Text
                    Catalonia

31 | Deuxième semestre 2022

La projection de la Catalogne et des pays de langue
catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) :
diplomatie, paradiplomatie et réseaux
Michel Martínez (dir.)

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/catalonia/3066
ISSN : 1760-6659
Éditeur
Sorbonne Université - Laboratoire CRIMIC (EA 2561)
Référence électronique
Michel Martínez (dir.), Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022, « La projection de la Catalogne et des
pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux » [En
ligne], mis en ligne le 15 décembre 2022, consulté le 13 février 2023. URL : https://
journals.openedition.org/catalonia/3066

Ce document a été généré automatiquement le 13 février 2023.

Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International
- CC BY-NC-ND 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/


1 SOMMAIRE Monographique La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XX e-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux. Introduction Michel Martínez Catalunya Nord, o dues lògiques territorials contraposades Christian Lagarde La projecció internacional de la literatura com a dinàmica activa de la difusió de la identitat catalana Maria Patricio Mulero La internacionalización del proceso independentista catalán (2012-2017): motivos, acciones y balance Orlando Manzano Guerrero Paradiplomatie fonctionnelle et identitaire et protodiplomatie en Catalogne : un cas unique Stéphane Paquin Varia Lírics moderns del 1914: Josep Carner i Guillaume Apollinaire Marc Audí Entre el silenci i l’esgarip a La salvatge, d’Isabel-Clara Simó Maria Sevilla Paris Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
2 Monographique La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
3 La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux. Introduction Michel Martínez 1 Dès lors que le catalanisme culturel, puis politique, a réussi à bâtir (ou rebâtir ?) une conscience nationale catalane de façon hégémonique en Catalogne (premier tiers du XXe siècle), les acteurs politiques, socio-culturels et économiques de cette nouvelle société catalane ont souhaité se projeter en dehors des frontières de l’Espagne pour faire connaître et reconnaître cette « catalanité » portée par une Catalogne qui prend de plus en plus la forme d’une « nation culturelle », une « nation sans État » ou une « petite nation non souveraine », comme la nomme Sébastien Paquin dans ce numéro de Catalonia. Pourquoi et comment s’est articulée cette promotion à l’étranger de la Catalogne et de l’aire linguistique catalane dans son ensemble (ce que d’aucuns appelleront les Pays catalans) au cours des XXe et XXIe siècles ? C’est la question qui fait l’objet de ce numéro et à laquelle nous allons tenter d’apporter quelques réponses. 2 À la fin du XIXe siècle, la Catalogne est, certes, devenue la locomotive industrielle et l’usine de l’Espagne ; toutefois, la volonté des différents acteurs de cette société évolue vers un besoin de faire résonner les singularités et l’idiosyncrasie catalanes en marge (ou en complément) d’une Espagne exclusivement castillane projetée par les institutions de l’État central. Autrement dit, il est jugé crucial en Catalogne de faire entendre la voix alternative d’une Espagne méditerranéenne, industrielle et catalanophone, prétendument plus européenne et moins isolée ou reculée que l’Espagne de la Meseta. Selon les aléas, les idéologies et l’évolution politiques de la Catalogne (et de l’Espagne tout entière), cette voix catalane sera tantôt compatible ou incompatible avec une voix espagnole. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
4 3 Cette demande de reconnaissance (dans le reste de l’Espagne et à l’étranger) est très claire en Catalogne où une partie conséquente de la société catalane a désormais conscience de sa singularité linguistique, nationale et économique comme le démontrent l’hégémonie des partis catalanistes (Lliga puis Esquerra), l’avènement de la Mancomunitat de Catalunya (1914) puis la restauration de la Generalitat de Catalunya sous la Seconde République espagnole (1932), un régime profondément marqué et pensé pour trouver une issue au « problème catalan » au sein de l’Espagne. En revanche, dans les autres territoires catalanophones intégrés à l’État espagnol (Baléares, ancien Royaume de Valence, l’Aragon oriental…) la contestation de l’État et de l’hispanité (tout autant hispano-castillans) semble moins affirmée en raison d’une « auto-conscience » nationale, culturelle, linguistique et économique bien plus fragile et nullement hégémonique. Cette distinction dans le degré d’affirmation de la Catalogne par rapport aux autres régions catalanophones a pu se vérifier également sur le plan de la considération du catalan comme langue nationale et de culture –une diglossie un peu moins forte en Catalogne qu’à Valence ou aux Baléares où les élites sont, en outre, fortement castillanisées– mais aussi autour d’une conscience nationale catalane de moins en moins compatible, pour les catalanistes du Principat, avec la nation espagnole, en passe de devenir une simple structure administrative (l’État). Par conséquent, l’expression régionale (plus que nationale) des différentes formes de catalanité dans les territoires catalanophones (hors Catalogne) ne mène pas au même processus de dissociation vis-à-vis de l’Espagne. Lorsqu’il se produit, parfois, à travers de multiples formes de « pancatalanisme » linguistique et/ou politique, ces mouvements sont globalement bien plus discrets qu’au Principat. 4 Pour ce dossier, nous avons décidé de retenir quatre articles qui déclinent quatre aspects distincts de cette projection catalane à l’étranger. En premier lieu, Christian Lagarde pose le problème de la « double légitimité nationale » de la Catalogne Nord. Tiraillée entre la France et la Catalogne-sud, la « Catalogne française » est un département français (les Pyrénées-Orientales), appartenant désormais à la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée. Toutefois, les structures paradiplomatiques de la Catalogne-Sud (Casa de la Generalitat de Catalunya a Perpinyà, notamment) relèvent de la politique « interne » à la Catalogne, en aucun cas de la « politique étrangère ». Cette approche « intérieure » de la part de la Generalitat est bien entendu légitime, et répond à la logique interne des instances autonomes catalanes, mais elle finit par poser un certain nombre de problèmes aussi bien dans les rapports avec les autorités locales (et donc de la République française) que dans la promotion de la langue catalane qui, pour les différentes strates de l’administration française, n’a de toute façon qu’un statut (plus que précaire) de « langue régionale ». 5 De son côté, Maria Patricio Mulero propose de réfléchir à la projection internationale de Barcelone, la capitale catalane. En effet, avant l’existence d’une marque « Catalogne », si tant est qu’elle existe, c’est bien la marque « Barcelone » qui s’est considérablement exportée depuis la fin du vingtième siècle, notamment grâce aux Jeux Olympiques de 1992, mais aussi comme capitale éditoriale en langue espagnole depuis les années 1970. Le rayonnement littéraire de Barcelone a été un avantage certain pour faire découvrir et promouvoir à l’étranger la littérature d’expression catalane, de même que les Jeux Olympiques furent aussi un événement global où le monde entier put percevoir que Barcelone n’était pas qu’une grande ville espagnole mais qu’elle était surtout la capitale de la Catalogne (symboles nationaux de la Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
5 Catalogne présents et mis en valeur, aux côtés des symboles espagnols, pendant les cérémonies d’ouverture et de clôture). 6 Concernant le processus indépendantiste catalan (2012-2017), qui a mis au centre des actualités internationales le bras de fer institutionnel et politique entre les gouvernements catalan et espagnol, Orlando Manzano Guerrero a choisi de réfléchir à l’internationalisation du conflit, une stratégie développée par les différents gouvernements indépendantistes, afin de justifier une feuille de route qui, en 2017, s’est finalement révélée hasardeuse. Pour la reconnaissance de la future République catalane, les différents leaders indépendantistes ont fait la promotion à l’étranger de la légitimité démocratique de leur action (portée a fortiori par une société civile très mobilisée) pour ainsi gagner la sympathie de certains États, sensibles aux revendications de liberté et du « droit de décider » du « peuple catalan ». Une déclaration d’indépendance n’a d’effet que si les autres États reconnaissent ce nouvel État autoproclamé et c’est dans ce domaine, précisément, que l’on peut constater l’échec du processus indépendantiste. De même, la déclaration unilatérale d’indépendance ne sera jamais effective comme l’atteste le fait, entre autres, que les drapeaux espagnols ne sont à aucun moment retirés des bâtiments publics de la Generalitat. 7 Finalement, Sébastien Paquin revient sur les différents types de paradiplomatie que les différents gouvernements catalans ont utilisés au fil des années. En tant que « petite nation non souveraine » (comme l’Écosse, le Québec ou la Flandre), la Catalogne a dès le milieu des années 1980 mis en pratique une forme de paradiplomatie fonctionnelle. Revendiquée d’abord par des régions voulant se doter d’une politique à l’étranger (et non d’une politique étrangère pour l’instant), cette paradiplomatie fonctionnelle est aujourd’hui exercée par l’ensemble des communautés autonomes d’Espagne et par toutes les régions de l’Union européenne. Il s’agit par exemple des bureaux de représentation auprès des institutions européennes (notamment le Comité des régions) mais aussi des antennes de promotion commerciale, touristique, qui cherchent à capter des investissements et à exercer une forme de lobby. Ensuite, pour les régions ayant une culture et une langue propres, distinctes de celle majoritaire au niveau de l’Étatnation, vient la paradiplomatie identitaire, en charge de la promotion à l’étranger de sa langue, sa culture, sa littérature… Aujourd’hui aussi, et après quelques tensions, parfois vives, avec les autorités espagnoles, cette paradiplomatie semble acquise et les bureaux de l’Institut Ramon Llull à Paris, Londres, New York et Berlin ont pu, pendant la suspension de l’autonomie fin 2017, maintenir leurs activités. En revanche, il en a été autrement pour les délégations de la Generalitat dans les principales capitales du monde ; elles furent toutes fermées (à l’exception de celles de Bruxelles et Madrid) car, selon le gouvernement espagnol, les activités de ces délégations relevaient de la protodiplomatie et non de la paradiplomatie identitaire. Autrement dit, du point de vue de l’État espagnol, la représentation catalane à l’étranger préparait et veillait à l’avènement (prochain, selon la feuille de route indépendantiste) de la République catalane. 8 Comme vous pouvez l’observer, les quatre articles proposés sont fort riches et variés et abordent différents champs de la politique catalane à l’étranger ou, comme on a pu le dire ou l’écrire par moments, de politique étrangère catalane. 9 Bonne lecture ! À Toulouse, le 12 décembre 2022 Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
6 AUTEUR MICHEL MARTÍNEZ Université Toulouse Capitole- FRAMESPA UMR 5136 michel.martinez[at]ut-capitole.fr Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
7 Catalunya Nord, o dues lògiques territorials contraposades Christian Lagarde NOTE DE L’AUTEUR El tema d’aquest article és sense cap dubte espinós. És difícil mantenir del tot un cert neutralisme científic quan hom forma part d’una entitat del territori i quan hom té feta més de la meitat de la seva vida en aquest mateix territori. Però queda clar que l’experiència, i una certa distància crítica, ajuden a tenir una visió panoràmica d’un fenomen massa sovint emmascarat per prejudicis creuats i antagònics, i a intentar valorar-lo amb el que voldria ser perspicàcia i matisacions (veg. ref. de treballs anteriors, infra). 1 «Cap i casal» Barcelona, i per tant Catalunya, no es veu(en) sinó com a capital i capdavantera(es) dels Països Catalans (PP.CC)1. Andorra és un Estat independent, les Illes són illes i per tant aïllades, la Franja només és zona de transició, L’Alguer només un símbol; València es resisteix, i Catalunya Nord, part històrica escindida de Catalunya, és a França. Tot i això, el conjunt conforma «el territori», amb les seves estadístiques esgrimides com a reivindicació de pes: una superfície de 69.832 km2, una població de 14.390.000 habitants. 2 El departament francès dels Pirineus Orientals, amb 4.116 km2 i 481.691 h. 2, representa per tant (només) el 5,9% de la superfície i el 3,35 % de la població dels PP.CC. Comparat amb la regió Occitània, de 72.724 km2 i 5.933.185 h, representa el 4,11% de la superfície, i el 8,11% de la població d’aquesta entitat recent3. I en la hipòtesi d’una reunificació de Catalunya (Catalunya Nord dintre de la Catalunya històrica), el pes de la Catalunya Nord seria de l’11,36% de la superfície i del 6,3% de la població, en relació amb aquest conjunt. Consta doncs d’un pes relatiu prou baix a cadascuna de les configuracions: una, de realitat política vigent des del Tractat dels Pirineus del 1659; una altra, de reivindicació política i si més no lingüístico-cultural, basada en la frontera del Tractat de Corbeil del 1258. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
8 3 La lògica administrativa de l’Estat francès, redueix a Catalunya Nord com a (més o menys) un departament; la lògica política, i de certa manera, «paradiplomàtica» de la Generalitat de Catalunya, a un dels cinc o sis4 components dels PP.CC. Cadascuna de les dues entitats –que poden argüir de les seves legitimitats, les quals s’aniran aquí esbrinant– hi desplega per tant una política institucional, lingüística i cultural que es poden mirar conjuntament tant com a complementàries com a contraposades, i fins i tot antagòniques. L’interès de plantejar la problemàtica de les relacions de poder basades en el territori, és per tant el paper de frontissa que li toca jugar a la Catalunya del Nord5, quan, des de Barcelona, es considera que «Catalunya Nord és Catalunya» i quan s’exhibeix el lema «Esborrem el Tractat dels Pirineus»; quan, fins i tot, el primer queda per demostrar i el segon, per aconseguir, mentre l’Estat francès ho considera casa seva. Aquest seria (i és) un tema de molt gruix, revelador de lògiques no sempre ostentades i de profundes contradiccions. A les planes que segueixen, tan sols se’n pretén subratllar l’entramat. Legitimitats: l’establert i l’outsider 4 Catalunya Nord és terra de dues fronteres: la medieval, del Tractat de Corbeil de 1258, que conforma el seu límit septentrional a la Corbera; la moderna del Tractat del Pirineus de 1659, al sud, a l’Albera, que va provocar l’«escissió» del comtats catalans del nord, del conjunt de la Catalunya dels comtes-reis, qui manaven a la Corona d’Aragó. L’argument històric de caire primigeni que així es pretén esgrimir, és tot i això ambivalent: les províncies romanes de Narbonesa i Tarraconesa seguien la línia divisòria de l’Albera; la Marca Hispanica carolíngia, posterior, la de la Corbera. Però és aquesta que fa servir la reivindicació lingüístico-cultural formulada arran del Modernisme del XIX i la política nacional(ista) desenvolupada des de l’inici del segle XX amb el Noucentisme. Al nord, es va reforçar contínuament el centralisme d’Estat, des de la monarquia absoluta, passant per la República i l’Imperi; al sud, s’han anat dibuixant variacions entre centralisme més o menys contundent i gestions de tipus autònom, sia de fet sia de jure. 5 Ja pel XIX, Nicolas Berjoan6 ha deixat demostrat que hi havia al nord dues menes de legitimitats: la lingüístico-cultural, catalana de soca-rel (amb afinitats literàries), i la política, republicana francesa (amb uns referents genuïns). I la història del segle XX ha anat profunditzant aquell trencament: d’una banda, què se sap al sud de les dues guerres mundials? Què se sap al sud del pes de l’Estat-nació?; de l’altra, què se sap al nord, sinó de retruc, de les dictadures i de la guerra civil? Què se sap al nord de l’autogovern? Catalunya Nord va ser part de Catalunya, però compleix tres segles i mig d’una història original, més semblant a la de les perifèries de l’Estat francès (a més a més, la de l’Occitània lingüística, veïna i bessona) que no pas a aquella de la resta dels Països Catalans. 6 Mentre que al llarg de tot el segle XX es va qüestionar al sud la inclusió de Catalunya a l’Estat espanyol, poc ressò ha tingut aquesta actitud a França. Però en els moments més àlgids de la contestació catalana (guerra de Successió, Segona República, guerra civil i franquisme, i la recent Declaració Unilateral d’Independència, DUI), la relació de forces amb l’Estat (i «la resta de l’Estat») mai no ha aconseguit tombar la preeminència d’Espanya sobre Catalunya7. A més a més, els poders legítimament (o no) establerts per ambdues parts de la frontera de l’Albera, han anat demostrant amb continuïtat la seva Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
9 aposta aferrissada per mantenir l’status quo alberenc, i per tant la seva rotunda desestimació per qualsevol transgressió de l’ordre modernament establert des del 1659. Igualment ho acaba de demostrar, arran de la DUI, la Unió Europea, en la qual es confiava molt des de Catalunya, considerant-la com a entitat supra-estatal potencialment/suposadament capaç de superar i contrarestar la política adversa dels Estats. 7 Tant els poders autònoms catalans legítims (Mancomunitat [1914-1923], Generalitat republicana [1932-1939], Generalitat restablerta [des del 1979]), com els partits polítics nacionalistes (ERC, CDC), i fins i tot les entitats representatives de la societat civil catalana (ara, Òmnium cultural i l’ANC [Assemblea Nacional de Catalunya]), no han deixat de topar durant l’última centúria amb el sostre estatal (i europeu), que els deixava (i deixa) un paper d’outsider, dotat de poders clarament limitats per les respectives constitucions, i basats (si s’escau) en diferents graus de subsidiarietat. La història catalana contemporània demostra una inflació reivindicativa cada vegada més contundent, de cara a l’afirmació recurrent de la intangibilitat del marc territorial i la rigidesa del marc jurídic (o de la seva interpretació). Però no per tant, fins ara, s’ha deixat de lluitar per a canviar-ho i provar d’«esborrar la frontera». 8 La intangibilitat de la frontera interestatal8 és el símbol més significatiu de la impotència comprovada en el dia a dia. El control d’un pas tan estratègic com aquell del Portús9 per forces alienes a aquelles dels Estats, és excepcional i molt puntual: sols ho van exemplificar, tant l’acte de protesta contra la Sentència 31/2010 del Tribunal Constitucional espanyol, amb ocupació i trencament de fluxos terrestres l’11 de setembre del 2013, amb motiu de celebració de la Diada, com la protesta de cara a les repressions realitzades arran de la DUI del 2017, duta a terme el 9 de novembre del 2019. Ben mirat, observem que en aquests actes, els Estats no van desplegar les forces policials i/o militars de les quals disposaven en clau d’una potencial violència repressiva. Tot i això, queda palès que el poder regalià de l’Estat es pot imposar quan li convé10, com quan, després de visitar, el 5 de novembre del 2020, el pas fronterer del Portús, el president francès Macron va decidir tancar els passos secundaris de l’Albera, amb motiu de la immigració il·legal, deixant incomunicats els pobles situats de banda a banda de la frontera. Així doncs es va deixar constància de qui mana, i de retruc, de quin marge de tolerància s’admet. Unes estratègies locals 9 Poca cosa es pot en contra dels Estats, més enllà de les manifestacions puntuals de subversió de l’ordre establert que mantenen, i per tant, més aviat, s’han de conduir estratègies de diversió, mitjançant diverses formes d’infiltració transfronterera. Ho esbrinarem primer a nivell «local», en el sentit referent a Catalunya Nord –i ho repetirem més endavant, a nivell nacional o estato-nacional. La Casa de la Generalitat 10 El pas més encertat és el simbòlic, que permet, més enllà de l’afirmació i una certa visibilització, constituir una plataforma d’impulsió i coordinació de tota una sèrie d’actuacions diverses i concretes. La implantació, el 2003, d’una Casa de la Generalitat 11, amb senyera, al centre històric de Perpinyà, significa ben clar a nivell institucional Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
10 l’afirmació, per part de l’autogovern català, d’una continuïtat territorial, reduïda a manifestar-se per via transfronterera –potencialment però veritablement qüestionada com a transitòria, entre 1659 i un futur si més no pròxim d’alliberament d’aquesta contingència. 11 L’establiment de la Casa va ser una iniciativa conjunta: si bé es va inaugurar el 5 de setembre del 2003, pocs mesos abans que es retirés Jordi Pujol de la presidència de la Generalitat, també es va beneficiar del suport del batlle de Perpinyà, Jean-Paul Alduy, convertit en procatalanista des del 1993, sota l’empenta local del partit Unitat catalana encapçalat per Jaume Roure, a qui va fer tinent seu12. Aquest gir identitari oportunista, inspirat pel procés de democratització, per l’autonomització de l’anomenada Transició, la celebració dels Jocs Olímpics de Barcelona del 1992 i esperances de bonança econòmica13, va desembocar en el lema aparentment redundant «Perpignan la Catalane», o sia com a afirmació oficial de la catalanitat nord-catalana 14. 12 Amb la Casa de la Generalitat perpinyanenca, també ens trobem amb un altre element major a l’estratègia d’afirmació estato-nacional, que reflecteix l’evolució històrica d’aquest moviment, del segle XIX ençà. Es tracta de l’anteposició, a la reivindicació i a l’actuació, de l’element lingüístic. Afermar i intentar restaurar la continuïtat (transfronterera) de la llengua, i per tant de la cultura, és el recurrent cavall de Troia, que permet silenciar, i d’una certa manera, obviar la dimensió política de la implicació. Com si la política lingüística o cultural no fos política de debò. El govern de Madrid no s’ho va creure: no va enviar cap representant a la inauguració d’aquella «ambassade informelle», com l’anomena Libération15. 13 L’entramat institucional local, sud-català i transfronterer concentrat a Perpinyà, és complex i afavoreix les oportunitats de col·laboracions i sinergies. A tall d’exemple, l’Institut Font Nova que es va crear el 2005 com a fusió del CEDACC i de la Regidoria de Cultura catalana (entitats municipals vigents des del 1994), s’encarregava de promoure l’aprenentatge i autoaprenentatge de la llengua, amb certificació elaborada i convalidada per la mateixa Generalitat de Catalunya. A més a més, l’institut, fins a la seva clausura el 2010, va compartir seu, a l’Hotel Pams, amb l’Euroregió PirineusMediterrània (entitat integrant els governs «regionals» de Catalunya, Aragó [fins al 2006], Midi-Pyrénées i Languedoc-Roussillon [reunits el 2016 en Occitanie]) 16. Aquesta gaudeix des del 2009 del suport del GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale) epònim, també amb seu a Perpinyà. Tampoc no caldria oblidar el paper d’extraterritorialitat que va jugar, en sentit contrari, des del 1968, la Universitat Catalana d’Estiu de Prada, on, durant l’‘últim franquisme’, es van poder desenvolupar la reflexió crítica i les bases d’un futur autogovern conjuntament amb el seu imprescindible suport social17. 14 Pel que fa a la Casa de la Generalitat, la programació cultural dels seus actes (conferències, exposicions..., la majoria «importades» des del sud) segueix el tarannà ja esmentat, de caire politicocultural. Encara que amb una continuïtat d’objectius a les dues dècades transcorregudes, la nominació dels seus directors successius ha seguit fidelment les vicissituds de les alternances polítiques barcelonines. Tal com ja ho suggeria, des de la Generalitat (amb relleu o no de la Casa) es dona suport financer a l’activisme associatiu politicocultural nord-català. Aquests ajuts concerneixen principalment l’ensenyament de la llengua catalana: les escoles immersives La Bressola i, amb tan sols dotació de material pedagògic, les semi-immersives Arrels); la informació: la ràdio Arrels i l’antiga edició per Catalunya Nord del diari El Punt; Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
11 l’entramat associatiu: el centre cultural Casal català (amb classes de català, tallers de converses i sardanes, cinema, organització de trobades), Aire Nou de Baó (músiques i balls tradicionals, castellers, grallers... i l’organització anual d’Identi’Cat) i Centre Cultural Català del Vallespir (revista Vallespir, classes de català, Cat’Festa, festa transfronterera)18. 15 Aquest conjunt, si bé es presenta de manera prou confusa en el seus propòsits, barreja sense gaires miraments la presència lingüístico-cultural amb aquella més clarament polititzada de caire independentista, com ara Òmnium cultural i, més recentment, el Comitè Nacional per la República Catalana (CNR). És que els activistes ho tenen clar: com a Fuenteovejuna: «todos a una» –o sia, tots per la nació i la seva independència 19. Per altra banda, es mantenen relacions, tant amb les institucions polítiques locals, com ara el Conseil Départemental, prou involucrat des dels anys 2000 (avui amb vicepresident primer dedicat a «la catalanitat i transfronterer»), fent de contrapès d’esquerres (Partit socialista) a les dretes municipals perpinyanenques, com amb el col·lectiu de municipis aplegat a iniciativa del moviment polític Oui au Pays catalan / Sí al País català (afí al partit Junts per Catalunya), en torn de la promoció de la denominació Pays catalan20. 16 Ha acabat quallant i arrelant aquesta estratègia més o menys políticament encoberta, quan els intents de sucursalisme polític des del sud (trasplantació de partits polítics nacional-catalans, com ara CDC o ERC) han tingut un repetit fracàs a les eleccions locals, sia d’àmbit municipal, cantonal o departamental. Queda així mateix demostrat com la idiosincràsia política apareix lligada, de banda a banda de la frontera, al marc estatal, i per tant al «regional» (Comunitats autònomes i Regions). Queda clar, doncs, que no hi ha manera en l’afrontament directe amb els Estats (en aquest cas, el francès), i que per tant s’ha de portar una política esbiaixada basada en estratègies lingüísticoculturals, tal com es suggeria suara. La Casa dels Països Catalans 17 Amb la creació el 2008, dins del campus de la Universitat de Perpinyà – Via Domícia (UPVD), d’una Casa dels Països Catalans, es va lligar clarament la institució docent nord-catalana amb l’acadèmia de la llengua catalana barcelonina que és l’Institut d’Estudis Catalans (IEC), fent-ne la seu –entre d’altres entitats 21– d’una Delegació territorial. Es tracta, localment, de l’acabament d’un procés de territorialització i d’aïllament, tant topogràfics com institucionals, de la filera de català a la UPVD 22. Concretament, queden els edificis de la Casa universitària a l’altra banda «del rec», una agulla de regadiu –una mena de «part forana»– que també ha anat adquirint una dimensió simbòlica. 18 Fins al 1982-1983, l’àrea de català quedava inclosa, a la Facultat de Lletres, dins d’un Departament d’estudis ibèrics que també comptava amb l’àrea, majoritària, de filologia espanyola. Llavors es va provocar, com a «mini-Yalta», una escissió 23, creant el que hauria de ser, anys més tard, l’Institut Franco-Català Transfronterer (IFCT), una entitat jurídicament distinta i amb una certa independència al si de la universitat 24. Per tant, es pot dir que més d’un quart de segle haurà costat crear-se un territori propi, imposar-se com a interlocutor exclusiu25, despertant recels anticatalans, i deixant de banda oportunitats de desenvolupar la catalanística més enllà del seu reduït perímetre 26. Independitzar-se va ser, per als seus promotors, una mena d’autoafirmació i de Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
12 clarificació, fins i tot ideològica; però també es va desaprofitar, així mateix, donar més pes i congruència científica, a més a més en l’ensenyament i recerca, principalment en torn dels estudis literaris27. 19 El problema de fons de la filologia catalana a la UPVD, té dos motius: el primer és la seva ineludible dependència de la política lingüística escolar de la mà de l’Estat francès, la qual (malgrat les vies de la immersió), per un joc successiu d’optativitats, veu minvar dràsticament a cada nivell el nombre d’estudiants de català (així com les altres «llengües regionals»). Així és com el territori conquerit, amb plans d’estudis complets fins al doctorat i màsters especialitzats, queda massa ample i gairebé buit pel que és, quantitativament, l’estudiantat real. La segona és, d’una banda, a nivell qualitatiu, la falta de nivell i d’incentiu que és conseqüència alhora de l’opcionalitat i de l’exigüitat, i per altra banda, la falta de sortides cap a una alternativa, en temps de bonança, al mercat sud-català: ho impedeix prou sovint l’esmentada falta de nivell lingüísticocultural i la inadequació a un mercat econòmic territorial, de fet, estranger, per motiu de l’«efecte-frontera». 20 Últimament va arribar a la Casa dels Països Catalans un nou soci: l’Ofici Públic de la Llengua Catalana (OPLC)28, creat a iniciativa d’un territori fins llavors gaire representat: la regió Occitanie Pyrénées-Méditerranée, en relleu de l’Estat francès, com ho demostra el seu patronat29. Aquesta eina de política lingüística pública, fa ressò als Oficis ja establerts a diverses zones de minories lingüístiques franceses, particularment a l’Ofici Públic de la Llengua Occitana (OPLO)30, concertat, també l’any 2016, entre les «noves» regions Nouvelle-Aquitaine i Occitanie. L’OPLC va ser una mena de compensació a les protestes per la denominació de la nova regió, on desapareixia qualsevol referència explícita al territori nord-català31, i la seva instal·lació va tardar mesos, fins el juny del 201932. Per tant, també es tracta d’una (re)afirmació territorial, fent contrapès a l’entramat institucional sudcatalà, i més enllà, dels PP.CC. De moment, l’OPLC està fent proves. 21 Al capdavall, els equilibris i desequilibris institucionals que afecten tant a l’IFCT i a la Casa dels Països Catalans, no deixen d’interrogar sobre el veritable grau d’aquella fermesa ideològica proclamada pels uns i els altres. Es tracta més aviat d’un estira i arronsa passat pel sedàs de la diplomàcia, que té com a conseqüència mantenir un status quo que, tot i que racionalment insatisfactori, no ho és pas de fet, localment, per a tothom. Estratègies a l’àmbit estatal francès 22 Es veu doncs com l’àmbit local de Catalunya Nord no queda desvinculat dels àmbits regional i estatal francesos. I queda clar que les estratègies per part sud-catalana, sempre han tingut en compte aquests diferents nivells de cooperació i d’infiltració. La Delegació del Govern de Catalunya a França: una ambaixada? 23 El govern de la Generalitat, dins del marc d’allò que se’n diu des dels Estats, «paradiplomàcia», ostenta una Delegació a França situada a París a l’edifici anomenat Maison de la Catalogne, o «Casa de Catalunya a París», des de l’època (1998) on només aixoplugava l’Oficina de turisme catalana. Gairebé tots els presidents de la Generalitat han deixat rastre del seu pas en el poder amb relació aquesta institució, segons el seu Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
13 propi tarannà ideològic: si bé la Casa va ser obra de Pujol, el seu canvi de denominació i d’estatus es deu a Maragall (2004); després (2008) va retocar-ho Montilla, i més recentment els tres últims Molt Honorables: Puigdemont el 2017, Torra el 2019 i Aragonès el 202233. A la pàgina web d’aquesta entitat, així queden definides les seves funcions; a la versió actual (govern Aragonès), diu: • Facilitar la representació institucional del Govern a la República Francesa amb relació a les matèries que són competència de la Generalitat o d’interès per a Catalunya. • Promoure i coordinar les relacions de col·laboració de la Generalitat i els seus òrgans adscrits o que en depenen amb els organismes internacionals amb presència en l’àmbit territorial derivat d’aquest article amb relació a les matèries que són competència de la Generalitat o d'interès per a Catalunya, i segons els principis de respecte a la dignitat humana, la llibertat, la democràcia, la igualtat entre homes i dones, l’estat de dret i els drets humans34. 24 I és d’interès comparar aquest text amb la versió anterior (govern Torra) [el subratllat és meu a ambdues versions]: a) Promoure i coordinar les relacions bilaterals de la Generalitat i dels òrgans i entitats adscrits o que en depenen amb les autoritats de la República Francesa, així com amb els altres governs descentralitzats, amb relació a les matèries que són competència de la Generalitat o d’interès per a Catalunya. b) Promoure i coordinar les relacions multilaterals de la Generalitat i dels òrgans i entitats adscrits o que en depenen amb les organitzacions internacionals amb presència a França, amb l’excepció d’aquelles amb seu a Estrasburg, en l’àmbit de les competències de la Generalitat i segons els principis de respecte a la dignitat humana, la llibertat, la democràcia, l’estat de dret i els drets humans 35. 25 Queda clar que, atès el canvi de partit de govern a la Generalitat, i el de la conjuntura arran de les conseqüències del ‘procés’, s’han revisat cap a la moderació les modalitats de relació: ja no són les relacions «bilaterals», com si fossin interestatals; la «col·laboració» substitueix la «multilateral[itat]», i ja no es contempla, com a interlocutors privilegiats, una mena d’‘internacional’ dels «governs descentralitzats» – nacions amb o sense Estat?– mentre que es torna a proclamar el compromís per la promoció de principis democràtics i drets humans compartits. O sia que, almenys a nivell de formulació oficial al text actual, la Delegació ja no es proclama ambaixada de fet. 26 L’edifici del 50, rue Saint-Ferdinand (situat en un barri prestigiós de París, molt a prop de l’Arc de Triomf, i una de les 15 delegacions de la Generalitat pel món 36), fa d’aixopluc a quatre entitats oficials amb finalitats complementàries i en conformitat amb les atribucions contemplades en el marc legal de l’autogovern: ACCIÓ (Catalonia Trade & Investment), dedicada als negocis, l’Agència Catalana de Turisme (Catalunya Experience), l’Institut Català d’Empreses Culturals (Catalan Arts) i l’Institut Ramon Llull (cooperació interuniversitària). És aquest últim àmbit el que passarem a considerar ara. El joc de territoris a l’àmbit universitari 27 La catalanística a l’Estat francès, tot i que ve repetidament ajudada pel suport de col·laboracions i subvencions per part de la Generalitat de Catalunya i de les seves entitats (amb continuïtat, a despit de les alternances de poder), viu des del restabliment d’aquesta, vàries formes d’escissió de fet, arran de la partició oficial del territori francès segons el concepte nacional-català. Per una banda, Catalunya Nord, que forma part del territori català i dels PP.CC; per l’altra, la «resta de l’Estat» francès, que forma part dels territoris «exteriors». Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
14 28 Durant el segon govern tripartit, el 24 de maig del 2007, el llavors director de l’Institut Ramon Llull (fundat cinc anys enrere), Josep Bargalló, d’ERC, obria als mateixos locals de la Delegació parisenca del Govern, una Delegació de l’IRL 37. De les 150 universitats amb qui coopera pel món, 99 són a Europa, de les quals 16 a França, però no pas la de Perpinyà, que no es considera «exterior». Queda clar a la presentació de la web de l’IRL (el subratllat és meu): L’Institut Ramon Llull és un organisme públic creat el 2002 amb l’objectiu de promoure a l'exterior els estudis de llengua i cultura catalanes en l’àmbit acadèmic, la traducció de literatura i pensament escrits en català, i la producció cultural catalana en d’altres àmbits com el teatre, el cinema, el circ, la dansa, la música, les arts visuals, el disseny o l’arquitectura. Amb aquesta finalitat, l’Institut subscriu acords amb universitats de l’exterior per tal de promoure-hi la docència d’estudis catalans i coordina i ofereix suport a més de cent quaranta centres amb presència dels estudis catalans a tot el món. En paral·lel, secunda les associacions internacionals de catalanística i estimula els estudis avançats i la recerca lingüística en universitats de prestigi. Com a organisme oficial de certificació dels coneixements de català a l’exterior, organitza proves per a acreditar els diferents nivells, d’acord amb el Marc europeu comú de referència per a les llengües38. 29 En canvi, la UPVD es veu adscrita a la Xarxa [Joan Lluís] Vives d’Universitats (XVU), creada el 1994 amb 13 universitats, i que avui n’aplega 22 a les terres que tenen el català com a «llengua pròpia»: La Xarxa Vives d’Universitats és una institució sense ànim de lucre que representa i coordina l’acció conjunta de 22 universitats. La finalitat de la Xarxa Vives és potenciar les relacions entre les institucions universitàries de Catalunya, el País Valencià, les Illes Balears, Catalunya del Nord, Andorra i Sardenya, i també d’altres territoris amb vincles geogràfics, històrics, culturals i lingüístics comuns, per tal de crear un espai universitari que permeti coordinar la docència, la recerca i les activitats culturals i potenciar la utilització i la normalització de la llengua pròpia39. 30 Ens trobem doncs amb dues lògiques territorials i institucionals que no afavoreixen la fluïdesa interuniversitària al territori francès, i acaben plantejant problemes de coordinació, malentesos i desavinences a diferents nivells. Així és com l’Association française des catalanistes de l’ensenyament superior (AFC), qui es beneficia del suport de l’IRL (com ho esmenta el document citat suara), té escàs ressò a l’IFCT de Perpinyà; apropar-s’hi o fer-se’n soci seria/és, d’una certa manera, transgredir la frontera oficial establerta. L’escrupulós respecte per alguns d’aquesta separació, també ha tingut repercussions a l’hora d’adscriure’s a les instàncies avaluadores de la recerca, l’anomenat Comité National des Universités (CNU), concretament a les seves seccions. Els «exteriors», molt sovint vinculats amb seccions d’espanyol i/o llengües romàniques, són a la secció 14 del CNU, «llengües romàniques»; Perpinyà, a la secció 73, de «llengües regionals» (conjuntament amb el basc, bretó, cors, creol, occità-llengua d’oc, tahicià...). Encara té, però, més repercussions pràctiques: a França, la formació per a les oposicions al professorat de primària (CRPE) correspon als ESPE/INSPE 40. A Perpinyà, l’únic lloc on existeix una preparació presencial i distancial, l’INSPE de Montpeller (Universitat de Montpeller, amb annex a Perpinyà) és qui controla la formació, amb suport secundari, per la UPVD, de l’IFCT). 31 Pel que fa a les oposicions a secundària (CAPES/CAFEP 41), es planteja la convivència, a les formacions presencials o distancials i als mateixos tribunals, entre docents membres del territori «de llengua pròpia» i els de «l’exterior». I passa igual amb el jurat de la Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
15 recent «Agrégation des Langues de France» (2018), on un any de cada dos s’atribueixen places de català. El tradicional recel dels nord-catalans per les capitals (fora de Barcelona), sia l’antiga regional (Montpeller) i la de l’Estat s’afegeix en el contenciós. Tanmateix París és per Catalunya i el seu autogovern un imprescindible lloc estratègic «exterior» de prestigi i visibilització: ja hem esmentat la Delegació del Govern i la de l’IRL, i cal afegir-hi el Centre d’Estudis Catalans de Sorbonne Université (CEC, 4, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, al barri del Marais)42, fundat el 1977 (amb biblioteca pròpia especialitzada, classes nocturnes, conferències i exposicions sovint patrocinades des de Barcelona), amb qui col·laboren d’antuvi l’IRL i l’IEC. Unes quantes conclusions 32 Semblava d’interès, tant per al lector de Catalunya com dels PP.CC, i potser també pels de l’Estat francès i de la mateixa Catalunya Nord, presentar i reflexionar al voltant de les conseqüències teòrico-pràctiques de la contraposició de dues visions nacionals (i fins i tot estato-nacionals) del territori, allà mateix on venen a superposar-se i, de fet, a enfrontar-se. Catalunya Nord com a part dels Països Catalans, i part injustament escindida el 1659 de Catalunya vs. Catalunya Nord com a Pyrénées-Orientales, part de la regió Occitanie i de França. 33 Les estratègies de suport institucional simbòlic i econòmic per part dels successius governs de la Generalitat de Catalunya han seguit la via d’un desdoblament, segons la dicotomia «territori de llengua pròpia» vs. «exterior(s)». Així és com la Catalunya del Nord, les seves entitats polítiques i socioculturals (especialment a l’àmbit de l’educació i de la recerca), s’han tractat diferentment, en base a una continuïtat territorial que, de fet, és transfronterera, tot denegant l’existència d’aquella frontera avorrida del 1659. Així és com, a través de les diferents associacions, s’intenta homogeneïtzar el territori (difusió d’informació, de material pedagògic, de l’estàndard lingüístic, exportació/ importació de formes, tradicionalment alienes, de cultura popular...), a canvi d’un suport imprescindible per una llengua i una cultura en vies de substitució. 34 Hem vist com la disjunció a nivell de la concepció del territori nord-català, pel seu caire reivindicatiu, si bé ha permès sense cap dubte ajudar a una certa recuperació lingüístico-cultural, també no deixa de plantejar alguns problemes de coherència, entre d’altres, a l’àmbit de les universitats. També hem pogut comprovar com, a l’hora on grinyolen les relacions entre agents del «territori de llengua pròpia» i de l’«exterior» (la resta de l’Estat francès), la Generalitat i les seves entitats satèl·lits, no deixen ni han deixat mai d’implantar-se allà on «tallen el bacallà» (París) i d’actuar com a interlocutors amb qui mana, dintre o fora (l’Estat francès, la Regió LanguedocRoussillon, després Occitanie, el Conseil Général/ Départemental des PyrénéesOrientales). D’una banda, la reivindicació territorial és producte de la història i d’un tipus de lectura de la història (s’acata o no el Tractat dels Pirineus); d’altra banda, l’actuació política va oscil·lant entre aquesta mateixa reivindicació i un imprescindible pragmatisme, a vegades genedrador de contradiccions. A nivell teòric, entre dos nacionalismes autoexcloents, no hi ha forma possible de consens; la realpolitik del dia a dia ho ve a matisar. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
16 BIBLIOGRAPHIE Aire Nou de Bao. «Qui sem?». https://www.airenou.cat/identicat [consultat el 02-08-2022]. Aire Nou de Bao. «El mot del president d’Aire Nou de Bao». 10/05/2019. https:// www.airenou.cat/identicat/71-any/2019/874-el-mot-del-president-daire-nou-de-bao [consultat el 02-08-2022]. Becat, Joan. «La Maison des Pays catalans, Chronique brève 2». Ràdio Arrels. 25/09/2014. https:// joanbecat.cat/fr/la-maison-des-pays-catalans/ [consultat el 02-08-2022]. Berjoan, Nicolas. L'identité du Roussillon : penser un pays catalan à l'âge des nations, 1780-2000. Canet-en-Roussillon: Trabucaire, 2011. Casal català de Perpinyà – Casal Jaume 1er «Qui sem?». http://www.elcasaldeperpinya.cat/ [consultat el 02-08-2022]. Catalunya Ràdio. «Bargalló anuncia la primera delegació de l'Institut Ramon Llull a París i minimitza la polèmica pels convidats a Frankfurt». 24/05/2007. https://www.ccma.cat/324/ bargallo-anuncia-la-primera-delegacio-de-linstitut-ramon-llull-a-paris-i-minimitza-la-polemicapels-convidats-a-frankfurt/noticia/194876/ [consultat el 02-08-2022]. Centre Cultural Catala del Vallespir. http://www.vallespir.cat/?paged=4 [consultat el 02-08-2022]. Centre d’Études catalanes, Sorbonne UniversitÉ, «Présentation». https://lettres.sorbonneuniversite.fr/faculte-des-lettres/ufr/ufr-etudes-iberiques-et-latino-americaines/centre-etudescatalanes-ufr [consultat el 13-01-2023]. Doppelbauer, Max & Kremnitz, Georg (eds.). El concepte de Països Catalans. Llengua – Literatura – Cultura. Wien: Praesens Verlag, 2012. Escoles Arrels. «Qui sem? 2 escoles públiques al servei de la llengua a Catalunya Nord». http:// arrelsescoles.revolublog.com/ [consultat el 02-08-2022]. Eurorégion Pyrénées-Méditerranée, «Historique», http://www.espaces-transfrontaliers.org/ ressources/territoires/territoires-niveau-regional/euroregion-pyrenees-mediterranee/ euroregion-pyrenees-mediterranee-1/ [consultat el 02-08-2022]. France Régions 3. «Perpignan : l’office public de la langue catalane ouvrira finalement ses portes au mois de juin». 30/03/2019. https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/pyreneesorientales/perpignan/perpignan-office-public-langue-catalane-ouvrira-finalement-ses-portesau-mois-juin-1647028.html [consultat el 02-08-2022]. Generalitat de Catalunya. Decret 359/2004, de 24 d’agost. https://dibaaps.diba.cat/vnis/temp/ CIDO_dogc_2004_08_20040826_DOGC_20040826_005_006.pdf [consultat el 02-08-2022]. Generalitat de Catalunya. Decret 49/2008, d'11 de març, de creació de la Delegació del Govern de la Generalitat de Catalunya a França. https://cido.diba.cat/legislacio/1026812/decret-492008d11-de-marc-de-creacio-de-la-delegacio-del-govern-de-la-generalitat-de-catalunya-a-franca [consultat el 02-08-2022]. Generalitat de Catalunya. Decret 61/2017, de 13 de juny, de les unitats de representació institucional del Govern a l’exterior. https://dogc.gencat.cat/ca/document-del-dogc/? documentId=789728 [consultat el 02-08-2022]. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
17 Generalitat de Catalunya. Decret 203/2019, de 25 de setembre, de creació de la Delegació del Govern de la Generalitat de Catalunya a França. https://cido.diba.cat/legislacio/9240729/ decret-2032019-de-25-de-setembre-de-creacio-de-la-delegacio-del-govern-de-la-generalitat-decatalunya-a-franca-departament-daccio-exterior-relacions-institucionals-i-transparencia [consultat el 02-08-2022]. Generalitat de Catalunya. Decret 95/2022, de 10 de maig, de la xarxa de delegacions del Govern de la Generalitat de Catalunya a l'exterior. https://dogc.gencat.cat/ca/document-del-dogc/? documentId=927681 [consultat el 02-08-2022]. Generalitat de Catalunya. Departament d’Acció Exterior i Govern Obert. Delegacions del Govern a l’exterior. https://exteriors.gencat.cat/ca/ambits-dactuacio/afers_exteriors/ delegacions_govern/ [consultat el 02-08-2022]. Institut Ramon Llull. «Qui som». https://www.llull.cat/catala/quisom/quisom.cfm [consultat el 02-08-2022]. La Bressola (Escoles associatives de Catalunya Nord). «Qui sommes-nous ?». https:// www.bressola.cat/fr_labressola [consultat el 02-08-2022]. La Dépêche du Midi. «Des Catalans fondent leur parti pour protester contre le nom de la région Occitanie». 15/10/2016. https://www.ladepeche.fr/article/2016/10/15/2440074-nationalistescatalans-fondent-parti-contre-nom-region-occitanie.html [consultat el 02-08-2022]. Lagarde, Christian. «L’Universitat Catalana d’Estiu : la légitimité d’un ancrage historique à l’espace pan-catalan». «Le catalan au nord des Pyrénées : une problématique singulière». Lengas, 52 (2002), p. 117-143. Lagarde, Christian. «Le Sud contre le Nord ou la fascination barcelonaise : vers une recatalanisation pragmatique ?». «Le catalan au nord des Pyrénées : une problématique singulière». Lengas, 52 (2002), p. 161-180. Lagarde, Christian. «El “transfronterer” i le (re)instauració de fronteres». Els Pirineus, Catalunya i Andorra. Actes del tercer col.loqui de l’AFC (Association Française des Catalanistes), Andorra, 2004. Barcelona: Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2006, p. 281-292. Lagarde, Christian. «Entre continuums et frontières : explorer les limites en géo- et sociolinguistique». Guyard, Émilie & Mékouar-Hertzberg, Nadia (éds .). Frontières dans le monde ibérique et ibéro-américain. Approches plurielles. Bern: Peter Lang, 2022. Lagarde, Christian. «Occitan / Occitanie : grâce au virtuel, dépasser le virtuel ?». Cinquième colloque international Langue et Territoire, Montpellier, 14-20 juin 2021, en premsa. Lagarde, Christian. «El preu del fracàs de la Declaració Unilateral d’Independència». Martínez Pérez, Michel & Medir, Lluís (coord.). Catalunya: el preu de la independència. Revista d’Estudis Catalans (REC), 6, en premsa. Lagarde, Christian. «Nationalisme et instrumentalisation de la frontière dans l’espace transfrontalier catalan». Colloque Quels nationalismes au XXIème ? Regards croisés Europe / Amériques, 1er-3 juin 2022, Grenoble: ILCEA, en premsa. Office Public de la Langue Catalane / Oficina Pública de la Llengua Catalana (OPLC). «L’OPLC, Què és això?». https://oplcat.eu/index.php/blog/ [consultat el 02-08-2022]. Office Public de la Langue Occitane (OPLO). «OPLO : l’office public qui soutient la langue occitane». https://www.ofici-occitan.eu/fr/presentation-de-loffice/ [consultat el 02-08-2022]. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
