Text
                    BYZANCE
ET LES SLAVES
Études de Civilisation
MÉLANGES
IVAN DUJCEV
ASSOCIATION DES AMIS DES ÉTUDES ARCHÉOLOGIQUES
DES MONDES BYZANTINO-SLAVES ET DU CHRISTIANISME O.&^NÇAJ
11 bis, rue Sextius-Michel 75015 PARIS

COMITÉ D’HONNEUR B. Lavagnini (Palerme) D. Lichacev (Leningrad) D. Obolensky (Oxford) f S. Radojcic (Belgrade) H. Rothe (Bonn) Responsable de l’édition S. Dufrenne (Paris)
TABULA GRATULATORIA Cette édition n’aurait pu être réalisée sans l’aide efficace de nombreux amis. Je citerai tout particulièrement Dominique Couson, mon assistante technique à l’EPHE, qui a consacré de longues heures de ses loisirs aux tâches multiples de secrétariat exigée par cette édition. Je ne saurais non plus oublier les collègues et amis divers qui m’ont aidée — selon le vœu de plusieurs auteurs — à revoir les textes ou à relire les épreuves et tout spé- cialement Mme, Mlle ou M. : M.-T. Canivet, J. Cazamian, S. Hemmerle, H. Laroche, D. Papachrysanthou, J. Paramelle, Ch. Walter. Je remer- cierai aussi chaleureusement MM. J. Bonamour et L. Kovacs qui ont aimablement accepté de résumer en français les articles rédigés en russe et en serbe. Notre reconnaissance va aussi aux souscripteurs divers qui ont rendu cette édition possible. Adrados Francisco R. (Madrid) Allen S. Jelisaveta (Washington) Bernard Roger (Paris) Bompaire Jacques (Paris) Bosch Ursula (Münster) Bouvier Bernard (Genève) Chaperon Andrée (Vaison-la-Romaine) Charanis Peter (New-Brunswick) Dagron Gilbert (Paris) Dumortier Jean (Chantilly) Follieri Enrica (Rome) Gouillard Jean (Paris) Graciotti Santé (Rome) Hemmerle Servane (Strasbourg) Hussey Joan (Engelsfield Green) Kaplan Hélène (Paris) Kriaras E. (Thessalonique) Labande Edmond-René (Poitiers) Laroche Henriette (Poitiers) Lavagnini Bruno (Palerme) Lavagnini Renata (Palerme) Lecaque Parick et Faith (Paris-Chicago) Lemerle Paul (Paris) Mares Frantisck V. (Vienne) Merendino Erasmo (Palerme) Mioni Elpidio (Padoue) Moffatt Ann (Canberra) Mornet Suzanne (Tours) Nazloglou Catherine (Nice) Obolensky Dimitri (Oxford) Pallas Demetrius (Athènes) Paramelle Joseph (Paris) Pennington Ann-E. (Oxford) Pollok K.H. (Passau) Prinzing Günter (Münster) Rapp Francis (Strasbourg) Revel Elisabeth (Jérusalem) Ries (Louvain-la-Neuve) Roques René (Paris) Rothe Hans (Bonn) de Santos Otero Aurelio (Bonn) Schiro Giuseppe (Rome) Schreiner Peter (Berlin) SENECHAL M.A. (Paris) Stenger Marie-Madeleine (Strasbourg) Stern Hélène (Toulouse) Stratos André N. (Athènes) Strunk Olivier (Rome-Princeton) Sevcenko Ihor (Harvard) Thouzellier Christine (Paris-Montpellier) Tsuji Sahoko (Tokyo) Violette Jean-Guy (Québec) Woltner Margarete (Bonn)
Vlll MÉLANGES IVAN DUJCEV Amsterdam, Bysantÿns-Nieungrieks Seminarium. Athènes, Ecole française d’archéologie d’Athènes, Bibliothèque. Berlin, Archâologisches Institut. Berlin, Byzantinisch-Neugriech. Seminar, Freie Universitât. Berlin, Slavisches Seminar. Berlin, Universitâtbibliothek. Bonn, Philologisches Seminar, Universitât. Bonn, Slavisches Seminar, Universitât. Bruxelles, Bibliothèque des Bollandistes. Caen, Bibliothèque de l’Université. Cambridge (Mass.), Harvard University. Chapel Hill, University of North Carolina. Chicago, University. Cincinnati, University. Concordia, University. Copenhague, Kongelige Bibliothek. Dijon, Université. Edimbourg University. Frankfort, Slavistisches Seminar der Universitât. Graz, Institut f. Slavistik, Universitât. Heidelberg, Slavistisches Institut, Universitât. Innsbrück, Institut f. Slavistik. loannina, Institut d’Histoire et de Philologie Byzantines. Istambul, Deutsches Archâologisches Institut. Leyde, Bibliothek der Rijksuniversiteit. Londres, Warburg Institute. Louvain, Bibliotheek Orientalistich K.U. Leuven. Louvain, Universiteitsbibliotheek K.U. Leuven Madrid, Instituto Antonio de Nebrija. Munich, Bayerische Staatsbibliothek. Munich, Institut f. Byzantinistik. Munich, Zentralinstitut f. Kunstgeschichte. Munster, Seminar f. Byzantinistik der Universitât. Naples, Istituto di Filologia Classica, Cattedra di filologia Bizant. New-Haven, Slavic and East European Collect., Yale University. Nicosie, Cyprus Research Centre. Padoue, Istituto Studi bizantini, Université. Palerme, Istituto di Siciliano di Studi Bizantini. Paris, Bibliothèque de l’institut Byzantin. Paris, Bibliothèque de la Sorbonne. Paris, Ecole Normale Supérieure. Paris, Institut d’Etudes Byzantines. Paris, Institut de Recherche d’Histoire des Textes. Paris, Institut des Langues Orientales, Bibliothèque. Paris, Université Panthéon-Sorbonne, Paris 1, Centre de Recherche d’Etudes byzantines. Paris, Université Paris-Sorbonne, Paris IV, UER de grec. Poitiers, Centre d’Etudes supérieures de Civilisation Médiévale.
TABULA GRATULATORIA IX Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana. Rome, Université des Lettres, Institut de Philologie slave. Rome, Istituto di Studi Bizantini e Neoellenici, Facoltà di lettere. Rome, Istituto Storico Germanico. Rome, Pontificio Istituto Orientale. Rouen, Université, bibliothèque. Seattle, University of Washington. Strasbourg, Bibliothèque nationale universitaire. Strasbourg, Université, Institut d’Histoire Médiévale. Thessalonique, Association Hellénique d’Etudes Slaves. Thessalonique, Société d’Etudes Macédoniennes. Toulouse, Bibliothèque interuniversitaire du Mirail. Tours, Université, Bibliothèque section Lettres. Trieste, Istituto di Studi Bizantini e Neollenici. University Park, The Pennsylvania State University. Utrecht, Bibliotheek der Rijksuniversiteit. Venise, Istituto Ellenico Studi. Vienne, Bibliothek des Institut f. Slavische Philologie. Vienne, Institut f. Byzantinistik. Washington, Dumbarton Oaks Research Library. Zurich, Zentral Bibliothek. ACADEMICUS INTERNATIONAL (Huntingdon). E.S. BURIONI (Genève) CARL F. CHRISPEELS (Bonn) DOKUMENTE VERLAG (Offenburg) BLANCHETEAU Aux Amateurs de Livres (Paris) CERCLE DE LA LIBRAIRIE (Paris) DORNBUSCH (Hamburg) HACHETTE International (Paris). Librairie TOUZOT (Paris). Librairie des 4 Chemins EDITART (Paris). Librairie LAUVERJAT (Douai). Librairie Orientale SAMUELIAN (Paris) Librairie des ARCADES (Paris) Librairie LIVREXPORT (Paris) Librairie de l’Université (Poitiers) RICCARDO ZANNONI & F°-Ldt (Padoue) STECHERT MacMillan Inc. (Paris) WASMUTH K.G. (Berlin)
UN HISTORIEN ENTRE LE MONDE SLAVE, L’OCCIDENT ET BYZANCE Suzy Dufrenne Après des études secondaires dans sa ville natale de Sofia, Ivan Dujcev se spécialise en histoire et suit les cours de l’Université de Sofia entre 1928 et 1932. Il subit alors l’influence du grand historien bulgare V.N. Zlatarski et du byzantiniste P. Mutafciev, comme aussi celle du professeur P.M. Bizilli, chargé, en ces années-là, de cours spéciaux, consacrés à l’histoire de l’Europe occidentale aux xive et xve siècles. Dès la seconde année de ses études universitaires, il publie un bref article sur l’histoire bulgare du Moyen âge. Il est alors pris sous la protection du prof. V.N. Zlatarski qui le pousse à abandonner l’archéologie classique et la linguistique slave, ses premières passions, et à consacrer toute son énergie à l’étude de l’histoire nationale médiévale et à l’histoire byzantine. Ce tournant détermine tout son avenir. Il part, à la fin de 1932, avec une bourse bulgare, pour Rome afin d’y continuer ses études et d’y entamer des recherches dans les Archives et dans la Bibliothèque du Vatican. Pendant son séjour à Rome, entre la fin de 1932 et le printemps de 1936, Ivan Dujcev a la chance de suivre les cours de quelques professeurs célèbres, comme celui qui devient alors son maître, S.G. Mercati, professeur d’histoire et de philologie byzantines, comme aussi N. Festa, V. Usani, etc. Avec une thèse sur l’histoire de la famille bulgaro-byzantine des Asenides, il obtient en 1935 le titre de docteur. Tout en travaillant assidûment aux Archives et à la Bibliothèque vati- canes, il suit le cours biennal de la « Scuola Vaticana di archivistica e paleografia» et, en 1934, est diplômé archiviste-paléographe. Son maître
Xll MÉLANGES IVAN DUjCEV en la matière est un spécialiste bien connu, le prof. Giulio Battelli. A l’Uni- versité et à l’institut pour l’Europe orientale, il suit les cours du prof. G. Zoras (alors immigré en Italie) qui l’initie au grec moderne ; il visitera d’ailleurs ultérieurement, et à plusieurs reprises, la Grèce, pour y étudier le grec vivant. Son séjour en Italie est, en raison de ses rapports avec les milieux scientifiques italiens, une période décisive et fructueuse pour sa formation d’historien et de philologue dans le domaine des études byzantines et de l’histoire de l’Occident. C’est alors qu’il se lie d’amitié et commence à collaborer avec certains spécialistes italiens, avant tout avec l’excellent connaisseur de la codicologie byzantine, scriptor à la Vaticane, Ciro Gian- nelli (1905-1959). C’est toujours pendant ces années de formation érudite que, grâce à ses recherches dans les Archives et dans les fonds de manuscrits de la Vaticane, il réunit un nombre considérable de documents et de textes, souvent encore inédits, d’importance particulière pour l’histoire de Byzance et des pays balkaniques du Moyen âge. Il découvre ainsi, en 1934, dans le cod. Vatic. gr, 2014, le récit anonyme de l’expédition de l’empereur Nicéphore Ier en Bulgarie, en juillet 811. Publiée par ses soins en 1937 et rééditée à Paris, dans une meilleure édition, en 1965, cette narration, au- jourd’hui connue sous le titre de «Chronique Dujcev», est considérée comme la source historique la plus précieuse des événements de 811. Grâce à des découvertes d’archives, au Vatican et dans d’autres villes italiennes, il s’occupe alors également de problèmes du xvne siècle et tout particulière- ment de l’histoire du catholicisme en Bulgarie et de l’activité dans les Balkans des commerçants de Dubrovnik (Raguse). Il publie ainsi, en 1935 à Rome et en 1937 à Sofia, deux livres, contenant quelques centaines de documents inédits d’archives remontant au xviie siècle, écrits par les com- merçants de Dubrovnik, comme des « avvisi » (« lettres d’information »), riches de renseignements sur l’état politique, militaire et économique de l’Empire Ottoman, à cette époque. Sur la base d’autres documents inédits, eux aussi découverts aux Archives du Vatican, dans le fonds peu exploité des « Processi informativi sulla nomina dei vescovi cattolici », Ivan Dujcev publie, en 1937 à Rome, dans la collection de l’Istituto Pontificio Orientale, un livre sur l’histoire du catholicisme en Bulgarie au xvne siècle. Dans la préface de ce livre, monseigneur Angelo Mercati, alors préfet des Archives du Vatican, le grand savant italien, second maître du jeune savant, à côté de son frère S.G. Mercati, écrit notamment : « Corne sia diligente e in- telligente cacciatore e raccoglitore di importanti documenti, corne ne sia accurato edi tore ed erudito illustratore ha agregiamente dimostrato il Dr. Dujcev, oltre che con vari articoli apparsi in questo e quel periodico,
INTRODUCTION XIII colla sua pubblicazione degli Avvisi de Ragusa..., che ha schiuso una fonte interessantissima di notizie sull’Impero turco nel secolo xvn. Ora l’amore patrio ha attirato la sua attenzione verso un’altra fruttuosa fonte storica esistente nell’Archivio Segreto Vaticano, ma fino ad ora poco conosciuta e non consultata corne meriterebbe, voglio dire i processi informativi, délia S. Congregazione Concistoriale e délia Dataria sui candidati aile sedi vescovili... ». C’est toujours en utilisant des documents découverts aux Archives du Vatican, qu’Ivan Dujcev édita, en 1939, à Sofia, une contribu- tion détaillée à l’histoire de l’archevêché catholique de Sofia au xvne siècle, en ajoutant en appendice un certain nombre de documents inédits. A partir de documents grecs et latins des Archives de Venise, il publie aussi, en 1937, une étude sur la juridiction qu’exerçait l’archevêché d’Ochrid sur certaines régions d’Italie. Privé pendant plusieurs années de toute possibilité d’effectuer des re- cherches d’archives, Ivan Dujcev se consacre désormais avant tout à l’étude du Moyen âge. Tout en plaçant au centre de ses intérêts l’histoire médiévale des Bulgares, il s’efforce de l’étudier sur un plan des plus larges, dans ses rapports avec l’Empire byzantin et avec l’Europe Occidentale. Par ailleurs les recherches historiques n’ont pas, pour lui, le but unique ou premier d’éclairer les événements politiques, mais elles se doivent d’élucider dans toute sa complexité, le processus historique : d’où l’intérêt qu’Ivan Dujcev porte aux problèmes de caractère linguistique, telle l’interprétation de noms et de termes d’origine byzantine, latine ou slave, d’où le soin qu’il porte aussi à l’édition et à l’interprétation des monuments de l’art médiéval, comme la Chronique de Manassès, conservée en une traduction médio- bulgare dans le Cod. Vatic. slave, II (de 1344/45), et le Psautier dit de Tomic, daté du début de la seconde moitié du xive siècle et conservé au département des manuscrits du Musée historique de Moscou, etc. C’est avec une pré- dilection toute spéciale qu’il étudie aussi plusieurs œuvres littéraires bulgares et slaves médiévales, dans leurs rapports avec la littérature byzantine. Préparant une vaste étude sur les rapports littéraires entre Byzance et les Slaves orthodoxes, tant à l’époque médiévale que dans les siècles postérieurs, il publie dans ce domaine toute une série de contributions. Grâce à ses recherches effectuées dans diverses bibliothèques, il a la chance de découvrir quelques textes jusqu’alors complètement ignorés. Tel, par exemple, un fragment grec de la Vie de l’hésychaste bulgare saint Romyle-Roman (xive siècle), composée par son élève Grégoire et jusqu’ici uniquement connue dans sa version moyen-bulgare. Ce fragment, conservé dans un manuscrit de la Vaticane (Cod. Urb. gr. 134, f. 258') est publié par Ivan Dujèev à Prague en 1938. En septembre de la même année, il séjourne
XIV MÉLANGES IVAN DUJCEV quelques semaines dans les bibliothèques du Mont Athos ; il y découvre, au monastère de St-Denys, le texte complet de la Vita Romyli en grec : promettant une édition intégrale de la Vie, selon les deux manuscrits trouvés à deux extrémités de l’Europe, il peut, en 1940, donner une brève annonce de sa seconde découverte. Les temps difficiles de la guerre et de l’après- guerre ne lui permettent pas de réaliser le projet : entre-temps, l’éminent bollandiste, le P. Fr. Halkin, découvre une nouvelle copie du texte grec et l’édite en 1961. Les séjours d’Ivan Dujcev au Mont Athos, en 1938 et en 1943, lui ont permis aussi de découvrir quelques autres textes grecs et slaves, conservés au monastère bulgare du Zographou, documents dont il prépare actuellement une édition critique pour la série « Acta Athoa » de Paris. Le slavisant italien A. Danti a écrit dernièrement : « Ivan Dujcev non abbisogna certo di una presentazione. Per l’anagrafe è citadino bulgaro, ma per il suo lavoro scientifico si puô a buon diritto considerare un IVelt- bewohner giacchè in oltre quarant’anni di intensa attività scientifica studiato negli archivi e nelle biblioteche di mezzo mondo, ha tenuto corsi, conferenze e lezioni e ha publicato libri e articoli in una quindicina di lingue... ». Car l’activité strictement érudite n’est qu’un aspect de l’œuvre d’Ivan Dujcev : l’enseignement, les contacts scientifiques humains, les œuvres de divulgation, parallèlement aux écrits de synthèse, sont un besoin de cette âme ouverte, généreuse et enthousiaste. Dès son retour en Bulgarie, en 1936, il est nommé assistant à l’Université de Sofia ; en 1939, il est chargé d’enseignement en histoire bulgare ; puis, en 1943, à la mort du prof. P. Mutafciev, il est élu titulaire de la chaire d’histoire de la Bulgarie, de Byzance et des peuples balkaniques. Cet enseignement universitaire est interrompu au début de 1945. En 1949, il entre à l’Académie bulgare des sciences, comme collaborateur en chef et professeur à l’institut d’histoire, et il y reste jusqu’en 1974. Parallèlement à son travail de recherches et de publication des sources historiques, il est, jusqu’en 1957, dans le cadre des cours spéciaux, chargé d’enseigner l’archivistique, la paléographie et la diplomatique. Il est actuellement président de la commission bulgare d’archéographie auprès du Comité de la culture. Depuis une vingtaine d’années, il a la possibilité d’entreprendre des voyages d’études à l’étranger et d’y enseigner dans divers centres universitaires, en Italie (Rome, Paterme, Bologne, Venise, Milan, Naples, Spolète, Padoue, Ravenne, Cosenza, Tarente...), en France (Paris, Poitiers, Strasbourg), en Allemagne (Münster, Bonn, Cologne, Munich), en URSS (Moscou, Leningrad, Kiev), en Angle- terre (Londres, Oxford, Cambridge), en Autriche (Vienne), en Pologne Varsovie, Lodz), en Tchécoslovaquie (Prague), en Yougoslavie (Belgrade),
INTRODUCTION XV en Grèce (Athènes), en Roumanie (Bucarest), en Espagne (Barcelone), à Chypre. A la suite d’un séjour de quelques mois, comme Visiting Professer, (fin 1969-début 1970) au Centre d’études byzantines de Dumbarton Oaks (Washington), il donne une série de cours dans quelques universités des USA (Boston, Los Angeles, Ann Arbor, Pittsburgh...) et du Canada (Montréal). La production érudite d’Ivan Dujcev compte environ une trentaine de livres et plus de 500 études, compte-rendus et recensions, non compris les quelques centaines d’articles de vulgarisation en bulgare, en français, en italien, etc. En dehors de ces publications, il participe comme rédacteur à quelques éditions internationales bien connues : « Historical Abstracts » (American Bibliographical, California, USA), « Byzantine Studies » (Uni- versité de Pittsburgh, USA), « Balcanica » (Belgrade), etc. Il est collaborateur régulier des principales revues d’études byzantines : « Byzantinoslavica » (Prague : depuis 1937), «Byzantion» (Bruxelles : depuis 1935), « Byzan- tinische Zeitschrift» (Munich : depuis 1941, pour la partie bibliographique, avec plusieurs milliers de notices bibliographiques sur les publications russes, bulgares, etc. et plusieurs recensions : l’ampleur de cette participation fut tout spécialement relevée par l’éminent byzantiniste, Fr. Dôlger, quand, en 1963, quittant la rédaction de cette revue, il remercia chaleureusement les collaborateurs de la partie bibliographique, « insbesonders Herrn I. Dujcev»). Depuis le XIIIe Congrès international des études byzantines (Oxford, septembre 1966), il fait partie de la «Commission internationale pour l’édition des sources de l’histoire de Byzance» (composée de cinq membres). Il fait également partie du « Collegium directorium centrale » du « Repertorium fontium historiae medii aevi », édité à Rome par l’« Isti- tuto Storico Italiano per il medio evo ». En 1967, Ivan Dujcev est élu «membre étranger» de l’Académie de Palerme, en 1975, de celle de Naples et de l’institut d’études byzantines et néo-helléniques de Palerme ; en 1976, il devient membre de la « British Academy» ; en 1978, il entre à l’Académie de Spolète. En 1977, il est reçu docteur honoris causa de l’Université de Bonn. Le gouvernement bulgare lui attribue, en 1971, le titre honorifique de « Cultur benemeritus scientiae » et, en 1976, le plus haut titre honorifique pour son travail érudit, « naroden dejatel» dans le secteur des sciences. En 1974, il reçoit à Vienne le «Prix Herder» pour son activité dans le domaine des recherches historiques. Sans chercher à établir un bilan des principaux aspects d’une production qui s’étend des plus hautes époques du passé bulgare jusqu’à la période ottomane et qui déborde largement le cadre national pour s’élargir aux contacts avec Byzance et avec le reste du monde (de la Perse à l’Europe
XVI MÉLANGES IVAN DUJCEV tout entière) et pour éclairer maints problèmes qui concernent la seule histoire de Byzance, il faut tenter d’entrevoir la force qui anime une vie totalement dédiée à l’histoire médiévale : il ne s’agit en rien d’une forme d’évasion, d’un rêve romantique projeté vers le passé, il s’agit avant tout d’un effort pour connaître la vérité historique au service des plus nobles idéals humains. En recevant, le 3 mai 1974, le Prix Herder, dans la Grande Salle de l’Académie autrichienne, Ivan Dujcev a formulé son credo de savant : « Jeder, der auf dem Kulturgebiet als Wissenschaftler, als Dichter, oder als Künstler tâtig ist, muss also seine hôchste Lebensaufgabe darin sehen, Brücken des Friedens und des gegenseitigen Einvernehmens zwischen den Menschen spannen und dadurch zur Verwirklichung dieses ewigen Traumes der Menschheit beizutragen. Nur auf diese Weise kann der Kultur- schaffende seinen Teil der Verantwortung übernehmen, seinem Volke und der ganzen Menschheit von Nutzen sein und seiner heiligen Mission im Leben und Schaffen gerecht werden, zwischen den Menschen zu span- nen... ». Dans toute son activité érudite, le Prof. Ivan Dujcev cherche à atteindre ce haut idéal du savant. Pourtant il renonce souvent à la paix qu’exige cette vocation ; et ceux qui l’ont entrevu en ce haut-lieu de travail qu’est sa maison-bibliothèque, au pied de la Vitosa, savent combien le téléphone et la sonnette troublent ce travail studieux et comment à la chaleur de l’accueil d’Elena Dujceva répond le sourire tout à tour ironique et détendu du maître de maison. Toujours en effet et inlassablement, Ivan Dujcev répond aux besoins de ceux qui l’entourent, guide ceux qui se confient à son jugement, soutient les jeunes chercheurs, à Sofia, dans toute la Bulgarie et dans bien d’autres coins du monde ; et ce faisant il n’épargne jamais ni les critiques sévères, ni les encouragements efficaces, ni les éclairages fulgurants de pistes que lui-même dégage. Et ceci dans un don spontanément généreux qui fait percevoir l’authenticité et la valeur de témoignage de toute forme de gra- tuité. Ces Mélanges, qui rassemblent en une sorte d’échantillonnage quel- ques marques de la diversité de ses amitiés, amitiés de ses pairs, amitiés de jeunes savants conscients des dons reçus, se voudraient comme un écho reconnaissant venu de la profondeur de cette vie tout entière offerte à l’amour de la vérité.
SUITE DE LA BIBLIOGRAPHIE DES PUBLICATIONS DU PROFESSEUR IVAN DUJÙEV Pour les publications des années 1931-1976 v. Byzantion, t. XLVII (1977), pp. 5-41, aux soins d’Enrica Follieri (Hommage à I. Dujcev). 1976 528. Les diplômes bulgares médiévaux comme œuvres littéraires. — Folia Diplomatica, II (Brno 1976), 17-26. 529. Influences orientales et occidentales dans les Balkans aux xe-xne siècles. — Byzantine Studies II/2 (1975) (1976), 103-121. 530. (To the Editor, About the Note of F.C.M. Kitch, in Slavonie and East European Review 52, nr. 129, 1974, p. 635) : ibidem, p. 200. 531. Nravstvenata reforma na sveti Ivan Rilski. — Duchovna kultura, LVI, 10 (1976), 8-15. 532. K voprosu o jazyceskich zertvoprinosenijach v drevnej Rusi. — Kul- turnoe nasledie drevnej Rusi. Istoki stanovlenie tradicii. Moskva 1976, 31-34. 533. Rec. : P.A. Yannopoulos, La société profane dans l’Empire byzantin des viie, viiic et ixe s. Louvain 1975. — Revue d'histoire ecclésiastique, LXXI, 3-4 (1976), 457-460. 1977 534. Quelques traits spécifiques de la civilisation bulgare aux ixe-xe siècles. — Revue des études Sud-est-européennes, XV, fasc. I (1977), 63-73. -
xvm MÉLANGES IVAN DUJCEV 535. Die Polemik gegen die Astrologie bei Johannes Exarcha. — Anzeiger für slavische Philologie, 9 (Graz 1977), 49-57 ( = Gedankenschrift J. Matl). 536. Observations méthodologiques sur l’édition des Actes de l’Athos : Déchiffrement et transcription des anthroponymes, des toponymes et des termes slaves. In : Colloques internationaux du CNRS. Nr. 559. La paléographie grecque et byzantine (Paris 21-25 octobre 1974). Paris, 1977, 475-483. 537. Aaron. — Lexikon des Mittelalters, I (1977), col. 6. 358. Slavonie Manuscripts from the British Muséum and Library. In : Slavonie Manuscripts from the British Muséum and Library. London 1977-1978. Sofia (1977), 5-20. 539. Tradizioni etniche dei paesi slavi nel matrimonio nell’epoca alto- medioevale. — Settimane di studio del Centra Italiano di studi sulVAlto Medioevo. XXIV. Il matrimonio nella société altomedioevale. 22-28 aprile 1976. II. Spoleto 1977, 845-863; 866-867. 540. (A proposito del matrimonio del clero). — Ibidem, I (Spoleto 1977), 562-564. 541. Un trésor nous revient. — Obzor, 40 (1977), 88-90 ; = A Treasure back from the Past. — Obzor, 40 (1977), 88-90 ; = El retorno de un tesoro. — Obzor, 40 (1977), 86-89. 542. L’œuvre de Méthode d’Olympe ‘De libero arbitrio’ et les discussions entre orthodoxes et hérétiques. — Balcanica, VIII (1977), 115-127 (= Mélanges V. Êubrilovié). 543. De la fondation de l’Etat bulgare à la conquête ottomane. — In : I. Dujcev, V. Velkov, Jo. Mitev, L. Panayotov. Histoire de la Bulgarie des origines à nos jours. Ed. Horvath, Roanne 1977, 55-244. 544. Slavjanski rükopisi ot Britanskija muzej i biblioteka. — Slavjanski rükopisi ot Britanskija muzej i biblioteka, Sofia 1977, 3-22. Cf. n° 538. 545. Borilovijat Sinodik kato istoriceski i literaturen pametnik. — Biblio- tekar, 24, kn. 7-8 (1977), 26-31. 546. Napadenija e zaselvane na slavjanite na Balkanskija poluostrov. — Voenno-istoriceski sbornik, 46, kn. I (1977), 69-84. 547. Bùlgarskata rukopisna kniga ot x-xvm w. — Izkustvo, XXVII, 3 (1977), 30-33. 548. Nakazanieto na kradeca. Epizodi ot Kievo-pecerskija Paterik i
BIBLIOGRAPHIE XIX Èitieto na Ivan Rilski. — Zbornik Vladimir MoSin. Beograd 1977, 75-79. 549. Imennik na pürvobtilgarskite knjaze. — Recnik na bulgarskata lite- ratura, Il (1977), 102-103. 550. Joan Ekzarch. — Ibidem, 128-131. 551. Nadpisi starobulgarski. — Ibidem, 414-415. 552. Blasius Klainer i negovata ‘Istorija na Bülgarija’ ot 1761 godina. Introduction à : Istorija na Bülgarija ot Blasius Klainer stistavena v 1761 godina. Pod redakcijata na I. Dujëev i K. Telbizov. Sofia 1977, 5-21. Et aussi adjonction des notes explicatives au texte (pp. 163-184). 553. Chludovskaja Psaltyr v naucnoj literature. — In : M.V. Sôepkina, Miniatjury Chludovskoj Psaltyri. Greceskij illjustrovannyj kodeks IX veka. Moscou 1977, 7-26. 554. Mojat ziznen put. Otvetno slovo na jubilejnoto turzestvo na 3 oktomvri 1977 g. _ Vekove, VI, nr. 6 (1977), 87-90. 1978 555. (Introduction à) : A. Grabar, Bojanskata cïïrkva. L’église de Boïana. Deuxième édition. Sofia 1978, 4-15. 556. A propos du traité byzantino-bulgare de 814-815. — Studia in honorent V. Besevliev. Sofia 1978, 500-503. 557. Les rapports littéraires entre Byzance et les Slaves pendant le Haut Moyen Age. —Les cultures slaves et les Balkans. I. Sofia 1978, 229-238. 558. Alciocus. —Lexikon des Mittelalters, II (1978), col. 343. 559. Alexander, bulgarischer Fürst. — Ibidem, col. 369. 560. Alexis Slav. — Ibidem, col. 387-388. 561. Le rôle de l’Etat bulgare dans l’histoire des Slaves aux vii'-x' siècles. — Bulgarian Historical Review, VI, 2 (1978), 54-71. 562. Die historische Voraussetzungen fur die Entstehung des slavischen Schrifttums. In : Studien zu Literatur und Aufklarung in Osteuropas. Aus Anlass des VIII. Internationalen Slavistenkongresses in Zagreb. Giessen 1978, 19-28. 563. Roljata na cfirkvata za zapazvane na bulgarskata narodnost prez
XX MÉLANGES IVAN DUjëEV rannite vekove na osmanskoto vladicestvo. — Izvestija na Cùrkovnija istoriko-archiven institut, I (1978), 65-86. 564. Zacharij Zograf - licnosl i tvorcestvo. In : Marin Goleminov, Zografïït Zacharij. Opéra. — Sofia 1978, 5-6. 565. Vatikanski rùkopisi i dokumenti kato izvori za bùlgarskata istorija. In : Slavjanski rùkopisi, dokumenti i karti za bùlgarskata istorija ot Vatikanskata apostoliceska biblioteka i Sekretnija archiv na Vatikana (IX-XVII vek). Sofia 1978, 10-16, 146-147. — Cf. Narodna kultura, a. XXII, nr. 48 (1169), du I-XII-1978, p. 3. 566. Quelques notes sur les rapports historiques entre les Géorgiens et les Bulgares au Moyen âge. — Vizantinovedceskie etjudy. Tbilisi 1978 (Mélanges S.G. Kauchcichvili) 75-81. 567. Un remarquable monument de l’art médiéval bulgare. — Études balcaniques, XIV, 2 (1978) 149-151. — Rec. sur : L. Zivkova, Das Tetraevangeliar des Zaren Ivan Alexander. Recklinghausen 1977. 568. Drevnoeziceski misliteli i pisateli v starata bûlgarska zivopis (Antike heidnische Dichter und Denker in der alten bulgarischen Malerei). Sofia 1978, 182 (1), pp. 63-126 illustrations. 569. Istoriceskite predpostavki na Paleologovskija Renesans. — Izkustvo, XXVIII, 10 (1978) 8-15. 570. (Bonn als Zentrum der byzantinisch-slavischen Studien im 19. Jahr- hundert). — In : H. Rothe, I. Dujcev, Ansprachen aus Anlass der Promotion zum Doktor honoris causa von Prof. Ivan Dujcev. Bonn (1978), 12-23. Mit 1 Bildnis. 571. Lo studioso spoletino Carlo Bandini. A quarant’anni dalla sua scomparsa. — Spoletium, XIX. 22 (Dicembre 1977) (1978) 37-40. Avec 2 images. 572. Slavica dans les Acta Athoa. I. — Byzantino—bulgarica, V (1978) 289-296.
ABRÉVIATIONS UTILISÉES D O P = Dumbarton Oaks Papers BZ = Byzantinische Zeitschrift Viz. Vrem. = Vizantinijskij Vremennik Byz. = Byzantion Rev. Et. Byz. = Revue des Etudes byzantines
LES CROIX À CRYPTOGRAMMES, PEINTES DANS LES ÉGLISES SERRES DES XIIIe ET XIVe SIÈCLES Gordana B A Blé Sans prétendre mentionner toutes les croix peintes, décorées de crypto- grammes, conservées dans la peinture murale des églises serbes médiévales, nous avons essayé de présenter une liste d’exemples, restée malheureuse- ment imparfaite et incomplète, du fait que toutes les recherches ne sont pas encore faites. Malgré ces défauts, la liste peut démontrer la présence presque constante et le nombre considérable de croix à cryptogrammes dans la décoration murale des églises serbes peintes entre la fin du xine et la fin du xive siècles. Ensuite, cette liste fait remarquer une variété inattendue de cryptogrammes, aussi bien grecs que serbes. En plus, la liste fait observer la disposition de telles croix aux endroits déterminés dans les églises, ce qui suggère l’explication de leur signification. Mentionnées depuis longtemps dans les études des historiens des langues et des littératures médiévales grecques et slaves, de même que dans les études de certains historiens de l’art byzantin, ces croix à cryptogrammes n’ont pas souvent attiré l’attention des historiens de l’art médiéval serbe1. 1. A.I. Jacimirsku, Kistorii loznych molitv v juznoslavjanskojpis'mennosti, II. «Pochvala krestu» kak molitva i tolkovanija «krestnych slaves», «Izvêstija otdelenija russk. jazyka i slovesn. Imp. akad. nauk», XVIII, 3, S. Petersbourg 1913, 22-51; M. Michajlov, Pamjatniki russkoj vescevoj paleografii, S. Petersbourg 1913, 50-53, fig. 22; N. Bees, SupPoXi; eîç «rropiav tcôm povcov rœv Mete<!>pù>v, « BuÇav-riç », I, 1909, 578 ; K. ZeSiou, ’ETriypaçal xpioTiavixœv xpôvwv 'EXXâSoç, «BuÇavrlç», I, 1909, 132 ; A. Or-
2 MÉLANGES IVAN DUJCEV Et pourtant le thème n’est pas sans intérêt. L’étude de ce motif symbolique et traditionnel révèle quelques traits particuliers de la mentalité de l’homme médiéval, plus fortement reflétés dans l’art à certaines époques et moins visibles à d’autres. En hommage à l’œuvre scientifique du professeur Ivan Dujcev et à son effort pour aborder fréquemment des thèmes communs à la littérature et à l’histoire, ou à la littérature et à l’art, nous avons essayé de présenter ici des documents qui eux aussi appellent les commentaires de spécialistes divers. La croix peinte est un des plus anciens thèmes de l’art chrétien. Cependant, nous n’avons considéré que la croix dotée de cryptogrammes et conservée dans la décoration murale des églises fondées entre la fin du xme et la fin du XIVe siècles sur le territoire de l’Etat serbe médiéval et par les membres de la société féodale serbe. Le nombre de croix conservées et la diversité LANDOS, 'H àp’/iTEZTO'jixr, xal al puîaMTi'jal TOf/OYpa^lai -rfjç [xovîjç toü ©eoZoyou IIaT[J.oü, èv ’A&ïjvaiç 1970, 173-174, fig. 105 et 60; idem, Tà ^v^avrlva ptvqpieïa rîjç Kaa-roplaç, « ’Ap’/eïov tcôv fîupa'jTiMcÔM Mvqpteiùiv -rfjç 'EXXdSoç », IV, 1, 1938, 70 ; G. et M. Sotiriou, Eîxôveç -rfjç p.ovî)<; Sivâ, I-II, Athènes 1958, I 136-143 et II 121-123; A. Xyngopoulos, 01 Toixoypaçieç toü 'Ay. NixoXdiov ’Opçavoü GeaaaXovixïjç, Athènes 1964, 24, fig. 152-153 ; idem, Newrepai ëpeuvai elç tov "Aytov NixôXaov ’Opcpavàv OeaaaXovlxïjç, « MaxeSovixà » VI, 1964-1965, 93 ; C. Mango and E.J.W. Hawkins, The Hermitage of St. Neophytos and its Wall Paintings, « D.O.P. », 20, 1966, 162-163, fig. 58-59; G. Agnello, Le arti figurative nella Sicilia bizantina, Palermo 1962, 331, n. 1 ; N.I. Giannopoulos, Al TraXaial êxxX-qalai TpixxdtXwv (OeaaaXiaç ), «B.Z.», XXVII, 3-4, 1927, 350-364, 360; L. Mirkovic, Hilandarske starine, «Starinar», III ser. X-XI, 1935-1936, 83-94, fig. 2 ; G. Subotic, Pocecl monaskog zivota i crkva manastira Sre- tenja u Meteorima, « Zbornik za likovne umetnosti Matice srpske», 2, Novi Sad 1966, 172; plusieurs cryptogrammes conservés dans les monuments de l’Athos ont été relevés par : P. Uspenskij, Pervoe putesestvie v Afonskie monastyri, cast’ II, otd. II, Moscou 1880, 24-26, 180-181 ; G. Millet-J. Pargoire-L. Petit, Recueil des inscriptions chré- tiennes de l'Athos, I, Paris 1904, n” 212, n° 275, n° 393, n° 543. En étudiant les monuments byzantins et post-byzantins exécutés en divers matériaux les chercheurs ont remarqué également la présence des croix à cryptogrammes : F.I. Uspenskij, Artosnaja panagija, «Izvestija Russk. Arch. Inst, v K-lë», VIII, 3, Sofia 1903, 249-263 ; N. Pokrovsku, Evangelie v pamjatnikach ikonografii, S. Petersbourg 1892, 356 ; L. MiRKOvlé, Crkva Petkovica, « Glasnik, Sluzbeni list Pravoslavne Patrijarsije », Sremski Karlovci 1922, 153; A. Grabar, La peinture religieuse en Bulgarie, Paris 1928, 337-354, pl. LXIII, b. A. Frolow, La relique de la Vraie Croix, Paris 1961, n° 340; n° 574 ; n° 663 ; n° 771 ; n° 872 ; idem, Les reliquaires de la Vraie Croix, Paris 1965, fig. 41, fig. 48. Dernièrement Dj. Trifunovic a essayé de donner la bibliographie concernant ce sujet dans la littérature slave, Azbucnik, Belgrade 1974, 126-127. Voir aussi infra n. 18. Beaucoup de renseignements utiles au sujet des cryptogrammes sont réunis dans le Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, s.v. antimension, vol. LXX-LXXI, Paris 1926, col. 2325; s.v. pséphie, isopséphie, ibidem, col. 629; col. 631.
CROIX À CRYPTOGRAMMES 3 des cryptogrammes les accompagnant témoignent du rôle important que jouait ce motif dans la décoration des églises serbes de cette époque. Ces cryptogrammes sont en grande partie bien connus, par exemple : IC XC NIKA (’Ictouç XpiCTToç vtxa) ; IC XC YC OY (’Iooüç Xpicrràç ôtàç (tou) 0eoü) ; T K II T (Tottoç Kpavtou KapàSsiooç yéyovEv) ; O X O II (Oûç XpioToü <patvet itcimv) ; E E E E ('Eàévt; eupev èÀéouç epeiopia), etc. Cepen- dant, il y en a aussi qui sont plus rares et exigent un déchiffrement adé- quat, par exemple : E N B K, EE PP TT PP ou IG XG ,5,11 etc- De plus il existe des cryptogrammes correspondant à plusieurs maximes : la tradition littéraire a confirmé en effet l’existence des maximes variées qu’on peut déduire d’un cryptogramme (voir ci-dessous). Ainsi, dans la littérature grecque médiévale comme aussi dans la littérature ancienne des peuples slaves, ces cryptogrammes et les maximes qui en dérivent cons- tituent-ils un genre particulier. Ces maximes présentent souvent, on le sait, un effort poétique ; elles constituent donc, une forme particulière d’expres- sion littéraire. Pour l’homme médiéval déjà ces initiales de maximes sous-entendues comportaient une sorte de pouvoir magique, utile dans la lutte constante contre les forces diaboliques, contre tout mal. Souvent répétées en guise de protection, ces maximes sont finalement devenues des prières apocryphes2. En effet, l’homme du Moyen Age pour vaincre sa peur se protégeait soit par le signe de la croix, soit par des prières et des lettres magiques ; les cryptogrammes se sont ainsi multipliés et ont pénétré dans la littérature et dans l’art. Cela fut surtout évident dans les milieux monastiques. De nombreuses maximes connues en forme de cryptogrammes évoquent le pouvoir surnaturel de la croix, la découverte de la vraie croix, le mystère de la croix, ce symbole par excellence de la religion chrétienne dont l’ap- parition avait vaincu le démon ; ensuite, elles évoquent l’origine divine de Jésus Christ, la lumière surnaturelle offerte par le Christ ouvrant le chemin vers le paradis, le rôle de la Théotocos dans l’économie du salut, etc. Dans les églises serbes la forme de la croix peinte est partout identique : c’est la croix à double traverse. Souvent, mais pas obligatoirement, elle a le suppedaneum et les feuilles stylisées qui se dégagent du rinceau sorti de la base du montant planté dans un piédestal à gradins3. Les initiales de la 2 Jacimirskij, op. cit. (n. 1), 22-51. 3. Etude détaillée des croix décorées par J. Flemming, Kreuz und Pflanzenornament, «Byzantinoslavica» 30, Prague 1969, 88-115 (avec la bibliographie antérieure); sur la croix fleurie voir D. Talbot Rice, The Leaved Cross, «Byzantinoslavica» XI, 1950, 72-81 ; le postament est expliqué par K. Ericson, The Cross on Sfeps and the Silver Hexagram, «Jahrbuch der Ôsterr. Byz. Gesellschaft » 17, 1968, 149-164.
4 MÉLANGES IVAN DUJCEV maxime choisie ornent les champs supérieurs délimités par les bras de la croix ; cependant, lorsque plusieurs cryptogrammes sont attachés à une seule croix, les lettres se trouvent également dans les champs inférieurs autour du suppedaneum. De cette façon le vieux symbole chrétien, la croix fleurie, s’empara des lettres magiques et reçut un sens iconographique nouveau, plus complexe. La vraie signification iconographique de telles croix se dévoile lorsqu’on observe leur emplacement dans la décoration des églises. En Serbie, ces croix ornent les montants des portes et des fenêtres des églises, les entrées du sanctuaire, la table d’autel lorsqu’elle est maçonnée et peinte de fresques, les niches souvent creusées dans les murs du sanctuaire, les arcosolia qui abritent les tombes aménagées dans les églises. Le fait qu’on les trouve toujours à ces endroits précis découvre leur pouvoir prophylactique. Elles protègent les entrées des églises et plus particulièrement les entrées du sanctuaire ; elles protègent aussi les célébrants qui y officient et les défunts qui y sont enterrés. Ces croix à cryptogrammes ont remplacé les autres ornements purement décoratifs, qui occupaient les mêmes endroits dans les églises serbes avant la fin du xme siècle. Elles furent surtout au xive siècle régulièrement appliquées aux entrées des pièces les plus vulnérables et où l’on redoutait l’action des forces extérieures, impures. Il n’est point difficile de comprendre alors qu’un tel emplacement des croix à crypto- grammes fut choisi aussi par pure superstition. Par ailleurs il est intéressant de noter que l’Eglise serbe encouragea cette formule iconographique sur- tout au cours du xive siècle. A cette époque les iconographes cherchaient systématiquement des motifs et des personnages saints qui pouvaient protéger les entrées des églises. Les saints Constantin et Hélène, sainte Marina, les archanges, tous se groupent autour des portes occidentales des églises, de façon à empêcher la pénétration du mal dans l’édifice. Ce mal est personnifié par le diable noir et souvent ailé, Belzébuth, que sainte Marina tue. Cette scène est conservée, par exemple, dans l’église de Karan, immédiatement à côté de l’entrée occidentale du naos (fig. 1) : le personnage noir est bien identifié : AHlïEOAh . DK G . K>GTh . EPfirh . (le diable, qui est l’ennemi). La même scène est conservée à Ohrid, dans l’église des Saints-Constantin-et-Hélène4. Tout un programme iconogra- phique s’est développé à cette époque autour de la porte d’entrée, inspiré 4. G. SuBoné, Sveti Konstantin i Jelena u Ohridu, Belgrade 1971, 52-56. J. Lafontaine- Dosogne, Un thème iconographique peu connu. Marina assommant Belzébuth, « Byzantion » 32, 1962, 251-259.
