant également pref- fé, il n’y a pas plus de raifon pour- quoy ils futlènt poutlez vers vne partie que vers l’autre ) & tout enfin demeurant fans changement ; tout doit demeurer fans douleur & fans fentiment. Et-qu’on ne s’étonne pas de ce que ces animaux ne fentent point le poids de Peau ; & que neanmoins ils lenti- roient bien fi on appuyoit feulement le doigt dclfus ; quoy qu’on les pres- sât alors auec moins de force que l’eau; car la raifon de cette différen- ce eft , que quand ils font dans l’eau, ils font prêtiez de tous les coftez gé- néralement ; au lieu que quand on les pretlé auec le doigt, ils ne le font qu’en vne feule partie : or nous auons montré que cette différence
eft la caufe pour laquelle on les com- prime bien vifiblement par le bout du doigt qui les touche ; & qu’ils ne le font pas vifiblement par le poids de l’eau, quand mefme il feroit aug- menté du centuple : & comme lefen- timcnt eft toujours proportionné à la comprcflion , cette mefme différen- ce eft la caufe pour laquelle ils fentent bien le doigt qui les prelïe > & non pas le poids de l’eau. Etainfi la vraye caufe qui fait que les animaux dans l’eau , n’en fentent pas le poids , eft qu’ils font preflcz également de toutes parts. Aufli fi l’on met vn ver dans ‘de la pafte , quoy qu’on la prefsât entre les mains, on ne pourroit jamais l’c- crafcr, ny feulement le blelfer, ny le comprimer •> parce qu’on le pref* feroit en toutes fes parties : l’expe- riencequi fuit leva prouuer. Il faut anoir vn tuyau de verre, bouché par en bas > à demy plein d’eau, ou on jette trois chofes ; fçauoir vn petit balonà demy plein d’air, vn autre tout plein d’air, & vne mouche (car elle vit dans l’eau tiede > auffi bien
des LiQvevrs. Chap. VII. 41 que dans l’air) ôc mettre vn Pifton dans ce tuyau 3 qui aille jufqu’à l’eau: Il arriuera que fi on prefle ce Pifton auec telle force qu’on voudra , com- me en mettant des poids deflîis en grande quantité ; cette eau preilee profitera tout ce qu’elle enferme ; auf- fi le balon mol fera bien vifiblemenc comprimé ; mais le balon dur ne fe- ra non plus comprimé , que s’il n’y auoit rien qui le prefsât, ny la mou- che non plus ; 8c elle ne fentira aucu- ne douleur fous et grand poids ; car on la verra le promener auec liber- té 8c viuacité le long du verre , 8c mefme s’enuoler dés qu’elle fera hors de cette prifon. Il ne faut pas auoir beaucoup de lutnicre pour tirer de cette expérien- ce tout ce que nous auions déjà allez démontré. On voit que ce poids prefle tous ces corps autant qu’il peut. On voit qu’il comprime le balon mol : par confequent il profite auflî celuy qui eft a cofté *, car la mefme raifoneft pourl’vn que pour l’aurre* Mais on voir qu’il n’y paroift aucune compreflion.
41 Dec Eqvilibkb D’où vient donc cette différence, &d’où pourvoit elle arriuer , finon de la feule chofe en quoy ils diffè- rent? qui eft que Tvn eft plein d’vn air pi e fie, qu’on y a pou fie par force; au lieu que l’autre eft feulement à de- in y plein ; & qu’ainfi Pair mol qui eft dans l’vn eft capable d’vne grande coinpreffïon , dont l’autre eft inca- pable ; parce qu’il eft bien compaft, & que l’eau qui le prelie l’enuiron- nant de tous coftez , n'y peut faire d’impreflîon fenfibte, parce qu’il fait arcade de tous coftcz. On voit aufli quecér animal n’eft point comprimé: & pourquoy ? finon par la mefme raifon, pour laquelle le balon plein d’air ne l’eft pas. Et en- fin on voit qu’il ne fent aucune dou- leur par la mefme caufe. Que fi on mettoit au fond de ce tuyau de la pafte au lieu d’eau, 8c le balon & cette mouche dans cette pâ- te ; en mettant le Pifton defliis, 8c le preflantla mefme chofe arriueroit. Donc puifque cette condition d’ê- ftreprefie detouscoftez, fait que la comprcïEon ne peut eftre fenfible ny
des Liqvevrs. Chap. VII. 4$ douloureufe ; ne fout il pas demeurer d’accord que cette feule raifon rend le poids de l’eau infcnfible aux ani- maux qui y font. Qu’on ne dife donc plus que c’eft parce que l’eau ne pefe pas fur elle mefme ; car elle pefe par rour égale- ment : ou qu’elle pefe d’vne autre maniéré que les corps folides > car tous les poids font de mefme nature; & voicy vn poids folide qu’vne mou- che fupporte fans le fentir. Et fi on veut encore quelque choie de plus touchant > qu’on ofte le Pi- fton , & qu’on verfe de l’eau dans le tuyau, julqu’à ce que l’eau qu’on au- ra mife au lieu du Pifton pefe au- tant que le Pifton mefme : il eft fans doute que la mouche nefentiranon plus le poids de cette eau , que celuy du Pifton. D’où vient donc cette in- fenfibilitu fous vn fi grand poids dans ces deux exêples ? Eft-ce que le poids eft d’eau ? Non ; car quand le poids eft folide, elle arriue de mefme. Di- Ions donc que c’eft lèulcnienc, parce que cct animal eft enuironné d’eau ; car cela feul eft commun aux deux
'44 De l’Eqv. des Liqv. Ch.VIT. exemples ; auflî c’en eft la véritable raifon. Auflî s’il arriuoit que toute l’eau qui eft au defliis de céc animal, vint à fe glacer ; pourueu qu’il en reftât tant foit peu audeflîis de luy de liquide, & qu’ainfi il en fût tout enuironné* il nc^lentiroit non plus le poids de cet- te glace, qu’il faifoit auparauant le poids de l’eau. Et fi toute l’eau de la riuiere fegla. çoit, à la referuede celle qui feroit à vn pied prés du fonds ; les poiflons qui y nageroient ne fentiroient non plus le poids de cette glace, que celle de l’eau où elle fe relbudroit enfuite. Et ainfi les animaux dans l’eau, n’en fentent pas le poids ; non pas parce que ce n’eft que de l’eau qui nefe defliis ; mais parce que c’eft de l’eau qui les enuironne.