18 Oui au Pays catalan. «Charte des valeurs». http://ouiaupayscatalan.com/charte-de-valeurs/ [consultat el 02-08-2022]. Punt Catalunya Nord. https://ca.wikipedia.org/wiki/Punt_Catalunya_Nord [consultat el 02-08-2022]. Ràdio Arrels. «Qui som». https://www.radioarrels.cat/ [consultat el 02-08-2022]. Universitat Catalana d’Estiu (UCE). «Informació institucional i organitzativa». https:// www.uce.cat/transparencia.html [consultat el 02-08-2022]. Waintrop, Édouard. «La carte catalane d’Alduy». Libération. 29/11/2003. https:// www.liberation.fr/villes/2003/11/29/la-carte-catalane-d-alduy_453655/ [consultat el 02-08-2022]. Xarxa Vives Universitats. «Qui som». https://www.vives.org/xarxa-vives-qui-som/ [consultat el 02-08-2022]. NOTES 1. DOPPELBAUER, Max & KREMNITZ, Georg (eds.). El concepte de Països Catalans. Llengua – Literatura – Cultura. Wien: Praesens Verlag, 2012. 2. Per ser més precís, caldria treure les dades referents a la part occitana de Fenollet/La Fenolleda, al noroest, que queda més enllà de la frontera medieval (veg. a continuació), però hi és poc nombrosa la població. 3. En relació a l’antiga regió Llengadoc Rosselló (27.376 km 2 i 2.836.570 h), representa el 15% de la superfície i el 17% de la població. Sobre la regió Occitanie, LAGARDE, Christian. «Occitan / Occitanie : grâce au virtuel, dépasser le virtuel ?». Cinquième colloque international Langue et Territoire, Montpellier, 14-20 juin 2021, en premsa. 4. Segons la inclusió o no de L’Alguer com a territori. 5. En realitat, supera o no el paper d’atzucac imposat pels dos Estats? 6. BERJOAN, Nicolas. L'identité du Roussillon : penser un pays catalan à l'âge des nations, 1780-2000. Caneten-Roussillon: Trabucaire, 2011. 7. Però sí, des de la Transició democràtica, permet donar-li inflexions conjunturals a canvi de governabilitat. 8. LAGARDE, Christian. «Entre continuums et frontières : explorer les limites en géo- et sociolinguistique». GUYARD, Émilie & MÉKOUAR-HERTZBERG, Nadia (éds.). Frontières dans le monde ibérique et ibéro-américain. Approches plurielles. Bern: Peter Lang, 2022. 9. LAGARDE, Christian. «El “transfronterer” i le (re)instauració de fronteres». Els Pirineus, Catalunya i Andorra. Actes del tercer col.loqui de l’AFC (Association Française des Catalanistes), Andorra, 2004. Barcelona: Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2006, p. 281-292; «Nationalisme et instrumentalisation de la frontière dans l’espace transfrontalier catalan». Colloque «Quels nationalismes au XXIème ? Regards croisés Europe / Amériques». Université Grenoble Alpes: ILCEA, en premsa. 10. LAGARDE, Christian. «El preu del fracàs de la Declaració Unilateral d’Independència», PÉREZ, MARTÍNEZ Michel & MEDIR, Lluís (coord.). Catalunya: el preu de la independència, Revista d’Estudis Catalans (REC), 6, en premsa. 11. La Casa de la Generalitat a Perpinyà, significativament, a diferència d’aquella de París (veg. infra), no és cap «Maison de la Catalogne», significant que no es tracta d’una representació externa sinó que Catalunya es troba en aquest territori a casa seva. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
19 12. Unitat catalana, partit creat el 1991, i més tard presidit per Jaume Roure, pretén aconseguir «un statut pour une collectivité territoriale de Catalogne nord», sense separar-se de l’Estat francès. El 2003, Roure així estableix el seu balanç a l’alcaldia: «Perpignan est devenu «Perpignan la Catalane». Avec des noms de rues en catalan. La ville soutient les réseaux d'écoles catalanes, finance des cours de langue dans les écoles publiques». El periodista de Libération afegeix: [La municipalité] «a également créé le Centre d'animation de la culture catalane et la Régie autonome de la culture catalane». WAINTROP, Édouard. «La carte catalane d’Alduy». Libération. 29/11/2003. https://www.liberation.fr/villes/ 2003/11/29/la-carte-catalane-d-alduy_453655/ [consultat el 02-08-2022]. 13. Jean-Paul Alduy: «Le Roussillon est économiquement endormi [...]. Le chômage atteint un des taux les plus forts de France (13,6 % dans les Pyrénées-Orientales en septembre 2003, ndlr). Nous sommes les voisins d’un peuple qui est un des plus dynamiques d’Europe, nous espérons profiter de quelques retombées». Ibid.; LAGARDE, Christian. «Le Sud contre le Nord ou la fascination barcelonaise : vers une recatalanisation pragmatique ?». «Le catalan au nord des Pyrénées : une problématique singulière». Lengas, 52 (2002), p. 161-180. 14. Aquest lema, que llavors va inspirar l’entitat políticament rival del Conseil Général des PyrénéesOrientales en crear una «Maison de la Catalanité» i organitzar anualment actes d’acolliment dels «Nouveaux Catalans», l’acaba de fer fora el nou alcalde Louis Aliot, del partit d’extrema dreta Rassemblement National (liderat per Marine Le Pen), substituint-ho per «Perpignan la Rayonnante», recentment traduït (juny 2022) en «Perpinyà la radiant». 15. WAINTROP, Édouard, art. cit. 16. EURORÉGION PYRÉNÉES-MÉDITERRANÉE, «Historique», http://www.espaces-transfrontaliers.org/ ressources/territoires/territoires-niveau-regional/euroregion-pyrenees-mediterranee/ euroregion-pyrenees-mediterranee-1/ [consultat el 02-08-2022]. 17. UNIVERSITAT CATALANA D’ESTIU (UCE). «Informació institucional i organitzativa». https:// www.uce.cat/transparencia.html [consultat el 02-08-2022]; LAGARDE, Christian. «L’Universitat Catalana d’Estiu : la légitimité d’un ancrage historique à l’espace pan-catalan». «Le catalan au nord des Pyrénées : une problématique singulière». Lengas, 52 (2002), p. 117-143. 18. Respectivament: LA BRESSOLA (Escoles associatives de Catalunya Nord). «Qui sommes-nous ?». https://www.bressola.cat/fr_labressola [consultat el 02-08-2022]; ESCOLES ARRELS. «Qui sem? 2 escoles públiques al servei de la llengua a Catalunya Nord». http://arrelsescoles.revolublog.com/ [consultat el 02-08-2022]; RÀDIO ARRELS. «Qui som». https://www.radioarrels.cat/ [consultat el 02-08-2022]; PUNT CATALUNYA [consultat el 02-08-2022]; NORD. https://ca.wikipedia.org/wiki/Punt_Catalunya_Nord CASAL CATALÀ DE PERPINYÀ – CASAL JAUME 1ER, www.elcasaldeperpinya.cat/ [consultat el 02-08-2022]; AIRE NOU DE BAO. «Qui sem?». http:// «Qui sem?». https:// www.airenou.cat/identicat [consultat el 02-08-2022]; CENTRE CULTURAL CATALÀ DEL VALLESPIR. http:// www.vallespir.cat/?paged=4 [consultat el 02-08-2022]. 19. O, en paraules de Bernat Casals, president d’Aire Nou de Bao: «És el problema de sempre, nosaltres sabem per què fem això, quan els que són en contra, no saben per què són en contra. O bé tenen una argumentació que te demanes on l’han trapada i que fa por!». AIRE NOU DE BAO. «El mot del president d’Aire Nou de Bao». 10/05/2019. https://www.airenou.cat/identicat/71-any/ 2019/874-el-mot-del-president-daire-nou-de-bao/ [consultat el 02-08-2022]. 20. Fundat el 15 d’octubre del 2016 com a resposta al canvi de dimensió de l’entitat regional del gener del 2016 (creació de la regió Occitanie, per fusió de les anteriors regions Midi-Pyrénées i Languedoc-Roussillon –en la qual venia inclosa Catalunya Nord), procés que es va considerar com a marginalitzador pel territori (1 departament entre 13 enlloc d’1 departament entre 5) i la identitat catalana. (El conjunt «propose un projet de territoire ouvert, pour un avenir digne, en réponse à la dilution du Pays Catalan dans la région “Occitanie”»). OUI AU PAYS CATALAN. des valeurs». http://ouiaupayscatalan.com/charte-de-valeurs/ [consultat el 02-08-2022]. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022 «Charte
20 21. Conjuntament amb l’Institut Franco-Català Transfronterer (IFCT), que és una mena de facultat dedicada a l’ensenyament del català (amb Consell de govern propi, a diferència de la majoria de les altres UFR de la UPVD –Lletres, Dret i Ciències), la Casa dels Països Catalans també és seu de la Universitat Catalana d’Estiu (UCE, que es celebra a Prada) i de l’Associació dels Professors Ensenyants de Català (APLEC). Per tant, la Casa, que des del 2019, també és seu de l’Ofici Públic de la Llengua Catalana (OPLC; veg. infra), és una mena de «quartier général» polifacètic de les institucions de la catalanística a la Catalunya Nord. 22. Fins i tot, el fons documental català (CEDUCAT), en part proveït des del sud, ja no es troba a la Biblioteca universitària (BU) sinó a la Casa dels Països Catalans, amb problemes de disponibilitat de personal de control, i per tant d’accés. 23. La justificació no tan sols podia ser lingüística, i per descomptat, ideològica (la d’una inclusió minoritària); per això va ser epistemològica: d’una banda, filologia espanyola seguiria amb estudis ‘clàssics’ de llengua i literatura, mentre que el català es decantaria cap a les ciències socials, deixant de banda els estudis literaris. 24. Té consell de govern propi, amplament vinculat, més que no pas a la universitat mateixa, a entitats polítiques locals i culturals transfrontereres. Pel que fa als certificats de llengües, també té l’IFCT el monopoli de les proves de català segons certificació de la Generalitat, i no pas els CLES, que representen, dintre del MECRL (en francès CERCRL), les altres llengües. 25. Una versió, per se hagiogràfica d’aquest recorregut, es pot consultar a la crònica: BECAT, Joan. «La Maison des Pays catalans, Chronique brève 2». Ràdio Arrels. 25/09/2014. https:// joanbecat.cat/fr/la-maison-des-pays-catalans/ [consultat el 02-08-2022]. 26. Això vol dir, col·laborant, no tan sols, com es va fer, amb col·legues de ‘llengües estrangeres aplicades’ i sociologia, sinó també, de debò, amb especialistes dels departaments d’espanyol, lletres franceses, història, geografia. 27. I és el que consta, a l’hora de fer balanç en aquest temes pròpiament universitaris. 28. OFFICE PUBLIC DE LA LANGUE CATALANE / Oficina Pública de la Llengua Catalana (OPLC). «L’OPLC, Què és això?». https://oplcat.eu/index.php/blog/ [consultat el 02-08-2022]. 29. Els seus membres són clarament adscrits a l’àmbit francès: «La Préfecture et les services de l’État en région Occitanie ; Le Rectorat de l’académie de Montpellier ; La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée ; Le Département des Pyrénées-Orientales ; La Ville de Perpignan ; Le Sioccat ; L’Université de Perpignan UPVD, i… La Casa de la Generalitat a Perpinyà (convidada)», ibid. 30. OFFICE PUBLIC DE LA LANGUE OCCITANE (OPLO). «OPLO : l’office public qui soutient la langue occitane». https://www.ofici-occitan.eu/fr/presentation-de-loffice/ [consultat el 02-08-2022]. 31. LA DÉPÊCHE DU MIDI. «Des Catalans fondent leur parti pour protester contre le nom de la région Occitanie». 15/10/2016. https://www.ladepeche.fr/article/2016/10/15/2440074-nationalistescatalans-fondent-parti-contre-nom-region-occitanie.html [consultat el 02-08-2022]. 32. FRANCE RÉGIONS 3. «Perpignan : l’office public de la langue catalane ouvrira finalement ses portes au mois de juin». 30/03/2019. https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/pyreneesorientales/perpignan/perpignan-office-public-langue-catalane-ouvrira-finalement-ses-portesau-mois-juin-1647028.html [consultat el 02-08-2022]. 33. GENERALITAT DE CATALUNYA (respectivament): Decret 359/2004, de 24 d’agost. https:// dibaaps.diba.cat/vnis/temp/CIDO_dogc_2004_08_20040826_DOGC_20040826_005_006.pdf ; Decret 49/2008, d'11 de març, de creació de la Delegació del Govern de la Generalitat de Catalunya a França. https://cido.diba.cat/legislacio/1026812/decret-492008-d11-de-marc-de-creacio-de-ladelegacio-del-govern-de-la-generalitat-de-catalunya-a-franca; Decret 61/2017, de 13 de juny, de les unitats de representació institucional del Govern a l’exterior. https://dogc.gencat.cat/ca/ document-del-dogc/?documentId=789728; Decret 203/2019, de 25 de setembre, de creació de la Delegació del Govern de la Generalitat de Catalunya a França. https://cido.diba.cat/legislacio/ 9240729/decret-2032019-de-25-de-setembre-de-creacio-de-la-delegacio-del-govern-de-la- Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
21 generalitat-de-catalunya-a-franca-departament-daccio-exterior-relacions-institucionals-itransparencia; Decret 95/2022, de 10 de maig, de la xarxa de delegacions del Govern de la Generalitat de Catalunya a l'exterior. https://dogc.gencat.cat/ca/document-del-dogc/? documentId=927681 [consultats el 02-08-2022]. 34. GENERALITAT DE CATALUNYA. Decret 95/2022, de 10 de maig, de la xarxa de delegacions del Govern de la Generalitat de Catalunya a l'exterior. https://dogc.gencat.cat/ca/document-deldogc/?documentId=927681 [consultat el 02-08-2022]. 35. GENERALITAT DE CATALUNYA. Decret 203/2019, de 25 de setembre, de creació de la Delegació del Govern de la Generalitat de Catalunya a França. https://cido.diba.cat/legislacio/9240729/ decret-2032019-de-25-de-setembre-de-creacio-de-la-delegacio-del-govern-de-la-generalitat-decatalunya-a-franca-departament-daccio-exterior-relacions-institucionals-i-transparencia [consultat el 02-08-2022]. 36. GENERALITAT DE CATALUNYA. Govern a l’exterior. Departament d’Acció Exterior i Govern Obert. Delegacions del https://exteriors.gencat.cat/ca/ambits-dactuacio/afers_exteriors/ delegacions_govern/ [consultat el 02-08-2022]. 37. CATALUNYA RÀDIO. «Bargalló anuncia la primera delegació de l'Institut Ramon Llull a París i minimitza la polèmica pels convidats a Frankfurt». 24/05/2007. https://www.ccma.cat/324/ bargallo-anuncia-la-primera-delegacio-de-linstitut-ramon-llull-a-paris-i-minimitza-la-polemicapels-convidats-a-frankfurt/noticia/194876/ [consultat el 02-08-2022]. 38. INSTITUT RAMON LLULL. «Qui som». https://www.llull.cat/catala/quisom/quisom.cfm [consultat el 02-08-2022]. 39. XARXA VIVES UNIVERSITATS. «Qui som». https://www.vives.org/xarxa-vives-qui-som/ [consultat el 02-08-2022]. 40. CRPE: Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles; ESPÉ: École Supérieure du Professorat de l’Éducation; INSPÉ: Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation. 41. CAFEP: Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Privé; CAPES : Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Secondaire. 42. CENTRE D’ÉTUDES CATALANES, SORBONNE UNIVERSITÉ, «Présentation». https://lettres.sorbonne- universite.fr/faculte-des-lettres/ufr/ufr-etudes-iberiques-et-latino-americaines/centre-etudescatalanes-ufr [consultat el 13-01-2023]. RÉSUMÉS A Catalunya Nord es creuen dues lògiques territorials: la de l’Estat francès, que considera com a propi el territori, i la de la Generalitat de Catalunya, que el considera «de llengua pròpia», i per tant, dins d’una continuïtat que resulta ser transfronterera des del Tractat dels Pirineus. Aquesta configuració té moltes repercussions a nivell local, i a «la resta» de l’Estat francès, considerat com a territori «exterior». Aquest article es proposa esbrinar aquesta problemàtica, complexa i a vegades contradictòria, en clau concreta, als nivells estatal, ‘regional’ i local, d’institucions (a Perpinyà, Casa de la Generalitat, Casa dels Països Catalans, Institut d’Estudis Catalans (IEC), Xarxa Vives, Oficina Pública de la Llengua Catalana; a París, Delegació del Govern català, Institut Ramon Llull), i d’associacions activistes locals (escoles Bressola i Arrels, Ràdio Arrels, Casal català, Aire Nou de Bao, Centre Cultural Català del Vallespir, Oui au Pays catalan). Queda clar que, en aquest cas com a qualsevol altre, la política lingüístico-cultural és política, relació de forces i diplomàcia. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
22 En Catalogne Nord (Catalogne française ou Pays catalan), deux logiques territoriales se croisent : celle de la République française, à laquelle appartient le territoire, et celle de la Generalitat de Catalunya, qui considère ce territoire, « historiquement » de langue catalane, comme un continuum transfrontalier depuis le Traité des Pyrénées. Cette configuration a de nombreuses répercussions au niveau local, considéré « catalan », et dans le reste du territoire français, considéré « extérieur ». Cet article a pour ambition de creuser cette problématique, complexe et parfois contradictoire, de façon concrète, au niveau national, régional et local, au niveau institutionnel (Casa de la Generalitat, Casa dels Països Catalans, Institut d’Estudis Catalans (IEC), Xarxa Vives, Oficina Pública de la Llengua Catalana, à Perpignan ; Delegació del Govern català, Institut Ramon Llull, à Paris), et des associations activistes locales (escoles Bressola i Arrels, Ràdio Arrels, Casal català, Aire Nou de Bao, Centre Cultural Català del Vallespir, Oui au Pays catalan). Il est évident que, dans ce cas comme dans beaucoup d’autres, la politique linguistico-culturelle est avant tout politique, rapport de forces et diplomatie. In North Catalonia, two territorial logics intersect: that of the French State, which considers the territory as its own, and that of the Generalitat de Catalunya, which considers it «of its own language», and therefore, within a continuity that has been cross-border since the Treaty of the Pyrenees. This configuration has many repercussions at the local level, and on the «rest» of the French State, considered as an «external» territory. This article aims to elucidate this problem, complex and sometimes contradictory, in concrete terms, at the state, 'regional' and local levels, of institutions (in Perpignan, Casa de la Generalitat, Casa dels Països Catalans, IEC, Xarxa Vives, Oficina Pública de la Llengua Catalana; in Paris, Delegació del Govern, Institut Ramon Llull), and of local activist associations (Bressola and Arrels schools, Ràdio Arrels, Casal català, Aire Nou de Bao, Centre Cultural Català del Vallespir, Oui au Pays catalan. It is clear that, in this case as in any other, linguistic-cultural policy is politics, power relations and diplomacy. INDEX Mots-clés : Catalogne Nord, Generalitat de Catalunya, République française, territoire, contrôle, revendications motsclesca Catalunya Nord, Generalitat de Catalunya, Estat francès, territori, control, reivindicacions Keywords : North Catalonia, Generalitat de Catalunya, French State, territory, control AUTEUR CHRISTIAN LAGARDE CRESEM – Universitat de Perpinyà – Via Domícia chrislag09[at]gmail.com Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
23 La projecció internacional de la literatura com a dinàmica activa de la difusió de la identitat catalana Maria Patricio Mulero La projecció internacional de la literatura catalana 1 La literatura en català s’ha desenvolupat històricament en un context complicat. Sent el món literari, sociològicament parlant, un àmbit estructurat en una classificació de les literatures partint de la posició més o menys dominant en funció de les seves llengües d’origen1, el cas de la literatura catalana no ha partit d’un avantatge particular, en comparació amb les cultures dominants dels estats. Òbviament, la imprescindible tasca dels traductors, com en el cas de moltes altres llengües europees, ha permès l’exportació d’obres catalanes a altres llengües. Però seria erroni pensar que únicament ha d’existir la possibilitat de traduir una llengua perquè una literatura pugui projectarse internacionalment. Una cadena d’agents del llibre intervenen en tot el procés per a dur a terme aquesta projecció, que és més complexa que la d’altres productes culturals, pel fet que la literatura exportada s’elabora en una llengua diferent a la del lector i remet sovint a una societat estrangera. 2 La projecció internacional de la literatura catalana pot existir amb naturalitat a partir de l’adveniment de la democràcia a Espanya, quan existeix una voluntat política de deixar de reprimir la llengua catalana reduint-la a una expressió minoritària 2. És rellevant destacar la importància de la literatura des d’una perspectiva sociològica, en el sentit que la literatura catalana actua com a ambaixadora de la realitat de Catalunya i amb la seva difusió es comunica en part la identitat catalana al món. 3 La sociologia de la literatura considera que en els textos literaris s’inscriuen les representacions d’una època i les seves qüestions socials 3, motiu pel qual la projecció de les obres és estratègica per a un ampli coneixement de la societat catalana. En la construcció de les identitats nacionals, la literatura ha tingut sempre un rol cabdal 4. Complementàriament, també la sociologia de la literatura té en compte com a objecte Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
24 d’estudi les interaccions entre les diferents institucions i actors que es relacionen amb el fet literari: escriptors, editors, traductors, agents, prescriptors com els llibreters, o institucions culturals. La nostra hipòtesi de partida és analitzar com la projecció internacional de la literatura catalana contribueix a la tasca diplomàtica de la difusió de la cultura i identitats catalanes a nivell internacional. Per tal d’analitzar la seva evolució, hem revisat les memòries i informes d’activitat de l’Institut Ramon Llull (amb qui també hem realitzat una entrevista) i de l’Oficina UNESCO Barcelona Ciutat de la Literatura UNESCO. La primera institució ens ha permès conèixer la diversitat d’activitats literàries que es fan a l’estranger, degut a la seva tasca internacional, i la segona ens ha permès complementar les informacions anteriors amb alguns esdeveniments internacionals en els que han cooperat amb l’IRL. Per tal de veure el reforç i la col·laboració de les dues institucions en la projecció internacional de la literatura catalana, s’ha posat en focus en la trajectòria a partir del 2015, any de la integració de Barcelona a la Xarxa UNESCO de Ciutats Creatives, tot tenint en compte alguns moments clau anteriors com la Fira de Frankfurt al 2007. El període seleccionat també ens permet preguntar-nos si el context polític del procés i el referèndum del 2017 han tingut alguna mena d’impacte en la projecció internacional literària. La Fira de Frankfurt 2007 i Barcelona Ciutat de la Literatura UNESCO 4 En les darreres dècades podem destacar dos esdeveniments clau per a la projecció internacional de la literatura catalana. En primer lloc, la cultura catalana com a cultura convidada a la cita més important del món en l’àmbit del llibre, la fira de Frankfurt, concretament l’any 2007. L’esdeveniment va convertir-se en la fita més rellevant per a la difusió literària des de Catalunya, i va permetre atraure l’atenció mediàtica sobre la tradició literària catalana. Raül-David Martínez, delegat de l’Institut Ramon Llull a París, explica que aquella cita va ser clau, perquè «va permetre la descoberta de tota una cultura, amb activitats de tot tipus i amb un pressupost que no es va repetir» 5. A partir del 2007, la literatura catalana ha comptat amb un estand permanent a la Fira del Llibre de Frankfurt de l’Institut Català d’Empreses Culturals. Es tracta d’un recurs a disposició dels diversos agents de la cadena del llibre; editors i institucions hi troben una eina clau al mercat de drets més important del món. Si als primers els permet establir vincles per a traduccions en altres llengües que expandiran el negoci literari en l’àmbit internacional, per als segons és una plataforma clau per a la difusió estratègica de la cultura catalana. 5 Un segon projecte amb vocació de projecció internacional va ser la nominació de la ciutat de Barcelona com a Ciutat de la Literatura UNESCO al si de la Xarxa de Ciutats Creatives al 2015. La integració de la ciutat catalana en el si de la xarxa internacional corresponia a una vocació de revaloritzar l’ecosistema cultural barceloní com a capital cultural de referència en el sector literari. Es diferencia de la Fira de Frankfurt en el seu punt de partida, que en el primer cas es centrava en la cultura catalana, i particularment la literatura en català. La nominació permet ser membre permanent de la xarxa i tenir la consideració d’actor motor de bones pràctiques, sent un exemple per altres ciutats, i particularment desenvolupar accions de promoció de la literatura en l’àmbit intern, tot i que les sinèrgies entre ciutats són també un objectiu secundari de la xarxa. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
25 6 La candidatura realitzada durant l’any 2015 permetia promocionar el discurs de les fortaleses de Barcelona, entesa com a capital literària: la solidesa del seu capital literari, la diversitat de les institucions culturals dedicades a la literatura, una indústria del llibre prolífica i competitiva, la voluntat del treball de proximitat a través de les biblioteques i les llibreries, una programació d’activitats literàries i festivals que té com a colofó la festa de Sant Jordi, i l’experiència en el treball en xarxa 6. 7 En el cas de Barcelona Ciutat de la Literatura, el projecte buscava un reconeixement internacional del valor essencial dels actors del món literari català com a exemple de bones pràctiques. Molt particularment, seguint les directives de la Xarxa de Ciutats Creatives UNESCO, la candidatura destacava els valors de professionalitat del món literari per tal de desenvolupar un impacte positiu en la societat, sent una de les bases principals tots aquells projectes situats a Barcelona que impulsen el desenvolupament social, com és el cas de la festivalització literària com a motor d’un accés a la cultura, per exemple. El projecte havia de donar comptes d’un equilibri en l’impacte interior i exterior de la literatura. En el cas del món literari barceloní amb impacte interior, hi constava, per una banda, tot el treball realitzat en favor de la difusió literària i l’accés a la cultura de cara als propis ciutadans. Per altra banda, hi constaven també tots els mecanismes del món literari dedicats a millorar el treball dels escriptors, com a actors de la creació literària, així com dels altres professionals imprescindibles del món literari (traductors, editors, llibreters, etc.)7. 8 L’aspecte de projecció exterior de la literatura catalana és el que més ens interessa per a analitzar l’impacte d’aquest projecte en la internacionalització global. Entre les propostes més rellevants orientades cap a la difusió internacional, constava una trobada internacional d’editors, en col·laboració amb el programa de l’Institut Ramon Llull que ja s’encarregava de convidar editors i escriptors estrangers (Llull Fellowship). L’Edita Fòrum es va celebrar al 2016 i al 2019 a la Universitat Pompeu Fabra 8. La candidatura esmenta un focus específic de promoció de la literatura infantil i juvenil, secció del món literari amb reputació internacional que ha gaudit d’una bona representació amb la presència a les fires de literatura infantil i juvenil de Bolonya 9. 9 Un segon projecte destacat en el programa de la capitalitat literària de Barcelona són les mobilitats com a potenciadores d’un intercanvi estratègic de coneixements, al mateix temps que permeten als creadors gaudir d’unes condicions òptimes per a l’escriptura. La ciutat es comprometia a acollir escriptors procedents de les altres ciutats de la xarxa en els festivals barcelonins, i de perpetuar la seva tasca com a Ciutat ICORN, refugi d’escriptors perseguits, liderada pel PEN Català. En la candidatura s’esmentaven també les mobilitats que realitzarien els escriptors barcelonins cap als festivals de les ciutats de la Xarxa de Ciutats de la Literatura UNESCO, i particularment, la Fira del Llibre de Varsòvia en què Barcelona va ser la convidada d’honor. Un últim aspecte de la candidatura adreçat a la projecció internacional es referia a la internacionalització de la festa de Sant Jordi, amb un focus de promoure les visites d’escriptors i professionals de la Xarxa. 10 Durant el primer quinquenni del projecte de Barcelona Ciutat de la Literatura UNESCO, la projecció exterior de la literatura barcelonina («feta a Barcelona») se centra en la participació en dues ciutats de la xarxa, el Festival d’Edimburg al 2018 i la Fira de Praga10. La participació a la Fira d’Edimburg es va concretar en un cabaret literari per mostrar una panoràmica de la poesia catalana, amb la presència dels poetes Mireia Calafell, Enric Casasses i Maria Cabrera. En la Fira del Llibre de Varsòvia del 2016, la Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
26 comissària de l’Oficina UNESCO Barcelona Ciutat de la Literatura, l’escriptora Marina Espasa, va participar en una taula rodona amb membres de l’oficina homòloga polonesa. Deu escriptors van participar presencialment en 27 activitats, amb un públic de 600 persones. Les 61 activitats organitzades per l’IRL van agrupar un públic de 2.400 espectadors11. 11 Una de les grans cites orquestrades entre l’Institut de Cultura de Barcelona, seu de l’Oficina UNESCO Barcelona Ciutat de la Literatura, i l’Institut Ramon Llull va tenir lloc quan Barcelona va ser la convidada d’Honor a la 45a edició de la Fira del Llibre de Buenos Aires, del 25 d’abril al 12 de maig. Una de les característiques principals de la fira és el miler d’activitats que s’hi realitzen, atraient més de 12.000 professionals. La cita bonaerense va permetre la mobilitat de 56 escriptors. L’Ajuntament de Barcelona i l’Institut Ramon Llull van pilotar la missió, aconseguint l’adhesió del Departament de Cultura de la Generalitat de Catalunya, el Govern de les Illes Balears, la Generalitat Valenciana, el Govern d’Andorra, la Fundació Ramon Llull, Acción Cultural Española (AC/E), el Gremi d’Editors de Catalunya i Editors.cat. L’estand de la fira va permetre posar a disposició del públic 700 títols de més de 350 autors, i alhora permetre un espai pels intercanvis professionals, on van assistir 37 editors i professionals de per tal de facilitar acords de traducció. La presència estrella de la cantant Sílvia Pérez Cruz i d’Héctor Lozano, guionista de la sèrie de televisió Merlí, van complementar la presència dels 35 autors, en una estratègia promocional de la cultura catalana en la seva vessant internacional dirigida al gran públic12. L’Institut Ramon Llull i la projecció exterior de la literatura catalana 12 La tasca de difusió internacional de la literatura catalana de l’Institut Ramon Llull es va iniciar molt abans del focus sobre Barcelona com a capital literària UNESCO amb la nominació del 2015. Concretament, va ser a partir de la Fira de Frankfurt del 2007 que es va impulsar de forma més intensiva aquesta promoció en el cas de la literatura, donada l’oportunitat i l’interès suscitat a partir d’aquell moment. 13 En termes geopolítics, la nominació de Barcelona Ciutat de la Literatura UNESCO va arribar quan el procés independentista estava en el seu moment àlgid, entre la consulta del 2014 i el referèndum del 2017. L’interès per la literatura catalana amb motiu del procés independentista s’ha percebut, per part de l’Institut Ramon Llull, en alguns territoris puntuals amb característiques amb les que es poden establir similituds, com ara el Quebec. Si bé el procés podia fomentar l’interès en alguns territoris i en d’altres senzillament no tenia cap impacte, en canvi «el que també s’ha donat són les interferències que s’han desenvolupat des de les institucions espanyoles», explica RaülDavid Martínez, des de l’IRL a París, com ara el boicot a la presentació del llibre d’Albert Sánchez Piñol, Victus, a Utrecht. Mesurar aquest impacte no és senzill, especialment en la recepció final lectora: «Des del públic final, no se sap. Es relacionen a través de convenis amb organitzadors professionals. Però també és cert que no és un medi impermeable a la política13.» 14 La interacció del món del llibre, incloent la seva projecció exterior com a foment de la cultura catalana, amb el món polític ha resultat en un àmbit local –el català i l’espanyol– en mediàtiques polèmiques quan hi ha hagut invitacions oficials als grans Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
27 esdeveniments literaris. La inclusió dels escriptors catalans en llengua castellana en la invitació de Frankfurt 2007 es va denegar perquè s’havia convidat a una cultura («I quan es convida a la literatura per catalana es convida a una llengua, quan es convida a un territori és diferent», explica Raül-David Martínez14), però el 2013 es va acceptar al Saló del Llibre de París, perquè en aquesta ocasió es va convidar a la ciutat de Barcelona. 15 El 2015, la literatura en català ja era present en les grans cites internacionals del llibre, de múltiples maneres. Les fires de Frankfurt i Bolonya –la cita europea més important en llibre infantil i juvenil– compten amb un estand permanent de l’Institut Ramon Llull i l’Associació d’Escriptors en Llengua Catalana; l’Associació Col∙legial d’Escriptors de Catalunya també participa en l’estand alemany i l’Institut Català de les Empreses Culturals en el cas de la cita italiana. Aquesta aliança estratègica en les grans cites europees del llibre permet comprendre la importància de l’obertura europea com a mercat econòmic i no únicament com a estratègia de promoció de la literatura com a identitat. 16 Concretament, és rellevant destacar que, el 2017, la convidada d’honor de la Fira del Llibre Infantil i Juvenil de Bolonya van ser Catalunya i les Illes Balears, en una operació rellevant de projecció d’un sector literari prolífic i rellevant en el negoci del llibre en català. L’esdeveniment es va dotar de tots els actius per a una àmplia promoció, amb dues exposicions produïdes per a l’ocasió, un programa d’activitats celebrades per tota la ciutat, a més de les activitats professionals habituals. L’estand col·lectiu va acollir editorials i institucions catalanes de tots els territoris, amb la col·laboració de la Generalitat de Catalunya, el Govern Balear i la Generalitat Valenciana. Quantitativament, la potencialitat d’un esdeveniment d’aquest tipus es pot calcular tenint en compte per exemple que l’Institut Ramon Llull va quadruplicar les cites amb agències i editorials internacionals respecte de l’any anterior 15. 17 En l’àmbit europeu, l’Institut Ramon Llull assisteix regularment a la fira del llibre de Londres i al Saló del Llibre de París. En el cas de la capital francesa, la presència d’escriptors en català s’ha consolidat en les darreres edicions de la Nuit de la Littérature 16 o el Marché de la poésie17, i el 2018 una col·laboració amb el PEN francès a París va motivar la participació de l’editora Eugènia Broggi i l’escriptor Jordi Nopca 18. Enguany, la London Book Fair ha triat la cultura catalana per al seu «Spotlight. Books in Catalan» amb un festival pluridisciplinari dirigit al públic general, sota el títol «Spotlight on Catalan Culture in the UK». 18 Des del 2007, l’Institut Ramon Llull organitza una missió internacional (Llull fellowship) d’editors internacionals que són convidats a Catalunya per a profunditzar en el coneixement del catàleg editorial en català. El 2017, en col·laboració amb l’Institut Ramon Llull, es va convidar a programadors internacionals als festivals catalans de poesia per tal de promocionar aquest gènere literari19. Aquell mateix any, per primer cop, la missió d’editors internacionals coincidia amb la Setmana del llibre en Català, fusionant un esdeveniment adreçat als lectors catalans i una cita professional d’alt nivell amb el camp editorial estranger. El 2018, ja eren 18 els editors internacionals presents per segon cop a la cita de la Setmana del Llibre en Català (10 de ficció literària i 8 de literatura infantil i juvenil). 19 En territoris com el Canadà, la literatura catalana ha estat present a l’IFOA, International Festival of Authors de Toronto, amb un focus al 2015 que va comptar amb la presència de 8 Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
28 autors20 que van veure les seves obres promogudes a la traducció anglesa 21. La presència d’autors catalans ha perdurat en el temps, repetint-se en les edicions de 2017 i 2018 22. 20 És destacable en termes d’estratègia promocional, la invitació d’honor del Festival Internacional de Literatura de Montréal al 2018, amb la participació de Lluís Llach, Xavier Bosch i Ramon Erra. Tractant-se d’un dels festivals literaris més rellevants d’Amèrica del Nord, no és negligible l’interès de la ciutat quebequesa, mantingut al llarg del temps, en un moment geopolític de gran atenció internacional com la tardor del 2018. Un espectacle de teatre va homenatjar les obres de Mercè Rodoreda, i altres disciplines artístiques programades en el marc del festival van acollir una creació multidisciplinar de l’escriptora Imma Monsó, la ballarina Sol Picó i la saxofonista Mireia Tejero23. 21 Nova York és un altre enclavament estratègic de la promoció exterior de la literatura catalana, amb la seu de l’Institut Ramon Llull. Des del 2015, escriptors catalans han participat a la programació de New Literatures from Europe, una iniciativa promoguda pels instituts culturals europeus amb seu a la ciutat24. Complementàriament, la residència d’escriptors Art Omi – Ledig House de Nova York realitza una funció secundària de promoció de l’escriptor a l’estranger, ja que a més de facilitar la creació a través de la residència d’escriptura, permet als escriptors fer xarxa i participar en esdeveniments literaris. Des del 2017, l’IRL col·labora amb la Fundació Han Nefkens i Art Omi per a la difusió exterior dels creadors catalans i la seva participació en actes culturals. El 2018, es va col·laborar amb el PEN World Voices Festival de Nova York, amb la presència d’Alicia Kopf i Maria Cabrera25. 22 En els territoris llatinoamericans, a més a més de la Fira de Buenos Aires, el 2017, 2018 i 2020 l’ICEC i l’IRL van assistir a la Fira del Llibre de Guadalajara per tal d’impulsar les traduccions al castellà en el mercat llatinoamericà26. 23 Més enllà de la mobilitat dels autors catalans als festivals internacionals o la presència en fires i salons del llibre, les subvencions de l’Institut Ramon Llull dedicades a la promoció exterior de la literatura es diversifiquen en múltiples possibilitats. Existeix una línia de difusió de les novetats editorials en traducció, realització d’activitats de promoció exterior des del 2017, i ajuts per a realitzar mostres de traducció per a les agències literàries catalanes i per a la publicació a l’estranger d’obres il·lustrades. En l’àmbit de la traducció literària, les línies de subvencions de l’Institut Ramon Llull inclouen residències per als traductors de literatura catalana, subvencions per a la traducció d’obres literàries, i un programa de suport per a traductors literaris per fomentar la traducció d’autors patrimonials. 24 La línia d’ajuts a la mobilitat d’autors per a les activitats culturals a l’estranger va permetre el 2017 el desplaçament de Miquel de Palol a la FIL de Montréal, un territori particularment sensible a la cultura i a la situació de Catalunya durant el procés 27. Aquell mateix any Mireia Calafell també va assistir a l’International Festival of Authors de Toronto, i a França, Joan Margarit va participar al Marché de la Poésie i Ramon Erra a la Nuit de la Littérature. 25 En termes de presència en plataformes globals d’internet, des del 2017, els autors catalans apareixen a Lyrikline (Literaturwerkstatt Berlin, n.d.), una pàgina web que allotja actualment més de 1.500 enregistraments de poetes en 89 llengües diferents, amb la col·laboració de Catalunya Ràdio, la Biblioteca de Catalunya i la Fundació Palau i Fabre. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
29 26 La crisi de la pandèmia de la COVID19 no va modificar els objectius de l’Institut Ramon Llull respecte a la internacionalització de la literatura catalana, particularment en el referent al foment de les traduccions, la interacció entre escriptors i agents literaris i els serveis als traductors literaris del català a altres llengües 28. En els últims anys, els autors més traduïts del català provenen d’un catàleg que combina clàssics i contemporanis: Mercè Rodoreda, Jaume Cabré, Ramon Llull, Albert Sánchez Piñol, Carme Riera, Quim Monzó, Josep Pla o Alicia Kopf. La diversitat d’autors certifica la qualitat de les obres, excloent qualsevol tendència transitòria. El catàleg literari francès compta amb 665 títols traduïts del català, sent França un dels països que més autors catalans tradueix29. Presència de la literatura en català en les grans cites internacionals del llibre ANY ESDEVENIMENT PAIS AUTORS 2015 Fira de Frankfurt Alemanya 3 2015 LitCologne Alemanya IRL 2015 Festival Internacional de Literatura de Sofia Bulgària 1 Canadà 8 2015 Jornades de Poesia de Ciudad de Bogotà Colòmbia 1 2015 BEA Estats Units 3 2015 New Literatures from Europe (New York) Estats Units 1 2015 Saló del Llibre de París França 1 2015 Nuit de la littérature de París França 1 2015 Fira de Bolonya Itàlia IRL 2015 Instituto Cervantes de Roma Itàlia 3 2015 Fira del llibre de Varsòvia Polònia 2 2015 Fira del llibre de Londres Regne Unit 1 2015 Stanza Festival Regne Unit IRL 2015 Göteborg Suècia IRL 2016 Fira de Frankfurt Alemanya Stand col. 2015 International Festival of Authors of Toronto (IFOA): CATALONIA @IFOA Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022 ASSIS. 1.400
30 2016 Association of writers and writing programs (AWP) (Los Estats Angeles) Units 2016 New Literatures from Europe (New York) Estats Units IRL 1 2016 Saló del Llibre de París França IRL 2016 Fira de Bolonya Itàlia IRL Polònia 10 2016 Fira del llibre de Varsòvia: Barcelona i la literatura catalana 2016 Fira del llibre de Londres Regne Unit IRL 2017 Fira de Frankfurt Alemanya Stand col. 2017 Slam Poetry Berlin Alemanya 1 2017 Feria de Editores de Buenos Aires Argentina IRL 2017 FIL Montréal Canadà 1 2017 ÌFOA Toronto Canadà 1 2017 Alan Cheuse International Writers Center de Washington Estats Units 1 2017 Festival Internacional de la BD d'Angouleme França IRL 2017 Saló del Llibre de París França IRL 2017 Nuit de la littérature de París França 1 2017 Marché de la poésie de París França 1 2017 Jerusalem Israel IRL Itàlia 12 2017 Feria Internacional del Libro de Guadalajara Mèxic IRL 2017 Fira del llibre de Varsòvia Polònia IRL 2017 Fira del llibre de Londres Regne Unit IRL 2017 African Poetry Festival de Durban Sud Àfrica 1 2017 Istambul Turquia 2 2017 Festival Internacional de Literatura d'Odessa Ucraïna 1 2017 Fira de Bolonya: CONVIDADA D'HONOR "Books in catalan" Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022 600 879
31 2017 Pequín Xina IRL 2018 Fira de Frankfurt Alemanya Stand col. 2018 Feria de Editores de Buenos Aires Argentina IRL 2018 FIL Montréal. CONVIDADA D'HONOR Canadà 3 2018 IFOA Toronto Canadà 1 2018 Festival de Literatura del Caire Egipte 1 2018 Book Expo America Estats Units IRL 2018 New York Rights Fair Estats Units IRL 2018 Association of writers and Writing Programs Estats Units IRL 2018 PEN World Voices Festival (New York) Estats Units 2 2018 Saló del Llibre de París França IRL 2018 Activitats del PEN francès a Paris França 1 2018 Nuit de la littérature de París França 1 2018 Marché de la poésie de París França 2 2018 Festival de Literatura de Kerala India 1 2018 Fira de Bolonya Itàlia Stand col. 2018 Fira de Guadalajara Mèxic IRL ICEC 2018 Fira del llibre de Varsòvia Polònia IRL 2018 Fira del llibre de Londres Regne Unit IRL 2018 African Poetry Festival de Durban Sud Àfrica 1 2018 ITEP Fellowship Istambul Turquia IRL 2018 Fira del llibre de Beijing Xina IRL 2019 Fira del llibre de Frankfurt Alemanya Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022 Stand col. +
32 2019 Fira del Llibre de Leipzig Alemanya IRL 2019 Feria Internacional del Libro de Buenos Aires Argentina 56 2019 Book Expo America Estats Units IRL 2019 Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil França IRL 2019 Fira del llibre de Paris França IRL 2019 Fira del llibre de Bolonya Itàlia IRL 2019 FIL Guadalajara Mèxic IRL 2019 Fira del llibre de Londres Regne Unit IRL 2019 Fira del llibre de Beijing Xina IRL Alemanya 4 2020 Festival de poesia de dones Shamrock (digital): Focus català 2020 Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (virtual) França IRL 2020 Nuit de la littérature de París (virtual) França 2020 FIL Guadalajara (virtual) Mèxic 2 2020 Festival Correntes d'Escritas: focus literatura catalana Portugal 5 2020 Istambul Poetry Festival (virtual) Turquia 2021 Fira de Frankfurt Alemanya Stand col. 2021 PEN World Voices Festival (New York) Estats Units 1 2021 Marché de la poésie de París França 2 2021 FIL Guadalajara (virtual) Mèxic 2 2021 Fira del llibre de Londres: CATALAN SPOTLIGHT Regne Unit 2 (Font: Memòries Institut Ramon Llull 2015-2021) Conclusions 27 La literatura en català s’ha dotat d’instruments institucionals per a la seva projecció internacional, el que li ha permès de compensar el desequilibri estructural de no poder comptar amb els mecanismes estatals per a una promoció que li permetés ser visible en Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
33 un mercat cultural global. La diversitat d’actors implicats en aquestes polítiques culturals és un punt fort mostrant la integralitat del fet literari, en el que tots els professionals contribueixen a exportar les obres literàries. La qualitat de les obres es pot constatar partint de la vitalitat de les traduccions, repartides per tot el món, i que consten tant de long-sellers com de clàssics i autors contemporanis. Alhora, la constant demanda d’escriptors arreu del món en festivals culturals mostra el dinamisme de la creació literària contemporània. Analitzant la qualitat i la quantitat dels esdeveniments literaris internacionals on participa la literatura en català, podem afirmar que la presència internacional respon a una evolució consolidada constant, que gaudeix de bona salut a les principals cites internacionals literàries, sense que sembli afectar-li altres contextos socials. Aquest aspecte de salut positiva no exclou que es pugui afirmar que la representació identitària de Catalunya que contenen les obres és una potencialitat rellevant de presència global: a partir de l’exportació d’obres literàries en català s’estan difonent representacions literàries de la societat catalana. Altres disciplines artístiques han tingut una trajectòria menys intensa en la seva difusió, però en el cas de la literatura, l’experiència i la cooperació interinstitucional i interprofessional ha permès de garantir-ne la presència, i podríem afirmar que també l’èxit, en les principals cites globals del món literari. BIBLIOGRAPHIE AJUNTAMENT DE BARCELONA. Barcelona Ciutat de la literatura. Candidatura per a la Xarxa de Ciutats Creatives UNESCO. Barcelona: 2015. AJUNTAMENT DE BARCELONA. Barcelona Ciutat de la literatura UNESCO 2016-2019. Monitoring report. Barcelona: 2019. ANDERSON, Benedict. Imagined Communities (2nd. ed.). Londres: Verso, 1991. CASANOVA, Pascale. La République mondiale des lettres. Paris: Points essais, 2008. DUBOIS, Jacques. L’Institution de la littérature. Brussel·les: Labor, 1978. ESCARPIT, Robert. La Littérature et le social. Paris: Flammarion, 1970. GRISWOLD, Wendy. «History + Resources = A Sense of Place». Maine Policy Review 11.1 (2002), p. 76-84. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2015. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2016. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2017. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2018. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2020. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2021. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