CROIX À CRYPTOGRAMMES 5 par les légendes apocryphes et des croyances qui promettaient aux hommes la présence de gardiens puissants dans leurs églises. Les croix à crypto- grammes jouaient le même rôle que ces Saints. Dans les églises serbes on trouve le plus souvent la croix ornée d’un cryptogramme bien connu : IC XC NIKA. C’est la célèbre acclamation de victoire dont l’origine remonte à l’époque paléo-chrétienne5. A l’époque médiévale avancée cette acclamation fut introduite dans le texte de la messe où elle fait partie du rite de la proscomidie : le prêtre incise ces lettres dans la première parcelle préparée pour être consacrée6. Les fresques conservées dans les catacombes de Saint-Janvier à Naples (ixe s.)7 et beaucoup d’autres attestent que ce cryptogramme fut de bonne heure associé à la croix peinte, formant ainsi un symbole iconographique particulier. Au cours du Moyen Age son expansion fut considérable, spécialement dans la peinture byzantine. En Serbie on trouve le cryptogramme IC XC NIKA sur les croix peintes dans de nombreuses églises à partir de la fin du xm' siècle : Sopoéani, chapelle Sud, lunette de l’entrée du mur Nord (fin xm' s.) ; — chapelle Nord, lunette de l’entrée du mur Sud (xive s.) ; Arilje (1296), montant Ouest du passage entre le sanctuaire et laprothésis ; — montant Est du passage entre le sanctuaire et le diaconicon ; — lunette de la fenêtre du mur Sud du transept ; — fenêtre de l’abside centrale ; — montants des fenêtres de la travée Ouest (les cryptogrammes des croix peintes sont très endommagés). Peé, Sainte-Vierge-Odighitria (vers 1330-1334), arc surmontant le passage entre le sanctuaire et le diaconicon ; Gracanica (vers 1321), niche du mur Sud du naos ; Kuceviste, Saint-Sauveur (vers 1330-1337), entrée du diaconicon, montant Est ; — entrée du diaconicon, montant Ouest ; — diaconicon, mur Sud ; Karan, Bêla crkva (vers 1342), iconostase maçonnée : montant Sud du passage central vers le sanctuaire ; — iconostase maçonnée : sommet de l’arc du passage central ; — sanctuaire, niche du mur Sud ; 5. DACL LXX-LXXI, col. 661 ; col. 687 ; fasc. CXXXII-CXXXIII, col. 1269-1272. 6. 'lepartzov Ttepie^ov tïç ©eïaq Aeiroupyiaç, Athènes 1951, 95. 7. DACL III, 2, Paris 1914, col. 3184-3186.
6 MÉLANGES IVAN DUJCEV Decani (1335-1350), narthex, montant Est de l’entrée Sud ; — narthex, montant Ouest de l’entrée Sud ; — narthex, entrée principale (Ouest) ; — fenêtre de la prothésis, montant Nord ; Pec, Saints-Apôtres (vers 1375-1380) mur Est du transept Sud : le portrait de l’archevêque Sava Ier de Serbie dont l’omophorion est orné de croix à cryptogrammes (fig. 2) ; — exonarthex, mur Est : le portrait de l’archevêque Sava Ier de Serbie dont l’omophorion est orné de croix à crypto- grammes ; — exonarthex, la fenêtre du mur Ouest ; Sopocani (vers la fin du xive s.), passage entre la prothésis et le transept : sommet de la voûte ; Ohrid, Saints-Constantin-et-Hélène (vers la fin du xive et le xve s.), fenêtre de l’abside centrale : les deux montants ; — entrée Ouest de l’église, montant Nord ; — entrée Sud de l’église, montant Ouest ; — façade Sud de l’église (à côté de l’entrée Sud) ; Ohrid, Saint-Nicolas-de-l’Hôpital (la fin du xive s.), entrée Ouest, les deux montants ; Susica, Monastère de Marko (vers 1380-1382), autel maçonné : les crypto- grammes ornent les côtés : Est, Ouest, Nord et Sud. Un des cryptogrammes qu’on trouve souvent attaché à la croix peinte et qui se prête à des interprétations différentes est le suivant : E E E E : 'EXévv) eôpev èXéouç ëpetopix ; 'EXévy; èx ©eoü EÛpyjpia ÈSôûy; ; 'EXévtjç eûpy;p.a 'E[3pa[cov ëXey/oq ; 'EXÉvv) eôpev eupTjpia èv roXyoûa ; 'EXévy; eûpyjxev ëpetopia eùciepiaç ; 'Ecompopoq EKeoev eûpy|xap.ev ’ESép. ; Au cours du xive siècle ce cryptogramme ornait parfois la croix soutenue par les saints Constantin et Hélène. La légende ancienne attribuait à sainte Hélène la découverte de la Vraie Croix; ce cryptogramme évoquait donc le pouvoir mystérieux du bois, le mérite de l’impératrice et le rôle prophylac- tique des images rappelant cet événement8. 8. R. Ljubinkovic a remarqué la présence de ce cryptogramme sur la fresque de Donja Kamenica («Starinar», I, 1950, 58, si. 9) et a mentionné quelques autres exemples où il
CROIX À CRYPTOGRAMMES 7 En Serbie on le trouve dans plusieurs églises : Arilje (1296), fenêtre de l’abside centrale, montant Nord ; Staro Nagoricino (1318), entrée du narthex, montant Sud ; Gracanica (vers 1321), niche dans le mur Sud du naos ; Kuceviste, Saint-Sauveur (vers 1330-1337), mur Sud du diaconicon ; Sopoéani (vers la fin du xive s.), passage entre le transept Nord et la pro- thésis : sommet de la voûte ; Ohrid, Saints-Constantin-et-Hélène (vers la fin du xive s.), entrée Sud de l’église, montant Ouest. Un des anciens cryptogrammes qui devient de plus en plus fréquent dans l’art byzantin après le Xe siècle est le suivant : X X X X : XptctToç /ptoTtavotq /apt^erat /àptv ; XptctToç /àptv /aptÇet /ptcmavotç. En Serbie on le trouve moins fréquemment à l’époque considérée : Pec (xive s.), exonarthex, fenêtre du mur Ouest, montant Sud. Le cryptogramme suivant se prête à des déchiffrements différents : P P P P : 'Ptjtcoç pyjTopeç pTjTopeûoucn p^pta ; 'PyjTcop pTjTcpcov pTjTopeuei. prjptaTa ; 'Prjcretç pyjTopcov ptjTopeûoum pyjpiaTa ; Pappl püctat p(r)piaTa) paûupttaç9. Gracanica (vers 1321), niche dans le mur Sud du naos. Un autre cryptogramme ancien dont l’expansion fut assurée par la litur- gie est le suivant : O X O II : Owç Xptcrroü tpaivet Kacnv ; Arilje (1296), passage entre le transept et la prothésis, montant Est ; apparaît également attaché à la croix placée entre les figures des saints Constantin et Hélène ; actuellement, les fresques de Donja Kamenica sont considérées comme une œuvre du début du xive s., voir : L. Mavrodinova, Càrkvata v Dolna Kamenica, Sofia 1969, 14, fig. 38 ; D. Panayotova, Les portraits des donateurs de Dolna Kamenica, « Zbornik ra- dova Vizantoloskog instituta», 12, 1970, 143-156. L’exemple analogue de Berende est publié par E. Bakalova, Stenopisite na càrkvata pri selo Berende, Sofia 1976, 53-54, fig. 46. 9. Orlandos, op. cit., «ABME», IV, 1, 1938, 69-70; en décrivant les fresques des Taxiarches à Kastoria, l’auteur proposa les déchiffrements des cryptogrammes qu’il y a observés.
8 MÉLANGES IVAN DUJCEV — passage entre le transept et le diaconicon, montant Ouest ; Sopocani (vers la fin du xive s.), passage entre le transept et la prothésis, sommet de la voûte ; Staro Nagoricino (1318), entrée du narthex, montant Nord ; Graèanica (1321), naos, niche du mur Sud ; Lesnovo (1349), narthex, portrait de l’évêque Arsenije, dont l’omophorion est décoré de croix à cryptogrammes ; Pec, Saints-Apôtres (vers 1375-1380), mur Est du transept Sud : le portrait de l’archevêque Sava Ier de Serbie, dont l’omophorion est orné de croix à cryptogrammes ; — l’exonarthex (vers 1375-1380), mur Est, portrait de l’arche- vêque Sava Ier de Serbie, dont l’omophorion est orné de croix à cryptogrammes ; Ohrid, Saints-Constantin-et-Hélène (fin xive et XVe s.), entrée Sud de l’église ; — montant Ouest ; façade Sud de l’église (à côté de l’entrée). Les initiales O X O II évoquent la maxime qui était inscrite in extenso dès le VIe siècle sur les lampes à huile, d’origine palestinienne. Cette mention de « la lumière du Christ qui brille pour tous » inscrite à l’origine sur les lychnaria, sans doute employés pendant les offices liturgiques dans les églises, fait supposer que cette maxime a dû être introduite très tôt dans la liturgie des présanctifiés où on la trouve encore aujourd’hui. Au cours de la liturgie des présanctifiés, à la fin du lucernaire (avec le pain et le vin consacrés le samedi ou le dimanche précédent, comme c’est la règle pour le temps du Carême), après la leçon de la Genèse, le célébrant tourné vers l’autel trace le signe de la croix avec l’encensoir et porte un cierge allumé en disant : Lo<pia ôpûoi. Et ensuite il bénit le peuple en disant ffiùSç XpioToü ipawet, kôcoiv 1 °. Le cryptogramme <P II M S - ’Ap/îj klotecoç .(xucmQptou erraupép, ap- paraît deux fois à Pec : Saints-Apôtres (vers 1375-1380), mur Est du bras Sud du transept : portrait de Sava Ier de Serbie dont l’omophorion est orné de croix à cryptogrammes ; Exonarthex (vers 1375-1380), mur Est : portrait de Sava Ier de Serbie dont 10. DACL, fasc. LXX-LXXI, Paris 1926, col. 666 ; t. I, fasc. 2, 1907, col. 2325 ; fasc. LXXXIV-LXXXV, Paris 1928, col. 1108-1111 ; EùxoXôyiov to Méya, Venise 1851, 111; 'lepaTixiv, 153.
CROIX À CRYPTOGRAMMES 9 l’omophorion est également orné par des croix à crypto- grammes. Au cours du xive siècle ce cryptogramme était très apprécié et on le voit souvent attaché aux croix peintes non seulement sur les murs des églises, mais aussi sur les objets de culte, et même sur les vêtements des moines mégaloschèmes et des évêques. L’Habit angélique des mégaloschèmes comporte un capuchon orné de la croix à cryptogramme (fig. 9)11. Les omophoria des évêques portent souvent aussi au xive siècle des crypto- grammes décorant les croix. Il est intéressant de noter que les cryptogram- mes suivants : IC XC NIKA, <I> X <I> H, <P Il M 4 ornent les bras des croix appliquées aux omophoria des évêques de l’Eglise serbe. De tels omophoria ont été observés sur le portrait de l’évêque Arsenije (1347-1354 ?) de Zletovo, peint à Lesnovo et sur les deux portraits de l’archevêque Sava Ier de Serbie (1219-1235) conservés à Pec (fig. 2)12. Au cours du xive siècle et plus tard, sur les icônes et sur les fresques, les saints évêques et les anciens hauts-dignitaires de l’Eglise byzantine portaient de tels omophoria. Saint- Nicolas, peint sur une icône de Chilandar (milieu du xive s.) porte un omo- phorion avec des croix à cryptogrammes13. Sur les fresques de l’église dédiée aux Archanges Taxiarches, à Kastoria (1359-1360), saint Antypas et saint Eleuthérios ont aussi des omophoria à croix décorées de cryptogrammes, de même que saint Ephraim le Syrien dans la même église14. Saint Athanase porte un omophorion pareillement décoré dans l’église qui lui est dédiée à Kastoria encore (1384-1385)15. Saint Jean Chrysostome a des croix à 11 Plusieurs icônes de Chilandar (encore inédites) prouvent que saint Simeon Nemanja portait l’Habit angélique avec le capuchon décoré de la croix à cryptogramme IC XC NIKA ; parfois les autres saints sont représentés en mégaloschème, par exemple, saint Cosma de Maïouma sur une icône de Skoplje, de la première moitié du xvie s. illustrant la Dormition de la Vierge, voir : S. Radojcic Ikonen, Herrsching-Amoersee 1974, fig. 29 ; voir aussi fig. 41 et 43. 12. Ces deux portraits ont été publiés; le premier par G. Babic, O rekonstrukciji ostecenih epigrama i natpisa na portretu sv. Save u juznoj pevnici Sv. Apostola u Peci, « Zbornik zastite spomenika kulture», XV, 1964, 159-164 ; D. Tasic, Zivopis pevnickih prostora crkve Sv. Apostola u Peci, « Starine Kosova i Metohije », IV-V, PriStina 1968- 1971, 233-267 ; le deuxième portrait est publié par V. Djuric, «Presto svetoga Save», «Spomenica», knj. 55, posebna izdanja SANU knj. CDLII, Belgrade 1972,93-104, fig. 1-3. 13. Mirkovic, op. cit., «Starinar», X-XI, 1935-1936, fig. 2. S. Radojcic a daté cette icône du milieu du xive siècle, voir son article : Umetnicki spomenici manastira Hilandara, « Zbornik radova Vizantoloskog instituta», 3, 1955, 174 (saint Nicolas est peint au dos de l’icône de la Vierge Trichéroussa) ; l’icône est bien reproduite in S. Radojcic, Staro srpsko slikarstvo, Belgrade 1966, pl. XXXIX. 14. S. Pelekanides, Kaaropta, I, Thessalonique 1953, pl. 134 et 136. 15. Pelekanides, op. cit., pl. 1456.
10 MÉLANGES IVAN DUJCEV cryptogrammes sur toute la surface de son polystavrion, dans l’église des Saints-Apôtres à Kastoria (1547)16 ; on peut encore citer les saints Clément, Nicolas et Antoine d’Alexandrie peints vers 1426 dans l’église du village de Leskovec (près d’Ohrid), présentés eux aussi avec des omophoria décorés de croix à cryptogrammes. Ces images nous font croire que les omophoria des évêques ont en réalité reçu de telles croix à partir du xive siècle, à Byzance, aussi bien qu’en Serbie. Ces croix prophylactiques protégeaient les moines et les évêques du mal qu’ils pouvaient éventuellement rencontrer quand ils officiaient ; la super- stition a donc laissé sa trace évidente dans la peinture et, ce qui est plus intéressant, sur les habits des moines et des évêques. En cherchant les phrases courtes et rythmées qui pourraient être trans- formées en quatre lettres magiques (ce qui était la formule normale des cryptogrammes) les auteurs anciens s’inspiraient parfois de la Bible ou de la poésie liturgique. La maxime suivante en est un exemple évident. Elle dérive d’une phrase connue de la lte épître de Jean (IV, 15) : ''Otc ’It]<toüç ècttw ô uéoç tou 0eoü. I X Y 0Y : ’lyjooüç Xpicrroç vloç toü 0eoü. Ce cryptogramme fut souvent répété sur les croix peintes de l’église Saint-Georges à Staro Nagoricino : Staro Nagoricino (1318), entrée du narthex, montant Sud ; — entrée Sud du naos, montant Ouest ; — entrée Sud du naos, montant Est ; — iconostase maçonnée, face Est de l’icône Nord ; — prothésis, fenêtre du mur Nord : montant Ouest ; — entrée du diaconicon, montant Ouest. Un autre exemple des lettres magiques qui dérivent de citations bi- bliques a été trouvé à Bêla crkva de Karan. Les lettres initiales y sont même multipliées et parfois renversées, soulignant de cette manière le caractère magique du cryptogramme, qui dérive, en effet, du Psaume 150, ver- set 6 : Il II AAA JTJI'M ; nacra Ttvor) atvecrocTco tov Kupiov. Karan (vers 1342), iconostase maçonnée, passage central vers le sanctuaire, montant Sud (fig. 3). 16. Idem, op. cit., pl. 192â.
CROIX A CRYPTOGRAMMES 11 Nous citons deux autres cryptogrammes de Karan sans en proposer de déchiffrement : OK OK np np : ? Karan (vers 1342), iconostase maçonnée, passage central vers le sanctuaire, montant Nord (fig. 4). IG XG AL AL ; ? Karan (vers 1342), iconostase maçonnée, passage vers la prothésis, montant Sud. Dans l’exonarthex de Pec nous avons relevé un cryptogramme plutôt rare en Serbie : (A) (X) X II : ’Ap^y; XptoToü /pttmavtxTÎç tÛotscûç. Pec, exonarthex (vers 1375-1380), mur Est portrait de saint Sava Ier de Serbie dont l’omophorion est orné de la croix à cryptogrammes. Un cryptogramme apparaît parallèlement en versions grecque et serbe : T K II P : Tokoç Kpavtou Kapà&iooç yéyovev. Gracanica (vers 1321), naos : niche du mur Sud ; En version serbe on le trouve à Pec : M A P Ê : MESTO LOBNO RAJ BIST. Pec, exonarthex, fenêtre du mur Ouest, montant Sud17. Certains cryptogrammes évoquent le rôle de saint Constantin ou de sa mère Hélène au moment de la naissance du culte de la Vraie Croix : E Y 0 (E) : 'EXévrçç 'Ytoç Oaüpta eTSev. Staro Nagoricino (1318), narthex, entrée, montant Nord. Pour le cryptogramme suivant nous n’avons pas trouvé le déchiffrement satisfaisant : ENB K : ? Staro Nagoricino (1318), iconostase maçonnée, face Est de l’icône Sud. De nombreuses croix peintes décorées de cryptogrammes ont été conser- vées à Decani. Certains reflètent des maximes connues en langue serbe : K (E) n (K) : KRST VOZNOSITE PADAJUT BESOVE ; 17. C’est le début d’un tropaire, voir : E. Follieri, Initia hymnorum ecclesiae graecae, vol. IV, Cité du Vatican 1963, 245.
12 MÉLANGES IVAN DUJCEV narthex entrée Nord, montant Ouest (fig. 5) : Ig © A ’I ELENA OBRETE DREVO CASNO ; narthex entrée Ouest, montant Nord (fig. 6) ; K Æ X f : ? narthex entrée Nord, montant Est (fig. 7) ; (?) f (?) H : ? narthex entrée Sud, montant Ouest (fig. 8). Dans l’exonarthex de Pec on trouve également des cryptogrammes évoquant des maximes écrites en serbe : K K Ê K BILJEG BOZIJI BIJET BESI ; exonarthex, fenêtre du mur Ouest, montant Nord ; ît H, U CARSKI CVIJET CRKVAM CVIJETI ; exonarthex, fenêtre du mur Ouest, montant Sud. PfâTPKX : ? exonarthex, fenêtre du mur Ouest, montant Nord. Parfois ces cryptogrammes évoquent certaines prières ou certains chants liturgiques et dans ces cas les lettres initiales sont plus nombreuses et il est plus difficile de les déchiffrer18. Voici d’autres exemples de cryptogrammes qui n’ont pu encore être déchiffrés : EE PP TT PP : ? Gracanica, naos, niche du mur Sud. r p X î'î : ? Ohrid, Saints-Constantin-et-Hélène (fin xive s.), naos, entrée Sud, montant Ouest. Cette étude et les exemples mentionnés montrent que les croix à crypto- grammes présentent un groupe particulier d’images (symboliques et pro- phylactiques) de l’art byzantin et de l’art serbe. Le déchiffrement des crypto- grammes nous échappe dans certains cas et cela n’est pas dû au hasard. En effet, à l’époque médiévale on inscrivait rarement les maximes in ex- tenso ; on conservait ainsi leur caractère magique et mystérieux. Et ceci 18. Egalement sur les antimensia tardifs ces nombreuses lettres sont fréquentes, J.S. Jastrebov, Podaci za istoriju crkve u Staroj Srbiji, « Glasnik Srpskog ucenog drustva», XL, Belgrade 1874, 196.
CROIX À CRYPTOGRAMMES 13 présente un obstacle sérieux pour nos études. Cependant, les exemples déchiffrés et présentés ici attestent que les maximes transformées en crypto- grammes ont leurs sources dans la tradition liturgique, dans les écrits bibliques19 et dans la création poétique populaire des différentes époques. Ces images symboliques dévoilent l’angoisse de l’homme médiéval et reflètent ses croyances et aussi ses superstitions. 19. Le thème des portes marquées par le sang de l’Agneau pascal (Exode II, 7-14) est mis en rapport avec l’emplacement des croix à cryptogrammes dans les églises serbes et étudié dans l’article de S. Radojcic, Izobrazenie otroka pri cerkovnom vchode v serbskoj zivopisi nacala XV veka, in « Vizantija, Juznye Slavjane i Drevnjaja Rus’, Zapadnaja Evropa, Sbomik statej v cest’ V.N. Lazareva », Moscou 1973, 324-332.
AUTOUR DU CHRYSOBULLE D’ANDRONIC II POUR CHILANDAR DE MARS 1319 Franjo BARlSlC Ce chrysobulle d’Andronic II, qui fera l’objet des considérations qui suivent, attire notre attention pour diverses raisons. Il se fait déjà remarquer par son apparence extérieure, — il est écrit calligraphiquement sur un rouleau de plus de 2 m de long en fin parchemin —, et encore plus par son contenu. L’empereur Andronic II a été, cela est bien connu, très généreux envers tous les monastères du Mont Athos, mais tout particulièrement, grâce à un concours de circonstances historiques envers le monastère serbe de Chilandar. Dans le nombre assez abondant d’actes de donation de l’empereur, ce chrysobulle offrait de loin le plus grand nombre de do- maines à ce monastère. Il y a ensuite également assez de choses insolites dans le texte-même de ce chrysobulle. Il se présente sous forme d’une petite revanche pour les grands mérites du roi Milutin. De là, ce long préambule solennel, modèle de rhétorique de l’époque, mais en même temps document de source qui mérite l’attention. Mais, dans la partie du texte qui suit, cette rhétorique se maintenant constamment produit, par endroits, des dispositions concernant certains domaines qui ne sont pas clairement formulées. De plus, le hasard a voulu que les actes de cadastre conservés, par lesquels on remet au monastère en jouissance certaines possessions accordées par le chrysobulle, sont également défectueux. Un de ces do- cuments ne porte aucune date, tandis que les trois autres sont signés par une indiction qui se rapporte à l’année précédant celle de l’émission du
16 MÉLANGES IVAN DUJCEV chrysobulle même. C’est donc ainsi qu’en discutant sur la chronologie de ces actes et en acceptant la date marquée comme étant exacte, certains savants sont arrivés, ce que nous verrons tout de suite, à la conclusion que ce chrysobulle d’Andronic II, dans son ensemble, ne signifie pas l’ad- jonction de nouvelles donations, mais seulement la confirmation des domaines qui avaient été accordés antérieurement. Mentionnons enfin que deux chrysobulles de confirmation, émis le même mois par les corégnants de l’empereur, ne sont pas non plus de type standard, pas plus par leur apparence extérieure que par leur contenu. Bref, le chrysobulle d’Andronic II de mars 1319 et une dizaine d’actes, conservés ou non, génétiquement liés à lui, constituent un groupe de sources diplomatiques intéressantes à plu- sieurs points de vue et insuffisamment examinées. Parmi les nombreuses questions qui se posent au sujet de cet ensemble d’actes, nous allons essayer de traiter ici et de mettre au clair certaines d’entre elles, les plus impor- tantes, pensons-nous. Examinons avant tout ce que contient le chrysobulle. Il commence par un préambule solennel dans lequel, avec force détails et en choisissant les mots, on expose que « krales de la Serbie » Milutin, naguère à titre d’allié d’Arès, « à l’époque... de luttes et de guerres, comme aussi de quelques autres infortunes», a obligé l’empire par de grands actes héroïques et dignes de louanges. Maintenant, il demande « qu’on adjoigne quelques villages » au monastère de Chilandar, manifestant à cette occasion également « sa générosité » par « une revanche anticipée » et par une plus importante donation : il cède à l’Etat des Romaioi « des circonscriptions entières dans la région frontalière1 ». C’est pour cette raison que sa demande est acceptée «très promptement et avec joie», et l’on cède au monastère Chilandar cinq grands et riches villages près du lac du fleuve Strymon : Georgela avec le hameau de Apidea, Eunouchos avec l’ancienne possession de logariastes Kassandrenos, Leipsochorion, Malouka et Sdravikion, en excluant la pêcherie et un lieu de passage se trouvant là. De plus, l’empereur ordonne que le monastère tienne en sa possession la montagne /TrXavrçvrç/ Matzista qui appartenait à l’Etat et qui se trouvait près de Mélénikon, ainsi que la montagne voisine de Hagios-Démétrios-Ptérotos, et l’hivernage pour le bétail Hagia-Trias sur la presqu’île Kassandra. Enfin, l’on confirme au monastère le droit à la pêcherie de Stauros sur le fleuve Vardar. 1. Actes de Chilandar No 41, 43 : zai. avriStSwai 'Pù>p.a(<ov zâ/et... ’/topaç 5Xœq oùz èXiyaq où8’ eÙTtepuppovqrouq èv... toïç za-fl’ rçp.âç ôpoiç. Sur quelle partie de la frontière serbo-byzantine Milutin a-t-il, aux environs de 1319, accordé des concessions et quelle en fut l’ampleur, c’est ce que nous ignorons.
CHRYSOBULLE D’ANDRONIC II 17 Cinq villages sur le lac du fleuve Strymon Pour tous ces villages qui ont été attribués par le chrysobulle impérial au monastère de Chilandar en propriété, à l’exception de l’unique village de Georgela avec le hameau d’Apidea, les actes cadastraux par lesquels les villages ont été transférés en possession du dit monastère, ont été conser- vés. Par le premier acte (îrapaSortzov ypàpipia) on remet le village Malouka (N° 37), par le second acte, qui est à vrai dire un praktikon, les villages de Eunouchos et Leipsochorion (N° 38), et par le troisième le village Sdra- vikion (N° 39)2. Ces trois actes ont été émis par l’apographeus Michel Néokaisaritès3, qui rapporte dans ses paroles d’introduction, identiques dans les trois actes, qu’il exécute le paradosis d’après les ordres de l’em- pereur (thploh'yjv) et qu’il est question de l’un «des villages sur le lac du fleuve Strymon, qui ont été offerts par le chrysobulle divin et digne de véné- ration à ce monastère4». Comme nous savions déjà que les villages près du lac du fleuve Strymon avaient été offerts par le chrysobulle d’Andronic II de mars 1319, cela nous fait immédiatement penser que Néokaisaritès fait justement allusion à ce chrysobulle. Toutefois, une surprise nous attend. Les trois actes portent à la fin la date « septembre, indiction 2 » ce qui ne peut se rapporter, comme l’éditeur Petit l’a tout à fait correctement inter- prété, qu’à l’année 1318. Le premier des savants de l’époque récente qui a pris en considération la chronologie de ces trois actes, a été G. Ostrogorsky. Examinant le prakti- kon de Chilandar pour les villages Eunouchos et Leipsochorion, c’est-à- dire l’acte N° 38 de Néokaisaritès, Ostrogorsky trouve que la datation de celui-ci de septembre 1318 est tout à fait correcte, «puisque les droits de Chilandar sur ces villages (sc. Eunouchos et le Leipsochorion) se trouvent confirmés dans le chrysobulle d’Andronic II de mars 1319, tandis que dans le chrysobulle de juillet 1317, du même empereur, ces villages ne sont pas encore cités parmi les propriétés de Chilandar5 ». L’acceptation de septembre 1318 comme date exacte pour nos trois actes a conduit inévitablement, comme nous le voyons, à l’interprétation que par le chrysobulle d’Andronic II de mars 1319 les villages de Strymon étaient, à vrai dire et effectivement, seulement confirmés. Si nous acceptons 2. Actes de Chil. No 37 et 38 (conservés en original), No 39 (en copie non certifiée). 3. Sur un acte datant de 1324 que Michel Néokaisaritès signe à titre de « grand adnou- miastes» (Actes de Chil. No 104). 4. Actes de Chil. No 37, 5 : Tà 8ià Ileiov... ^pvaopouXXov So&évTa rtpàç aùrrjv ytopia, Tœ rrepl Xijrvqv roù Stp>j[1[i6'joç Siaxetpieva. 5. G. Ostrogorsky, Pour l’histoire de la féodalité byzantine, Bruxelles 1954, 273.
18 MÉLANGES IVAN DUJCEV qu’il en fut ainsi, nous devons supposer que les villages en question ont été offerts au monastère par un autre chrysobulle antérieur, datant d’avant septembre 1318, et émis par le même empereur. Dôlger propose précisément une telle solution, tout en supposant et démontrant que les villages men- tionnés furent attribués au monastère, « kurz vor 1318 sept.», par un chrysoboullon sigillion d’Andronic II, et qu’en même temps, c’est-à-dire «kurz vor 1318 sept.», l’on envoya également l’horismos de l’empereur, sur la base duquel Néokaisaritès exécutera, en septembre 1318, la paradosis des villages donnés. Par les chrysobulles d’Andronic II et de ses corégnants de mars 1319 ces villages, offerts antérieurement, ont été confirmés en commun. Après avoir constaté que jadis P. Bezobrazov avait mis en doute l’exactitude de la date inscrite dans ces trois actes « septembre, indiction 2 » (c’est-à-dire sept. 1318), vu que dans ce cas il faudrait supposer que la paradosis cadastrale des villages a précédé leur donation, Dôlger répond : « dies ist nicht richtig. Zuerst erfolgt die Schenkung, die wohl auch durch das chrysob. Sigillion oder Prostagma erfolgen kann, dann pflegt kurz darauf die Gesammtbestâtigung des Besitzes zu folgen6 ». Nous devons faire remarquer que ces suppositions, d’après lesquelles les villages sur le Strymon devraient être seulement confirmés par le chryso- bulle de 1319, sont en contradiction avec ce qui est exprimé dans le texte de ce chrysobulle. A savoir, dans la partie finale du préambule, à la question rhétorique « Que demande (sc. krales de la Serbie) ? », on répond : « Il demande de mon empire de présenter au monastère et de lui céder généreuse- ment quelques villages... Et recevant tout à fait prêt et avec joie cette de- mande, mon empire... d’après sa demande offre les villages... et à ce sujet émet ce chrysobulle par lequel, etc.7». L’information qu’Andronic II « a offert » (àTC/apicraTo ) les villages mentionnés, nous la trouvons égale- ment dans les chrysobulles de ses corégnants8. Comme nous le voyons, par le chrysobulle de mars 1319 les cinq villages sur le lac du fleuve Strymon n’ont pas été confirmés mais donnés à Chilan- 6. Dôlger, Regesten IV 2416, 2401, 2402. A l’époque d’Andronic II, pour autant que nous ayons pu l’établir, on accorde le plus souvent des prostagmata de donation, mais les chrysobulles de donation seulement lorsqu’il est question d’un grand domaine ou lors- qu’on fait une donation à une très haute personnalité. Le chrysoboullon sigillion toutefois est souvent employé comme un acte par lequel l’on confirme quelque chose (cf. Reg. IV 2107, 2331, 2345, 2374, 2382, 2493) et tout à fait exceptionnellement comme un acte de donation {Reg. IV 2307 de 1307). 7. Actes de Chil. N° 41, 35 : tîç 8è rj aïngaiç; ...èÇai-reÏTCti ttjv {3aaiXeîav X«>pia Ttvà Ttpoaveîpai xai èm8aipl^s'-l<jaa&ai... ; 1. 47 : Tà arrfjaeùiq tocuttjç aù-roü... )) PamXeia pou TtpoaSe^apiévï), ...àTroxapiÇeTai xcerà rijv avToû Çfj-ngcnv Ta x“pi“--- 8. Actes de Chil. No 42, 1-15 ; No 43, 1-16.
CHRYSOBULLE D’ANDRONIC II 19 dar. S’il en est ainsi, nous pourrions conclure avec raison que l’apogra- pheus Néokaisaritès se réfère précisément à ce chrysobulle, respectivement que la remise cadastrale de ces villages a eu lieu après mars 1319. L’analyse comparée du texte de la paradosis pour le village Malouka (N° 37), au sujet duquel il existe dans le chrysobulle une disposition spécifique, nous mène à la même conclusion. Dans le chrysobulle on relate que dans la zone du village Malouka, « comme il a été offert au monastère par ce chrysobulle », se trouvent des terrains qui sont en possession légale du monastère Iviron et que ces terrains sont confisqués et remis à Chilandar, et que l’on attribue à Iviron sur le territoire du même village d’autres terrains de même sur- face9. C’est précisément de cette situation dans le village de Malouka que parle aussi la paradosis de Néokaisaritès. Sa description d’une telle situation « trouvée» (eupopev) se termine par l’information sur la façon dont l’échange des terrains entre Iviron et Chilandar a été «accompli» (àvT7]XXàyr))10. Il est tout à fait évident que Néokaisaritès, en émettant la paradosis, exécute une stipulation du chrysobulle de mars 1319. Les trois actes conservés sur le transfert en possession du Chilandar « des villages sur le lac du Strymon donnés par le chrysobulle », nous pouvons le conclure avec une pleine certitude, n’ont pas été émis « au mois de septembre, indiction 2» (sept. 1318), comme cela est écrit dans ceux-ci, mais « au mois de septembre, indiction 3 », c’est-à-dire septembre 1319. En d’autres termes, P. Bezobrazov avait raison en supposant que le scribe s’était trompé en y introduisant le numéro de l’indiction11. De quelle façon une telle erreur a pu se glisser, erreur qui est indiscutable, c’est ce que nous ne pouvons que conjecturer12. La montagne Matzista et l'hivernage pour le bétail Hagia-Trias Après avoir énuméré les privilèges qui sont attribués pour les villages donnés sur la Strymon, dans le chrysobulle on poursuit : « De même mon empire veut et ordonne que ledit monastère Chilandar tienne en sa posses- 9. Actes de Chil. No 41, 109-117. 10. Actes de Chil. No 37, 47-65. 11. P. Bezobrazov, Afonskie dokumenty, « Vizantijskoe obozrenie» 1 (1915), 53-54. 12. On pourrait supposer que le scribe a mécaniquement transmis le signe « indiction 2 » de prostagma ainsi daté, par lequel on ordonnait le paradosis du village. Que notre scribe, en copiant trois ou même quatre longs textes, n’ait pas toujours été attentif, c’est ce qui est démontré par la partie introductive de l’acte No 38, dans lequel à peu près toute une phrase est omise. Les textes des actes conservés en original (No 37 et 38) sont écrits en couleur sombre et la signature de l’apographeus (ô Neoxaiaape[rr)ç ) à l’encre verte. '
20 MÉLANGES IVAN DUJCEV sion (tva xarépiTat ) la montagne publique Matzista près de Mélénikon avec la montagne Hagios-Démétrios-Ptérotos, ainsi que l’hivernage pour le bétail nommé Hagia-Trias dans la région de Kassandreia (/eipiaSetov ro xaXoéptevov rrjç 'Ayîaç TptàSoç) (Chil. N° 41, 97-101). A première vue, l’on dirait qu’il est question ici de deux domaines qui avaient été attribués antérieurement au monastère et qui, maintenant, étaient solennellement confirmés. En effet, dans le chrysobulle du même empereur de février 1321, nous lisons que l’hivernage pour le bétail de Hagia-Trias a été «dernièrement» (KpooXlyou) offert au monastère par le « prostagma de mon empire» (8ià KpooTàypiaToç pacnXeiaç ptou) et qu’il a été «introduit (eîoa/fièv) dans le chrysobulle attribué (sc. aux moines de Chilandar)»13. Le seul document conservé et immédiatement lié à la possession de Hagia-Trias se trouvant sur la presqu’île Kassandra, est bien un acte qui a été émis par l’arpenteur Nicolas Tzyrakès au monastère. Cet acte, sans date, décrit les limites et les superficies, calculées en modioi, pour dix « des biens abandonnés » dans le village d’Aphétos. Ces biens dans le village d’Aphétos se trouvent dans le complexe de la propriété terrienne de Hagia-Trias, qui est accordée au monastère par le chrysobulle. Les données portant sur les limites et les superficies de ces terres abandonnées, repré- sentent, dit-on dans l’acte, un «extrait» (éx[3X7]&ÉvTa) du codex cadastral des impôts (fiéoecoç), qui a été préalablement effectué, lors dé la révision cadastrale, par les apographeis, feu sébastos Alyattès et Théodore Spas- trikos. En même temps, ajoute-t-on à la fin, ils ont transféré ces propriétés terriennes en possession du monastère en émettant le praktikon14. Comme nous le voyons, d’après l’information fournie par Tzyrakès, la possession terrienne de Hagia-Trias (Tà t^ç 'Ayiaç TptàSoç Sixata), dans le contexte de laquelle se trouvent aussi les terres abandonnées du village d’Aphétos, a été attribuée au monastère par un chrysobulle impérial. Immédiatement les questions suivantes se posent : Est-ce que dans le complexe de la propriété terrienne de Hagia-Trias, en plus des stasia abandonnés pour lesquels Tzyrakès émet son acte, se trouve également l’hivernage pour le bétail de Hagia-Trias, mentionné supra ? Est-ce que les appellations «propriété terrienne Hagia-Trias», que Tzyrakès emploie, et « l’hivernage pour le bétail Hagia-Trias », que l’on cite dans le chrysobulle 13. Actes de Chil. No 58. 14. Actes de Chil. No 40 : Tà ÉÇaXeip.p.aTixà a-raata Tà 'Ayiaç TpiàSoç Sîxaia Tà Sofl-évTa 8ià /puaoflo'jXXou Kpôç tJjv ae|3a<jp.iav piovïjv... eiç tô -/upiov tî;ç ’AçÉtou, éxfiX-q&évTa 8è Ttœpà TÎjq Uéaecoq... So&évra 8è xaî 8ià KpaxTixoü aÙTÔiv, ...
CHRYSOBULLE D’ANDRONIC II 21 impérial, sont deux appellations pour le même domaine ? S’il en est ainsi, comment pouvons-nous expliquer alors l’information non concordante de leur attribution, car Tzyrakès allègue que la « propriété terrienne de Hagia- Trias» a été offerte par un chrysobulle impérial, tandis que l’empereur lui-même rapporte que « l’hivernage pour le bétail de Hagia-Trias », il l’a offert par son prostagma ? Examinons ce que l’on communique au sujet de la propriété terrienne de Hagia-Trias appartenant à Chilandar dans d’autres documents. Avant tout, dans le périorismos commun pour tous les domaines du monastère Lavra, de janvier 1321, nous trouvons l’indication que les terres du village de Gymnou, sur la presqu’île de Kassandra, confinent en plusieurs endroits à la route qui mène au village d’Aphétos, comme aussi aux « propriétés du village de Hagia-Trias, en possession du monastère des Serbes»15. D’autre part, dans le chrysobulle de confirmation générale de Jean V pour Chilandar de juillet 1351, on mentionne également «le métochion Hagia- Trias, avec l’hivernage pour le bétail et les parèques dans celui-ci»16. Enfin, dans le chrysobulle mentionné d’Andronic II, de février 1321, nous lisons que « quelques parèques d’Etat », trouvés dans l’hivernage de Hagia- Trias lors de son attribution, ont été laissés au monastère17. Ce qui dans l’acte de Tzyrakès est nommé « propriété terrienne de Hagia- Trias» (rà rîjç 'Ayiaç TpiàSoç Sixaia), tel qu’il ressort des données mentionnées, est en réalité un métochion d’agriculture et d’élevage qui porte le nom de Hagia-Trias d’après le village ainsi nommé. Des données citées il s’ensuit que dès avant janvier 1321, dans l’ensemble du domaine Hagia-Trias, se trouvent les propriétés du village portant le même nom, les « stasia abandonnés » dans le village d’Aphétos et l’hivernage pour le bétail. Ce métochion qui était ainsi composé, c’est-à-dire « la propriété terrienne Hagia-Trias », a été, d’après Tzyrakès « attribué à Chilandar 15. Actes de Lavra II No 108, 508: tà. Sizaia -rfjç [xovïjç tôv Sép^wv tà à-rtb xwplov tîjç 'Ayiaq TptàSoç. 16. Actes de Chil. No 138, 33 : eiq tïjv KaaavSpeiav [ieto/iov -nj? 'Ayiaç TptâSoç p.erà tou /EL[iaSt.o,j aÙTOv zai tov èv aÙTCÔ Ttapoixoïv. 17. Actes de Chil. No 58. Ici l’on annonce que les moines, immédiatement après la donation «de l’hivernage de Hagia-Trias» (est-ce que cela signifie après l’émission du chrysobulle de mars 1319, ou bien après l’émission de l’acte de la remise cadastrale sur la base du même chrysobulle ? cela n’est nullement clair), demandèrent qu’on leur aban- donne les «parèques d’Etat», trouvés là. L’empereur «donna l’ordre » (ûpiaev) que le monastère garde les parèques, en prenant l’engagement de payer au fisc un télos annuel d’un montant de 13 hyperpres. Toutefois, les moines soumettent sous peu une nouvelle demande et exigent d’être libérés du télos en question. Par le chrysobulle de février 1321 cela leur est accordé.
22 MÉLANGES IVAN DUJCEV par le chrysobulle divin et digne de vénération ». Enregistrant cette donnée aux Regesten, Dôlger suppose qu’il est question d’un chrysobulle de donation non conservé (chrysoboullon sigillion) d’Andronic II, qui avait dû être émis « kurz vor Mârz 1319», vu que dans le chrysobulle de cette date la propriété mentionnée (c’est-à-dire l’hivernage pour le bétail et les stasia abandonnés) est consignée et confirmée18. L’interprétation de Dôlger que l’appellation de «l’hivernage Hagia-Trias», qui est mentionné dans le chrysobulle de mars 1319, signifie la même chose que « propriété terrienne de Hagia-Trias», de l’acte de Tzyrakès, s’accorde entièrement avec la conclusion à laquelle nous sommes arrivé ici en prenant une autre voie. En communiquant que « la propriété Hagia-Trias » avait été attribuée au monastère par un chrysobulle, l’employé Tzyrakès n’invente sans doute rien, mais transmet l’information, donnée dans le prostagma de l’empereur non conservé, sur la base de laquelle les apographeis Alyattès et Spastrikos avaient émis, un peu plus tôt et pour cette même propriété terrienne, un praktikon au monastère. En d’autres termes, l’indication que la « propriété terrienne de Hagia-Trias» a été attribuée par un chrysobulle, tire en fait son origine de la prostagma de l’empereur. S’il en est ainsi et si, d’autre part, « la propriété terrienne de Hagia-Trias » est la même chose que « l’hivernage pour le bétail de Hagia-Trias », comment alors pouvoir coordonner l’indication du chrysobulle du même empereur de février 1321, d’après lequel l’hivernage pour le bétail est attribué par son pros- tagma ? Pour résoudre cette aporie revenons une fois de plus au texte cité plus haut, qui est donné dans le chrysobulle de mars 1319, au sujet de « l’hivernage de Hagia-Trias». Ce texte signifie-t-il en réalité une confirmation ? Il nous faut répondre tout de suite : la phrase au sujet de la montagne Matzista et de l’hivernage Hagia-Trias, que nous lisons dans le chrysobulle de mars 1319 et que nous venons de citer dans sa traduction, n’est certaine- ment pas ce qu’elle paraît au premier coup d’œil et n’est pas une confir- mation. Les deux propriétés mentionnées, la montagne Matzista et l’hiver- nage de Hagia-Trias, sont en fait offertes par le chrysobulle. Que les mots cités de ce chrysobulle doivent être ainsi interprétés, c’est ce que démontrent les chrysobulles contemporains, émis par les corégnants Michel IX et Andronic III. A savoir, dans ces actes il est dit, de façon tout à fait claire, 18. Dôlger, Reg. IV 2415.
CHRYSOBULLE D’ANDRONIC II 23 que la montagne Matzista et l’hivernage de Hagia-Trias « sur la demande... du roi de Serbie... au monastère de Chilandar ont été attribués par le chrysobulle» du vieil empereur19, et c’est dans ce sens qu’on les confirme, c’est-à-dire comme deux propriétés qui à présent et de la même façon que les villages sur le Strymon, cités dans le texte, ont été données par le chrysobulle d’Andronic IL Autrement dit, la stipulation du chrysobulle d’Andronic II concernant la montagne Matzista et l’hivernage de Hagia- Trias, bien que formulée par l’expression qui confirme généralement une propriété attribuée antérieurement (l'va xaré^Tai), par ses corégnants Michel IX et Andronic III est considérée comme un acte de donation et c’est dans ce sens qu’elle est confirmée. Il n’y a aucun doute que ces confirmations au sujet des deux propriétés ainsi formulées de la part de corégnants, interprètent clairement et expriment l’intention et le vrai sens de ce qui, au sujet de ces deux domaines, a été exprimé dans la charte émanant du vieil empereur20. Bien plus, vu que les chartes du vieil empereur et de ses corégnants sont écrites sur parchemin de la même qualité et, ce qui est bien plus significatif, indubitablement par la même main, il est tout à fait bien fondé de supposer que derrière ces trois chrysobulles il y a la même rédaction et qu’ils proviennent de la chancellerie du vieil empereur. Par conséquent, dans ces deux chartes des corégnants rien n’a été dit par hasard. Le fait qu’il en soit ainsi est égale- ment confirmé par les paroles d’Andronic II lui-même au sujet de la montagne Matzista qui, comme nous l’avons vu, dans les trois chrysobulles est inséparablement reliée à l’hivernage de Hagia-Trias. A savoir, dans le prostagma de février 1321 nous lisons : « Mon empire a récemment ordonné 19. Actes de Chil. No 42, 39 et No 43, 38 : étrei 8è àim ai-rqaecoq toü... xpàX-q Seppîaq Trpoaexvpd>&ï) rî;... piovî) toü XeXavTapîov 8t.ce xpuaopouXXov -roü... pamXétoq xai -q rrepl t6v MeXevlxov 8-qp.oaiaxr) rrXavqvT) -q MàT^iaTa... xai... yeipiaSerov xœXovptevov Tqq 'Ayiaq TptàSoq, ... 20. Lorsqu’on compare ce chrysobulle d’Andronic II avec ceux de ses corégnants, émis simultanément et textuellement presque identiques, on constate que les textes des chartes des corégnants, rédigés en langue d’affaires, sont par leur ampleur deux fois moin- dres, étant donné que dans ceux-ci, en plus de certaines abréviations, on omet non seule- ment tout le préambule, mais, ce que nous considérons comme étant fort caractéristique, également le texte du vieil empereur par lequel on confirmait la donation antérieure de la pêcherie Stauros sur le Vardar. Par ces chrysobulles, les deux corégnants confirment en fait seulement et exclusivement ce qui, par le chrysobulle du vieil empereur, avait été « offert » (àTreyctpiaaTO, TtpoaxupôSnq ) sur la demande du roi de Serbie. Ces différences dans le contenu de ces trois chrysobulles, inusitées et assez nombreuses, exigent un examen particulier. Dans les Regesten IV 2634 et 2650 pour ces deux chrysobulles des corégnants on dit, de façon inexacte, qu’elles ont « le même contenu » que celui émis par le vieil empereur.