34 INSTITUT RAMON LLULL. https://www.llull.cat/catala/literatura/trac_traduccions.cfm [Consultat el 8-12-2022] LITERATURWERKSTATT BERLIN (N.D.), Lirikline. https://www.lirikline.org/en/home [Consultat el 8-12-2022] PATRICIO MULERO, Maria; RIUS ULLDEMOLINS, Joaquim. «From creative city to generative governance of the cultural policy system? The case of Barcelona’s candidature as UNESCO City of Literature». City, Culture and Society. 10C (2017), p. 1-10. PREMSA. Barcelona, Ciutat convidada d'Honor a la 45ª. Feria Internacional del Libro de Buenos Aires. Dossier de premsa: Barcelona, 2019. SAPIRO, Gisèle. La sociologie de la littérature. Paris: La découverte, 2014. THIESSE, Anne-Marie. La création des identités nationales. Paris: Seuil, 1999. MARTIN ZAMORANO, Mariano; RIUS ULLDEMOLINS, Joaquim. «¿La diplomacia cultural, una política de Estado? Articulación y descoordinación intergubernamental en la acción cultural exterior del Estado español». Revista d'Estudis Autonòmics i Federals, núm. 24 (2016), p. 115-154 NOTES 1. CASANOVA, Pascale. La République mondiale des lettres. París: Points essais, 2008. 2. El que no significa que no existís cap mena de diplomàcia cultural espanyola sota el franquisme, però les estratègies internacionals de les comunitats autònomes es desenvolupen posteriorment, veure MARTIN ZAMORANO, Mariano; RIUS ULLDEMOLINS, Joaquim. «¿La diplomacia cultural, una política de Estado? Articulación y descoordinación intergubernamental en la acción cultural exterior del Estado español». Revista d'Estudis Autonòmics i Federals, núm. 24 (2016), p. 115-154. 3. DUBOIS, Jacques. L’Institution de la littérature. Brussel·les: Labor, 1978; Littérature et le social. París: Flammarion, 1970; SAPIRO, ESCARPIT, Robert. La Gisèle. La sociologie de la littérature. París: La découverte, 2014. 4. ANDERSON, Benedict. Imagined Communities (2 nd. ed.). Londres: Verso, 1991; GRISWOLD, «History + Resources = A Sense of Place». Maine Policy Review 11.1 (2002), p. 76-84; Wendy. THIESSE, Anne- Marie. La création des identités nationales. París: Seuil, 1999. 5. Entrevista realitzada a l’octubre 2022. 6. PATRICIO MULERO, Maria; RIUS ULLDEMOLINS, Joaquim. «From creative city to generative governance of the cultural policy system? The case of Barcelona’s candidature as UNESCO City of Literature». City, Culture and Society. 10C (2017), p. 1-10. 7. AJUNTAMENT DE BARCELONA. Barcelona Ciutat de la literatura. Candidatura per a la Xarxa de Ciutats Creatives UNESCO. Barcelona: 2015. 8. AJUNTAMENT DE BARCELONA. Barcelona Ciutat de la literatura UNESCO 2016-2019. Monitoring report. Barcelona: 2019. 9. AJUNTAMENT DE BARCELONA. Barcelona Ciutat de la literatura. Candidatura per a la Xarxa de Ciutats Creatives UNESCO. Barcelona: 2015. 10. AJUNTAMENT DE BARCELONA. Barcelona Ciutat de la literatura UNESCO 2016-2019. Monitoring report. Barcelona: 2019. 11. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2016. 12. Barcelona, Ciutat convidada d'Honor a la 45ª. Feria Internacional del Libro de Buenos Aires. Dossier de premsa: Barcelona, 2019. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
35 13. Entrevista realitzada a l’octubre 2022. 14. Entrevista realitzada a l’octubre 2022. 15. L’Institut Ramon Llull va dur a terme 125 reunions amb representants editorials de 32 països diferents; especialment procedents de França, Itàlia i Regne Unit. A aquesta xifra s’haurien de sumar les reunions que van realizar la quarantena d’editorials catalanes presents a l’estand col∙lectiu, veure INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2017. En termes d’assistents, van participar-hi David Cirici, Pierdomenico Baccalario, Maite Carranza, Care Santos, Anna Manso, Anna Llenas i Jordi Sierra i Fabra; els traductors Anna Casassas i Francesco Ferrucci; i els il·lustradors Ignasi Blanch, Pilarín Bayés, Arnal Ballester, María Girón i Miguel Gallardo. 16. El 2015 va assistir-hi Imma Monsó; el 2017 va fer-ho Ramon Erra; el 2018, Eduard Màrquez; 17. El 2017 va assistir-hi el poeta Joan Margarit; el 2018, els dos poetes Dolors Miquel i Marc Romera van realizar una lectura bilingüe amb Philippe Beck i Esther Tellermann; 18. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2018. 19. Al 2017, hi van assistir l’Istanbul Poetry Festival, International Festival Meridian d’Ucraïna i el Marché de la Poésie de París (que va concretar una invitacio aquel mateix any). 20. Anna Aguilar-Amat, Flàvia Company, Marc Pastor, Jordi Puntí, Toni Sala, Martí Sales, Francesc Serés i Teresa Solana. 21. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2015. 22. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2017; INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2018. 23. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2018. 24. Hi han assistit Jordi Puntí (2015) i Martí Sales (2016) veure INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2015. 25. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2017. 26. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2017; Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2018; INSTITUT RAMON LLULL. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2020. 27. Entrevista realitzada a l’octubre 2022. 28. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2020; INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2021. 29. INSTITUT RAMON LLULL. Memòria Institut Ramon Llull. Barcelona: 2022. RÉSUMÉS La projecció internacional de la cultura catalana és una de les missions institucionals de Catalunya des de la recuperació de la democràcia. La intensificació de les accions per a difondre la cultura com a fet diferencial de la identitat catalana s’inicia des de finals dels anys vuitanta. No obstant, als inicis del segle XXI alguns esdeveniments concrets, com la Fira de Frankfurt del 2007 o la nominació de Barcelona com a Ciutat de la Literatura UNESCO el 2015 reafirmen i potencien la tasca realitzada per institucions que treballen estrictament a nivell internacional, com l’Institut Ramon Llull, o en una altra mesura la Generalitat de Catalunya o l’Institut de Cultura de Barcelona. En el present article revisarem els principals esdeveniments relacionats amb la projecció internacional de la literatura catalana durant el segle XXI, per tal d’entendre com Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
36 aquestes accions de política estratègica esdevenen un motor essencial per potenciar la visibilitat de la cultura catalana com a identitat en l’àmbit global. La projection à l’étranger de la culture catalane est l’une des missions institutionnelles de la Catalogne depuis le retour de la démocratie. L’intensification des actions de diffusion de la culture comme fait différentiel de l’identité catalane remonte au début des années 1980. Toutefois, au début du XXIe siècle, certains événements concrets (la Foire du livre de Francfort de 2007 ou encore la nomination de Barcelone au sein du réseau des villes littéraires Unesco depuis 2015) réaffirment et renforcent les travaux réalisés par des institutions à la portée internationale comme l’Institut Ramon Llull, ou dans une moindre mesure la Generalitat de Catalunya ou encore l’Institut de Cultura de Barcelone. Dans cet article, il sera question de rappeler les principaux événements en lien avec la projection internationale de la littérature catalane au XXIe siècle afin d’entrevoir comment ces actions de politique stratégique deviennent un moteur essentiel pour promouvoir la visibilité de la culture catalane comme identité à l’échelle globale. The international projection of Catalan culture is one of the institutional missions of Catalonia since the recovery of democracy. The intensification of activities to promote culture as a distinctive feature of Catalan identity began at the end of the 80s. However, at the beginning of the 21st century, some specific events, such as the Frankfurt Book Fair in 2007 or the nomination of Barcelona as a UNESCO City of Literature in 2015, reaffirm and strengthen the work carried out by institutions that work strictly on an international level, such as the Ramon Llull Institute, or to a different extent the Generalitat de Catalunya or the Institut de Cultura de Barcelona. In the present article, we review the main events related to the international projection of Catalan literature during the 21st century, in order to understand how these political and administrative actions have become a key factor in making Catalan culture visible as an identity in the global arena. INDEX Mots-clés : diplomatie culturelle, littérature catalane, projection internationale, politique culturelle, mobilité artistique motsclesca diplomàcia cultural, literatura catalana, projecció internacional, política cultural, mobilitat dels artistes Keywords : cultural diplomacy, catalan literature, international projection, cultural policies, artists mobility AUTEUR MARIA PATRICIO MULERO Université Toulouse 1 Capitole – LLA Créatis maria.patricio-mulero[at]ut-capitole.fr Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
37 La internacionalización del proceso independentista catalán (2012-2017): motivos, acciones y balance Orlando Manzano Guerrero Introducción 1 El denominado proceso de transición nacional, también conocido como el procés, fue un vasto movimiento político y social que logró movilizar –entre 2012 y 2017– a numerosos representantes de formaciones políticas, instituciones públicas y privadas, organizaciones de la sociedad civil, medios de comunicación y algo más de dos millones de ciudadanos de la Comunidad autónoma de Cataluña. Dicho proceso fue liderado desde el principio por dirigentes de la rama ejecutiva, con el respaldo de la rama legislativa, del gobierno autonómico. Ambas ramas se encontraban entonces bajo control de partidos nacionalistas catalanes que afirmaban perseguir, al igual que la plétora de actores que los apoyó y/o presionó a lo largo de la etapa, la transformación efectiva de la región en un Estado independiente. Se trataba ciertamente de un proyecto ambicioso –y sin garantía alguna de éxito– a través del cual se buscaba cambiar el orden político-jurídico español. Para conseguir tal objetivo, sus impulsores se comprometían a agotar todos los medios legales a su disposición y a promover el diálogo y el máximo consenso político posible. 2 Otra meta fundamental era que el nuevo Estado que se pretendía crear formara parte de la Unión Europea. En la mente de los promotores de la independencia, la separación de España y la posterior incorporación de Cataluña en las instituciones internacionales –sobre todo en las europeas– constituían efectivamente fases indispensables de un único y mismo proyecto. Para maximizar las posibilidades de éxito se requería, por supuesto, contar con el aval y el apoyo de los países miembros y de la comunidad internacional; tarea esta que se anunciaba bastante compleja. No es de extrañar Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
38 entonces que entre las múltiples acciones que se llevaron a cabo en el transcurso de los cinco años que duró el desafío soberanista, se incluyeran medidas específicas destinadas a favorecer su promoción fuera de las fronteras nacionales; dándose así un cambio radical en las prácticas y estrategias de la Comunidad autónoma en materia de proyección exterior. A la luz de los resultados obtenidos en este sentido, cabe interrogarse sin embargo sobre la eficacia y el alcance de las mismas. El presente texto pretende justamente analizar todos estos aspectos clave, relacionados con la dimensión internacional del procés. El necesario e incierto respaldo internacional 3 Al comienzo del proceso soberanista catalán, sus impulsores manifestaron la intención de llevarlo a cabo empleando una vía pacífica en total conformidad con el marco legal existente y los principios democráticos. Para ello, se diseñó un plan compuesto por varias etapas que debían teóricamente conducir de forma gradual y progresiva hacia la consecución de la meta final: la creación de un nuevo Estado en Europa. La primera –y sin lugar a dudas, una de las más trascendentales de ellas– era la convocatoria de un referéndum o consulta a la población de la región con el fin de medir concretamente el grado de apoyo popular al proyecto que se intentaba promover. De confirmarse la existencia de una voluntad mayoritaria de la ciudadanía a favor de la independencia se iniciaría entonces la segunda fase, durante la cual se darían los pasos necesarios para satisfacer tal voluntad. En teoría, esta fase habría de concluirse con una proclamación o declaración de independencia por parte de las autoridades catalanas. A partir de ese momento se produciría una desvinculación formal respecto del ordenamiento jurídico español y se abriría el proceso propiamente constituyente que debía conducir a la aprobación de una Constitución para el nuevo Estado. Última etapa: la incorporación de dicho Estado a los órganos europeos y demás instituciones internacionales como miembro de pleno derecho. 4 La reacción que generaría este proyecto en la comunidad internacional revestía incuestionablemente una importancia capital para el desenlace del mismo. Era obvio que las probabilidades de alcanzar los objetivos fijados serían mayores si se conseguía como mínimo despertar su interés y, como máximo, obtener su respaldo. Por el contario, si se ignoraba –o peor aún, se rechazaba de plano– las expectativas de lograrlo se desvanecerían casi por completo. Tanto más cuanto que existían importantes obstáculos que amenazaban con impedir el buen desarrollo del mismo, desde antes incluso de su comienzo. El mayor escollo que los independentistas catalanes habrían de afrontar era la casi segura oposición de los órganos centrales del Estado y de los principales responsables políticos del ámbito nacional español. La colaboración de estos últimos y su consentimiento para realizar necesarias modificaciones en el ordenamiento jurídico-constitucional vigente constituían una condición sine qua non. Desde un inicio se sabía, sin embargo, que la eventualidad de que ello se produjese era bastante poco probable, dado el contexto hostil a las aspiraciones catalanas existente entonces en la arena político-electoral estatal y las posiciones contrarias a toda reforma de la Constitución susceptible de destruir la unidad de España, defendidas tradicionalmente por los dos partidos más importantes del país: el Partido Popular y el Partido Socialista Obrero Español. Dadas las circunstancias, cualquier papel que pudiera desempeñar la comunidad internacional para influir favorablemente en el rumbo de los Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
39 acontecimientos que se sucederían en la región serviría, no solo para dar una señal inequívoca del apoyo con que contaba el proyecto fuera de las fronteras nacionales, sino también para mejorar sus perspectivas de éxito. 5 Por otro lado, no ha de olvidarse que el objetivo que se perseguía era que Cataluña se separara de España, no que se aislara del resto del mundo. De ahí los constantes esfuerzos llevados a cabo desde el principio para dar pruebas de la determinación de las élites políticas catalanas de no situarse al margen de lo establecido en el marco europeo, así como de la capacidad del hipotético nuevo Estado de convertirse en un activo valioso para los países de su entorno más cercano. En el programa electoral de la coalición nacionalista Convergència i Unió (CiU), ganadora de los comicios autonómicos del 25 de noviembre de 2012, se podía así leer lo siguiente: La nostra transició nacional cap a un estat propi passa necessàriament per continuar formant part d’Europa, i el primer pas per assolir-ho és comprometre’ns a complir, com a país, totes les obligacions que la UE fixa als seus estats membres. Aquests objectius no són fàcils, i menys en les circumstàncies actuals, però hem de tenir clar que si volem formar part de la UE hem d’estar en condicions de demostrar que Catalunya és un país seriós, rigorós, creïble, competitiu i, sobretot, amb un gran potencial de contribució a la construcció europea1. 6 Aunque a primera vista la intención fundamental del texto pareciera ser concienciar a los catalanes de los inevitables sacrificios y concesiones que habrían de aceptarse para poder aspirar a la permanencia en Europa, una lectura entre líneas pone de relieve que se trataba igualmente de disipar las dudas y preocupaciones que pudiera generar el proyecto entre los miembros de este selecto club. En su discurso de investidura como presidente de la Generalitat pronunciado el 20 de diciembre de 2012, justo al inicio de la legislatura durante la cual se desarrolló la primera fase del procés, el líder de CiU –Artur Mas– dejaba patente una vez más la importancia que se le atribuía a este asunto: És indubtable que en els darrers tres mesos Catalunya ha tingut un ressò a escala europea i mundial com mai havia experimentat. [...] Som observats. I serem observats amb lupa. Fet que ens obliga a fer les coses especialment bé, sense errors innecessaris, sense ingenuïtats, i aplicant el sentit polític amb el qual es mouen els països en el context internacional2. 7 Los esfuerzos realizados por los dirigentes catalanes con la intención evidente de tranquilizar a los potenciales socios europeos, así como la particular atención que prestaban a la acogida que iban teniendo en el exterior los acontecimientos que empezaban a producirse en el ámbito político regional, reflejaban pues su voluntad de crear una percepción favorable en el seno de la comunidad internacional, con el fin de aumentar así la probabilidad de obtener el respaldo y reconocimiento necesarios a la integración futura de Cataluña en los organismos antes mencionados. 8 Tales esfuerzos eran además necesarios, dado el alto nivel de incertidumbre que existía acerca de la actitud que se adoptaría efectivamente fuera de España una vez iniciado el proceso soberanista. Una de las razones más evidentes era la falta de bases legales sólidas de algunas de las premisas en las que se basaba el proyecto catalán. Tómese por ejemplo lo que constituyó la piedra angular del procés: el denominado derecho a decidir del pueblo de Cataluña. A través de este concepto, constantemente invocado por los principales actores de la clase política, medios de prensa y entidades soberanistas de la región3, se pretendía permitir que los habitantes de la Comunidad autónoma se pronunciaran a favor o en contra de la posibilidad de que esta última se convirtiera en un Estado independiente, miembro de la UE. Así, si se demostraba la existencia de una Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
40 amplia mayoría favorable a esta opción, podría darse inicio al proceso de ruptura con el Estado español. Dentro de este contexto, el derecho a decidir expresaba pues la capacidad de los catalanes a determinar unilateralmente su futuro político colectivo. El problema radica en que tal derecho no constituía –ni constituye aún hoy– un concepto jurídico explícitamente reconocido en ningún marco legal vigente. Si se llegó a identificar con otro concepto existente en la práctica internacional, el derecho a la autodeterminación, fue sobre todo porque en el discurso del nacionalismo catalán se utilizaron indiscriminadamente ambas expresiones. Así, por ejemplo, en el discurso del 25 de septiembre de 2012 durante el cual el presidente Artur Mas anunció su decisión de disolver el Parlament y convocar nuevas elecciones autonómicas –dando inicio al procés– expresó que lo hacía porque «Catalunya té dret a l’autodeterminació. Ha arribat l’hora d’exercir aquest dret. De manera democràtica, pacífica i constructiva 4». 9 Ahora bien, dado que en Cataluña no se daban los supuestos que exige la legalidad internacional para la aplicación del derecho de autodeterminación, resultaba igualmente inoportuno establecer paralelismos entre ambos conceptos. Existe en efecto una resolución de la ONU5 que estipula que «todos los pueblos tienen el derecho de determinar libremente, sin injerencia externa, su condición política […] y todo Estado tiene el deber de respetar este derecho de conformidad con las disposiciones de la Carta (de las Naciones Unidas)». Se precisa incluso que su ejercicio puede conducir al «establecimiento de un Estado soberano e independiente […] o la adquisición de cualquier otra condición política libremente decidida por un pueblo». La resolución establece, sin embargo, que «la autodeterminación es de aplicación exclusiva a colonias o a cualquier otro territorio no autónomo, en tanto que tienen una condición jurídica distinta de la del Estado que lo administra». Aclara además que esta no puede en ningún caso utilizarse «para quebrantar la integridad territorial de los Estados soberanos que se conduzcan de conformidad con el principio de la igualdad de derechos, es decir, que estén dotados de un Gobierno que represente a la totalidad de los ciudadanos6». Estaba claro pues que tampoco era jurídicamente viable apelar al derecho a la autodeterminación para justificar la voluntad de permitir que los ciudadanos catalanes decidieran si su comunidad debía o no acceder a la independencia. De modo que, si bien el objetivo de hacer efectivo el ejercicio de una democracia más participativa y respetuosa de la libertad de opinión de los ciudadanos – en este caso los catalanes– resultaba en sí mismo encomiable, tanto como el compromiso de alcanzarlo por medios pacíficos, legales y pactados, era obvio que las instituciones mundiales y europeas carecían de facultad para exigir, y muy probablemente de voluntad para intentar convencer, al Estado español de que permitiera la realización en Cataluña de un proceso político diseñado con tal objetivo. 10 En fin, otro asunto importante que planteaba numerosos interrogantes concernía a la posible integración de Cataluña en el seno de la Unión Europea como miembro de pleno derecho. Se trataba en este caso de un objetivo que, si bien no resultaba completamente imposible de satisfacer desde un punto de vista estrictamente legal, dependía para poder cumplirse de numerosos factores y actores externos sobre los cuales los impulsores del procés no tenían realmente control alguno. En tal sentido, el artículo 49 del Tratado de Lisboa estipula que «cualquier Estado europeo que respete los valores mencionados en el artículo 2» –es decir, de respeto de la dignidad humana, libertad, democracia, igualdad, Estado de Derecho y respeto de los derechos humanos– «y se comprometa a promoverlos podrá solicitar el ingreso como miembro en la Unión 7». En caso de separarse de España y quedar fuera de la UE –hipótesis evocada por, entre Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
41 otros, el entonces presidente de la Comisión europea José Manuel Durao Barroso 8– Cataluña, al cumplir con tales requisitos, podría en principio iniciar negociaciones para volver a entrar según el procedimiento clásico de adhesión. Es decir, habría de enviar una solicitud al Consejo europeo donde están representados los Gobiernos de los Veintiocho. De ser aceptada su solicitud «unánimemente», el Consejo debería entonces pronunciarse, «después de haber consultado a la Comisión y previa aprobación del Parlamento europeo, el cual se pronunciará por mayoría de los miembros que lo componen9». Así pues, existía un camino largo y complejo, pero cuya salida era perfectamente viable y conforme a lo estipulado en los Tratados europeos, para que una Cataluña independiente fuera reconocida y (re)integrada en la UE. La necesidad de convencer a los 28 países miembros de que reconocieran el nuevo Estado –primero en el plano internacional, ya que sin reconocimiento previo no hay adhesión posible– y luego que lo aceptaran en el seno de la Unión, hacía sin embargo que dicha perspectiva pareciera sumamente incierta y remota. Una proyección internacional sin precedentes 11 Desde la Transición democrática española y tras la recuperación de su autonomía, la proyección internacional de la administración catalana se ha mantenido siempre en el marco de las soberanías compartidas con el Estado central español. Cierto es que, a pesar de que la Constitución de 1978 reserva para este último competencias exclusivas en materia de relaciones internacionales10, los dirigentes autonómicos han podido mantener una actividad bastante intensa en ese ámbito; sobre todo a raíz de la aprobación de la Reforma del Estatuto de Autonomía de 2006 11. Sin embargo, las motivaciones de los sucesivos gobiernos catalanes habían estado más bien relacionadas –de manera general– con cuestiones de carácter económico. Así lo afirma Caterina García Segura, Catedrática de Relaciones Internacionales en la Universidad Pompeu Fabra: S’agissant de la situation catalane, les motifs fonctionnels (principalement d’ordre économique) ont toujours fait l’objet d’une prise en compte sérieuse tandis que les motifs symboliques (de nature politique), […] ont occupé une place secondaire quoique les exceptions aient été importantes. Ainsi, malgré le fait qu’au cours des premières étapes du gouvernement autonomique, le Président Pujol (1980-2003) se soit toujours référé à la nécessité pour la Catalogne de s’ouvrir au monde afin que ses demandes soient écoutées dans le cadre espagnol, l’ensemble de son action extérieure a été nettement fonctionnelle, en recherchant le rayonnement international de l’industrie catalane et l’internationalisation du commerce catalan. Cette orientation, poursuivie par le premier gouvernement tripartite, a changé d’orientation seulement à partir du second gouvernement tripartite (2006-2010), lorsque les relations extérieures de la Generalitat furent rattachées à la Viceprésidence du gouvernement, alors aux mains de l’ERC, et les questions symboliques acquirent une visibilité plus grande12. 12 Como precisa esta misma autora, incluso en los períodos de mayor tensión con el Estado español, la dimensión «político-simbólica» de la proyección exterior catalana había estado principalmente relacionada con la voluntad de obtener reconocimiento internacional de la identidad nacional catalana: « promotion de la langue et de la culture catalanes dans leurs diverses manifestations, actions symboliques comme les rencontres du Président de la Catalogne avec différents leaders mondiaux, etc. 13 ». Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
42 13 Lo anterior contrasta pues claramente con lo ocurrido entre 2012 y 2017. Como ya se explicó, a lo largo del quinquenio los dirigentes nacionalistas al frente del Govern y del Parlament se fijaron como principal objetivo político la consecución de la independencia de Cataluña y su integración en organizaciones e instituciones europeas e internacionales. Tal objetivo y las dificultades antes evocadas para alcanzarlo harían de la voluntad de obtener apoyos y reconocimiento de la causa soberanista el eje central de la agenda catalana en el marco exterior. Como se verá a continuación, tanto por la naturaleza, la dimensión y el alcance de las iniciativas que se tomaron con este propósito, como por la variedad de actores implicados y de destinatarios a los que se dirigieron, la proyección internacional desarrollada desde esta Comunidad autónoma durante el período estudiado no tiene precedente histórico alguno. 14 Una de las medidas que mayor impacto tuvo en el rumbo de la estrategia de internacionalización implementada en Cataluña por aquel entonces resultó ser la creación del Consejo Asesor para la Transición Nacional (CATN) 14; órgano encargado de ofrecer apoyo y asesoramiento a las instituciones autonómicas en cuestiones jurídicas, políticas y económicas relacionadas con el proceso de consulta a la población, así como con la identificación e impulso de estructuras clave para el funcionamiento del futuro Estado que se pretendía crear. Aunque no fuera la única misión que se le encomendó, resulta notable la intensa actividad desarrollada por el CATN con el fin de «proposar actuacions i impulsar la difusió del procés de transició nacional entre la comunitat internacional i identificar-ne suports15». En cumplimiento de dicha tarea los miembros del Consejo redactaron tres informes, cuya importancia deriva –entre otras razones– del hecho de que muchas de las consideraciones que planteaban iban dirigidas a ofrecer soluciones prácticas para despejar dudas y/o influir favorablemente en la obtención del respaldo de la comunidad internacional. La mayoría de los pasos que proponían para la presentación internacional de las reivindicaciones soberanistas fueron además efectivamente adoptados por los promotores del procés. 15 En primer lugar, resulta significativo que las claves discursivas proporcionadas por el CATN a las autoridades catalanas estuvieran fundamentalmente orientadas a responder a las principales preocupaciones que despertaba el proceso soberanista en el exterior. Así, por ejemplo, en su primer informe dedicado a cuestiones internacionales 16 el órgano consultivo presentaba argumentos que servirían para justificar y legitimar el denominado proceso de autodeterminación como «ejercicio del derecho de los pueblos a decidir democráticamente», como «derecho inherente a la naturaleza de Catalunya como nación» y en fin, como «último recurso para poner remedio a una situación injusta», supuestamente impuesta por el Estado español. En su segundo trabajo 17, planteaba además una serie de razonamientos destinados a respaldar la tesis según la cual el encaje jurídico de una Cataluña independiente en la UE sería perfectamente viable. Para ello, se exponían diferentes escenarios posibles –permanencia, adhesión ad hoc, adhesión ordinaria y exclusión– valorándose las probabilidades de que cada uno se produjera y haciéndose hincapié en las hipótesis más optimistas. Por fin, en su último informe sobre estos temas18, el CATN exponía las pautas que, al igual que cualquier otro Estado soberano, Cataluña habría de seguir para poder integrarse en las grandes organizaciones internacionales una vez alcanzada su independencia. Se trataba en definitiva de líneas argumentales que se enfocaban en asuntos de gran relevancia para el éxito del proyecto independentista y serían retomadas por los dirigentes de la Generalitat, tanto en el intenso debate público generado entonces en los ámbitos Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
43 regional y nacional, como en el marco de sus actividades de promoción dirigidas a Estados, instituciones y organizaciones, actores no estatales y medios de comunicación extranjeros. 16 En segundo lugar, cabe resaltar igualmente que el grueso de las actuaciones propuestas por el CATN para informar y generar aliados entre dichos actores internacionales se tradujo en acciones concretas por parte de los principales responsables políticos de la Comunidad autónoma. Un estudio realizado por la investigadora Paola Lo Cascio, del Departamento de Historia y Arqueología de la Universidad de Barcelona 19, resulta al respecto bastante esclarecedor. A modo de ejemplo, la autora cita las intervenciones de varios integrantes de los gabinetes de Artur Mas y Carles Puigdemont en viajes al extranjero o en entrevistas concedidas a medios internacionales radicados en la región, así como la carta dirigida por Mas a la Comisión Europea y a los gobiernos de los estados miembros de la UE, con el fin de anunciar la celebración en Cataluña de una consulta el 9 de noviembre de 2014, en aplicación del denominado derecho a decidir. De la multiplicidad de acciones desplegadas por la Generalitat para la promoción exterior del proyecto independentista –y también, del coste elevado que tuvieron tales acciones– da fe el Tribunal de Cuentas; órgano español encargado de la fiscalización del sector público y el enjuiciamiento de la responsabilidad contable. Según un informe de este Tribunal, del que se hizo eco la prensa nacional en mayo de 2021 20, entre 2011 y 2017 las instituciones autonómicas desarrollaron una continua labor de promoción internacional que incluía, desde contactos de alto nivel con mandatarios y diplomáticos de otros países, hasta la organización de actividades en diversos foros para recabar apoyos y reconocimiento para la idea de una cercana independencia de Cataluña. Para financiar toda esa labor –catalogada de ilícita por el Tribunal de Cuentas– los dirigentes nacionalistas habrían desviado alrededor de 4,8 millones de euros; siendo esta sólo una primera aproximación. 17 El ritmo de las intervenciones de la administración autonómica catalana en materia de proyección internacional no fue sin embargo constante a lo largo de la etapa estudiada. Parece más bien haber ido in crescendo, acelerándose claramente a partir de 2015, a medida que disminuían las esperanzas de poder realizar una consulta popular de manera pactada con las autoridades de Madrid y que actores más radicales ganaban influencia en la arena política regional21. Tal como señala Lo Cascio, fue justamente a raíz de las elecciones autonómicas del 27 de septiembre de2015 (27-S) que las actividades de promoción exterior del proceso independentista empezaron a adquirir realmente «el rango de políticas de Gobierno22». En concreto, como parte integrante del primer gabinete de Carles Puigdemont se creó el Departamento de Asuntos Exteriores, dirigido por el ex eurodiputado de ICV-EUiA Raül Romeva. Por cierto, la denominación de este departamento fue impugnada casi inmediatamente por el Tribunal Constitucional y posteriormente modificada, siendo rebajado a rango de Secretaría. El cambio de denominación no impidió sin embargo que dicho órgano se convirtiera en una baza importante para el Ejecutivo catalán, que se dotaba de esa manera de instrumentos institucionales enfocados específicamente a la diplomacia pública. A través de esta nueva Secretaría el Gobierno autonómico logró pues ampliar su red en el extranjero hasta llegar a contar con catorce delegaciones oficiales situadas en importantes capitales occidentales; tales como Washington, Bruselas, París, Londres, Berlín, Roma, entre otras. Así, gracias al papel más activo desempeñado por las instituciones autonómicas durante la legislatura 2015-2017, las estrategias de Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
44 proyección exterior pudieron contar entonces con un mayor nivel de organización y de sistematización. 18 Además del incremento paulatino que fue experimentando la actividad institucional, con el asesoramiento del ya citado Consejo Asesor para la Transición Nacional, los esfuerzos desarrollados en el marco europeo e internacional para impulsar la difusión del proceso soberanista involucraron a muchos otros actores con variadas funciones y responsabilidades a lo largo del tiempo. La parte fundamental de la actividad desplegada en este sentido corrió de hecho a cargo de instancias paradiplomáticas público-privadas c ontroladas, y en gran parte financiadas, por la administración catalana. Entre ellas desempeñó un papel central el Consell de la Diplomàcia Pública de Cataluña (Diplocat), estructura creada a partir de lo que años atrás fuera un patronato apolítico fundado por actores públicos y privados con el fin de fomentar la presencia catalana en Bruselas. En el preámbulo del decreto que sirvió para su reestructuración a finales de 2012 se estipulaba que el nuevo Consorcio habría de convertirse en «un instrumento del Gobierno para desarrollar una estrategia de diplomacia pública y contribuir al conocimiento y reconocimiento exterior del país23». En realidad, tal como precisa Caterina García Segura, resultaba difícil por aquel entonces verlo como algo más que «l’organisme de diplomatie publique de la Generalitat au service de l’indépendantisme24». Entre las múltiples tareas que llevó a cabo se pueden citar efectivamente la producción y difusión –en Internet y medios extranjeros– de textos y documentos con informaciones relativas a la situación política catalana; la publicación de estudios y análisis, sobre el mismo asunto, realizados por especialistas o departamentos del Govern; la organización y promoción de intervenciones de dirigentes catalanes en medios internacionales; en fin, la realización de acciones vinculadas con lo que se conoce como diplomacia académica. En concreto, se coordinaron encuentros en centros universitarios de diferentes países –seminarios, mesas redondas, etc.– durante los cuales responsables políticos, académicos, periodistas y opinadores explicaban y debatían sobre diversos aspectos relacionados con la consulta soberanista y con el procés, en general. 19 Al igual que ocurrió en el caso de las instituciones autonómicas, las estrategias de internacionalización desplegadas por Diplocat adquirieron un enfoque más amplio y mayor escala a partir de 2014-2015. Como explica Lo Cascio, al aumento de las actividades de información y sensibilización antes mencionadas se sumó el énfasis puesto en otras acciones que perseguían ejercer influencia sobre las decisiones de actores institucionales importantes y de la opinión pública en el exterior. Tales propósitos se tradujeron mayormente en «visitas y comparecencias en parlamentos de diferentes países» o bien en «la recepción de cargos institucionales locales (alcaldes, presidentes de entes infraestatales)», así como en «la organización de visitas de delegaciones de periodistas25». En lo relativo a la interlocución institucional, se pueden citar dos ejemplos concretos: la constitución de grupos de apoyo con diputados de Gran Bretaña, Dinamarca o Finlandia con el fin de obtener un pronunciamiento de sus respectivos Parlamentos a favor de la causa soberanista, y la organización del desplazamiento de una delegación compuesta por 15 representantes estatales y regionales de varios países –sobre todo europeos– con el objetivo de servir de observadores durante las elecciones autonómicas de 2015, presentadas entonces como un plebiscito por la independencia de Cataluña. Se constata pues que la intensa labor desplegada por este organismo durante los años que duró el procés estuvo encaminada esencialmente a apoyar el proyecto político promovido desde las instituciones Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
45 catalanas, a través de su promoción y de la búsqueda activa de apoyos entre diferentes actores de la escena internacional. 20 Por último, aunque no por ello menos importante, se ha de señalar también el papel desempeñado en este ámbito por parte de actores de la sociedad civil catalana, fueran estos colectivos o individuales. Entre los primeros, cabe mencionar a las entidades soberanistas Òmnium Cultural y ANC, organizadoras de las espectaculares marchas populares que tuvieron lugar en Cataluña, fundamentalmente durante las celebraciones anuales de La Diada. Dichas marchas contaron con una amplia cobertura mediática en el plano internacional y fueron incluso reproducidas, a una escala mucho menor, en diferentes ciudades del mundo por grupos de catalanes residentes allí y ciudadanos extranjeros de ideas afines. Estas entidades se mostraron además muy activas en la organización y difusión de campañas que llegaron a hacerse virales en Internet y en las redes sociales –como por ejemplo Help Catalonia, Save Europe o Free Catalan Political Prisoners– en las cuales se denunciaban las decisiones de las autoridades españolas que condujeron a la interrupción violenta del referéndum unilateral del 1 de octubre de 2017 por parte de las fuerzas del orden y al arresto y encarcelamiento de líderes independentistas alrededor de la misma fecha. El objetivo de tales campañas era evidentemente conseguir el apoyo de la opinión pública europea e internacional, y de sus representantes políticos, para ejercer presión sobre el Estado español. En un registro diferente, importantes personalidades del ámbito de la cultura y el deporte conocidas en el extranjero –tales como el tenor José Carreras y el entrenador de fútbol Pep Guardiola– no dudaron en declarar públicamente su compromiso con la causa soberanista, contribuyendo de esta forma a la internacionalización de la misma. En fin, académicos de renombre internacional –algunos de los cuales imparten o han impartido clases en grandes universidades norteamericanas y europeas 26– se dedicaron por su parte a participar en debates, a menudo colgados en Internet, y a publicar artículos y estudios para explicar y justificar la apuesta de las élites nacionalistas y de amplios sectores de la sociedad catalana a favor de la independencia. Sobre los resultados de la acción exterior 21 Desde cualquier punto de vista que se mire, resulta evidente que el balance del proceso político aquí evocado no puede ser positivo. El incumplimiento de sus objetivos inmediatos –no se logró crear un Estado independiente dentro de la EU– y el porvenir incierto que aguardaba a algunos de sus principales líderes –para quienes se inició un largo camino judicial o en el exilio– supusieron un claro revés para sus promotores y seguidores. Parece claro que dicho fracaso se produjo, en buena parte, como consecuencia de los propios desaciertos cometidos. Para el hispanista John H. Elliott, el mayor error habría sido «asumir que la independencia era posible en el mundo del siglo XXI, vivir en una realidad virtual27». Visto desde la perspectiva actual puede pensarse en efecto que el plan concebido por sectores dominantes del nacionalismo conservador catalán era demasiado ambicioso y/o utópico para salir adelante en el contexto y de la manera en que se planteó. Los magros resultados obtenidos con la internacionalización del procés constituyen prueba de lo anterior y, de paso, uno de los principales motivos del fracaso. No puede afirmarse, sin embargo, que las repercusiones de las acciones ejecutadas con tal propósito hayan sido totalmente desfavorables para sus impulsores. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
46 22 Como se recordará, los dirigentes nacionalistas consideraron desde un inicio que la dimensión internacional y europea de su proyecto político constituiría una de las claves fundamentales del éxito. Estaban convencidos de que sus posibilidades de llegar hasta la meta final se multiplicarían en la medida en que se consiguiera obtener el apoyo y el reconocimiento de la comunidad internacional y de la Unión Europea. De ahí que, por un lado, se prestara especial atención a la acogida que tenían en el exterior los acontecimientos que se iban produciendo en Cataluña y, por otro lado, se invirtieran con el paso del tiempo considerables esfuerzos y recursos para promover la causa soberanista más allá de las fronteras españolas. El respaldo de las instituciones y dirigentes extranjeros resultó ser sin embargo muy escaso y su silencio ensordecedor ante las llamadas de mediación del Govern. Por lo demás, ninguna gran potencia se pronunció públicamente a favor de reconocer oficialmente el hipotético nuevo Estado que se buscaba crear. Resulta obvio por lo tanto que tales expectativas eran demasiado elevadas. 23 No quiere esto decir por supuesto que el procés no haya tenido impacto alguno en la escena política e institucional a nivel mundial o que ninguno de sus actores más importantes haya tomado posición al respecto; sólo que las reacciones que se produjeron no fueron lo suficientemente contundentes o, peor aún, iban en la dirección contraria de lo que se esperaba. Así resume justamente Ignacio Molina –profesor de Ciencia Política en la Universidad Autónoma de Madrid– lo sucedido el día en que los esfuerzos, pacíficos pero unilaterales, por celebrar un referéndum de autodeterminación en Cataluña degeneraron en escenas de violencia tras las cargas policiales que intentaron impedirlos: Los dirigentes separatistas pudieron llegar a pensar que tenían opciones de ganar el pulso, vista la gran repercusión mundial y la preocupación que llegaba desde Europa. Es verdad que alguna potencia animó al Gobierno de España a moverse en determinada dirección, pero fue para desescalar el conflicto, sin que nunca se planteara una verdadera elevación de la crisis a la agenda internacional o europea 28. 24 Como reconoce el propio autor, a raíz de los dramáticos acontecimientos del 1-O se produjeron ciertamente llamados a la mediación internacional para resolver la crisis, sobre todo por parte de líderes de movimientos nacionalistas y de algunos responsables políticos de países europeos. No obstante, ninguno de esos actores proclamó abiertamente estar a favor de la independencia de Cataluña, ni en ese momento ni cuando el Parlament la declaró unilateralmente pocos días después 29. De la misma manera, si bien es cierto que el entonces presidente del Consejo Europeo, Donald Tusk, invitó al Ejecutivo español a favorecer «la fuerza de los argumentos, no el argumento de la fuerza», su respaldo a este último y su posicionamiento a favor del respeto del orden constitucional vigente fueron tan inequívocos como los del resto de dirigentes al frente de instituciones y organizaciones multilaterales, así como de gobiernos nacionales en las principales potencias occidentales. 25 En retrospectiva, tan obvio parece que tal sería la respuesta oficial de la comunidad internacional –dada la firme y clara oposición del Estado español a la separación de una parte de su territorio– que resulta hasta cierto punto curioso que se depositaran tantas esperanzas en este aspecto del procés. Sin dudas, y aunque no sea esta la única explicación plausible, tuvo mucho que ver en ello el exceso de confianza –¿o de ingenuidad?– que guió muchas de las actuaciones emprendidas desde las instituciones autonómicas durante aquella etapa. Es lo que da a entender en todo caso el análisis de Ignacio Molina: Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
47 No está claro hasta qué punto los líderes estaban realmente convencidos, por autoengaño, de poder “forzar” una intervención o, al menos, una mediación externa que llevase al Estado a negociar. […] Lo que sí queda claro es que, al final, la tesis de la internacionalización del procés acabó provocando, en el mejor de los casos, una suerte de wishful thinking que seleccionó interesada y emocionalmente los pocos elementos que abonan una tesis restando importancia a la abrumadora evidencia contraria30. 26 Según argumenta Molina –y como también señalábamos antes– numerosos eran efectivamente los obstáculos que desde el inicio mismo del proceso independentista hacían difícil prever la obtención del tipo de respaldo exterior que hubiera sido necesario para garantizar el éxito del mismo. Por un lado, desde una perspectiva estrictamente legal, el caso catalán resultaba problemático para las potencias occidentales cuya política exterior se basa justamente en «la defensa de la integridad territorial y de la convivencia entre comunidades diversas», y que sólo reconocen el principio de autodeterminación en «contextos coloniales o en circunstancias muy excepcionales31». Por otro lado, desde un punto de vista práctico –y por mucho que se insistiera en el carácter europeísta, democrático y pacífico del proyecto independentista catalán– preocupaba que este pudiera convertirse en un conflicto con efectos desestabilizadores para la ya de por si frágil situación de otros países de la eurozona, o que una respuesta favorable a dicho proyecto sirviera para sentar un precedente que movimientos políticos y/o sociales similares existentes en otros Estados no tardarían en invocar. Resultado lógico de lo anterior, retomando una expresión del propio autor, «el mundo no miraba a Cataluña», o más bien, «lo hacía de reojo y con aprensión32». 27 Pero más allá de las previsibles reticencias e inquietudes que se suscitarían entre las instituciones y líderes políticos internacionales, se ha de reconocer que el contexto en el que se desarrolló la fase final del procés no era tampoco particularmente propicio para las aspiraciones soberanistas catalanas. Recuérdese que el principal referente evocado entonces en la Comunidad autónoma, como ejemplo y modelo a seguir, era el de Escocia. Allí se celebró en septiembre de 2014 un referéndum pactado con las autoridades británicas, con el objetivo de saber si los escoceses deseaban o no formar parte de un país independiente. El «No» se impuso entonces con el 55,3 % de los votos frente al 44,7 % de los partidarios de la secesión. Sobre las repercusiones de tal acontecimiento Molina opina lo siguiente: La derrota de la opción favorable a la independencia de Escocia […] supuso un obvio revés para los nacionalistas catalanes. Por un lado, quedaba inédito el espectacular precedente de que en una democracia avanzada, europea y tan notable como la británica se produjera una ruptura legal y pacífica. Por el otro, el resultado suponía que quedaban sin activarse las fórmulas de respuesta exterior a la nueva situación, incluyendo el posible efecto demostración de la readhesión rápida a la UE de un territorio secesionado en el momento mismo en que el Reino Unido se planteaba salir33. 28 Por supuesto, era poco probable que a dos años de haberse iniciado el proceso soberanista, un resultado –negativo o positivo– en el referéndum escocés hubiera hecho cambiar sustancialmente la opinión de responsables políticos internacionales sobre dicho proceso. No obstante, estaba claro que tal desenlace no aportaba el impulso esperado; más bien, por el contrario, restaba fuerza a los argumentos de los independentistas catalanes y hacía aún más difícil obtener en el exterior algún tipo de respaldo oficial. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
48 29 Lo anterior no debe impedirnos reconocer que ciertas repercusiones de las estrategias de internacionalización adoptadas durante el procés resultaron ser más bien favorables a los intereses de sus promotores. Entre los factores que pudieron haber desempeñado un papel significativo en ese sentido destaca el hecho de que tales estrategias sirvieron para poner el foco de atención sobre algunas deficiencias y limitaciones de la actuación de los líderes al frente de las instituciones políticas nacionales por aquel entonces. En efecto, aunque el Gobierno central y el Estado español en su conjunto fueron suficientemente eficaces como para frenar política y jurídicamente cada una de las acciones del independentismo y para asegurarse el inequívoco respaldo de la UE, otros países y organismos oficiales internacionales, su respuesta a la crisis desatada con la irrupción del proceso soberanista en la agenda política nacional suscitó numerosas reacciones negativas en el ámbito académico y en la opinión pública mundiales. Las valoraciones de uno de los observadores más privilegiados e imparciales de la historia de Cataluña, en particular, y de España, en general, –el historiador británico John H. Elliott– constituyen al respecto un ejemplo elocuente. Su mirada desaprobadora del giro independentista experimentado por una parte de las élites políticas catalanas no le impide realizar un análisis igualmente crítico con las acciones de los dirigentes de Madrid, a quienes reprocha fundamentalmente la incompetencia y la intransigencia que demostraron desde el principio mismo de dicho proceso: «Rajoy fue incapaz de ver la dimensión del problema catalán que estaba emergiendo en ese momento. Esa estrechez de miras tanto de él como del Partido Popular fue un desastre. Su falta de flexibilidad, su falta de voluntad en entender a la otra parte 34». Tales defectos, concluye Elliott, descalificaban a aquellos que justamente tenían en sus manos la solución del conflicto que terminó desatándose. 30 Particularmente negativas para el prestigio de las autoridades españolas serían las imágenes que dieron la vuelta al mundo el 1 de octubre de 2017, convirtiéndose en uno de los asuntos de mayor interés informativo en las agendas mediáticas extranjeras. Recuérdese que, a pesar de la ausencia de garantías democráticas y de las acciones previas del Gobierno central y del Tribunal Constitucional para impedirlo, más de 2.2 millones de catalanes votaron ese día –según declararon entonces miembros del Ejecutivo autonómico– y el 90 % de ellos se habría pronunciado a favor de la creación de un Estado independiente35. La desafortunada intervención de las fuerzas del orden españolas durante aquella jornada provocó críticas generalizadas en el seno de la opinión pública internacional. Lo que más llamó la atención en el exterior fue el hecho de que la Policía Nacional y la Guardia Civil hicieran uso de la fuerza ante ciudadanos que, en su mayoría, oponían una resistencia pasiva. Como subrayan al respecto el jurista Rafael Arenas y el historiador Joaquim Coll: La imagen que se transmitió fue la de la policía intentando impedir una votación – siendo secundario si la votación era legal o no– y, además, sin conseguirlo. La legitimidad internacional de la democracia española se puso en entredicho y también se cuestionó la capacidad efectiva del Estado de controlar el territorio y la población de Cataluña36. 31 La falta de visión política y de tolerancia de los dirigentes e instituciones estatales españolas no fue además el único problema que quedó en evidencia ante los ojos del mundo, con las eventuales repercusiones favorables que ello pudo haber tenido para la causa independentista. Otro de sus puntos débiles fue la incapacidad que demostraron para desarrollar, fuera de las fronteras nacionales, una narrativa que fuera tan atractiva como aquella promovida por los impulsores del procés. Sobre este tema, la Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
49 interpretación del investigador Ignacio Molina resulta una vez más bastante esclarecedora. Para él, la «diplomacia de contrasecesión» que desplegó el Ejecutivo español para contrarrestar las actuaciones catalanas en el ámbito exterior no fue suficiente ni totalmente eficaz. Tales carencias, señala, se habrían hecho particularmente patentes en los momentos finales del conflicto, cuando a pesar del «unánime rechazo de los gobiernos extranjeros al intento de ruptura unilateral», el independentismo se vio gratificado con «ciertas simpatías en la opinión pública europea37». En ese momento, a la imagen de lo que había ocurrido durante la mayor parte del quinquenio 2012-2017, las estrategias de comunicación desarrolladas desde Madrid tuvieron un impacto mucho menos favorable que las del discurso soberanista entre ciertos sectores minoritarios pero influyentes de la escena pública internacional. Como afirma Molina, El Gobierno de España centró su estrategia exterior casi exclusivamente en los círculos formales y desde canales formales, descuidando la posibilidad de contar con mayores complicidades en medios académicos y de la sociedad civil (tanto españoles como extranjeros) y sin apenas usar mecanismos de la diplomacia pública que hubieran ayudado a consolidar una mejor imagen de la democracia española en el momento del desenlace38. 32 En contrapartida, el mensaje transmitido desde las instituciones autonómicas catalanas haciendo hincapié de manera creciente en la supuesta falta de libertad y pluralismo del sistema político nacional, así como las campañas internacionales realizadas por organizaciones de la sociedad civil afines a la causa independentista, habrían conseguido que se llegara incluso a cuestionar la calidad democrática en el país. El autor cita «los manifiestos firmados por algunos intelectuales de la izquierda europea y la denuncia de que las autoridades del Estado podrían estar violando los valores del artículo 2 del Tratado de la Unión Europea39», como ejemplos concretos de algunas de las reacciones que se produjeron como resultado de lo anterior. Si bien estas no lograron ir más lejos, colocaron al Ejecutivo español en una situación por lo menos delicada. De modo que, este último no sólo perdió por incomparecencia la batalla de la imagen, sino que fue además incapaz de evitar que la percepción que se tenía de España en el exterior se viera relativamente dañada por el relato independentista. Conclusiones 33 Se ha comprobado que el vasto proceso político y social iniciado a finales de 2012, con el fin de crear las condiciones para que Cataluña pudiera convertirse en un Estado soberano dentro de la Unión Europea, planteaba importantes incógnitas en cuanto a la eventual reacción que se generaría en el seno de la comunidad internacional, en general, y de la UE, en particular. Se trataba de un tema de vital trascendencia, habidas cuentas del papel que podrían eventualmente jugar esos actores para facilitar la consecución de tales objetivos, así como de la necesidad de integración a nivel mundial y europeo que tendría el hipotético nuevo Estado. Se ha podido constatar además que, como parte integrante de aquel ambicioso proyecto, se llevaron a cabo múltiples acciones destinadas justamente a favorecer la obtención de respaldo y reconocimiento en el extranjero. Como se señaló, las estrategias que guiaron tales acciones y los argumentos utilizados durante las mismas fueron en su mayoría formuladas por el órgano consultor de la Generalitat. En su aplicación intervinieron, de maneras y en grados diferentes y variables en el tiempo, agentes institucionales a escala regional y Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
50 actores para-institucionales y de la sociedad civil catalana. El conjunto de las iniciativas por ellos desplegadas iba dirigido igualmente a interlocutores y destinatarios diversos de la escena pública mundial. Por fin, se observó que, a pesar de que la internacionalización del procés fracasó –en tanto no se obtuvo el espaldarazo oficial que hubiera permitido quizás invertir el rumbo de los acontecimientos en el plano político nacional– se logró suscitar fuera de las fronteras españolas una serie de reacciones y percepciones más bien favorables a los intereses de sus promotores, tanto en el mundo académico como en el seno de la opinión pública. 34 En última instancia, resulta obvio que el desenlace final del llamado proceso de transición nacional no dependía exclusivamente de la capacidad que tuvieran –o no– sus líderes de movilizar apoyos exteriores. No obstante, los numerosos esfuerzos y recursos que se invirtieron en ello dan fe de la importancia que desde un inicio se le concedió a este asunto. De manera más general, también es evidente que la proyección internacional de la región durante la etapa estudiada no podía limitarse al simple fomento de intereses de orden económico o a la promoción de ciertos aspectos considerados allí como rasgos propios de la identidad nacional de sus habitantes. El tsunami político y social que se desató tras el cambio de orientación operado por amplios sectores de las élites nacionalistas y de la población catalanas justificaba –o, como mínimo, permite comprender– la actualización de objetivos y enfoques que llevaron a cabo en el ámbito exterior los múltiples actores antes mencionados. Lo realmente sorprendente, sin embargo, es el alto grado de convergencia que alcanzaron las acciones e ideas desarrolladas por dichos actores a favor de la causa independentista. Como consecuencia de lo anterior, la imagen que de Cataluña se tiene desde entonces en el mundo ha quedado inevitablemente asociada al procés. BIBLIOGRAFÍA ARENAS, Rafael; COLL, Joaquim. «La respuesta al procés desde el constitucionalismo». En C OLL, Joaquim; MOLINA, Ignacio; ARIAS MALDONADO, Manuel (eds.). Anatomía del procés. Claves de la mayor crisis de la democracia española. Barcelona: Debate, 2018, p. 218. GARCÍA SEGURA, Caterina. « Diplocat, porte-parole de l’indépendance catalane ». En L EQUESNE, Christian. La puissance par l’image. Presses de Sciences Po, 2021. https://www.cairn.info/lapuissance-par-l-image---page-60.htm [consultado el 03-08-2022]. GARCÍA SEGURA, Caterina. « La présence internationale de la Catalogne dans le processus de transition nationale », traducido del español por Jacques F ONTAINE. Pôle Sud, 40 (2014). https:// www.cairn.info/revue-pole-sud-2014-1-page-153.htm [consultado el 02-08-2022]. Internacionalización de la consulta y del proceso de autodeterminación de Cataluña. Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2013. La integración en la Comunidad Internacional. Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2014. Las vías de integración de Catalunya en la Unión Europea. Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2014. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
51 LO CASCIO, Paola. «In or Out? Las políticas de internacionalización del Procés catalán y la producción del discurso en torno a la independencia (2012-2016)». En F ORTI, Steven; GONZÀLEZ I VILALTA, Arnau; UCELAY-DA CAL, Enric (eds.). El proceso separatista en Cataluña. Análisis de un pasado reciente (2006-2017). Granada: Editorial Comares, 2017. MOLINA, Ignacio. «La dimensión internacional y europea del procés». En C OLL, Joaquim; MOLINA Ignacio; ARIAS MALDONADO, Manuel (eds.). Anatomía del procés. Claves de la mayor crisis de la democracia española. Barcelona: Debate, 2018, p. 218. NOTAS 1. Programa electoral de CiU para las elecciones autonómicas de 2012. 2012, p. 10. http:// www.archivoelectoral.org/documentos/catalunya-2020/520 [consultado el 15-06-2022]. 2. MAS, Artur. Discurs d’investidura del Molt Hble. Sr. Artur Mas i Gavarró, candidat proposat a la Presidència de la Generalitat de Catalunya, (20-12-2012). https://govern.cat/govern/docs/ 2012/12/21/16/44/f255d0cf-bb61-41f8-a6cb-1284fe34e5ab.pdf [consultado el 30-6-2022]. 3. La reivindicación de tal derecho empezó a ganar protagonismo mucho antes del inicio del procés, a raíz de las manifestaciones promovidas por la Plataforma pel Dret de Decidir, desde el año 2006. 4. MAS, Artur. Discurs del president de la Generalitat en el Debat de Política General, (25-09-2012). https://www.parlament.cat/document/dspcp/57786.pdf [consultado el 29-6-2022]. 5. Se trata de la Resolución 2625 (XXV) del 24 de octubre de 1970, titulada: Declaración sobre los principios de derecho internacional referentes a las relaciones de amistad y a la cooperación entre los Estados de conformidad con la Carta de las Naciones Unidas. 6. Resolución 2625 (XXV), ibid., p. 4. https://documents-dds-ny.un.org/doc/RESOLUTION/GEN/ NR0/352/86/IMG/NR035286.pdf?OpenElement [consultado el 20-7-2022]. 7. Tratado de Lisboa, (13-12-2007). https://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:2bf140bfa3f8-4ab2-b506-fd71826e6da6.0005.02/DOC_1&format=PDF [consultado el 17-8-2022]. 8. Véase por ejemplo la respuesta de Barroso a la pregunta de un eurodiputado el 27 de septiembre de 2013, publicada en la prensa española: «Barroso asegura que una Catalunya independiente dejaría de pertenecer a la UE». La Vanguardia, (3-12-2013). https:// www.lavanguardia.com/politica/20131203/54394771025/barroso-asegura-catalunyaindependiente-dejaria-ue.html [consultado el 18-08-2022]. 9. Tratado de Lisboa, op. cit. 10. Artículo 149.1.3 de la Constitución Española, BOE, 311 (29-12-1978), p. 31. https:// www.boe.es/buscar/pdf/1978/BOE-A-1978-31229-consolidado.pdf [consultado el 03-08-2022]. 11. En el nuevo texto estatuario se introdujeron efectivamente ciertas previsiones que delimitaban, regulaban y adscribían al Departamento de la Vicepresidencia funciones específicas para la coordinación ejecutiva de la acción exterior de la Generalitat. Véase al respecto: Texto del Estatuto de autonomía de Cataluña aprobado el 19 de julio de 2006, Título V. De las relaciones institucionales de la Generalitat, capítulos II y III. https://web.gencat.cat/es/generalitat/estatut/ estatut2006/titol_5/ [consultado el 03-08-2022]. 12. GARCÍA S EGURA, Caterina. « La présence internationale de la Catalogne dans le processus de transition nationale », traducido del español por Jacques F ONTAINE. Pôle Sud, 40 (2014), p. 156-157. https://www.cairn.info/revue-pole-sud-2014-1-page-153.htm [consultado el 02-08-2022]. 13. GARCÍA SEGURA, Caterina. « La présence internationale de la Catalogne… ». Ibid., p. 159-160. 14. Creado por el Decreto 113/2013 de la Generalitat de Cataluña del 12 de febrero de 2013, este órgano estaba compuesto por el magistrado y expresidente del Tribunal Constitucional Carles Viver Pi-Sunyer y por otros 14 integrantes que se dedicaban en su mayoría a la docencia Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
52 universitaria. Durante casi año y medio de actividad, el CATN celebró 54 reuniones plenarias cuyo contenido quedó plasmado en las más de 1.300 páginas de los 18 informes que publicó. Dichos informes dieron lugar a la publicación del Libro Blanco sobre la transición nacional de Cataluña. El Consejo fue suprimido el 27 de octubre de 2017 por el Gobierno central, en aplicación del artículo 155 de la Constitución española. 15. Según lo estipulado en el texto del Decreto que informa de su creación y de sus principales misiones. Disponible en https://portaljuridic.gencat.cat/ca/document-del-pjur/? documentId=628243 [consultado el 27-07-2022]. 16. Internacionalización de la consulta y del proceso de autodeterminación de Cataluña. Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2013, p. 8-27. 17. Las vías de integración de Catalunya en la Unión Europea. Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2014. 18. La integración en la Comunidad Internacional. Barcelona: Generalitat de Catalunya, 2014. 19. LO C ASCIO, Paola. «In or Out? Las políticas de internacionalización del Procés catalán y la producción del discurso en torno a la independencia (2012-2016)». En F ORTI, Steven; GONZÀLEZ I VILALTA, Arnau; UCELAY-DA C AL, Enric (eds.). El proceso separatista en Cataluña. Análisis de un pasado reciente (2006-2017). Granada: Editorial Comares, 2017, p. 131-150. 20. Véase, por ejemplo: BRUNET, José María. «Siete años de búsqueda de apoyos internacionales para el ‘procés’». El País, (08-05-2021). https://elpais.com/espana/2021-05-08/siete-anos-debusqueda-de-apoyos-internacionales-para-el-proces.html [consultado el 05-08-2022]. 21. La decisión de celebrar el referéndum independentista unilateral que finalmente tuvo lugar el 1 de octubre de 2017 –un objetivo que no estaba en principio incluido en la hoja de ruta acordada por los promotores del procés tras las elecciones autonómicas del 27-S– fue tomada por Carles Puigdemont, investido presidente de la Generalitat el 10 de enero de 2016, a cambio del apoyo de los anticapitalistas de la Candidatura d'Unitat Popular (CUP) en el Parlament. 22. LO CASCIO, Paola. «In or Out? …». Op. cit., p. 147. 23. Véase: Decreto 149/2012 de modificación de los Estatutos y de la denominación del Patronato Catalunya Món, que se convierte en Patronat Catalunya Món - Consell de Diplomàcia Pública de Catalunya, (20-11-2012). https://diario-oficial-generalitat-catalunya.vlex.es/vid/mon-convierte-patronat- cia-pcm-407548602 [consultado el 20-07-2022]. 24. G ARCÍA S EGURA, Caterina. « Diplocat, porte-parole de l’indépendance catalane ». En L EQUESNE, Christian. La puissance par l’image. Presses de Sciences Po, 2021, p. 60-61. https://www.cairn.info/ la-puissance-par-l-image---page-60.htm [consultado el 03-08-2022]. 25. LO CASCIO, Paola. «In or Out? …». Op. cit., p. 141. 26. A modo de ejemplo, un grupo de destacados académicos catalanes del ámbito de la economía y de la ciencia política creó el Colectivo Wilson, con el fin de «contribuir al debate sobre la autodeterminación en Cataluña», poniendo «al alcance de todo el mundo (sus) conocimientos y opiniones […] sobre los diferentes debates que se están produciendo en torno a esta cuestión». Véase: https://wilson.cat/es/missio.html [consultado el 01-07-2022]. 27. En declaraciones hechas al diario El País, a raíz de la presentación de su libro Escoceses y catalanes. Unión y discordia. Véase: «El principal error de los independentistas fue vivir en una realidad virtual». El País, (19-10-2018). https://elpais.com/cultura/2018/10/19/actualidad/ 1539961025_771429.html [consultado el 09-07-2022]. 28. MOLINA, Ignacio. «La dimensión internacional y europea del procés». En C OLL, Joaquim; MOLINA, Ignacio; ARIAS M ALDONADO, Manuel (eds.). Anatomía del procés. Claves de la mayor crisis de la democracia española. Barcelona: Debate, 2018, p. 218. 29. Véase al respecto: «Reacciones internacionales tras la declaración de independencia en Cataluña». El País, (30-10-2017). https://elpais.com/politica/2017/10/27/actualidad/ 1509118059_068644.html [consultado el 28-07-2022]. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
53 30. MOLINA, Ignacio. «La dimensión internacional y europea del procés». Op. cit., p. 219. 31. Ibid., p. 218. 32. Ibid., p. 216. 33. Ibid., p. 211. 34. «El principal error de los independentistas fue vivir en una realidad virtual». Op. cit. 35. Véase al respecto: «Un 90% de ‘síes’ con 2,2 millones de votos y una participación del 42%, según el Govern». El País, (02-10-2017). https://elpais.com/ccaa/2017/10/02/catalunya/ 1506898063_586836.html [consultado el 08-08-2022]. 36. ARENAS, Rafael; COLL, Joaquim. «La respuesta al procés desde el constitucionalismo». En Anatomía del procés… Op. cit., p. 267. 37. MOLINA, Ignacio. «La dimensión internacional y europea del procés». Op. cit., p. 201-202. 38. Ibid., p. 216. 39. Ibid., p. 220. RESÚMENES Le défi politique posé entre 2012 et 2017 par les dirigeants des partis nationalistes à la tête du gouvernement et du parlement autonome de la Catalogne, avec le soutien ou sous la pression de larges secteurs de la société civile catalane, visait la transformation effective de leur région en un État indépendant. Il a été promis que ce projet serait réalisé pacifiquement, dans le plein respect du cadre juridique existant et des principes démocratiques, à travers le dialogue et un consensus aussi large que possible, et sans jamais renoncer à la volonté de faire partie de l’Union européenne. Dans l’esprit de ses promoteurs, la construction d’un État catalan souverain, son intégration ultérieure dans les institutions internationales et – surtout – dans les instances européennes constituaient, en effet, des étapes incontournables d’un même projet. Pour maximiser les chances de succès, il était indispensable d’avoir l’aval des États membres et le soutien de la communauté internationale. Il n’est donc pas surprenant que la feuille de route conçue par les dirigeants politiques de la région pour parvenir à leurs fins comprenne des actions spécifiques visant à favoriser l’internationalisation du processus souverainiste. Au vu des résultats obtenus à cet égard, il convient de s’interroger sur leur efficacité. L’objectif de cet article est d’analyser ces aspects plus en détail. Entre el 2012 i el 2017, el repte polític plantejat pels dirigents dels partits de govern de la Generalitat i del Parlament de Catalunya, amb el recolzament o la pressió d’amplis sectors de la societat civil catalana, pretenia fer efectiva la conversió de la Comunitat Autònoma de Catalunya en un Estat independent. Es va prometre que aquest projecte es faria pacíficament, en el respecte absolut del marc jurídic existent i dels principis democràtics, a través del diàleg i del màxim consens possible, sense renunciar mai a la voluntat de seguir formant part de la Unió europea. En la ment dels seus promotors, la construcció d’un Estat català sobirà, la seva integració posterior en les institucions internacionals i –sobretot– en les instàncies europees constituïen, precisament, unes etapes ineludibles d’un mateix projecte. Per tal de garantir unes possibilitats d’èxit màximes, l’aval dels Estats membre i el suport de la comunitat internacional eren indispensables. Així doncs, s’entén perfectament que el full de ruta independentista pactat pels dirigents polítics catalans tingués accions específiques per tal d’afavorir la internacionalització del procés sobiranista. Tenint en compte els resultats obtinguts, convé interrogar-se sobre llur Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
54 eficiència. L’objectiu del present article és l’anàlisi en detall d’aquests diferents aspectes del procés sobiranista. The political challenge posed between 2012 and 2017 by the leaders of nationalist parties at the head of the autonomous government and parliament of Catalonia, with the support or under pressure from broad sectors of Catalan civil society, was aimed at the effective transformation of their region into an independent state. This project was to be carried out peacefully, in full compliance with the existing legal framework and democratic principles, through dialogue and the maximum possible consensus, and without ever renouncing the desire to be part of the European Union. In the minds of its advocates, the construction of a sovereign Catalan state, its subsequent inclusion in international institutions and – above all – in European bodies were, in fact, unavoidable stages of the same project. To maximise the chances of success, it was of course necessary to count on the endorsement of the member states and the backing of the international community. It is not surprising therefore that the road map designed by the region's political leaders to achieve their goals included specific actions aimed at favouring the internationalisation of the Catalan sovereignty process. In light of the results obtained in this regard, it is worth questioning their effectiveness. The purpose of this paper is to analyse those aspects in more detail. ÍNDICE motsclesca procés sobiranista, projecció internacional, Catalunya, Estat independent Keywords: Catalonia, sovereignty process, international projection, independent state Mots-clés: processus souverainiste, Catalogne, rayonnement international, État indépendant AUTOR ORLANDO MANZANO GUERRERO Recherches sur les Suds et les Orients, UR4582. Montpellier III manzanoguerrero[at]laposte.net Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
55 Paradiplomatie fonctionnelle et identitaire et protodiplomatie en Catalogne : un cas unique Stéphane Paquin 1 Dans le renouveau de la littérature sur la paradiplomatie, le nationalisme est défini comme l’une des variables les plus importantes pour expliquer le développement des relations internationales de petites nations non souveraines comme la Catalogne. La Catalogne constitue une petite nation dans le sens où l’entend Milan Kundera dans son article « Un Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale ». Ce qui caractérise la Catalogne comme petite nation, c’est le fait d’avoir intégré la conscience d’une « vulnérabilité existentielle » qui rend nécessaire l’adoption de stratégies de résistance à l’assimilation1. 2 Parmi ces stratégies de résistance, on note au premier chef les actions de construction et de renforcement de l’identité nationale. Dans le répertoire des stratégies possibles, les politiques internationales trouvent une place fondamentale. En effet, les petites nations non souveraines comme la Catalogne, mais c’est aussi le cas du Québec par exemple, sont susceptibles d’adopter des politiques internationales afin de participer aux processus de renforcement et de construction de la nation. Lorsque le gouvernement central, dans le cas présent le gouvernement espagnol, est perçu comme étant hostile aux revendications de nature identitaire, mais également en matière de développement économique et politique, les actions internationales deviennent essentielles pour assurer le renforcement de la petite nation. 3 Comme le soutiennent Justin Massie et Marjolaine Lamontagne, les petites nations non souveraines vont jusqu’à développer des politiques internationales très ambitieuses. Ces politiques sont révélatrices d’une quête d’autonomie politique, de renforcement de la nation et parfois même, comme dans le cas catalan, de la recherche de l’indépendance politique2. Massie et Lamontagne écrivent que les petites nations non souveraines comme la Catalogne « démontrent de manière éclatante que ce n’est ni le régime constitutionnel ni les bouleversements induits par la mondialisation qui génèrent les paradiplomaties les plus ambitieuses. C’est plutôt le nationalisme » 3. Ces Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
56 travaux font écho à des publications très récentes sur la Catalogne 4 ainsi qu’à des écrits plus anciens5. 4 Ce qui surprend le plus l’analyste attentif aux stratégies internationales de la Catalogne, c’est la binarité conceptuelle dans laquelle de nombreuses analyses sont encore conduites. En effet, pour de nombreux auteurs, la paradiplomatie de la Catalogne ne provient que de deux registres, soit de celui de la paradiplomatie ou de celui de la protodiplomatie, c’est-à-dire les stratégies qui favorisent la transition vers le statut de pays souverain. Selon María Gabriela Zapata Morán et Daniel Javier De la Garza Montemayor par exemple, les actions internationales des États non souverains peuvent être considérées comme de la paradiplomatie, mais, ajoutent-ils, « lorsqu’elle s’accompagne de mouvements nationalistes ou indépendantistes, elle devient un phénomène complètement différent, la protodiplomatie »6. Dans le même ordre d’idées, James McHugh affirme que tout ce qui va dans le sens de l’indépendance, mais aussi de l’autonomie politique, représente de la protodiplomatie. Selon lui, les stratégies qui visent à publiciser l’identité et l’intérêt national d’une petite nation non souveraine, ou encore des éléments importants comme la rencontre avec des chefs d’État étrangers, la signature d’ententes internationales ou toute action qui dépasse les champs de compétence des États fédérés, tiennent du registre de la protodiplomatie 7. Dans ce contexte, McHugh précise que la protodiplomatie est nécessairement très conflictuelle et considérée avec méfiance par l’État-nation puisque selon cette logique les entrepreneurs de la protodiplomatie contestent la légitimité même de la politique étrangère de l’État-nation8. La conceptualisation binaire de ces auteurs est encore très présente dans la littérature scientifique sur la paradiplomatie, littérature qui est en forte croissance depuis 20 ans9. 5 Cette conception binaire des actions internationales des petites nations non souveraines ne rend pas justice à la diversité des actions internationales de la Catalogne, notamment lorsque le gouvernement de la Catalogne est gouverné par un gouvernement qui n’est pas favorable à l’indépendance de la communauté autonome. Lorsqu’on analyse les actions internationales de l’administration de Jordi Pujol (1980-2003) par exemple, il paraît évident que l’ambition internationale de son gouvernement n’avait pas pour objectif de préparer en secret l’indépendance de la Catalogne, mais plutôt de légitimer le processus de renforcement de la nation catalane. Et même lorsque le gouvernement était dirigé par des formations qui étaient favorables à l’indépendance, comme celle d’Artur Mas (2010-2016) après 2012 ou encore de Carles Puigdemont (2016-2017), toutes les actions internationales de la Catalogne ne proviennent pas du seul registre protodiplomatique. 6 L’exemple de la Catalogne représente un cas unique pour l’étude des relations internationales des petites nations non souveraines. La Catalogne est un très rare cas en Occident où les politiques internationales ont relevé en même temps de trois registres différents, celui de la paradiplomatie fonctionnelle, de la paradiplomatie identitaire et de la protodiplomatie. De plus, la Catalogne représente un des cas encore plus rares de réelle protodiplomatie. Jusqu’à tout récemment, les cas de protodiplomatie en Occident se limitaient essentiellement à celui du Québec lors des référendums de 1995 et, dans une moindre mesure, de 1980. Dans le cas du référendum écossais sur l’indépendance, puisqu’une entente, l’Edinburgh Agreement, avait été conclue avec Londres le 15 octobre 2012, il n’était pas nécessaire de mettre en place des activités protodiplomatiques pour préparer la reconnaissance internationale ou de Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
57 faire une déclaration unilatérale d’indépendance en cas de victoire du « oui » au référendum. En effet, en raison de cette entente, le gouvernement britannique s’était engagé à respecter le résultat du vote, ce qui n’avait jamais été le cas au Québec. La situation est similaire dans le cas de la Nouvelle-Calédonie. Les trois référendums organisés ont été négociés dans l’accord de Nouméa en 1998 et approuvés par l’État français. De plus, les référendums ne portaient pas sur l’indépendance, mais sur un large transfert de compétences. 7 La Catalogne représente également le seul cas de protodiplomatie après une déclaration unilatérale d’indépendance. Les leçons de cette situation sont importantes pour l’étude du nationalisme minoritaire et de la question de l’indépendance, car l’échec a été cuisant. Comme le souligne Caterina Garcia Segura, les conséquences du virage protodiplomatique ont été lourdes : le gouvernement espagnol a suspendu l’autonomie de la Catalogne pendant cinq mois en vertu des dispositions de l’article 155 de la Constitution espagnole. Il a également imposé la fermeture du Conseil de diplomatie publique de Catalogne (DIPLOCAT), chargé de promouvoir la culture catalane dans le monde, et de toutes les représentations de la Catalogne à l’étranger à l’exception de celle de Bruxelles et de Madrid10. 8 Le présent article s’intéresse aux stratégies de projection à l’international de la Catalogne depuis plus de 40 ans. Il propose une clarification conceptuelle à partir du cas de la Catalogne des divers types de paradiplomaties (paradiplomatie fonctionnelle, paradiplomatie identitaire et protodiplomatie) afin d’expliciter pourquoi et comment ces trois concepts ne tiennent pas du même registre ni de la même logique. Il permet ainsi de mieux comprendre les distinctions importantes à faire entre les activités de protodiplomatie et de paradiplomatie identitaire. L’étude du cas catalan nous permet également de conclure que la paradiplomatie fonctionnelle et identitaire est de nos jours acceptée en Espagne contrairement à la protodiplomatie qui demeure très conflictuelle. Paradiplomatie fonctionnelle 9 L’inventeur du concept de paradiplomatie, le professeur Panayotis Soldatos, définit cette dernière comme étant « une poursuite directe, et à divers degrés, d’activités étrangères de la part d’États fédérés »11. De nos jours, la paradiplomatie que l’on peut qualifier de « fonctionnelle » est largement banalisée dans le monde. Cette paradiplomatie répond à des besoins réels des gouvernements non centraux, comme le développement économique ou les échanges d’étudiants par exemple 12. De plus, l’étude de la paradiplomatie ne se limite plus aux seuls États fédérés, mais plus généralement aux gouvernements non centraux, y compris les municipalités. 10 Les principaux champs d’intervention paradiplomatique sont la politique économique et commerciale, la promotion des exportations, l’attraction des investissements étrangers, les politiques visant à attirer les centres de décision et les événements internationaux, par exemple des événements sportifs comme les Jeux olympiques, la coopération en matière de science et de technologie, l’énergie, l’environnement, le transport et la lutte aux changements climatiques, l’éducation, l’immigration, la solidarité internationale et la mobilité de la main-d’œuvre. Certains gouvernements non souverains s’intéressent également à diverses questions non traditionnelles de sécurité, particulièrement à la sécurité transfrontalière dans le contexte nord- Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
58 américain après les attentats terroristes du 11 septembre, mais également à la cybersécurité ou encore à la lutte aux pandémies. 11 En Catalogne, la mondialisation de l’économie, mais également l’intégration européenne constituent des facteurs clés qui favorisent l’élaboration d’une paradiplomatie fonctionnelle. En effet, pour répondre aux impératifs de croissance économique, la Catalogne développe depuis les années 1980 des stratégies pour stimuler les exportations de la Catalogne, mais également pour attirer les investissements étrangers. Elle multiplie les activités afin de participer aux processus d’intégration européenne, notamment pour obtenir des fonds structuraux pour le développement d’infrastructures. 12 Depuis près de 40 ans, la politique économique, du commerce et de l’investissement, constitue certainement le cœur de l’activité internationale de la Catalogne. Le ministère catalan le plus engagé dans ce dossier est celui de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il développe des stratégies visant à attirer les investissements étrangers, à favoriser les exportations de produits catalans ; il renforce donc la présence économique de la Catalogne dans le monde. 13 Pour développer la paradiplomatie fonctionnelle de la Catalogne, la Generalitat met sur pied diverses institutions dès les années 1980. C’est en effet en 1982 qu’est constitué le Patronat Català pro Europa, un consortium privé-public dont le but est de promouvoir et de coordonner les activités d’information sur l’Union européenne en Catalogne. L’institution ouvre un bureau à Bruxelles en 1986. Basée à Barcelone, elle compte des succursales dans plusieurs villes en Catalogne (Tarragone, Gérone et Lérida) et organise des cours de formation pour les fonctionnaires européens sur le marché intérieur, les programmes éducatifs et scientifiques, et le secteur agricole. En 2007, l’organisation est refondée sous le nom de Patronat Catalunya-Món. En 2012, elle est intégrée à DIPLOCAT, un consortium public-privé largement financé très largement par le gouvernement catalan. Son objectif est de sensibiliser la communauté internationale aux questions catalanes en mobilisant les outils de diplomatie publique. 14 La Catalogne ouvre également à l’étranger le Consorci de Promoció Comercial de Catalunya (COPCA) (consortium de promotion commerciale) en 1987. Les premiers bureaux à l’étranger ouvriront en 1988 à Tokyo, New York, Londres et Paris. En 2010 cette institution fusionne avec le Centre d’Innovació i Desenvolupament Empresarial (CIDEM). De nos jours, renommée Agència per a la Competitivitat de l’Empresa, ou ACCIÓ, cette organisation opère 40 bureaux13 dans le monde qui couvrent plus de 100 marchés14. L’Agència Catalana de Turisme est une autre organisation vouée à la promotion touristique. Les bureaux de tourisme de la Catalogne sont représentés dans 12 villes couvrant 30 pays15. Paradiplomatie identitaire 15 Le nationalisme et l’identité catalane sont des facteurs clés pour comprendre le développement d’une paradiplomatie identitaire qui a débuté sous les administrations du président Jordi Pujol en Catalogne, encore une fois il y a près de 40 ans. Sous Pujol, à la paradiplomatie fonctionnelle s’est ajoutée une paradiplomatie identitaire. Cette dernière a été poursuivie avec plus ou moins d’intensité par tous ses successeurs. La paradiplomatie identitaire représente une politique internationale d’une nation sans État souverain, comme le Québec ou encore la Catalogne, lorsque le gouvernement de Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
59 cette nation ne cherche pas à réaliser l’indépendance politique. Un des objectifs fondamentaux des entrepreneurs identitaires comme Jordi Pujol, Pasqual Maragall ou encore Artur Mas est d’œuvrer à l’international afin de favoriser le renforcement ou la construction de la nation dans le cadre espagnol16. Les objectifs des entrepreneurs identitaires sont d’aller chercher les ressources qui leur font défaut à l’interne, de se faire reconnaître comme nation sur la scène mondiale et de rechercher des appuis pour légitimer les entreprises de renforcement de la nation en Catalogne. Jordi Pujol, tout comme ses successeurs, considérait que le développement de stratégies internationales était fondamental pour la nation catalane17. Puisque la Catalogne forme une nation, elle devait se représenter à international puisqu’elle ne pouvait pas être représentée par Madrid18. 16 Dans ses stratégies internationales, Pujol souhaite l’ouverture de la Catalogne sur le monde par une promotion active de la nation. Pour y arriver, le gouvernement catalan s’efforce d’obtenir une reconnaissance à l’extérieur des frontières espagnoles. La politique étrangère de la Catalogne est ainsi perçue comme un outil fondamental pour l’épanouissement de la nation catalane. Cette politique servira la nation catalane en favorisant son rayonnement et sa consolidation. Les efforts de l’administration de Jordi Pujol porteront leurs fruits. En effet, comme nous le rapporte Lluís Bassets, les diplomates en poste à Barcelone ont conscience du rôle particulier de la Catalogne en Espagne et sont davantage que de simples consuls qui effectuent des tâches administratives décentralisées. À plusieurs égards, leur poste se rapproche parfois à celui d’ambassadeur19. 17 La Catalogne a également créé le COPEC (Consorci Català de Promició Exterior de la Cultura), un institut mixte qui réunit plusieurs organisations et entreprises culturelles qui travaillent ensemble pour diffuser la culture catalane dans le monde. Rattaché au ministère de la Culture, le COPEC vise principalement à favoriser les contacts entre les demandeurs de produits culturels catalans (les musées étrangers, les festivals de danse, de musique, de films…) et les artistes locaux. Le COPEC possède plusieurs bureaux dans les grandes villes étrangères (Berlin, Londres, Bruxelles, Milan, Paris). Depuis 2011, l’organisation se nomme l’Institut catalan des entreprises culturelles 20. 18 Le ministère catalan de la Culture a à cœur la promotion de la culture catalane dans le monde ; il positionne le modèle culturel et linguistique catalan comme point de référence international et encourage la consommation de culture catalane. Certaines de ses actions sont réalisées par l’Institut catalan des entreprises culturelles et l’Institut Ramon Llull créé en 2002, qui sont chargés de promouvoir les entreprises culturelles et la langue catalane, respectivement. En outre, les différentes unités du Ministère assurent également la projection de la culture catalane à l’étranger, chacune dans son propre domaine d’expertise. On trouve de nos jours des représentations à Berlin, Paris, Londres et New York. 19 L’Institut catalan de la Méditerranée (Institut Català de la Mediterrània) est un autre instrument de projection internationale de la Catalogne. Fondé en 1989, il favorise le développement d’études sur la vie méditerranéenne21. Il agit comme un forum d’échanges, ou un think tank pour utiliser l’expression américaine, pour universitaires et intellectuels. Contrairement à l’Institut du monde arabe de Paris, il n’est pas ouvert au public. Il a également pour vocation de diffuser une image positive de la Catalogne dans le monde et d’établir des relations avec les autres pays de la zone méditerranéenne22. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
60 20 Le gouvernement catalan érige également aux quatre coins de la planète des centres culturels. Il envoie aussi un peu partout dans le monde des enseignants de la langue catalane à travers l’Institut Ramon Llull. La diplomatie culturelle catalane accomplit par ailleurs un tour de force en convainquant l’UNESCO de déclarer la « Sant Jordi », soit la fête catalane de la rose et du livre célébrée le 23 avril, la « Journée mondiale du livre ». Cette projection internationale d’une fête catalane est la source d’une grande fierté chez les dirigeants catalans. Protodiplomatie catalane 21 Le concept de protodiplomatie sert à décrire la politique internationale d’un État non souverain qui cherche à entreprendre une sécession23. Selon le professeur Ivo Duchacek, la protodiplomatie implique une mise de l’avant de la dimension « séparatiste » dans le développement de liens économiques, culturels ou sociaux avec les autres pays ou acteurs de la scène internationale24. Selon cette logique, les gouvernements infranationaux peuvent chercher à ouvrir à l’étranger des « protoambassades » et à conclure des « prototraités » et développer des stratégies de reconnaissance internationale. En effet, il est nécessaire pour le gouvernement qui cherche à entreprendre l’indépendance d’une nation comme la Catalogne de rechercher des appuis extérieurs pour favoriser la transition vers l’indépendance. La souveraineté est de nature intersubjective. Dit autrement, un pays est souverain parce que les autres pays souverains lui ont reconnu ce statut. Ainsi, pour que la Catalogne réussisse sa transition vers le statut de pays souverain, il est impératif que d’autres États lui reconnaissent ce statut. Logiquement, pour de petites nations non souveraines comme la Catalogne, il devient alors rapidement nécessaire de rechercher des appuis internationaux. Puisqu’il est extrêmement difficile pour une nation comme la Catalogne d’obtenir de tels appuis, elle peut également chercher à légitimer son processus d’indépendance à l’international en espérant forcer des négociations avec l’État central. De plus, on comprend tous les avantages que peut tirer sur le plan de la mobilisation des électeurs un appui international à la cause indépendantiste de la région. Par exemple, avant le référendum de 1995, le chef du Parti Québécois avait sollicité et obtenu l’appui du gouvernement français à sa démarche avant même d’avoir remporté l’élection de 199425. 22 Lorsqu’une petite nation comme la Catalogne ajoute une dimension protodiplomatique à sa paradiplomatie identitaire, la logique des actions internationales change progressivement pour ajouter à la paradiplomatie fonctionnelle et à la paradiplomatie identitaire une dimension politique fondamentale liée à l’objectif d’indépendance. Pour être clair, la protodiplomatie ne se substitue pas aux deux autres formes de paradiplomatie, elle s’ajoute à elles et vient teinter toutes les actions internationales de la nation. La protodiplomatie est beaucoup plus conflictuelle que la paradiplomatie identitaire, notamment parce que les acteurs politiques sont moins respectueux des règles édictées dans la Constitution ou encore par le gouvernement central. De plus, les actions internationales des États fédérés, dans le cas qui nous intéresse, la Catalogne, tendent à se politiser davantage. Ainsi, lors de rencontres internationales, les chefs d’État doivent mettre de l’avant des objectifs liés à la reconnaissance internationale ou tenter de légitimer le projet sécessionniste. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