24 MÉLANGES IVAN DUJCEV et la montagne Matzista, près de Ménélikon, fut donnée au monastère de Chilandar par le chrysobulle...»21. L’acte signé par Tzyrakès22, qui apporte pour les dix stasia abandonnés le relevé des biens terriens immobiliers (champs, vignes, prairies, jardins, arbres fruitiers isolés, etc.) et des indications détaillées sur l’endroit, la superficie, l’origine, le nombre et la grandeur de chaque parcelle et des arbres — représente un document cadastral tout à fait spécial, rare et digne d’attention. L’établissement de cet acte est rangé par l’éditeur Petit «vers 1318» (dans texte), resp. «vers 1320» (dans l’index, s.v. TÇupàx-rçç). En supposant que les stasia abandonnés, dont il y est question, repré- sentent une partie de la propriété terrienne Hagia-Trias, confirmée dans le chrysobulle de mars 1319, Dôlger considère que l’acte lui-même date de cette même année23. En partant de ce qui vient d’être exposé, nous sommes d’avis que cette datation de 1319, bien qu’en principe correcte et déjà généralement adoptée24, ne peut être acceptée que condi- tionnellement. Si le praktikon pour les parèques de la propriété d’Hagia- Trias a été émis au monastère par feu le sébastos Alyattès et Spastrikos, comme cela est indiqué dans notre acte, de là il s’ensuit qu’entre l’émission du praktikon, exécutée de toute façon vers la seconde moitié ou bien vers la fin de 1319, et le moment où Tzyrakès émet son acte, un certain temps a dû s’écouler. Par conséquent, l’acte a pu être émis tout aussi bien en 1319 qu’en 1320. C’est pour cette raison qu’il serait bien plus exact de dater l’acte aux environs de 1320. Le transfert cadastral de la montagne Matzista en possession de Chilandar, d’après un témoignage indirect, aurait été accompli aux environs de l’année 131925. 21. Actes de Chil. No 56 (prostagma adressé au despote Constantin Paléologue, pour que celui-ci écarte les obstacles autour de la montagne Matzista) : 7j flaaiXeia [zou éSpuje rrpooXiyou xaî è86fh) 8ià /p'jaopoùZZo'j aùrr)ç... 7) rrepi rèv MeXevtxov TtXavïjvï) 7) Mâ-riara. 22. Nous trouvons que le nom du signataire, que l’éditeur Petit lit comme 6 TÇ’jpâx-^ç, doit être lu ô TÇupàrr/)<;. 23. Dôlger, Die Kaiserurkunden des Johannes-Theologos Klosters auf Patmos, BZ 28 (1928) 369. 24. Cf. Ostrogorsky, Féodalité 277 n. 1 ; Oikonomidès, Actes de Dionysiou, p. 142. 25. Ce témoignage indirect est apporté par le prostagma d’Andronic II de 1321 men- tionné ci-haut, dans lequel l’empereur expose que « l’homme», respectivement l’employé du despote Constantin, qui se nomme Pouloulon, crée de grands obstacles aux moines dans la prise de possession et l’utilisation de la montagne Matzista, qui leur avait été accordée par le chrysobulle, en constatant d’une manière répréhensible que déjà « pour la seconde fois » (rraXiv) il en informe le despote. Depuis le moment de la prise en pos- session de la montagne de la part des moines et jusqu’en février 1321, les moines ont porté plainte, donc, à deux reprises contre Pouloulon, d’où il ressort que le paradoxis de la montagne a été exécuté probablement déjà au cours de 1319.
CHRYSOBULLE D’ANDRONIC II 25 La pêcherie (oyaQaTbaov) Stauros sur le Vardar C’est là le seul bien qui dans le chrysobulle d’Andronic II de mars 1319 est réellement confirmé et qui, comme nous l’avons déjà rapporté, n’est nullement mentionné dans les chrysobulles de confirmation des corégnants. Cette propriété, dit-on dans le chrysobulle, est donnée par le « prostagma de mon empire », et « dernièrement » (àpTÎcoç ) Constantin Kounalès, Démétrios Konténos et Léon Kalognomos ont remis au monastère l’acte cadastral. Ce paradotikon gramma, conservé en copie certifiée, est daté « du mois de mai, indiction 2 », ce qui sans aucun doute se rapporte à l’année 1318, comme l’a proposé l’éditeur Petit (Chil. N° 36). Le prostagma de donation d’Andronic II, mentionné dans le chrysobulle et auquel se rapportent les apographeis cités, n’est de toute façon pas émis bien avant mai 131826. Les résultats des considérations précédentes pourraient être brièvement formulés comme suit : le chrysobulle d’Andronic II de mars 1319 (Chil. N° 41) n’est pas un acte de confirmation, comme cela a été considéré jusqu’ici, mais un acte de donation par lequel l’empereur, en s’acquittant envers le roi Milutin comme allié de guerre et exauçant ses désirs, donne au monastère Chilandar sept nouveaux et grands domaines et n’en confirme qu’un seul antérieurement offert (pêcherie sur le Vardar). Dans les deux chrysobulles contemporains des corégnants de l’empereur (Chil. Nos 42 et 43), ces sept domaines sont confirmés, tandis que le huitième, celui qui avait été confirmé par le vieil empereur (« la pêcherie Stauros »), est omis. Trois actes cadastraux conservés (Chil. Nos 37, 38, 39), par lesquels l’apographeus Michel Néokaisaritès remet au monastère quatre des cinq villages offerts sur le Strymon (Malouka, Eunochos, Leipsochorion, Sdra- vikion), ne sont pas émis au «mois de septembre, indiction 2» (1318), comme cela a été signé par un lapsus calami du scribe, mais ces paradoseis ont été effectuées dans « l’indiction 3», c’est-à-dire en septembre 1319. «L’hivernage pour le bétail Hagia-Trias», sur la presqu’île Kassandra, offerte par le chrysobulle, représente en fait un assez grand métochion sur 26. Ce prostagma non conservé a été signalé à deux reprises par Dôlger et daté diffé- remment : « 1318 k.v. mai » (Reg. 2400) et « k.v. 1319 marz » {Reg. 2414). II est intéressant de remarquer que dans les chrysobulles de confirmation d’Andronic II et d’Andronic III de juin 1321 (No 62, 29 et 54 ; No 63, 30 et 61), ce domaine est appelé «terrain de chasse (tô zwfpfiov) sur le fleuve Vardar, au passage (tôv rropov) nommé Stauros » et, de plus, il est dit que ce terrain de chasse a été « dernièrement attribué (rcpô oXîyov Soflèv) par le chrysobulle » d’Andronic II. Si la «pêcherie Stauros», est la même que « le terrain de chasse Stauros » alors cette indication du chrysobulle ne serait pas exacte.
26 MÉLANGES IVAN DUJCEV lequel se trouvent, en plus des pâturages, des biens de « quelques parèques d’Etat», trouvés sur place et laissés au monastère, ensuite des biens des parèques du village de Hagia-Trias, ainsi que dix « stasia abandonnés » dans le village voisin d’Aphétos. Le praktikon non conservé, par lequel les apographeis Allyattès et Théodore Spastrikos avaient remis au monastère les staseis des parèques de ce métochion, a été émis de toute façon au cours de 1319, tandis que pour l’acte sans date, par lequel Nicolas Tzyrakès (editoris TÇupàxTjç corrigitur in TÇupàTvrjç) remet « les terres abandonnées » dans le village d’Aphétos, nous trouvons qu’à la place de la datation acceptée jusqu’ici, c’est-à-dire 1319, il serait plus juste de le mettre aux environs de 1320. Il serait bon d’ajouter que cet acte de remise des domaines abandonnés représente un document extraordinairement rare et précieux. La remise cadastrale de la montagne Matzista près de Mélénikon offerte par le chrysobulle, attestée indirectement, peut être aussi datée seulement approximativement aux environs de 1319. Le chrysobulle de donation d’Andronic II pour Chilandar de mars 1319, et les deux chrysobulles de confirmation de ses corégnants, en reflétant et en exprimant les rapports politiques entre Byzance et les Serbes à cette époque, sont caractérisés par des particularités et des différences singulières. Les analyses de ces différences, s’étant révélées très utiles dans les consi- dérations précédentes, rendent possible une conclusion générale non moins utile : la charte de confirmation des corégnants a parfois la valeur d’un document autonome. Enfin, les exposés précédents mettent en évidence un fait qui, semble-t-il, n’a été jusqu’ici qu'insuffisamment évalué. Les données conservées sur une quelconque possession (nom, endroit, mode et date de donation à tel monastère, etc.) sont signifiées dans les actes où il en fait mention de manière diverse et inégale. Aussi est-il nécessaire, pour établir l’état réel, d’examiner ces données de manière comparative.
LA PRISE DE TARNOVO PAR LES TURCS ET L’EXIL DU PATRIARCHE EUTHYME Traduit du moyen bulgare et annoté par Roger BERNARD Nous donnons ici les dernières pages de la traduction française, non encore publiée dans son ensemble, que nous avons faite en 1946 du Pané- gyrique de notre saint père Euthyme, patriarche de Tàrnovo par Grégoire, archevêque de Russie. L’auteur, désigné dans le titre par « Grégoire, archevêque de Russie », est Grigorij Camblak, Bulgare d’origine, qui, après la prise de Tàrnovo par les Turcs (17 juillet 1393), quitta sa patrie asservie et poursuivit, à travers bien des difficultés, sa carrière ecclésiastique en Serbie, en Moldavie et en Russie, où il fut nommé en 1414 archevêque de Kiev. Le Panégyrique d’Euthyme n’est pas daté, mais tout porte à penser que c’est en Russie et peu après cette date de 1414 qu’il fut composé. Camblak avait été à Tàrnovo le disciple d’Euthyme, le dernier et le plus populaire des patriarches de la Bulgarie médiévale. Principal propagan- diste de l’hésychasme en Bulgarie, écrivain doué et fécond, théologien, grammairien, épistolier, pédagogue, patriarche de Tàrnovo à partir des environs de 1375, Euthyme devait révéler d’éminentes qualités d’homme d’action en la tragique année 1393, qui fit de lui l’âme de la résistance bul- gare contre l’envahisseur ottoman et où il inscrivit, par son courage et par son attachement à ses devoirs de pasteur et à son peuple, une page particu- lièrement glorieuse dans les annales de l’Eglise d’Orient. Le lecteur moderne peut être déçu de ne pas trouver dans le Panégy- rique d’Euthyme certaines indications propres à satisfaire sa curiosité. L’on achève la lecture de ce document sans avoir de réponse précise à des questions comme la date et le lieu de la naissance et de la mort d’Euthyme
28 MÉLANGES IVAN DUJCEV ou la durée de son patriarcat. Il est clair que l’intention de Camblak n’a pas été de faire œuvre d’historien, mais qu’il a voulu avant tout contribuer à l’édification morale de son lecteur en lui proposant Euthyme comme mo- dèle. Que le disciple ait quelque peu idéalisé l’image de son maître apparaît comme fort vraisemblable. Il n’en est pas moins précieux d’avoir sur les circonstances de la chute du deuxième royaume bulgare et de l’exil d’Eu- thyme le témoignage d’un écrivain de valeur, ayant connu de près le patriar- che de Târnovo, ayant assisté aux événements qu’il rapporte, alors qu’il devait être âgé d’une trentaine d’années, et rapportant ces événements avec émotion et avec un accent personnel qui introduit une note nou- velle dans la littérature ancienne des Slaves. En ce qui concerne l’établissement du texte moyen bulgare, nous nous étions fondé en 1946 sur l’ouvrage de Kaluzniacki Aus der panegyrischen Litteratur der Südslaven (Vienne, 1901). Nous avons revu depuis lors le texte moyen bulgare et notre traduction d’après des travaux plus récents sur la littérature du deuxième royaume bulgare, en particulier d’après les travaux d’Ivan Dujcev et d’après l’ouvrage intitulé IIoxBajiHO cjiobo 3a Ebtumjiîi ot rpiiropnii IJaMÔJtaK, publié en 1971 par l’Académie des sciences de Bulgarie. Voici la traduction française du texte de Grigorij Camblak : Comme le roi barbare1, fier d’avoir vaincu et soumis beaucoup de peu- ples, avait entendu parler d’une ville d’un grand prestige, munie de puis- santes murailles, une belle ville, que sa position même rendait fort diffi- cilement prenable, car, outre ses murailles, la nature l’avait suffisamment fortifiée, comme il avait entendu parler, de plus, de ses grandes richesses, de sa population nombreuse, ainsi que de toute la gloire attachée tant à son Eglise qu’au trône de ses souverains, cet homme qui hait le bien décida de la détruire. C’est pourquoi, ayant levé toutes ses troupes d’Orient à partir des confins de la Perse, de la Lycaonie2 et de l’Asie3, il franchit 1. Ce «roi barbare» est le sultan turc Bajazet 1er dit «l’Eclair», qui succéda à son père Mourad 1er en 1389 après la bataille de Kosovo. II semble que le soin de diriger les opérations du siège de Tàrnovo ait été délégué par Bajazet à son fils Soliman, plus connu sous le nom de Celebi. 2. Ancien district élevé de l’Asie Mineure, situé au Nord de la chaîne du Taurus, limité à l’Est par la Cappadoce, au Nord, par la Galatie, à l’Ouest, par la Phrygie et ayant pour principale ville Iconium (aujourd’hui Konya). 3. Le mot ne désigne pas l’ensemble du continent asiatique, ni même l’Asie Mineure. Il faut entendre Asie dans le sens où le mot est couramment employé dans le Nouveau Testament, par exemple dans la première épître de Pierre, I, 1, où l’apôtre s’adresse « à
PRISE DE TÀRNOVO 29 l’Hellespont et trouve assemblées, comme il en avait donné l’ordre, toutes ses troupes d’Occident, si bien que son armée dépassait non seulement celle de Darius, roi des Perses et des Mèdes, mais même celle d’Alexandre le Macédonien. Et il attaque la ville à l’improviste, non d’un côté, non de deux, mais en l’investissant tout entière et de toutes parts à grand renfort d’hommes. Et bien loin s’étendaient ces cruelles troupes. Le barbare, dans sa fureur, menaçait de livrer aux flammes, affirmait qu’il couperait en morceaux et qu’il vouerait à d’autres morts violentes les habitants, s’ils persistaient à ne pas se soumettre4. Et, à la fin, il s’empara de la ville, non, certes, par sa propre puissance, mais parce que la voix de la divine provi- dence s’était tue. Aussitôt le prêtre est chassé de l’église5, dont s’emparent les artisans de l’infamie, l’arche de l’alliance6 tombe entre les mains des étrangers, le saint des saints7 est au pouvoir des Assyriens8, et, fait absolument véridique, les saintes espèces sont livrées aux chiens. En quoi le saint méritait-il, dites-moi, de souffrir ainsi, lui qui voyait alors de ses yeux ce dont son oreille eût pu à grand-peine endurer le récit ? En effet, si David, qui était un roi et qui n’appartenait point à la classe sacerdotale, souffrait assez pour dire : « Le zèle de ta maison m’a dévoré» et « Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi »9, ne devait- il pas souffrir bien davantage, lui qui était prêtre, à voir foulé aux pieds l’objet de ses peines et de ses sueurs ? Qu’advint-il ? Succomba-t-il à la douleur plus qu’il n’eût été séant ? La peur le fit-elle mollir ? Montra-t-il de la pusillanimité ou de l’indolence ? Prit-il la fuite en voyant ravager son troupeau ? Prononça-t-il un seul mot qui, de près ou de loin, fût indigne de ceux qui sont dispersés dans le Pont, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie». Il s’agit de l’ancienne province romaine d’Asie proconsulaire, qui comprenait seulement l’extrême ouest de l’Asie Mineure, limitée par la Bithynie, la Galatie, la Pamphylie, et qui avait pour principales villes Ephèse, Smyrne et Pergame. 4. La fureur des Turcs s’explique sans doute par l’opiniâtreté des Bulgares, qui, sous la conduite d’Euthyme, résistèrent pendant trois mois environ aux assiégeants. 5. Il s’agit de l’église « L’Ascension du Christ », qui fut convertie par les Turcs en mosquée, comme d’autres sanctuaires chrétiens. 6. Le mot, qui désignait chez les Hébreux un coffre renfermant les tables de la loi, ne doit pas être entendu ici au sens littéral, mais s’applique aux objets les plus sacrés de l’église chrétienne. 7. Le mot, qui désignait la partie la plus sacrée du temple juif, celle où l’arche de l’al- liance était placée, s’applique ici à l’endroit le plus sacré de l’église chrétienne. 8. L’influence du vocabulaire de l’Ancien Testament se poursuit avec ce mot, par lequel les Turcs sont assimilés à des ennemis du peuple juif, réputés pour leur impiété et pour leur cruauté. 9. Citation du Psaume LXIX, 10, de David.
30 MÉLANGES IVAN DUJÔEV sa sagesse ? Nullement. Mais il se présente au roi, calme son impétuosité respirant le carnage et transforme ce barbare à l’aspect terrifiant en un homme affable, tout comme autrefois le prophète dompta les lions dans la fosse et comme les jeunes garçons domptèrent les flammes de la four- naise10. Car même la fureur d’un barbare bien souvent a honte devant de tels exemples de vertu. Lorsqu’il vit de loin cet homme s’avancer avec le noble maintien qui lui était familier, avec une sage maîtrise de soi, sans avoir un seul regard pour aucune des scènes qui se déroulaient devant lui et qui attiraient les yeux et les oreilles de gens à la courte sagesse, mais passant outre, comme si elles eussent été peintes sur un mur, le monarque prit un air aimable et ne demeura pas assis plus longtemps. Aussitôt il se lève, lui rend les honneurs, le juge digne de s’asseoir tout à côté de lui, écoute la requête qu’il lui adresse au sujet du peuple, encore qu’il ne tînt pas jusqu’au bout sa parole. Il en était d’Euthyme comme d’un valeureux capitaine, qui, vaincu par ses adversaires, ne se résout pas à leur montrer son dos, mais regroupe ses forces et remporte la victoire. Chassé de son église, il pénètre dans une autre église placée sous l’invocation des princes des apôtres11, se met sous leur protection et se livre à des exploits plus nombreux encore que les pré- cédents ; il avise aux moyens de conserver les gens indemnes des fléaux causés par le barbare, il instruit, il console, il relève ceux qui tombent, tend la main à ceux qui trébuchent, remet sur pied ceux qui gisent à terre, soutient ceux qui vont tomber, loue ceux qui luttent, les oint pour qu’ils soient vaillants ; en même temps il en retranche certains, comme on coupe un membre gangrené pour qu’il n’infecte pas tout le corps ou comme on chasse une brebis galeuse pour qu’elle ne communique pas son mal à tout le troupeau. Et ainsi, les nouvelles prouesses de cet homme, les victoires qu’il remportait sur le malin étaient plus grandes encore qu’auparavant, lorsque dans la paix il dirigeait la vie de ses concitoyens. Bien souvent, en effet, la divine providence laisse le diable soulever une tempête contre les saints, afin que ceux-ci, à travers leurs tribulations, triomphent de lui et remportent la palme, et afin que leurs adversaires, malgré les assauts 10. Allusion à des miracles rapportés par le prophète Daniel dans la Bible. Voir Daniel I, 3-7 et III, 19-30 au sujet des trois jeunes garçons juifs qui sortirent indemnes de la fournaise où ils avaient été jetés par le roi de Babylone ; ibid., VI, 16-23, au sujet de Daniel lui-même, qui, jeté dans la fosse aux lions, sortit de là sans la moindre blessure. H. Il s’agit des apôtres Pierre et Paul auxquels est consacrée à Tàrnovo une église qui subsiste encore de nos jours.
PRISE DE TÀRNOVO 31 qu’ils livrent et les tourments qu’ils infligent, soient vaincus par eux et deviennent dignes de risée. C’est ce dont Job nous offre l’exemple ; au moment où le diable pensait avoir vaincu et frappé à mort sa victime par des malheurs si grands et si terribles que l’imagination même ne peut les supporter, c’est alors que le misérable se vit foulé sous les pieds de Job, sans même pouvoir respirer12. Il en fut encore ainsi au temps des apôtres ; alors que le diable croyait avoir mis en échec la prédication de l’Evangile, à l’heure où il déchaîna des persécutions, où il anima des bourreaux, où il excita des empereurs au meurtre des apôtres, où il fit périr ces derniers de male mort, c’est alors qu’il vit le monde conquis par l’Evangile, non sur tel ou tel point, mais tout entier, tel un second ciel. Mais, comme le malin se voyait ainsi lui-même lié de ses propres chaînes et blessé de ses propres flèches et comme il ne pouvait supporter en silence de se voir déchu de sa puissance et complètement démuni de ses armes, il souleva une tempête plus forte et plus âpre encore que la précédente, si bien qu’à l’évoquer la langue humaine s’engourdit et qu’un frisson vous pénètre jusqu’aux moelles. Le chef militaire, un Turc13, qui avait été établi par le roi turc pour gouverner la ville, convoque ceux des fidèles qui se distinguaient par leur notoriété, par leur vertu et par leur noblesse, afin qu’ils délibérassent sur des questions d’intérêt commun. Et eux, suivant les funestes messagers, ils allaient dans l’ignorance, marchant comme des brebis sur les pas de ceux qui allaient les égorger, et chacun, apportant son propre sang, se hâtait de se confier à des mains meurtrières. Voyant qu’ils étaient entre ses mains, la bête fauve altérée de sang les égorge au milieu de l’église, ou, pour mieux dire, les sanctifie, sans égards pour les têtes chenues, sans merci pour la jeunesse, et fait de leurs gosiers le jouet de son poignard. Hosties vivantes, holocaustes doués de langage, ils furent baptisés une seconde fois de leur propre sang, qu’ils répandirent au milieu de l’église, le mêlant au sang de Zacharie, afin que, de concert avec le sang 12. Allusion au livre de la Bible intitulé Job. Il est exact que Job, personnage central de ce livre, confondit Satan, qui l’accabla de maux sans réussir à abattre sa foi en Dieu. Toutefois, Satan disparaît dès après le deuxième des quarante-deux chapitres de Job, et il n’est écrit nulle part dans ce livre que « le diable se vit foulé sous les pieds de Job, sans même pouvoir respirer ». II est possible que Camblak se soit souvenu de tel autre passage de la Bible, par exemple de Romains, XVI, 20 : « Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds ». 13. L’on ignore jusqu’au nom de ce chef turc qui décida d’exterminer l’élite bulgare, profitant, selon l’opinion de certains historiens, du départ de Soliman, plus humain que lui.
32 MÉLANGES IVAN DUJCEV d’Abel14, crie de la terre jusqu’au Seigneur le sang de ceux qui ont bu le calice du martyre, ce calice digne d’être bu par ceux qui appartiennent au Seigneur et qui dans leur sang ont noyé toutes les hordes du diable, comme furent noyés les écuyers15 du superbe Pharaon. O sainte cohorte, tes soldats ne se présentèrent pas au bourreau les uns après les autres, mais tous en même temps ; ils lui crachèrent à la face, puis, ayant comparu devant le Christ, ils reçurent la palme. Le bourreau laissa leurs cadavres en pâture aux oiseaux du ciel, mais le Seigneur incorpora leurs esprits aux légions des anges supraterrestres. O soldats, qui êtes demeurés fidèles à votre foi sans une seule défection (sachez aussi quel fut leur nombre : ils furent cent-dix à empourprer l’église de leur sang) et, bien qu’ils fussent aussi nombreux, pas une seule maille du filet de la confession de la foi ne se rompit. Voilà comment étaient les enfants du bienheureux Euthyme, voilà comment ils se montrèrent fidèles à son enseignement, voilà comment ils firent honneur aux multiples efforts que cet homme avait déployés pour eux. Ils ne se bornèrent pas à la perte de leurs biens, de leurs maisons, de leurs enfants et d’autres membres de leur famille, mais ils luttèrent jusqu’à verser leur sang pour une piété qu’ils tenaient de lui comme un legs paternel. Il suffirait de leur mort exemplaire et digne d’être louée par les anges pour couronner l’éloge d’Euthyme, sans qu’il fût besoin d’un plus long discours pour relater ses hauts faits. Lui-même, appréhendé par les soldats, se présenta crânement au bourreau, d’un cœur sans émoi, sans que la crainte eût altéré ses traits, mais d’un front serein où se lisait la grâce de l’esprit qui habitait en lui. Lorsqu’on l’eut dépouillé de ses vêtements et qu’on 14. Les noms d’Abel, tué par son frère Caïn d’après Genèse, IV, 8, et de Zacharie, autre martyr, sont associés ici comme dans Matthieu, XXIII, 35, où il est précisé que Zacharie, « tué entre le temple et l’autel », était le fils de Barachie. A noter toutefois que les exégètes distinguent mal ce personnage de Zacharie « lapidé dans le parvis de la maison de l’Eternel» et présenté comme le fils du souverain sacrificateur Jehojada d’après II Chroniques, XXIV, 20-22. 15. Allusion à Exode, XIV, 7, à propos du passage de la Mer Rouge par les Hébreux sous la conduite de Moïse. Notre traduction de TpncraTM du texte de Camblak (= gr. TpiaTàTaç de la traduction des Septante) par « écuyers » est celle d’Osty (La Bible, Paris, 1973), où il est précisé par une note que le mot, dont le sens littéral est « troisièmes », s’appliquait primitivement au « troisième » homme dans les chars Israélites, qui étaient montés par un cocher, par un combattant et par ce troisième homme, porteur du bouclier et des armes, mais que ce mot s’est étendu par la suite à l’armée égyptienne, d’une manière d’ailleurs impropre, vu que les chars égyptiens n’avaient que deux occupants. Cette même traduction par « écuyers» a été reprise par la Traduction œcuménique de la Bible (1975). Noter des approximations un peu différentes dans d’autres traductions françaises de la Bible : «chefs de l’armée» (Lemaistre de Sacy), «capitaines» (Osterwald, Darby), « combattants» (Segond), «équipages d’élite» (Bible de l’école biblique de Jérusalem), « guerriers» (Bible du Rabbinat français, Paris, 1978).
PRISE DE TÀRNOVO 33 l’eut conduit sur le mur de la ville16, afin que sa mort fût spectaculaire, lorsque l’on eut fait tous les préparatifs afferents à son exécution, changea-t- il de visage, trembla-t-il, laissa-t-il paraître en quoi que ce fût un attachement à la vie ? Nullement, car il était un disciple de Pau!, et, comme son maître, il avait hâte de se dégager de son corps et de vivre avec le Christ17. C’est ce que prouvent les paroles qu’il adressa au barbare : « Pourquoi, dit-il, as-tu, d’une manière à ce point insensée et humiliante, amoindri la grandeur de ma dignité, ô homme injuste ? Il eût été normal que le prêtre fût sacrifié le premier et que les victimes le suivissent, il eût convenu que le pasteur précédât ses brebis et que le père précédât ses enfants. C’est à ma garde qu’eux tous ont été tout d’abord confiés ; aussi eussé-je dû boire le premier le calice de l’immolation, car il appartenait à l’artisan qui peine de goûter le premier à ce fruit savoureux». Par ces mots, cet homme d’une haute sagesse appelait le bourreau, inclinait sa tête, allongeant son cou avec empressement. Et le bourreau s’avançait et s’apprêtait déjà à porter le coup fatal. Mais Celui qui autrefois frappa soudain de paralysie le bras du roi impie, qui s’était tendu pour se saisir du prophète, d’une manière semblable, paralyse et engourdit ce bras18. Et il semblait, à le voir, que ce fût un bras mort collé à un corps vivant et doué de mouvement. La prière de David était ainsi exaucée : « Donne-leur selon les œuvres de leurs mains »19. Ce spectacle mua en effroi les sentiments de cet homme orgueil- leux et ceux de tous les assistants ismaélites20, et fit qu’au lieu de demeurer là plus longtemps, ils s’enfuirent loin de cet endroit après avoir revêtu de ses habits le saint et lui avoir dit qu’il pouvait se rendre librement où il le voulait. Avez-vous vu, comme je l’ai dit plus haut, que ce démon malin est vaincu et terrassé par les armes mêmes grâce auxquelles il pense triompher des grands hommes ? Voilà qu’une fois de plus notre père terrassa sa puissance imaginaire, et qu’à l’heure où lui-même devait mourir, il confondit le 16. Par là Camblak désigne probablement le mur d’enceinte de Tàrnovo, près duquel se trouve le rocher où avaient lieu les exécutions capitales. 17. Allusion aux paroles de Paul : « Je désire d’être dégagé des liens du corps et d’être avec le Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur » (Philippiens, I, 23). 18. Allusion à un miracle relaté dans I Rois, XIII, 4, où il est écrit que la main de Jéro- boam, roi d’Israël, se dessécha après s’être tendue pour donner l’ordre de se saisir d’un homme de Dieu. 19. Citation du Psaume XXVIII, 4, de David. 20. II s’agit des Turcs, ainsi nommés parce qu’ils sont musulmans comme les Arabes, qui passent pour être les descendants d’Ismaël (fils d’Abraham et d’Agar), placé par Mahomet en tête de sa généalogie.
34 MÉLANGES IVAN DUJ&EV démon. Et, puisqu’il est impossible à l’homme de mourir plusieurs fois21, il accomplit volontairement cette parole : « Il a été immolé et il est glorifié comme martyr sans effusion de sang»22. Et voyez combien cette victoire fut féconde : elle fit connaître l’invincible puissance du Christ jusqu’à ceux-là mêmes que le démon avait soulevés contre le bienheureux Euthyme. Ils virent, en effet, le courage de ce grand homme, son mépris de la mort, sa foi en Dieu, sa sollicitude pour ses enfants, ainsi que le glorieux miracle du bras du bourreau, et ils trouvèrent là une preuve de la vérité de la foi chrétienne. Ce qui le montre bien, c’est qu’ils fuirent loin de ce lieu. Cer- tains pensaient, en effet, qu’ils seraient réprouvés par une plus grande colère d’en haut s’ils torturaient le prélat, si bien qu’ils le laissèrent, jugeant eux-mêmes qu’il valait mieux s’enfuir. Qu’arriva-t-il ensuite ? Après ce miracle, le barbare décida de déporter le peuple en Orient23 (ainsi le voulaient les ordres du roi) et d’exiler l’homme de Dieu en Macédoine24. Et il s’en allait avec le peuple, tel un second Jérémie25, et c’était là un spectacle propre à arracher des larmes aux pierres mêmes de la ville. En effet, les enfants étaient séparés des pères et les frères étaient séparés de leurs propres frères. Car ils n’étaient même pas emmenés tous ensemble. Ainsi, du moins, eussent-ils eu, en se voyant, une consolation dans leurs malheurs. Mais l’on prenait tous ceux qui se distinguaient par leur naissance, par leur fortune, par la beauté de leur visage, et on laissait les autres. Et ces jours-là furent des jours de larmes. En effet, est-il rien de plus amer que la déportation, rien de plus affligeant que d’être séparé des siens ? Le souvenir de la patrie et des êtres chers transperce sans cesse le 21. Probablement d’après Hébreux, IX, 27, où il est écrit : « Et, comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois... ». 22. Il est vraisemblable que Camblak fait intervenir ici, comme nous le suggère notre collègue M. Jean Gouillard, le thème du « martyre sans effusion de sang », fréquemment opposé dans des ouvrages du moyen âge chrétien au « martyre sanglant », sans qu’il nous soit possible, si Camblak se fonde sur un texte patristique ou hagiographique, de donner une référence précise. Ce qui paraît probable, c’est qu’il ne saurait s’agir d’une citation de la Bible et qu’aucun texte biblique ne permet un rapprochement pleinement satis- faisant. 23. Les historiens admettent que c’est en Asie Mineure que les Turcs déportèrent une partie de la population bulgare, dans le dessein de laisser la place libre à des colons turcs et d’asseoir ainsi plus solidement leur domination sur les terres conquises. 24. La science ne dispose pas de données suffisantes pour déterminer le lieu de la déportation d’Euthyme. Le mot « Macédoine», qu’emploie Camblak, avait au moyen âge un sens encore plus extensible que de nos jours. Plusieurs savants ont émis, mais sans un fondement suffisant, l’hypothèse qu’Euthyme aurait terminé ses jours dans le monas- tère de Baëkovo, au sud de Plovdiv. 25. Allusion à Jérémie, XLI-XLIII, où le prophète Jérémie raconte comment il fut entraîné, contre son gré, en Egypte avec une partie du peuple juif.
PRISE DE TÀRNOVO 35 cœur, comme d’un aiguillon26. Ils échangeaient donc embrassades, baisers, adieux et faisaient retentir l’endroit de leurs sanglots. Au milieu d’eux, s’appuyant sur sa crosse, s’avançait à pied ce grand homme, le visage noyé de pleurs et l’âme blessée de mille traits, non de ceux dont il subissait lui-même l’atteinte, accablé comme il l’était par la maladie et par la vieil- lesse, mais les souffrances du peuple le peignaient, ainsi que l’âge tendre des enfants. Une fois qu’ils furent parvenus à l’endroit où, bien malgré lui, leur pasteur devait se séparer d’eux (qui se remémorera cette scène sans verser des larmes ?) les gens tombaient à ses pieds, que leurs yeux mouillaient d’un flot de larmes ; ils le pressaient de leurs lèvres et de leurs visages, baisaient sa main, l’appelaient leur pasteur, leur maître, leur tendre père. Se séparer de lui était un déchirement pour leurs âmes. Des femmes dépo- saient leurs enfants à ses pieds ; d’autres profitaient de ce qu’elles étaient près de lui pour toucher, qui ses vêtements, qui sa main, en pressant cette main comme celle d’un saint et en l’arrosant de leurs brûlantes larmes ; d’autres encore, dans un élan de foi, arrachaient l’herbe sur laquelle il avait posé ses pas ; d’autres enfin, que la foule pressait et empêchait de s’approcher de lui, imploraient de loin sa suprême bénédiction en l’appelant de leurs larmes amères et lui demandaient de leur accorder la rémission de leurs péchés, car elles savaient en leur cœur qu’elles ne le reverraient jamais plus ici-bas. Lui, cependant, les consolait, répandait sur elles la parole de son enseignement, les exhortait à demeurer fidèles aux commande- ments de Dieu et à conserver une foi sans tache ; car c’est à elle qu’on reconnaît l’amour pour le Seigneur, et, de plus, la gloire accompagne ceux qui l’ont gardée jusqu’en leur lieu d’exil. « Les descendants du fidèle Abraham en sont la preuve, disait-il, et tout d’abord Joseph qui, vendu injustement comme esclave par ses frères, fut ensuite glorifié comme roi27. C’est aussi le grand homme qui voyait Dieu, lui qui né en Egypte au sein de la maison de la servitude, punit miraculeusement les bourreaux avec 26. L’on sera attentif ici à une note personnelle de l’auteur qui, après la prise de Tàrnovo par les Turcs, dut fuir loin de sa patrie asservie pour mener en terre étrangère une existence errante et parsemée d’embûches. L’on peut comparer ces lignes, animées d’un accent humain et personnel, à un passage du Panégyrique de Cyprien, où Camblak évoque avec nostalgie le souvenir de sa patrie, la Bulgarie, naguère encore souveraine et maintenant esclave, mais toujours près de son cœur dans sa lointaine terre d’exil. 27. Allusion à l’histoire de Joseph, onzième fils de Jacob et arrière-petit-fils d’Abra- ham, qui, vendu par ses frères et envoyé en Egypte comme esclave, devint, sinon roi, comme le prétend Camblak, du moins le personnage le plus important de l’Egypte après le Pharaon d’après Genèse, XLI, 37-46.
36 MÉLANGES IVAN DUJCEV les flots de la mer et fit sortir tout son peuple de l’Egypte, de la maison de servitude28. C’est encore Zorobabel, fils de Salathiel, qui dans sa captivité resplendissait de gloire grâce à la piété qu’il montrait au sein de la maison du roi et qui contribua puissamment à la libération d’Israël et à l’édification du Temple29. N’y a-t-il pas aussi Daniel qui dompta les lions, et les trois jeunes garçons qui éteignirent les flammes ? N’est-ce point la foi qui leur donna d’accomplir de tels exploits et d’autres, plus grands encore ? Paul leur rend témoignage par ces paroles : « Ils éteignirent la puissance du feu, ils fermèrent la gueule des lions »30 31. N’y a-t-il pas aussi Esther, cette femme magnanime et grande par la foi ? N’est-il pas vrai qu’après avoir imploré Dieu tout d’abord par le jeûne et par la prière, elle apaisa la colère du Roi des Mèdes, qui s’était allumée, et arracha à la mort les Juifs, ses compa- triotes, qu’un seul jour devait faire périr et dont le nombre égale aujourd’hui celui des grains de sable au bord de la mer ? »3 3. Et il les instruisait à être reconnaissants des malheurs qui les avaient atteints, leur donnait l’assu- rance qu’il fallait attendre de là un bonheur ineffable, et, en un mot, dispo- sait leurs cœurs par ses douces exhortations à supporter sans amertume 28. Nouvelle allusion à l’exode du peuple juif de l’Egypte vers la Terre promise, sous la conduite de Moïse, à travers la Mer Rouge qui s’ouvrit pour livrer passage aux Hébreux, puis se referma pour engloutir leurs poursuivants égyptiens d’après Exode, XIV, 21-31. L’expression «maison de servitude», appliquée à l’Egypte, est biblique et empruntée au décalogue {Exode, XX, 2). 29. Moins connu de nos jours que les autres personnages bibliques cités par Camblak, Zorobabel n’en a pas moins joué un rôle important lors du retour des déportés juifs de Babylone à Jérusalem et en Juda, après l’édit de Cyrus, et dans la construction du second temple de Jérusalem, appelé parfois « le temple de Zorobabel ». Voir en particulier Esdras, I, 1-4, II, 2, V, 2, Zacharie, IV, 6-10. L’indication que Zorobabel est le fils de Salathiel figure dans Matthieu, I, 12, Luc, III, 27, ainsi que dans plusieurs textes de l’An- cien Testament, sauf I, Chroniques, III, 19, qui fait de lui le fils de Pedaja. La gloire que Camblak attribue à Zorobabel « à cause de sa piété dans la maison du roi » pourrait être attribuée plus vraisemblablement à Scheschbatsar, qui représenta Cyrus, reçut de lui les objets sacrés du temple juif et fut établi par lui gouverneur {Esdras, V, 14). II est possible d’ailleurs que, comme certains exégètes, Camblak ait vu en Zorobabel et Scheschbatsar un seul et même personnage portant deux noms, l’un hébreu, l’autre chaldéen. 30. Citation assez libre A'Hébreux, XI, 33-34, où il est écrit, à propos de plusieurs personnages de l’Ancien Testament ; « Ils fermèrent la gueule des lions, ils éteignirent la puissance du feu». Il apparaît que Camblak attribue cette épître anonyme à Paul, conformément au point de vue, fort contesté aujourd’hui, de certains exégètes. 31. Allusion aux faits rapportés dans le livre de la Bible intitulé Esther à propos de l’héroïne juive Esther (autre nom de Hadassa), dont la grande beauté fit l’épouse du roi de Perse Assuérus et dont l’ardente foi sauva les Juifs exilés en Perse d’un massacre, qui avait été ordonné par Haman, premier ministre et favori d’Assuérus. La comparaison du peuple juif avec le sable au bord de la mer apparaît plusieurs fois dans la Bible, et tout d’abord dans Genèse, XXII, 17, lors de la promesse faite par Dieu à Abraham que sa postérité se multiplierait.
PRISE DE TÀRNOVO 37 leurs cruelles épreuves. Ayant ainsi parlé, cet homme dont la langue était inspirée de Dieu s’agenouilla et pria avec eux, puis, après avoir prié, il se leva pour leur donner sa suprême bénédiction. Et voici que dans la foule quelqu’un qui sanglotait s’écria en s’adressant à lui : « A qui nous remets-tu, bon pasteur ? — Je vous remets à la Sainte Trinité, répondit-il, maintenant et pour l’éternité ». Qu’advint-il ensuite ? Quand il fut parvenu à l’endroit où on l’avait conduit, quand son âme éprise de solitude eut vu la solitude et qu’il eut constaté que l’endroit répondait à ce qu’il recherchait32, il versa des larmes car son cœur était réchauffé par l’action perspicace de l’esprit. Et il dit : « Voici le havre de paix où je demeurerai le peu de temps que durera ma vie d’ici-bas, rendant grâce à Dieu qui m’y a conduit, jusqu’au jour où il viendra me dégager de mes liens corporels ». Mais quel était le travail d’Euthyme jusque dans son exil ? C’était la pêche, travail familier aux apôtres, pour prendre non des poissons, mais des hommes, chaque jour, chaque nuit et à toutes les heures sans exception33. Aussi voyait-on se rendre auprès de lui tous les gens du pays aux alentours de cette montagne, comme autrefois auprès du Baptiste se rendaient tous les habitants de Jérusalem en Judée34. Et les uns se débarrassaient de diverses hérésies, comme on se débarrasse de maladies35. Les autres fuyaient les ténèbres impies des Sarrasins36; les autres quittaient une vie profane, comme on quitte une sordide défroque37. Toutes sortes de vertus étaient semées, les gens étaient 32. Les indications que Camblak donne ici sont tout aussi imprécises et aussi insuffi- santes pour permettre de déterminer l’endroit où Euthyme fut exilé que celles qu’il avait données supra. Voir note 24. 33. Cette phrase rappelle le fait que les principaux disciples de Jésus étaient d’anciens pêcheurs et s’inspire probablement des paroles de Jésus disant à Simon et à André : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Marc, I, 17), ou encore disant à Simon, après le récit de la pêche miraculeuse : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras» (Luc, V, 10). 34. Camblak s’inspire sans doute de Marc, I, 5, où la popularité de Jean-Baptiste est suggérée par les mots : « Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ». 35. Il n’est pas étonnant qu’Euthyme ait poursuivi jusque dans son exil la lutte contre les hérésies, qui avait occupé une large place dans son activité au cours de son patriarcat, en particulier la lutte contre l’hérésie bulgare, plusieurs fois séculaire, des bogomiles, ainsi que la lutte contre certaines tendances rationalistes nouvelles dont le protagoniste était dans l’Eglise d’Orient Barlaam, stigmatisé par les hésychastes à l’égal des plus grands hérétiques. 36. Allusion à l’Islam, qui non seulement était incompatible avec la vraie foi, mais dont l’adoption eût menacé le peuple bulgare de dénationalisation. 37. II doit être fait allusion ici à la prédication morale d’Euthyme, réputé pour son austérité à son époque où régnaient le vice et la corruption, comme tendent à le prouver plusieurs documents, en particulier certains passages des épîtres de ce prélat.
38 MÉLANGES IVAN DUJ&EV instruits dans la connaissance du Seigneur, et les ignorants eux-mêmes instruisaient les autres38. Ce n’était pas seulement en cet endroit que des foules se rassemblaient pour voir ce nouvel Elie39 ; dans toutes les villes, dans les villages, sur les routes, sur les places publiques, dans les maisons, dans les églises, l’on pouvait entendre le nom d’Euthyme, que l’on se trans- mettait de l’un à l’autre comme un message sacré. C’est avec justesse que le prophète a dit : « Le son de sa voix s’est répandu sur toute la terre et ses paroles sont parvenues jusqu’aux confins de l’univers»40. Puisque donc il avait tellement resplendi dans sa patrie et au sein de sa ville, le renom de cette âme éprise de sagesse allait se répandre aussi dans presque tout l’univers. Certains pensent peut-être que ce que nous rappor- tons à ce sujet est faux41. Si Dieu lui accorda de se montrer tel jusqu’en terre étrangère, c’est, au contraire, pour que les éloges qu’on fait de lui soient pleinement fondés et pour que les habitants même de l’endroit se fassent les prédicateurs et les panégyristes de ce captif, exilé, étranger, recru de fatigue. Bien souvent, en effet, ils lui apportaient dans leurs bras leurs enfants en proie à différentes maladies, et, au retour, ils les voyaient sur pied et marchant seuls, délivrés de la maladie comme d’une lourde chaîne42. Il s’ensuivait nécessairement que ceux qui avaient été guéris célébraient comme avec des trompettes le bien que leur avait fait ce médecin. C’est pourquoi beaucoup de femmes en vue, épouses de ceux qui gouvernaient le pays, venaient à lui et étaient par lui conduites à la piété ; et ces femmes, à leur tour, gagnant à Dieu leurs maris, grâce à ses prières, les conduisaient à lui, qui les conduisait au Christ. De plus, ces gens lui apportaient beau- coup d’or, qu’ils le priaient d’accepter pour les besoins de son havre de paix, mais lui, les instruisant à distribuer de leurs mains cet or aux pauvres, il 38. Cette phrase suggère qu’Euthyme a poursuivi jusqu’à sa mort son travail de péda- gogue, qui avait été l’un des aspects les plus féconds de son activité durant son patriarcat. 39. L’un des plus grands prophètes de l’Ancien Testament et le plus populaire de tous en Bulgarie, où Elie occupe une certaine place jusque dans le folklore national. 40. Citation approximative du Psaume XIX, 5, que Camblak a adapté à Euthyme en le modifiant légèrement (sa voix... ses paroles, au lieu de leur voix... leurs paroles). A noter aussi celui que Camblak appelle « le prophète » est David, qui n’est pas classé parmi les prophètes de l’Ancien Testament, malgré les dons prophétiques que lui attribuent certains commentateurs de la Bible. 41. Ces détracteurs d’Euthyme pourraient être, d’après Kaluzniacki, des moines grecs, qui ne pouvaient manquer d’en vouloir à ce prélat patriote du zèle avec lequel il avait toujours défendu l’indépendance de l’Eglise bulgare. 42. La liste des hauts faits que Camblak attribue à son maître Euthyme dans son exil ne serait pas complète s’il ne lui avait attribué aussi des pouvoirs de thaumaturge, qui avaient été attribués dès auparavant à d’autres prélats demeurés particulièrement popu- laires dans la Bulgarie médiévale comme Clément d’Ohrid.