61 Analyse de la paradiplomatie en Catalogne et relations avec le gouvernement espagnol 23 Les premières années de la politique internationale de la Catalogne, dans le contexte de la transition vers la démocratie, sont très conflictuelles avec le gouvernement espagnol. Les tensions touchent divers aspects de la politique internationale de la Catalogne comme les déplacements à l’étranger de membres de l’exécutif catalan, l’ouverture de bureaux de la Catalogne à l’étranger, la conclusion de traités internationaux. La presse espagnole et catalane, qui couvre les événements, fournit de nombreux exemples 26. 24 Lors de ses déplacements, le président catalan conclut des protocoles d’entente avec des représentants de villes et de régions et parfois même avec des États souverains. Selon Lluís Bassets, parmi les incidents consignés dans une étude commandée par Madrid, étude qui ne porte pas que sur le cas de la Catalogne, « on rapporte le traitement digne d’un chef d’État accordé à Jordi Pujol en Slovaquie […] ou les accords de coopération industrielle et agraire entre la Catalogne et Israël » 27. Parmi les communautés autonomes, la Catalogne est, toujours selon Bassets, pointée du doigt comme étant la communauté autonome la plus « audacieuse et imaginative » pour prendre des initiatives qui débordent des « limites traditionnelles des relations internationales et diplomatiques »28. 25 Un autre point de tension avec Madrid porte sur l’ouverture de représentations à l’étranger dans le domaine commercial, touristique ou culturel29. L’ouverture des premiers bureaux à l’étranger a même fait l’objet d’un boycottage diplomatique 30. La création de bureaux de promotion du commerce engendre des conflits avec l’administration espagnole, puisque Madrid détient le monopole du commerce extérieur. Lorsque le Patronat Català pro Europa ouvre en 1986 un bureau à Bruxelles, devenant une des premières régions d’Europe à le faire, le gouvernement espagnol réagit avec force. L’ambassadeur espagnol à l’Union européenne déclare même que ce bureau ne verra jamais le jour. L’ouverture d’un bureau de la culture à Tokyo attise aussi quelques tensions31. Le secrétaire d’État, Josep Borrell, accuse le gouvernement catalan de dédoubler les institutions culturelles déjà existantes 32. 26 L’ensemble de ces politiques fait réagir. Pour Madrid, la Catalogne mène des actions dans les champs de compétence de l’État espagnol. En effet, selon la Constitution espagnole de 1978, qui est très centralisatrice, les relations internationales sont du ressort exclusif de l’État espagnol33. En effet, cette compétence (art. 149.1.3) compte parmi les 32 compétences exclusives de l’État, qui incluent également l’immigration, le commerce extérieur ainsi que la défense et les forces armées. 27 La Constitution espagnole ne définit cependant pas le concept de relations internationales qui n’est mentionné que deux fois dans la Constitution. Cela dit, à la lecture de divers articles, il est difficile de ne pas conclure que les relations internationales relèvent de l’État espagnol. En effet, l’article 56.1 mentionne que le Roi est le chef de l’État et qu’il « assume la plus haute représentation de l’État espagnol dans les relations internationales ». De plus, l’article 63 précise que le Roi accrédite les ambassadeurs et autres représentants diplomatiques (art. 63.1) et qu’il incombe au Roi « d’exprimer le consentement de l’État à souscrire à des engagements sur le plan international par des traités » (art. 63.2) et de « déclarer la guerre et de conclure la paix » (art. 63.3). L’article 94.1 précise pour sa part le droit des traités en Espagne, et Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
62 seul l’État espagnol est mentionné. Finalement, l’article 97 stipule que le gouvernement dirige la politique « intérieure et extérieure ». 28 Ainsi, à la lecture de la Constitution de 1978, on constate que les communautés autonomes n’ont pas la responsabilité constitutionnelle de développer des relations internationales ni d’être actives dans le domaine du commerce extérieur. Cela dit, la Constitution espagnole est imprécise quant à certains aspects, dont le droit de conclure des « ententes » plutôt que des traités ou de participer à des négociations internationales et le droit de représentation à l’international. De plus, la Constitution est muette au sujet d’autres responsabilités qui peuvent revêtir une dimension internationale importante. En effet, les communautés autonomes ont la responsabilité de plusieurs domaines qui ont un prolongement international dans un environnement de plus en plus mondialisé, par exemple le développement de l’activité économique (art. 148.1.13), le développement de la culture et de la recherche (art. 148.1.17) et la promotion du tourisme (art. 148.1.18). 29 La période qui s’étend du milieu des années 1990 jusqu’au début des années 2010 est beaucoup moins marquée par les conflits. La paradiplomatie fonctionnelle et la paradiplomatie identitaire de la Catalogne se sont globalement normalisées en Espagne. Les pratiques se sont régularisées tout en devenant moins conflictuelles 34. D’un côté, la volonté d’émancipation internationale de la Catalogne s’accompagne progressivement d’une démarche visant à rassurer les interlocuteurs étrangers, principalement les représentants d’États souverains, sur le respect par la Catalogne de l’ordre constitutionnel espagnol35. Lors de ses déplacements à l’étranger, le président Pujol tente de moins provoquer Madrid et souligne les bienfaits de ses actions pour la capitale36. Le président Pujol cesse d’exporter les conflits à l’étranger comme il avait tendance à le faire auparavant. D’un autre côté, des règles et des pratiques, notamment après des jugements du Tribunal constitutionnel, ont été mises en place et ont eu pour effet de rendre plus prévisibles les actions du gouvernement de la Catalogne. 30 Cette jurisprudence, basée sur plusieurs décisions, permettra aux communautés autonomes de développer une paradiplomatie fonctionnelle, voire identitaire 37. Alors que le Tribunal est, dans ses premiers jugements, plutôt réfractaire au développement de politiques internationales de la part des communautés autonomes, il change sa perspective et devient moins limitatif. Avec le temps, la jurisprudence ouvre la porte au développement de politiques internationales de la part des communautés autonomes. Le jugement le plus important du Tribunal constitutionnel a été prononcé le 26 mai 1994. Ce dernier a reconnu, à la suite d’un contrôle en constitutionnalité demandé par Madrid contre le gouvernement basque, que les communautés autonomes ont le droit de développer des activités extérieures dans leurs domaines de compétence, de conclure des accords internationaux dans la mesure où ces derniers ne relèvent pas du domaine de la politique étrangère espagnole38. D’après le Tribunal constitutionnel, le concept de « relations internationales » ne doit pas être confondu avec toute activité réalisée hors du territoire national. Le Tribunal constitutionnel vient aussi préciser ce qui est du ressort de l’État espagnol et ce qui ne l’est pas. Ainsi, pour le Tribunal, les relations bilatérales avec les autres États et tout ce qui touche au droit international, c’est-à-dire le droit de conclure des traités, sont, sans surprise, de la responsabilité de l’État espagnol. Le Tribunal accorde également à l’État espagnol le monopole de la représentation extérieure et la création d’obligations mutuelles et contraignantes entre pays souverains. De plus, les communautés autonomes sont Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
63 tenues, contrairement à ce qui se passe au Canada et en Belgique par exemple, de mettre en œuvre les traités conclus dans leurs champs de compétence 39. La jurisprudence laisse cependant une marge de manœuvre aux communautés autonomes. 31 Dans sa jurisprudence, le Tribunal constitutionnel vient progressivement limiter les prérogatives de l’État espagnol qui ne peut plus, par exemple, prétexter de son monopole des relations internationales pour intervenir dans les champs de compétence des communautés autonomes. Le Tribunal ira même jusqu’à spécifier que certaines activités de l’Union européenne relèvent de leur compétence, car les normes et les décisions qui y sont prises « peuvent non seulement entraîner des limites et restrictions à l’exercice de compétences qui correspondent aux communautés autonomes, mais aussi établir des aides et stimulations économiques pour les activités de ces dernières »40. Le Tribunal accorde néanmoins à l’État espagnol le droit de réglementer les activités internationales des communautés autonomes au nom de la cohérence des relations internationales de l’État. 32 Cette jurisprudence est fondamentale dans le processus de normalisation des actions internationales de la Catalogne. D’un côté, l’autonomie des communautés autonomes s’accroît et leur responsabilité en matière de politique internationale devient constitutionnelle. De plus, en conséquence de ces jugements, l’État espagnol en vient à ne plus considérer les politiques internationales des communautés autonomes comme un danger pour l’unité du pays41. 33 Les jugements du Tribunal constitutionnel vont encourager la création de mécanismes intergouvernementaux entre l’État espagnol et les communautés autonomes. Ces mécanismes favoriseront une normalisation des rapports. Avant ces jugements, la participation des communautés autonomes à la définition de la politique étrangère de l’Espagne était minime et s’exerçait essentiellement par les réseaux informels. En raison des jugements des tribunaux, l’État espagnol et les communautés autonomes ont mis sur pied des conventions-cadres, des conférences sectorielles et des commissions ad hoc pour soutenir et coordonner les rapports entre l’État et les communautés en matière de politique étrangère, notamment concernant l’Union européenne. 34 En ce qui a trait à l’Union européenne, l’Espagne et les communautés autonomes créent dès 1988 la Conférence pour les affaires européennes42. Depuis 1994, son cadre thématique a été élargi à l’ensemble des activités internationales des communautés autonomes. Depuis cet élargissement, la Conférence favorise la mise en place de protocoles d’action dans des domaines qui étaient auparavant très conflictuels, nommément la coopération transfrontalière ou la signature de traités avec des États souverains. 35 De par sa position particulière en Espagne, la Catalogne dispose d’un recours que lui offre la Commission bilatérale État-Generalitat pour les affaires qui touchent les communautés européennes43. Cette commission, fruit d’un accord signé à Barcelone le 9 juin 1998 et qui inclut des membres des deux administrations, sert les relations bilatérales et de coopération pour le traitement de l’initiative de l’une ou l’autre partie. C’est également un accord mutuel en ce qui a trait à la participation de la Catalogne aux affaires liées à la Communauté européenne, particulièrement à l’action de son gouvernement44. 36 D’autres facteurs, dont le contexte européen, favoriseront également la normalisation des rapports entre Madrid et Barcelone. La lutte active contre le développement d’une politique étrangère à l’échelle des communautés autonomes n’avait de sens qu’à Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
64 l’époque où le phénomène revêtait un caractère extraordinaire et inédit. Le développement de paradiplomaties fonctionnelles devient la norme en Europe 45. En effet, en raison du processus d’intégration européenne, les régions en Europe, ainsi que les municipalités, voient leur rôle gagner en importance et sont appelées à devenir des joueurs dans la gouvernance multiniveau qui se met en place dans les années 1990. Les régions d’Europe sont effectivement de plus en plus imbriquées dans le processus décisionnel communautaire. Pour influencer les politiques européennes, la Catalogne peut conclure des accords de coopération avec Madrid ou mobiliser des canaux extraétatiques pour peser sur les décisions européennes, notamment par l’intermédiaire du Comité des régions créé en 199446. 37 Selon Michaël Tatham, dans le contexte de l’Union européenne, les canaux extraétatiques ont tendance à être mobilisés plus fréquemment par les régions d’Europe que les canaux intraétatiques47. Ainsi, depuis les années 1990, les régions européennes, enfin celles qui en ont la capacité, agissent comme des groupes de pression au sein des institutions européennes. Il arrive également aux régions plus dynamiques, comme la Catalogne ou la Bavière, de forger une coalition et d’adopter des positions communes sur l’Europe. La Catalogne est très active dans de nombreuses organisations internationales à vocation régionale comme les Quatre moteurs pour l’Europe, la Communauté de travail des Pyrénées ou l’Eurorégion48. 38 Dans les années 1990, ces actions ne créent plus de conflits majeurs avec Madrid. Selon Montserrat Riba, les relations avec le gouvernement espagnol dans ce domaine sont à la fois non conflictuelles et non coopératives. Au sujet des Quatre moteurs, elle ajoute : La coopération régionale au sein des Quatre moteurs est concentrée sur des sujets qui sont des compétences constitutionnelles des communautés autonomes. Les Quatre moteurs ne se préoccupent des questions de « relations internationales » qui sont du ressort de l’État central. Il a été important de distinguer la « promotion extérieure » de la « politique extérieure »49. 39 Avant le virage protodiplomatique de 2012, le gouvernement de la Catalogne mettait de l’avant une paradiplomatie identitaire depuis près de 30 ans. Même si l’essentiel des activités internationales de la Catalogne portait sur des objectifs fonctionnels comme la promotion des exportations et l’attraction des investissements ou encore sur les relations avec l’Union européenne, la Catalogne se distinguait de la plupart des communautés autonomes par le développement de stratégies internationales visant à consolider le processus de construction de la nation catalane 50. Jusqu’en 2012, le parti Convergence et Union (CiU) opérait cette stratégie dans le but de renforcer l’autonomie de la Catalogne et non pas pour favoriser la transition de la Catalogne vers le statut de pays souverain. 40 Alors que les paradiplomaties fonctionnelle et identitaire de la Catalogne s’étaient normalisées dans le régime politique espagnol, l’adoption de stratégies protodiplomatiques entraîne d’inévitables conflits. Ce virage protodiplomatique s’amorce clairement à partir de 2012, lorsque CiU se convertit ouvertement à l’idée d’indépendance de la Catalogne et rend publique sa détermination d’organiser un référendum sur la question. Cette volte-face de CiU s’explique notamment par le rejet par le Tribunal constitutionnel espagnol d’une entente constitutionnelle négociée à partir de 2004 entre l’exécutif catalan et le président de l’exécutif espagnol, le socialiste Rodríguez Zapatero. En 2005, ce compromis approuvé par le Parlement catalan accordait, entre autres choses, à la Catalogne le statut de « nation ». Le Parti populaire, un parti de la droite nationaliste espagnole, mécontent de ce compromis et constatant Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
65 tout le capital politique qu’il pouvait se faire à le dénoncer, le contestera auprès du Tribunal constitutionnel, qui est la Cour suprême du pays pour les questions relevant de la Constitution. 41 En raison de la politisation importante de la question, les juges du Tribunal prendront près de quatre ans avant de rendre leur verdict, le 28 juin 2010. Dans ce verdict, ils déclarent valide la grande majorité du texte constitutionnel, mais invalident 14 articles sur 22351. Trois éléments majeurs seront rejetés : la référence à la Catalogne en tant que « nation », la prédominance du catalan sur le castillan dans le domaine de l’éducation, même si le Tribunal reconnaît son caractère obligatoire, et la mise en place d’une autorité de tutelle catalane sur les juridictions administratives de l’État espagnol. La réaction par rapport à ce jugement est forte en Catalogne. Le 10 juillet 2010, près d’un million de personnes marchent en compagnie des six anciens présidents de l’exécutif de la Catalogne à Barcelone pour défendre l’idée : « Nous sommes une nation, nous décidons. » Dans les jours qui suivront, l’appui à l’indépendance sera en forte croissance. 42 Face à cette situation, le gouvernement catalan met sur pied un « processus d’autodétermination » en organisant plusieurs consultations, que ce soit le référendum du 9 novembre 2014 à la suite de l’entente entre CiU et le parti indépendantiste de la gauche républicaine (ERC), les élections à caractère plébiscitaire de 2015 et, finalement, le référendum du 1er octobre 2017, qui culmine sur une déclaration unilatérale d’indépendance. Le gouvernement appuie également des manifestations publiques d’importance comme, en 2014, la commémoration du siège de Barcelone de 1714 qui rassemble près d’un million de personnes dans les rues de la capitale catalane. 43 Puisque le mouvement indépendantiste est au cœur de l’action politique de la Catalogne, les actions protodiplomatiques s’enchaînent. Comme le souligne Caterina Garcia Segura, à partir de ce moment, la politique internationale de la Catalogne est davantage dans les actions symboliques pour finalement se mettre au service de l’indépendance. Il s’agit même d’un objectif explicite des actions internationales du gouvernement52. Du point de vue du gouvernement de la Catalogne, en raison de l’attitude très hostile du gouvernement espagnol, un scénario à l’écossaise où une entente préalable avait été négociée sur les modalités du référendum et du seuil à atteindre pour la reconnaissance du résultat n’est pas envisageable. 44 La protodiplomatie catalane vise prioritairement les pays membres de l’Union européenne, mais également les gouvernements infranationaux comme la Flandre ou l’Écosse, et finalement, par l’entremise d’une diplomatie publique mise en œuvre par une organisation financée par le gouvernement, les citoyens d’autres pays. En effet, le gouvernement catalan a financé la mise sur pied de DIPLOCAT (le Conseil catalan de la diplomatie publique), une organisation théoriquement indépendante du gouvernement qui opère une diplomatie publique auprès des populations d’autres pays afin de les sensibiliser à la situation de la Catalogne53. 45 De plus, en 2015, le gouvernement de la communauté autonome annonce son intention d’ouvrir 50 nouvelles représentations à l’étranger54. Il crée également le Département des Affaires étrangères qui représente, dans la structure du gouvernement catalan, un ministère régional, mais qui sera rebaptisé après une plainte du gouvernement espagnol « Département des Affaires et des Relations interinstitutionnelles et étrangères et de la Transparence »55. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
66 46 Plus les relations avec le gouvernement de Madrid se détériorent, plus les actions catalanes montent en intensité avec pour objectif d’internationaliser le conflit entre la Catalogne et l’Espagne. Le gouvernement catalan pense à tort que l’attitude autoritaire et antidémocratique de l’Espagne favorisera la Catalogne puisque l’Union européenne se présente comme une organisation respectant les droits de la personne. Face à cette forte mobilisation catalane, l’Espagne tire la conclusion que les actions extérieures du gouvernement catalan représentent une menace à sa politique étrangère et au pays. En 2014, le gouvernement de Madrid adopte une première loi sur l’action et le service extérieur et une seconde sur les traités et autres accords internationaux qui avaient pour finalité de renforcer le pouvoir de Madrid sur la Catalogne dans le domaine. Une des lois mentionne par exemple que les stratégies internationales de la Catalogne doivent être conformes à la politique étrangère espagnole et que seul l’État peut conclure de véritables traités internationaux, chose qu’avait confirmée la jurisprudence. 47 La Catalogne réplique en adoptant une loi sur l’action internationale et les relations avec l’Union européenne. Cette loi est contestée par le gouvernement espagnol qui fait un renvoi en constitutionnalité devant le Tribunal constitutionnel. Dans son jugement du 22 décembre 2016, le Tribunal reconnaît le droit des communautés autonomes comme la Catalogne de mener des politiques internationales 56. Ces politiques doivent cependant respecter les limites de leurs compétences et ne doivent pas empiéter sur les pouvoirs de Madrid. Les relations entre la Catalogne et les consulats étrangers en Espagne sont déclarées inconstitutionnelles (ce qui est difficilement applicable puisque si un consulat s’installe à Barcelone, c’est aussi pour développer des relations avec le gouvernement catalan), car relevant du pouvoir de représentation de l’État espagnol. La diplomatie publique mise en œuvre par DIPLOCAT est également déclarée anticonstitutionnelle. Elle est cependant toujours en opération57. 48 Finalement, les actions internationales de la Catalogne pour favoriser la reconnaissance du résultat du référendum du 1er octobre 2017 après la déclaration unilatérale d’indépendance se sont révélées un échec monumental. Le 12 septembre 2017, le Tribunal constitutionnel qualifie le référendum d’anticonstitutionnel. Le Tribunal supérieur de justice de Catalogne ordonne alors à la Garde civile et à des corps de police municipaux de saisir le matériel électoral pour empêcher le référendum. Le 20 septembre, plusieurs membres du gouvernement sont arrêtés. Le vote est maintenu malgré la violence de la force policière qui tente de faire évacuer des bureaux de vote. Malgré tout, le taux de participation est de 42,4 %, et 90 % des électeurs ont répondu « oui » à la question : « Voulez-vous que la Catalogne soit un État indépendant sous la forme d’une république ? » Le 17 octobre, le président de la Catalogne proclame l’indépendance de la Catalogne, mais la suspend ensuite pour entreprendre un dialogue avec le gouvernement espagnol. Le 27 octobre, le Parlement de la Catalogne proclame l’indépendance de la communauté autonome. Instantanément, l’Espagne suspend l’autonomie de la Catalogne pendant cinq mois en vertu des dispositions de l’article 155 de la Constitution. La justice espagnole criminalise également les actions des responsables du référendum. Plusieurs ministres catalans ainsi que des membres de la société civile organisée sont accusés de sédition, de rébellion et de détournement de fonds et sont emprisonnés. Plusieurs politiciens, dont le président de la Catalogne Carles Puigdemont, fuient la Catalogne pour la Belgique, la Suisse et même l’Écosse. Le chef du gouvernement espagnol convoquera, pour la première fois depuis la Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
67 restauration de la Generalitat, de nouvelles élections en Catalogne pour le 21 décembre 2017. Les résultats donnent une nouvelle majorité absolue aux partis favorables à l’indépendance. 49 Le référendum est suivi par plusieurs observateurs internationaux provenant de divers pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la France, malgré les objections de l’Espagne58. Certains d’entre eux dénoncent la violence policière, mais affirment aussi que le référendum ne répond pas aux standards internationaux 59. Le gouvernement de la Catalogne invite également des parlementaires de plusieurs pays, dont les pays nordiques, l’Allemagne et la Belgique. 50 Les Nations Unies, tout comme la Fondation Carter, renoncent à participer à la surveillance du référendum en raison des pressions de Madrid 60. Le Conseil de l’Europe appuie la Constitution espagnole61, alors que l’Union européenne émet de très nombreuses réserves. Le lendemain du vote, la Commission européenne va jusqu’à déclarer le vote illégal62. Le porte-parole d’Angela Merkel indique que la stabilité de l’Espagne est importante. Il affirme également qu’il est nécessaire de respecter la Constitution espagnole, ce qui constitue une critique claire de la démarche catalane. Le président français, Emmanuel Macron, prend fait et cause pour le gouvernement espagnol dirigé par Rajoy. Il déclare : « J’ai un interlocuteur en Espagne, c’est le premier ministre Rajoy […]. Il y a un État de droit en Espagne, avec des règles constitutionnelles. Il veut les faire respecter et il a mon plein soutien »63. Boris Johnson, alors ministre des Affaires étrangères, appuie aussi la position de l’Espagne et soutient que l’unité de l’Espagne est importante pour le Royaume-Uni. Les États-Unis, par l’entremise de leur ambassade, ont également soutenu plusieurs mois avant le référendum qu’il s’agissait d’une affaire interne à l’Espagne et que les États-Unis préféraient une Espagne unie et forte64. En Europe, il n’y a que la Belgique qui fait un appel sur Twitter au dialogue tout en condamnant la violence policière65. La politique internationale subit également un vaste recul. Madrid force la fermeture de toutes les représentations de la Catalogne à l’étranger à l’exception de Bruxelles. Le président en exil, Carles Puidgemont, continuera de défendre le processus catalan. Conclusion 51 Les paradiplomaties fonctionnelle et identitaire et la protodiplomatie représentent trois phénomènes différents qui se sont additionnés dans le cas de la Catalogne. Depuis les années 1980, la communauté autonome met en œuvre une paradiplomatie fonctionnelle et une paradiplomatie identitaire. De 2012 à 2018, le gouvernement met également en œuvre une protodiplomatie. Sur ces questions, les relations entre les gouvernements catalan et espagnol ont beaucoup évolué depuis les années 1980. Jusqu’au milieu des années 1990, les relations étaient conflictuelles, le gouvernement espagnol étant très protecteur de ses compétences constitutionnelles. À partir du milieu des années 1990 et jusqu’à 2012, les relations se sont progressivement normalisées, notamment après le développement d’une jurisprudence de plus en plus favorable à la mise en place de politiques internationales de la part des communautés autonomes. 52 Après 2012 cependant, c’est-à-dire après le virage pro-indépendance du gouvernement catalan, le conflit s’est radicalisé et a culminé avec la suspension de l’autonomie de la Catalogne en vertu des dispositions de l’article 155 de la Constitution espagnole. Madrid Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
68 a également forcé la fermeture de toutes les représentations de la Catalogne à l’étranger à l’exception de celle de Bruxelles et Madrid. La Catalogne est le seul cas de petite nation non souveraine qui pratiquait une politique internationale depuis plusieurs décennies à avoir perdu le droit et la capacité de le faire. Cette perte de prérogative a cependant été de courte durée, puisqu’à partir de 2018, en raison de gestes d’apaisement de la part de Madrid, le gouvernement de la Catalogne retrouve une partie de ses droits. Depuis, la relation demeure tendue même si la Catalogne, dont le président est issu du parti de gauche indépendantiste, se redéploie progressivement sur la scène internationale. 53 Enfin, la paradiplomatie identitaire, tout comme la protodiplomatie, peut être conflictuelle. Évidemment, la situation n’est pas linéaire et fluctue en fonction des événements. Plusieurs facteurs comme la coalition au pouvoir en Catalogne peuvent participer au niveau de conflictualité, tout comme d’ailleurs l’identité politique du gouvernement à Madrid. Dans les dernières années, on remarque en Espagne que la situation était particulièrement tendue lorsqu’un gouvernement conservateur (Parti populaire) était au pouvoir à Madrid et que les indépendantistes gouvernaient en coalition à Barcelone. En règle générale, l’État central est beaucoup plus sur ses gardes et agressif dans ses actions lorsque le gouvernement de la Catalogne prône activement l’indépendance. Le cas de la Catalogne montre toutefois que la paradiplomatie identitaire peut être acceptée dans un contexte de pays démocratique et multinational. Selon Caterina Garcia Segura, le fait que le gouvernement a permis en 2018 de redonner ses prérogatives à Barcelone « paraît soutenir l’hypothèse que la paradiplomatie identitaire de la Catalogne est une activité normalisée, tant et aussi longtemps qu’elle ne bascule pas dans la protodiplomatie »66. Les prochaines années nous diront si cette hypothèse est juste. BIBLIOGRAPHIE BASSETS, Lluís. « Politique internationale et action européenne de la Catalogne autonome ». Hérodote, 91 (1998), p. 209. BÖRZEL, Tanja A. States and Regions in the European Unions. Institutional Adaptation in Germany and Spain. Cambridge : Cambridge University Press, 2002, p. 95-96. CORNAGO, Noe. « Paradiplomacy and Protodiplomacy ». Dans : MARTEL, Gordon (dir.). Encyclopedia of Diplomacy, Oxford : Wiley-Blackwell, 2018. DIECKHOFF, Alain. La nation dans tous ses États. Les identités nationales en mouvement. Paris : Flammarion, 2000. DUCHACEK, Ivo D. The Territorial Dimension of Politics. Within, Among and Across Nations. Boulder : Westview Press, 1986, p. 240. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
69 GARCIA SEGURA, Caterina. « Catalogne en quête d’indépendance : l’outil de la diplomatie publique ». Dans : MASSIE, Justin ; LAMONTAGNE, Marjolaine (dir.). Paradiplomatie identitaire. Nations minoritaires et politiques extérieures. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2019, p. 51-75. GARCIA SEGURA, Caterina. « Les stratégies internationales de la Catalogne. Nationalisme politique et pragmatisme économique ». Dans PAQUIN, Stéphane (dir.). Les nouvelles relations internationales et le Québec en comparaison, Bulletin d’histoire politique, 10/1 (2001), p. 99-109. GARCIA SEGURA, Caterina. « La dimensión mediterránea de la proyección exterior de Cataluña: el Arco Latino ». Papers: Revista de sociologia, 46 (1995), p. 43-56. GARCIA SEGURA, Caterina. « The Autonomous Communities and External Relations ». Dans GILLESPIE, Richard ; RODRIGO, Fernando ; STORY, Jonathan (dir.). Democratic Spain. Reshaping External Relations in a Changing World. London : Routledge, 1995, p. 124. GUIBERNAU, Montserrat. « Images of Catalonia ». Nations and Nationalism, 3/1 (1997), p. 107. HOCKING, Brian. « Les intérêts internationaux des gouvernements régionaux : désuétude de l’interne et de l’externe ? ». Études internationales, 25/3 (1994), p. 417. KEATING, Michael ; ALDECOA, Francisco (dir.). Paradiplomacy in Action. The Foreign Relations of Subnational Governments, Londres : Frank Cass Publishers, 1999. KEATING, Michael, Les défis du nationalisme moderne. Montréal et Bruxelles : Presses de l’Université de Montréal et Presses interuniversitaires européennes, 1997, p. 179. KUNDERA, Milan. « Un Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale ». Le Débat, 5/27 (1983), p. 3-23. KUZNETSOV, Alexander S. Theory and Practice of Paradiplomacy: Subnational Governments in International Affairs. New York : Routledge, 2020. LANIEL, Jean-François ; THÉRIAULT, Joseph-Yvon (dir.). Les petites nations. Culture, politique et universalité. Paris : Classiques Garnier, 2020. LECOURS, André. « Paradiplomatie, nationalisme et référendums. L’Écosse et la Catalogne ». Dans : MASSIE, Justin ; LAMONTAGNE, Marjolaine (dir.). Paradiplomatie identitaire. Nations minoritaires et politiques extérieures. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2019, p. 44. MASSIE Justin ; LAMONTAGNE, Marjolaine (dir.). Paradiplomatie identitaire. Nations minoritaires et politiques extérieures. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2019. MCHUGH, James T. « Paradiplomacy, Protodiplomacy and the Foreign Policy Aspirations of Quebec and Other Canadian Provinces ». Canadian Foreign Policy Journal, 21/3 (2015), p. 244-250. MCROBERTS, Kenneth, Catalonia. Nation Building Without a State. Toronto : Oxford Press, 2001, p. 80. MORATA, Francesc. « Barcelone et la Catalogne dans l’arène européenne ». Dans BALME, Richard (dir.). Les politiques du néo-régionalisme. Action collective régionale et globalisation. Paris : Économica, 1996. MORENO, Luis. The Federalization of Spain. Londres : Frank Cass, 2001, p. 66. OLAUSSEN, Ashild. Catalan external activities and the Spanish state/region relationship. Thèse déposée à l’Institut d’études politiques, Oslo : Université d’Oslo, 1999, p. 57. PAQUIN, Stéphane. La Paradiplomatie identitaire. Le Québec et la Catalogne en relations internationales. Thèse de doctorat, Paris : Sciences Po Paris, 2002. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
70 PAQUIN, Stéphane. « La paradiplomatie identitaire : le Québec, la Flandre et la Catalogne en relations internationales », Politique et Sociétés, 23/3, 2005 p. 176-194. PAQUIN, Stéphane (dir.). Histoire des relations internationales du Québec, Montréal, VLB éditeur, 2006, p. 210. PHILIPPART, Éric. « Le Comité des régions confronté à la “paradiplomatie” des régions de l’Union européenne ». Dans BOURRINET, Jacques (dir.). Le Comité des régions de l’Union européenne. Paris : Économica, 1997, p. 23. SAN EUGENIO VELA, Jordi de ; XIFRA, Jordi. « International representation strategies of stateless nations: The case of Catalonia’s cultural diplomacy ». Place Branding and Public Diplomacy, 11/1 (2015), p. 83-96. SCHIAVON, Jorge A. Comparative Paradiplomacy. New York : Routledge, 2019, p. 6. SOLDATOS, Panayotis. « An Explanatory Framework for the Study of Federated States as Foreign- Policy Actors ». Dans : MICHELMANN, Hans J. ; SOLDATOS, Panayotis (dir.). Federalism and International Relations: The Role of Subnational Units, Oxford : Oxford University Press, 1990, p. 37. TATHAM, Michaël. « The Rise of Regional Influence in the EU. From Soft Policy Lobbying to Hard Vetoing ». Journal of Common Market Studies, 56/3 (2018), p. 672-686. ZAPATA MORÁN, María Gabriela ; DE LA GARZA MONTEMAYOR, Daniel Javier. « La paradiplomacia y la protodiplomacia: factores que incidieron en la transformación en Cataluña ». CIMEXUS, 17/1 (2022), p. 87-105. NOTES 1. KUNDERA, Milan. « Un Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale ». Le Débat, 5/27 (1983), p. 3-23. Voir également : LANIEL, Jean-François ; THÉRIAULT, Joseph-Yvon (dir.). Les petites nations. Culture, politique et universalité. Paris : Classiques Garnier, 2020 ; DIECKHOFF, Alain. La nation dans tous ses États. Les identités nationales en mouvement. Paris : Flammarion, 2000. 2. MASSIE Justin ; LAMONTAGNE, Marjolaine (dir.). Paradiplomatie identitaire. Nations minoritaires et politiques extérieures. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2019, p. 2. 3. Ibid., p. 17. 4. ZAPATA MORÁN, María Gabriela ; DE LA GARZA MONTEMAYOR, Daniel Javier. « La paradiplomacia y la protodiplomacia: factores que incidieron en la transformación en Cataluña ». CIMEXUS, 17/1 (2022), p. 87-105. 5. PAQUIN, Stéphane. La Paradiplomatie identitaire. Le Québec et la Catalogne en relations internationales. Thèse de doctorat, Paris : Sciences Po Paris, 2002 ; PAQUIN, Stéphane. « La paradiplomatie identitaire : le Québec, la Flandre et la Catalogne en relations internationales », Politique et Sociétés, 23/3, 2005 p. 176-194. 6. Notre traduction de : « Pero cuando va acompañada de movimientos nacionalistas o independentistas se transforma completamente en un fenómeno diferente, la protodiplomacia », ZAPATA MORAN, María Gabriela ; DE LA GARZA MONTEMAYOR, Daniel Javier. « La paradiplomacia y la protodiplomacia. Op. cit., p. 87. 7. MCHUGH, James T. « Paradiplomacy, Protodiplomacy and the Foreign Policy Aspirations of Quebec and Other Canadian Provinces ». Canadian Foreign Policy Journal, 21/3 (2015), p. 244-250. 8. Ibid., p. 250. 9. DUCHACEK, Ivo D. The Territorial Dimension of Politics. Within, Among and Across Nations. Boulder : Westview Press, 1986, p. 240 ; SCHIAVON, Jorge A. Comparative Paradiplomacy. New York : Routledge, Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
71 2019, p. 6 ; KUZNETSOV, Alexander S. Theory and Practice of Paradiplomacy: Subnational Governments in International Affairs. New York : Routledge, 2020 ; Protodiplomacy ». Dans : Blackwell, 2018; KEATING, CORNAGO, Noe. « Paradiplomacy and Gordon (dir.). Encyclopedia of Diplomacy, Oxford : Wiley- MARTEL, Michael ; ALDECOA, Francisco (dir.). Paradiplomacy in Action. The Foreign Relations of Subnational Governments, Londres : Frank Cass Publishers, 1999. 10. GARCIA SEGURA, publique ». Dans : Caterina. « Catalogne en quête d’indépendance : l’outil de la diplomatie MASSIE, Justin ; LAMONTAGNE, Marjolaine (dir.). Paradiplomatie identitaire. Nations minoritaires et politiques extérieures. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2019, p. 51-75. 11. Notre traduction. SOLDATOS, Panayotis. « An Explanatory Framework for the Study of Federated States as Foreign-Policy Actors ». Dans : MICHELMANN, Hans J. ; SOLDATOS, Panayotis (dir.). Federalism and International Relations: The Role of Subnational Units, Oxford : Oxford University Press, 1990, p. 37. 12. GARCIA SEGURA, Caterina. « Les stratégies internationales de la Catalogne. Nationalisme politique et pragmatisme économique ». Dans PAQUIN, Stéphane (dir.). Les nouvelles relations internationales et le Québec en comparaison, Bulletin d’histoire politique, 10/1 (2001), p. 99-109. 13. Cette information provient du site web de l’organisme : ACCIÓ. Worldwide Locations, https:// forms.catalonia.com/web/formularis/catalonia/-/inscripcio/2021/01/21/ j5kkN_FfSPU9nz_z85jUAA/contact/?lang=en_US&portal=catalonia [consulté le 21-11-2022]. 14. ACN. « Government to open six new trade and investment offices worldwide ». Catalan News, 9 février 2017. 15. Selon les données de l’agence du tourisme de la Catalogne : Agència Catalana de Turisme. Our Offices Abroad, http://act.gencat.cat/our-offices-abroad/?lang=en [consulté le 21-11-2022]. 16. GUIBERNAU, Montserrat. « Images of Catalonia ». Nations and Nationalism, 3/1 (1997), p. 107. 17. MCROBERTS, Kenneth, Catalonia. Nation Building Without a State. Toronto : Oxford Press, 2001, p. 80. 18. KEATING, Michael, Les défis du nationalisme moderne. Montréal et Bruxelles : Presses de l’Université de Montréal et Presses interuniversitaires européennes, 1997, p. 179. 19. BASSETS, Lluís. « Politique internationale et action européenne de la Catalogne autonome ». Hérodote, 91 (1998), p. 209. 20. Selon le site Web de l’Institut catalan des entreprises culturelles, accessible au : www.catalanarts.cat/. 21. GARCIA SEGURA, Caterina. « La dimensión mediterránea de la proyección exterior de Cataluña: el Arco Latino ». Papers: Revista de sociologia, 46 (1995), p. 43-56. 22. Pour plus de détails, on peut consulter le site Web de l’Institut à l’adresse suivante : www.gencat.es/icm/apresent.htlm. 23. Ce concept peut aussi être utilisé pour désigner les efforts diplomatiques d’États de facto ou encore de quasi-États comme Taïwan, l’Abkhazie ou l’Ossétie du Sud-Alanie. L’appui pour ce type d’initiative est souvent très conflictuel comme en témoignent les actions diplomatiques très agressives de la Chine contre les pays qui tissent des liens avec Taïwan. 24. DUCHACEK, Ivo D. The Territorial Dimension of Politics, Op. cit., p. 32. 25. PAQUIN, Stéphane (dir.). Histoire des relations internationales du Québec, Montréal, VLB éditeur, 2006, p. 210. 26. Pour une synthèse des articles de presse sur la question voir : OLAUSSEN, Ashild. Catalan external activities and the Spanish state/region relationship. Thèse déposée à l’Institut d’études politiques, Oslo : Université d’Oslo, 1999, p. 57. 27. BASSETS, Lluís. « Politique internationale et action européenne ». Op. cit., p. 208. Voir également : « Marruecos recibe a Jordi Pujol con honores de primer ministro ». El Periódico, 20 septembre 1994. 28. Ibid., p. 209. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
72 29. « Diplomacias paralelas ». El País, 16 mars 1988. 30. BASSETS, Lluís. « Politique internationale et action européenne ». Op. cit., p. 211. 31. SAN EUGENIO VELA, Jordi de ; XIFRA, Jordi. « International representation strategies of stateless nations: The case of Catalonia’s cultural diplomacy ». Place Branding and Public Diplomacy, 11/1 (2015), p. 83-96. 32. « El Gobierno no limitará por ley la acción exterior de las autonomías ». Cinco Días, 6 août 1989. 33. GARCIA SEGURA, GILLESPIE, Richard ; Caterina. « The Autonomous Communities and External Relations ». Dans RODRIGO, Fernando ; STORY, Jonathan (dir.). Democratic Spain. Reshaping External Relations in a Changing World. London : Routledge, 1995, p. 124. 34. OLAUSSEN, Ashild. Catalan external activities and the Spanish state/region relationship. Op. cit., p. 62. 35. MCROBERTS, Kenneth. Catalonia. Nation Building Without a State. Op. cit., p. 81. 36. « Pujol : Procuro que mis viajes sean útiles no sólo para Cataluña, sino para toda España ». ABC, 2 novembre 1990. 37. Pour un exposé plus complet voir : GARCIA SEGURA, Caterina. « Les stratégies internationales de la Catalogne. Nationalisme politique et pragmatisme économique ». Op. cit. 38. Ibid., p. 40. 39. MCROBERTS, Kenneth. Catalonia. Nation Building Without a State. Op. cit., p. 80. 40. BASSETS, Lluís. « Politique internationale et action européenne ». Op. cit., p. 209. 41. GARCÍA, Caterina. « The Autonomous Communities and External Relations ». Op. cit., p. 138. Voir aussi : « Pujol : Procuro que mis viajes sean útiles no sólo para Cataluña, sino para toda España », Op. cit. 42. GARCÍA, Caterina. « The Autonomous Communities and External Relations ». Op. cit., p. 127. 43. Ibid. 44. Ibid. 45. HOCKING, Brian. « Les intérêts internationaux des gouvernements régionaux : désuétude de l’interne et de l’externe ? ». Études internationales, 25/3 (1994), p. 417 ; PHILIPPART, Éric. « Le Comité des régions confronté à la “paradiplomatie” des régions de l’Union européenne ». Dans BOURRINET, Jacques (dir.). Le Comité des régions de l’Union européenne. Paris : Économica, 1997, p. 23. 46. BÖRZEL, Tanja A. States and Regions in the European Unions. Institutional Adaptation in Germany and Spain. Cambridge : Cambridge University Press, 2002, p. 95-96. 47. TATHAM, Michaël. « The Rise of Regional Influence in the EU. From Soft Policy Lobbying to Hard Vetoing ». Journal of Common Market Studies, 56/3 (2018), p. 672-686. 48. MORATA, Francesc. « Barcelone et la Catalogne dans l’arène européenne ». Dans BALME, Richard (dir.). Les politiques du néo-régionalisme. Action collective régionale et globalisation. Paris : Économica, 1996. 49. Cette citation est tirée de : OLAUSSEN, Ashild. Catalan external activities and the Spanish state/ region relationship. Op. cit., p. 64. 50. MORENO, Luis. The Federalization of Spain. Londres : Frank Cass, 2001, p. 66. 51. Ibid. 52. GARCIA SEGURA, Caterina. « Catalogne en quête d’indépendance : l’outil de la diplomatie publique ». Op. cit., p. 56. 53. GARCIA SEGURA, Caterina. « Catalogne en quête d’indépendance : l’outil de la diplomatie publique ». Op. cit., p. 56. 54. LECOURS, André. « Paradiplomatie, nationalisme et référendums. L’Écosse et la Catalogne ». Dans : MASSIE, Justin ; LAMONTAGNE, Marjolaine (dir.). Paradiplomatie identitaire. Nations minoritaires et politiques extérieures. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2019, p. 44. 55. GARCIA SEGURA, Caterina. « Catalogne en quête d’indépendance : l’outil de la diplomatie publique ». Op. cit., p. 61. En catalan : Departament d’Afers i Relacions Institucionals i Exteriors i Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
73 Transparència. De nos jours, le ministère se nomme ministère de l’Action extérieure et de l’Union européenne et opère 20 représentations à l’étranger. Voir : L’UNION EUROPÉENNE. Délégations gouvernementales à MINISTÈRE DE L’ACTION EXTÉRIEURE ET DE l’étranger, https://exteriors-gencat- cat.translate.goog/en/ambits-dactuacio/afers_exteriors/delegacions_govern/? _x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc [consulté le 21-11-2022]. 56. GARCIA SEGURA, Caterina. « Catalogne en quête d’indépendance : l’outil de la diplomatie publique ». Op. cit., p. 56. 57. Selon le site Web de l’organisme accessible au : https://diplocat.cat/fr/a-propos/ 58. GONZÁLEZ, Miguel. « La ONU frena el intento de dar aval internacional al referéndum catalán ». El País, 26 juillet 2017. 59. COLOMÉ, Jordi Pérez. « La misión de observadores concluye que el referéndum no cumple los “estándares internacionales” ». El País, 3 octobre 2017. 60. EL PAIS. « Did the referendum comply with basic voting regulations? ». El País, 3 octobre 2017. 61. THE ECONOMIST, « Catalonia plans an independence vote whether Spain lets it or not », The Economist, 15 juillet 2017. 62. COMMISSION EUROPÉENNE. Déclaration relative aux événements en Catalogne, 2 octobre 2017, www.gdr-elsj.eu/wp-content/uploads/2017/10/STATEMENT-17-3626_FR.pdf [consulté le 21-11-2022]. 63. Cité dans LECOURS, André. « Paradiplomatie, nationalisme et référendums ». Op. cit., p. 44. 64. PIÑOL, Àngels ; FAUS, Joan. « US snubs Catalan independence drive in latest setback for separatists ». El País, 13 avril 2017. 65. Voir: https://twitter.com/CharlesMichel/status/914455311553040384 66. Ibid., p. 51. RÉSUMÉS Les politiques de construction et de renforcement de l’identité nationale constituent un objectif fondamental de tout entrepreneur identitaire qui œuvre au sein d’une petite nation non souveraine comme la Catalogne. Les petites nations non souveraines, où le sentiment national est très présent, sont susceptibles de s’aventurer sur l’échiquier international pour faire reconnaître la légitimité de leur projet et pour trouver les ressources et un soutien qui leur manquent à l’interne. L’élaboration de stratégies internationales de la part d’une petite nation non souveraine est un phénomène connu depuis longtemps. Malgré cela, une grande partie de la littérature sur le sujet assimile toute action internationale des petites nations non souveraines à de la protodiplomatie, c’est-à-dire à des stratégies visant à favoriser la reconnaissance internationale d’une petite nation non souveraine qui cherche à entreprendre une sécession. Cet article clarifie les concepts de paradiplomatie fonctionnelle, de paradiplomatie identitaire et de protodiplomatie. Il s’appuie sur le cas unique de la Catalogne puisqu’elle est l’une des rares petites nations non souveraines à avoir mis en œuvre les trois politiques. Les polítiques de construcció i de reforç de la identitat nacional constitueixen un objectiu fonamental de qualsevol procés identitari engegat en el marc d’una petita nació no sobirana com és Catalunya. Les petites nacions no sobiranes, on el sentiment nacional és molt present, són susceptibles d’aventurar-se a escala internacional per tal de fer reconèixer la legitimitat del seu Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