PRISE DE TÀRNOVO 39 en faisait pour eux une échelle s’élevant vers le ciel. L’un d’eux lui dit « Qui donc est plus pauvre que toi, ô Seigneur ? Qui, plus que toi. a qualité pour recevoir des aumônes, éprouvé comme tu l’es par la souffrance, par la maladie, ainsi que par les tourments que te causent les mécréants ?» Mais, lui, le regardant avec tendresse, (car son âme détachée de ce monde ne savait pas regarder avec colère), il lui répondit avec douceur et d’un visage souriant : « Ma richesse est cachée ici, mon enfant, (et il lui montrait l’Evangile) et elle doit être mise au grand jour quand Celui qui nous l’a confiée siégera pour juger comment nous l’avons fait fructifier. C’est là un bien qui n’appartient pas à moi seulement, mais à tous ceux qui aiment le Seigneur ». O sainte parole, parole digne des apôtres, ô réponse d’une âme noble, ô sagesse de notre père qui demeurait telle jusqu’en terre étrangère ! Ainsi, jusque dans la persécution et dans l’exil, le salut des hommes était sa pré- occupation, et il conduisait au Christ des pays entiers, des villes, des villa- ges, des peuples. Aussi bien, mettons un terme à nos louanges, car c’est le Seigneur lui-même qui le loue en disant : « Le bon berger donne sa vie pour ses brebis»43. Paul aussi lui a tressé une couronne lorsqu’il a dit : « Tel est le grand prêtre qui nous convenait »44. Que mes paroles à son sujet prennent donc fin là où a pris fin sa vie45, ou plutôt là où ont pris fin ses souffrances et où a commencé sa vie dans le Christ. Cette vie, puissions- nous tous la recevoir par la grâce et l’amour de notre Seigneur Jésus, à qui soient, ainsi qu’à son Père éternel et à son Esprit saint et vivifiant, gloire, honneur, puissance, vénération, maintenant, à jamais et dans les siècles des siècles. Amen. 43. Citation de Jean, X, 11. 44. Citation à.'Hébreux, VII, 26. A noter, ici encore, que Camblak attribue cette épître anonyme à Paul. Voir note 30. 45. Camblak ne précise pas la date de la mort d’Euthyme, que la science n’est pas en mesure d’établir, sinon avec une grossière approximation (fin du xtv' siècle ou début du xv* siècle).
ORIENTE E OCCIDENTE IN TRE MOMENTI DI CULTURA BIZANT1NA A PADOVA Silvio BERNARDINELLO Ogni fondo manoscritto è testimonianza tangibile délia tradizione cultu- rale del singolo centro di studio. Nel caso di Padova quattro codici greci, finora completamente ignoti ai filologi quanto agli specialisti in cataloghi di manoscritti1, sono emblematici di tre momenti di cultura bizantina (e, per riflesso, di cultura classica) locale. Conservati tutti alla Biblioteca Civica, furono esemplati in epoche diverse e provengono da fondi etero- genei. Si tratta dei codici seguenti, completamente o parzialmente vergati in lingua greca : CM. 567, CM. 803, CM. 856, CM. 938. Il manoscritto CM. 938 conserva la Grammatica di Giorgio Scolario, che l’analisi grafica rivela autografa, in una redazione più breve di quelle note finora2. Appartenne al grammatico padovano Pietro da Montagnana (Montagnana ca. 1400-Padova 1478), che ne compose anche una fedele 1. Nessuna menzione se ne trova nel fondamentale e preziosissimo ben noto repertorio del Richard, cosi corne in particolare nel Catalogo di manoscritti greci esistenti nelle biblioteche italiane, a cura di E. Martini, Milano 1893-1902 (= RR.75), nell’omonimo catalogo di E. Mioni (Roma [1966]) e nei Catalogi codicum Graecorum qui in minoribus bibliothecis Italicis asservantur in duo volumina collati et novissimis additamentis aucti, accuravit Chr. Samberger, Lipsiae 1965-1968. Da questi cataloghi sono già noti altri 33 manoscritti, sparsi non uniformemente nelle biblioteche Antoniana, Civica, del Seminario Vescovile, Universitaria. 2. Per la descrizione e l’analisi particolareggiata del codice cf. GH studi propedeutici di greco del grammatico padovano Pietro da Montagnana, in « Quaderni per la storia dell’ Università di Padova», IX-X (1976-1977), pp. 103-128. In questa sede rendo conto solo dei dati essenziali.
42 MÉLANGES IVAN DUJCEV traduzione in latino. Nella ricerca di strumenti didattici sempre più validi all’apprendimento del greco da parte degli umanisti latini la redazione padovana del testo dello Scolario è prova dell’acuto senso critico che ispirava Pietro da Montagnana, il primo umanista padovano che s’in- teressô all’insegnamento pubblico del greco. Dei 37 manoscritti greci, ancora oggi conservati nelle biblioteche di Padova, sette provengono da altri centri3, per lo più del Veneto, undici sono posteriori al Rinascimento, o comunque la loro presenza a Padova è posteriore a taie période4, uno è un libro a stampa con annotazioni manoscritte5, proveniente dalla biblioteca di Pompeo Caimo. Sugli altri diciotto codici, un tempo in varie biblioteche umanistiche, tutte più o meno largamente accessibili al pubblico degli studiosi, ben nove sono di carattere didattico-grammaticale. Oltre al Patav. Commun. CM. 938 e al CM. 856, del quale ultime si parlerà tra poco, essi sono : Patav. Anton. 23, Erotemata del Crisolora6, o, meglio, il Compendio che ne fece il 3. Patav. Semin. 40, Grammatica di Teodoro Gaza (RR. 660, p. 159; Mioni, p. 241) giunta tardiva a S. Maria in Vanzo di Padova dalla biblioteca del docente pisano Lorenzo Laurenziano, per il quale probabilmente l’esemplô espressamente Giovanni Roso nel 1476 (per lo stesso committente il Roso dichiarô nella sottoscrizione di aver scritto nel 1485 il Pindaro del Mutin. Gr. 250 ; cfr. M. Vogel-V. Gardthausen, Die griechisehen Schreiber des Mittelalters und der Renaissance, Leipzig 1909, p. 189, 257 nota 2. È verosimile quindi che il Roso abbia esemplato anche il Semin. 40 per lo stesso Lauren- ziano, che del resto ne risulta chiaramente possessore) ; Semin. 137 delle epistole di Libanio, proveniente dalla bilioteca di Giovanni Angelo Augustano di Rovigno (RR. 660, p. 159; Mioni, pp. 241-243); Univ. 695, manoscritto liturgico, da Feltre (Mioni, pp. 256-257); Univ. 1009, Grammatica del Crisolora (RR. 661, p. 431 ; Mioni, p. 258), proveniente dai Minori Conventuali di Belluno; Univ. 1190, Grammatica di Moscopulo, da S. Nazario di Verona (RR. 661, p. 431 ; Mioni, p. 261) ; Univ. 1408 (RR. 661, p. 20; Mioni, p. 264), Grammatica di Teodoro Gaza, proveniente da S. Giorgio di Venezia ; Univ. 1722 (RR. 661, p. 20; Mioni, p. 265), preghiere e canone monastico da Praglia. 4. Semin. 138 (RR. 660, p. 160; Mioni, p. 243) a Padova non prima del 1600 presse Matteo Ruperti ; il Dioscoride del Semin. 194 (Mioni, pp. 244-246) nel s. xvn nella biblioteca privata di Giovanni Rodio da Magdeburgo ; lo scartafaccio degli aa. 1731- 1733 dell’abate Giacomo Giacometti del Semin. 309 (Mioni, pp. 247-248); quattro innologi e un eucologio del s. xvn : Univ. 432 (RR. 661, p. 18; Mioni, p. 253), 437 (RR. 661, p. 18; Mioni, pp. 253-254), 1137 (RR. 661, p. 19; Mioni, pp. 258-259), 1140 (RR. 661, p. 19; Mioni, pp. 259-260), 1289 (RR. 661, p. 19; Mioni, pp. 262-263); il prontuario retorico del s. xvm dell’Univ. 1173 (Mioni, pp. 260-261); la Grammatica anonima del s. xvn dell’ Univ. 1355 (RR. 661, p. 432; Mioni, p. 264); il filosofico Univ. 2247 (RR. 661, p. 432; Mioni, pp. 265-266), di recente acquisizione. 5. Patav. Univ. 2 a 20 : Pericope del N.T. 6. R.R. 660, pp. 163-164 ; Mioni, p. 233 ; G. Abate-G. Luisetto, Codici e manoscritti delta Biblioteca Antoniana. Col catalogo delle miniature a cura di F. Avril, F. d’ARCAis, G. Mariani Canova (Fontie Studi per la storia del Santo a Padova, Fonti 1-2), Vicenza 1975, pp. 24-25.
ORIENTE E OCCIDENTE 43 Guarino7 8. Anche se gli Erotemata terminano con quelle preghiere in greco e latino, che già negli incunaboli concludevano il Compendia del Guarino, non necessariamente il manoscritto fu esemplato da un religioso. Infatti il codice si âpre con un alfabetario greco ed ebraico, secondo il canone umanistico dell’uomo trilingue, e si chiude con l’idillio I (Tirsi) di Teocrito. A loro volta i Disticha Catonis6 del Patav. Commun. CM. 396 per il loro carattere gnomico sono molto adatti all’insegnamento prope- deutico di retorica del loro probabile possessore Giovanni Calfurnio (Bordogna ca. 1443-Padova 1503). Il testo greco aggiunto posteriormente fra le righe delle Epistole paoline del Patav. Semin. 209 non puô essere giovato ad altro che a esercitazione filologico-grammaticale di un anonimo del s. xvi. Il miscellaneo Semin. 13910 contiene una grammatica del s. xv. Il Patav. Univ. 1218 conserva la Grammatica di Teodoro Gaza, seguita da question! grammaticali di Erodiano e proviene da S.Giustina11, mentre una parte grammaticale greco-latina si legge anche nell’Univ. 98312. Pertanto se ne deduce che la metà dei codici greci esistenti a Padova nel s. xv-xvi è costituita da scritti grammaticali. La percentuale tuttavia non puô essere presa corne valore assoluto13, ma diviene comunque significativa se si considéra la varietà d’indirizzi didattici che rifugge dall’uso costante e univoco délia grammatica canonica degli umanisti, gli Erotemata del Criso- lora14, nella ricerca di nuove sistemazioni teorico-didattiche, passando da Giorgio Scolario a Manuele Caleca, da Erodiano agli erotemata anonimi. È questa una caratteristica dell’ambiente culturale padovano, che nel Rinascimento italiano è l’eco di un’affannosa ricerca di sistemazione di tutta la materia, quale si verifica a Bisanzio alla fine del Trecento e per tutto il Quattrocento, dal Crisolora in poi, con il progressive passaggio da una forma erotematica a una più sistematica sul modello délia scuola latina15 ; è questa l’espressione marginale, ma non per questo meno féconda, 7. Cf. A. Pertusi, ’EganT/pata. Per la storia e le fonti delle prime grammatiche greche a stampa, in « Italia Medioevale e Umanistica», V (1962), p. 325 nota 4. 8. RR. 660, pp. 162-163; Mioni, p. 237. 9. RR. 660, p. 158; Mioni, p. 241. 10. RR. 660, pp. 160-161 ; Mioni, pp. 243-244. 11. RR. 661, p. 19; Mioni, pp. 261-262. 12. RR. 661, p. 431 ; Mioni, pp. 257-258. 13. Per una statistica più compléta e più valida bisognerebbe tener conto anche per lo meno delle biblioteche di Palla Strozzi e di S. Giustina, ora disperse e non più a Padova. 14. Infatti delle grammatiche elencate sopra una è di Giorgio Scolario, una è del Gaza, imegrata dal testo di Erodiano, una è del Crisolora-Guarino e le altre sono anonime. 15. Su tutto il delicato problema qui accennato, dettagliato ed esauriente è lo studio del Pertusi, ’EpcoTTjjia-ra..., cit., pp. 321-351.
44 MÉLANGES IVAN DUJCEV di un fenomeno d’interscambio culturale di ben più vasta portata, quale la conservazione del patrimonio délia cultura greca antica che ancor oggi costituisce, malgrado tutto, una parte intégrale délia nostra civiltà, grazie proprio « all’opera degli umanisti italiani e europei del Rinascimento e dei loro predecessori bizantini»16 *. L’interesse padovano per lo studio grammaticale non è limitato al Rinasci- mento. Ne è una prova l’altro codice, finora ignoto e inesplorato, auto- grafo del fisiologo e linguista Paolo Marzolo (Padova 1811-Pisa 1868), il CM. 856 délia Civica, contenente il Trattato critico délia grammatica greca11. Si tratta di uno scartafaccio non rilegato di 52 pagine di testo, non numerate, di cm. 31,5x21, con intercalati numerosi foglietti volanti di dimensioni più piccole, che costituscono appunti a integrazione del testo manoscritto. Interessanti in questo Trattato le osservazioni sull’ana- fora, l’aspetto verbale e la pronuncia del greco, con particolare riferimento al periodo bizantino, quasi un’eco degli studi grammaticali bizantini presenti nelle grammatiche manoscritte di Padova del Quattrocento. Arric- chiscono questo saggio numerosi esempi di linguistica comparativa18 e di grammatica storica comparata. « Eterodosso géniale », corne lo definisce il Migliorini, il Marzolo tenne l’incarico di grammatica e lingue comparate a Pisa dal 1862. Evidentemente è al periodo pisano che si riferisce il caotico CM. 856, ultima testimonianza délia scuola padovana di « bizantinologia », sorta con l’Umanesimo. L’ellenismo a Padova non si manifesta soltanto con lo studio dei testi linguistici fondamentali che poteva mettere a disposizione la cultura bizantina, ma giunge anche a una fase creativa, almeno in due dotti locali : Jacopo Giacometti (1663-1737), docente di Morale all’Università, compose sette elegie De moribus e scrisse numerose lettere in greco, ora conservate nel codice 309 délia Biblioteca del Seminario Vescovile, mentre Giovanni Domenico Polcastro (1710-1787) lasciô un garbato ed elegante epigramma ’Ev rfl tou IlatSoç ’Ateotwou yeveT^, il cui autografo ora costituisce il terzo fascicolo délia busta-manoscritti CM. 803 délia Biblioteca Civica. Finoro ignoto agli studiosi consta di quattro fogli non rilegati, intercalati 16. P.O. KriSteller, Umanesimo italiano e Bisanzio, in Venezia e l’Oriente fra tarda Medioevo e Rinascimento, a cura di Agostino Pertusi, Venezia 1966, p. 32. •17, È una parte dei Monumenti storici rivelati dall’ analisi del linguaggio, inedita per .vôlere dello stesso Marzolo che nel f. 1 del codice appose la seguente postilla : « Questo' è affatto a parte délia Storia naturale/ délia Grammatica. Non va stampato coll’ opéra Monu/menti Storici ecc. » 18. Vi si leggono paralleli, spesso alquanto discutibili nell’ attuale prospettiva glotto- logica, con le lingue semitiche e le altre lingue indo-europee.
ORIENTE E OCCIDENTE 45 da un foglio isolato, contenente nel recto le Correctiones epigrammatis del Polcastro stesso e nel verso la stesura definitiva deU’epigramma, nella quale l’autore tiene conto dei comment! e dei rilievi ortografici, grammati- cal! e soprattutto metrici dell’editore, cui il Polcastro s’era rivolto per la stampa. Le osservazioni dell’editore sono ai ff. 2-4 del fascicolo in questione. Al f. 4V l’autore s’era sentito in dovere d’esporre la sua «Metri et syntaxecoç ratio », per superare lo scoglio più forte che si opponeva alla stampa deU’epigramma. Di tenore completamente diverso è l’ultimo codice greco di Padova tuttora ignoto agli studiosi : CM. 567, del quale presentemente si fornisce la descrizione. PATAVINUS, Bibl. Communalis, CM. 567 (olim C. RM. 675). Chart., saec. XVII, mm. 215x180, ff. 11.57+15. Librarii duo diligenter, non aequabili tamen calamo nitidaque scriptura exaraverunt, quorum prior (a) ff. lr-5r alter (b) ff. 5V-56V et 71r lineis plenis 25 exaraverunt. Ff. 42v-43v, 57r-v, 58r-7Ov, 72r-v scriptura vacant. Fasciculi quattuor quorum primus trium foliorum, extremus quindecim, ceteri duo de triginta foliorum, nulla subputatione praediti. Decimum autem quodque folium a librario b arabice numeratur. Nulla nota conspicitur. Folium I additum custodiae causa. Litterae initiales grandiores. Atramentum subnigrum. Iota mutum subscribitur. Lineatio OOD1 (Leroy), attamen altéra verticalis linea utroque in margine haud exaratur. Officinarum chartariarum signa sunt gentilicia insignia diversa atque causia: in repertoriis non reperiuntur. Contentorum indiculus latinus f. Ir « Defensio Ecclesiae Grecae/contra Latinos:/ Agitur de Primatu Papae, /Purgatorio etc. G.M.S.j Barlaamus de Primatu Papae/ et de Aliis etc. G.M.S./ Marcus Ephesinus E(piscopus)/Dissertatio contra Latinos G./Hieremias Constantinopolitanus P(atriarcha)/Tertium responsum ad Germanosj A Martino Crusio Latine conversum. G.L./ Editum 6. Junii.l581./Secundum Re- sponsum etc./Editum mense majo 1579,/Actus contritionis et Oratio B.V.M.G.» Integumenti spissae chartae saec. XVII. In dorso inscribitur « Defensio/Eccl(esiae) Grae[cae]/Barlaam/dePrim (atu) Papae/Marc (us) Eph(esinus)/C (ontr)a Latino[s]/ Hieremias/ Resp (onsum) ad/Germanos/G. » 1. [NILUS CABASILAS], Libri duo de causis dissensionum in ecclesia, et de Papae primatu. Liber prior (ff. lr-7r) inscr. Bipxlov KpÛTov ^toi kovoç à7ro8ei.xvùç pièv aXXo ti to TÎjç 8i.a<7Tà<7eco<;...7rpà^ecov. Inc. /jyoup.effa 8eïv Kpoç Xarivouç Troioupiévouç tov Xoyov..., expi. oute oi tcûv KocTÉpcov poûXovTai. vôp.01., rà Trapovra àpxeT (P.G. 149. 700 A). Liber alter (ff. 7r-23r) inscr. toü aÙToü 7tepi TÎjç toü nàT^Kp/Tjc Pt^Xlov P'. Inc. Oaolv ol XaTÏvot tov piaxapiov KÉTpov..., expi. ir/j $ep(.éXy;<: èx toü GTopiaTÔç piou tov Xôyov àXyj&eiaç (ibid. 700A-729A).
46 MÉLANGES IVAN DUJCEV 2. [DIALOGUS THEOLOGICUS]. Inscr. ’Ap/y; tlvoç Ppaixoü xal KaXSyjvapicov (recte KapSivaXlcov) tlvûv arco rrjç IIpeopuTépaç 'Pcopiy;?. Inc. 'O KaX8y;vàpi.oç. Trjç; 'Pcopialcov àylaç ÈxxXTjcnaç rà tcov èxxXvjm.ûv Katjcov xXTjpcocjapiév/jç KpcûTo/.Eia..., expi. oûtco tûv Kpay^àvcov àvT(.poa>vrcov. téz.oç (ff. 23r-26v) : cf. Vat. Palat. Gr. 409, ff. 338 ss., Marc. Gr. Z. 150 ff. 297r-307v. 3. [BESSARIO NICAENUS], Responsio Graecorum ad posi- tionem Latinorum de igné purgatorio a Bessarione Nicaeno recitata die 14 iunii 1438 (ff. 27r-42r). Inscr. Ilepî. toü KaftapT^plou Ilupàç [3(.pX(ov êv. Inc. et p.èv Kepi âXXy)Xo!.p àp.cpurP'/jTOÜp.ev..., expi. toç KpooSoxoup.év7)ç érépœç xœ&œptrecop (Patrologia Orientalis, XV. [61], 1- [79]. 29, edidit Louis Petit). 4. BARLAAM, De Papae primatu (ff. 44r-56v). Inscr. Toü oo<pcoTàTou BœpXaàp. Àoyoç nept, TÎjç toü mxTta àpxîjç. Inc. xe<p. a'. 01 Kspi, xàç È7n.<7TT)p.aç Sewot, d> ^py)<7TÈ Opayxtoxe..., expi. xat [TaxpoS'ùp.cop àxouaôp.eS'd trou (P.G. 151, 1255-1280). 5. TOT ATIQTATOY IIATPOS HMQN MAPKOY APXIEÜI- SKOÜOY EtPESOY TOY NEOY 0EOAOPOY <7uXXoY(.<7Ti.xà xecpaXaia Kpàç AoctIvouç (opus typis impressum saec. XVII, cc. Cclv-Ee3r). 6. MAPKOY EOESOY TOY EYTENIKOY xe<pàXai.a OTjXXoyi.cmxà TÎjç aîpéaecoç tcôv àx(.v8uv(.a<7TÛv irepi 8i.axp[<7ecoç 9-eiaç oùalap, xaî.èvepYe(aç(opus, ut superius, typis impressum ex eodem editione saec. XVII, cc. Ee3r-Ff3r). 7. NIKHTA BYZANTIOY OIAOSOOOY KAI AIAAXKAAOY xecpdcXaia, x8' truXXoyiffTixà èx xoivûv rapt &eoü ewoicov (opus, ut supe- rius, typis impressum ex eodem editione saec. XVII, cc. Ff3v~Hh4Ÿ). 8. Tertium Patriarchae Constantinopolitani, D. Hieremiae, responsum : a Martino Crusio... conversum, ed. 1581, pp. 217-244. 9. Secundum Patriarchae Constantinopolitani, D. Hieremiae, respon- sum : a Martino Crusio... Latine conversum, ed. 1579, pp. 129-216. 10. [ACTUS CONTRITIONIS]. Inc. Kùpie Tkjctoü Xpurré, où kSv dyahov..., expl. xai. Tipuoplav, xal aÙTOv tov S-avaxov KaS-Eiv (f. 71r). 11. Oratio Beatae Virginis Mariae, opus typis impressum a. 1680 et codicis chartae 71v glutinatum. Nemo de codice scripsit. La risposta del Bessarione alla Chiesa di Roma sul Purgatorio lino a pochi anni or sono era attribuita a Barlaam, anziché al Bessarione. Martin Jugie19 la considéra invece sicuramente del Bessarione e di Marco d’Efeso. 19. D.H.G.E. VI. 830.
ORIENTE E OCCIDENTE 47 In realtà l’opéra fu pubblicata fin dal 1555 (Basilea), corne anonima20. Fu un’ accidentale scelta d’impaginazione che fece attribuire l’opéra a Barlaam. Dato che nell’ Appendice del trattato di Claude Saumaise contro il primato del Papa21 e nell’ edizione di Londra del 1627 il nostro trattato, anonimo, segue immediatamente il IIpoç toü flaKa àp/îjç di Barlaam, Pietro Arcudio 1’ attribui definitivamente a Barlaam22. Si deve al Petit, sulla base délia cronistoria del Concilie di Firenze, l’attribuzione di questo scritto alla collaborazione di Marco d’Efeso e del Bessarione, che s’incaricô di leggerlo nella seduta conciliare del 14 giugno 1438. Precedentemente Gorskij23 l’aveva attribuito al solo Marco ; altri a Nilo Cabasila. Si tratta comunque di un’opera molto rara, délia quale i codici sono in numéro limitatissimo, e che fino al 1627 era attribuita comunemente a Barlaam24. Il dialogo dei ff. 23r-26v, nel quale è affrontato il tema del primato délia Chiesa di Roma, è d’impostazione socratico-platonica fra un greco e un KapStvàXioç. Il codice fu rilegato nello stato attuale alla fine del s. xvn, quando i brani a stampa furono intercalati ail’ originale manoscritto délia fine del Cinquecento o dei primi anni del Seicento. Dato che le opéré ivi contenute sono scritti antilatini, tutti difficilmente reperibili anche oggi, appare évidente l’intenzione del compilatore délia raccolta del CM. 567 : disporre di una sintesi di testi contrari alla dogmatica délia Chiesa di Roma, scelti fra quelli meno divulgati, manoscritti o stampati, e d’incerta attribuzione. Nessuna nota di possesso o altro elemento codicologico c’illumina sulla provenienza del manoscritto, salvo l’insignificante vecchia segnatura C.RM. 675. Tuttavia, trattandosi di una silloge teologica greca antilatina, è in questo ambiente che sarà presumibilmente da ricercare il primo possessore e il riordinatore del codice. A Padova a queste caratte- ristiche risponde bene il collegio per studenti greci dell’Ateneo, fondato da Giovanni Cottunio nel 1657 con sede in piazza del Santo, a pochi metri dall’attuale Biblioteca Civica e ancora opérante fino al 194425. 20. Nell’edizione di Basilea è accompagnata da una traduzione latina di Joannes Hartungus, mentre in quella di Leida del 1595 la traduzione è del Vulcanius. 21. CI. Saumasii librorum de Primatu Papae pars prima. Cum apparatu. Accessere de eodem primatu Nili et Barlaami tractatus, Hanoviae 1608, Lugduni Batavorum 16452. 22. Cf. la sua opéra, pubblicata postuma, De Purgatorio igné adversus Barlaam, Romae 1637. 23. The History of the Council of Florence, London 1861 (trad. V. Popoff). 24. Bibliotheca Graeca, XI, p. 467 (Fabricius-Harles). 25. A. Favaro, L’Università di Padova, Venezia 1922, p. 202. Sul Cottunio, lettore di filosofia nello studio di Padova e ivi laureatosi in medicina il 29 dicembre 1615 e sul collegio da lui fondato cf. T. SOTHPIAAHS, 'EXX-qvixà xoXXéyta èv Ilceraulcp Ir.l Beveroxparoplaç, in « ‘HpiepoXoYWv rîjç MeyàXïjç ’ExXâSoç », 1926, pp. 431-448-;
48 MÉLANGES IVAN DUJCEV Se, corne tutto lascia supporre, l’identificazione è esatta, questo s’accorda con la tendenza 'laica’ dell’Università che al tomismo oppose la filosofia averroistica di Pietro d’Abano (1257-ca. 1315), cosi corne alla scuola dei Gesuiti nel s. xvii contrappose la silloge 'ortodossa’ del CM. 567. Non a caso s’istituisce questo parallèle : Pietro d’Abano nei suoi lunghi viaggi s’era formate alla scuola di Costantinopoli, a quel tempo molto influenzata dalle teorie di Fozio. A distanza di secoli un anonimo greco del collegio Cottunio fa rivivere in Padova la meno divulgata teologia bizantina. È solo nostalgia di esule, o non piuttosto tradizione d’ambiente culturale, contrassegnato dal motto araldico « Universa universis Patavina libertas » ? L’incontro dell’Oriente bizantino e dell’Occidente umanistico lascia quindi a Padova un’inconfondibile testimonianza manoscritta, in tre fasi culturali : studio grammaticale, ricerca teologica, produzione letteraria in lingua greca. K. MEPTZIOS, 01 èx MaxeSovtaç (xeyàXoi eùepyÉTat toü "E&vouç. ’lcodwqç Kcot- touvï)?, in Mvqpieïa Maxe8ovtxï)ç îa-ropiaq, Thessaloniki 1947, pp. 471-504 ; A. STEPEEAAHS, Néa ptoypaçixà CTOt/eïa ytà vàv ’Iùxxvvï) Kùjttovvio (1572-1657), in « ®ï)aavpiap.aTa », V (1968), pp. 249-254 ; K. MEPTZIOS, 'O ’lcoâvvqq Kù>t- touvioç ^to ôp&68o!;oç, in « MaxeSovix?) Çwr, », 47 (1970), pp. 14-15 ; G. Plumidis, GU scolari greci nello studio di Padova, in « Quaderni per la storia dell’ Università di Padova», IV (1971), pp. 128, 134, 137.
L’ÉVOLUTION DES GENRES DANS LA LITTÉRATURE SERBE DU XIIIe SIÈCLE Dimitrije BOGDANOVK^ L’œuvre littéraire au Moyen Age n’est pas une œuvre autonome mais un chaînon du développement du genre littéraire auquel elle appartient. Cela nous est prouvé par l’histoire des littératures byzantine et russe ancienne. La poésie médiévale met au premier plan ce qui est universel ; au lieu de s’orienter vers ce qui est individuel, particulier, elle gravite au sein des genres et des types d’œuvre littéraire établis. C’est pourquoi l’étude des genres fera voir, si l’on se penche sur l’ancienne littérature serbe, les mêmes phénomènes et les mêmes normes que l’on a pu constater dans les littératures de Byzance, de l’ancienne Russie ou de l’Europe occidentale du Moyen Age. L’œuvre littéraire de la littérature serbe n’était pas non plus une œuvre strictement délimitée et simple, que l’on pourrait étudier à la lumière de l’individualité de son auteur, sachant à quel point le principe individuel était loin des conceptions artistiques médiévales. Les textes se confondent et varient, ils s’amplifient ou se transforment en textes nouveaux, et tout au long de ces changements de nombreux auteurs connus et inconnus se relaient. L’œuvre littéraire médiévale est une abstraction faite d’une série de formes concrètes. Si nous parlons de la « Vie de saint Sava » ou de « l’Office de saint Sava » nous les considérons comme une œuvre strictement circonscrite d’un auteur connu ou inconnu, or, en réalité il existe tout un réseau de textes qui s’enchevêtrent, de textes sujets à mille modifications et variant suivant la rédaction du milieu qui s’en servait. Chacun de ces textes, pris à part, connaît son propre sort et il peut tout aussi bien s’associer à un autre que devenir auto-
50 MÉLANGES IVAN DUJCEV nome au cours de la formation et modification dynamique des genres. Peut-être que dans la recherche sur la genèse de certains genres dans la littérature serbe ancienne, l’on s’est trop arrêté sur le côté formel, composi- tionnel des textes qui ont donné naissance au vieux genre littéraire serbe de la « biographie ». Bien des choses restent encore à dire à ce sujet, en particulier au sujet du prétendu « dualisme » dans les biographies des souverains serbes (données historiques et idéalisation de celles-ci) comme étant « le principal problème littéraire » et le facteur fondamental de la constitution de ce genre1. Nous voudrions, tout au contraire, attirer l’attention sur le fait que la conception hagiographique est le motif principal et universel des biographies de la littérature serbe ancienne, comme elle l’avait été dans les biographies byzantines. Le triomphe sur l’opposition entre le ciel et la terre, entre le corps et l’esprit, à l’aide de l’ascèse et du martyre par lesquels l’on atteint à la sainteté, n’est pas un « dualisme » qui serait propre aux biographies dynastiques serbes. D’autre part il me semble que dans ces recherches l’on avait négligé la fonction liturgique de ces textes biographiques, fonction qui justement constitue l’un des éléments, élément dynamique, de l’évolution de ce genre. En un mot, il n’est pas sans importance de savoir si un texte biographique est un document diplomatique ou l’annonce de la mort d’un personnage saint, ou un synaxaire lu à matines ou encore une biographie destinée à être lue dans le réfectoire d’une grande cénobie. Il peut en découler toutes sortes d’abréviations ou de prolongements, de variations dans les formules et le style ou même l’élimination totale et le remplacement par un autre texte. Nous avons essayé d’étudier l’évolution des genres dans la littérature serbe du xine siècle à l’aide de quelques textes continus assez longs et dont les rapports et relations mutuels n’ont pas été suffisamment étudiés, tout en tenant surtout compte du fait qu’il s’agit de textes à contenu spirituel homogène, et de textes dont la forme est définie par la place qu’ils occupent dans le culte, par leur fonction liturgique. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi la Vie de saint Sava et l’Office de saint Sava. Ces textes nous permettent de suivre de très près l’évolution des formes, de simples en complexes, et la dépendance de celles-ci de l’histoire du culte et de quelques autres facteurs « extérieurs » comme par exemple d’une « norme» littéraire spécifiquement byzantine, qui se reflète dans la nouvelle codifica- 1. R. Marinkovic, Poceci formiranja srpske biografske knjizevnosti. Povelje o osnivanju manastira Hilandara, « Prilozi za knjizevnost, jezik, istoriju i folklor » 39 (Beograd 1973), 3-19, spéc. p. 3.
GENRES LITTÉRAIRES EN SERBIE 51 tion liturgique (nouveaux typicons, nouveaux minées, nouveaux synaxaires etc.) norme qui, précisément au xme siècle pénètre dans la vie liturgique — et par conséquent aussi littéraire — serbe2. En étudiant de près la Vie de saint Sava dans le manuscrit de Moscou GBL f. 178, N° 10272 (jadis Hlud. 105), datant du troisième quart du xive siècle, nous en avons conclu que la Vie de saint Sava de Domentijan datant de 1243 n’est point du tout le premier texte biographique consacré à notre saint. L’analyse de cette œuvre, que nous avons appelée « Kratko zitije Sv. Save» (Vie sommaire de saint Sava) (KZ), nous fait distinguer quelques unités indépendantes plus petites, et, de plus, quelques étapes de l’évolution de la Vie de saint Sava, de ses formes les plus simples à des ensembles complexes3. Ce sont : La Vie de saint Sava de Chilandar; la Translation de Mileseva (description du transfert des reliques du Saint de Trnovo à Milesevo) et l’annotation de Chilandar sur la mort de saint Siméon. Le premier en date de ces textes est probablement l’annotation sur la mort de saint Siméon, écrite vraisemblablement immédiatement après le transfert de sa relique en Serbie, en 1206. Le second serait la Vie de saint Sava de Chilandar, écrite bientôt après la mort de saint Sava à Trnovo en 1235, et bientôt après, en 1237 la Translation de Mileseva, l’année même ou seulement quelques années après ce transfert. Cependant, il ne s’agit pas ici seulement d’un ordre chronologique dans lequel se suivent les parties isolées d’un ensemble plus complexe, qui dès 1240 constituaient un tout intégral4, mais du phénomène de la création en cercles concen- triques dans certains milieux littéraires, qui ne sont littéraires que parce qu’ils sont des centres religieux, des endroits dédiés à un culte défini. Dans la genèse des textes sur saint Siméon l’on pouvait distinguer cette création concentrique tournant surtout autour de Studenica : la Vie de saint Siméon, écrite par saint Sava est la vie du fondateur de ce monastère insérée dans le typicon de celui-ci5. L’on a de bonnes raisons de croire que l’Office de saint Siméon, écrit par saint Sava, provient aussi de Studenica6. 2. P. SlMié, Rad Svetog Save na osavremenjavanju bogosluzenja u Srpskoj crkvi, « Sveti Sava. Spomenica povodom osamstogodisnjice rodjenja 1175-1975», Beograd 1977, 181-205. 3. D. Bogdanovic, Kratko zitije svetog Save, « Zbornik Matice srpske za knjizevnost i jezik» 24 (Novi Sad 1976), 5-32. 4. Avant que Domentijan ait rédigé sa volumineuse Vie de saint Sava (1243), et surtout avant qu’il ait rédigé celle de saint Siméon (1264). 5. V. Corovic, Spisi sv. Save, Beograd-Sr. Karlovci 1928, pp. XV-XXI, 151-175. 6. Dj. TrifuNoviô, Beleske o delima u Srbljaku, «O Srbljaku. Studije», Beograd 1970, 271-272, avec une bibliographie.
52 MÉLANGES IVAN DUJCEV Même la Vie de saint Siméon, écrite par son autre fils Stefan, est une variante plus vaste et indépendante qui se rattache au culte de Studenica pour ce saint (suintant la myrrhe)7, et l’on suppose que la Vie de saint Siméon de type plus ancien en forme de synaxaire se rattache aussi à Studenica (et serait peut-être due au moine de Studenica Spiridon de 1227-1233)8. Cela formerait donc un ensemble. Un autre ensemble serait formé par ce que j’ai appelé le cercle de Mileseva, qui est constitué par les textes suivants : l’Office de saint Sava, dans toutes ses rédactions du xme siècle, avec la Vie de saint Sava sous forme de synaxaire de type plus ancien9, et l’on peut y ajouter la Translation de Mileseva dans son KZ, et dans sa deuxième phase le synaxaire plus récent de saint Sava et la compilation de divers textes dans le KZ. C’est sur ce plan que s’est établi le contact entre le cercle de Mileseva avec un troisième cercle, celui de Chilandar. Ce dernier a créé ses propres textes destinés au culte : au sujet de Siméon les deux chapitres de l’introduction au typicon de Chilandar (chapitres 2 et 3)10, et la description de la mort du saint dans le KZ; au sujet de saint Sava : la vie du saint dans le KZ et après ces textes, dans un élan brusque, se développent les genres des Vies de saints écrits de façon rhétorique et prolixe : les œuvres de Domentijan (Vie de saint Sava et Vie de saint Siméon)11 et finalement l’œuvre de Teodosije qui est une œuvre complète et comprend non seulement leur hagiographie mais aussi leur hymnographie12. Le cercle de Chilandar se rattache à celui de Studenica 7. V. Corovic, Ëitije Simeona Nemanje od Stevana Prvovencanoga, « Svetosavski zbornik» 2. Izvori, Posebna izdanja SKA 125, Beograd 1938, 1-76. 8. V. Mosin, Cirilski rùkopisi Jugoslavenske akademije I, Zagreb 1955, 159; Dj. Sp. Radojicic, Antologija stare srpske knjizevnosti (XI-XVIII vekd), Beograd 1960, 314-315. Cf. D. Bogdanovic, Prolosko zitije svetog Simeona, « Prilozi za knjizevnost, jezik, istoriju i folklor » 42 (Beograd 1976), 9-19. 9. V. Corovic, Prolosko zitije Sv. Save, «Svetosavski zbornik» 2. Izvori, Posebna izdanja SKA 125, Beograd 1938, 77-87. 10. V. Corovic, Spisi sv. Save, pp. VIII-XIII, 26-29. 11. Zivot svetoga Simeuna i svetoga Save, napisao Domentijan, ed. Dj. Danicic, Beograd 1865. 12. L’auteur du présent article est en train de préparer une édition critique des œuvres complètes de Teodosije Hilandarac. Pour le moment existent : Zivot svetoga Save, de Teodosije, éd. par Dj. Danicic et faussement attribué à Domentijan, Beograd 1860. Zitije sv. Petra Koriskog, de Teodosije, éd. St. Novakovic, « Glasnik Srpskog ucenog drustva» 29 (Beograd 1871), 320-346, et « Starine Jugoslavenske akademije» 16 (Zagreb 1884) 9 sqq. Voir les textes hymnographiques dans l’édition : Srbljak. Sluzbe, kanoni, akatisti. I, Beograd 1970, 139-507 (transcription et traduction par D. Bogdanovic), et notes sur ces textes : Dj. Trifunovic, Beleske o delima u Srbljaku, 278-291. Cf. T. Jovanovic, Pohvala svetome Simeonu i svetome Savi Teodosija Hilan- darca, « Knjizevna istorija» 5 (Beograd 1973) sv. 20, 703-778.
GENRES LITTÉRAIRES EN SERBIE 53 par deux chartes de fondation de Chilandar, celle de Siméon et celle de Stefan13. Que nous reste-t-il donc : l’existence indépendante de divers cercles, ayant leurs points d’attache et leurs influences mutuelles. Chaque centre avait sa propre production littéraire, pour satisfaire aux besoins de son culte. Ce n’est que pendant une seconde phase que l’on « perce » ce cercle concentrique et établit des contacts, ce qui provoque des mélanges, des combinaisons et des contaminations des textes de diverses provenances. Cependant les centres dans lesquels la création littéraire était plus forte continuent leur activité littéraire propre, sans se contenter de l’activité des autres centres. C’est ainsi que Chilandar arrivera à jouer un rôle prépondérant, en reléguant d’abord par l’intervention de Domentijan, puis par celle de Teodosije, toutes les autres traditions locales au second plan, y compris le saint Siméon de Studenica (La Vie et L’Office de saint Siméon écrits par saint Sava, la Vie écrite sous forme de Prologue, et la Vie écrite par Stefan), et la tradition de Mileseva sur saint Sava (tous les Offices de saint Sava du xnie siècle, La Translation de Mileseva, c’est-à- dire probablement une Vie sommaire ajoutée à la Translation). Ce qui est important c’est que l’on remarque, surtout à l’intérieur d’un cercle l’imbrication d’un texte dans un autre, l’élaboration d’un texte sur les traditions du texte plus ancien. En effet, Domentijan se sert du texte KZ comme de l’une de ses sources pour élaborer sa volumineuse Vie de saint Sava et aussi celle de saint Siméon en se servant notamment du procédé déjà mentionné d’interpolation et de fioriture oratoire, procédé dont Radmila Marinkovié a parlé au sujet des deux chartes de Chilandar14. L’Office de saint Sava, qui est un texte de caractère strictement liturgique est un cas encore plus intéressant. Il n’est pas originaire de Chilandar et pendant tout le xme siècle il n’y est pas reconnu comme tel, pour être remplacé vers la fin du siècle ou plus probablement au début du siècle suivant par un texte de la production littéraire et liturgique de Chilandar. Jusqu’à présent l’on connaissait trois différents Offices de saint Sava ayant été produits au xme siècle : L’Office du Trépas de saint Sava (fêté 13. Edition de charte octroyée à Chilandar par Siméon : V. Corovic, Spisi sv. Save, pp. I-IV, 1-4. La charte du Stefan, éd. par A. Solovjev, Hilandarska povelja velikog zupana Stefana (Prvovencanog) iz 1200-1202, « Prilozi za knjizevnost, jezik istoriju i folklor» 5 (Beograd 1925) 62-89. Pour la date de ces chartes, voir : F. Barisic, Hrono- loski problemi oko godine Nemanjine smrti, « Hilandarski zbornik» 2 (Beograd 1971) 31-58. 14. R. Marinkovic, op. cit., 18-19.
54 MÉLANGES IVAN DUJCEV le 14 janvier)15, L’Office du Transfert de ses reliques (fêté de 6 mai)16, et l’Office du Menée de Bratko, à savoir de la partie de ce vieux codex qui a été écrite vers 133017. L’enchevêtrement de ces divers textes a tout de suite été remarqué, mais aussi leur autonomie, sans égard au fait qu’une partie du texte hymnographique se répète dans chacun des offices ou du moins dans deux de ces trois textes. L’on s’est aussi posé la question de la priorité des textes, et l’on en est arrivé à la supposition que le premier, à savoir le plus ancien, des offices à saint Sava était celui du transfert de ses reliques, que le second en date était celui de l’anniversaire de son Trépas, et que le dernier en date était celui de Bratko qui n’était qu’une version abrégée18. Il y avait aussi d’autres opinions contraires à celle-ci. L’on doit tout particulièrement tenir compte de l’avis compétent liturgique de Lazar Mirkovié qui estime que l’Office du Trépas du saint est quand même le plus ancien19. Une étude approfondie des similitudes et de l’appa- rition de l’un ou de l’autre stichiaire ou tropaire dans les deux offices principaux, celui du Trépas (U) et celui du Transfert (P) n’a pas donné de résultats qui puissent mener à une conclusion définitive à ce sujet. Le quatrième office qui se trouve dans le Menée sur parchemin de Sofia originaire du dernier quart du xme siècle (CIAM 403), n’a pas été étudié. Il est seulement mentionné par Corovié, sur la foi de renseignements obtenus par voie indirecte, comme un « office sur le transfert du corps de saint Sava»20. Or, l’on a vu par la suite que l’on avait eu tort, et que cet office méritait qu’on lui accorde plus d’attention. Ce n’était pas un office sur le transfert du corps de saint Sava mais un office sur l’anniver- 15. Edition d’après le manuscrit sur parchemin de Moscou Und. 75 du début du xive siècle : Lj. Stojanovic, Stari srpski hrisovulji, akti, biografije, letopisi, tipici, pomenici, zapisi i dr., « Spomenik SKA » 3 (Beograd 1890) 165-175. Cf. Dj. Trifunovic, Beleske o delima u Srbljaku, 275-276. 16. Edition d’après le manuscrit des archives de la ASSA Cod. 339 de 1599/1600 : Lj. Kovacevic, Nekoliko priloga za crkvenu i politicku istoriju juznih Slovena, « Glasnik Srpskog ucenog drustva » 63 (Beograd 1885) 19-40. Cf. Dj. TRiFuNovié, Beleske o delima u Srbljaku, 273-274. 17. Seul le canon à saint Sava a été publié : St. Novakovic, Primeri knjizevnosti i jezika staroga i srpsko-slovenskoga, Beograd 1904, 152-158. Le manuscrit du Menée de Bratko se trouve actuellement à la Bibliothèque nationale de Serbie à Belgrade et porte une nouvelle cote Rs 647. 18. Lj. Stojanovic, Stari srpski hrisovulji etc., 165. Cf. Dj. Sp. RADOJicté, Anto- logija, 321. 19. D. Kostic, Liéesée sv. Save u kanonizaciji sv. Simeona, « Svetosavski zbornik» 1. Rasprave, Posebna Izdanja SKA 114, Beograd 1936, 173-175; L. MiRKOvié, Heorto- logija ili istorijski razvitak i bogosluzenje praznika pravoslavne istocne crkve, Beograd 1961, 130. 20. V. Corovic, Prolosko zitije Sv. Save, 79.
GENRES LITTÉRAIRES EN SERBIE 55 saire de sa mort, le 14 janvier. Il contient des éléments obituaires, c’est-à- dire des éléments de son trépas et de son transfert, mais combinés d’une autre manière et ayant une structure qui diffère tout à fait de U. Il est vrai que les textes se répètent dans tout le groupe de l’Office de Sofia (S) dans celui du Menée de Bratko (B), dans U et dans P, mais ce qui y importe, ce sont les autres éléments, nous dirons les éléments « extérieurs » comme par exemple la place des textes consacrés à l’office de saint Sava par rapport aux autres offices, dans notre cas par rapport aux offices des pères du Mont Sinaï, fêtés eux-aussi le 14 janvier. C’est à cet égard que l’office S se montre antérieur à l’un et à l’autre des deux offices publiés jusqu’à présent. Il n’y a pas d’enchevêtrements comme dans U ; les textes sont séparés les uns des autres, surtout les canons qui alternent dans toute une série de « cantiques » sans s’entrecroiser. L’office de Sofia montre précisément dans le sens liturgique l’étape la plus ancienne de la formation d’une acolouthie complexe. Or même cette étape est plus récente que celle dans laquelle le saint est d’abord introduit dans le kondakion typique, puis par un tropaire et un kondakion séparés dans l’office d’un autre saint fêté à la même date21, ou de celle où l’on se sert, pour le vénérer, du culte voué à un autre saint de la même catégorie. C’est ainsi que saint Sava fut vénéré, d’après les règlements du typikon, dans les hymnes faisant partie de l’office de saint Jean Chrysostome, fêté le 13 novembre22. Dans le cas S, toute la construction d’un office particulier est déjà élaborée, dans une espèce de « coexistence » avec l’office préalable de la même date (consacré aux Saints Pères du Sinaï). La phase suivante englobera l’enche- vêtrement U avec l’office préalable, puis sa mise à l’écart et finalement son élimination, d’autant plus que la fête de saint Sava s’est identifiée plus tard dans l’église serbe à celle d’une grande fête (fête avec une veillée23). Nous en avons conclu que c’était une raison suffisante pour considérer l’office de Sofia comme étant l’acolouthie le plus ancien de saint Sava. C’est justement ce mélange des motifs de trépas et de transfert des reliques, qui, en plus des motifs extérieurs mentionnés, nous prouve que l’office S est le plus ancien, et qu’il a été élaboré sûrement juste après le transfert des reliques, en 1237 ou 1238, lors de la constitution du culte de saint Sava, 21. Voir : Dj. Trifunovic, Stara srpska crkvena poezija, «O Srbljaku. Studije», Beograd 1970, 15-20. 22. R. Grujic, Sluzba 13 novembra kao prva sluzba Sv. Savi srpskom, « Glasnik Skopskog nauënog drustva» 15-16 (Skoplje 1935, publ. en 1936), 355. 23. D. Bogdanovic, Sluzba Svetom Savi u ruskim minejima XV-XVII veka, « Sveti Sava. Spomenica povodom osamstogodisnjice rodenja 1175-1975 », Beograd 1977, 349-360.
56 MÉLANGES IVAN DUJCEV ce qui n’a pu se passer qu’à Mileseva et seulement à l’occasion de la trans- lation de son corps. C’est la raison pour laquelle nous considérons cet office comme provenant du cercle de Mileseva qui s’est fait remarquer par le texte chronologique du transfert des reliques de saint Sava et par la rédaction de sa Vie sommaire (Kratko Zitije). A partir de cet office originel prendront naissance deux offices condi- tionnés par des raisons liturgiques. Si bien que l’on fêtera à Mileseva le 14 janvier en mémoire du saint lui-même et le 6 mai en mémoire du transfert de ses reliques (comme fête locale du monastère où sa relique reposait). L’office de Sofia est fêté le 14 janvier. L’office consacré au transfert des reliques a été élaboré à partir de celui-ci (S) en extrayant les textes qui avaient pour sujet ce transfert. Plus tard l’on remplaça l’office S par une structure élargie et une variante remaniée (U). L’office du Menée de Bratko, qui lui-même était originaire de la région du Lim (probablement du monastère des apôtres Pierre et Paul près de Bijelo Polje)24 est une variante spéciale, une espèce d’abrégé basé sur l’office S, avec un nouveau canon. Il est évident qu’une situation liturgique complexe est apparue dans la seconde moitié du xme siècle, situation dans laquelle diverses versions et rédactions de Mileseva étaient utilisées et se faisaient concurrence entre elles. Il est intéressant de remarquer que le typikon du temps de l’empereur Dusan (1346-1355), qui se trouve aujourd’hui à Chilandar (Cod. slav. 165), ignore l’existence d’un office particulier pour le transfert des reliques, mais indique pour le 6 mai « le transfert des reliques du saint archevêque Sava» l’utilisation de l’office «écrit pour le 14 janvier». La structure de cet office, selon ce typikon, correspond à la rédaction S, sans toutefois mentionner les Pères de Sinaï, et ne correspond pas aux autres rédactions du xme siècle, surtout pas à celle de l’office de Teodosije, qui n’a rien de commun avec elle25. Pendant toute cette époque et tout au long du xme siècle Chilandar reste sans office qui serait propre à son fondateur, et surtout sans office qui suivrait les règles prescrites par le typikon qui est en vigueur au Mont Athos, c’est-à-dire le typikon de Jérusalem. C’est la raison pour laquelle Chilandar met sur pied un nouvel office, qui n’a aucune relation avec les 24. Lj. Stavljanin-Djordjevic, Bratkov minej, « Zbornik istorije knjizevnosti SANU» 10. Stara srpska knjizevnost, Beograd 1976, 21-40, spéc. pp. 23-25. 25. L. Mirkovic, Heortologija, 132-133 ; id., Rukopisni tipici srpskoslovenske recenzije, « Bogoslovlje » 19 (Beograd 1960) 1-2, pp. 4-6, N" 5. A comparer avec les règlements du typicon contenu dans l’évangéliaire serbe du diacre Bunilo du troisième quart du xuie siècle (Chilandar, Cod. slav. 23, fol. 232 v) et dans le Tétraévangile de la fin du xnt'-début du xiv' siècle (Ljubljana, NUK Cod. Kop. 12, fol. 389 v).
GENRES LITTÉRAIRES EN SERBIE 57 offices préalables issus de Mileseva, et lance, suivant les règles du typikon de Jérusalem un nouvel office, celui de Teodosije, élaboré très probablement au début du xive siècle, et complètement nouveau dans toutes les parties de sa structure complexe. Différant par là des textes de la Vie du saint qui ont un certain rapport entre eux et qui s’enchevêtrent par endroits et se complètent. L’office de Teodosije accuse une rupture complète avec la tradition de Mileseva et s’impose comme tradition nouvelle, probable- ment par suite de l’inconséquence liturgique et de la composition hété- rogène de la tradition de Mileseva. Que pouvons-nous conclure de cette analyse comparative ? Tout d’abord que le genre littéraire de Vie d’un saint, passe au cours du xme siècle par différentes formes. Dans la genèse de ce genre se trouve une narration ou une annotation sur la mort d’un saint (l’annotation de Chilandar sur la mort de saint Siméon), ou la description du transfert des reliques d’un saint en tant qu’élément essentiel de la fête d’un miracle qui sera la base d’un culte (transfert des reliques de saint Sava à Milesevo). L’acolouthie, l’office qui suit son cours réglementaire, est forcément accompagné ou plutôt précédé d’un synaxaire (synaxaire de saint Siméon et celui de saint Sava). Pour arriver à composer une « Vie de Saint », c’est-à-dire un ensemble destiné à être lu au réfectoire, on réunit des formes primitives, plus simples, en un nouvel ensemble de Vie Sommaire (KZ). De cette réunion et grâce à de nombreux développements rhétoriques, et emprunts à d’autres sources littéraires et d’autres modèles, même de modèles qui n’appartiennent même pas au même genre ni à la même littérature (« L’homélie sur la Loi et la Grâce », de la littérature russe du xie siècle)26, est élaborée la première Vie de Saints vraiment « vaste » de la littérature serbe. C’est la Vie de saint Sava de Domentijan, qui est très complexe et combine plusieurs « genres mineurs ». Nous y voyons déjà l’influence de la rhétorique et surtout celle de l’idéologie du Mont Athos et de la conception byzantine des grandes Vies de Saints. Le genre de l’Office (acolouthie), en tant que genre hymnographique, reflète tout d’abord le moment transitoire dans lequel se trouve en général le service religieux orthodoxe et byzantin aux xne et xme siècles, lors de l’introduction définitive du typikon de Jérusalem comme norme liturgique générale. Dans le cas de l’office de saint Sava, ce genre passe des formes 26. M. P. Petrovskij, llarion, mitropolit Kievskij i Domentian, leromonah Hilan- darskij, « Izvestija OtdeJenija russkogo jazyka i slovesnosti IAN » 13 (SPb 1908) 4, 81-133. Cf. V. Corovic, Medjusobni odnosaj biografija Stevana Nemanje, « Svetosavski zbornik» 1. Rasprave, Posebna izdanja SKA 114, Beograd 1936, 1-40.
58 MÉLANGES IVAN DUJ&EV simples contenant le kondakion et le tropaire au saint et de l’utilisation de l’office de saint Jean Chrysostome, en tant qu’office typique pouvant être utilisé pour notre saint, et de l’acolouthie en mémoire du saint célébré le jour de son Trépas le 14 janvier (S), et des divers offices du cercle de Mileseva à l’occasion du transfert de ses reliques le 6 mai (P) et de son Trépas (U), pour arriver à un rejet de toutes ces créations hybrides, et à la création d’un office complexe mais standardisé suivant le typikon de Jérusalem, à l’office de saint Sava composé par Teodosije. Il est intéressant de remarquer que le culte du transfert des reliques de saint Sava ne s’est pas maintenu dans l’église serbe. Il n’y a été introduit de nouveau que tout récemment. L’étude de ces deux principaux genres de la littérature serbe au XIIIe siècle nous apprend beaucoup de choses au sujet des autres genres, et surtout peut animer les recherches sur la structure des œuvres littéraires volumi- neuses que l’on rencontrera au xive siècle lors de l’élaboration de ce qui est connu sous le nom du Recueil de Danilo des Vies des Rois et Arche- vêques serbes27. C’est ainsi que le développement des genres littéraires au xive siècle chez les Serbes apparaît comme une superstructure sur la base qui s’est formée au siècle précédent, comme une évolution de ses formes, qui, soumises à de nouveaux rapports, arrivent à de nouveaux ensembles dans lesquels se fait sentir une nouvelle et haute qualité littéraire. Décembre 1977 27. J’ai traité ce sujet plus amplement dans mon rapport soumis au Symposium sur Graëanica, réuni à Belgrade en 1973 : Nove teznje u srpskoj knjizevnosti prvih decenija XIV veka, « Zbornik radova » (sous presse). Dans l’intervalle une étude approfondie traitant le sujet a paru : Dj. TrifunoVic, Proza arhiepiskopa Danila II, « Knjizevna istorija » 9 (Beograd 1976), sv. 33, pp. 3-71.
LES CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS D’ÉPOQUE RYZANTINE (XIe-XVe s.) Jacques BOMPAIRE Les catalogues, inventaires et listes de manuscrits datant de l’époque byzantine sont plus nombreux que ne le pensait Charles Diehl au début de ce siècle1. Krumbacher en recensait au moins treize antérieurs à 1500, sur une liste de plus d’une trentaine2. Bees en ajoute encore treize antérieurs à 1500, sur une liste de vingt nouveaux3. L’ouvrage d’Atsalos, La termino- logie du livre-manuscrit à l'époque byzantine, en signale quelques autres4. Leur étendue varie de quelques mots à plusieurs pages. Pour l’Italie méri- dionale et la Sicile, Batiffol en mentionnait huit au total, dont deux d’époque byzantine5. A. Guillou a considérablement enrichi cet apport, notamment grâce au Liber visitationis d’Athanase Chalkéopoulos, codex 816 de Grotta- ferrata, resté inédit jusqu’à nos jours6. Cet higoumène du Patir près de Rossano fait un rapport d’inspection sur soixante-dix-huit couvents « grecs » 1. In « B.Z. », 1, 1892, Le trésor et la bibliothèque de Patmos au commencement du XIIP s., p. 488-525, cf. p. 490 ; il signale, n. 1, p. 491, plusieurs catalogues de Patmos et Constantinople. 2. Geschichte der byzantinischen Literatur, 2e éd., München, 1897, Bibliographical Sériés, Burt Franklin, New York, XIII, p. 509 sq., 1958. 3. In « Revue de l’Orient chrétien», 7, 1912, p. 268-79, dont l’un déjà signalé par Diehl et Krumbacher. Il étudie aussi dans cet article sept catalogues inédits des Météores (Nos I-VII), dont cinq byzantins. 4. Thessalonique, 1971, en particulier p. 72 sq., 140 sq., 217-19. 5. L’abbaye de Rossano, Paris, 1891, Variorum reprints, London, 1971. Pièces justi- ficatives IV-XI, dont cinq signalées à nouveau par Krumbacher. 6. M.H. Laurent et A. Guillou, Studi e Testi, 206, Vatican, 1960.
60 MÉLANGES IVAN DUJCEV de Calabre en 1457-58 et omet rarement de recenser, même brièvement, leur bibliothèque (p. 5, 11, 16, etc.) sauf pour le Patir précisément. «Il énumère environ 1600 manuscrits ; il nous révèle l’existence d’un nombre indéterminé de parchemins grecs et latins» (p. XLV). Ces catalogues sont d’ailleurs loin d’être tous repérés, et a fortiori publiés. Ils apportent quantité de renseignements sur l’histoire des manuscrits et de l’écriture ; cependant c’est au contenu de ces livres que nous nous intéresserons ici, d’un point de vue culturel et non pas technique. Bien entendu nous ne posons que de simples jalons, sans viser à faire l’histoire des bibliothèques et de leur rayonnement intellectuel. Il ne s’agit nullement d’une synthèse, comme celle de C.A. Manaphès dans Les bibliothèques de Constantinople, impériale, patriarcale, et leurs manuscrits, jusqu'à 14537. On connaît la déception des érudits qui au siècle dernier ont visité les bibliothèques des couvents grecs. Dans son rapport à l’Empereur de 1865 (sur son voyage à l’Athos de 1863) Emmanuel Miller écrit ceci : « Le nombre des manuscrits grecs conservés dans tous ces monastères et que j’ai pris la peine d’examiner monte environ à six mille (le chiffre estimé en 1976 est de 11 000/12 000). Malheureusement ce sont presque toujours les mêmes ouvrages : évangiles, psautiers, liturgies, Saint Jean Chrysostome, Saint Basile, Saint Grégoire de Nazianze et les autres Pères de l’Eglise. Loin de moi la pensée de déprécier ce genre de manuscrits... Mais ce n’était pas le but de ma mission. Sans négliger complètement la littérature théo- logique, je devais diriger mes recherches d’un autre côté et tâcher de décou- vrir quelque page inconnue appartenant aux belles époques de la litté- rature»8. Les réflexions de Krumbacher sont analogues au sujet des manuscrits classiques, mais beaucoup plus positives dans le domaine de la littérature byzantine. Il rappelle le pillage des bibliothèques grecques par les érudits occidentaux ou russes et cite l’exemple frappant du manuscrit de Platon rapporté de Patmos en Angleterre par Clarke en 18039. On sait qu’aujourd’hui on ne compte que quelques dizaines de manuscrits d’auteurs antiques (souvent tardifs et copiés sur les premières éditions imprimées) sur la masse des manuscrits athonites inventoriés. On cite toujours le Pto- lémée et le Strabon de Vatopédi, comme le Diodore de Patmos. On peut ajouter par exemple deux mss. d’Aelius Aristide, dont l’un utile pour l’établissement du stemma, à Iviron, un Callimaque à Vatopédi, des mss. recentiores de Lucien. Mais la liste est vite épuisée. 7. En grec, in « ’AO-qvœ», supplément 14, 1972, cf. la bibliographie in loco. 8. Le Mont Athos, Paris, 1889, p. 377. 9. Krumbacher, Z.c., p. 507.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 61 Les catalogues byzantins permettent-ils d’avoir une idée précise de certaines des bibliothèques grecques médiévales, celles des couvents de Grèce et des pays relevant de l’influence grecque, y compris l’Italie méri- dionale et la Sicile, et celles de quelques particuliers ? Pour répondre, nous analyserons une série de documents classés chronologiquement et numérotés de 1 à 40, incluant quelques-uns de la seconde moitié du xve siècle. Cette liste comprend, croyons-nous, l’essentiel de ce qui est publié, mais appelle certainement des compléments. Elle ne retient que les sources documentaires, à l’exclusion des sources littéraires. Elle laisse de côté les inventaires des bibliothèques occidentales, et en particulier celles des humanistes grecs réfugiés en Italie, peu significatives pour notre enquête10. Nous donnons un Numéro bis ou ter aux documents : 1) inédits que nous n’avons pas vus, 2) qui ne sont pas de véritables inventaires, 3) aux inventaires d’archives, 4) au document N° 8 bis ajouté après numé- rotation. XIe siècle - N° 1 — Pour le xie siècle, la pièce la plus intéressante est sans doute la plus ancienne, le testament d’Eustathe Boïlas, Avril 1059, connu par un manuscrit de la B.N. de Paris (Coisl. 263)11. Dans l’église fondée par lui (dans la région d’Edesse en Syrie, selon P. Lemerle), il laisse divers livres de piété ou de patristique. Entre autres, poésies de Grégoire de Nazianze (le Théologien), Ethica de Chrysostome, Hexaéméros de Basile, lettres d’Isidore de Péluse, œuvres de Jean Climaque, Jean Damas- cène. Il faut inclure dans cette série le Panarion d’Epiphane (cf. Photius, Bibl., cod. 122, et H.G. Beck, Kirche und Theologische Literatur im Byzant. Reich, München, 1959, p. 614), le Pandectes qui désigne une compilation pieuse d’Antiochos de St Sabas (Beck, l.c., p. 353, 449-50), le recueil Melissa d’Antoine dit Melissa, œuvre contemporaine du testament (Beck, l.c., p. 643). Le contingent des ouvrages profanes est appréciable : (Fables) d’Esope (il peut s’agir d’un recueil ou d’une Vie d’Esope en grec vulgaire, 10. Cf. Krumbacher, p. 509-10, catalogues de la Vaticane de 1295 et 1311, et en général R. Devreesse, Le fonds grec de la bibliothèque Vaticane, des origines à Paul V, Studi e Testi, 244, Vatican, 1965. Voir aussi H. Omont, Inventaire sommaire des mss. grecs de la B. N. et des départements, IV, Index, p. 37 (1898) : la liste comporte pour une part des catalogues récents (mission Minoïde Mynas à l’Athos et en Macédoine), pour une part des catalogues de collections occidentales des xvi'-xvue siècles, dont quelques couvents basiliens. 11. V.N. Benesevic, in « Journal du Ministère (russe) de l’instruction publique», IX, Mai 1907, p. 226 sqq. Cf. l’importante étude de P. Lemerle, Cinq études sur le XI° siècle byzantin, Paris, 1977, où il traite de nos Nos I, 3, 4. Edition du N° 1, p. 20-29, voir 1. 141-166.
62 MÉLANGES IVAN DUJCEV cf. Krumbacher, l.c., p. 897, 906), Philon (le Juif plutôt que le tacticien, cf. infra N° 10), un couple de livres révélateur des lectures de Boïlas, ô ’AXé^avSpoç, y; AeuxiTnn), sans aucun doute une des versions du roman d’Alexandre du Ps. Callisthène et le roman d’Achille Tatius, Leucippé et Clitophon (cf. infra, dans le N° 3 et le N° 10, on trouve un Alexandrinos /-dros religieux ?, cf. Diehl, l.c., p. 516, n. 21). On hésitera à attribuer à Artémidore l’Oneirocritès, vulgaire Clé des songes anonyme. Signalons enfin des Questions de grammaire, titre assez fréquent (deux mss. de Ques- tions), un texte juridique dit Nomos, et des ouvrages de littérature byzantine, (un poème de) Georges Pisidès, deux Chronographoi anonymes et rà Ilepmxà (s’agit-il du De Persica captivitate, sur la prise de Jérusalem en 614, cf. Beck, p. 450 où le lien avec le Pandectès apparaît, cf. supra). Bref un tiers d’ouvrages profanes, ce qui est exceptionnel, comme nous verrons. N° Ibis — Brébion (inventaire) de la métropole de Reggio, cire. 1050 (éd. A. Guillou, Vatican, 1974) : mentions dispersées de quelques livres religieux, 1. 271-74, 481-82, dont Nil (ouvrage non précisé) ; les Dialogoi mentionnés sont peut-être ceux qu’on associe au nom de Grégoire le Grand (en traduction grecque). — Cf. un acte de Lavra (Athos), de Septembre 1065, donation de livres, non détaillée (Lemerle, Guillou, Svoronos, Papa- chryssanthou, A. Lavra, I, 1970, N° 34, 1. 16-17), avec mobilier divers. N° 2 — Mars 1073, donation de l’empereur Michel VII à Andronic Doucas12. Elle comporte une demi-douzaine de livres religieux ; aucun auteur connu. N° 3 — La diataxis, à la fois « typicon de fondation et testament », (P. Lemerle) de Michel Attaliate, de Mars 1077, en faveur de sa fondation charitable et religieuse à Raidestos et à Constantinople13, mentionne dans le brébion des ouvrages de piété, certains richement ornés, des Vies de Métaphraste, ainsi que Basile (Hexaéméros, Ascetica, C. Eunomios etc.), Grégoire de Nazianze, Chrysostome ou Ps. Chrysostome (Sur les statues, Hexaéméros, peut-être les Margaritai, cf. infra, N° 13, où Chrysostome est indiqué comme l’auteur, etc.), Ps. Clément (toü IléTpou xà 8tà KXy|p.evToç), Ps. Denys l’Aéropagite, Dorothée (de Gaza, cf. Beck,/.c., p. 353), Jean Damascène, Théodore Studite, Théophylacte de Bulgarie (cf. 12. Actes de Patmos, Miklosich-Müller, (M.M.), Acta et diplomata graeca medii aevi, Vienne, VI, 1890, N" II, p. 6. 13. M.M., V, p. 293 sqq., catalogue p. 324-26 et p. 471 (addition postérieure), d’après l’éd. princeps Sathas (1872). Cf. l’étude de W. Nissen, Die diataxis des M.A., lena, 1894, p. 95 sqq. ; et P. Lemerle, l.c., p. 67-112. Il y a deux mss., à Athènes, xle s., et à Chalki, xvme s.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 63 Lemerle, l.c., p. 97, pour la date de l’addition concernant Théophylacte) ; et aussi une Histoire de la prise de Jérusalem (cf. supra, N° 1), le Pandectes, un ouvrage «scientifique» (Seismobrontologion, cf. Diehl, l.c., p. 520, n. 10), l’histoire même de Michel Attaliate (Chronicon). Mention d’un Alexandros, livre de piété associé à un évangile dans le même volume. Mention d’actes d’archives (dikaiômata, cf. Atsalos, l.c., p. 175) et d’un Nomocanon. Il est douteux qu’il faille lire avec la copie C du cod. de Chalki : Xpovtxov xaî. AeuxlKTuqv au lieu de XpunooToptov xal Aeuïnxév, malgré le parallèle du N° 1, car le contexte est purement religieux, M.M., V, p. 471,1. 27. A0 4 — Le typicon du Grand domestique d’Occident, d’origine géor- gienne, Grégoire Pacourianos, en faveur de sa fondation, le couvent de Pétritzos (Backovo) en Bulgarie, Décembre 108314, mentionne des livres des Pères et de leurs successeurs, Grégoire de Nazianze, Basile (Ethica), Climaque, Maxime (le Confesseur), Isaac (le Syrien, cf. Beck, l.c., p. 453), (Théodore) Studite, et des Miracles de Saint Syméon (de la Montagne admirable). Liste d’actes d’archives, d’une « importance exceptionnelle » (P. Lemerle, l.c., p. 161 : 150 à 200 documents). N° 4bis — Dernier témoin du xie siècle, le testament de la veuve Kalé, femme de Pacourianos (autre que Grégoire, ci-dessus), lègue en 1098 à Vatopédi (Athos) des icônes et des livres liturgiques, dont un Climaque15. N° 4ter — En Mars 1093, premier inventaire de la série de Patmos, le testament de Christodoulos, le fondateur16. En fait l’acte se contente de signaler l’existence de l’inventaire (apographé) des livres personnels de Christodoulos, document indépendant et revêtu de sa signature (non retrouvé), auquel le testateur attache une grande importance. XIIe siècle - N° Aquater — La série de Patmos est représentée par un inventaire inédit, de date incertaine (xi-xne s.), dans le cod. Patmos 17017. N° 5 — Même série, inventaire d’Octobre 110318, qui présente deux listes, chacune de onze livres. On relève deux volumes d’Athanase (divers 14. L. Petit, in « Viz. Vrem. », XI, Suppl., 1904, éd. d’après cod. Bucarest (xvllle s.). Cf. P. Lemerle, l.c., p. 115-191 (en particulier p. 115-131, sur la tradition manuscrite complexe, grecque et géorgienne). Brébion (§ 66) : 31 livres grecs et géorgiens, cf. § 16; actes d’archives, § 68-69, p. 154-57. 15. Acte inédit d’Iviion. 16. M.M., VI, N" XX, p. 83. 17. Signalé par Atsalos, l.c., p. 242-43, sur l’indication d’E. Vranoussi et A. Kominis. Il se trouve aux fol. 265-67. 18. E. Vranoussi, IIaTp.iaxà, III, dans « Deltion Christian. Arch. Hetair. », IV, 1964, p. 349.
64 MÉLANGES IVAN DUJCEV discours, entre autres contre Arius et Apollinarios), de Basile (dont VHexaé- méros), Chrysostome (deux livres d’exégèse), Grégoire de Nazianze, et des Vies de Métaphraste, la plupart appartenant à un moine érudit, Joseph le lasite, successeur probable du fondateur Christodoulos (souvent men- tionné dans le N° 10, infra). N° Sbis — La bibliothèque de St Sauveur du Phare (Messine)19 contenait d’après le typicon, cire. 1132, un fonds païen, c’est-à-dire antique, loropixà re xai. crêpa rrjç OupaOev àXXorptaç aùXrjç. N° 6 — Un acte de Rôssikon (Saint-Panteleimon) de l’Athos de Décem- bre 1142 {Acta Rossici, Kiev, 1873, N° 6) contient un inventaire du couvent de Xylourgou (apographé). Il associe, comme d’habitude, le mobilier sacré, les étoffes, reliques, icônes et les livres : ce sont des livres liturgiques en russe, en particulier, Saint Ephrem et (une Vie de) Saint Pancrace. Mention d’actes d’archives. N° 6bis — Le typicon de Saint-Mamas de Constantinople, Novembre 115920 a un appendice avec une liste précise des seuls actes d’archives, confiés au skeuophylax, dans une cassette. N° 1 — La brève liste incluse dans un évangile de Thessalonique ne comporte que des livres liturgiques, y compris la messe de Saint Basile (Mars 1188)21. A0 8 — En Sicile, Octobre 1189, la veuve Oulô fonde le couvent de Sainte-Marie de Bordonaro22, et le dote de mobilier sacré ainsi que de dix manuscrits (1. 57-60), tous religieux, mais d’excellente qualité : Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse, Jean Damascène; s’y ajoute un recueil de Questions de grammaire. N° Sbis — Acte de la Lembiotissa, près de Smyrne, de Septembre 1191, testament de Gérontios, moine (M.M., IV, N° CVII, p. 202) ; deux séries de livres, au total quinze, dont Climaque et l’Histoire Lausiaque (Aaücjoç), et la messe de Chrysostome. N° 9 — On peut dater du xii-xine siècle, et probablement plutôt du xme s., un testament en faveur de Saint-Georges des Manganes, la fon- dation de Constantin Monomaque, portant sur douze livres (11, plus un 19. Passage étudié par J. Irigoin, XXII Settimane di studio del Centra italiano di st. suU’ alto medioevo, Spolete, 1974 (1975), p. 444-45, d’après G. Mercati, Per la stor. d. manoscr. gr. di Genova, di var. badie basiliane d’Italia e diPatmo, St. e Testi, 68, Vatican, 1935, p. 42. 20. S. Eustratiades, in « 'EXX-qvixâ », I, 1928, p. 245-314. 21. P.N. Papageorgiou, in « B.Z. », VI, 1897. p. 544. C’est le n° 3 de la liste de Bees, l.c., qui reproduit la date erronée de l’éditeur. 22. A. Guillou, Actes de Ste Marie de Messine, Palerme, 1963, p. 199, appendice.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 65 pour l’higoumène), à quoi s’ajoutent six livres destinés à une église des Blachernes23. Il est conservé dans le cod. Vatic. Pal. 128 du xi-xne siècle (et aussi, selon O. Volk, l.c., infra, n. 55, dans le cod. Mosq. Syn. 311, 210/CCXI, du xme siècle). Ici encore la liste est purement religieuse : Basile, Isidore de Péluse, Ps. Denys, Dorothée, Maxime (le Confesseur), Jean d’Euchaïta, c’est-à-dire Mavropous (Beck, p. 555), la Dioptra (de Philippe le Solitaire, cf. Beck, p. 642), et trois œuvres du xne siècle, commentaire d’Euthyme Zigabène sur Saint Paul, commentaire de canons et triodia par Théodore Ptochoprodromos (cf. Krumbacher, p. 679), Nomocanon commenté par Zonaras (Beck, 656). xme siècle - N° 10 — L’inventaire majeur est celui de Patmos, Septem- bre 1200 (et non pas 1201)24. Il associe le trésor (reliques, orfèvrerie, étoffes) et la bibliothèque (mss. de parchemin et de papier classés distinc- tement) ; on trouve aussi en marge et au verso du rouleau d’inventaire « le registre des prêts faits par la bibliothèque du couvent», datant égale- ment de la première moitié du xme siècle. On sait que Charles Diehl a réussi à identifier partiellement ces livres dans la bibliothèque actuelle (environ un tiers). Une partie du fonds avait été apporté de St Paul du Latros par Christodoulos lui-même (cf. supra N° 4ter) ; d’autres manuscrits ont été composés dans le scriptorium du couvent, d’autres enfin proviennent de donations et acquisitions diverses (cf. les indications de l’inventaire même). Sur 330 mss., dont 63 de papier, la masse des mss. religieux est considérable : 145 livres liturgiques, textes bibliques et exégèse, 36 Vies de saints et métaphrases (y compris l’Histoire Lausiaque), 4 Paterika (Vies des Pères du désert entre autres). Les œuvres des Pères et théologiens sont au nombre de 106 : Basile (16), Chrysostome (27), Grégoire de Nazianze (7), Grégoire de Nysse (7), Théodoret de Cyr (5), Jean Damascène (2), Théodore Studite (3). divers (39). Détail de ces « divers » : notamment, 23. S.G. Mercati, in « Rev. Et. Byz. », VI, 1948, p. 36-47. Il indique que trois mss. de ce catalogue subsistent : Basile (Escorial, O-III-8, fin xn' s., selon E. Miller), Ps. Denys (Oxon. Bodl. Clark. 37, xie s., « vetustus», selon Th. Gaisford), Mavropous (Vatic. gr. 676, xi-xit' s.). Volk en ajoute un quatrième : précisément le cod. Mosq., qui contient les canons et triodia commentés. C’est à tort que Janin, Géographie ecclé- siastique de l'Empire byzantin, I/III, 1953, p. 80, écrit que « vers 1270, ('Oxford Clark. lui (au monastère) est donné» ; Vogel-Gardthausen, cité dans la note 6, ne dit rien de tel et renvoie simplement au catalogue de Gaisford ; le Gabriel de 1270 n’est pas notre donateur. 24. Ch. Diehl, « B.Z. », I, 1892. p. 498-526. Pour la date, Septembre 6709, indiction IV, il s’agit bien de 1200 et non pas 1201, cf. Thearvic, « Echos d’Orient », 1906, p. 298, et Bees, l.c., N° 4. Texte de l’inventaire de la blibiothèque, p. 514-523, liste de prêts, p. 524-525 C’est à cette pagination que nous renvoyons dans la suite.
66 MÉLANGES IVAN DUJ&EV Origène, Hippolyte, Athanase, Ephrem, Isidore de Péluse, Epiphane de Salamine (Panarion, cf. Diehl, p. 522, et un autre ouvrage, p. 521), Cassien, Barsanuphe, Dorothée (ces trois derniers dans un même volume), Climaque, André de Crète, Maxime le Confesseur, Isaac le Syrien, Photius (en tant que théologien), Léon (le Magistre ou le Philosophe, cf. Beck, p. 594-5), Basile de Néopatrai (Beck, p. 595), Syméon le Nouveau Théologien, Euthyme Zigabène, ainsi que le Pandectes d’Antiochos (Diehl, p. 516, et «divers chapitres » du même, p. 518) ; le recueil Melissa, « que nous appelons aussi Saint-Nicon» (Diehl, p. 518, 522), en deux exemplaires (s’agit-il du moine Nicon « de la Montagne noire», auteur de Pandectai, Beck, p. 600 ?) ; le Paradis, recueil versifié (cf. Diehl, p. 516, n. 16; Beck, p. 554 ; Guillou- Laurent, Liber visitationis, p. 333, pour le «Nouveau Paradis»). Mention- nons enfin une traduction de Grégoire le Grand (Dialogos) et un livre de Théophylacte de Bulgarie (Beck, p. 649). En regard de ces 301 ouvrages religieux, dix sept ouvrages profanes assurés25 ! Aristote, Catégories, et un autre traité non précisé, Philon (Sur la Genèse, compté par Diehl parmi les livres religieux), un volume de Josèphe et le commentaire d’Eus- tathe sur les Antiquités juives. Et pour le domaine byzantin, le roman édi- fiant de Barlaam et Joasaph, en deux exemplaires, cinq ouvrages historiques ou chronographiques dont l’un du patriarche Nicéphore, et un autre de Scylitzès. Pour compléter le lot, grammaires, traités médicaux, lexiques26. Presque tous les livres profanes ont aujourd’hui disparu de la bibliothèque, ainsi qu’une bonne partie de Chrysostome, Basile et Grégoire de Nysse : pillage sélectif sur plusieurs siècles. Notons que la supériorité écrasante des livres religieux est confirmée par la liste de prêt, qui ne comporte aucun titre profane sur 45. N° lObis — Inventaire d’actes d’archives du même couvent de St Jean Théologos de Patmos, des environs de 120027. Il recense près de 200 actes, déjà mis au rebut (tbç ôc^pyjora) et presque tous disparus aujour- d’hui. « Specimen rare, habituellement connu uniquement par les typica des couvents » (E. Vranoussi). N° lOter — Typicon d’Août 1210 du couvent de la Théotocos de Machaira 25. Diehl signale encore douze « divers » (ou non identifiables). On a par exemple, p. 523, deux recueils de lettres, deux traités sur le mariage ou les lois du mariage, un dialogue en vers entre Ame et Corps, un poème d’un saint yépwv (qui n’a rien à voir avec le Gérontikon, recueil hagiographique, p. 519, 522). 26. P. 520, un livre de « physique », un Brontoseismologion. 27. E. Vranoussi, in « Sôfxfxeixra K.B.E. », I, 1966, p. 137-162. Cf. Actes du Colloque international de Paléographie grecque et byzantine de Paris, 1974 (1977), p. 437 et planche I.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 67 (Chypre)28 ; il signale l’existence d’un ëyypa<pov distinct (et non retrouvé), où sont rencensés icônes et livres, avec recommandation de bons soins. N° 11 — Acte de la Lembiotissa, de 1232/3329, donation d’une douzaine de livres liturgiques. A0 12 — Acte de la Lembiotissa, du xm' siècle sans précision30, dona- tion d’une douzaine de livres, liturgiques ainsi que deux ouvrages de Gré- goire de Nazianze. A0 13 — C’est d’Anatolie que provient aussi un inventaire considérable, de 1247, celui du couvent de (?), près de Philadelphie, en Lydie31. Il s’agit du testament du moine fondateur Maxime, qui lègue plus de cent livres, qui sont pour la plupart dans l’église, et pour le reste dans trois métoques (1. 149-169, 179-186, 279-283 du document, § 28, 30-31, 40 de l’éd. Eustratiadès). A l’exception du Barlaam (et Joasaph), ce ne sont que des ouvrages strictement religieux, évangiles, liturgies, théologiens anonymes (1. 159, OeoXoytxâ), Vies de Métaphraste et plusieurs livres du premier rayon : Chrysostome (Hexaéméros, discours, recueil des MapyaptTeq en deux exemplaires, homélie Sur les statues, messe), Basile (divers discours, œuvres ascétiques, exégèse, messe), Grégoire de Nazianze, Ephrem, Cli- maque (plusieurs fois), Dorothée, le Studite, Théophylacte de Bulgarie et encore le Pandectès d’Antiochos. N° 14 — Le testament de Skaranos, cire. 1270/7432, porte sur quinze volumes (1. 11-12, 1. 93). On retrouve dans l’habituel lot liturgique trois grands noms, Basile, Chrysostome (il s’agit probablement des messes), Grégoire de Nazianze le Théologien ; notons le typicon de St Sabas. A0 15 — Contenu analogue dans le testament de Gérasimos de Calabre, abbé du couvent des Apôtres Pierre et Paul33. Distinguons Basile (messe notamment), Ephrem, Climaque, le Studite et un recueil intitulé "AvOt) (cf. N° 13, Margarites ; cf. Apanthismata de Chrysostome, supra N° 10, Diehl, p. 519, 523 ; cf. Flos Vet. Testam., infra, N° 35). 28. M.M., V, p. 392 sqq., p. 428. 29. M.M., IV, N° XV-XVI, p. 57. Cf. le N" L, p. 111, de 1274, donation non détaillée de livres. 30. M.M., IV, N’ VIII/II, p. 45 ; datation de Bees, l.c., N° 8. 31. Acte de Vatopédi, éd. Eustratiadès, in « 'EXXrjvixà », III, 1930, p. 317 sqq. ; éd. M. Gedeon, Mikrasiatika Chronika, II, 1939, p. 271-91. 32. J. Bompaire, Actes de Xéropotamou, 1964, N° 9. Cf. Actes de Lavra, II, 1977, N05 70 (1240), 75 (1284), legs de livres non détaillés. 33. Daté du xme s. par Bees, l.c., N° 6 ; éd. Lambros, in « Néoç ’EXXvivouvnuùjv », VII, 1910, p. 39.
68 MÉLANGES IVAN DUJCEV 7V° 16 — Liste de livres détenus, à la fin du xme siècle, à Thessalonique34. Ce document pose bien des problèmes (notamment de déchiffrement et de destination). La liste contient une douzaine de livres religieux, dont deux de Basile {Hexaéméros et un autre), deux de Grégoire de Nazianze, des lettres de Chrysostome, un Nomocanon. Une douzaine également de livres anti- ques: Homère (?), Sophocle, Euripide, Isocrate, Eschine, Arrien, Philos- trate, Themistios, Julien, Synesios, Hippocrate (6Xoç) et Galien {Therapeu- tiké, Diagnostiké ou De diagnoscendis pulsibus ?, De usu partium, Anato- rniké, IIeqI TQotp&v, ITeqI dtarrr/ç dÇéaw voarjfidrajv, Aphorismes', à la fin xaî. crêpa). Le Dionysios mentionné entre Arrien et Isocrate est un auteur antique. Plutôt que Denys le Périégète (à qui on peut songer à cause du voisinage d’Arrien), c’est vraisemblablement Denys d’Halicarnasse, auteur d’un traité sur Isocrate, dans le Sur les orateurs antiques', d’ailleurs le cod. Vatic. 64, à la fin duquel est notre liste, comprend dans ses tniscellanea le traité Sur les orateurs (dont l’Isocrate) et le De compositione. Les auteurs antiques sont regroupés dans la liste sous le titre général: rcov èxroç raüra. On a un recueil de lettres de Philostrate xaî. èrépcov oùx àXîycov. On relève précisément le nom de plusieurs épistoliers supra (Julien, Synesios et aussi Isocrate et Eschine), et on notera que, pour une part, le cod. Vatic. 64 se présente comme un de ces recueils de lettres chers aux byzantins. Il est composé vraisemblablement de trois codices : I- Isocrate, Arrien, lettres de Libanios, lettres de Jean Pediasimos (de Bulgarie, un contemporain dont l’activité se poursuit jusque sous le règne d’Andronic III), lettres et hymnes de Synesios, lettres d’un pythagoricien, lettres et discours de Synesios, discours de Libanios. II- Eschine, lettres d’Isocrate, lettres de Socrate et de socratiques, Grégoire de Nazianze. III- D. d’Halicarnasse {De composit., Sur les orateurs), Philostrate (V. Soph.), Callistrate, Aristide. Il y a de curieuses analogies entre le contenu du Vatic. et notre liste de livres, introduite par la formule : rà ëiëXia amp xéxTTqpiai... èv ©etroa- Xovlxy). N° 17 — Le testament de Sabbas, higoumène de Patmos, n’est pas daté avec précision (xiiie-xive siècle)35. L’inventaire mutilé comporte plus de trente livres, dont des titres juridiques : Procheiros nomos (de 34. H. Usener, in«Neue Jahrbücher für Philol. und Pâdagogik », 107, 1873, p. 147. II s’agit d’une notice à la fin ducod. Vatic. 64, provenant de Thessalonique; elle est d’une autre main. La troisième partie de ce codex composite est datée de 1269/70. Rééd. Usener- Radermacher, Dion. Halic., vol. V, opuscula I, p. IX-X, n. 2, Teubner, 1899. 35. M.M., VI, N° CIV, p. 241-43 ; Bees, l.c., N° 5.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 69 Basile Ier), Synopsis synopseôs (des Basiliques, plutôt qu’une chronique ou une quelconque compilation). Un manuel médical .Parmi les ouvrages religieux : Basile (Ascetica), Grégoire de Nysse, Chrysostome (A Stagiros, A Théodore, Ethica, etc.), Nil, Ps. Denys l’Aréopagite, Dorothée, Jean Damascène, Maxime le Confesseur, Jean Carpathos (Beck, p. 452), Isaac le Syrien, Léon le Magistre, des Vies métaphrastiques, un recueil de lettres patriarcales. Sont associés dans le même volume une œuvre de Dorothée (Didascaliai ?) et des « chapitres de St Marc» ; cf. supra, N° 10, p. 522, mention côte à côte de 1) Dorothée et autres auteurs ascétiques, en un volume, 2) un livre «très ancien», St Marc ; N° 13, éd. Eustratiadès, § 28, Gédéon, p. 280, dans le même volume Dorothée et « divers chapitres de Marc» ; s’agit-il des xecpàXata v/jKTizà (De temperantia), œuvre du xie siècle, mise à tort sous le nom de Marc l’ermite (Beck, p. 587) ? N° 18 — Un premier catalogue des Météores est daté du xme-xive siècle par Bees, l.c., supra n. 3 (il lui donne le N° I). Il contient dix livres religieux, dont le synaxaire du poète Christophore de Mytilène (Beck, 607 ; cf. supra, N° 10, p. 522). xive siècle - N° 19—Au xive siècle, la série de Patmos est d’abord représentée par l’inventaire de 1355, dont la comparaison avec celui de 1200 (N° 10), faite par Diehl, est instructive36. Il ne compte que 58 mss., dont 22 nouveaux par rapport à 1200, bien que la bibliothèque en ait compté beaucoup plus en 1355, comme le montre a fortiori la compa- raison entre le N° 10 et l’état actuel. Vingt, parmi les 58 mss. du N° 19, ont disparu aujourd’hui (Diehl, p. 508). Les nouveautés sont en majorité des titres religieux de valeur : Grégoire de Nysse, Nemesios d’Emèse, l’higoumène Sabas (Beck, p. 397-8, 409), Histoire ecclésiastique d’Evagre (le Syrien), Anastase (le Sinaïte ou le patriarche d’Antioche ?), Ps. Denys l’Aréopagite et des livres beaucoup plus récents de Nicétas de Serrés (Beck, 619) et Macarios, métropolite de Philadelphie (1326-1372, Beck, p. 790). On relève des compositions des empereurs Isaac Ier et Mathieu, associé de Jean VI Cantacuzène en 1353, «pieuses élucubrations» selon Diehl (cf. Beck, ibid.), et surtout les Basiliques, la Chronique de Zonaras, des œuvres de Nicéphore Choumnos, quasi-contemporain, ainsi qu’une histoire des Paléologues écrite par Georges (?). Les ouvrages antiques sont remarquables : Platon (l’exemplaire emporté par Clarke), Xénophon (Cyropédie), Diodore de Sicile. A vrai dire la proportion d’ouvrages 36. « B.Z. », I, 1892, en particulier p. 506-7 ; éd. Mai, 1853, d’après Vatic. 1205, Migne, P.G., 149, 1047-1052, Studemund in « Philologus », 26, 1867, p. 167-73.