74 projecte i trobar recursos i un recolzament que els falta en clau interna. L’elaboració d’estratègies internacionals de les petites nacions no sobiranes és un fenomen conegut de fa temps. Malgrat això, une part important de la literatura científica sobre aquest aspecte equipara qualsevol acció de les petites nacions no sobiranes a protodiplomàcia, és a dir, estratègies per tal d’afavorir el reconeixement d’una petita nació no sobirana en busca de secessió. Aquest article pretén aclarir els conceptes de paradiplomàcia funcional, paradiplomàcia identitària i protodiplomàcia. Es basa en el cas de Catalunya ja que és una de les poques petites nacions no sobiranes en haver implementat aquests tres aspectes de la paradiplomàcia. The politics of building and strengthening national identity is a fundamental objective of any identity entrepreneur working in a small, non-sovereign nation like Catalonia. Small, nonsovereign nations, with a strong sense of nationhood, are likely to venture into the international arena to gain recognition for the legitimacy of their project and to find the resources and support they lack internally. The development of international strategies on the part of a small, non-sovereign nation has long been known. Despite this, much of the literature on the subject equates any international action by small, non-sovereign nations with protodiplomacy, that is, strategies aimed at fostering international recognition of a small, non-sovereign nation that seeks to undertake secession. This article clarifies the concepts of functional paradiplomacy, identity paradiplomacy and protodiplomacy. It uses the almost unique case of Catalonia as one of the few small non-sovereign nations to have implemented all three policies. INDEX motsclesca paradiplomàcia, paradiplomàcia identitària, protodiplimàcia, Catalunya, Espanya Mots-clés : paradiplomatie, paradiplomatie identitaire, protodiplomatie, Catalogne, Espagne Keywords : paradiplomacy, identity paradiplomacy, protodiplomacy, Catalonia, Spain AUTEUR STÉPHANE PAQUIN École nationale d’administration publique (Québec) stephane.paquin[at]enap.ca Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
75 Varia Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
76 Lírics moderns del 1914: Josep Carner i Guillaume Apollinaire Marc Audí «Gòtica Dama de París, m’heu lliberat de mal encís.»1 «Juin ton soleil ardente lyre Brûle mes doigts endoloris Triste et mélodieux délire J’erre à travers mon beau Paris Sans avoir le cœur d’y mourir»2 La poesia a França el 1913 1 Si el 1914, amb La paraula en el vent, Josep Carner oferia a la poesia catalana un lirisme modern, què se’n podia dir des de la poesia francesa aquell mateix any? Com podríem situar el Carner de La paraula en el vent de França estant? Van ser les preguntes que en Jaume Coll em va fer arribar quan se celebrà el centenari de la publicació del llibre carnerià, i la reimpressió del facsímil de l’únic exemplar d’autor 3. Vaig intuir que per respondre-hi m’endinsaria en un mar ple d’esculls. Hi havia potser algun llibre que com La paraula en el vent hagués estat la síntesi d’una època, hagués marcat un tomb decisiu tot obrint nous camins per la poesia lírica? Si així era, «lirisme» i «modernitat» hi havien estat articulats de manera semblant, o comparable? Hi podíem trobar a més una veu que ho hagués fet a partir del lirisme amorós? Bé sabem que els contextos literaris no es regeixen per una sincronia ben pautada, però molt em temia que aquí trobaríem força dissonàncies, tot i que París exercia llavors de capital de la République des Lettres. En aquest cas hi havia clarament un poeta i un llibre l’any anterior, el 1913, Alcools de Guillaume Apollinaire, però llegir-lo juntament amb La paraula en el vent semblava un desvari: Paul Verlaine, per exemple, potser s’hi hagués avingut millor 4. En Jaume Coll m’animà a seguir per un camí que prometia poc en principi. I aquest n’és el magre resultat. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
77 2 A França el 1914 fou un any prolífic i dramàtic: a partir del mes d’agost el país entrà a la «Grande Guerre», que va paralitzar l’obra de molts poetes, com també molts canals de difusió, en particular de revistes literàries com la Nouvelle Revue Française 5. El mateix Apollinaire en parla a «La petite auto», primer poema de la secció «Étendards» de Calligrammes6: Et quand après avoir passé l’après-midi Par Fontainebleau Nous arrivâmes à Paris Au moment où l’on affichait la mobilisation Nous comprîmes mon camarade et moi Que la petite auto nous avait conduits dans une époque nouvelle Et bien qu’étant tous deux des hommes mûrs Nous venions cependant de naître. 3 El lirisme vessà cap a l’èpica de l’exaltació nacional, la deploració, la mort (de Charles Péguy al setembre, per exemple) o el silenci, com a mínim editorial. El 1914 allò nou o modern semblava que era més l’època, tràgica i exaltada, que una poètica: tot i així, l’Apollinaire crític literari i artístic era una de les frontisses d’una internacional de les arts d’avantguarda que no s’aturà pas, sinó que es deplaçà. Com és ben sabut, també a Barcelona. La història literària dels anys immediatament anteriors, confusa i àmpliament estudiada7, tampoc ajudava gaire a primer cop d’ull. Per descomptat no es tractava pas de trobar un Carner francès desconegut fins avui. Vaig constatar que el gran especialista del tomb cap a la modernitat poètica francesa, Michel Décaudin, justament havia triat l’any 1914 com a punt final d’una llarga «crisi dels valors simbolistes» que en aquell moment trobà amb Apollinaire i Alcools un desllorigador. A partir d’aquell any, diu Décaudin, «l’invention [prend] le pas sur les disciplines» 8. 4 Llegir plegats Carner i Apollinaire, seguia semblant una idea forassenyada. Calia forçar un xic la història literària, les afinitats conegudes i estètiques defensades per un i altre. Si més no, les més conegudes. I més encara la manera com Alcools ha estat acollit al llarg del segle XX. Aquí ja hi trobem contradiccions. Per una banda l’acceleració dels moviments d’avantguarda durant la guerra i la posterior reivindicació per André Breton i els surrealistes, que obtingueren l’hegemonia estètica, d’Alcools –Philippe Soupault digué el 1928 que «grâce à lui la poésie retrouva la vie. S’il n’avait pas vécu, combien de poètes fantaisistes, ou néoclassiques, n’aurions-pas vu naître ? Il lui suffisait d’écrire un poème pour que naissent des poèmes, de publier un livre comme Alcools pour que toute la poésie de son temps trouve une orientation» 9– va concentrar l’atenció dels lectors en els poemes escrits poc abans de la publicació, com «Zone», «Vendémiaire» o «Cortège», i en els que quedaren recollits a Calligrammes. Dels anteriors, que Apollinaire no havia pas mirat d’antidatar, se’n parlà menys. Alcools, segons els surrealistes, anunciava una modernitat de permanents ruptures i fins de revolució permanent que exigia una destrucció dels mitjans poètics cada cop que havien estat emprats. El 1918 André Breton escrivia parlant d’Apollinaire que «le poète se devait d’exécuter son propre assassinat»10. 5 Però no hem d’oblidar que quan es va publicar Alcools va sorprendre aquells que estaven acostumats a llegir-lo defensant l’art cubista: s’esperaven poemes més recents i trencadors, i Apollinaire decidí fer d’un llibre tan esperat per la crítica i tan anunciat per ell mateix un itinerari poètic en diverses direccions. De fet els crítics més reticents van parlar de poemes recollits als encants, estranys i estrafets: si «Baudelaire le lucide»11 havia dit que l’home modern, més encara que el «flâneur», es perdia en la Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
78 contemplació solitària dels aspectes més diversos de la ciutat 12, el 1913 Apollinaire fou titllat de «brocanteur», de col·leccionista de rampoines, autor d’una obra mancada d’unitat i fins d’originalitat13. La fascinació per l’home modern i erràtic de Baudelaire, solitari envoltat de la gentada dels boulevards i passatges parisins, capaç de copsar l’instant com Constantin Guys, «ce solitaire doué d’une imagination active, toujours voyageant à travers le grand désert d’hommes», semblava correspondre al poeta errant de matinada a «Zone». Però el 1913 l’Apollinaire defensor de l’art més nou sonava a antigalla. Paradoxalment aquells que el criticaren amb més fel l’acusaven de servir plats reescalfats o mal digerits del simbolisme. De no saber ser modern o de voler serne massa: d’imitar i de ser original alhora. I després de la Segona Guerra Mundial, el lirisme d’Apollinaire va seguir sent reivindicat pel surrealisme, però també per poetes de l’École de Rochefort com Michel Manoll, que no tenien l’avantguarda com a programa. Tot plegat ha ajudat a fer d’Alcools el llibre de poesia més editat a França al llarg del segle XX. 6 El Carner de 1914 també hagués pogut dur-me cap a Charles Péguy, Paul Claudel o Paul Valéry, que torna a la poesia amb La Jeune Parque el 1917. I també cap a Paul Fort, que és escollit «Prince des poètes» –després de Clément Marot, Pierre de Ronsard, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé i León Dierx– el 1912, amb força polèmica. Però Fort, tot i ser príncep com Carner, era poc admirat pels contemporanis. Fins i tot Apollinaire, que va ser testimoni del matrimoni de la seva filla amb el futurista Gino Severini, dedica unes paraules poc amistoses a les seves nombroses sèries de Ballades françaises 14. El fet és que l’any que Pompeu Fabra publica les seves Normes ortogràfiques, si hi ha un lirisme modern a França, sigui quina sigui l’acollida, és el d’Alcools. Observem un llistat no exhaustiu de publicacions poètiques entre 191215 i 1917, siguin llibres o poemes solts que tenen ressò: 7 1912 • Guillaume Apollinaire, «Le Pont Mirabeau» • Blaise Cendrars, Les Pâques à New York • Remy de Gourmont, Divertissements. Poèmes en vers • Léon-Paul Fargue, Poëmes • Paul Claudel, La Cantate à trois voix • Paul Fort, Monthéry-la-Bataille i Vivre en Dieu (13a i 14a sèries de Les ballades françaises) • Jean de Souza, Le Poème de l’Heure • Louis Mandin, Ariel esclave • Guy-Charles Cros, Les Fêtes quotidiennes • Max Jacob, Les Œuvres burlesques et mystiques de Frère Matorel, mort au Couvent de Barcelone • Jean Cocteau, La Danse de Sophocle 8 1913 • Guillaume Apollinaire, Alcools (abril) • Filippo Tommaso Marinetti, L’Imagination sans Fils et les Mots en Liberté • Tristan Klingsor, Poèmes de Bohême • Blaise Cendrars, La prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France (juny) • Charles Péguy, La tapisserie de Notre-Dame • Jules Romains, Odes et Prières • [Marcel Proust, Du côté de chez Swann (novembre)] 9 1914 • Guillaume Apollinaire, Lettre-océan (15 de juny) Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
79 • Francis Vielé-Griffin. Voix d'Ionie : le Délire de Tantale ; Pasiphaé ; Galatée ; les Noces d'Atalante ; la Sagesse d'Ulysse ; précédées de quelques poèmes. • Léon-Paul Fargue. Pour la musique • André Breton, tres poemes simbolistes a la revista La Phalange • Nicolas Beauduin, La Cité des Hommes • Luc Durtain, Kong Harald 10 1915 • Émile Verhaeren, La Belgique sanglante • Vladimir Maïakovski, Le Nuage en pantalons • Paul Claudel, Corona benignitatis anni dei 11 1916 • Guillaume Apollinaire, Le poète assassiné (octubre) 12 1917 • Paul Valéry, La Jeune Parque • Max Jacob, Le Cornet à Dés 13 Si Jaume Coll diu que La paraula en el vent és «una vita nova, una paraula nova que funda la poesia amorosa moderna en català»16, a un dels col·loquis recents dedicats a Alcools, Henri Scepi afirma que «Apollinaire semble illustrer pleinement, on pourrait même dire ‘exemplifier’, la condition du poète lyrique moderne»17. Com és doncs que Alcools marca un abans i un després en el món literari parisí, que viu les darreres tensions del simbolisme, multiplica les provatures? Cal saber trobar l’especificitat del canvi d’un llibre que fou criticat per imitatiu. Ser modern era explícitament la principal comesa d’Apollinaire: trobar «un lyrisme neuf et humaniste en même temps» 18. I el 1916 el germà de de Chirico, Alberto Savinio, constatant l’èxit d’Alcools i l’influència del periodisme literari i artístic d’Apollinaire deia d’ell que era «un homme-époque». 14 Tot i que deixaré de banda els aspectes sociològics que té la noció de camp literari, l’extraordinari estudi d’Anna Boschetti sobre Apollinaire m’obliga a subratllar la distància que hi havia llavors entre París i Barcelona: implicava la manera com la poesia podia ser moderna, justament. Apollinaire, però també Valéry, Claudel o Francis Jammes, participen a la concepció de la poesia dins d’un altíssim grau d’autonomia en relació als cercles econòmics i polítics. París és llavors, i des de fa molt de temps, la capital internacional del que s’anomena la «République des lettres et des arts», amb un mercat de béns culturals extraordinàriament desenvolupat i estès per totes les sucursals parisines que són, en part, les altres capitals. També és un mercat molt centralitzat. Cada gènere artístic, i especialment la poesia, tendeix a polaritzar-se entre la producció orientada cap a l’èxit mondain o comercial i un sector encara més autònom, deslligat del gust del públic, desinteressat. Entre els dos pols, existeix una circulació constant: Apollinaire i Carner en són exemples tots dos. En un text cèlebre, Valéry Larbaud parla d’una «littérature à côté: des réprouvés, ceux dont les grandes œuvres ‘sérieuses’ ne citent jamais les noms, et dont les livres ne se vendent pas. Attitude apostolique, toute de foi […]. C’était l’Académie qu’on dépréciait» 19. Nerval, Rimbaud, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, oferien exemples de poetes apòstols, heroics. I recordem Carner publicant-se a si mateix. La poesia, tal com Carner la pensava en el context català, era el gènere més noble i més pur20. Però també l’home públic Carner, tan present com Apollinaire als cercles literaris parisins, ens permet copsar la distància notable amb el que succeïa a Barcelona. Un camp més restringit, a punt d’acollir, i en Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
80 això fou un dels primers, la idea d’avantguarda internacional, però on l’acadèmia, les institucions recents, lligades íntimament al poder polític i econòmic, no eren necessàriament allò que el poeta havia de menysprear si volia ser modern. Apollinaire i Carner no s’expressen en llengües equiparables per l’influència i la difusió, i al capdavall aquest és el material que treballen en aquests dos llibres. Jaume Coll fins i tot diu que gairebé era al contrari, si més no els primers anys de l’Institut d’Estudis Catalans: i així hagués estat, paradoxalment, com el llibre d’un poeta admirador de Fabra, defensor d’una normalització ortogràfica, s’hagués situat en el camp poètic europeu com a modern tot just quan Apollinaire eliminava la puntuació i s’apropiava, amb reticències això sí, de les ruptures que proposava el futurisme. 15 Com Carner, Apollinaire ocupava des de feia anys una posició important en el món literari i periodístic, i no solament als cercles de l’avantguarda pictòrica i poètica. Era un membre actiu de la vida literària francesa des del 1903, i tenia una activitat prolífica a diverses revistes, com Carner, i sobre els temes més diversos. Corresponsal parisí d’altres centres literaris europeus, ben aviat es trobà al centre de cenacles, comitès de redacció i cròniques de la internacional literària i artística que la «montée des périls» tiba en altres camps. També era un lector de literatura catalana, que probablement podia llegir directament en català, i un admirador de Jacint Verdaguer. L’Atlàntida surt referenciada, amb termes molt elogiosos, a les seves cròniques literàries. 16 Per important que fos, Apollinaire no era el cap d’un corrent estètic. Els anys immediatament anteriors a la guerra no es pot dir que hi hagués a França cap escola poètica dominant, cap model o autor que tingués una posició indiscutible. El Parnasse s’havia allunyat, i el Simbolisme més proper havia deixat una estela profunda i molt ampla, amb corrents alterns, una infinitat de revistes, de declaracions, de polèmiques i d’estètiques que amb les avantguardes es transformarien en batusses. París era el centre, tot i que hi havia grups de poetes francòfons a Brussel·les o al Midi, però era un centre divers, canviant, inestable. Hi havia una multitud aparent de models literaris a les revistes dominants, especialment en el camp poètic. Si agafem els termes «classicisme» i «modern», veiem de seguida que es defensen de les maneres més oposades. Per exemple, es podien reivindicar tradicions i formes clàssiques de moltes maneres i des de les instàncies més diverses, mentre prosseguia la «crise de vers» anunciada per Mallarmé. Un bon exemple el trobem a l’obra poètica i crítica d’André Gide, que havia pogut passar del vitalisme de Les nourritures terrestres del 1897 a crear La Nouvelle Revue Française a finals del 1908, després de ser un dels membres destacats del Mercure de France, un dels principals espais de debat post-parnassià i sobretot postsimbolista, on Apollinaire escrivia una crònica l’any de la publicació a la mateixa casa d’Alcools. La mateixa NRF, que defensava una modernitat clàssica, comprà els drets d’Alcools al Mercure de France després de la guerra. «Depuis les dernières années du XIXème siècle se cherche et s’élabore par des voies diverses une modernité des années 1900. […] Pour la NRF, animé[e] par Gide, un ‘classicisme moderne’ doit se dégager d’une fusion des apports du Symbolisme avec la tradition française : telle paraît l’œuvre de Claudel ou celle de Valéry» 21. 17 Però hi ha també altres maneres de trencar amb el «stupide XIX ème siècle», coneguda proclama de Léon Daudet22, com l’unanimisme de Jules Romains, la poesia fraternal del grup de l’Abbaye, els «fantaisistes» seguidors de Paul-Jean Toulet, «[qui] élaborent […] un classicisme moderne –raffinement des sensations, détachement désabusé, refus d’être dupe– coulé dans une forme rigoureuse qui ne dédaigne pas les acrobaties»23. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
81 Quan es publicà Alcools alguns crítics situaven el poeta entre els «fantaisistes» a causa de les formes i ordenament bigarrats. De fet, el simbolisme havia deixat una plaça vacant, i si bé nombrosos poetes s’encarregaven de vilipendiar-ne l’artifici simplificantne els trets –denegació de la realitat, evasió en móns onírics, misteriosos, llegendaris, o bé hermetisme–, el cas és que molts d’aquests trets sobreviuen als poemes de Jean Moréas, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin –fins en el seu gust pel vers lliure–, Stuart Merrill, Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck, Saint-Pol Roux… Moréas fou un dels primers simbolistes, el 1886, i el primer que n’autopsià el cadàver, el 1891. I amb la seva «école romane», que influencià el noucentisme24, cercà un classicisme nou, preocupat per alliberar el vers. A França, classicisme i posicions reaccionàries es conjuguen també a la perfecció al voltant de la llatinitat que reivindica Charles Maurras, referent pels poetes catalans més diversos. 18 La supremacia de Paul Fort, com ja indicava, corresponia a una obra de consens entremig de les incessants propostes d’escoles. I no era pas amb Paul Fort, si volem seguir entre prínceps, que s’arribava a la idea de lirisme modern: de fet, Fort no la reivindicà mai tant com Apollinaire. Ser príncep no devia tenir el mateix significat a França i a Catalunya. Si el classicisme era objecte de les més diverses escoles, també ho era la idea de «modernor», que anirà creixent amb els mesos i encara més després de la guerra. Si tirem pel futurisme, que Marinetti publicita a partir del 1909 a les pàgines de Le Figaro, hi trobem una excitació que en aquell moment fa somriure la crítica i interessa, des de la distància i a partir del 1912, Apollinaire. De totes maneres, també ens allunyem de Carner: si hi ha un lirisme modern i partim de La paraula en el vent, sembla difícil seguir els camins d’aquells que proclamen, abans de Dada, la mort del significat. 19 Però d’aquest ràpid resum sí que podem destriar la idea, proteica, de classicisme modern. Un sintagma que, d’alguna manera, s’adiu a La paraula en el vent, i que a França ocupa la poesia social dels unanimistes, els poetes més fredolics, com diríem en francès, que troben els versos de Paul Claudel massa abrandats, els nacionalistes més reaccionaris nodrits del record de l’Affaire Dreyfus davant d’una Alemanya que havia humiliat França el 1870. Enmig d’aquests debats la noció de lirisme segueix ben viva. Quan Alexandre Plana avalua l’obra de Carner en el context català a la seva Antología de poetes catalans moderns descriu perfectament el tropisme parisí, els remolins que deixa el simbolisme mentre s’esmuny i la llunyania del Parnàs: «per [Carner] no és possible ja una forma imperfecta per deixadesa, i amb ell ha de salvar el perill doble de la infulencia simbolista francesa i del camí que s’havía obert l’encarquerada pompa parnasiana»25. Apollinaire s’havia format com a poeta i com a crític dins del simbolisme tardà: el text de Plana gairebé es podria adaptar al punt de vista dels qui critiquen l’imperfecció i la deixadesa d’Alcools: un llibre que és el testimoni de la dècada passada tot obrint formes radicalment noves. Alcools el 1913 20 La paraula en el vent es publicà ben a finals de juny del 1914, però el poema «La fidelitat del pelegrí»26 relata el viatge ferroviari per Tolosa, Bordeus i París, amb l’estada a l’estiu del 1913 a Anglaterra i Escòcia27. Carner passà per França poc després de la publicació d’Alcools: ben a prop de la «Gòtica Dama de París», de «Nostra Senyora de Bordeus» o de la «Gaia Regina tolosana» Carner podia trobar el petit volum d’Alcools, Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
82 que havia sortit de la imprempta el 20 d’abril. I si va comprar el número de l’1 de juny de la revista, dia de la seva arribada a París, Apollinaire hi signava una crònica a la rúbrica «La Vie anecdotique» i Alcools era un dels llibres anunciats entre les «Publications récentes» referenciades al final de la revista. Tot just eren cinc-cents quaranta-quatre exemplars d’edició corrent, i vint-i-tres de luxe. En un any se’n van vendre dos-cents trenta-cinc, un èxit relatiu. Tot i que el Mercure de France no destacava per ser una editorial d’avantguarda, anava deixant de ser un mitjà de la reraguarda els darrers anys: la revista havia passat de ser l’òrgan quasi oficial del simbolisme a obrirse a totes les noves tendències dels temps de «crisi dels valors simbolistes». No sabem pas si així fou, però no és forassenyat de pensar que Carner en tingués notícia. Quan ja havia marxat a Anglaterra, el 15 de juny, Georges Duhamel publicà a la secció «Les Poèmes» del Mercure de France la dura crítica d’Alcools que mencionava anteriorment. 21 La portada era fidel gràficament i tipogràfica al model que seguia el Mercure de France –i amb poques diferències amb el que segueix encara avui la col·lecció de poesia. L’editor hi deixava ben clar, amb el plural de «poèmes» i les dates (1898-1913) que es tractava d’un recull de peces dels darrers quinze anys. Res no permetia saber tot el treball sobre els textos mateixos28, així com la decisió radical d’eliminar la puntuació. La marca històrica de la revista –fundada el 1672 com a Mercure galant– del casc alat del deu Mercuri també hi era. Ara bé, també s’hi anunciava el cèlebre retrat que Picasso havia enviat especialment: «Avec un portrait de l’auteur par Pablo Picasso». L’artista s’havia volgut assegurar que el retrat s’imprimiria en tinta negra i no en blava: el cubisme havia significat en el seu cas –en menor mesura en el de Juan Gris– una major austeritat cromàtica29. El degradat de grisos i les línies geomètriques traçaven contorns abstractes a la silueta del bust d’Apollinaire, talment com al retrat de Wilhelm Uhde de 1910. L’il·lustrador de La paraula en el vent, Ramon Rigol i Font, havia dibuixat a mà tota la portada, i també una mena de petita Venus calipigia amb el rostre tapat amb la mà. Gràficament els dos llibres són a les antípodes. Aquell mateix 1913 Apollinaire publicava Les peintres cubistes, on parlava de Picasso, de Braque, de Metzinger, de Gleizes, de Léger, de Duchamp i d’altres…, i hi afirmava que la modernitat pictòrica era la mateixa que la poètica30: Il y a des poètes auxquels une muse dicte leurs œuvres, il y a des artistes dont la main est dirigée par un être inconnu qui se sert d’eux comme d’un instrument. Pour eux, point de fatigue, car ils ne travaillent point et peuvent beaucoup produire, à toute heure, tous les jours, en tout pays et en toute saison, ce ne sont point des hommes, mais des instruments poétiques ou artistiques. Leur raison est sans force contre eux-mêmes, ils ne luttent point et leurs œuvres ne portent point de traces de lutte. Ils ne sont point divins et peuvent se passer d’eux-mêmes. Ils sont comme le prolongement de la nature et leurs œuvres ne passent point par l’intelligence. Ils peuvent être émouvants sans que les harmonies qu’ils suscitent se soient humanisées. […] Moi, je n’ai pas la crainte de l’Art et je n’ai aucun préjugé touchant la matière des peintres. […] On ne choisit pas dans le moderne, de même qu’on accepte la mode sans la discuter. 22 «On ne choisit pas dans le moderne», diu Apollinaire, afirmant que les obres dels artistes i poetes «ne passent point par l’intelligence». La diversitat d’Alcools es pot entendre llavors com el procés –que Apollinaire també descriu a l’obra recent de Picasso al text de Les peintres cubistes– que l’ha dut a la poesia més recent. Estem ben lluny, si llegim «La dignitat literària», del Carner de 1913, que tot i reivindicar la necessitat d’una poesia nova en català, fa una crida al treball, a l’esforç i al control 31: Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
83 S’ha donat una gran importància a Catalunya al problema de la sinceritat poètica. A les exageracions parnassianes en Maragall oposà l’il·luminisme religiós de la paraula viva. L’espontaneitat és un dever en l’artista, l’acurament també. La solució és bona de trobar: cal treballar indefinidament en les tasques elementals de educació literària. Cal refer-se indefinidament les facultats per mitjà de seguits exercicis primaris. […] El crim artístic és donar al públic els tanteigs, les provatures, les putineríes de laboratori com obra poètica: per manca d’autocrítica molts poden incórrer en aquesta malvestat, que és un nou cas d’indignitat literària. 23 Alcools bé hagués pogut semblar un conjunt de «tanteigs» amb «una certa exageració [que produeix] la embriaguesa que’ls ingenus confonen amb la emoció estètica» 32. Un xic més lluny Carner parla de la «delectació que trobem en l’obra intel·ligent creada»: «l’art és un camí vers la perfecció: i la perfecció és un valor suprasensible». Apollinaire, a la coneguda carta d’agraïment a la crítica d’Henri Martineau a Le Divan (número de juliol-agost de 1913, publicat just quan Carner passà per França), escriu 33: […] Ce n’est pas la bizarrerie qui me plaît, c’est la vie et quand on sait voir autour de soi, on voit les choses les plus curieuses et les plus attachantes. […] je ne suis pas un grand liseur, je ne lis guère que les mêmes choses depuis mon enfance […] et si je suis lettré, ce que je crois, c’est plutôt par un goût naturel […] que par l’étude. […] Mes vers ont presque tous été publiés sur le brouillon même. […] Je crois n’avoir point imité, car chacun de mes poèmes est la commémoration d’un événement de ma vie et le plus souvent il s’agit de tristesse, mais j’ai des joies aussi que je chante. 24 Davant d’una defensa del treball diari i repetitiu de Carner, davant del control de l’expressió poètica que defensa, d’una pràctica sàvia de l’ofici, Apollinaire confessa –tot i que com ja he apuntat, no era del tot cert– que els seus poemes els fa tot caminant i cantussejant, i que els escriu gairebé només per a ser publicats, i que no és un gran lector. De l’esforç de l’escriptura a l’oralitat rítmica del «flâneur des deux rives», als seus textos sobre poesia del 1913, Carner i Apollinaire semblen irreconciliables. La defensa d’ambdós d’una poesia subjectiva, és a dir lírica, els apropa, però els termes són ben diferents. Apollinaire fou titllat a La Phalange, la revista de Jean Royère que havia acollit a molts poetes del simbolisme, el 20 de juliol de 1913, de nou «Amfíon» 34, que podia moure pedres amb la seva lira, quan Carner professava «la simplicitat, la lliberalitat, la puritat i la santedat de la Bellesa, contra les males temptacions que’l món n’és plè»35. Lectures en paral·lel 25 La lectura de La paraula en el vent va començar a esvaïr la perplexitat. Al llarg dels seixanta-cinc poemes sentim una veu «planyívola», adjectiu citat manta vegada, però Carner diu també que és «sincer[a] o […] banal», despullada de «llargues ufanes verbals de sensualitat gloriosa»36. De fet són moltes veus a les cançons, sonets i epigrames. S’hi percep un to que ressona pels carrers del París d’aquells anys. És el de la veu, tant o més plurívoca que la de Carner, sincera, banal, planyívola i despullada, d’Apollinaire. Comencem amb els dos primers poemes de cada llibre. «Zone», publicat primer al núm. 11 de Les Soirées de Paris el desembre del 1912, obre el recull Alcools 37: À la fin tu es las de ce monde ancien […] L’angoisse de l’amour te serre le gosier Comme si tu ne devais plus être aimé Si tu vivais dans l’ancien temps tu entrerais dans un monastère […] L’amour dont je souffre est une maladie honteuse Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
84 Et l’image qui te possède te fait survivre dans l’insomnie et dans l’angoisse C’est toujours près de toi cette image qui passe 26 I ara els primers versos del primer poema de La paraula en el vent, «Veu de recança» 38: Ja dins sa via desconhortada l’ànima meva, sola i poruga, sent les primeres frescors divines de la serena de la tarda. I ara us somnio, las de la ruta, oh amors que dàreu a ma existència anys d’esperar-vos i anys de plorar-vos i al mig, només una besada. 27 El lector sent primer les diferències, i són notables. Formalment, el vers lliure de «Zone», que no és pas representatiu de tot Alcools, acompanya l’elasticitat rítmica i els contrastos de la veu. Davant, el ritme lleuger i reglat de Carner retorna el lector a una poesia «disciplinada». La manca de puntuació (el poeta francès l’eliminà a les galerades que va rebre a l’octubre de 191239) va merèixer moltíssima atenció, però l’efecte d’alliberament de la lectura i de la dicció trenca convencions que Carner manté. La consecució desordenada d’oxítons i paroxítons que no hi ha a les estrofes carnerianes, l’oralitat quotidiana del poème-conversation que Apollinaire desenvolupa amb més força encara a la primera secció de Calligrammes40, i l’alternança del jo i del tu poètics contrasten vivament amb l’ordenament i el repòs de «Veu de recança». Apollinaire denuncia l’amor amb article definit i amb força: és una malaltia venèria, quan Carner fa ús del plural, incitant a una narració que de fet no arribarà. El primer expressa un present de patiment i d’angoixa, el de la ruptura amb Marie Laurencin, quan el segon torna enrere un cop assolit el final de la joventut, és a dir a «les primeres frescors» de «ma existència». Un alterna present i imperfet, l’altre present i perfet. Ara bé, també hi veiem elements comuns: el somni, l’insomni, el desconhort i el patiment, la lassitud –al primer vers de «Zone», al primer de la segona estrofa de «Veu de recança»–, el caminar i la solitud del poeta davant dels records figurats que habiten el seu present. Apollinaire parla d’un «monde ancien», un «ancien temps» de la plenitud de l’amor que s’esvaeix a l’alba del París industrial que va travessant a peu, Carner lliura una experiència íntima sense altre context que la pròpia paraula. Un torna cap a casa veient el món d’una manera nova, l’altre torna cap a la joventut i hi poua una veu més madura. Però la decisió de despullar la veu, banal si cal, sincera, troba en l’oralitat de «Zone» un mirall. És la paradoxal o llunyana proximitat de les dues veus. 28 L’eco segueix al segon poema d’Alcools, «Le Pont Mirabeau» 41. A «Zone» Apollinaire va resseguint el Seine cap a Auteuil, i el travessa després de passar sota la «Bergère ô tour Eiffel»42: Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure 29 De l’angoixa –«Dolces amigues, sóc en l’angoixa» llegim al vers 33 de «Veu de recança» 43 – i el patiment al «somni» carnerià i al record de la ruptura de «Le Pont Mirabeau», ambdós poetes situen al principi dels seus llibres tota una gamma de relacions amb Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
85 l’amor finat i la memòria. El ritme de «Le Pont Mirabeau», versemblantment inspirat per una «chanson de toile» del segle XIII44 i la tornada són els d’una cançó, i a La paraula en el vent justament trobem una cançó just després de «Veu de recança», també amb una tornada. Carner hi és, això sí, menys planyívol que Apollinaire, més joganer. Els contrastos tonals de La paraula en el vent –«Veu de recança» acaba amb «en aquest freu, la Mort comanda»45– sobten el lector carnerià de seguida, mentre Apollinaire manté la tensió del plany fins als versos finals del tercer poema, «La chanson du mal-aimé». Tot i així «Cançó de l’amor matiner» també recorda l’itinerari vital de l’amant, vessat a «l’angoixa» (v. 22), el plor (v. 28) i el mal auguri «Ja arribaran la neu i el fret» (v. 24), però l’amant hi plora com un infant, «de cara a la paret» (v. 28), que rima amb «juguet» (v. 30). Veus de contrastos doncs, i des de l’inici: Apollinaire inclou una albada amb reminiscències a la litúrgia del quart diumenge de Quaresma a «La chanson du MalAimé» entonada «à voix virile»46 que revela, com la de Carner, el plaer que prové dels records de l’infància47: C’est le printemps viens-t’en Pâquette Te promener au bois joli Les poules dans la cour caquètent L’aube au ciel fait de roses plis L’amour chemine à ta conquête 30 Els dos llibres comencen amb el plaer del contrast i del canvi, les anades i tornades entre les estacions de la vida i de l’amor, un present fet de la vivor joganera del record amorós, el plany i els averanys48. Els ecos segueixen al llarg dels dos llibres. Llegim sencer –probablement inacabat– un dels poemes més cèlebres d’Alcools, «Signe» 49: Je suis soumis au Chef du Signe de l’Automne Partant j’aime les fruits je déteste les fleurs Je regrette chacun des baisers que je donne Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs Mon Automne éternelle ô ma saison mentale Les mains des amantes d’antan jonchent ton sol Une épouse me suit c’est mon ombre fatale Les colombes ce soir prennent leur dernier vol 31 El segon vers incita a rellegir «Les gracioses ametlles» de Els fruits saborosos, on sentim en boca de «Filemon» l’elogi del fruit vellutat a la seva «tebior tardoral» 50, recompensa de les flors marcides. Sabem que Apollinaire escriví una primera versió del poema el 1904, any del Llibre dels poetas. I ara «El banc»51: Ja tot sol, en l’hora bruna, temerós com l’indigent, dic a l’ombra, dic al vent: –Jo tinguí l’amant fortuna. Del plaer i el marriment jo no en cerco la vedruna; que l’amor fina tot d’una, com les flors rient al vent. 32 Ambdós jos lírics diuen al vent –no scriveno– els seus dolors. El banc del poema de Carner és «Dolorós com una runa» (v. 13), el «noyer gaulé» (v. 4), batut o batallat per fer caure la fruita clama al vent el dolor de l’amputació, i tenen per «signe» la malenconia de l’«ombra» i el «fat». L’oralitat hi és reivindicada en unes imatges que confonen la paraula del poeta i els cicles de la natura: de «l’Automne» (v. 1) a «Mon Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
86 Automne» (v.5), les «flors rient al vent» de Carner, sospitoses per inconscients; la noguera que és el poeta es va esfullant, les fulles són les mans de les amants, i de nou trobem la dualitat de «Zone» entre la primera i la segona persones. Apollinaire, casat amb una «ombre fatale» (v. 7), divaga en una tardor dolça que trobem a La paraula en el vent, i Carner també invoca la figura tutelar de la malenconia a «Oració a Saturn»: «oh l’únic llum del cel amb una gràcia humana […] / oh dolç Saturn, oh dolç Saturn!» 52, tot i que en aquest darrer cas un vel d’ironia vagi tenyint el prec. Dues veus tardorals, en estances de quartets d’alexandrins de factura perfectament equilibrada i hemistiquis simètrics en el cas d’Apollinaire –que tingué admiració per Jean Moréas, un dels mestres de la forma–, amb alternança encadenada de rimes masculines i femenines, i amb heptasíl·labs amb rimes creuades femenines i masculines a «El banc». Un Carner reconegut com a gran mestre i renovador de la mètrica catalana, i un Apollinaire lector del Parnasse i el Simbolisme, però també de François Villon, amb un domini de la forma clàssica que amb prou feines amaga l’absència de puntuació. 33 Alcools és un llibre de poesia amorosa. Ara bé, el poeta no cerca pas l’exemplaritat d’«una» història d’amor, com fa Carner, sinó que basteix una continuïtat d’històries lligades a la seva biografia, on s’entrecreuen temps passats i destinatàries. El vincle entre totes elles és alhora la memòria, és a dir la veu del poeta, i també el plany, la percepció del pas inexorable del temps. Una «veu planyívola», també. El tema del pas del temps apareix clarament a la cloenda de La paraula en el vent, a «Mitjanit» 53: Llavors, quan la darrera ha passat ja la porta, la fina llum del pàmpol es torna un xic somorta; i arriba un gran silenci que no sabem d’on surt: talment és una angoixa de malaltia o furt. […] I és quan l’ànima nostra sent els més bells reposos, i la paraula és dita com si es digués a ulls closos […]. 34 Però a Alcools no hi trobem la ironia de Carner. El lirisme amorós d’Apollinaire, si és planyívol, ho és desesperadament. Sentim-lo amb dues estròfes cèlebres de «La chanson du Mal Aimé»54: Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir Adieu faux amour confondu Avec la femme qui s’éloigne Avec celle que j’ai perdue L’année dernière en Allemagne Et que je ne reverrai plus 35 I de fet més d’una vegada apareix el terme «Espérance», amb majúscula, per exemple a «La tzigane»55, on el poeta diu «On sait très bien que l’on se damne / Mais l’espoir d’aimer en chemin / Nous fait penser main dans la main». L’esperança és el fruit d’una decisió dels dos amants de no veure les «nits», diu Apollinaire, que enmarquen l’existència i el pou d’on surt l’Esperança. Som ben lluny del sonet «Esperança» 56 de Carner, on hi sentim de nou la sàvia dosi d’ironia. De fet, l’estructura cíclica de La paraula en el vent assoleix a «Mitjanit» la possibilitat d’una entesa més enllà de l’amor, «ara hem quedat els homes i podem ésser amics.» Som molt lluny de poemes com «La Maison des morts»57, on llegim: Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
87 Car il n’y a rien qui vous élève Comme d’avoir aimé un mort ou une morte On devient si pur qu’on en arrive Dans les glaciers de la mémoire À se confondre avec le souvenir On est fortifié pour la vie Et l’on n’a plus besoin de personne 36 Si es confon amb el record, el jo líric s’instal·la fora del temps, i la veu del poeta assoleix una solitud que en cap cas apareix a «Mitjanit». A «L’oblit» 58, de fet, Carner juga fins i tot amb les virtuts de l’amnèsia, difosa per un paisatge imaginari on bufa «el vent» del títol: Mon oblit és com el vent que perdé la fúria brava, i es perfuma lentament de les flors que menyspreava. 37 L’amor a Alcools gairebé sempre és senyal de malaurança, en particular als poemes dedicats a Marie Laurencin, «Marie»59, «Cors de chasse»60, «Le Pont Mirabeau»61 i «Cortège»62. Planyívol, o més ben dit un plany. Però com hem dit a l’inici, la veu d’Apollinaire és diversa, com la de Carner a La paraula en el vent. A «Marie», un poema de quatre estrofes de cinc octosíl·labs, el vers preferit d’Apollinaire, el to és molt diferent de «La Maison des morts»: Sais-je où s’en iront tes cheveux Crépus comme mer qui moutonne Sais-je où s’en iront tes cheveux Et tes mains feuilles de l’automne Que jonchent aussi nos aveux 38 Hi reviu, amb la incertesa d’un present solitari, el record eròtic, feliç, gairebé tàctil, previ potser al «Faut-il qu’il m’en souvienne» de «Le Pont Mirabeau». La silueta del poeta travessant el Seine amb el record de Marie apareix a la darrera estrofa, acompanyat doncs altra vegada pel riu: Le fleuve est pareil à ma peine Il s’écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine 39 El vers mateix, el to de cançó, altra vegada ens duen cap a Carner. I de fet, el gran cant planyívol i plurívoc de la «Chanson du Mal Aimé»63 desemboca en una albada joganera: C'est le printemps viens-t'en Pâquette Te promener au bois joli Les poules dans la cour caquètent L'aube au ciel fait de roses plis L'amour chemine à ta conquête Mars et Vénus sont revenus Ils s'embrassent à bouches folles Devant des sites ingénus Où sous les roses qui feuillolent De beaux dieux roses dansent nus Viens ma tendresse est la régente De la floraison qui paraît La nature est belle et touchante Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
88 Pan sifflote dans la forêt Les grenouilles humides chantent 40 Podem llegir-la amb la «Cançó florida»64: Una cosa tinc al seny ara, al març, que tot se muda, ara, amor, que el vent empeny la semença inconeguda i en el cel hi ha la fulgor que vindrà a totes les vides: si em dareu la vostra amor quan les flors seran eixides. Però es clou davant de mi vostre cor, que mai desitja. Espereu el bell matí de quan frisa la calitja, quan el camp és tot odor i les vespes són ardides; ¿i vindrà la vostra amor quan les flors sien complides? Torna el vent que amb vol etern du el sement, lleva la rosa: una mica de l’hivern és encara bella cosa. Acolliu mon cant sonor i les meves mans junyides: jo us deman la vostra amor quan les flors seran marcides. 41 És potser amb aquesta forma inesperada, la cançó, que les veus d’Apollinaire i de Carner són més properes. Un darrer exemple el trobem llegint plegats «Mai», d’Apollinaire, i «Cançó»65: Aigües de la primavera que degoten pels jardins! Posades damunt les branques les gotes es tornen brins. Al cor de la fotja clara tremolen els cels divins. La neu ja s’és fosa tota i baixa torrent endins; ai fressa de les escumes que mou el fullam dels pins! Com ixen les flors novelles! Com dringuen els dematins! Al riu de les aigües noves s’hi han posat tres molins: «L’un molia or i plata, l’altre perles i robins, l’altre l’amor de les dames per fer encativar els fadrins». 42 La «rhénane» d’Apollinaire que estira l’efecte de cantusseig de l’heptasíl·lab carnerià 66: Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
89 Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales fleuris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes 43 Les lectures en paral·lel podrien continuar: per exemple acarant el darrer poema de Vitam impendere amori «Ô ma jeunesse abandonnée»67 amb el darrer de La paraula en el vent. 44 Al llarg de tota l’època que recull Alcools s’han anat bastint i desfent tota una colla de poètiques líriques, que alhora han anat donant versions de la tradició i de la modernitat. I el llibre d’Apollinaire és el punt d’arribada d’un itinerari individual, però també de tota una època. El moment d’Alcools és un curt parèntesi a les lletres franceses, entre tots els sotracs del simbolisme que no s’acabava mai, i el surrealisme que s’imposà clarament després de la guerra. Paradoxalment, acabaren triomfant concepcions de la poesia que obviaren molts dels punts que hem desenvolupat aquí. Guanyaren, a la République des lettres et des arts, la NRF i els textos de Paul Valéry i més profundament Mallarmé i la seva Crise de vers: allò poètic és «intransitiu», i aquest replec de la paraula sobre si mateixa separa la poesia dels altres gèneres literaris i dels altres usos del llenguatge. Al capdavall, així ho segellà el formalisme primerenc i l’estructuralisme més tardà. També la simplificació, a l’hora de fer història literària, en «moviments literaris», no ajuda gens a llegir l’obra d’alguns poetes: fa de Carner un «noucentista» sense saber ben bé què dir-ne, ni com. Encara menys es pot dir d’Apollinaire, que morí massa aviat per a ser salvat, per dir-ho així, com a prefigurador del surrealisme i visqué massa tard per a ser simbolista, però fou modern amb unes característiques que ens poden ajudar a veure Carner, també, d’una altra manera. 45 A diferència de La paraula en el vent, la vida i els poemes a Alcools tenen una correlació, tot i que Apollinaire rebutja la narració i la linearitat cronològica. Alcools forma part, tot i que sense diacronia, d’una sèrie de llibres de poesia que relaten «l’histoire d’une âme», des de Les contemplations de Hugo a Les Fleurs du Mal de Baudelaire: «Apollinaire a ainsi, avec une secrète malice, marqué la continuité de son œuvre poétique» 68, davant d’aquells que llegeixen el llibre com qui entra en una parada dels Encants: […] la vérité est qu’Apollinaire, peu théoricien, est sollicité à la fois par toutes les formes d’expression théorique. il ne cesse d’osciller entre la tentation de la pureté mélodique, de l’incantation, qui le ramène à la tradition, et le désir de saisir partout la poésie dans la vie, de la capter par des modes nouveaux, qui le conduit à accepter avec sympathie, voire avec enthousiasme, toute théorie douée à ses yeux d’un pouvoir d’invention. Cette disponibilité […] n’est autre chose que son sens poétique […]. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
90 46 La modernitat d’Alcools consisteix a saber reunir totes les veus d’una època, donant-los vida. Però a Alcools Apollinaire treballa primer amb la seva pròpia obra, proposant una revisió profunda, estilística, semàntica i cronològica, de gairebé tota la seva producció poètica. Gairebé podem dir que és el seu Poesia (1957). De l’eliminació en darrera instància de la puntuació, tot i que no de la caixa alta, i que ha fet córrer rius de tinta, podem dir que ha pertorbat la recepció del llibre. Només onze poemes estan escrits en vers lliure, i el més freqüent és l’alexandrí: a vint-i-quatre poemes hi és o bé l’únic vers, o bé el majoritari. El primer vers, dièresi inclosa, n’és un. Apollinaire utilitza l’octosíl·lab, considerat sovint com el seu vers predilecte, a vint poemes. I els dos terços dels poemes estan estructurats amb estrofes, principalment el quartet d’alexandrins i el quintil d’octosíl·labs. També domina l’isosil·labisme. De totes maneres, Alcools és clarament un llibre de poesia segons la tradició prosòdica francesa. El mateix Apollinaire deia de Paul Fort el següent69: Rien de ce qui fait l’agrément et la noblesse de la poésie française n’a été abandonné. Au contraire, tout cela a trouvé soudain des forces nouvelles. […] Il a jugé que l’écriture n’était qu’un moyen mnémotechnique et qu’on avait donné sans raison au sens de la vue un rôle aussi important que celui qui avait été réservé à l’ouïe. 47 Si cerquem l’elaboració d’un ritme propi, d’una veu lírica singular, d’un discurs amorós i malencònic, d’una veu-oceà –recordant la «Lettre-Océan» de Calligrammes 70; el treball de les formes populars, i també de la tradició amorosa del passat, trobem en aquell moment dos poetes que a la història literària tot allunya. Tot suprimint la puntuació Apollinaire mira de transmetre al lector la manera com ell mateix escrivia els seus poemes, a fi de restaurar el valor de l’oïda. El d’una paraula en el vent? BIBLIOGRAPHIE APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. París: Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1965. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres en prose complètes II. París: Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1991. APOLLINAIRE, Guillaume. Lettres à Madeleine. París: Gallimard, Folio, 2006. BAUDELAIRE, Charles. Curiosités esthétiques. L’Art romantique. París: Classiques Garnier, 1990. BOSCHETTI, Anna. La poésie partout. Apollinaire, homme-époque (1898-1918). París: Seuil (col. Liber), 2001. BRETON, André. Œuvres complètes I. París: Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1988. CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari) (3 volums). COLL, Jaume (ed.). Barcelona: Publicacions i Edicions de la Universitat de Barcelona, 2015. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). COLL, Jaume (ed.). Barcelona: Biblioteca Clàssica Catalana, 2016. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022 Edicions 62, col.