70 MÉLANGES IVAN DUJ&EV profanes a augmenté depuis 1200, mais elle reste très faible. Il est difficile de parler d’un « esprit nouveau » à Patmos, avec Diehl. Ce qui est plus frappant, c’est l’ouverture à des ouvrages récents. N° 20 — On trouve des éléments courants dans une liste de 26 mss. de Bérat en Albanie, de 135637. Livres liturgiques, hagiographiques, un Chrysostome et une cassette contenant des actes d’archives ). N° 21 — Un manuscrit de Chalki contient une liste de 1362/63, exclusi- vement religieuse : 38 : Grégoire de Nysse {Eloge de Macrine et Hexaé- tnéros), Chrysostome (éloges de Saints, lettres à Olympias), Epiphane (Panarion 2), Ps. Denys, Basile le Jeune (métropolite de Césarée au x' siècle), (Vie) de Saint Nicolas (de Myra), ainsi qu’un lexique du Ps. Cyrille d’Alexandrie. N° 22 — Un inédit de Vatopédi (Athos) est un inventaire du couvent de Melnik (Bulgarie), de 1365 (?) : on y trouve des livres religieux, au nombre d’une trentaine. L’acte est mutilé à l’endroit même de la liste, 1. 13-19. Signalons un Basile (Ascetica) et plusieurs livres à ornements précieux. N° 23 — Un brébion de 1375, du couvent de la Gabaliotissa à Vodéna, donné à la Grande Lavra de l’Athos39, mentionne en plusieurs passages, avec les icônes, le mobilier sacré et les tissus liturgiques, une cinquantaine de livres, tous religieux : Grégoire de Nazianze, Chrysostome (Margaritai, cf. supra, N° 13), Hexaéméros (de Basile), Histoire Lausiaque, Théophy- lacte de Bulgarie. N° 23bis—Inventaire inédit de Patmos, de 1382, comprenant 300 volumes40. N° 24 — L’inventaire de la Grande Eglise de Constantinople, qui possé- dait un magnifique trésor, Octobre 138741, ne retiendra l’attention que sur le plan artistique. Les ornements de plusieurs évangiles sont minutieu- sement décrits, et les livres sont considérés comme des objets précieux. Mention de tactica (ecclésiastique), p. 567, et de trois chrysobulles, p. 569. N° 25 — On datera aussi du xive siècle le catalogue N° II des Météores (Bees, l.c.), qui contient onze livres liturgiques. 37. Dans le cod. 43 de l’église St Georges de Bélégrada (Bérat), cf Alexoudès, in «Deltion Hist. Ethn. Hetair. », IV, 1892, p. 276. 38. Papadopoulos-Kerameus, in « Viz. Vrem. », 11, 1904, p. 395-6. 39. Acte de Lavra, inédit, à paraître dans A. Lavra, III, N’ 147. 40. Cf. Diehl, l.c., p. 491, 508. 41. M.M., II, N° DCLXXXVI, p. 566-69.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 71 N° 26 — Un manuscrit de Léningrad du xive siècle42 contient dans ses premières feuilles (fol. 1-8 vo) un « pinax des fêtes despotiques et des autres saints», provenant d’un couvent inconnu (scribe de St Sabas de Jérusalem), avec l’indication des lectures appropriées pour chacune. Ces textes doivent être cherchés eîç to [3iêXiov ) par les moines dans des livres du couvent (au nombre de 14, et non pas de 15, car les Nos 14 et 15 sont bien identiques, p. 90). Les références sont données dans l’ordre des fêtes et la mention des livres est très désordonnée, nombreuses redites. Il s’agit surtout de recueils du type Biblion panegyrikon, Praxapostolos (au sens large, cf. Ducange, s.v), Métaphras(e)is, etc. Un livre est désigné par ^apréa, ce qui signifie simplement manuscrit (cf. Atsalos, l.c., p. 139). Les textes les plus représentés dans ces recueils sont ceux de Chrysostome (mentionné 27 fois, homélies, exégèse, etc.), André de Crète (7 fois), Basile (5 fois, deux mss. lui sont particulièrement consacrés et désignés par les titres Ethica et Ascetica) ; Athanase d’Alexandrie, Epiphane de Chypre (Salamine), Anastase le Sinaïte, chacun 3 fois ; Grégoire de Nysse, Amphi- lochios (d’Iconion), Jean Damascène, Georges, prêtre de Césarée, auteur d’un éloge des Pères de Nicée (Beck, p. 545 ; il est appelé aussi Grégoire), chacun deux fois. Notons encore les références suivantes (une seule fois) : VHistoire Lausiaque, et des textes du patriarche Nectaire, du moine Ammo- nios, auteur d’une diégésis sur le rapt des moines du Sinaï (Beck, p. 413), de l’évêque Théoteknos de Libias (p. 400), d’Hesychios, prêtre de Jéru- salem (Beck, p. 453 ?, cf. 403), de l’archevêque Jean de Thessalonique (p. 458), de Georges de Choziba (Jérusalem, p. 462), Théodore de Trimi- thous (p. 463), des patriarches Germain Ier (p. 475, homélie sur la Vierge) et Taraise, de Théodore Studite, et enfin pour le Xe siècle Théodore (Daph- nopatès), protasecretis (p. 552), et Cosmas Vestitor (Krumbacher, l.c., p. 169). N° 26bis — (?) Nous n’avons pas identifié le couvent du Sauveur men- tionné dans le cod. gr. 631 de la B. Nationale de Paris: « Index librorum monasterii Salvatoris Christi s. xiv » (Omont, Inventaire sommaire). La liste occupe le dernier folio verso. S’agit-il d’un couvent basilien ? On trouve trois couvents ou églises du St Sauveur dans le Liber Visitationis au xve siècle, sans compter celui de Messine. xve siècle — N° 27 — On date du xive-xve siècle, sans plus de pré- cision, l’inventaire III des Météores (Bees, l.c). Il compte sept ou huit 42. Edité par E. Granstrem, Mélanges N.V. Pigulevskaja, Acad. Sciences de l’URSS, Moscou, 1967, p. 88-95.
72 MÉLANGES IVAN DUJCEV livres, dont V Hexaéméros de Basile, des Questions (grammaticale) que Bees rapproche des celles de Manuel Moschopoulos (début xive siècle), mais cf. supra N° 1, N° 8 ; un manuel médical du moine Nicéphore (Blemmydès, selon la suggestion de Bees ?), des chronographies anonymes ; le roman de Barlaam et surtout des lettres de Synesios. N° 28 — Même datation approximative (xive-xve siècle) pour la notice du codex Taurinensis, C. III, 17, « constituant une sorte de registre de prêt des mss. », et provenant de St Nicolas de Casole (Terre d’Otrante)43. On y trouve, parmi de nombreux livres pieux (total de 70 environ), la liturgie de Basile, les Margaritai (de Chrysostome, cf. supra, N° 13, N° 23), mais aussi un ouvrage de VOrganon d’Aristote, Réfutations sophistiques, un Aristophane (le poète, cf. infra, N° 35), ainsi qu’un Oneirocriticon (le titre presque exact du livre d’Artémidore, à la différence du N° 1), un «Lapidaire», un lexique, des Questions et un Nomimon. N° 29 — Liste incluse dans un évangile de Thessalonique et datée de 140644. A côté d’objets culturels, elle mentionne la messe de Basile (deux exemplaires) et Chrysostome. N° 30 — Le testament du moine Damilas, de 1417 (de la famille crétoise du typographe installé en Italie dans la seconde moitié du xve siècle), est connu par un manuscrit d’Oxford, Baroc., 5945. Il est fort intéressant. La liste de 49 volumes comprend, outre des Vies de Métaphraste, Basile (f Hexaéméros, deux fois), Grégoire de Nazianze, Chrysostome (exégèse, messe), Climaque, Dorothée, Maxime le Confesseur (plusieurs exem- plaires), Thalassios (de Libye, Beck, p. 450), Jean Damascène, Photius, Saint Macaire (d’Egypte ?, cf. Beck, p. 571, extraits par Métaphraste), (Grégoire ?) le Sinaïte ; plusieurs livres relatifs à la querelle palamite, toute récente, de Palamas, Mathieu, métropolite d’Ephèse, Contre Barlaam et Acyndine, du métropolite Théophane de Nicée (Beck, p. 746), ainsi que le recueil dit Paradis (cf. supra, N° 10) et le synaxaire de Xanthopoulos (Beck, p. 705). On note surtout, dans le même volume, la Chronique de Constantin Manassès et (deux traductions), Bot]ti.o<; xai. KdtTovaç. Il s’agit probablement de la Consolatio traduite par Maxime Planude, un 43. Batiffol, l.c., p. justif. VIII, p. 125-6, trad. latine incomplète ; la même liste, plus complète, dans Omont, in « R.E.G. », 3, 1890, p. 389-91 (texte grec). C’est le N° 216 du catalogue de Pasini, 1749. 44. P.N. Papageorgiou, in « B.Z. », VI, 1897, p. 545-56 ; c’est le N° 10 de Bees, l.c. Ces livres auraient appartenu à l’église St Nicolas de Thessalonique. Il y a une diffi- culté de datation, le texte donnant aussi, mais à tort, celle de 1309/1310. 45. Lambros, in « B.Z. », IV, 1895, p. 586 ; précédente édition dans «R.E.G. », 4, 1891, p. 180, par E. Legrand.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 73 siècle auparavant, et d’un recueil de sententiae de Caton, traduit par le même (cf. Manaphès, l.c., p. 57, n. 2), plutôt que du Cato major de Cicéron, auteur familier à Planude. Enfin, mention d’un lexique, d’un nxéSoç (sic), c’est-à-dire d’une grammaire élémentaire, d’un Nomocanon. N° 31 — Autre testament important, celui de Joseph Bryennios, le théologien adversaire des Latins, qui en Juillet 1421, lègue des livres à Sainte- Sophie de Constantinople46. La liste -tva [2?; èvaXXayŸi- indique neuf livres qui témoignent de l’érudition de Bryennios. Un livre de grammaire ; un livre contenant « prosodie, proverbes, grammaire » de (Michel) Glycas, Planude, Moschopoulos, (Thomas) Magistros ; un livre contenant Rhé- torique et Organon, sans doute d’Aristote ; ces deux derniers manuscrits sont qualifiés de xàXXtrtTa ; ensuite, dans le même volume, Physique et Métaphysique d’Aristote, Sur les animaux (rapt Oehov Çcàcov ? ), Arith- métique de Nicomaque (de Gérasa), Sur Pâme, en trois tomes, « du philo- sophe» (sc. Aristote), « et de (Nicéphore) Blemmydès les Météores» (?) ; une géométrie en quinze livres ; musique de Manuel Bryennios et de Ptolémée (Harmoniques en trois tomes), le Persikon Procheiron, c’est-à-dire l’ouvrage d’astronomie d’Isaac Argyros tiré des auteurs perses (Krumba- cher, p. 623) ; la Grande Syntaxe (d’astronomie), c’est-à-dire l’Almageste de Ptolémée (zâ/./.irrrov ) ; les Problèmes d’Aristote ; la Géographie de Claude Ptolémée. C’est un ensemble exceptionnel, dans le domaine profane et scientifique. N° 32 — Catalogue de la bibliothèque du couvent de Kosinitza (Drama, Macédoine), de 1428/2947, principalement religieuse et bien fournie ; Basile (exégèse, Ethica), Chrysostome (exégèse), Grégoire de Nazianze (trois livres), (Pseudo)-Clément (xà KX7]p.évxta), Ps. Denys, Vies de Méta- phraste, l’ouvrage tout récent de (Macarios) d’Ancyre (Contre les Latins) (Beck, p. 741-42). Notons aussi Jean Zonaras (deux exemplaires), qui est associé une fois avec (Nicétas) Choniatès ; deux recueils dit Nomimon, dont l’un d’Harménopoulos (cire. 1350), et les actes (praktika) de deux conciles. Quelques-uns de ces manuscrits étaient encore conservés au couvent à la fin du xixe siècle. On sait qu’ils ont presque tous disparu pendant la guerre de 1914-18. N° 33 — On retrouve la même primauté de la littérature religieuse dans 46. Papadopoulos-Kerameus, Varia graeca sacra, Petrograd, 1909, p. 295 ; c’est le N° Il de Bees, l.c., dans un ms. de Corcyre. Cf. Manaphès, l.c., p. 156-157. 47. Dans le cod. 265, fol. 297. Ed. Papadopoulos-Kerameus, in « 'EXXrpj. ŒtXoX, SûXXoyoç », C/ple, 1886, supplément 17, p. 29 ; c’est le N° 12 de Bees, l.c.
74 MÉLANGES IVAN DUJCEV la liste de vingt livres (xofzp.àTia ) de Bérat, de 144248. Citons l’Hexaéméros de Basile, Grégoire de Nazianze (deux exemplaires), Ephrem (on ne peut guère penser au chroniqueur-poète de ce nom du xive siècle), Anastase {cf. N° 19 supra), Antiochos {Pandectes 1), et encore Jean Zonaras. Mention d’un Nomimon et de chrysosbulles. N° 34 — Document important, l’inventaire de N. Dame de Pitié (Ele- ousa) de Stroumitza, 144949. A côté des objets du trésor, il recense 68 volumes exclusivement religieux, dont 54 liturgiques. Notons trois Vies de Méta- phraste, Clément ou Pseudo-Clément (rà KXtj^evtoç), Basile, Chrysostome {Sur les statues et un volume d’exégèse « que les ignorants appellent Hexaé- méros»), Grégoire de Nazianze, Ephrem, Dorothée, Climaque (deux fois), Melissa d’Antoine (deux fois), deux recueils de droit canon. Ce n’est pas « un simple fatras de sacristie » (Petit). Mention de 17 Sixaicô^ara, soigneu- sement énumérés (dont sept encore conservés à Iviron, selon Petit). N° 35 — Sous un même numéro nous rangeons globalement les indi- cations — en latin — du Liber visitationis d’Athanase Chalkéopoulos, de 1457/58 {cf. supra, note 6). Il recense, entre autres, des bibliothèques des couvents basiliens d’Italie du Sud. Certaines sont relativement riches, St Philarète de Seminara, p. 110-111, St Elie de Carbone, p. 154-55. Par exception celle du Patir de Rossano n’est pas inventoriée. Il n’est pas question ici de faire état de tous les livres patristiques ou théologiques, même importants. L’index des mss., p. 323 sqq., permet d’en avoir une idée précise. Signalons Basile, Grégoire de Nazianze, Ephrem, Climaque, Jean Damascène, Théodore Studite, Syméon Métaphraste et le roman de Barlaam, conservés dans de nombreuses bibliothèques, et parfois en plusieurs exemplaires. On trouve, moins fréquemment, Grégoire de Nysse V Histoire Lausiaque, Théodoret, Nil, Ps. Denys, Dorothée, Maxime le Confesseur, Théophylacte de Bulgarie, et les recueils comme Pandectes, Melissa ou Flos Veteris Testamenti. Mention d’ouvrage de grammaire, Erotemata, Klisis, Schedae, de lexiques, livres de droit et de médecine. Comme livres antiques, on a Homère, Euripide (Hécube), Aristophane, tous trois à St Philarète de Seminara près de Reggio (Homère aussi dans un autre couvent), Galien. Relevons aussi un Physiologos. Bref, les propor- tions habituelles. 48. Alexoudès, in « Deltion Hist. Ethn. Hetair. », IV, 1892, p. 279-81, cod. 46 de l’Eglise de la Vierge, kastro de Bérat. 49. L. Petit, in « Izvestija Ruskago Arch. Inst, v K/pole», 6, 1900, p. 120 sqq. La date est bien 1449, cf. ibid., p. 21, et non pas 1085/1106, qui est celle du typicon, cf. Atsalos l.c., p. 72, à rectifier. Première éd., Omont, Midanges H. Weil, Paris, 1898, p. 309 sqq.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 75 N° 36 — Inventaire de Ste Marie de Grottaferrata, 1462 (inclus ici à titre de couvent basilien)50. Environ 150 livres religieux dont : Polycarpe (dit à tort évêque d’Ephèse), Grégoire de Nazianze (deux exemplaires), Chrysostome (plusieurs titres), Isidore de Péluse, le pape Grégoire le Grand, Climaque, Jean Damascène (deux fois), Isaac (le Syrien) etc. A noter le commentaire sur saint Marc de Théophane (probablement Kerameus, évêque de Taormine, Beck, p. 632, « das sogenannte italo-griechischc Homiliar», xne siècle) et sans doute le roman de Barlaam (« Varnaam de vita sanctorum», cf. Krumbacher, p. 889, pioç tcov ôotcov Travépcov BapXaàp. xal ’lcoànacp), le Livre des cérémonies (« unum librum cerimoniarum » ?) et des Erotemata (megalaJ. N° 36bis — Notice du célèbre manuscrit de Lysias, cod. Palatinus 88 (un de ceux de Heidelberg), xve siècle51, mentionnant 15 xopiptarta brochés, non détaillés. N° 37 — Inventaire d’un couvent grec inconnu, xve siècle, dans une notice du cod. Baroc. 230 d’Oxford52. Livres religieux, dont Grégoire de Nazianze. Egalement, grammaires, prosodie, Erotemata, lexique, et Sopho- cle, Euripide, Aristophane, Lycophron, Aristote. Il s’agit peut-être d’un couvent basilien, cf. les livres antiques du couvent de St Philarète, supra, N° 35 ; mais cf. aussi N° 16, de Thessalonique. N° 38 — Inventaire N° IV des Météores, xve siècle (Bees, l.c.) : une demi- douzaine de livres religieux, dont Climaque. N° 39 — Liste de livres, du xve siècle, dans un manuscrit de Philotheou (Athos), aujourd’hui à Moscou53. Environ 80 livres religieux, sans compter un lot en vrac (£' ou ). A côté de Vies de Métaphraste (six), on a Basile {Hexaéméros et un autre livre), Grégoire de Nysse, Chrysostome (exégèse, Sur les statues, Margaritai sans nom d’auteur), Dorothée, Climaque (sept fois), le Pandectes et un autre ouvrage d’Antiochos, « un livre de Saint Antoine » (Vie ?), un manuel médical, deux Nomocanon, enfin un Homère. N° 40 — Inventaire n° V des Météores, xv-xvie siècle, (Bees, Le.). Vingt et un livres, la plupart religieux, dont Basile, Ephrem, Climaque, Maxime le Confesseur, Grégoire Kerameus (Beck, p. 632), deux volumes du grand philologue (et hymnographe) Thomas Magistros, alias Thékaras (Beck, p. 704, cire. 1300) ; et aussi des livres de médecine et un Physiologos (puxpov ). 50. Batiffol, Abbaye de Rossano, p. justif. IV, p. 118-20, traduction latine, extrait de l’inventaire de Bessarion, cod. Cryptensis, Z, 8, XJJ. 51. Lambros, in « Néoç 'EXXï)vop.vf)p.cov », 10, 1913, p. 242. 52. W. Allen, in « Jo. of Philology», 19, 1890, p. 65-68. 53. E. Granstrem, l.c., p. 95-96.
76 MÉLANGES IVAN DUJCEV Liste de livres du couvent de Medikion, en Bithynie, non retenue ici. Heiberg, suivi par Bees54, la date du xve siècle (Heiberg « au plus tôt du xve siècle») ; Janin, de 1574. Objets précieux et livres liturgiques exclu- sivement. La série ci-dessus comprend, de 1059 à la fin du xve siècle : xie, 7 docu- ments (dont 3 Nos bis) ; xne, 9 (dont 4) ; xme, 11 (dont 2) ; xive, 10 (dont 2) ; xve, 15 (dont 1). Total, 52, dont 12 nos bis. En fait, certains documents sont datés xi/xiie (1 doc.), xii/xme (1 doc.), xm/xive (2 doc.), xiv/xve (2 doc.), xv/xvie (1 doc.), et plusieurs dates sont à préciser ou rectifier. D’autre part nous avons groupé sous un seul N° (35) plusieurs inventaires d’Italie du Sud. Parmi les documents du xve siècle, huit au moins appar- tiennent à la première moitié. Il est normal que les inventaires soient plus nombreux à l’époque des Paléologues. Il est plus intéressant de voir s’il y a une évolution dans le contenu des bibliothèques. L’antiquité est représentée dans onze cas, surtout au xve siècle : Nos 1 (xie), 10, 16 (xme), 19 (xive), 27, 28, 30, 31, 35, 37, 39 (xvc), auquel on peut ajouter le N° 5 bis (xiie). C’est peu, d’autant que la part des auteurs antiques est très minoritaire dans tous les inventaires, sauf dans les Nos 16 (document mal situé), 31 (testament de Bryennios), 37 (couvent inconnu), et, à un moindre degré, 1 (testament de Boïlas). Une seule collection particulière caractérisée, celle de Bryennios. On a déjà relevé la faible part des livres antiques dans la bibliothèque patriarcale de Constantinople (Manaphès, l.c., p. 128). Les auteurs ou ouvrages grecs représentés sont : Homère, N° 16 (?), N° 35 (deux couvents d’Italie du Sud), N° 39. Sophocle, Nos 16, 37. Euripide, Nos 16, 35 (Italie du Sud), 37. Aristophane, N° 28 (Italie du Sud), 35 (id.), 31. Esope, N° 1 (?, cf. in loco). Hippocrate, N° 16. Platon, N° 19. Xénophon, N° 19. Isocrate, N° 16. Eschine, N° 16. 54. Dans cod. de Horsens, Danemark, J.L. Heiberg, in«B.Z. », XX, 1911, p. 507- 508 ; R. Janin, Eglises et monastères des grands centres byzantins, Paris, 1975, p. 167. C’est le N° 13 de Bees, l.c.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 77 Aristote, Nos 10, 28 (Italie du Sud), 31, 37: mention de 8 ouvrages et plusieurs sans titre. Lycophron, N° 37. Diodore de Sicile, N° 19. Denys d’Halicarnasse, N° 16. Philon, N° 1, 10. Josèphe, N° 10. Arrien, N° 16. (Artémidore), N° 28 (Italie du Sud). Ptolémée, N° 31 (trois titres). Nicomaque de Gerasa N° 31. Galien, N° 16 (plusieurs titres), N° 35 (Italie du Sud). (Achille Tatios), N° 1. Roman d’Alexandre, N° 1. Philostrate, N° 16. Themistios, N° 16. Julien, N° 16. Synesios, N° 16, 27. Deux ouvrages latins, sans doute en traduction, (Sententiae) de Caton, (Consolatio) de Boèce, N° 30. On constate que, dans l’ensemble, la période impériale équilibre le classicisme, et que les couvents basiliens fournissent un contingent relativement considérable. On a vu que les Pères de l’Eglise et tous les noms importants de la littérature ascétique et théologique byzantine sont le répertoire majeur. Assez souvent des ouvrages religieux récents ou de dernière actualité sont recensés (Nos 3, 9, 10, 19, 30, 32). Par le nombre, ce sont les livres de piété, courants, voire anonymes, qui l’emportent. La littérature profane byzantine est assez bien attestée, D’une part, par une série d’ouvrages techniques, souvent anonymes : lexique, grammaire, prosodie, droit canon (y compris les praktika des conciles, N° 32, cf. déjà Photius, Bibl., cod. 15-19), et droit public (Procheiron et Synopsis, N° 17, Basiliques, N° 19, recueil d’Harmé- nopoulos, N° 32), médecine, sciences (physique, mathématiques, astronomie, météorologie, géologie), « clé des songes» etc. D’autre part, on trouve auteurs et ouvrages connus : poètes, comme Georges Pisidès (N° 1, il est possible que V Hexaéméros sans précision d’auteur soit le poème de Pisidès, plutôt que les homélies de Basile, comme nous l’avons restitué dans plusieurs Nos), Ephrem (? - N° 33) ; historiens, comme Michel Attaliate (N° 3), Nicétas Choniate (32), chroniqueurs, comme le patriarche Nicéphore (10), Jean Scylitzès (10), Jean Zonaras (19, 32, 33, cf. 9), Constantin Ma- nassès (30), et aussi chronographes anonymes (1, 10, 27), historiens anony-
78 MÉLANGES IVAN DUJCEV mes (1, 3, 19) ; philologues et rhéteurs, Nicéphore Choumnos (19), Planude (30, 31), Moschopoulos (31 : il est un des auteurs de Ilept o/eSûv, cf. N° 30, 35, et Krumbacher, p. 590-93), Thomas Magistros (31, 40), et aussi Michel Glycas (31, non pas comme chroniqueur, mais comme « grammai- rien », auteur d’une collection de proverbes, cf. Krumbacher, p. 905) ; roman édifiant de Barlaam et Joasaph, très fréquent (10, 13, 27, 35, 36 ; plusieurs exemplaires en 35), peut-être le célèbre Livres des cérémonies (36), des ouvrages scientifiques de Nicéphore Blemmydès (27, 31), Manuel Bryennios (31), Isaac Argyros (31), ou pseudo-scientifique comme le Physiologos (35, 40). Ici, les catalogues des couvents basiliens apportent peu : Barlaam, Livre des cérémonies, Physiologos (35, 36). Quelles conclusions culturelles peut-on tirer d’un recensement sans doute incomplet et qui n’est pas vraiment statistique, et qui d’autre part ne pré- sente qu’une face des choses ? En effet, nous n’avons pas utilisé la méthode « indirecte », celle qui consiste à reconstituer les fonds de bibliothèques, disparus ou non, à un moment donné, d’après les manuscrits retrouvés qui en proviennent. C’est déjà la méthode de Batiffol pour la bibliothèque du Patir au xvie siècle : il identifie 71 manuscrits {l.c., p. 48-70), qui sont en gros des ouvrages de piété et des Pères de l’Eglise tout comme dans les catalogues (ils ont été pour la plupart copiés en Calabre, mais plusieurs viennent de Grèce). C’est avec quelques différences la méthode de Mana- phès, l.c., qui reconstitue les grandes collections de Constantinople d’après les ouvrages utilisés par les érudits ou athétisés par les conciles (cf. aussi Krumbacher, p. 61)55. Constatation évidente : la part de la littérature antique est faible du xie au xve siècle, en particulier, semble-t-il, dans les couvents de Grèce, et du secteur oriental. La différence est grande avec la période précédente, dite du « premier humanisme byzantin ». Même une collection relativement riche comme celle de Boïlas — de 1059 précisément — ou précieuse comme celle de Bryennios (mais elle ne compte que 9 livres !, dont l’œuvre de Nicomaque de Gerasa, SuoeûpeToç, selon Photius, cod. 187)56, est de peu de poids à côté de la bibliothèque de Léon le Mathématicien57, de la 55. Sur cette méthode « indirecte », cf. J. Irigoin, Centres de copie et bibliothèques, dans Byz. Books & Bookmen, Dumbarton Oaks, 1975, p. 17. Références aux études sur les bibliothèques de Constantinople, Thessalonique, Athos, Anatolie, de O. Volk (dissert, inédite, cf. « B.Z. », 48, 1955, p. 535), B.L. Fonkitch, etc. 56. Un seul cas fait exception, la liste de notre N° 16, qui comporte une douzaine d’auteurs anciens, soit la moitié de l’ensemble. La liste N" 37 est trop limitée. 57. P. Lemerle, Le premier humanisme byzantin, Paris, 1971, p. 168 sqq.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 79 Bibliothèque de Photius, c’est-à-dire de ses notes de lecture sur des manus- crits de Constantinople58, ou de celle présumée d’Aréthas59. Les ouvrages de l’antiquité païenne, et les ouvrages profanes en général, étaient beaucoup mieux représentés dans ces grandes collections, même si — chez Photius par exemple — la part de la littérature chrétienne reste majoritaire. A l’autre bout de la chaîne, à l’époque de la Renaissance humaniste, la part du profane — et de l’antique — est également sans comparaison avec la période que nous avons étudiée. Au reste le jugement de Paul Lemerle sur l’humanisme proprement grec — des Paléologues — est profondément vrai : (cet humanisme) « popularisé par l’image du savant grec fuyant devant le conquérant turc en serrant dans ses bras de précieux manuscrits» a été peu étudié, dans « son histoire véritable, dans celle des savants, et de leurs manuscrits avant l’arrivée en Occident» (l.c., p. 7). En Orient on ne décèle pas, d’après nos catalogues, de différence notable entre la « Renaissance » et la période antérieure ; l’évolution au xve siècle est peu marquée. Il faudrait faire un enquête détaillée pour le xvie siècle. L’exemple du couvent de Médikion, en Bithynie (cf. supra et n. 54, « ârm- liche Bibliothek »), ne suffit pas à indiquer quelle est la tendance. En Sicile, dans le catalogue considérable de St Sauveur de Messine (xvie siècle)60, il n’y a pas, sur 150 mss., dix titres profanes, Hermogène étant attesté trois fois, ainsi que la Souda et Tzetzès. Il serait intéressant d’étudier en détail les listes signalées par Lambros dans des mss. d’Iviron (Catal., Nos 4512, 4701, 4713, qui sont les N05 14-15-16 de Bees, l.c.). Ce sont surtout des catalogues des bibliothèques occidentales (mis à part les couvents basiliens) que nous connaissons. Il suffit de mentionner deux exemples. La bibliothèque léguée en 1460 à St Marc de Venise par le cardinal Bessa- rion, infatigable collecteur de mss. (« in perquirendis graecis libris omnes meas vires, omnem curam ,omnem operam, facultatem industriamque comsumpsi »)61. L’inventaire en latin comporte 482 mss. grecs et 264 latins, dans un ordre méthodique. Toute la littérature antique, avec ses commentateurs plus récents, est représentée : à titre d’exemple on trouve cinq mss. de Lucien, jamais attesté dans nos catalogues. La bibliothèque 58. Lemerle, l.c., p. 190 sqq. Sur la discussion entre P. Lemerle et Impellizzeri, cf. Manaphès, l.c., p. 120 sqq. (bibliothèque personnelle ou non). 59. Lemerle, l.c., p. 237 ; Irigoin, Centres de copie, p. 19-20. 60. Batiffol, l.c., p. justifie. X, p. 128-142. Ibid., p. justifie. VI, St Pierre d’Arena, VII, St Philarète. Le catalogue de Patmos du xvi‘ s. est une simple traduction latine, incomplète, de celui de 1355, cf. Diehl, l.c., p. 491 et n.l. Cf. Omont, Inv. som., cod. 3067, fol. 228-231 (Patmos, xvie s.). 61. H. Omont, in « Revue des Bibliothèques», IV, 1894, p. 129-187, citation p. 138.
80 MÉLANGES IVAN DUJCEV de Jean Lascaris, chargé par Laurent de Médicis, de rapporter des mss. grecs d’Orient et aussi d’Italie du Sud (où il sera imité un siècle plus tard par le cardinal Sirlet), contient tous les antiques un peu connus et leurs scholies62. Bref, les listes que nous avons étudiées du xie au xve siècle, font piètre figure à côté de ces richesses. Deux remarques pour finir. La place de la littérature byzantine pro- fane est honorable dans les bibliothèques orientales (mais à peu près nulle dans les couvents basiliens). Lorsque J. Irigoin écrit que « jamais la litté- rature byzantine prise dans son ensemble ne jouit d’un respect comparable à celui dont les œuvres antiques restent entourées» (Centres de copie, p. 27), il fait allusion au non-respect du texte d’origine par les copistes. Quan- titativement, dans la série étudiée ici, sa place n’est pas inférieure à celle de l’antiquité. C’est un signe certain de l’originalité de la culture byzantine. D’autre part, la littérature religieuse est en partie d’excellente qualité. On est parfois porté à parler de « fatras liturgique ou théologique » (Diehl, l.c., dans notre N° 10, p. 501), voire de « fatras de sacristie» (cf. supra N° 34) ,mais ce serait injuste. L’essentiel de la patristique, les grands textes qui ont nourri et nourrissent encore la réflexion et la mystique orthodoxes, sont abondamment représentés. On peut dire, avec Diehl encore, que « la bibliothèque (de Patmos) était composée d’une manière assez heureuse et convenable (à un) grand établissement monastique »63. Mais c’est encore insuffisant. Si le couvent de Patmos demeura « un foyer vivant de culture 62. P. de Nolhac, in « Mél. archéol. et hist. Ec. Fr. Rome», VI, 1886, p. 251-274, qui rectifie K.K. Müller, in « Zentral Bl. Biblioth. », I, 1884, p. 371 sqq. On a dans le PaZic. 1412 :1 — liste des desiderata d’acquisition pour la bibliothèque Médicis ; II — inventaire de la bibliothèque de Laurent, antérieur à 1492 ; III — liste d’acquisitions de Lascaris, dans ses missions ; IV — une liste qui n’est pas une liste d’emprunts de Lascaris à la bibliothèque Médicis, comme le pensait Müller, mais bien une liste de livres appartenant à Lascaris (fol. 66-69). Dans le Vatic 1414, catalogue des livres mss. et imprimés de feu Lascaris, dressé par Mathieu Devaris, bibliothécaire du cardinal Ridolfi (128 mss. inven- toriés). Dans le Vatic. 1413, de la main de Lascaris, après 1523, un inventaire en latin. Sur d’autres collections particulières, cf. L. Dorez, in « Rev. Biblioth. », III, 1893, p. 387-90 : celle de Théodore Gazés, léguée en 1476-77 à Démétrios Chalcocondyle (la liste des livres grecs et latins n’est pas détaillée par le notaire, et le seul manuscrit sur lequel il insiste est de Galien) ; cf. Legrand, in « Bibl. hellén. », Paris, 1885, I, p. LIV sq., sur la bibliothèque d’Andronic Callistos, cousin de Gazés, vendue à Milan en 1476. 63. II note, p. 510-11, que seuls les livres religieux ont été empruntés,cf. listed’emprunts. Cette place privilégiée des livres religieux se retrouve naturellement dans les couvents grecs d’Occident : outre les couvents basiliens d’Italie du Sud, citons St Biaise de Venise, dont un catalogue de 1477 a été publié par C. Dimaras, in « Thesaurismata », I, 1962, p. 1-3 (en grec) (exclusivement des livres pieux). C’est vrai aussi, dans une certaine mesure, de la bibliothèque de Bessarion, qui compte environ 2/5 d’ouvrages patristiques ou assi- milés ; notons ici le très petit nombre d’auteurs byzantins profanes.
CATALOGUES DE LIVRES-MANUSCRITS BYZANTINS 81 et de civilisation » (Diehl, p. 511), ce n’est pas seulement parce qu’il conser- vait quelques manuscrits antiques, mais parce qu’il est un témoin de la culture chrétienne byzantine. De récentes recherches ont mis en lumière l’intérêt des bibliothèques de Grèce pour les études patristiques, par exemple la découverte de huit catéchèses inédites de Jean Chrysostome à Stavro- nikita (Athos) par A. Wenger (Sources chrétiennes, 1957)64. 64. Cf. les travaux de l’institut patriarcal d’Etudes patristiques de Thessalonique, signalés par M. Aubineau: celui-ci a étudié, entre autres, à l’Athos, le cod. Pantocrator, 26 (« Rev. Phil», 1977), le cod. Iviron 255, (« Vigiliae Christianae », 1975), le cod. Pante- leimon 58 (« Anal. Bolland. », 1974), où se trouvent des inédits ou des textes rares de Grégoire de Nysse, Chrysostome, André de Crète, etc.
EINIGE BEMERKUNGEN ZUM KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN Ursula Victoria BOSCH Die Voraussetzung jedweder Aussage über die Urkunden einer Kanzlei ist die Bestimmung und Einordnung der erstgenannten nach den allgemeinen Regeln der Diplomatik. Das ist aber letztlich nur dann môglich, wenn man vom Original einer Urkunde ausgeht ; nun ist eben, was die Originale mittelalterlicher byzantinischer Kaiser- und Kaiserinnenurkunden anbe- langt, der Bestand nicht als sehr reichhaltig zu bezeichnen und so ist es denn notwendig, um eine Vorstellung von dem Urkundenwesen einer be- stimmten Person, bzw. einen Überblick über dasselbe und seine Typen zu bekommen, auch auf die Kopien der Originale zurückzugreifen, die freilich nicht immer vollstândig sind. Eine weitere Môglichkeit, an Urkunden in verkürzter Form zu gelangen, ist dieselben als Zitate oder als mehr oder weniger ausführliche Exzerpte spâterer Urkunden in theologischen, hi- storischen und literarischen Quellen aufzuspüren. Hierbei lâBt sich nur in den seltensten Fâllen feststellen, was fehlt, aber die Vermutung liegt nahe, daB bisweilen Anfang und Ende überhaupt nicht mehr vorhanden sind oder nur in verkürzter Form in diesen Schriften Aufnahme gefunden haben, was sich natürlich auch auf weite Teile des Inhalts beziehen kann. Zuletzt kann aber auch die Überlieferungsmôglichkeit durch die obengenannten Exzerpte ausfallen und wir müssen uns bescheiden, daB wir aus den schrift- lichen Quellen nur von der einstigen Existenz einer Urkunde erfahren - und weiter nichts. DaB sich die Diskussion über die Legitimitât der Ausübung der Kaiser- gewalt durch eine Frau an der Frage ihrer Kanzleirechte entzündet hat,
84 MÉLANGES IVAN DUJCEV ist bereits des ôfteren vermerkt worden. Es wâre freilich wohl kaum zu dieser Problemstellung gekommen, wenn die Urkundentâtigkeit der Kaiserinnen bereits bekannter und auf einer breiten Basis erforscht gewesen wâre. In den einschlâgigen Werken, die sich mit der byzantinischen Diplomatik befassen, ist unseres Wissens sehr selten die Frage nach der Existenz der Kanzlei der Kaiserin gestellt worden. Eine Ausnahme machen hier etwa J. Sevcenko1 und F. Barisic.2 Nur gelegentlich fanden einzelne Urkunden als Kuriosa der byzantinischen Geschichte am Rande Erwâhn- ung. Sie wurden vielfach nur dann einer Anführung für wert erachtet, um die charakteristischen Merkmale einer Fâlschung zu demonstrieren. Ein Paradebeispiel hierfür ist jenes von F. Dôlger ausführlich kommentierte Falsifikat eines Chrysobullos Logos des Kaisers Theodosios II. für das Kloster Xeropotamu3, das angeblich auf die Initiative der Kaiserin Pulcheria zurückgeht4. Wie bereits in der Einleitung angedeutet, beschâftigten sich bisher nur wenige Gelehrte mit den Urkunden der byzantinischen Kaiserinnen. Hier ist vielleicht an erster Stelle Jo. Chr. Lunig (1662-1740)5 zu nennen, der im Codex Italiae diplomaticus ein Instrumentum Publicum der Kaiserin Jolanthe-Eirene, ziemlich unvollstândig verôffentlicht hat. Danach wurde der Text dieser Urkunde, der von dem Lokalchronisten der Markgrafen von Montferrat Benvenuto di San Giorgio6 (1527) in dessen Geschichte 1. I. Sevcenko, Etudes sur la polémique entre Théodore Métochite et Nicéphore Choumnos, Brussel, 1972,1. Sevcenko weist auf die Kanzlei der Kaiserin Eirene (-Yolan- the) von Montferrat hin, S. 274 ff. 2. Vgl. F. Barisic, Povelje Vizantijskich carice, « Zbornik Radova », 13 (1971), 143-202. 3. Vgl. hierzu, F. Dôlger, Aus den Schatzkammern des Heiligen Berges, München, 1948, S. 132 ff., Nr. 47. 4. Die Rolle der Kaiserin aïs Intervenientin der Urkundentâtigkeit eines Kaisers ist ein Bereich, der u.W. bisher für das byzantinische Reich noch kaum untersucht worden ist. Im Westen sind Herrscherinnen vielfach Intervenientinnen der Urkundentâtigkeit des Kaisers gewesen. Am bekanntesten dürften hierfür Theophano, die Gemahlin Kaiser Ottos II. (vgl. Johann Heumann von Teutschenbrunn, Commentarii de re diplomatica imperotricum, augustarum ac reginarum Germanicarum ex probis literarum monumentis ad temporum seriem, Nürnberg 1749, S. 143-146 ; ferner Kunigundc, die Gemahlin des Kaisers Heinrich II. (Heumann, a.a.O., S. 157-159) sein. Aber auch viele andere Herr- scherinnen deutscher Kaiser und Kônige kommen in Betracht. Vor allem Konstanze, die Gemahlin Kaiser Heinrichs VI., die freilich als Kônigin von Sizilien und deutsche Kaiserin auch in eigener Initiative Urkunden ausstellt (Heumann, a.a.O., S. 235 ff.) ; K.A. Kehr, Die Urkunden der Normannischen und Sizilischen Kônige, Berlin 1932, Unver. Nachdr., Aalen 1972, S. 467 ff. 5. Jo.Chr. Lunig, Codex Italiae diplomaticus, Frankfurt und Leipzig, 1723 Sp. 1765- 1768. 6. Benvenuto di San Giorgio, Historia Montisferrati ab origine (900) marchionum
KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 85 der Markgrafen aufgenommen worden war, im Jahr 1733 von L.A. Muratori (1672-1750) in seiner Kollektion der Scriptores rerum Italicarum ediert. Nach L.A. Muratori hat die Urkunde Jo. Heumann neben anderen Diplomata byzantinischer Kaiserinnen in seine Sammlung von Herr- scherinnenurkunden einbezogen. Jo. Heumann verweist noch auf weitere Zeugnisse der Urkundentâtigkeit byzantinischer Kaiserinnen bzw. auf Aktionen, die wohl mit einer gewissen Sicherheit der schriftlichen Beglau- bigung nicht entbehrt haben dürften. Hier ist der in abendlândischen und byzantinischen Quellen gut bezeugte, letztlich vielleicht zum Zweck einer ehelichen Verbindung aufgenommene diplomatische Verkehr zwischen der Kaiserin Eirene von Athen und Karl dem GroBen zu nennen7. Des weiteren findet sich in der Sammlung von Jo. Heumann die Einleitung des bekannten Chrysobullos Logos des Kaisers Alexios I. Komnenos aus dem Jahre 1081, in dem der Kaiser seiner Mutter, der xoupoKaXàTtooa Anna Dalassena, die Erlaubnis erteilt, wâhrend seines Feldzuges gegen die Nor- mannen die Regierungsgeschâfte zu führen und verschiedene einem Kaiser vorbehaltene Urkundentypen auszustellen8. Zwar ist Anna Dalassena keine Kaiserin gewesen, doch gehôrte sie nach dem Zeugnis ihrer gelehrten Enkelin Anna Komnena der hôchsten Senats- klasse an9 und sie konnte als Kaiserinmutter in ihren Verordnungen und Gesetzen als Titel die kaiserliche Selbstbezeichnung [3amXeia ptou führen1 °. Dies ist u.E. ein Beweis dafür, daB eine Frau, die familiâr einem Kaiser verbunden war, Urkunden gleichen Typs, wie sie auch der Kaiser erlieB, selbst weitgehend ausstellen konnte. Im AnschluB an den Chrysobullos Logos des Alexios I. Komnenos findet sich ein Brief des Papstes Innozenz HL (1198-1216) an Maria-Mar- gareta11, die Tochter Kônig Bêlas III. von Ungarn und Witwe des Kaisers Isaak II. Angeles, anlâBlich ihrer Heirat mit dem Kreuzzugführer Bonifaz von Montferrat (ca. 1150-1207). Der Papstbrief — er enthâlt Schenkungen illius tractus usque ad a. 1490 seu Ragionamento familiare dell’origine, tempi e costumi degli illustri principi e marches! de Monferrato, in : L.A. Muratori, Scriptores Rerum Italicarum, Bd. 25 ; Mailand, 1733 S. 312-762 ; S. 1414-1415. 7. Heumann, a.a.O., S. 465-468. 8. Heumann, a.a.O., S. 469-473. 9. Anna Komnena, Alexias VI. 4 : éd. Leib, 1,121 : xai yàp t<3 auyxXïjTixqS xctTaXôyco aÙTTjç tjuvoucnqq. 10. J.u.P.J. Zepos, Jus Graecoromanum, ex. ed. C.E. Zachariae von Lingenthal, Aalen 1962 (Nachdr. d. Ausg. Athen 1931), Bd. 1, S. 298. Der Titel, den Anna Dalassena auf der gleichen Urkunde als àrreXù&ï) Vermerk führt, lautet : âyîa Séanoiva xaî p.f)Tr;p toü paatXéùx;. 11. Heumann, a.a.O., S. 473.