91 COLL, Jaume. «El llibre de Carner que inaugura la poesia catalana moderna». Ara, 28 de juny del 2014. DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). París: Honoré Champion, 2013 [1960]. DÉCAUDIN, Michel (1993). Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. París: Gallimard, 1993. DÉCAUDIN, Michel. Le dossier d’« Alcools ». Ginebra i París: Droz i Minard, 1965. FRAISSE, Luc. «Le paysage urbain, un espace de création poétique pour Apollinaire dans Alcools». Eidôlon, 68. Paysages urbains de 1830 à nos jours. Bordeus: Presses Universitaires de Bordeaux, 2005, març, p. 181-196. La Phalange del 20 de juliol de 1913. Disponible a https://gallica.bnf.fr [consultat el 01-02-2017]. MARRUGAT, Jordi. Josep Carner 1914. La poesia catalana al centre de la modernitat europea. Barcelona: Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2015. Mercure de France, 383, 1 de juny de 1913. Disponible a https://gallica.bnf.fr [consultat el 01-02-2017]. OLIVA, Salvador. Nova introducció a la mètrica. Barcelona: Quaderns Crema, Assaig minor 17, 2008. ORTÍN, Marcel. La prosa literària de Josep Carner. Barcelona: Quaderns Crema, Assaig 18, 1996. PICASSO, Pablo. APOLLINAIRE, Guillaume. Correspondance. París: Gallimard, col. Art et Artistes, 1992. PIERRE, José. André Breton et la peinture. Lausana: L’âge d’homme, 1987. SALA, Jordi. L’estètica de Josep Carner: la poesia de tema amorós. Barcelona: Curial / Publicacions de l’Abadia de Montserrat, col. Textos i Estudis de Cultura Catalana nº73, 2000. SCEPI, Henri. «‘Un lyrisme neuf’ : le cas des ‘Fiançailles’ dans Alcools d’Apollinaire». Actes en línia del col·loqui «Problèmes d’Alcools », http://www.fabula.org/colloques/document1692.php, 11 març 2012, [consultat el 11-01-2023]. VALLCORBA, Jaume. Noucentisme, Mediterraneisme i Classicisme: apunts per a la història d’una estètica. Barcelona: Quaderns Crema, col. Assaig Minor 9, 1994. NOTES 1. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Coll, Jaume (ed.). Barcelona, Edicions 62, col. Biblioteca Clàssica Catalan, 2016, p. 522. 2. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. París: Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1965, p. 59. 3. L’origen d’aquest treball fou una conferència durant les «Segones jornades Carner a l’edifici Carner», del 27 al 29 d’octubre de 2015. El programa resta disponible a https://filcat.ub.edu/ sites/default/files/webfm/-jornades_carner_triptic.pdf [consultat el 26-09-2022]. 4. El darrer llibre de Verlaine, Jadis et Naguère, és del 1884 i recull poemes escrits anys abans. És un dels poetes, amb Paul Valéry, que Carner menciona el 1927 a un article sobre López-Picó, «Suggestions entorn d’un poema» (CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). COLL, Jaume (ed.). Barcelona: Publicacions i Edicions de la Universitat de Barcelona, vol. 3, 2015, p. 119-120). Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
92 5. El registre de vendes d’Alcools, justament, és prou revelador: el primer any (de juny de 1913 a juny de 1914) se’n van vendre dos-cents trenta-cinc exemplars, mentre que l’any següent només quatre, i set els dos següents (DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. París: Gallimard, 1993, p. 130). 6. «La petite auto» (APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 207-208). 7. Per a un repàs exhaustiu de la producció d’aquell any, recomanem la lectura dels capítols finals de DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). París: Honoré Champion, 2013 [1960]. 8. DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). Op. cit., p. 401. 9. DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. Op. cit., p. 137. 10. BRETON, André. Œuvres complètes I. París, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1988, p. 206. 11. «Virtut d’una paraula», en CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 128. 12. «[…] ce solitaire doué d'une imagination active, toujours voyageant à travers le grand désert d'hommes, a un but plus élevé que celui d'un pur flâneur, un but plus général, autre que le plaisir fugitif de la circonstance. Il cherche ce quelque chose qu'on nous permettra d'appeler la modernité ; car il ne se présente pas de meilleur mot pour exprimer l'idée en question. Il s'agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, de tirer l'éternel du transitoire.» (BAUDELAIRE, Charles. Curiosités esthétiques. L’Art romantique. París: Classiques Garnier, 1990, p. 466). 13. Georges Duhamel escriví una crítica que potser Carner llegí passant per França aquell juny del 1913 al Mercure de France: «Je dis : boutique de brocanteur parce qu’il est venu échouer dans ce taudis une foule d’objets hétéroclites dont certains ont de la valeur, mais dont aucun n’est le produit de l’industrie du marchand même. C’est bien là une des caractéristiques de la brocante : elle revend ; elle ne fabrique pas. […] C’est à peine si, par les trous d’une chasuble miteuse, on aperçoit le regard ironique et candide du marchand, qui tient à la fois du juif levantin, de l’Américain du Sud, du gentilhomme polonais et du facchino. […] M. Apollinaire ne manque pas d’érudition ; on a constamment l’impression qu’il dit tout ce qu’il sait. Aussi, brave-t-il impudemment les règles les plus accomodantes de la mesure et du goût.» Décaudin recorda que Duhamel s’adonà trenta anys més tard de l’error d’apreciació: «Je vis [aujourd’hui] en bonne intelligence avec son ombre. Il en a tout le mérite. Que grâces lui soient rendues !». DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). Op. cit., p. 176-177). 14. «[…] il est la commune mesure de la poésie contemporaine» ( DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). Op. cit., p. 409), i Apollinaire diu d’ell a Madeleine Pagès «J'ai reçu le bulletin lyrique idiot où Paul Fort prince des poètes à la manque, chante les batailles de loin et en un langage vraiment stupide.» Carta del 30 de setembre de 1915 (APOLLINAIRE, Guillaume. Lettres à Madeleine. París: Gallimard, Folio, 2006, p. 78). L’1 de juny de 1913 a la seva rúbrica «La Vie anecdotique» del Mercure de France, que potser Carner comprà arribant a París, Apollinaire feia un relat carregat d’ironia d’un viatge del Príncep dels poetes francesos a Dinamarca. 15. Aquell any «le symbolisme s’éloigne», i el camp poètic francès comença a anar cap a una nova etapa (DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). Op. cit., p. 407sq). El Mercure de France comença a publicar les obres completes d’Émile Verhaeren i de Henri de Régnier i fa entrar definitivament el simbolisme dins del cànon. A la Sorbona es defensa la primera tesi de doctorat sobre el simbolisme. 16. CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 19. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
93 17. SCEPI, Henri. «‘Un lyrisme neuf’ : le cas des ‘Fiançailles’ dans Alcools d’Apollinaire». Actes en línia del col·loqui «Problèmes d’Alcools», http://www.fabula.org/colloques/document1692.php, 11 març 2012, [consultat el 11-01-2023]. 18. Carta d’Apollinaire a Toussaint Luca l’11 de maig de 1908 ( FRAISSE, Luc. «Le paysage urbain, un espace de création poétique pour Apollinaire dans Alcools». Eidôlon, 68. Paysages urbains de 1830 à nos jours. Bordeus: Presses Universitaires de Bordeaux, març, 2005, p. 182). 19. BOSCHETTI, Anna. La poésie partout. Apollinaire, homme-époque (1898-1918). París: Seuil, col. Liber, 2001, p. 34. 20. Escriu el 1908: «El poeta al llençar la paraula nova (i aquesta és la seva missió, car poesía es, de fet, creació verbal) no pot imaginar les infinides conseqüencies que de la seva paraula han de trascendir a totes les esferes del pensament y de l’activitat.» ( CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 72). I el 1913, just abans de publicar La paraula en el vent, defineix la poesia com un camí en tensió: «L’art és un camí vers la perfecció: i la perfecció és un valor suprasensible. El poeta esdevé perfecte i no’n serà mai.» (Ibid., p. 117). 21. DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. Op. cit., p. 16. 22. Carner també manifesta a «La dignitat literaria» (CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 115sq) l’allunyament –i el menyspreu– cap al romanticisme. 23. DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. Op. cit., p. 17. 24. Vegeu VALLCORBA, Jaume. Noucentisme, Mediterraneisme i Classicisme: apunts per a la història d’una estètica. Barcelona: Quaderns Crema, col. Assaig Minor 9, 1994. 25. CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 18. 26. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 522. 27. Per tenir la cronologia completa d’aquest viatge: CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., vol. 2, p. 40-41. 28. El primer estudi, pioner, sobre la història del text és DÉCAUDIN, Michel. Le dossier d’« Alcools ». Ginebra i París: Droz i Minard, 1965. 29. [27 febrer 1913] Mon vieux Guillaume Max qui a ete avec toi l'autre jour au Mercure de France me a dit que il a vu une epreuve de ton portrait pour ton livre des vers tiré en bleu pense que je veux que il soit tiré en noir et pas autrement et empeche tout tirage dans une autre couleur Bien à toi mon cher ami Paris le jour de la micareme 1913 (PICASSO, Pablo; APOLLINAIRE, Guillaume. Correspondance. París: Gallimard, col. Art et Artistes, 1992, p. 75). 30. PIERRE, José. André Breton et la peinture. Lausana: L’âge d’homme, 1987, p. 44-45. 31. CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 116. 32. Ibid., p. 109. 33. DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. Op. cit., p. 169-171. 34. «La personnalité lyrique de M. Guillaume Apollinaire nous est offerte là sous ses multiples aspects. Nul mieux que lui ne connaît l'art de la métamorphose, le jeu des vers, nul mieux que lui ne sait donner aux mots un sens étoile. […] Les amateurs d'art moderne trouveront au seuil de ce volume un portrait sans égal de M. Apollinaire par M. Picasso. Le grand peintre espagnol a élaboré une synthèse de décoration métaphysique et a réussi à nous montrer M. Guillaume Apollinaire tout à la fois de face, de profil et de dos ; cette oeuvre est surprenante plus que nous ne saurions dire et tous les admirateurs de M. Apollinaire aimeront avoir ce portrait de notre nouvel Amphion, rendu dans son entéléchie.» La Phalange, 20 de juliol de 1913. Disponible a https://gallica.bnf.fr [consultat el 01-02-2017]. de-08-gostd’ d’octubre de 2022] 35. CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 110. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
94 36. Ibid., p. 53. 37. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 39. 38. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 512. 39. Apollinaire decidí ser fidel a nombrosos poemes manuscrits, que anys abans ja no estaven puntuats. DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. Op. cit., p. 33-34. 40. Entre els més emblemàtics, «Les Fenêtres» i «Lundi rue Christine» ( APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 168-169 i p. 180-182). 41. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 45. 42. Ibid., p. 39. 43. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 512. 44. DÉCAUDIN, Michel. Le dossier d’« Alcools ». Op. cit., p. 91. 45. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 512. 46. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 48. 47. Ibid., p. 49. 48. Jaume Coll (CARNER, Josep. La paraula en el vent (edició del centenari). Op. cit., p. 59) fa un recull de tots els termes a la seva introducció, i emet l’hipòtesi d’una reordenació dels primers poemes de La paraula en el vent que de fet també trobem a Alcools, entre els amors malaurats amb Marie Laurencin de «Zone» i els d’un «premier amour à vingt ans, une Anglaise rencontrée en Allemagne […]. Bien des expressions de ce poème sont trop sévères et injurieuses pour une fille qui ne comprenait rien à moi et qui m’aima puis fut déconcertée d’aimer un poète être fantasque […] témoin ce poème où je me croyais mal aimé tandis que c’était moi qui aimais mal», carta d’Apollinaire del 30 de juliol de 1915 (DÉCAUDIN, Michel. Le dossier d’« Alcools ». Op. cit., p. 99). 49. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 125. 50. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 196-197. 51. Ibid., p. 535-536. 52. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 563. 53. Ibid., p. 573. 54. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 47-48. 55. Ibid., p. 99. 56. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 536. 57. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 66. 58. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 565. 59. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 81. 60. Ibid., p. 148. 61. Ibid., p. 45. 62. Ibid., p. 74. 63. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 48. 64. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 517. 65. CARNER, Josep. Llibres de poesia 1904-1924 (ECOC 1/1). Op. cit., p. 570-571. 66. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 112. 67. Ibid., p. 162. 68. DÉCAUDIN, Michel. La crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française (1895-1914). Op. cit., p. 485-486. 69. DÉCAUDIN, Michel. Michel Décaudin présente Alcools de Guillaume Apollinaire. Op. cit., p. 72. 70. APOLLINAIRE, Guillaume. Œuvres poétiques. Op. cit., p. 183. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
95 RÉSUMÉS L’article compara dos llibres apareguts quasi de manera contemporània, La paraula en el vent de Josep Carner el 1914 I Alcools de Guillaume Apollinaire l’any 1913. Són llibres cabdals de la poesia del segle XX dins de les tradicions a les quals pertanyen. Ambdós renovellen el lirisme amorós, amb resultats notablement diferents, però també amb similituds. I ambdós fan ús de la idea de modernitat poètica, aquí amb resultats quasi oposats. L’article compare deux recueils parus presque au même moment, La paraula en el vent de Josep Carner en 1914, et Alcools de Guillaume Apollinaire en 1913. Les deux sont des sommets de la poésie du début du XXème siècle en regard de leurs contextes respectifs. Ils renouvellent l’art lyrique amoureux et aboutissent à des résultats présentant quelques similitudes. Tous deux s’appuient sur la notion de modernité, mais dans un sens presque opposé. The article compares two poetry books published almost simultaneously, La paraula en el vent by Josep Carner in 1914 and Alcools by Guillaume Apollinaire in 1913. The two are considered to be 20th century milestones in their respective traditions: Catalan and French. Both aimed to renew amorous lyricism, in very different ways, although they share some similarities. Together, they appeal to the idea of modernity, in this case arriving at almost opposed results. INDEX motsclesca Josep Carner, Guillaume Apollinaire, simbolisme, noucentisme, literatura comparada Mots-clés : Josep Carner, Guillaume Apollinaire, symbolisme, noucentisme, littérature comparée Keywords : Josep Carner, Guillaume Apollinaire, Symbolism, noucentisme, Comparative Literature AUTEUR MARC AUDÍ Université Bordeaux Montaigne audi.marc@gmail.com Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
96 Entre el silenci i l’esgarip a La salvatge, d’Isabel-Clara Simó Maria Sevilla Paris 1 Isabel-Clara Simó és una de les autores del segle XX català amb un llegat més prolífic i heterogeni. Certament, va treballar multitud de gèneres, inclòs el periodisme, i en ocasions se la va associar amb la literatura de consum —davant de la qual cosa, de fet, ella mateixa s’enorgullia, assegurant que ja li agradaria formar part d’aquesta mena de literatura: «si [pogués] contribuir d’alguna manera a normalitzar la literatura catalana, estaria encantada1». 2 Això va dir-ho en una entrevista que va fer-li Miquel Alberola a El Temps l’any 1994 a propòsit, justament, de la publicació de La salvatge. Elegia de Dolores Mendoza. En aquell moment, moltes de les ressenyes que van aparèixer de la novel·la se centraren en la relació del text amb el mite de Pigmalió. Pere Gimferrer, per exemple, a la revista Catalan Writting, va dir que la novel·la tracta d’una noia americana de 14 anys, la Dorothy/Dolores, que: is taken under the wing of a wealthy, divorced Freemason in his sixties. He tries to shape her in his own image in a dubious process that is a sarcastic version of the Pygmalion myth (and consequently of both George Bernard Shaw’s Pygmalion and its musical version, My Fair Lady, as well) that eventually culminates in sexual abuse, violence and liberation through crime2. 3 Així mateix, a la revista Serra d’Or, el crític Isidor Cònsul va dir —en una ressenya, però, no gaire positiva— que a La salvatge, Simó hi recrea «una de les possibles metamorfosis del mite»; un mite que: és un dels més suggestius de l’univers literari. L’escultor xipriota, misogin desencisat, va esculpir l’estàtua d’una dona d’ivori amb tota la perfecció possible i demanà als déus que li’n fos concedida una d’igual. Tota entendrida, la deessa Venus va escoltar-lo i dotà de vida l’ivori perquè Pigmalió s’hi pogués casar 3. 4 Efectivament, la novel·la beu d’aquest mite, i ho fa des d’una perspectiva de gènere segons la qual podem entendre Pigmalió com a símbol de l’home que modela la seva dona conforme a les seves pròpies regles, normes i ideals. L’autora de la novel·la, però, ja va advertir a l’entrevista amb Alberola que, malgrat que «el mite [fos prou] atractiu Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
97 com perquè cridés l’atenció dels periodistes», la novel·la va una mica més enllà. Tal com Simó va explicar en aquesta mateixa entrevista: L’argument [de La salvatge] no és massa complicat: una noieta molt joveneta que arriba dels Estats Units, del lumpen més sinistre, que ve fugint d’una història i es refugia a casa d’un desconegut, que és un home ric de Barcelona i que se l’afilla. A partir d’aquí, a aquest home se li desperta un amor patològic i malaltís per la nena, però no li ho confessa mai, i vol fer-ne —aquesta és la referència a Pigmalió— una criatura perfecta, culta i guapa. El problema és que la vigila molt. Aquest home era un antic maçó i la noieta és filla d’un maçó, que és el vincle que explica l’acolliment. Ell l’espia de nit, entra a l’habitació i la mira dormir, i algunes vegades es masturba veient-la dormir. I finalment, hi ha un tercer personatge, molt important, que és la minyona. La minyona és l’equilibri entre aquella relació estranya, però aquesta dona mor i aleshores es desencadena una història de violència. I al final potser sí que és [la Dorothy/Dolores] una dona forta, però només al final 4. Estructura i argument 5 En el present article veurem de quina manera Joaquim Simon, el particular Pigmalió de la novel·la, prova de modelar o domesticar la Dorothy/Dolores, i veurem de quina manera ella, per la seva banda, resisteix els tals intents de domesticació, però abans valdrà la pena de fer un repàs a l’argument de La salvatge. Per explicar-lo, ens serà útil partir de l’estructura de la novel·la en termes paratextuals —una estructura plena de simbolisme i força complexa, que està organitzada en 4 parts; 4 parts que estan dividides en 11 capítols, i 11 capítols que, al seu torn, estan dividits en 33 subcapítols (ja que cada capítol està compost de 3 parts o subcapítols). Cal dir que les referències paratextuals que trobem als epígrafs de cadascuna d’aquestes parts fan al·lusió al món de la francmaçoneria —un món que en aquell moment interessava molt a Isabel-Clara Simó perquè, com explica a l’entrevista suara citada, estava estudiant la lingüística de símbols de la maçoneria arran de la tesi sobre la simbologia dels templers que llavors estava preparant5. 6 Podríem discutir si la presència del món de la francmaçoneria a La salvatge és pertinent o si, com afirma Isidor Cònsul a la ressenya que ja he esmentat, és una mostra més de l’«excés de sinuositats» del llibre; una de les moltes «flors de plàstic que hi són gratuïtes i fan perdre les bones possibilitats de la novel·la per manca de concentració i risc»6. La veritat és que la presència de la maçoneria a la novel·la, en un sentit argumental, no té cap altre motiu que el de justificar, tal com veurem a continuació, el deute que té Jack Thurber amb el pare de «la salvatge», la Dorothy Gardner, i alhora la relació de fidelitat que té el mateix Thurber amb Joaquim Simon. Per tant, pel que fa a l’argument el vincle de la novel·la amb la francmaçoneria potser sí que és un pèl gratuït, però metafòricament la relació que té aquest món amb els símbols i les al·legories pròpies del camp de la construcció, l’arquitectura i l’art de tallar pedra és una bona excusa per dotar, com ja he dit, l’estructura de la novel·la de tot de referències pròpies de la francmaçoneria. 7 Comencem amb les 4 parts del llibre, que porten per títol el nom de 4 colors: «Blau», «Roig», «Negre» i «Blanc». En termes de simbolisme, almenys 3 d’aquests colors (el blau, el vermell i el blanc) estarien relacionats amb la maçoneria, sent-ne els seus 3 colors originals —colors, d’altra banda, que poden relacionar-se amb les banderes sorgides dels processos revolucionaris i d’independència de les darreres dècades del segle XVIII. A la primera part, de color blau i amb un únic capítol, anomenat «God», hi Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
98 trobem 3 subcapítols en què es produeix la creació, el naixement del personatge de «la salvatge», la Dorothy Gardner. 8 De fet, no és un naixement, sinó un re-naixement: la Dorothy, amb només 14 anys, ha hagut de fugir dels Estats Units, aparentment amenaçada pels mateixos homes que han mort el seu pare, en Michael Gardner. Amb l’ajuda d’en Jack Thurber, que pertanyia a la mateixa lògia que el pare de la Dorothy i que, a més, li devia un favor (després sabrem que en Thurber havia abusat sexualment de la Dorothy, i que l’expiació d’aquesta culpa és el deute pendent), la Dorothy aconsegueix un passaport fals a nom de Dolores Mendoza, fuig del país i arriba a Barcelona, on l’acull en Joaquim Simon (que també va pertànyer a la lògia en qüestió, i que va conèixer en Jack Thurber a Los Angeles) i la seva minyona, la Victòria. Tot plegat és un re-naixement per a la Dorothy, ara Dolores, no només perquè aconsegueix fugir de la mort, sinó també perquè la fugida passa per un canvi d’identitat: de Dorothy passa a dir-se Dolores, nom que, a més, diu que no li agrada: «Quin nom tan estrany, aquell! Pains!, una mena de nom que t’emplena la boca de sofriments»7. 9 Així doncs la Dorothy, ara Dolores, és acollida per en Joaquim Simon i per la Victòria. De fet, en Joaquim se l’afilla legalment, i és així com comença la relació, que com anirem veient està regida per un procés ascendent d’interdependència afectiva que es traduirà en una veritable escalada de violència. En aquest sentit, els elements paratextuals que estructuren la novel·la són molt esclaridors. El subcapítol número 3, encara al primer capítol i a la primera part, ja du per nom «Primer esglaó». Els esglaons (cadascun tindrà 2 subesglaons menys el setè, al punt central, que en tindrà 4) aniran de l’1 al 7, i portaran per nom set elements que podem vincular, com deia, amb el món de la maçoneria però, també, amb el de l’arquitectura i la construcció. Aquests set elements són els següents: regle, mallet, cisell, escaire, nivell, plomada i compàs, tots set elements propis de la construcció i, alhora, símbols —sobretot el compàs i l’escaire— de la francmaçoneria. 10 Aquest vincle amb els maçons vindrà reblat pel nom de cada capítol: a banda de «God», que és el primer, el segon i el tercer seran «Jakin» i «Boaz», que és el nom de les dues columnes d’entrada al Temple de Salomó; l’últim capítol es dirà «Hiram», en referència a Hiram Abif, que hauria construït el temple, i la resta de capítols duran per nom les paraules que conformen la següent frase: «Visita interiora terrae rectificando invenies occultum lapidem». Es tracta del que és conegut com a anagrama VITRIOL, que es fa servir a les cerimònies d’iniciació maçònica i que podria traduir-se de la següent manera: «Explora els interiors de la terra i, rectificant, trobaràs la pedra oculta». 11 Certament, i segons com, La salvatge pot llegir-se en termes de novel·la iniciàtica en la mesura que la seva protagonista entra al món de l’edat adulta, literalment, pel boc gros. No crec, però, que les referències maçòniques siguin rellevants més enllà d’això. El que sí que em sembla interessant és que ens fixem en la manera com el paratext fa evident un moviment que, d’entrada, serà ascendent —i que es farà visible en la pujada dels set esglaons— i que es vehicularà mitjançant un imaginari que ens porta a la idea de l’escultor, del temple, de l’arquitecte. Així doncs, a la segona part del llibre, la de color vermell, aquesta ascensió o entrada al temple funciona com una metàfora del procés de construcció de la Dolores Mendoza —un procés de construcció que, en darrer terme, serà un procés de domesticació de la protagonista per part d’en Joaquim, que ja des del primer moment li dirà: «Fica’t una cosa al cap. Només una. Has de seguir les meves Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
99 regles. I les meves regles són que et vull maca, et vull culta i et vull forta. I recta com un fus»8. 12 Per tant, entre els subcapítols 4 i 7, a la segona part del llibre, tindrem el procés inicial de formació de la Dolores, durant el qual la noia aprendrà la llengua del seu mentor, començarà a adquirir hàbits d’estudi i s’anirà acostumant a la mena de vida — acomodadíssima, però estricta en termes d’obediència— d’en Joaquim. Aquest procés inicial culmina en una escena desconcertantment sensual que té lloc a la platja de Blanes: sota la pluja, Dolores comença a córrer per la sorra, i és just en aquest moment que Joaquim deixa de veure-la com una nena i comença a veure-la com una igual. D’acord amb l’inici del subcapítol 7 del llibre: D’ençà del dia que la Dolores i en Quim havien anat a la platja, i d’ençà que la pluja xopà el cos de la noia mentre ell la veia des del finestral del restaurant, les relacions dels dos van canviar. Ara s’havien fet amics. Joaquim li havia dit que ell era com un pare que un dia, per atzar, veu la seva filla, que encara li sembla una nena, sortir despullada de la dutxa, i aleshores accepta, com una evidència que ni els sentits ni la raó no poden menystenir, que ara és una dona, i comença a parlar-li diferent, i a respectar-la i a tractar-la com una igual. I que ell l’havia vista, aquella imatge trèmula de pluja, i havia admès que havia arribat l’hora de canviar la disciplina de la paraula rude per la madura contenció de la conversa. Al final d’aquest parlament, li havia preguntat si volia que fossin amics9. 13 Aquí la Dolores només té 15 anys, i tot plegat no deixa de ser pertorbador: un auguri de la deriva eroticosexual que, mica en mica, la història va prenent a partir d’aquest moment. En relació amb això, és rellevant la presència d’una sèrie de personatges masculins que es van relacionant amb la Dolores: en Ramon, en Serafí Renom i en Jacint Escrivà. Tots tres construeixen subtrames que van intercalant-se tot al llarg de la segona part del llibre, la de l’ascens, i que van afegint tensió sexual a la trama principal, que és la de la relació entre la Dolores i en Joaquim. 14 Potser la primera expressió explícita d’aquesta tensió sexual creixent ens la donarà l’escena de la pallissa que en Joaquim propina a la Dolores quan, després d’anar al ginecòleg per una vulvitis, en Joaquim s’assabenta —perquè li diu el ginecòleg— que la Dolores no és verge —recordem que Jack Thurber, antic amic de Joaquim, l’havia violat. El procés ascendent d’interdependència i d’abús està en marxa, i es va agreujant a mesura que, estructuralment, anem pujant els esglaons d’aquest temple construït sobre el cos cada cop més vigilat i sobre la identitat cada cop més manllevada de la Dolores. Tot plegat ens condueix indefectiblement al subcapítol número 17, al llindar entre la segona part i la tercera, i al punt més alt de l’ascens, al setè esglaó. Aquest capítol, a més, és el primer que, a l’epígraf, incorpora un parèntesi explicatiu després d’indicar el nivell de l’esglaó. Diu: «El setè esglaó (replà)», i a partir d’aquí, tots els capítols portaran, entre parèntesis, la indicació del descens: «El setè esglaó (baixant)», «El sisè esglaó (baixant)», etc. 15 Què és, llavors, el que passa al replà, just abans de baixar? Doncs que mor sobtadament la minyona, la Victòria —d’una manera, per cert, bastant dura pel poc respecte amb què se’ns narra l’escena. Certament, i com ja va explicar la mateixa Simó 10, la minyona és un personatge important perquè garanteix, a la segona part del llibre, l’equilibri entre la Dolores i en Joaquim. Ja a la tercera part, però, que és la de color negre i la del descens, la relació es desestabilitza totalment, i això desencadena una sèrie d’escenes cada vegada més inversemblants si tenim en compte el registre més aviat costumista de la segona part del llibre. És així com es produeix el primer segrest de la Dolores, quan ja té Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
100 divuit anys, i com a càstig per haver tingut relacions sexuals amb en Serafí —càstig que inclou la mort del Vulgar, el gos que el mateix Joaquim li havia regalat a la segona part del llibre. 16 Després d’aquesta escena hi ha una treva aparent, que es trenca a partir del subcapítol 26, al tercer esglaó de baixada, quan el Joaquim posa càmeres ocultes a un pis del carrer Aribau per comprovar que, efectivament, la Dolores té relacions sexuals amb en Serafí Renom. Al subcapítol 28 trobarem el segon segrest de la Dolores, i la primera vegada que Joaquim la seda. Aquest cop, la Dolores no aconseguirà escapar fins unes setmanes més tard. Joaquim, però, la intercepta a l’aeroport, a punt d’agafar un avió cap a Nova York, i és aleshores, de tornada, quan es produeix l’escena de la mutilació —és a dir: quan en Joaquim sotmet la Dolores a una operació, que fa ell mateix, per posar-li les dents de tauró. Sigui com sigui, i finalment, la Dolores aconsegueix fugir i agafar, ara sí, un avió cap als Estats Units. 17 Com veiem, el punt més àlgid d’aquesta escalada de violència no és la mort de la Victòria, sinó l’escena de la mutilació. L’estructura del llibre, però, no és ascendent fins al final, sinó que és circular (set capítols de pujada, replà, i set capítols de baixada), i això és així perquè el que l’estructura ens descriu no és tant aquesta escalada de violència, sinó el procés de construcció i de desconstrucció de la Dolores —que, de fet, és el procés de domesticació i de retorn a la salvatgia de la Dorothy. Salvatgia 18 En relació, ara sí, amb els conceptes de salvatgia i de domesticació a la novel·la, cal comparar d’entrada les descripcions que se’ns dona de la Dorothy/Dolores al principi i al final del llibre. Així doncs, i tal com la Victòria la veu des de l’espiell de la porta tot just a l’inici de la trama: Duia una faldilla llarga, fins als turmells, de tela basta i rebregada, plena de taques, i una jaqueta de mariner esquifida, sense botons. La noia subjectava la jaqueta amb les mans, com si s’estigués abraçant ella mateixa. Al cap, un mocador negre, o quasi negre, nugat al clatell, tapant-l’hi fins a les celles. I als peus, unes bambes que devien haver jugat molts partits o caminat moltes llegües. La cara era pàl·lida i coberta de pigues. Bruta, també. Com la lluna reflectida en un bassal de fang. Una gitana, segur. Malgrat les pigues, i els ulls blaus espantats, i les pestanyes quasi transparents de tant rosses. Una gitana. I per tant, enredaire, i per tant, pidolaire. I no havia de fer res a la porta d’una casa de senyors11. 19 D’altra banda, i ja al final del llibre (al subcapítol 31), quan està marxant del dentista que li ha arreglat la boca, sorprenentment, amb una sola intervenció: Ha costat una bona estona fer-se entendre, perquè la Dolores, amb els llavis tan ferits, no parla bé, però ha aconseguit tot el que vol: que la deixin marxar, que li acceptin l’anell que porta al dit, «un brillant molt bo, li ho asseguro», per la visita, i, fins i tot, que el dentista li doni una jaqueta blanca de metge, la que guarda de recanvi a l’armari de la consulta, per tapar-se aquella brusa tan tacada, i, com que va descalça d’un peu encara, també aconsegueix que la infermera li cedeixi les sabatilles blanques, perquè té sabates de carrer en el mateix armari on hi ha la jaqueta de metge. Els diners els té encara cosits a doblec dels pantalons. Va a l’aeroport i ara sí que té sort: hi ha un avió que surt en uns minuts i sí, hi ha plaça. Gairebé s’ho gasta tot: és un passatge car. La jaqueta del dentista li va gran i les sabatilles de la infermera li van petites. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
101 Sembla una gitana disfressada, tan esperrucada i amb els morros inflats i rojos, on va aplicant aquell xarop benèfic. Se’n va així, com va arribar: feta una llàstima. Només s’ha emportat una cosa, una de sola: la medalleta, penjada al coll, de la Victòria. El seu cos, desert de béns, ha rebotat a banda i banda de l’Atlàntic, com una pilota que rebota en la paret12. 20 En un clar moviment de retorn a la bestialitat, la Dorothy, després d’haver estat Dolores durant 4 anys aproximadament, torna a ser la Dorothy, és a dir, torna a ser una salvatge: com podem veure, en totes dues ocasions la noia va bruta i despentinada, però potser el tret més característic d’aquest retorn té a veure amb la vestimenta, ja que en els dos casos la Dorothy porta roba que no és seva, i que a més podem vincular amb la roba pròpia d’algunes professions —cosa que, tal com anirem veient, cal llegir en termes de desposseïment. En el primer dels casos, se’ns diu que porta una «jaqueta de mariner esquifida, sense botons», i en el segon la despossessió és encara més pronunciada, ja que porta la jaqueta del dentista —que li va gran— i les sabatilles de la infermera —que li van petites. 21 Aquest fet no és anecdòtic en absolut, sinó que forma part d’una sèrie d’elements que, al llarg de la novel·la, ens permeten construir un concepte de salvatgia directament relacionat amb el concepte d’exili: fixem-nos que tant a l’inici com al final se’ns compara la Dorothy amb una gitana; és a dir, amb un membre d’una comunitat minoritària i minoritzada que, a més, pertany a un poble sense terra, desposseït en termes de territori. A banda de la referència al poble gitano, i si del que parlem és d’una despossessió territorial, la Dorothy pot ser considerada una apàtrida, i és que tot i que en fugir dels Estats Units sigui acollida —i afillada— per un català, la relació amb aquesta persona, en Joaquim, la desposseirà d’aquesta identitat. En aquest sentit, i ja al subcapítol 25, se’ns diu que la Dolores: Fa esforços per recordar el Moon, que s’allunya d’ella, com si li haguessin canviat la natura i hagués nascut el dia que va picar a la porta de Joaquim Simon [...] sent un pànic dur i lliscós, com un escarabat negre, que li fa engrandir els ulls i panteixar quan nota que està perdent el seu passat, i quan nota que està acomodant-se de mica en mica al captiveri de pertànyer a una altra persona 13. 22 Aturem-nos un moment en el nom del lloc on la Dorothy vivia als Estats Units: el Moon (o Colorado Moon), barri suburbial que pertany a la ciutat de Flagstown, a Arizona. Cal entendre que aquests noms són inventats: a Arizona el que existeix és la ciutat de Flagstaff. Flagstown, en canvi, és un nom absolutament generalista, i quan se’ns diu que la Dorothy pertany al Moon se’ns està dient, literalment, que la Dorothy vivia a la lluna. A tot això s’hi suma el fet que, a l’últim subcapítol, el número 33, la Dorothy recupera la identitat, però ho fa justament quan ja és a l’avió, i quan l’avió ja s’ha enlairat. Podem dir, llavors, que la Dorothy torna a ser ella mateixa en espai aeri internacional —és a dir, en terra de ningú. Vegem-ho: L’avió ja s’ha enlairat i les rodes s’amaguen a sota la panxa. Com una fletxa, com un dit gegant que s’escapés al cel, fendint els núvols cap amunt. La Dolores pensa: «Sí que era car el preu que m’ha tocat pagar!». I diu, gairebé en veu alta: —Apa, Dorothy! Caça la rata14! 23 Així doncs, la Dorothy acaba pagant el preu de l’abandó, acaba preferint-lo a restar sota l’ombra de desposseïment imposat de Joaquim. La Dorothy és una apàtrida, i em sembla que aquest terme és prou esclaridor del que m’agradaria explicar a continuació. I és que no és casual que «la salvatge» sigui una dona i que el seu formador, en Joaquim, sigui un home —un home, però, que irònicament du per llinatge un cognom pràcticament idèntic al de la seva creadora (Isabel-Clara Simó i Joaquim Simon), la qual cosa cal Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
102 entendre, crec, com una picada d’ullet metaficcional al mite de Pigmalió. En tot cas, i per mor d’aquesta divisió sexual dels rols de dominació a la novel·la, valdrà la pena d’incloure la perspectiva de gènere en la meva anàlisi, i ho faré apel·lant una altra escriptora feminista catalana contemporània a Isabel-Clara Simó: Maria-Mercè Marçal. 24 Marçal va escriure força assajos sobre feminisme literari, que van ser aplegats de manera pòstuma l’any 2004 al llibre Sota el signe del drac, reeditat recentment .15 El seu article «Meditacions sobre la fúria», inclòs en aquest volum, em sembla que ens pot donar molta llum sobre els conceptes de salvatgia i de domesticació que apareixen, amb un evident dimorfisme sexual, a La salvatge d’Isabel-Clara Simó. Segons Maria-Mercè Marçal: el patriarcat ha negat la força creadora del principi femení, [...] la genealogia de la Cultura [...] és una genealogia masculina, dins de la qual algunes dones hi han estat «cooptades», «adoptades», «legitimades», sempre d’una en una, sense aparent relació entre unes i altres, i sempre en el nom del Pare. No hi ha genealogia femenina, en la cultura, com no hi ha genealogia femenina en les famílies. Dit d’una altra manera: si entenem la història com aquell relat que se’ns ha transmès per tal de donar sentit al passat i que ens ha permès identificar-nos com a éssers pertanyents a una col·lectivitat i a una cultura, haurem de convenir que, en la versió canònica, tant el protagonisme com el punt de vista narratiu corresponen exclusivament al sexe masculí, tot i que sovint el narrador es disfressa darrere l’omnisciència i la pretesa objectivitat que permet la gratificant perspectiva de Déu16. 25 Per a Maria-Mercè Marçal, el patriarcat hauria negat la força creadora del principi femení; un principi, per tant, necessàriament relegat a l’exili representacional que Marçal, seguint la traça d’altres pensadores com ara Luce Irigaray o Ana Iriarte, relaciona amb les figures femenines mítiques més irades, enfurismades i salvatgines: les erínies. Tornant a l’article de Marçal: mentre les Muses, de bella i gràcil aparença, tenien com a missió recordar totes les gestes i proeses dignes de lloança dels herois [...] i, a través del seu cant, fer oblidar les penes i la tristesa, les Erínies, en canvi, com gosses àvides de sang, rastrejaven la memòria dels crims antics, i perseguien els culpables sense respir ni treva [...] la seva aparença era terrorífica: totes vestides de negre, boca de vampir 17,amb serps trenades a la cabellera, fuets i torxes a les mans, feien grans salts per caure i aixafar amb tot el seu pes les seves víctimes. L’obra literària on aquests personatges tenen un protagonisme central és en una de les tragèdies d’Èsquil, la darrera part de la trilogia de l’Orestíada, en què persegueixen implacablement Orestes pel crim d’haver assassinat la seva mare. Orestes és protegit i defensat per Apol·lo, jutjat a Atenes i finalment perdonat, a causa del vot d’una deessa —Atenea, que trenca l’empat dels jutges. L’argumentació d’aquest judici per part dels defensors d’Orestes és antològica en el sentit de fer ben explícites les bases ideològiques i els fonaments del patriarcat. I és significatiu que sigui una dona, Atenea, la deessa més tard patrona de la filosofia, que rebli el clau. Però Atenea, si ho recordem, és una dona sense mare: nascuda del cap de Zeus completament vestida i armada. El cercle es clou: una dona sense mare [tot això ho diu Marçal] decideix el perdó de l’assassí de la mare. Les Erínies, així, són domesticades, i és possible la pau a la ciutat 18. 26 Davant de tot això, Maria-Mercè Marçal deia que «una fúria com aquesta» —és a dir sense mare i sense genealogia— «és incapaç de parlar», en el sentit que és incapaç de ser domesticada en termes representacionals, i en el sentit que és incapaç d’adoptar el llenguatge hegemònic, que és el llenguatge dels homes, en detriment de la força creadora del principi femení. Marçal, doncs, deia que: Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
103 una fúria com aquesta és incapaç de parlar; només té dos camins: el silenci o el so inarticulat, l’esgarip, el xiscle. Un llenguatge bàrbar i inintel·ligible com aquell cant a-líric que els antics grecs atribuïen a les Fúries, que ells anomenaven Erínies, antagonistes i enemigues d’Apol·lo, el déu portador de la lira» 19. 27 Per a Marçal, amb tot, la força creadora de les dones —i la força creadora de l’art en general— té a veure amb l’exili, amb el desposseïment, perquè fa falta fugir dels llocs comuns, del desgast del llenguatge i de les mirades hegemòniques per ser capaç de trobar una forma d’expressió nova. La fúria o la salvatgia, per tant, és un concepte ambivalent perquè allibera al mateix temps que desposseeix, i tant aquesta fúria com aquesta ambivalència les trobem, també, en els personatges femenins de La salvatge. 28 En primer lloc, i en el cas de la Dorothy/Dolores, a banda de les mostres de desposseïment que ja he comentat abans i en relació amb aquestes figures excessives i abjectes que són les fúries, és molt rellevant que en més d’una ocasió en Joaquim la titlli de boja —o, fins i tot, d’histèrica. Ja sabem que la bogeria i, més específicament, l’histerisme ha estat una forma de control biopolític al llarg de la història no només per negar la força creadora del principi femení sinó també per reprimir, medicalitzar i fins i tot criminalitzar tot d’experiències i de demandes polítiques de les dones. En aquest sentit, és molt rellevant que quan Jacint Escrivà, el fill del ginecòleg, vol assabentar-se del que li està passant a la Dolores al subcapítol 28 (quan se la troba tancada dins de casa després que la mateixa Dolores li hagi explicat tota la veritat sobre en Joaquim), Jacint no acaba de donar crèdit al que li explica la noia i, en canvi, s’acaba creient la versió de l’home, d’en Joaquim, que patologitza l’experiència de la Dolores: Quan en Quim va arribar, el va veure [a en Jacint] allà picant al timbre i tustant amb els punys. Tot pujant l’escala sentia la conversa: No puc, no puc obrir! Però dona, només has de girar la clau. [Fixem-nos com l’home, Jacint, ja desacredita la dona des de la impotència: «Però dona, només has de girar la clau»] No puc, no puc. Dolores, per favor. Ves-te’n, ves-te’n o vindrà ell, i t’atraparà... En Quim va pujar l’escala tranquil·lament i va posar el braç al voltant de les espatlles d’en Jacint [fixem-nos en aquesta mostra de complicitat dels homes] i va dir, amb una tristesa que potser no era fingida, o, almenys, no ho semblava gens: —M’alegro que estiguis aquí, Jacint. Estic preocupadíssim. Sembla que la Dolores ha perdut el seny. Espera, ara obro. He hagut de tancar, perquè havia de buscar un metge i per telèfon no en trobava cap. No m’han sabut enviar cap psiquiatre els d’urgències. No sabia què fer. He tancat perquè temia que la Dolores fes cap barbaritat. Si em poguessis ajudar, si ens poguessis ajudar, ai, Jacint, t’ho agrairia sempre20... 29 L’abús de poder d’en Joaquim, doncs, també passa per formes de control biopolític que es fan visibles, com els estigmes, en el cos apassionat de la Dolores. Això ho podem veure, sobretot, al subcapítol 31: seguint la tècnica del collage (tècnica que, de fet, també es fa servir al subcapítol 16, en què trobem tot un trencadís de versos de diferents poetes, com ara J. V. Foix, Gabriel Ferrater, Joan Vinyoli, Papasseit o Vicent Andrés Estellés), al començament del subcapítol 31 hi llegim: Ab ulls plorant e cara de terror, cabells rompent ab grans udolaments, la Dolores corre pel carrer, oberta la porta amb la seva pròpia clau, la còpia que tan enginyosament havia fet fer i que encara era a la bossa, oblidada per en Quim, que no hi ha pensat perquè els seus pensaments s’han desviat, perquè el seu cervell tot és una polpa dolorosa i lacerada, com els llavis, com les dents de la Dolores. Braços oberts és eixida a carrera, plorant sos ulls, boja de dolor, buscant alleujament allà on sigui, allà on hi hagi qui pugui calmar aquell flagell, aquell turment, aquella brasa encesa, aquell martiri, aquells cops de martell a les genives i a la boca tota 21. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
104 30 Com podem veure, es tracta d’un fragment especialment poètic, amb presència de recursos propis del vers, com ara les rimes internes, l’anàfora i l’hipèrbaton, en el qual s’hi intercalen tres versos decasíl·labs que ràpidament podem identificar amb Ausiàs March —i amb un poema, a més, que és molt significatiu de la idea de mal i de follia d’amor tan característica del poeta. Els versos pertanyen, de fet, al conegut poema que comença: ¿Quins tan segurs consells vas encerquant, Cor malastruch, enfastijat de viure? Amich de plor e desamich de riure22 31 Certament, en aquest punt de la novel·la la Dolores i en Joaquim ja són, literalment, amics de plor i desamics de riure, i ho són en una relació clarament marcada per les dinàmiques de poder pròpies de l’heteropatriarcat. L’altre personatge femení de la novel·la, la Victòria, també tindrà una història marcada inevitablement per aquestes dinàmiques: molt abans de l’inici del temps de la trama, el seu marit mor, i ella es queda sola amb un fill de set anys, l’Octavi. De fet, quan el marit mor, la Victòria està embarassada d’un segon fill, però es veu obligada a avortar —i l’avortament se’l fa ella mateixa amb una agulla de fer mitja— perquè tota sola no pot fer-se càrrec de dos nens. Finalment l’Octavi, amb disset anys, també mor, de manera que sola i desemparada decideix acabar a les mans d’un altre home, en Joaquim, en qualitat de minyona. La Victòria, doncs, és un bon exemple de domesticació, però tot i així la seva història és antològica de l’exili simbòlic i representacional de les dones: no només pel que li passa a la vida, sinó també —i sobretot— per com ho explica. 32 I és que, si ens hi fixem, el relat de la Victòria és un relat literalment fragmentat; literalment fet de bocins, de silencis històrics, ja que no se’ns explica de manera lineal, clara i ordenada a la novel·la, sinó que va apareixent de manera sobtada, brusca. De manera gairebé inadequada, poc pertinent: la mort del seu fill Octavi, per exemple, se’ns explica com si res, mentre la Victòria i la Dolores esperen que soni el forn abans de berenar23. Així mateix, després d’un sopar que fan junts la Dolores i en Joan Carnisser, amic d’en Joaquim, se’ns diu que la Victòria «seu esbufegant i comença a parlar com si ho hagués estat fent tota l’estona»24 i, tot d’una, sense que tregui cap a res, explica una sèrie d’anècdotes romàntiques que tenien ella i el seu difunt marit. Finalment, la història de l’avortament l’explica a la Dolores, també com si res, a l’autobús, just després d’una visita al ginecòleg25. Tot plegat posa en evidència la falta d’espais simbòlics, de terrenys fèrtils per a la intel·ligibilitat de les experiències femenines —que es veuen, llavors, inevitablement relegades als marges del discurs. 33 Això, de nou, va explicar-ho molt bé Maria-Mercè Marçal en els seus assajos, però també és un dels motius centrals d’una altra gran escriptora coetània a Marçal i a Simó: Montserrat Roig, que va construir bona part del seu corpus narratiu a partir de personatges femenins que funcionaven precisament com a receptacle de totes aquestes veus oblidades i fragmentades. Tal com Roig explicava a l’inici de l’assaig «Digues que m’estimes encara que sigui mentida»: Hi ha milers de narracions que cada dia desapareixen —com aquestes fulles que moren a l’estiu sense esperar la tardor—, milers d’històries que es conten de manera una mica exagerada perquè, si no s’exageren, no resulten creïbles. Però mai no arribaran a les universitats ni als llibres de text. Les persones continuen narrant, encara que sigui explicant a la veïna el telefilm que cada dia veuen a la televisió. Si no contemplessin la vida com a representació, no ho resistirien 26. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
105 34 Efectivament, cal contemplar la vida, la realitat, com a representació per tal de resistirla. Els éssers humans, per tant, i tal com explica la investigadora Meri Torras a propòsit de Montserrat Roig27, no som éssers ni racionals ni irracionals, sinó que som éssers narracionals, en la mesura que necessitem narrar la realitat per tal de dotar-la de sentit. Ara bé, i tal com explicava Marçal, quan els poders i els ordres hegemònics releguen certes experiències al marge del discurs, aquesta necessitat narracional es desestructura en forma o bé de silenci o bé de xiscle, de so furient i inarticulat —i és en aquest sentit que considero que, malgrat la domesticitat aparent de la Victòria, la seva resiliència a l’hora de narrar, malgrat tot, la seva història, la converteix també en una mena de salvatge (si més no, en termes representacionals). 35 A continuació veurem, també, la manera com l’ordre masculí s’imposa a La salvatge, però abans vull fer un petit excurs de tipus poètic per posar una sèrie d’exemples que il·lustren molt bé la idea de l’exili i de la despossessió associada a la salvatgia. Aquests exemples tenen a veure amb una imatge recurrent que es dona a la novel·la, i que està relacionada amb la roba: ja hem vist més amunt com la vestimenta és molt important en la caracterització de la Dorothy en tant que salvatge tant al principi com al final del llibre. Val la pena recordar, així mateix, una imatge que em sembla preciosa, al començament de la novel·la, en què se’ns diu que «La noia [la Dorothy] subjectava la jaqueta amb les mans, com si s’estigués abraçant ella mateixa 28». 36 Insisteixo en aquesta imatge perquè és molt bonica però també perquè diria que és representativa d’un recurs, que es dona tot al llarg de la novel·la, segons el qual alguns personatges es defineixen no tant pel que són, sinó per la roba que se’ls imposa — entenent aquí la roba en tant que rol social. Per exemple, quan en Joaquim explica com va aconseguir entrar de jove als Estatus Units com a immigrant il·legal, se’ns diu que «es va quedar ajagut en un portal, sense color a les galtes, més de tres hores, com un manyoc de drap29». 37 Una idea de manyoc de drap, de desposseïment, que tant ens apareix a la novel·la en forma de cura com en forma de violència —que són els dos extrems d’una mateixa cosa: la vulnerabilitat. Per exemple, just quan en Joaquim acaba de regalar el cadellet a la Dolores, se’ns diu: La Victòria s’enginya amb un drap, fent-ne un mugró, un biberó improvisat que reïx, i la Dolores se sent com si fos ella qui l’estigués alletant, premut el pit, xuclat el drap xop de llet calenta30. 38 Alhora, però, quan la Dolores mata el gat dels veïns projectant-lo contra la barana de casa, la descripció que se’ns dona de la sòrdida escena és la següent. El gat «va quedar penjat a dues bandes, com una pelleringa de cotó31». 39 El fet, amb tot, és que d’alguna manera la roba representa una mena d’estructura de l’individu que no fa sinó evidenciar la buidor inherent de l’individu —és l’evidència de l’absència; la traça visible de l’absent-present interior. En aquest sentit, i durant l’enterrament de la Victòria «la Dolores agafa la mà d’en Quim, que li penja com la mànega d’un abric al penja-robes32». 40 I és que, efectivament, l’individu és una cosa tan escassa, tan mal·leable i efímera, que fins i tot semblaria que pesa menys que l’aire. Tal com podem llegir més endavant, la Dorothy «Passeja deixant que l’aire la subjecti, desmaiadament 33». 41 Aquesta citació ens permet relacionar, avant la lettre, totes aquestes imatges tan suggeridores amb teories sobre el subjecte com la que desenvolupa Judith Butler al seu Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
106 llibre de 1997 The Psychic Life of Power. Theories in Subjection, segons la qual l’esdevenir subjecte és un procés que, paradoxalment, s’activa per dos mecanismes complementaris del poder: d’una banda en la mesura que s’és subjecte de certes pràctiques i, de l’altra, en la mesura que s’està subjecte a certs discursos: How can it be that the subject, taken to be the condition for and instrument of agency, is at the same time the effect of subordination, understood as the deprivation of agency? If subordination is the condition of possibility for agency, how might agency be thought in opposition to the forces of subordination? «The subject» is sometimes bandied about as if it were interchangeable with «the person» or «the individual». The genealogy of the subject as a critical category, however, suggests that the subject, rather than be identified strictly with the individual, ought to be designated as a linguistic category, a placeholder, a structure in formation. Individuals come to occupy the site of the subject (the subject simultaneously emerges as a «site»), and they enjoy intelligibility only to the extent that they are, as it were, first established in language. The subject is the linguistic occasion for the individual to achieve and reproduce intelligibility, the linguistic condition of its existence and agency. No individual becomes a subject without first becoming subjected or undergoing «subjectivation»34. 42 Esdevenir subjecte és, per tant, ser subjecte de i estar subjecte a, i a la llum de tot això és prou bonica la imatge final, ja al subcapítol 32, quan en Joaquim es mira l’avió on va la Dolores des de terra, admetent ja la seva derrota, i se’ns diu que: Ella ha guanyat. I l’ha deixat enrere, com un tovalló tacat de rouge després de fer-lo servir en un gran àpat. Inservible ja, llençat i abandonat, brut i arrugat 35. 43 Els discursos dels altres poden ser alienants: poden abocar-nos al caire de la inintel·ligibilitat i deixar-nos inservibles, bruts i arrugats. Paradoxalment, però, i defugint tota mena d’essencialismes, el propi cos i el seu despullament inherent no garanteixen el retrobament amb un mateix —probablement perquè la trobada amb un mateix també passa, inevitablement, per l’altre. És per això que els cossos nus i els llocs on paradigmàticament aquests cossos tenen lloc —això és: els banys, les dutxes, les banyeres— també són cossos i llocs potencialment amenaçadors, tal com podem veure en alguns passatges del llibre. Per exemple, al començament mateix de la novel·la, just quan la Dorothy es dutxa, se’ns diu que «Tot feia olor de nou, com el seu cos després de banyat en una banyera que li va semblar lasciva36». 44 És rellevant, també, la imatge que ja hem comentat més amunt del pare que un dia veu la filla sortint de la dutxa i, a partir d’aquell moment, comença a tractar-la com una igual. Així mateix, en Joaquim —que al llarg de la novel·la se’ns presenta com un subjecte atacat per una consciència cada cop més fonda del pas inevitable del temps— també pateix aquesta presència amenaçadora del propi cos, que es vehicula amb la imatge de banyeres sensuals però alhora intimidatòries. Per exemple: En Quim és tancat al bany. S’acaba de banyar. Ara està embolicat en un barnús blau fosc i acaba de tallar-se les ungles dels peus, assegut a la vora de la banyera —una banyera rodona, de pedra fosca sensualment lliscadissa 37. 45 Tornant a la Dolores, i just després de tenir relacions sexuals per primer cop amb en Serafí: Ella se sent estranya. Sent el seu propi cos aliè. Però riu les facècies del xicot. Sola, al bany, es palpa els pits, les cuixes, el sexe humit, sense acabar de creure que és ella mateixa38. 46 Aquesta imatge de la despossessió i de l’exili viscut des de la intimitat del propi cos és molt potent, i recorda força la vivència del cos malalt que, uns anys més tard, farà Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
107 Maria-Mercè Marçal en el seu poemari pòstum Raó del cos, en el qual relata l’experiència de la malaltia. Una experiència de la malaltia que també descriu al seu dietari pòstum, publicat l’any 2014 amb el títol El senyal de la pèrdua, i en el qual hi podem llegir el següent: Cos meu, esdevingut de sobte camp de mines. Amb impudícia i aséptica precisió, perforant amb raigs implacables la intimitat misteriosa i sagrada de les vísceres ets apamat, explorat mil·límetre a mil·límetre39. Domesticació 47 L’individu subjecte a anàlisi i a exploració, en l’obra que ens ocupa, serà paradigmàticament la Dorothy Gardner/ Dolores Mendoza. A continuació, doncs, analitzarem la manera com els personatges masculins miren «la salvatge» amb l’objectiu d’entendre els mecanismes amb què l’ordre masculí s’imposa a la novel·la. Al principi mateix del llibre, i com ja hem vist més amunt, destaca el fet que el primer cop d’ull que fem sobre «la salvatge» és a través de la mirada de la Victòria però, sobretot, a través d’un espiell. Recordem, doncs, la primera descripció que se’ns fa de la Dorothy: Una gitana, segur. Malgrat les pigues, i els ulls blaus espantats, i les pestanyes quasi transparents de tant rosses. Una gitana. I per tant, enredaire, i per tant, pidolaire. I no havia de fer res a la porta d’una casa de senyors. Res més que gemegar i pidolar i demanar i molestar. Victòria, la minyona, mirant per l’espiell, havia decidit de no obrir la porta40. 48 Certament, un espiell no és un instrument de mesura gaire impositiu, però sí que és un instrument força intimidatori. En tot cas, és rellevant que la primera descripció que tenim de la protagonista de la nostra història sigui a través d’un instrument determinat perquè, d’alguna manera, això serveix per avisar-nos que el que construeix i desconstrueix els subjectes no només són les pràctiques i els discursos en relació amb els quals som i estem subjectes, sinó també la mirada que els altres ens imposen: una mirada que, si és prou respectuosa, salvaguardarà les diferències essencials del subjecte —cosa que el preservarà en tant que subjecte—, però que si no ho és i imposa els seus propis límits, o certes expectatives heretades, pot arribar a cancel·lar els trets diferenciadors del subjecte, anul·lar-ne les particularitats i, en darrer terme, acabar objectualitzant-lo. 49 Això és, justament, el que ens explica el mite de Pigmalió i el que, en bona mesura, en Joaquim Simon farà amb la Dolores, i la manera com en Joaquim imposa la seva mirada sobre la noia queda molt ben explicada en el següent fragment, també al principi del llibre, tot just quan la Dorothy acaba d’arribar a casa d’en Joaquim i la Victòria, i li donen una mica de menjar: El menjar era tan bo, tan bo, tan bo! Fins que arribà a les galetes i les mossegà amb golafreria, la panxa plena, no alçà la vista. Va sentir un breu estremiment, perquè Joaquim, mirant-la, semblava un professor que examina una granota esquarterada Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
108 al laboratori de biologia. La noia va sentir aleshores un temor diferent de totes els altres, un temor nou, un que creix de dins a fora, i fa bombolles al cervell, com si bullís, i que et deixa perdut en un passadís d’una casa perduda en un país perdut 41. 50 Efectivament, Joaquim Simon examina, mesura amb la mirada la que serà la seva creació. Com ja he dit, en Joaquim fins i tot observa la Dolores quan dorm —i, per tant, quan el seu objecte d’estudi es troba en una situació d’indefensió absoluta, incapaç de tornar-li la mirada. En aquest sentit, és molt significativa una cosa que passa l’endemà mateix del primer dia que en Joaquim es masturba mentre veu dormir la Dolores. Ell i la Dolores dinen, i per postres la Victòria els treu unes rodanxes de kiwi amb sucre banyats amb vi de missa. La Dolores es mira les rodanxes i diu: —Semblen ulls, oi, Quim? Ulls que em miren... Joaquim mira aquells talls prims, gairebé fràgils, i no sap veure ulls. Veu un delicat contorn de puntetes negres, ovalat, envoltat de verd. El centre és blanc. Ell hi veu el forat de la vida. I pensa salvatgement en el plaer que ha sentit tot sol, mirant la noia adormida, i mossega la fruita amb avidesa42. 51 Tot seguit, quan la Dolores visita per primer cop el ginecòleg, trobem un altre clar exemple de violència escòpica —marcada, aquest cop, per un fort component de gènere: A la consulta, hi havia el metge i la infermera, i quan la Dolores estava despullada i anava a estirar-se en aquell llit que té dos garfis, com dues forques, on encabir les cames, ha entrat un jove. —És el meu fill— ha dit el metge, i li ha deixat mirar l’interior moradenc de la Dolores. És un noi com ella, i l’ha examinada amb la seva femenina nuesa tot ell encongit de vergonya i la Dolores s’ha sentit morir, i hauria volgut tancar les cames. El pare ha encès un llum i li ha ensenyat al fill tots els seus secrets, com un insecte que no val res per si mateix43. 52 Els homes miren i les dones són mirades: els homes miren, imposen el seu règim escòpic sobre la realitat i, tal com deia Maria-Mercè Marçal a «Meditacions sobre la fúria», després disfressen el seu discurs parcial i situat de neutralitat «darrere l’omnisciència i la pretesa objectivitat que permet la gratificant perspectiva de Déu 44». Val a dir, però, que els personatges masculins que trobem a La salvatge no sempre assumeixen els seus rols de gènere amb comoditat. En aquest mateix fragment, per exemple, podem veure com el fill del ginecòleg, en Jacint Escrivà —que després festejarà la Dolores—, d’entrada també se sent cohibit davant del cos nu i exposat de la noia. Així mateix, en Ramon, amic de la Dolores, protagonitza al principi del llibre una escena prou esclaridora. Després que la noia li demani si encara conserva un amulet que li havia regalat: En Ramon va fer que sí amb el cap i es va sentir enrabiat de tornar-se a envermellir. Foc a les galtes, galtes sense pèl quan un ja és un home. Pèl. Ser adult. Has de ser rude. Alt, fort i desvergonyit. I cobert de pèl. Són les lleis 45. 53 Com veiem, i semblantment a la consigna d’en Joaquim —recordem-la: «et vull maca, et vull culta i et vull forta. I recta com un fus46»—, els homes també tenen unes lleis que han de seguir; unes lleis que a La salvatge venen clarament determinades per una heteronorma basada en la lògica de l’intercanvi —que és, de fet, la lògica del deute i la lògica, al capdavall, de la capitalització de la vida. Recordem, doncs, que la trama de la novel·la comença amb un deute doble: d’una banda el deute que té Jack Thurber amb el pare de la Dorothy, en Michael Gardner, no només en la mesura que tots dos pertanyen a la mateixa lògia sinó, també, en la mesura que Thurber té una culpa pendent d’expiar en tant que violador de la Dorothy. Així mateix, el deure de fraternitat maçònica també Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
109 uneix en Thurber i en Joaquim Simon, i enmig de tot aquest entramat de culpes i de deutes —si és que la culpa i el deute no eren la mateixa cosa— la Dorothy Gardner/ Dolores Mendoza és, només, un bé de consum. Un bé violable, assetjable i mutilable que els homes s’intercanvien els uns als altres, fins i tot a escala transatlàntica, i en el seu joc constant d’espoli i de mercantilització de tots i cadascun dels aspectes de les nostres vides. 54 La domesticació de la Dorothy, llavors, també passaria per aquí: per un intent de capitalització, de modelització del cos vivent de la noia en tant que ens valoritzable; del cos vivent com a moneda de canvi. Un cos, malgrat tot, resilient i que, curiosament, potser sent amb més força l’embat d’aquest procés capitalista de domesticació de la vida davant d’un fet aparentment innocu, però molt feridor, que té lloc al subcapítol 24, quan en Ramon diu a la Dolores de quedar perquè ha d’explicar-li una cosa. Cal tenir en compte, primer de tot, que en Ramon ha estat, fins ara, l’únic personatge masculí que no ha tingut una actitud depredadora amb la Dolores: recordem que ell és l’únic que no la festeja i, per tant, l’únic que no entra dintre de la lògica de l’intercanvi heterosexual —que, de fet, és la lògica de l’amor romàntic. En Ramon, així, és l’únic home a la vida de la Dolores que per ara s’ha mantingut dintre dels termes sagrats del do nointercanviable de l’amistat, i és per això que quan al subcapítol 24 del llibre demana a la Dolores de quedar per parlar, la noia, per primer cop, se sent atreta per en Ramon i se sent, també, amb prou forces i amb prou confiança per explicar-li totes les coses que li ha fet en Joaquim. 55 Resulta, però, que el que en Ramon vol explicar-li és que té parella, i resulta, a més, que la reacció que en Ramon té davant de les acusacions que fa la Dolores contra en Joaquim és molt negativa: no se la creu i, a més, li diu que no està bé que malparli d’un home tan generós com en Joaquim. Aquí és quan descobrim que, gràcies a en Joaquim, en Ramon ha aconseguit mantenir la feina que té a la fàbrica, i és per això que en Ramon acaba dient a la Dolores: «Escolta, Dolores, el teu pare és un paio molt legal. I jo estic en deute amb ell47». 56 I és que l’engranatge dels processos de domesticació i de capitalització de la vida és imparable, i davant d’aquest codi hegemònic, i com deia Maria-Mercè Marçal, només hi ha «dos camins: el silenci o el so inarticulat, l’esgarip, el xiscle 48». Conclusions 57 M’agradaria acabar amb una petita reflexió sobre la novel·la a nivell narratològic, i m’agradaria fer-ho en relació amb una pregunta que es fa Maria-Mercè Marçal a l’article ja citat. Davant de la paradoxal ambivalència de les erínies, Marçal es demana: pot arribar a ser creativa, la fúria de les dones? O millor: enfrontar la pròpia Fúria — la boja dalt les golfes o al soterrani—, intentar donar-li un camí formal a través de l’escriptura, no pot representar un dels camins fructífers per a la creació literària 49? 58 La pregunta és molt encertada, perquè planteja la necessitat de trobar un camí formal per al crit inarticulat de les fúries que no passi, però, per l’acceptació dels codis hegemònics. Per qüestions d’espai no aprofundiré gaire en els referents de La salvatge; sembla evident, en tot cas, que a banda del mite de Pigmalió caldria parlar de Lolita, de Vladímir Navokov (1955). Segons com, la patologització de l’histerisme també ens podria recordar el personatge de Bertha Mason, de la novel·la de Charlotte Brönte Jane Eyre (1847) —personatge a qui Maria-Mercè Marçal fa referència al fragment tot just Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
110 citat quan parla de la «boja dalt les golfes». També em sembla, però, que un referent important de La salvatge és La plaça del diamant (1962): en primer lloc, perquè en aquesta novel·la de Mercè Rodoreda també trobem un personatge exiliat de si mateix i desposseït del seu propi nom a mans d’un home —recordem la Natàlia, que passa a ser la Colometa a mans del seu primer marit, que casualment es diu Quim, o Quimet (igual que Joaquim, o Quim Simon). No queda clar, però, que la Natàlia de La plaça de diamant sigui capaç de recuperar-se del seu particular procés d’exili. Representacionalment, almenys, sembla evident que no ho aconsegueix, que la Natàlia no troba un camí formal per articular la seva fúria —i és en aquest sentit, potser, que caldria llegir el crit final que fa la protagonista de La plaça del diamant. 59 Mercè Rodoreda, però, sí que va trobar una fórmula revolucionària per articular aquesta fúria: em refereixo a la tècnica de l’escriptura parlada, tècnica que també podem trobar aquí i allà de la novel·la d’Isabel-Clara Simó. Són abundants, doncs, les onomatopeies i les interjeccions del tipus ves i veges, i també les locucions, sobretot en veu de la Victòria. Per exemple: «Els dominis s’han de preservar, si no, les invasions de l’“altre” serien definitives, i això ni és vida ni és res, marededéujesús quina paciència em toca tenir tot el sant dia50». L’estil directe lliure també és un recurs molt emprat a La salvatge, i resulta especialment efectiu quan, molt breument i de manera onírica, se’ns descriu l’escena en què Jack Thurber va abusar de la Dorothy: «Aquella nit, la Dolores va somiar que en Thurber li deia entra noia, entra per aquesta porta, que et pagaré la nevera que has trobat a l’abocador51». També destaca la trucada telefònica en la qual la Dolores ho explica tot a en Jacint: per l’omissió dels signes de puntuació, pel recurs al polisíndeton i pel prelingüisme latent en la no-separació de paraules: Van matar el pare allà al Moon i jo em vaig escapar un vell fastigós em va ajudar perquè era company o no sé què del pare i vaig arribar aquí perquè aquell vell era amic d’en Quim i ell va voler criar-me i em va adoptar i ara em tortura i m’ha lligat i em tanca amb clau i va matar el meu gos el Vulgar que jo estimava tant i està boig perdut i ara estic tancada i necessito ajuda i hedefugircomsiguiperquèellnoemtrobiinopuguitornarafermeelque52... 60 Amb tot, La salvatge, d’Isabel-Clara Simó, és un llibre que permet fer una reflexió sobre la salvatgia no només en termes de gènere, sinó també pel que fa a la forma —i, per tant, a un nivell estrictament literari. El recurs a tècniques diverses com ara el collage (que trobem, ja ho hem vist, al subcapítol 16 i al 31) cal llegir-lo en aquesta clau, i també cal fer-ho en relació amb recursos com ara l’explicitació d’elements estructurals i la proliferació dels epígrafs —cosa que, en darrer terme, ens serveix per difuminar les fronteres entre text i paratext—, i la proliferació del monòleg interior —la presència del qual ve reforçada tipogràficament per l’aparició, arreu de la novel·la, de parèntesis sagnats que inclouen pensaments fragmentaris dels personatges. 61 La focalització interna múltiple també és un recurs furiós, desestabilitzador dels discursos hegemònics en la mesura que ens obliga a valorar dos o més relats possibles davant d’un mateix fet —i això es fa evident, per exemple, als dos darrers subcapítols del llibre, en què se’ns alterna l’experiència o mirada de Joaquim amb l’experiència de la Dorothy davant de la seva fugida. Tot plegat, doncs, amb la voluntat de multiplicar els relats, de fer créixer la polifonia i de desestabilitzar al màxim la unicitat de les mirades monolítiques per tal de posar en evidència que, efectivament, sí que és creativa, la fúria de les dones. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
111 BIBLIOGRAPHIE ALBEROLA, Miquel. «La teràpia no és literatura». El Temps, 508 (1994), p. 36-39. BUTLER, Judith. The Psychic Life of Power. Theories in Subjection. California: Stanford University Press, 1997. CÒNSUL, Isidor. «Isabel-Clara Simó. La salvatge». Serra d’Or, 412 (1994), p. 39. GIMFERRER, Pere. «Isabel-Clara Simó. La salvatge». Catalan Writing, 12 (1994), p. 70-71. MARCH, Ausiàs. Poesies, a cura de Pere Bohigas. Barcelona: Editorial Barcino, 2005. MARÇAL, Maria-Mercè. El senyal de la pèrdua. Escrits inèdits dels últims anys. Barcelona: Editorial Empúries, 2014. MARÇAL, Maria-Mercè. Sota el signe del drac. Proses crítiques (1985-1997). Barcelona: Editorial Comanegra, 2020. ROIG, Montserrat. Digues que m’estimes encara que sigui mentida. Barcelona: Edicions 62/Proa, 1991. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Elegia de Dolores Mendoza. Barcelona: Columna, 1994. TORRAS, Meri. «Montserrat Roig i les veus que no se senten». Serra d’or, 410 (1994), p. 58-61. NOTES 1. ALBEROLA, Miquel. «La teràpia no és literatura». El Temps, 508 (1994), p. 38. 2. GIMFERRER, Pere. «Isabel-Clara Simó. La salvatge». Catalan Writing, 12 (1994), p. 71. 3. CÒNSUL, Isidor. «Isabel-Clara Simó. La salvatge». Serra d’Or, 412 (1994), p. 39. 4. ALBEROLA, Miquel. Art. cit., p. 36. 5. ALBEROLA, Miquel. Art. cit., p. 36. 6. CÒNSUL, Isidor. Art. cit., p. 39. 7. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Elegia de Dolores Mendoza. Barcelona: Columna (1994), p. 24. 8. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 31. 9. Ibid., p. 59. 10. ALBEROLA, Miquel. Art. cit., p. 36. 11. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 11. 12. Ibid., p. 212-213. 13. Ibid., p. 167-168. 14. Ibid., p. 219. 15. MARÇAL, Maria-Mercè. Sota el signe del drac. Proses crítiques (1985-1997). Barcelona: Editorial Comanegra, 2020. 16. MARÇAL, Maria-Mercè. Sota el signe del drac. Op. cit., p. 174. 17. Recordem, aquí, les «dents de tauró, com punxes terrorífiques» ( SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 204) de la Dolores. 18. MARÇAL, Maria-Mercè. Sota el signe del drac. Op. cit., p. 171-172. 19. Ibid., p. 171. 20. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 190-191. 21. Ibid., p. 209. 22. MARCH, Ausiàs. Poesies, a cura de Pere Bohigas. Barcelona: Editorial Barcino, 2005, p. 98. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
112 23. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 46-47. 24. Ibid., p. 64. 25. Ibid., p. 81. 26. ROIG, Montserrat. Digues que m’estimes encara que sigui mentida. Barcelona: Edicions 62/Proa, 1991, p. 11-12. 27. TORRAS, Meri. «Montserrat Roig i les veus que no se senten». Serra d’or, 410 (1994), p. 60. 28. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 11. 29. Ibid., p. 52. 30. Ibid., p. 83. 31. Ibid., p. 41. 32. Ibid., p. 122. 33. Ibid., p. 170. 34. BUTLER, Judith. The Psychic Life of Power. Theories in Subjection. California: Stanford University Press, 1997, p. 10-11. 35. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 216. 36. Ibid., p. 19. 37. Ibid., p. 61. 38. Ibid., p. 137. 39. MARÇAL, Maria-Mercè. El senyal de la pèrdua. Escrits inèdits dels últims anys. Barcelona: Editorial Empúries, 2014, p. 49. 40. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 11. 41. Ibid., p. 18. 42. Ibid., p. 80. 43. Ibid., p. 81. 44. MARÇAL, Maria-Mercè. Sota el signe del drac. Op. cit., p. 174. 45. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 67-68. 46. Ibid., p. 31. 47. Ibid., p. 164. 48. MARÇAL, Maria-Mercè. Sota el signe del drac. Op. cit., p. 171. 49. Ibid., p. 180-181. 50. SIMÓ, Isabel-Clara. La salvatge. Op. cit., p. 70. 51. Ibid., p. 66. 52. Ibid., p. 190. RÉSUMÉS Aquest article proposa una lectura de La salvatge. Elegia de Dolores Mendoza (1994), d’Isabel-Clara Simó, i analitza dos conceptes clau de la novel·la: d'una banda, el salvatgisme, que relega els personatges femenins als marges reals i figuratius del discurs, al llarg del relat; de l’altra, la domesticació o la imposició de l’ordre masculí mitjançant el control, la vigilància i la lògica de l'intercanvi. L'estudi desenvolupa aquests dos tòpics a partir de l’anàlisi dels personatges, però també de les fonts poètiques i narratològiques més destacades, amb el marc teòric de MariaMercè Marçal, Montserrat Roig i Judith Butler. Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022
113 Cet article propose une lecture de La salvatge. Elegia de Dolores Mendoza (1994), d’Isabel-Clara Simó, et analyse deux concepts clefs du roman : d’un côté la sauvagerie, qui figure les personnages féminins exilés dans les marges réelles et figurées du discours, tout le long du récit ; de l’autre la domestication ou l’imposition de l’ordre masculin par le contrôle, la surveillance et la logique de l’échange. L’étude développe ces deux topoï à partir de l’analyse des personnages, mais aussi des ressorts poétiques et narratologiques les plus saillants, le tout sous l’égide théorique de MariaMercè Marçal, Montserrat Roig et Judith Butler. This article proposes a reading of La salvatge. Elegia de Dolores Mendoza (1994), by Isabel-Clara Simó, following two key concepts of the novel: on the one hand, that of savagery, understood as a representational exile that relegates the female characters of the story to the margins of discourse, both literally and figuratively. On the other hand, that of domestication, or imposition of the masculine order through the use of control, surveillance, and the logic of exchange. The study develops these two topics from the analysis of the characters but also in light of some of the most outstanding poetic and narratological resources of the novel, all under the theoretical frame of authors such as Maria-Mercè Marçal, Montserrat Roig and Judith Butler. INDEX Mots-clés : littérature catalane, récit, autrices contemporaines, Isabel-Clara Simó, féminisme motsclesca literatura catalana, relat, autores contemporànies, Isabel-Clara Simó, feminisme Keywords : Catalan literature, narrative, contemporary authors, Isabel-Clara Simó, feminism AUTEUR MARIA SEVILLA PARIS Universitat de Barcelona msevilla@ub.edu Catalonia, 31 | Deuxième semestre 2022