86 MÉLANGES IVAN DUJCEV anlâBlich der zweiten Heirat der Kaiserinwitwe — ist hier deshalb angeführt, weil er wohl eine Korrespondenz von Seiten der Maria-Margareta voraus- setzt. Maria-Margareta — ihr Titel Maria Dei gratia Imperatrix Baiula Imperii Constantini Serenissimi ist für die Herrschaftsansprüche der ehemaligen Kaiserin ans der Zeit vor dem Vierten Kreuzzug charakteristisch — gewâhrt im Februar des Jahres 1214 dem pisanischen Podestà Ubaldo und der Vertretung der Pisaner Privilegien. Diese Urkunde ist auch in die Sammlung von Jo. Heumann aufgenommen12. Im AnschluB daran sind bei Jo. Heumann noch einige Urkunden von Herrscherinnen aus den Familien der lateinischen Kaiser von Konstanti- nopel und von lateinischen Titularkaiserinnen angeführt, so z.B. ein Brief, den die lateinische Kaiserin Maria, Tochter des Kônigs von Jérusalem Johann von Brienne (1210-1225), an die verwitwete franzôsische Kônigin Blanka von Kastilien, die Mutter Ludwigs IX. des Heiligen (1226-1270), im Jahre 1240 richtete13. Besonders wesentlich erscheint uns der Tatbestand, daB Jo. Heumann in seinem kurzen, wenngleich für seine Zeit sehr reprâ- sentativen AbriB über die byzantinischen Kaiserinnenurkunden auf Frag- mente des durch J. Goar (1601-1654) im Jahre 1648 (Paris) im Anhang seiner Pseudo-Kodinos-Edition mitherausgegebenen « Manuel de Chancelle- rie»14 hinweist15. Dieser interessiert im Rahmen dieser Untersuchung vor allem deshalb, weil er halboffizielle Anleitungen für die Korrespondenz mit einer Kaiserin beinhaltet, wovon manche Teile bereits in der Hexabiblos des Matthaios Blastares aus dem Jahre 1345 aufgenommen sind und weitere bis ins 15. Jahrhundert reichen. Dieses Handbuch lâBt auf einen offiziellen Briefwechsel der Kaiserin, den sie mit dem Basileus und dem Patriarch unterhielt, schlieBen. Weiter gibt Jo. Heumann noch Hinweise auf die âuBeren Merkmale der Kaiserinnenurkunden. So zitiert er Johannes Kantakuzenos, der in seiner Geschichte des byzantinischen Reiches schreibt, daB die Kaiserin Anna von Savoyen und ihr Sohn, der Kaiser Johannes V. Palaiologos, ein Chryso- 12. Heumann, a.a.O., S. 474 f. 13. Heumann, a.a.O., S. 476. 14. So J. Faral, Un manuel de chancellerie du XIVe siècle. La Chaux-de-Fonds, 1912. Vgl. hierzu die kritischen Bemerkungen von P. Marc, « B.Z. », 22 (1913), 232- 233. Zur Überlieferungsgeschichte des Textes ist jetzt auch die kritische Ausgabe von J. Darrouzès (Ekthesis Nea. Manuel des Pittakia du XIVe siècle, Paris 1969). hinzuweisen. 15. A.a.O., S. 489 ff.
KANZLE1WESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 87 bull — das Privileg des ersten Kaisers — erlassen und beglaubigt haben16. Nach Jo. Heumann haben die Frage nach der Urkundentâtigkeit der byzantinischen Kaiserinnen erst wieder O. Seeck17 und F. Dôlger18 im Rahmen der Herausgabe der Kaiserregesten behandelt. Bei der Erôrterung der byzantinischen Kaiserinnenurkunde kommen die Urkunden der lateinischen Kaiserinnen und der Kaiserinnen von Trapezunt nur als Vergleichsmaterial in Betracht, d.h. im Hinblick darauf, wie etwa der byzantinische Kanzleistil sie beeinfluBt und gepragt hat. Wir denken vor allem an das bekannte Stiftungstypikon des Kaisers Alexios III. Komnenos von Trapezunt (1349-1390) und seiner Gemahlin Theodora für das Athoskloster Dionysiu und an ein Prostagma der Despoina des Epirus Francesca Acciaiuoli. Im Chrysobull für das Dionysiukloster vom Jahre 1374 findet sich im Protokoll das eben genannte Kaiserpaar19 in einer künstlerisch überaus geschmackvoll gestalteten Miniatur dargestellt20. Die Herrscher, die von dem in der Hôhe schwebenden Hl. Johannes Baptista gesegnet werden, halten gemeinsam die Rolle des Typikons in der Hand. Wahrend der Kaiser das Kreuzszepter tragt, hait die Kaiserin den Reichsapfel in der Hand. Kaiser und Kaiserin verkôrpern demnach beide den Staat. Dazu gibt es eine byzantinische Parallèle, nâmlich ein von Manuel H. Palaiologos und Helene Dragas gewâhrter Chrysobullos Logos vom Jahre 139521. Der EinfluB der byzantinischen Kaiserkanzlei zeigt sich auch an einem 7tpoffTaxTixàç xai, eùepysTixôç optop-oç der Francesca Acciaiuoli, der Ge- mahlin des Herrschers des Epirus, des Carlo I. Tocco (1413 7-1429). F. Dôlger meint hierzu : « Es ist fast ergôtzlich, daB auch noch eine Schatten- figur wie Francesca Acciaiuoli, die Gattin des Carlo Tocco, welche den 16. A.a.O., S. 486 ; Joh. Kantakuzenos, III. 53. 17. O. Seeck, Regesten der Kaiser undPâpste für die Jahre 311-476 n. Chr., Stuttg. 1919 (unver. Nachdr. Frankfurt 1964) passim. Hier verweist O. Seeck auf Kaiserinnenbriefe, teils privater, teils offizieller Art in staats- und kirchenpolitischer Hinsicht. 18. So berücksichtigt F. Dôlger, Regesten, dabei die Tâtigkeit folgender Kaiserinnen : Sophia (Regesten Nr. 31) ; Eirene von Athen (Regesten Nr. 339-359) ; Zoe (Regesten Nr. 851, 852) ; Theodora (Regesten Nr. 929-931) ; Eudokia Makrembolitissa (Regesten Nr. 967). In der Einleitung zum 5. Teil der Regesten (S. V-VII) beschâftigt sich F. Dôlger mit der Urkundentâtigkeit der Kaiserin Anna von Savoyen. 19. Zu Alexios III. und Theodora vgl. auch W. Miller, Trebizond, The Last Greek Empire, London 1926, S. 55 ff. 20. Die letzte und wohl vorzüglichste Abbildung dieser Miniatur findet sich in : The Treasures of Mont Athos Vol. 1. The Protaton and the Monasteries of Dionysiou, Koutloumousiou, Xeropotamou and Gregoriou, hrsg. von S.M. Pelekanidis u.a., Athen (1973), S. 40 21. F. Dôlger, Regesten Nr. 3257.
88 MÉLANGES IVAN DUJCEV lângst bedeutungslosen Titel einer imperatrix Romanorum von den latei- nischen Vorgângern geerbt hatte, noch im Jahre 1428 in der Unterschrift als [JaffûXiffffa (!) 'Pcoptalcov22 mit roter Tinte urkundet23». Nach F. Dôlger beschâftigt sich W. Ohnsorge24 zwar nicht speziell mit den Urkunden der byzantinischen Kaiserinnen, wohl aber mit deren Titeln. In seiner Untersuchung zum Kaisertum der Eirene weist der Ge- lehrte, wie vor ihm bereits F. Dôlger25, auf den divergierenden Bericht über die Unterzeichnung der Konzilsakten des zweitenNikaenumsim Jahre 787 hin, in dem die Bestimmungen des Konzils durch die Kaiserin Eirene und deren Sohn Konstantin V. bestâtigt wurden. Wâhrend nun die Kon- zilsakten den Vorgang dieser Unterzeichnung mit folgenden Worten aus- drücken: «xai toutcov è^<pcov7]üévTtov Kpoocpépet 6 TtaTptàp/Tjç toïç PamXeüot rov àvayvcoCTilévTa Toptov toü ôpou xal èÇrjTei ptETà Ttào'/jç T?jç cruvôSou èm- trcppaylcrai xal È7u[3s[3ai<o<Tai Si’ eùoepûv aÙTÛv ÙKoypacpûv. Kal Za^oucra y; aîcrlcoç KpoXàpiKoucra eùnepEOTaTi) PaolXtocra, 'jKéypa^e xal èSISou tû mjpiPacnXeûovTi. aÙTT) ulû xal aÛTov 'jKoypâçîiv »26 wird über das gleiche Geschehen bei Theophanes Confesser27 und im Cod. Vatic. Gr 2014 (S. XI)28 so berichtet : « xal û Kéypa^ev ô te pamXeùç xal tj pciqTTjp aÙToü xupaxravTEÇ ttjv eùoepelav xal twv àylcov mxTÉpcov àp/aïa SoypiaTa ». Bei der Frage, wer nun wirklich als erster unterzeichnet hat : Eirene oder Konstantin, muB der u.E. prâgnanteren Formulierung des Konzilstomos der Vorrang gegenüber der konventionellen Darstellung des Theophanes eingerâumt werden. Zum anderen hatte, wie bekannt, Eirene vorübergehend ja auch den Vorrang vor ihrem Sohn. Ausgehend von dem oben erwâhnten Chrysobull des Kaisers Alexios I. Komnenos, durch das dieser Kaiser seine Mutter Anna Dalassena mit der Führung der Regierungsgeschâfte beauftragt, erforschte F. Barisic haupt- sâchlich die Urkundentâtigkeit der Kaiserinnen des Reiches von Nikaia und der Palaiologenzeit29. Als wichtigstes Ergebnis dieser Forschung ist zu konstatieren, daB den byzantinischen Kaiserinnen des 13. und 14. 22. F. Miklosich-Müller, Acta et Diplomata Graeca Medii Aevi, Bd. 3, Wien 1865, unv. Nachdr. Athen (s.a.), S. 253.4-5 ; 254.27-28. 23. F. Dôlger, Byzanz und die europdische Staatenwelt, Ettal 1953, S. 31, Anm. 81. 24. W. Ohnsorge, Das Kaisertum der Einere und die Kaiserkrônung Karls des Groflen, «Saeculum» 14 (1963) S. 224 Anm. 19 = ders., in : Konstantinopel und der Okzident, Darmstadt 1966, S. 54 f. Anm. 19. 25. Dôlger, Regesten Nr. 348. 26. Mansi, Bd. 13, S. 415. 27. Theophanes, Chronographia, de Boor, I, S. 463-8. 28. Cod. Vatic. Gr. 2014, f. 128 v. 22. 29. Barisic, Povelje, passirn.
KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 89 Jahrhunderts ein betrâchtliches MaB an EinfluBnahme auf die Administra- tion des Reiches zuerkannt worden ist, was sich an der Existenz folgender Urkundentypen wie etwa des TrpooTaypta, des optcrptoç30 und der hcoîua paniXixà31 dokumentieren lâBt. DaB die obigen Bemerkungen zu den Urkunden der byzantinischen Kaiserinenkanzlei nur einführenden Charakter haben kônnen, liegt an den spârlichen Vorarbeiten, wie an dem mangelnden Überlieferungsstand. Wie bekannt, gibt es kaum Originale von Kaiserinnenurkunden. Deshalb sind wir weitgehend angewiesen auf die Kopialüberlieferung sowie auf die in den literarischen oder historiographischen Quellen inserierten Kaiserurkunden bzw. auch auf die Erwâhnung derselben mit gelegentlicher Inhaltsangabe32 33. Wie wir bereits vorweggenommen haben, waren die strengen Kanzlei- vorbehalte des Kaisers nicht auf die Frauen der kaiserlichen Familie aus- gedehnt, was sich ganz besonders an gewissen Bestimmungen des schon erwâhnten Chrysobulls des Kaisers Alexios I. Komnenos aus dem Jahre 1081 ersehen lâBt. Hier erhâlt Anna Dalassena die vôllige Unabhângigkeit auf dem administrativen Sektor. Die in Frage kommende Passage lautet, wie folgt : « îracrav Sè tcûv KpaypiàTcov Stoîz’/joiv xai. TtoXtrixàç àp^àç xai. Toùç TCEpl tcuv etmpopûv Xoyouç xai tûv ùîrèp rrjç pamXetaç àvaXcopitXTCOv Tfi pz.iQ'rpt. xaTeTuœreuoe..rrçv aÙToxpaTopa StocxTjcrtv Tfl jJDjTpi xai p.ov7] à7rexX7]pa><7aTO xat 8tà xpuaoPoûXXou Xoyou xà pepouXeuptéva etç KpoÜKTov ~ f 3 3 Kamv xaTeoTTQoev » . Hier wird deutlich, daB die « ^ytaopiévy; p.r|TV)p aÙTrjp tt)ç paenXetaç xai SÉOTtowa » fast aile Urkundentypen ausstellen konnte. Anna Dalassena erhâlt die Môglichkeit, wie ein Kaiser (paotXtxtüp) zu handeln, hinsichtlich «crû TtpoPoXcov (d.h. der Beamteneinsetzung34) xai. 8ta8o/cuv oexpércov xai 30. Hinsichtlich der Bedeutung von rcpoaTayiia und ôpiapôç als einer kaiserlichen Verwaltungsurkunde, s. : F. Dôlger-J. Karayannopulos, Byzantinische Urkunden- lehre, S. 109 ff. 31. Vgl. J. Sevcenko, Etudes sur la polémique entre Théodore Métochite et Nicéphore Choumnos. 32. Auf die wenigen Originale von Kaiserinnenurkunden hat, wie erwâhnt, F. Barisic (Povelje, passim) hingewiesen. Das Original einer Kaiserinnenurkunde, nâmlich das bereits zitierte Instrumentum Publicum der Kaiserin Eirene-Jolanthe beabsichtige ich in Kürze mit kritischem Apparat zu publizieren. 33. Anna Komnena, Alexias, VII 1 : I, 123U-14 . und VI 2 : I, 120i9-21. Über die intensive Verwaltungstâtigkeit der Anna Dalassena berichtet auch Michael Glykas (BC. S. 622) : -ri)v fJaaiXeiav otnaaav oixovopiovaa. 34. Zur npo6oXf; bzw. np66Xï)at.ç s. F. Dôlger, Byzantinische Diplomatik, 20 Auf- sâtze zum Urkundenwesen der Byzantiner, Ettal 1956, S. 128, Anm. 58 ; O. Treitinger, Die ostrômische Kaiser und Reichsidee nach ihrer Gestaltung im hofischen Zeremoniell, 2. unv. Ausg., Darmstadt 1956, S. 219.
90 MÉLANGES IVAN DUJCEV rûv Ü£piaT<ov xal ekI Toïç à^tcbpiaCTt xal ôcpcptxtotç xm ScopEaïç twv àxivijTcov... ». Das heiBt, die Kaiserinmutter erhielt die Vollmacht zur Ernennung der Kanzleibeamten also, über die Zentralgewalt, ferner der Beamten der Provinzverwaltung und des Militârs in den sogenannten Themen. Im ganzen gesehen bedeutet dies, daB Alexios I. Komnenos nach seinem Regierungs- antritt der Mutter die gesamte Reichsregierung wie einer Selbstherrsche- rin35 anvertraut hatte, einschlieBlich der besonderen Berechtigung, über die Staatsausgaben zu verfügen, Ehrenâmter zu verteilen und Grund- besitz zu gewâhren. Hinzu kommt, daB die schriftlichen (à-rsp èyypàîpcûç SioplcnjTai) Verwaltungsverfügungen der Anna Dalassena unumstôBlich (à[A£Taxw7)Tot. xal àpieràKTcoToi.) sein sollten. Der Text des Chrysobullos Logos lautet folgendermaBen : « AXXà xal etTtvsç KpopXTjüyjoav eIç rà eréxpera vj xal etc, üép.aTa xal StaSEX^ctovTat, T(.[A7)&7]crovTai 8e xal sv (zeylcrroiç à^tcoptacn xal ... èXa/l<7T0tç, ecovrat elç Ta àpieTaxlvyjToi. xal àptETaTTTcoTOt,. » Unwiderruflich sollen also folgende Verordnungen der Kaiserinmutter sein : atT^eretç - xplaeiç - Xût7£tç - Scopsal àxtvrjTcov. Gültig aber sind — ob schriftlich oder nicht schriftlich — die KpooTa^eiç £fYpa<poi. xal aypa<pot. Diese letztgenannte Formulierung è'yypatpot - àypa<po(. erinnert an einen Paragraphen der Hexabiblos36, gemâB dem ailes, was ein Kaiser sagt, spricht (ôplÇei)37 oder schreibt, unumstôBlich ist. Der in Frage kommende Text lautet so : « Oîat yàp av Xûaeiç rcap’ aÙTÎjç àTO<pav07)<jovTa(, îj yàp al 7rpo<7Tâ^et,<; Eyypa<pot tq ôcypa<pot xàv euXoyoi xàv àveûXoyoi, aÙTrjç rîjç paatXslaç ptou Xoyt(7Ü7)<7ovTai. » In der Aufzâhlung des Kaisers Alexios I. Komnenos werden mit Aus- nahme der auBenpolitischen Vertrâge fast aile Urkundentypen angeführt, mit denen ein Kaiser seine Verwaltungsakte bestâtigt - unter Einschhfà der Gesetzgebung. Dies erscheint uns ganz besonders deshalb erwâhnenswert, weil einst J.B. Bury die Môglichkeit bestritt, daB eine Kaiserin Autokrator sein kônne, mit der Begründung, sie kônne nicht Gesetzgeber sein : « She was, of course always spoken of as the Empress, but in her official acts she is styled not « Irene the Empress » but « Irene the Emperor » (Basileus). 35. Anna Komnena, Alexias, II, 6 : I, 121 ff ; Dôlger, Regesten, Nr. 1073. 36. Harmenopulos, Constantini Harmenopuli Manuale legum sive Hexabiblos cum appendicibus et legibus agrariis, ed. G.E. Heimbach, Lpz. 1851, I, 28 = K.G. Pitsakes, K<ùv<JTavTivou'App.evo7toôXov Ttpi/Etpov v6più>v ïj 'EÇâptp/.op, Athen 1971, S. 17,BuchI, 28. 37. Zu épîÇetv als kaiserliches Sprechen vgl. F. Dôlger, in « B.Z. », 38 (1938), 490 = Ders., Byzanz und die europâische Staatenwelt, Darmstadt 1964 (unv. Nachdr. d. 1. Aufl. Ettal. 1953), S. 23.
KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 91 It was «felt» that only an Emperor could legislate and so the legal fiction of her masculinity was adopted38». Burys These, daB « gefühlt wurde», daB nur ein Kaiser (bzw. ein Mann) Gesetze geben kônne, erscheint uns — zumal die Quellen dieser Auffassung widersprechen — unannehmbar. LâBt sich doch eine legislative Tâtigkeit der byzantinischen Kaiserinnen bzw. deren Mitwirkung bei der Gesetzgebung bereits seit der Mitte des 6. Jahrhunderts, seit Justinian und Theodora, feststellen39. Neben Eirene von Athen40 übt im 11. Jahrhundert auch die gelehrte Nichte des Patriarchen Michael Kerullarios (1043-1058), die Selbstherrscherin41 Eudokia Makrem- bolitissa, ebenfalls die Gesetzgebung aus. Von dieser Kaiserin ist in Tipu- keitos ein Hypomnema erwâhnt42. Neben der Legislative nahmen die Kaiserinnen auch die hôchste Gerichts- arbeit wahr, wie das Beispiel der Kaiserin Pulcheria deutlich macht, auf deren Befehl ihr Erzfeind — der Günstling des Kaisers Theodosios IL der Hofmarschall, der Eunuch Chrysaphios — hingerichtet wurde43. Eirene von Athen lieB den eigenen Sohn blenden und wahrscheinlich auch tôten44. Die Kaiserin Zoe Karbonopsina, die Witwe Leons VL, übte ebenfalls eine richterliche Tâtigkeit aus. So erlieB die Kaiserin einen Xoyoç àrra- &etaç45, einen Sicherheitsbescheid für ihren alten Gegner, den Patriarchen Nikolaos I. Mystikos (901-907/912-925). Der AnlaB für diesen Amnestie- erlaB war ein hochpolitischer. Wie bekannt, war Nikolaos I. Mystikos ein erbitterter Gegner der vierten Ehe Leons VL, was sich ganz besonders darin gezeigt hat, daB er sich weigerte, die àvayopeumç der Kaiserin Zoe in der Hagia Sophia vorzunehmen und ihren Namen in die Heiligen Dip- tychen zu setzen. Nach dem Tode ihres Gemahls, des Kaisers Leon VI. im Jahre 912 38. J.B. Bury, The Constitution oj the Later Roman Empire, Amsterdam 1964 (unv. Nachdr. d. Ausg. Cambridge 1910) ed. by H. Temperley, S. 111. 39. Vgl. hier L. Wenger, Die Quellen des rômischen Rechts, S. 564. 40. Zepos, J. Gr. R., Bd. 1, S. 45 ff., Nov. 27, S. 49 f. Nov. 28 ; vgl. Dôlger, Regesten Nr. 358, 359. 41. Psellos, Chronographia, E. Renauld, Bd. 2, S. 152 : 'H EùSoxîa xarà ràç toü àvSpôç xai paaû.éuç SiaTâ^eiq tôv ôXùjv èYXpar))ç yevopiévr). 42 Dôlger, Regesten Nr. 967. 43. Theodoros Anagnostes. H ist. Eccl. I, 1 in : Migne, P. Gr. 86, Sp. 165 a ; Chron. Pasch. (BC), S. 590.6 ; Johannes Antiocheus, Fr. 194, in F Gr. H, Bd. 4, S. 613 ; Theophanes, Chronographia, de Boor I, S. 103.28. 44. Vgl. hierzu die Zusamnienstellung der Belege bei Ohnsorge, Zum Kaisertum der Eirene, S. 222-223, Anm. 8 und 9. 45. Zum z6yoç àTta&eiaç im allgemeinen s. Dôlger. Byzantinische Diplomotik, S. 87.
92 MÉLANGES IVAN DUJCEV verbannte dessen Bruder Alexandros (912-913) Zoe aus dem Kaiserpalast, in den sie erst zurückgekehrt war, als Alexandros im Sterben lag. Nach dem Tode des Alexandros begann sie wieder den Kampf gegen die Kirchen- leitung um die Vormundschaft für ihren Sohn Konstantin (VIL) Porphy- rogennetos. Zuerst siegte der Patriarch, der, um die Rückkehr der Zoe auf den Thron zu verhindern, sie zum Klostereintritt zwang. Gleichwohl gelang es Zoe Karbonopsina, die Opposition gegen Nikolaos Mystikos um sich zu scharen. Noch im Jahre 912 konnte Zoe die Regierung wieder übernehmen. Sie fordert nun im Einvernehmen mit dem Sénat und den Vertretern der Kirche (nach der Vita Euthymii soll es die gesamte Kirche gewesen sein) in einem Brief den Patriarchen Euthymios (907-912) auf, ihre âvayôpeunu; in der Hagia Sophia vorzunehmen46. Doch Euthymios lehnt ab. Daraufhin besinnt sich Zoe auf Nikolaos Mystikos, der sich bereit erklârt, nunmehr die avayépeumq zuzulassen, nachdem ihm die Kaiserin den vorher erwàhnten Amnestiebescheid zugesagt hatte47. Wir haben die Vorgeschichte dieses Indemnitâtsversprechen hier deswegen angeführt, um zu demonstrieren, wie eng die verfassungsrechtliche Stellung einer Kaiserin mit ihrer verwaltungsrechtlichen Position verbunden war. Auch wollten wir die Abhângigkeit des Kaisers von den kaiserkürenden bzw. kaiserbestâtigenden Instanzen — also hier besonders von der Kirchen- leitung — aufzeigen. Um aber nochmals auf Michael Psellos, den lang- jâhrigen Berater Konstantins X. Dukas, zurückzukommen, so schreibt er von Eudokia Makrembolitissa und ihrer gesetzgebenden und richter- lichen Tâtigkeit : « èv nam. à^ETaÇoptèvz) xat rraot àpptôÇouoa 7rpàyp.a<7t àp/atpsatatq, TroXtTtxatq ÔKoOéasat, STjjjtocrtwv ouvetcrcpopatq ècmv, otcvj Kapeixot, xat Ttxç paoiXeîaç cpwvàç àirayyéXXouCTa- toctoutov yàp aùr^ to TOpiov toü cppovf|p,aroç »48. In der Nationalbibliothek von Paris be- 46. Der Text des Briefes ist teilweise in der Vita Euthymii enthalten : ed. C. de Boor, Vita Euthymii. Ein Anecdoton zur Geschichte Leons des Weisen, 886-912, Berlin 1884, S. 71 ; nunmehr P. Karlin-Hayter, Vita Euthymii Patriarchae CP, Text, Translation and Commentary, Brüssel 1970 (Bibliothèque de Byzantion 3), S. 137 Die Kaiserin macht in diesem Brief dem Patriarchen Vorhaltungen. Sie erinnert ihn, daB er durch ihre In- tervention auf den Thron gekommen ist : ’Ayvoetç, & rüàrep, to tIç Kporepov etç Ttoîœv Tipiïjv 8i’ èpiè dtvîjXteç ; (de Boor, S. 59). Ferner weist die Kaiserin darauf hin, daB es nicht recht sei, sie, die mit einem paotXeùç xai aÙToxpàTwp verheiratet gewesen ist und einen gekrônten Sohn, einen TropçupoYévvqToç habe, nicht zu akklamieren (àvafopeücrai ), wenn sogar der Sénat dies getan hat. Vgl. auch Grumel, Les Regestes, Nr. 627-629. 47. Vgl. de Boor, a.a.O., S. 71 ; Karlin-Hayter, S. 137 ; vgl. Grumel, Les Regestes, Nr. 650. 48. Psellos, Chronographia, Bd. 2, S. 152.
KANZLE1WESEN DER BYZÀNTIN1SCHEN KAISERIN 93 findet sich eine Miniatur49, die Eudokia Makrembolitissa im Gestus des Gesetzgebers und Rechtslehrers darstellt. Obgleich diese Abbildung in den Beginn des 14. Jahrhunderts zu setzen ist, ist dennoch das Motiv einer kaiserlichen Gesetzgeberin ohne eine gewisse Tradition nicht leicht zu erklâren und nicht zu verstehen, ohne daB man wuBte, daB von der gleichen Kaiserin 86yp,aTa und &£<77rt<7(iaTa erlassen worden sind50. In der Zeit zwischen Eudokia Makrembolitissa, dem Kaiserreich von Nikaia und der Palaiologenepoche begegnet uns auBer der bereits erwâhn- ten Anna Dalassena keine kaiserliche Dame, die als Gesetzgeberin bzw. als kompetente Person Urkunden zu konkreten Rechtsfâllen ausstellte. Nach 1264 haben viele Kaiserinnen und sogar Frauen von Mitkaisern Urkunden zu bestimmten Rechtsfragen erlassen51. Eine Mittelstellung zwischen den gesetzgebenden Urkunden allgemeiner Art und innenpolitischen Urkunden wie Privilegienerteilung und Verwal- tungsverordnungen, darf man wohl jenen Urkunden zugestehen, die eine KAISEREINSETZUNG vornehmen. Hierfür gibt es nun ein Parade- beispiel nâmlich die Sacrae bzw. iepal xeXeûoeu; der Kaiserin Verina. In verschiedenen Quellen bei Johannes Malalas52, Johannes Antiocheus53 und bei Theophanes Confesser54 finden wir die Nachricht, daB die Kaiserin Verina, die Gemahlin Leons I. einige Sacra bzw. xeXeûffeiç erlassen hatte. Diese Mitteilung interessiert aus zwei Gründen : Sie bietet einerseits gewisse Aufschlüsse über die Entwicklung der frühbyzantinischen Kaiserkanzlei. Sie ist ferner auch deshalb wichtig, weil sie etwas über die Position einer Augusta im Staat aussagt. Die sogenannten Sacrae kann man als sehr frühe Zeug- nisse einer nur dem Kaiser vorbehaltenen Urkundenart nach F. Dôlger55 und L. Wenger56, den Edikten zuordnen, gelegentlich aber auch den Auslandsbriefen des byzantinischen Kaisers. Eine genaue Festlegung vermeiden die beiden oben genannten Gelehrten wohl deshalb, weil der 49. Lambros, Aeuxcop.a, IlivaÇ 61. 50. Dôlger, Regesten, Nr. 967. 51. Barisic, Povelje, passim. 52. Johannes Malalas, ed. C. de Boor, in : «Excerpta de Insidiis», Vol. 3, Berlin 1905, S. 165.30-166.5. 53. Th. Mommsen, Bruchstücke des Johannes von Antiochia und des Johannes Malalas, « Hernies» 6 (1872) 371.17-372.2. 54. Theophanes, Theophanis Chrouographia, rec. C. de Boor, Vol. I, Lpz. 1883 (unv. Ndr. Hildesheim 1963), S. 129.10-21. 55. Dôlger, Diplomatik, S. 34. Dort wird auf die besonders feierliche Form der Kaiserurkunde, nâmlich das Edikt hingewiesen, dem die Sakrai nahestehen. Vgl. auch Dôlger-Karayannopulos, Byzantinische Urkundenlehre, S. 24, 89. 56. L. Wenger, Die Quellen des romischen Rechts, Wien, 1953, S. 436 f.
94 MÉLANGES IVAN DUJCEV verhâltnismâBig geringe Bestand an Sacrae bzw. divales litterae uns nur aus der Kopialüberlieferung bekannt ist. Auf solche kaiserlichen Sacrae weist O. Seeck57 in seinen Regesten hin. Ediert findet man sie in den Konzilsakten von E. Schwartz (1858-1940) und G.D. Mansi (1692-1769). Es lassen sich also vom Ende des 4. Jahrhun- derts bis etwa ins 9. Jahrhundert regelmâBig Sacrae nachweisen. Dieser Terminus erlischt als Bezeichnung einer Kaiserurkunde erst in der Zeit Manuels I. Komnenos58. Eine rein literarische oder kopiale Überlieferung setzt einer diploma- tischen Bestimmung einer Urkunde Grenzen, wenn dieselbe nicht sogar ganz unmôglich ist. Fehlt doch hâufig die Unterschrift, die Datierung und die vollstândige Intitulatio. Deshalb scheint uns auch die Frage nicht überflüssig : Wie âuBerten sich die Byzantiner selbst zu den Sacrae. Eine Basilikenglosse nennt sie ganz einfach : « Sàxpai ol Xoyoi, toü SyjjLo- cjIod xal èppTjveûovTai Ispà ». Auf den Privilegcharakter der Sacrae weist auch eine Notiz aus dem sogenannten Lexikon Kyrilli hin59, die von einem 7rp6t7Tayp.a Kapaxcopy)Ti.x6v60 spricht und damit die Sacrae in die Nâhe der spâteren Chrysobulla Sigillia rückt, durch die hauptsâchlich Privilegien erteilt wurden. Auf die Tatsache, daB es sich bei den Sacrae nicht um eine einfache Verwaltungsverfügung oder um ein schlichtes Beglaubigungs- schreiben handelt, weist ein Bericht der Chronographia des Theophanes Confesser über den hôchst ehrfürchtigen Empfang einer Sacra des Kaisers Justin I. durch den Aithioperkônig Arethas (Harith) hin. Hieraus erfahren wir zur âuBeren Form einer solchen Urkunde, daB sie ein Siegel mit dem Brustbilddes Kaisers trug6 ’. Ferner zâhlt noch Neilos von Ankyra( + 430)62 die Merkmale auf, die einen Papyrus zur Sacra machen : « ’Ex KaKÛpou xal KoXXyjç (wohl xôXXyjç) /àpr/jç xaTa<Txeuaed>e[ç, /àpTyjç xaXeÏTat, émiv 8è Û7roypacp7]v Sé^eTat PamXécoç, SïjXov coç Sàxpa ôvop.à^£Tat.. »63 57. Seeck, Regesten der Kaiser und Pâpste, S. 278 (Hinweis auf ein Exemplum Sacra- rum Litterarum aus dem Jahre 391) ; vgl. ferner ebd. S. 338 ; 340. 58. Dôlger, Regesten, Nr. 1354. 59. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Litteratur, (in : Hdb. d. klass. Altertumswiss. 9) München 1897, unv. Nachdr. New York s.a.) S. 570, 572. 60. Ch. Ducange, Glossarium ad scriptores mediae et infimae graecitatis, Sp. 1325. 61. Theophanes, Chronographia, de Boor, S. 244.34 f. : AeÇâp.evo<; 8è ttjv toü PaaiXéùiç aàzpav zaTeçiXïjae ttjv açpayîSa Tï]v tô arqTJdpiov toü paaiXéwç. 62. Zu Neilos von Ankyra (früher irrtümlich Neilos Sinaita genannt) s. H.C. Graef, LThK, Bd. 7 (1962) Sp. 870 f. 63. Migne, P. Gr. 79, Sp. 104 ; ferner auch bei Ducange, Glossarium ad scriptores mediae et infimae graecitatis, Sp. 1325, unter dem Artikel aàzpa.
kanzleiwesen der byzantinischen kaiserin 95 So wurde den Sacrae als kaiserlicher Urkundentyp oder doch wenigstens als kaiserlichem Schreiben hohe Bedeutung beigemessen. Um aber auf die Sacrae der Kaiserin Verina zurückzukommen, so berichten die eingangs erwâhnten Quellen, daB die Kaiserin mehrere Sacrae verschickt hatte, so an die Antiochener, an die Statthalter des Ostens, Afrikas und Âgyptens. Von diesen Briefen ist uns nun bei Malalas eine offenbar vollstândige Sacra überliefert, die wir mit einer allgemeinen Adresse und mit gewissen Auslassungen bei Theophanes fast wôrtlich wiederfinden. Die Intitulatio ist bei Theophanes knapp : Bep'wa aùyoûcrra und wird im Malalasfragment ergânzt durch AlXia t; àeî, aùyoûcrra. Es handelt sich folglich um eine Titulierung, die sich mit der Münzlegende der betreffenden Kaiserin deckt64. Inscriptio und salutatio wenden sich in dem hierfür meist üblichen Dativ bei Theophanes ganz allgemein an die : toïç TjfzeTépoiç ap/ouci xai cpiXo/pi<7Totç Xaoïç, wâhrend Johannes Malalas eine prâzise Anrede überliefert : ’Avrio/eüm. TroXtTatp TjpteTépotç. Die salutatio ist bei Theophanes im Infinitiv gehalten, bei Malalas fâllt sie überhaupt weg, was wohl auf das Konto der Überlieferung geht. Die promulgatio fâllt knapp aus und ist gerade für unsere Untersuchung von groBer Bedeutung : « Ïgtô otl to paolXetov TjpieTepôv Ècttw und daB wir nach dem Ableben meines Gemahls, Traskalissaios zum Kaiser erwâhlt haben, der sich spâter Zenon nannte Kpo/etpacràpieha (Terminus Technicus für eine Promotion, ganz besonders für die eines Kaisers) TpaoxaXcooatov. » Beide Texte, Malalas sowohl als Theophanes, erganzen sich fast wort- wôrtlich. Zweck der Sacra ist : « mt: to ôttzixoov È7n.6s/*!.cû07p>at ». « Und als wir sahen, daB dieser nicht gut tat (gemeint ist der Schwieger- sohn der Kaiserin : Zenon), da wâhlten wir Leontios und krônen ihn hier». Wir haben hier die narratio und dispositio, die sanctio fehlt oder sie ist nicht überliefert. Sie lieBe sich allenfalls aus dem Malalastext rekon- struieren : « xai, pci) àvrwrTÎivai aÙToùç aÙTÛ » bzw. es fragt sich, ob dieser Satz nicht vielleicht aus der verkürzten Sacra stammt. Darüber, ob der Text unterschrieben war, ist nichts überliefert, auch fehlt ein Hinweis auf eine éventuelle Datierung. Die Unterschrift mag vorhanden gewesen sein. Sie war vielleicht, wie dies aus der eingangs angeführten Notiz des Neilos von Ankyra hervorgeht, unerlâBlich. DaB keine Datierung vorhanden ist, muB nicht verwundern. Es fehlt ja so oft die Unterschrift in der kopialen Überlieferung. 64. Sabatier, Description générale des monnaies byzantines frappées sous les empereurs de l’Orient depuis Arcadius jusqu’à la prise de Constantinople par Mahomet II, Bd 1, Paris 1862 (unv. Ndr. Graz 1955) PL. VIL
96 MÉLANGES IVAN DUJCEV Der Text des Johannes Malalas und der des Theophanes geben uns also eine ungefâhre Vorstellung über die Form einer Kaiserinnenurkunde der frühbyzantinischen Zeit. Die prostagmahafte Knappheit steht natürlich, wenn man die Überlieferung als verlâBlich ansehen will65, in Kontrast zu den Sacrae des Konstantinos IV. Pogonatos auf dem 6. ôkumenischen Konzil (680/681) und den Sacrae der Kaiserin Eirene und ihres Sohnes Konstantin VI. anlâBlich des 2. Nicaenum (787), ferner auch zu ail den Sacrae, die E. Schwartz ediert hat. Es ist daher zulâssig, den Text in die Diskussion um die staatsrechtliche Stellung einer Kaiserin einzubringen, und zwar auf Grund der eingangs dargelegten Exklusivitât der Sacrae als eines kaiserlichen Schriftstücks. Wir kônnen also mit einer gewissen Wahrscheinlichkeit annehmen, daB die Kaiserin der frühbyzantinischen Période entweder selbst über das Goldsiegel die Verfügung hatte, bzw. Urkunden, die ein solches tragen konnten oder muBten, ausstellen konnte. Von vier weiteren Kaiserinnen sind wir unterrichtet, daB diese entweder allein oder gemeinsam mit der Schwester oder dem Gemahl, Urkunden, die mit einem Goldsiegel beglau- bigt waren, ausgestellt haben. Es sind dies folgende Augustae : Zoe und Theodora aus der makedonischen Dynastie ; Theodora Palaiologina, die mit Michael VIII. Palaiologos verheiratet war ; Eirene (Jolanthe von Mont- ferrat) ; vielleicht auch Anna von Savoyen und schlieBlich die letzte Kaiserin des byzantinischen Reiches Helene Dragas. Auf Grund von drei Quellen wissen wir, daB die Kaiserinnen Zoe und Theodora ihre Urkunden mit dem Goldsiegel bestâtigten : Da ist einmal eine Notiz erhalten in einem /pucrôëouXXov ffiyiXXiov bzw. einer /puooëouXXoç ypa<py| des Kaisers Nikephoros III. Botaneiates (1078-1081), das diesen Sachverhalt bestâtigt. Der in Frage kommende Passus lautet folgendermaBen66 : « eth’ outcoç eèç avaxa1.vtc7p.ov tûv IqStq tco /povco crpECjhsvTcûv /pu<7o[3oûXXcov aÙTÛv tàvaveot TaÜTa 7] PacrtXeta pou xal Èmxupoï xal ràç TreptXyj^etç aÙTcov Kacraç xal StaTdcÇscç [xal] StaTpavot Ta KpoyEyEVTjpÉva /puoo- pouXXa fftytXXta Trapà te tûv paxaptTtScov 8£ci7rotvûv xal tcûv sv paxapla TÎj X^ei àotStpcov pacitXÉcov, toü te xupoü KcovcjTavTtvou toü Movop.de/ou, toü xupoü ’lciaaxtou toü Kopvvjvoü, [toü] xupoü AtoyÉvoup toü 'Pcopavoü 65. E.W. Brooks, der in : The Emperor Zeno and the [saurions, « English Historical Review», 8 (1893), 226 Anm. 117, eine Kontamination des Malalastextes bringt, vertritt die Auffassung das Griechische wâre so schlecht, daB man es sicherlich aus dem Lateinischen übersetzt hatte. 66. M.M., Bd. 5, Nr. VI. S. 9.6-14.
KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 97 [xaî. toü] xupoü Mt/az]X toü Aoüxa, {fecnrlÇoucia to èvSôvaptov ë/etv xaTà mxvTa xal èvepyetv Tà TotaÜTa xal coç rcap’ aÙTÎjp rrjç PacnXelaç ptou £X<p<ov7]&évTa te xal ôpuy&ÉvTa outcoç lo/uetv xal to ÈvSûvaptov àîrocpé- peo&ai.. » Weiter weiB man von einer Inschrift der Kathedrale von Ani, daB die Kaiserin Theodora im Rahmen ihrer Armenienpolitik dorthin ein Chryso- bull, ein Privileg also, das einen SteuererlaB gewâhrte, gesandt hatte67. SchlieBlich ist von ihrer Schwester, der Kaiserin Theodora, noch ein Gold- siegel erhalten68. Nicht bekannt ist, wie ein Goldsiegel gesialtet war, das die oTTjXy; der Kaiserin Theodora Palaiologina zeigte, infolgedessen auch nicht wie das gleiche Siegel mit den übrigen Goldsiegeln der Chrysobulloi Logoi der Palaiologenzeit übereinstimmt. Doch gibt immerhin der Kopial- vermerk dieser Urkunde eine Vorstellung, was auf dem Siegel dargestellt war : « orap Sià olxeio^slpou oTaupoü air’ ap/yjç ÈirtcrTcocraTo xal xaTco Sià rrjç olxelaç ot^X'/jç èv /puolvï) poûXXï) <pepop.évy;ç xal àK7]copy)[.iévy)ç 8t’ o^elap »69 Môglicherweise stimmt die Gestaltung jener ot-^X'/] in gewisser Hinsicht mit dem Aussehen eines Bleisiegels eines 6picrpt.6ç dieser Kaiserin vom Juli 1269 überein, der sogar mit dem roten Menologem der Kaiserin beglaubigt war. Auf dem Avers des Siegels ist die Theotokos mit dem Kind auf dem Arm abgebildet mit der Legende MP 0T, auf dem Revers die Kaiserin Theodora mit hoher Krone, an die Pendilien angefügt sind. Das Siegel trâgt 67. Dôlger, Regesten Nr. 852. 68. Grierson, Byzantine Gold Bullae, S. 243 ; 249 f. Abb. Nr. 3 (nach S. 253). 69. S. Pétridès, Chrysobulle de l’impératrice Théodora (1283), «Echos d’Orienl », 14, (1911), 26. Vgl. Georgios Pachymeres, De Michaele et Andronico Palaeologis, I. Bekker (Bonn), 1835, Bd. II, 16. Hier in dieser ôp.oXoyîa (bzw. einem Xi6eXXoç kîgtcwç bzw. einem àTroooXrj handelt es sich um ein Glaubensbekenntnis der Theodora Palaiologina, der Witwe des Kaisers Michael VIII. Palaiologos, in welchem sie die Unionspolitik ihres Gemahls, und die Beschlüsse des Konzils von Lyon verurteilt. Eine Kopie dieses Glaubensbekenntnisses hat S. Pétridès ediert : a.a.O. S. 25-28. S. Pétridès weist hier noch auf zwei weitere Kopien dieses Chrysobulls hin. So auf eine Hs. des Xenophontos-KIosters. Vgl. hierzu Sp. Lambros, Catalogue of the Greek manuscripts of Athos, Bd. 1, S. 61, und auf ein Athener Exemplar, s. Sp. Lambros, KaTaXoyoç tcôv xcoSîxcov -rfjç îaTOpixîjç xaî èOvoXoyixîjç ÉTaipeîaç, « NE », 6 (1909), 239. Diese letztgenannte Kopie ist (wie mir Frau Prof. B. Papulia liebenswürdigerweise mitteilte), heute unauffindbar. Eine weitere Kopie befindet sich in Madrid. Die editio princeps dieses Chrysobulls ist von I. Iriarte besorgt, in: Regiae Bibliothecae Matritensis Codices Graeci, Paris 1769, Bd. 1, S. 283 Cod. 77. Vgl. Barisic, Povelje, S. 196.
98 MÉLANGES IVAN DUJCEV folgende Legende : ©eoScopa eùtjepetJTàTy; aùyoûcrra t; naXatoXoyîva70. Nicht erhalten ist u.w. das Goldsiegel der Kaiserin Eirene (Jolanthe) von Montferrat, durch welches das erwâhnte Instrumentum Publicum zugunsten ihres Sohnes, des Markgrafen Theodoros Palaiologos-Montferrat beglau- bigt wurde. DaB einer Kaiserin aber im allgemeinen der Gebrauch des kaiserlichen Siegels zustand, findet zudem noch durch die folgende Notiz des Pseudo- Kodinos eine Bestâtigung7 1 : « tj 8è Toiaurv] acppaylç, t; 8tà xzjpoü S^XaSy;, oùSaptoü ywETai. àX-Xa/oü rcapà roü PamXécoç, ec per; kooç tt]v SéaTrowav tï)v piàvvav aùroü xai, tov paa'.XÉa tov uîov aÎToü. » Aus diesen wenigen, aber gleichwohl in der Hauptsache doch so reprâ- sentativen Zeugnissen lâBt sich abschlieBend mit einiger Sicherheit behaup- ten, daB die byzantinische Kaiserin das im allgemeinen allein dem Kaiser vorbehaltene Privileg der Beglaubigung eigener Urkunden durch Goldsiegel zugekommen ist. Wie aber stand es mit dem anderen, so vornehmen kaiserlichen Vorbehalt, nâmlich dem Gebrauch der roten Tinte durch die Kaiserin? Es ist eine nicht zu leugnende Tatsache, daB die Kaiserinnen sich in gleicher Weise wie die Kaiser ihrer bedient haben72. Zwar sind u.W. nur zwei Originale einer Kaiserinnenunterschrift erhalten, aber die Tatsache, daB die Kaise- rinnen selbst wichtige Staatsdokumente unterzeichnet haben, ist mehrfach überliefert. Was nun die erhaltenen Kaiserinnenunterschriften betrifft, so befindet sich die eine auf dem Typikon73 der Kaiserin Eirene Dukas, der Gemahlin des Alexios I. Komnenos für das Kloster tt-ç ©eotoxou t9)ç 70. Vgl. Dôlger, Schatzkammer, S. 78, Anm. 4. Ders., Die Kaiserurkunden des Johannes-Theologos Klosters auf Patmos, « B.Z. », 28 (1928), 352-533 ; Sb. d. Bayer. Akad. d. Wiss., Phil.-Hist. Kl. 1935, Heft 9, München 1937 ; Barisic, Povelje, S. 153. 71. Ps. Kodinos, S. 175, 26-32. 72. Ein fast gleichzeitiges Typikon des Kaisers Johannes II. für das Pantokrator- kloster von Oktober 1136 hat auch die rote Unterschrift, vgl. dazu F. Dôlger, Regesten, Nr. 1311. 73. Vgl. hierzu die Bemerkungen in der Einleitung. Das Faksimile dieser Unterschrift in der Nachzeichnung von de Montfaucon, Palaeographia Graeca, S. 301 ; Heisen- berg, Das byzantinische Reich, S. 194. Über diese Unterschrift der Kaiserin schreibt Montfaucon, a.a.O., S. 301 = Migne, P. Gr. 127, Sp. 1107, Anm. 99 : « Haec manu propria imperatricis in ms. descripta sunt rubris characteribus, ut moris erat Constantinopolitanis imperatoribus, et eorum uxoribus. In codice Regio post finem capitis praecedentis quod ad calcem fere paginae desinit, sequitur Augustae subscriptio rnagnis characteribus, quae femineam manum redolet. Sed cum tota in haec pagina contineri nequeat, ad sequentem paginam absolvitur, quam fere mediem occupât. Dehinc duo capita quae sequuntur non modico elapso tempore diversa manu exarata sunt. Hoc non sine causa animadvertimus : nam hic efficitur hune codicem esse autographum ;
KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 99 XapiTwptévïjç und die andere auf dem vorhin erwâhnten Horismos74 der Kaiserin Theodora Palaiologina in der Form eines Menologems. Daraus folgt unseres Erachtens gerade die Tatsache, daB vor jener Regelung der Kanzleirechte durch Michael VIII75, wonach die Unterzeichnung mit Menologem in roter Tinte allein dem ersten Kaiser zustand, eine Augusta die vollen Kanzleirechte hatte bzw. sich derselben bedienen konnte und daB es für sie auf diesem Sektor keinen Vorbehalt gegeben hat, selbstândig opt.cTfz.ot zu erlassen76 oder auch die des Gemahls zu bestâtigen77. Wir wissen z.B. von der Unterzeichnung wichtigster Staatsdo- kumente durch Kaiserinnen. So hat z.B. Eirene von Athen den Konzilstomos des Jahres 78778 unterzeichnet oder Eudokia Makrembolitissa die bekannte Eidformel des Jahres 106779, in der sich die Kaiserin verpflichtet hat, vor ihrem Gemahl Konstantin X. Dukas (1059-1067) und dem Patriarchen Johannes VIII. Xiphilinos (1064-1075) unter Annahme des Anathems nach dem Tode des Gemahls nicht wieder zu heiraten und als Selbstherrscherin ihren Kindern das Kaisertum zu sichern. Dort heiBt es über die Unter- schriftleistung der Kaiserin : « xal ïva to àocpaXèç e/y; tô îrapôv tt-ç ôpxcofioalaç ëyypacpov, olxelatç /epcrlv wéypa^a toüto, Èvcoklov toü ooü xparouç xal tcûv xotvûv yjficov rcalScov xal toü àytcoTaTou 7raTpt.àp/ou xal toü eÙTO/eoTaTou xaloapoç xal tt)ç Ispaç ouvôSou xal tt)ç fieyàX'/jç cmyxX^Tou. » Jenes Dokument ist neben seiner Bedeutung als Zeugnis dafür, daB die Kaiserinnen durch die Leistung ihrer Unterschrift in gewissem Sinne für « haftbar » galten und — somit ganz allgemein für die Kanzleirechte einer Kaiserin wichtig — auch aus dem Grund bemerkenswert, weil es zeigt, daB eine Kaiserin und eine Selbstherrscherin, was Eudokia Makrembolitissa nach dem Zeugnis des Michael Psellos spâter gewesen ist, nicht wieder heiraten muBte, um die Staatsgeschâfte an einen Mann weiterzuverleihen. Die Unterzeichnung von Staatsdokumenten durch eine Kaiserin, der EinfluB kaiserlicher Frauen auf die Kanzlei hat unseres Erachtens Ursache si enim transsumptum tantum esset, nulla esset ratio, cur ea quae diversa manu et diverse tempore primum édita fuerant, diversa quoque manu transcriberentur. Cui sententiae patrocinatur Augustae subscriptio : ipsi enim soli licebat proprium nomen rubris charac- teribus scribere, ut dictum est. » 74. Vgl. hier S. 387 f. 75. Vgl. Dôlger, Regesten, Nr. 2061. 76. BARlSié, Povelje, S. 146 ff. 77. A.a.O., S. 145. 78. Der Text ist hrsg. von N. Oikonomidès, Le serment de l'impératrice Eudocie (1067). Un épisode de l'histoire dynastique de Byzance, « Rev. Et. Byz. », 21 (1963), 101-128. 79. A.a.O., S. 108.
100 MÉLANGES IVAN DUJÔEV und Moglichkeit in der engen Verknüpfung zwischen Staatlichem und Familiârem in Byzanz. Wir haben vorher von dem Chrysobull des Alexios I. Komnenos für seine Mutter gesprochen. Man kennt den EinfluB der Kaise- rin Pulcheria auf das Kanzleiwesen ihres Bruders zur Zeit von dessen Vormundschaft und von dessen Regierung. Man kennt die Briefe dieser Kaiserin, die so maBgebend für die Einberufung des Konzils von Chalkedon waren wâhrend der Regierung des Markian80. Es gibt aber auch Zeugnisse, 80. Der EinfluB der Augusta Pulcheria auf die Kaiserkanzlei war zu jeder Zeit ihres Lebens sehr bedeutend ; über die Zeit ihrer Vormundschaft (408-ca. 423) vgl. hierzu W. Ensslin, RE, XXIII, 2 (1954), Sp. 1954 ff. (Artikel : Pulcheria). Philostorgios, Kirchengeschichte, hrsg. von J. Bidez, Lpz. 1913, XII, 7, S. 145. DaB die Kaiserin Pul- cheria einen wesentlichen Anteil an der Einberufung des 4. ôkumenischen Konzils hatte, ist bekannt und dieser Sachverhalt wird auch aus ihrem Briefwechsel deutlich. So kennen wir verschiedene Briefe zum Zweck der Einberufung des erwâhnten Konzils. Vgl. E. Schwartz, ACOc, II, 1, S. 29 an Stratégies, den Konsul von Bithynien (gr. Text ebd. II, 3, S. 21). Bemerkenswert für die Position, die einer Kaiserin auch innerhalb der Kirche zukam bzw. zugestanden wurde, ist die Begründung, die die Augusta Pulcheria in diesem Schreiben zur Einberufung dieses Konzils, das zur Beilegung der christologischen Strei- tigkeiten geplant war, gibt. Diese Begründung zeigt, daB einer Kaiserin in einem solchen Fall die gleichen Rechte zukamen wie einem Kaiser. Das erhârten auch noch andere Beispiele. Wir begegnen Kaiserinnen, die Synoden einberufen haben, noch des ôfteren in der byzantinischen Geschichte, wie z.B. Eirene von Athen, Theodora von Paphlagonien und schlieBlich Anna von Savoyen. DaB die Einberufung von Kirchenver- sammlungen als das Recht einer Kaiserin angesehen wurde, das die Kirche selbst respektierte, zeigt folgendes, dem Patriarchen Johannes Chrysostomos zugeschriebene und auf Eudoxia, die Mutter der Kaiserin Pulcheria, bezogene Pauluszitat : « oportet enim et regibus obedire, maxime cum et ipsi obtempèrent ecclesisasticis legibus. Dicit enim Apostolus: Principibus et potestatibus subditi esto» (Tit. 3, 1. Migne P. Gr. 52, Sp. 426. D.H. die Obrigkeit ist nicht abhângig vom Geschlecht der Person, also in unserem Fall von der Kaiserin). Liber die Rolle der Pulcheria bei der Einberufung des Konzils von Chalkedon vgl. ferner : P. Goubert, Le rôle de Sainte Pulchérie et de l’eunuque Chrysaphios, in « Das Konzil von Chalkedon. Geschichte und Gegenwart». Bd. 1, Würzburg 1962 (ergânzter Nachdr. d. verbess. Aufl. von 1959), S. 303-321 ; E. Schwartz, Die Kaiserin Pulcheria auf der Synode von Chalkedon, Festgabe für A. Jüli- cher (Tübingen 1927), 203-212 ; W. Ensslin, Artikel : Pulcheria in RE XXIII, 2, Sp. 1954-1963. Wir kennen einen Brief der Kaiserin an Papst Léo I. den GroBen (440- 461), in dem dieselbe den Papst ihrer und ihres Gemahls Rechtglâubigkeit und der Sorge für das anberaumte Konzil versichert (ACOe, Conc. Chalc., II, 3, S. 18 f.); ferner einen Brief an die Archimandriten und die übrigen Mônche in Jérusalem und Umgebung. Es geht dabei um eine Auseinandersetzung mit der Lehre des Eutyches, dessen Anhânger die Adressaten eine gewisse Zeit waren. Die Kaiserin gewâhrt, indem sie den betreffenden Personenkreis auffordert, der Orthodoxie, d.h. der Lehre von Chalkedon, treu zu sein, demselben Verzeihung. Für den EinfluB der Kaiserin Pulcheria auf das Kanzleiwesen ihres Bruders, des Kaisers Theodoros sprechen unseres Erachtens zwei legendâre Zeug- nisse. So soll die Kaiserin Pulcheria die Intervenientin für die Ausstellung einiger a-r)p.eid>aeiç ihres Bruders, des Kaisers Theodosios II. zugunsten des Klosters Xeropotamu gewesen sein (vgl. dazu F. Dôlger, Aus den Schatzkammern des Heiligen Berges, München 1948, S. 132 ff., Nr. 47). Einer volkstümlichen Überlieferung zufolge soll die Kaiserin ihrem Bruder sogar das Todesurteil für seine Frau Athenais-Eudokia zur Unterschrift vorgelegt
KANZLEIWESEN DER BYZANTINISCHEN KAISERIN 101 die von dem Wirken einer Kaisertochter in der vâterlichen Kanzlei berich- ten. So wird etwa bei Theophanes Continuatus erzâhlt, daB die Prinzessin Agathe, die Tochter Konstantins VII. Porphyrogennetos, ihrem kranken Vater bei den Verwaltungsgeschâften und vorzüglich bei der Abfassung kaiserlicher Beschlüsse eine wertvolle Hilfe gewesen ist : « xai yàp xai aÙTÔç èripia xai ècpiXet èv è^aipÉTco 8è tî; 'AyaO?] àoxvcoç Xei/roupyoucra tû paoù.ôï eiç Ttxç àppcooTÎaç aÙToü xai xaTapDjvôeoOai. 8i aÙTrjç tov PacnXéa tcûv oexprjTcov xai tcûv àp/6vT<ov Tà 8i.oi.xiqp(.aTa- ^Tip xai p.eoÎTi.ç àvecpaivêTO xai oùx àvscpaiveTO piovov, àXXà xai lyvcopiCeTO xai èyévsTO81 ». Der pieoa^cov, der mânnliche Ministerprâsident, hat also in dieser Kaiser- tochter gewissermaBen einen Vorgânger82. Diese Bemerkung zum Kanzleiwesen der byzantinischen Kaiserin und weiblicher Angehôriger des Kaiserhauses - gleichgültig, ob sie EinfluB nahmen auf das Kanzleiwesen des Bruders, wie die Kaiserin Pulcheria, oder auf das des Sohnes, wie Anna Dalassena, oder sogar des Vaters, wie die Prinzessin Agathe, die eine Tochter Konstantins VII. Porphyrogennetos war, ist unseres Erachtens ein Beweis dafür, daB die Damen des Kai- serhauses im Prinzip EinfluB auf die Verwaltung nehmen konnten, ohne daB ihnen hierzu eigens die Befugnis wie z.B. einem Beamten gegeben sein muBte. Die tieferen Ursachen hierfür liegen, wenn eben die Macht einmal einer Person anvertraut war, in der monarchisch absolutistischen Struktur der Verwaltung und in den rechtlich vielfach nicht festgelegten Privile- gien, die einer Frau aus ihrer Zugehôrigkeit zur herrschenden Dynastie meist stillschweigend zugestanden wurden. Die Tatsache schlieBlich, daB sogar bei Fâlschungen mit der Existenz eines Chrysobullos Logos einer Kaiserin bzw. eines von einer Kaiserin angeregten Chrysobulls argumentiert wurde83, ist —auch wenn es in postbyzantinischer Zeit geschah — wie wir eingangs am Beispiel der Augusta Pulcheria gezeigt haben —, ein Beweis dafür, daB die sogenannte « Volks- meinung» sowohl einem Kaiser als auch einer Kaiserin die Kompetenz eingerâumt und zugestanden hat, etwas tun zu kônnen, was — auch der haben, um den Kaiser seiner Nachlâssigkeit beim Unterzeichnen von Dokumenten zu überführen — das der zerstreute Kaiser dann auch ohne nâhere Prüfung unterzeichnete. 81. Theoph. Cont., S. 459. 7-12. 82. Vgl. hierzu H.G. Beck, Der byzantinische Ministerprâsident, « B.Z. », 48 (1955), 321 = Ders., in : Ideen und Realitaeten, London 1972, S. 321. 83. Die Mônche hatten wohl— es seierinnert an den Chrysobullos Logos (?) Manuels Palaiologos und der Helene Dragas für das Johannes Prodromoskloster (s. Dôlger, Regesten Nr. 3257) und an den Chrysobullos Logos des Kaisers Alexios II. Komne- nos von Trapezunt und seiner Gemahlin Theodora für das Kloster Kutlumusiu — Beispiele solcher Privilegien-Urkunden vor Augen.
102 MÉLANGES IVAN DUJCEV epische Roman zeigt dies84 — vielfach als der hôchste Ausdruck angesehen wurde, die byzantinische Kaiser- und Reichsidee zu manifestieren : nâmlich Urkunden und Privilegien, die mit dem Goldsiegel beglaubigt waren, zu gewâhren. SchlieBlich ist noch hinzuzufügen, was schon eingangs angedeutet wurde : ein definitives Urteil über die Urkunden der byzantinischen Kaiserinnen wird erst dann môglich sein, wenn die nicht sehr zahlreich erhaltenen Originale und Kopien in einer mustergültigen Edition vorliegen bzw. wenn davon eine zufriedenstellende Übersicht gegeben ist ; dann wird man auch wissen, ob die gemeinsamen Bestandteile von Kaiser- und Kaiserinne- nurkunden überwiegen oder ob es bei den Kaiserinnenurkunden spezifische Abweichungen gibt. 84. Dort heifit es : xal /api<7« raivra StnXâ [ierà -/_p>j<TOêo>jzXou TàxparrjOévra rrpè xatpoü ZT^pictTa toü aoü TrâTtTtou (aus : Digenis Akritas, Synoptische Ausgabe von E. Trapp, Wien 1971 (Wiener byzantinistische Studien, 8). S. 235. Z. 2369-2379).
JOHN LYDUS AND THE QUESTION OF THE ORIGIN OF THE VLACHS IN THE GREEK LANDS Peter CHARANIS The expression torna, torna, fratre, used by two Byzantine chroniclers1 to explain the panic which seized the Byzantine army in Thrace south of the Haemus near the modem town of Aitos in 586 and prevented it from inflicting what might hâve been a décisive defeat upon the Avars against whom it had been sent has often been commented upon, most recently by the Roumanian scholar, H. Mihâescu2. The circumstances of the utterance of the expression is weil known. It had been addressed to the driver of one of the beasts of burden who was marching ahead of his animal to turn and set aright its burden which had lost its balance and had fallen. But the expression was passed along the line of the march of the army and, as it was night, it was taken to mean that the army had suddenly corne upon the enemy and Should retreat and did so in disorder. The expression has been commented upon for its possible significance in the évolution of the Latin idiom which led to that spoken by the Vlachs and as a conséquence of the origin of the Vlachs themselves. Mihâescu reviews the various interpré- tations given to the expression and himself cornes to the conclusion that its use means simply that Latin was still the language of the army and is not related 1. Theophylact Simocatta, Historiae, ed., Carolus de Boor, Leipzig 1887, 99 f ; Theophan., Chronographia, ed., Carolus de Boor, Leipzig 1883, 1, 258, The fratre appears only in Theophanes. J.B. Bury once put this épisode in 687 : A History of the Later Roman Empire from Arcadius to Irene, London 1889, 2, 120. 2. H. Mihâescu, Torna, torna, fratre, in «Byzantina» 8 (1976), 21-35.
104 MÉLANGES IVAN DUJCEV to the language spoken by the natives of the région where the incident took place in connection with which it was used. Besides, that région was within the sphere of Greek, not Latin. The expression, therefore, has no signi- ficance with reference to the problem of the origin of the Vlachs. There is no solid reason to question Mihàescu’s conclusion. There is another text, this one going back to the reign of Justinian, which is said by some scholars to relate to the origin of the Vlachs. The reference is to a passage in the De Magistratibus of John Lydus, used especially by Greek scholars in their contention that the Vlachs in the Greek lands proper were originally Greek speakers who became Latinized and survived as Vlachs. The passage reads3 : « It was an old rule that ail that was transacted by the prefects and also by other officiais was to be expressed in the language of the Italians [La- tins]... Ail that was transacted about Europe was done according to this old tradition by necessity because its inhabitants, though in large part Hellenes (''EXXyjveç ) spoke the language of the Italians. This was especially so of the public servants ». There is something intriguing in this passage and one may be tempted, given the Latin basis of the idiom of the Vlachs and the numerical strength of the Vlachs in the Greek lands, particularly in the région of the Pindus mountains and in Thessaly, when they first appeared in the historical lit- erature, to relate it to the question of their origin. But this would be a mistake. Quite obviously what John had in mind when he wrote this passage was not the language spoken by the general public, the public which in its origins was Greek, but the language of administration then in use in the Balkan peninsula which is what John means by Europe. This is the meaning of the term Europe in the other four places where John uses it4, and it must be its meaning in this passage also. The statement that the inhabitants of Europe, i.e., the Balkan possessions of the empire « though in large part Greek spoke the language of the Italians » is, of course, not true. It may be considered an exaggeration, a point in John’s criticism of John of Cappa- docia for his administrative innovations, including his restrictions on the official use of Latin. The statement may be accepted as true only if it is restricted to the public officiais. That these officiais, spread throughout 3. John Lydus, De magistratibus populi Romani, ed., R. Wuensch Stutgart 1965, 159 (bk. II, ch. 68). For its use by Greek scholars, see T.M. Katsougiannes, Concerning the Vlachs of the Greek Lands (in Greek), Thessaloniki 1964, 1, 23 ff ; 28-31. 4. Ibid., 65 (bk. I, Ch. 10) ; 87 (bk. III, ch. 1) ; 100 (bk. II, Ch. 13) ; 128 (bk. III, ch. 40) ; 136 (bk. III, ch. 46).
JOHN LYDUS AND THE VLACHS 105 the Balkan peninsula and, necessarily comparatively few in numbers, were the ancestors of the numerous Vlachs found inhabiting the Greek lands when they were first noted by the sources and in their life-style quite diffe- rent from their presumed ancestors, is an assumption which makes no sense. It is rather best to view John’s text as having no relation to the ques- tion of the origin of the Vlachs. The most that one can make of it is this, that in the sixth century there were Latin speakers throughout the Balkan peninsula who by origin had been Greek. But these Latin speakers could not hâve been very many. With the élimination of the texts containing the expression torna, torna, fratre and the text of John Lydus from considération, there is no early text which relates to the question of the origin of the Vlachs. The first genuine evidence of the existence of this people is a reference to an event which took place in 976 and is reported by a chronicler of the eleventh century5. Thereafter the references to the Vlachs become much more fre- quent, but, with one important exception, there is very little in any of these references which relates to their origin. The exception is Kekaumenos who as governor of Hellas which included Thessaly knew the Vlachs very weil and whose Strategikon, written in the last quarter of the eleventh century, is perhaps the most original political treatise which the Byzantines hâve passed on to us. This is what Kekaumenos wrote about the origin of the Vlachs6: The Vlachs « are the people called Dacians and Besans who formerly dwelt near the rivers Danube and the Saos, which we now call the river Save, where of recent years the Serbs dwell, in strong and inaccessible pla- ces ». After their conquest by the Romans, « some of them came forth from those parts and were scattered throughout ail Epirus and Macedonia, whereas the majority settled in Hellas ». The Besans were, of course, Thra- cians and the Dacians belonged by origin in Kekaumenos’ mind to the Dacians who once had been ruled by King Decebalus and who had been conquered by the Romans. Kekaumenos thoroughly disliked the Vlachs and distrusted them utterly. He wrote on this point7. 5. John Scylitzes, Synopsis historiarum, ed. J. Thurn, Berlin 1973, 329. Cf. Mathias Gyôni, L'auvre de Kekaumenos. Source de l'histoire Roumaine, in « Revue d’Histoire Comparée», Nouvelle Série, III (1945), 129. 6. Cecaumeni Strategicon et incerti Scriptoris De officiis regiis libellas edited by V. Vassilievsky and V. Jernstedt, St. Petersburg 1896 (= Publications, History and Phi- lology Department of the Impérial University of St. Petersburg, 38), 74 ; Cecaumeni Consilia et Narrationes, ed., G.G. Litavrin, Moscow 1972, 268 ff. 7. Vassilievsky, 74 ; Litavrin, 268.
106 MÉLANGES IVAN DUJCEV « The Vlachs are wholly faithless and perverse. They keep true faith neither with God nor with the emperor nor with kinsman or friend. But, striving to work against them ail, they tell many lies and steal much, swear- ing daily most solemn oaths to their friends and easily violating them. They make contracts of adoption as brothers or alliances through baptism and scheme by such means to deceive the simpler minded. They never yet hâve kept faith with any man». There are considérations in the testimony of Kekaumenos which may make one reluctant to accept it at its face value. There is first of ail, the lateness of its date and the difficulty of tracing its sources ; there is the author’s erroneous view concerning the location of the country of the Dacians of Decebalus ; and there is finally the possibility that his convic- tion that the Vlachs were utterly disloyal and faithless may hâve led him to identify them with the Dacians of Decebalus who had the same réputa- tion. These various questions hâve been thoroughly examinad by M. Gyôni8, a distinguished Hungarian scholar, now dead. Gyôni has been able to show that Kekaumenos derived his knowledge of the Dacians, their relations with the Romans and finally their conquest by Trajan from the Roman History of Dio Cassius, and that the location of the country of these Dacians in the Danube-Sava région as given by Kekaumenos is erroneous. He surmises also that it was not concrète knowledge but the Byzantine habit of identifying peoples of their time occupying certain régions with the ancient inhabitants of these régions which underlie Kekaumenos’ identi- fication of the Vlachs with the Dacians. The last point is, of course, highly spéculative and may not apply to Kekaumenos, a highly practical man. Besides, this Byzantine habit should hâve led him to identify the Vlachs with some ancient people of the Greek lands, not with Dacians and Besans who had never lived there. Gyôni’s argument on this point is by no means conclusive. Gyôni oriented his study in the direction of showing to what extent the testimony of Kekaumenos on the origin of the Vlachs may be taken to strenghten the theory of the Daco-Roumanian continuity. His analysis has led him to the conclusion that it does not at ail9 and in this he is followed by P. Lemerle10. Although some remarks hâve already been made concerning 8. Gyôni, op. cit., 147 ff. 9. Ibid., 179 f. 10. P. Lemerle, Prolégomènes à une édition critique et commentée des « Conseils et Récits» de Kékauménos, (= Académie Royale de Belgique. Classe de Lettres. Mémoires. Collection in -8°). Deuxième série, Bruxelles, 1960, 75.
JOHN LYDUS AND THE VLACHS 107 the weakness of one of the principle arguments which has led to this conclu- sion, the theory of the Daco-Roumanian continuity is not the subject of this paper and as a conséquence there cannot be any further discussion about it. What particularly concerns this paper, the question of the accuracy of the testimony of Kekaumenos to the efîect that the Vlachs in the Greek lands were late comers, who had corne from elsewhere in the Balkan peninsula, to that question Gyoni did not specifically address himself. He did say, howevcr, but without citing his source, that the Vlachs of the Greek lands had gone there from elsewhere in the Balkan peninsula sometime during the first half of the tenth century or towards the end of the ninth1 '. However that may be, there is no solid reason to question the testimony of Kekaumenos. On the contrary, given his association and that of his family with Greece there is a strong presumption in favor of its accuracy. The Vlachs of Greece were not the descendants of the Latinized public officiais of whom John Lydus speaks, but new corners, most pro- bably descendants of Latinized Thracians11 12, who had corne into the Greek lands perhaps during or shortly after the Slavic invasions. 11. Gyoni, op. cit., 134. 12. Cf. E. Stânescu, La population Vlaque de l’empire byzantin aux xie-xiil' siècles. Structure et mouvement, Athènes 1976, 1-21. This paper was read at the Fifteenth Inter- national Congress of Byzantine Studies, held in Athens, September, 1976. It was published separately to be distributed to the participants of the Congress, but it will be included in the Acts of the Congress which should corne out soon.
NOTE DI ICONOGRAFIA TARDO-BIZANTINA : TYCHE BIOS E THANATOS IN TEODORO MELITENIOTES Carolina CUPANE Nella storia, ancora tutta da scrivere, dell’iconografia profana bizantina un ruolo particolare fra le fonti letterarie spetterebbe certamente a Teodoro Meliteniotes. In quel polveroso negozio da rigattiere che è il suo poema allegorico-morale Eîç rrçv Scocppoouv/jv1 si ammucchiano infatti in caotico e colorito disordine mirabilia di ogni tipo — animali fantastici, statue di dei e di eroi, preziose suppellettili — spesso descrittici con sufficiente precisione da permettere un’indagine di tipo iconologico. Quest’indagine, fin’ora ch’io sappia mai tentata, cercherô qui di abbozzare limitandomi aile due ekphraseis di Tyche e del gruppo Bios-Thanatos che si sono rivelate particolarmente degne di nota, sia per i particolari problemi interpretativi che pongono, sia perché costituiscono un esempio tipico dell’enciclopedismo dell’autore e del metodo da lui seguito nella rielaborazione e nel riadatta- mento delle sue disparatissime fonti letterarie e figurate2. TYCHE - La ekphrasis di Tyche, che abbraccia i vv. 1813-1852, corona 1. Ed. E. Miller, Poème allégorique de Méliténiote, in Not. et Extr. de la Bi bl. Imp. 19/11 (1857) 1-138. 2. V. Tiftixoglu, Digenes, das « Sophrosyne » Gedicht des Meliteniotes und der byz. Fünfzehnsilber, in « B.Z. » 67 (1974) 39, è incline ad escludere che Meliteniotes si sia ser- vito per il suo poema di modelli figurati ; spero di poter dimostrare nel corso dell a tratta- tzione che, almeno per quanto riguarda le due ekphraseis prese in esame, l’esistenza di ali modelli, se non altro a livello di generica suggestione, è più che probable.
110 MÉLANGES IVAN DUJCEV la sfilata delle statue degli dei pagani (vv. 1485-1812) che adornano il seconde muro di cinta del giardino di Sophrosyne. Contrariamente aile altre divinité, le cui figure vengono spesso sommariamente abbozzate dal punto di vista figurative con una forte sproporzione a favore dell’elemento allegorico e mitologico-narrativo3, la descrizione di Tyche è armonicamente suddivisa in due parti simmetriche : nei vv. 1813-1828 la statua viene pre- sentata prima in un generico colpo d’occhio (vv. 1813-1822), poi, attraverso la demanda dell’autore, (vv. 1823-1828) in dettaglio ; segue (vv. 1829-1852) la spiegazione allegorica fornita da Sophrosyne. I tratti caratterizzanti délia Tyche di Meliteniotes sono quindi i seguenti : la statua è StcpuTjç, cioé d’oro nella parte superiore fine al petto, di ferre p.éXaç ÇsÇocpcopiévoç in quella inferiore ; raffigura una donna d’età avanzata, yrçpaXéa, cieca, con le ali aile spalle e i piedi gravati da pesi di piombo, p.6Xi»p8ov4. La lunga interpretazione che segue è perd ben lungi dall’essere esauriente e lascia aperti molti interrogativi. Da essa apprendiamo in pratica soltanto che le ali sono da Tyche impiegate per accorrere da colore cui la sorte ha concesso un rapide arricchimento (kXoutsïv auvTÔpicop), mentre il piombo rallenta il sue procedere verso gli infelici cui è stato destinato il contrario (tô ppaSuKXouTsïv ). Non un accenno a quella che costituisce l’aporia principale delle spettatore — e del lettore moderne — per quale motive cioè la statua sia costruita con due diversi metalli, l’oro e il ferre, risultando cosi bicolore. Rispetto alla Tyche alessandrina e romana che, col nome di dea Fortuna, régna secoli più tardi protagonista incontrastata nella poesia allegorica e nell’arte medievale e rinascimentale, la figura descritta da Meliteniotes non présenta a prima vista che scarsi elementi in comune, e per giunta dei meno caratterizzanti5. La cecità è l’unico attributo tipico 3. Cfr. ad es. la ekphrasis di Kronos, in cui la descrizione vera e propria délia statua si limita ai vv. 1488-1492 ed i successivi vv. 1493-1527, che ne costituiscono il corpo principale, riferiscono in dettaglio il mito del dio ed il suo significato allegorico. Lo stesso vale per Zeus (vv. 1528-1570 ; vv. 1528-1533 la descrizione) ; Ermes (vv. 1607- 1631) ; Ares (vv. 1639-1647) ; Dioniso (vv. 1648-1670) ; Efesto (vv. 1671-1684), in cui la descrizione manca addirittura del tutto. 4. Sulla forma e l’aspetto di questo pi6Xu[38ov niente apprendiamo dal testo, cfr. infra, p. 112. 5. Sulla figura di Fortuna e di Tyche e sulla loro progressiva assimilazione letteraria e trasformazione da divinité cultuale dispensatrice di béni in capricciosa e onnipotente dea del destino, con tutta una sérié di attributi simbolici non attestati nel culto, v. le trattazioni complessive con ricca bibliogr. di I. Kajanto, in « Reallexikon für Antike und Christentum », VIII, coll. 182-197 s.v. Fortuna, e O. Waser, in W.H. Roscher, Ausführliches Lexikon der griech. und rom. Mythologie, N, coll. 1309-1380 s.v. Tyche; cfr. ancora G. Herzog-Hauser, Tyche und Fortuna, « Wiener Studien» 63 (1948) 156- 163 e H.-R. Patch, The Tradition of Goddess Fortuna in Roman Literature and in the
TYCHE, BIOS E THANATOS 111 délia capricciosa divinità del destine che egli conserva, mentre la dota in più, al posto del classico timone o del corno di Amaltea6, delle meno consuete ali che, pur essendo attestate fin dall’ antichità, escono perô dal répertorie iconografico délia Fortuna medievale per riapparire soltanto nell’arte italiana quattrocentesca7. Ma l’omissione più grave è quella délia sfera su cui poggia la dea e délia ruota che ella fa incessantemente girare, simboli entrambi délia sua incostanza e délia sua instabilità e, par- ticolarmente l’ultimo, attributo caratterizzante e immancabile délia Fortuna medievale, al punto da sostituirla in molti monumenti dell’arte figurata8. Essendo impossibile supporre che Meliteniotes ignorasse la sfera di Fortuna che gli veniva dalla tradizione classica e l’immagine délia ruota che, per non parlare délia documentazione monumentale antica9 e delle testimo- Transitional Period, in « Smith College Studies in Modem Language» III, 3, 1922. — Per quanto riguarda la Fortuna in età medievale e rinascimentale, mi limito qui a rinviare aile esaurienti monografie di A. Doren, Fortuna im Mittelalter und in der Renaissance, in « Vortr. der Bibl. Warburg» 2 (1922/23), 71-144, H.-R. Patch, The Goddess Fortuna in Médiéval Literature, Cambridge Mass. 1927, X, e soprattutto F.P. Pickering, Literatur und darstellende Kunst, Berlin 1966, 112-145. 6. Gli attributi tipici délia Tyche alessandrina, ripresi fedelmente dalla Fortuna medievale sono chiaramente elencati e simbolicamente interpretati da Dione Chrys., Or. LXIII (46), 7 (Ed. J. de Arnim, II, p. 146, 6) : ”E/ei 8’ où xaxœç où8è Tà tôS'j T.a- Xatcôv alvi-ypia-a nepl aÙTTjv. Ol [xèv vàp èr.ï ï>jpoù ïaTi)aav aÙTTjv, ol 8è ènl cnpal- paç, ol 8è TTrçSàXiov eScoxav xpaTeïv, ol 8è xpeiTTfo YpâcpovTeç to tt)Ç ’AptaXOelaç êSoaav xépaq, KXîjpeç xai |3pùov rai? oipaiç ... (cfr. anche Or. LXV 12, p. 159, 8) e nella Cebetis Tabula, VII 1 (Ed. Prachter, p. 6, 8) : 'H 8è éxelvi) tIç èotiv ï) ciarrep tuçXtj xai p.aivop.6vï) tiç eïvai Soxoùaa xai éaTïjxula ènl XlOou tivoç ŒTpoyYuXoù ; ... 7. Già Amm. Marc., Res gestae, XIV 11, 26 (Ed. Clark, p. 36, 11), ci présenta la Fortuna alata : Pinnas autem ideo illi fabulosa vetustas aptavit, et praetendere guberna- culum dédit eique subdidit rotam..., ma il medioevo trascurô questo attributo per insistere invece su quelli che simboleggiavano la sua instabilità, cfr. in proposito E. Lommatzsch, Beitrage zur âlteren ital. Volksdichtung. IL El libre de Santa Justo paladino de Franza nach dem Druck von Venedig 1490, Berlin 1951, 100-101. — La Fortuna alata di Meliteniotes pué essere perd un richiamo al Katpùç alato la cui immagine era familiare alla lettera- tura bizantina e il cui significato simbolico era affine a quello di Tyche con cui divide per altro alcuni attributi, quali il rasoio o la sfera ; sul Kaipôç nella lett. bizantina cfr. V. Grecu, Die Darstellung des Kaipoq bei den Byzantinern, in « Atti V Congr. Int. St. Biz. » II (= « Studi biz. e neoell ». VI), Roma 1940, 147-154 (in particolare p. 153, n. 1, l’autore fa riferimento alla Tyche di Meliteniotes e a suoi possibili contatti con la figura del Katpôq). 8. Sulla ruota di Fortuna e sulla sua diffusione nell’arte occidentale, cfr. in particolare K. Weinhold, Glücksrad und Lebensrad, in « Abhandl der Akad. der Wiss. zu Berlin » 1 (1892), 1-27 ; R. Van Marle, Iconographie de l’art profane au Moyen-Age et à la Renais- sance et la décoration des demeures, IL Allégorie et Symboles, La Haye, 1932, 178-202 e P. Courcelle, La Consolation de Philosophie dans la tradition littéraire. Antécédents et Postérité de Boèce. Paris 1967, 147-158. 9. Cfr. gli esempi raccolti da Courcelle, Consolation, 127-134 e D.M. Robinson, The Wheel of Fortuna, in « Classical Philology » 41 (1946) 207-216.
112 MÉLANGES IVAN DUJCÈV nianze offerte dalla poesia greca e soprattutto latina dell’età impériale10, era senza dubbio familiare alla letteratura bizantina grazie aile traduzioni boeziane di Massimo Planude11, resta perd da spiegare il perché di certe omissioni e di certe innovazioni. L’attributo più sorprendente délia Tyche di Meliteniotes, quello che le conferisce un aspetto singolare e del tutto ignoto alla tradizione è infatti il piombo ai piedi che rende lento e gravoso il suo procedere verso gli sfortunati. Per spiegare l’origine di questa carat- teristica che snatura in un certo senso la personalità di Tyche, trasfor- mando l’instabile e mutevole dea del destino, dagli imprevedibili e rapi- dissimi mutamenti in un emblema personificato délia ponderatezza e délia «stabilité», bisogna —a mio avviso— rifarsi alla contrapposizione, più volte chiaramente espressa nel testo, fra la célérité délia buona sorte e la lentezza délia cattiva. L’identico concetto ritroviamo, ch’io sappia per la prima volta, in un’operetta del xm s., il cosiddetto dramation di Michèle Hapluchir12. Qui il letterato, perseguitato dalla miseria e dalla mala sorte, definisce aspramente Tyche (v. 20) : tj ypaüç, t; PpaSÛKouç à&Xia e più avanti (v. 22) : tj ^coXokouç, mentre Tyche, apparsa di persona sulla scena per difendersi dalle accuse (vv. 29-30) rivendica di contro con indi- gnazione gli attributi di ra/u8p6pioç e àprircouç. L’antitesi PpaSwouç - àpriKouç è ripresa da Meliteniotes che, al pari di Hapluchir, non s’inté- ressa tanto alla proverbiale instabilité di Tyche, simboleggiata iconografi- camente dalla ruota o dalla sfera, quanto all’ambiguité délia sua natura, al suo contemporaneo essere buona e cattiva, propizia e avversa. Coeren- temente a questa diversa interpretazione, la sfera dell’instabilité su cui poggia Tyche nell’iconografia classica e medievale diventa per Meliteniotes una palla di piombo ai piedi, un simbolo délia sua lentezza. Altro infatti non è, a mio avviso, il pioXu(38ov che egli le pone sotto i piedi, che la ocpatpa di cui parla Dione Crisostomo o il Xl&oç oTpoyyuXôç délia Cebetis Tabula13. E’ vero che il testo non specifica di che forma sia questo piombo che appe- santisce i piedi délia dea, ma mi sembra verosimile che esso non sia in ulti- ma analisi un nuovo attributo creato da Meliteniotes quanto piuttosto una 10. Cfr. H.V. Canter, Fortuna in Latin Poetry, in SP 19 (1922) 64ss. 11. La traduzione planudea del De Consolatione si puô leggere nell’ed. di E.A. Be- tant, De la Consolation de la Philosophie, Traduction grecque par Maxime Planude, Genève 1871 (rist. Amsterdam 1974) ; cfr. in proposito A. Pertusi, La fortuna di Boezio a Bisanzio, in « Mélanges H. Grégoire» (= «Ann. de l’Inst. de philol. et d’hist. orient, et slaves» II), Bruxelles 1950, 301-322. 12. L’operetta di Hapluchir si puô ora leggere nella recente ed. di P.L.M. Leone, Mychaelis Hapluchiris versus cum excerptis, in « Byz. » 39 (1969) 251-283 (il testo aile pp. 268-279) ; il passo di Hapluchir relative a Tyche mi è stato gentilmente segnalato dal Dr. Wolfram Hôrandner (Vienna) che desidero qui ringraziare pubblicamente. 13. V. supra, n. 6.
TYCHE, BIOS E THANATOS 113 diversa interpretazione délia tradizionale sfera finalizzata ad una diversa concezione délia dea délia fortuna. Funzionale a questa diversa concezione di Tyche è inoltre la seconda caratteristica estravagante délia statua di Meliteniotes, cioè la sua duplice composizione : la parte superiore d’oro con le ali simboleggia infatti la sorte favorevole, quella inferiore di ferro con i piedi gravati di piombo, la sorte avversa. Dove l’autore abbia attinto l’idea di questa bipartizione non è possibile affermare con certezza14. Giova perô ricordare in questo contesto che il medioevo occidentale, svilup- pando l’immagine boeziana degli ambigui vultus di Fortuna15, amô spesso raffigurarsi la dea corne racchiudente in sè contrastant! caratteristiche, gioventù e vecchiaia, gioia e dolore, povertà e ricchezza, bellezza e bruttezza. Taie è ad esempio la dea Fortuna di Alain de Lille16, di Federico Frezzi17, délia Danse des aveugles di Pierre Michault18 19, e corne una figura bicipite o bicolore essa viene spesso rappresentata in alcuni manoscritti miniati del De Consolations^. In mancanza di prove più concrète non è possibile precisare la natura dei rapporti intercorrenti fra la Tyche di Meliteniotes e la Fortuna bipartita délia letteratura allegorica romanza, ma la struttura del suo poema, che denuncia chiari ed inequivocabili rapporti di filiazione dal filone allegorico-didattico occidentale20, rendono credibile l’ipotesi 14. Forse il ricorrere all’uso di due diversi metalli, l’oro e il ferro, per esprimere il concetto délia bipartizione di Tyche puà essere stato suggerito daU’immagine biblica (Dan., II 31-33) délia statua d’oro, di ferro, di bronzo, di rame e di argilla apparsa in sogno al re Nabuccodonosor. 15. De Cons., II, pros. 1 29 (Ed. Bieler, p. 18). Nella traduzione planudea (II, p. 20) l’espressione viene letteralmente resa : zaTÉXape; rà àpupipoXa -rijç TvçXîjç 8aî- [xovoq 7tp6aù>na. 16. Anticlaud., vv. 31-47 (Ed. R. Bossuat, pp. 174-175) : Ambiguo vultu seducit forma videntem /.../ Pars vultus vivit, vivo flammata colore, (Pars moritur, quam pallor habet, qua gratta vultus/ Exspirat, languet faciès et forma liquescit. 17. Quadriregio, II, cap. 13 (Ed. E. Filippini, pp. 158-159) : E sol davanti avea capelli in testa, /e d’oro fin dinanti avea la gonna. / Ma dietro calva, e dietro avea la vesta / tutta stracciata, ed era di quel panno / che vedoa porta in dosso, quando è mesta. 18. Pierre Michault, Danse des aveugles et autres poésies du XVe siècle, Lille 1748, 30 : car l’une partie et droite moytié estoyt noire comme charbon et l’autre partie blanche comme croye, cit. da I. Siciliano, François Villon et les thèmes poétiques du Moyen- Age, Paris 1934, 293-294 ; lo stesso uso dell’ alternanza bianco - nero per caratterizzare la duplicità delle sorte già in Alberto Magno, Phys. II, II, XI : dimidium nigrum et dimi- dium album propter eufortunium et infortunium (il passo è commentato in Pickering, Literatur, 140). 19. Cfr. Courcelle, Consolation, 147-158, tavv. 65-99. 20. Cfr. F. Dôlger, Quellen und Vorbilder zu dem Gedicht des Meliteniotes « El; t'<v Sùxppoaûvqv ». Mit einer Einleitung über die Person des Dichters, Diss. München 1919, 5-27 ; mi permette inoltre di rinviare al mio art. Il motivo del castello nella narrativa bizantina d'amore. Evoluzione di un’allegoria, in « Jahrbuch der ësterreichischen Byzan- tinistik» 27 (1978) 229-267.
114 MÉLANGES IVAN DUJCEV di una conoscenza e di una personale rielaborazione. Un’ulteriore conferma, a mio avviso, ci fornisce inoltre un testo in lingua demotica, più o meno contemporaneo a Meliteniotes, il Aoyoç 7rapy)yop7]Tixô<; -rcepl Autrcu/laç xal EÙTU/iap, che nel riprendere fedelmente da modelli occidentali il personaggio di Fortuna e l’immagine délia sua ruota, accentua ancor più il concetto délia duplicità délia sorte, scindendo Tyche in due figure ben distinte Eù-ru/ta, la buona sorte e AuctTu^ta, la cattiva sorte, con diversi attributi e diverse e separate dimore21. Alla luce di quanto detto, la strana Tyche di Meliteniotes riassume quindi proporzioni più familiari e note : il personaggio canonizzato letteraria- mente e iconograficamente in età ellenistica — una figura femminile cieca e spesso alata che poggia su una sfera — si fonde con la Fortuna medievale — una vecchia rugosa dall’aspetto demoniaco e sovente bipartita —, per servire, con tutto il suo armamentario di attributi, per la maggior parte tradi- zionali, ad un’interpretazione alternativa del carattere délia dea e che pone l’accento sulla duplicità délia sorte più che sulla sua incostanza. BIOS E THANATOS - Segue immediatamente la ekphrasis del trono di Sophrosyne quella delle due statue ai suoi lati, raffiguranti Bios e Thanatos, che ad esso sono strettamente legate e ne integrano il significato allegorico. Il trono d’oro e di pietre preziose, simbolo délia sovranità assoluta, è in- fatti sorretto dalle personificazioni delle quattro virtù cardinali (vj fiau- ptàota TETpaxTÙç rcov sù xaXcov xp7]7ri8cov) che ammoniscono chi vi siede a non trar vanto eccessivo da questa sovranità (vv. 2650-2651 : « "Qç nu- KponpXéKouna Ttxç àpsTàç èv toutco, / Mt; xaTE7ra(petv te KoXXà p.y;8È xopiTrà^Eiv pifa), e affiancato, ad ulteriore ammaestramento morale, dalle personificazioni délia vita e délia morte. Che il senso allegorico délia ekphrasis che qui c’interessa e che abbraccia i vv. 2665-2698 sia appunto quelle di raffrenare la vanità e l’orgoglio del dominio col rappresentare plasticamente la morte dominatrice di ogni cosa umana e délia vita stessa è chiaro, anche se, in seguito ad un guasto meccanico, probabilmente la caduta di un foglio, l’intera interpretazione allegorica manca. Di essa resta la parte iniziale, introdotta nel modo consueto, con l’esposizione dell’ aporia dell’ autore : Taûraç Tàç nriqXaç cycoyc PXékcov È^c&ap.P'iq- hyjv, / Kai, xa&’ auTov cfiaupta^ov cppovrt^cov tîvoç /àptv22. Il v. 2698 : ’Ex Ss^tûv p.èv è'<7T7]<7Ev Kôpyjv ô xaXXcrÉ/vTjç, doveva probabilmente intro- 21. Il poemetto ci è giunto in due redaz. entrambe édité da Sp. Lambros, Collection de Romans grecs, Paris 1880, 289-321, la prima, e NE 3 (1906) 402-432 la seconda ; per l’immagine in esso ricorrente délia ruota di Fortuna, dalle caratteristiche tipicamente occidentali, rinvio ancora al mio art. sopra citato (260-263). 22. Vv. 2696-2697.
TYCHE, BIOS E THANATOS 115 durre uno di quei brevi riassunti tanto cari a Meliteniotes, in cui egli, fedele aile regole retoriche delVamplificatio suole riprendere le fila délia descrizione enumerandone sinteticamente gli elementi salienti e ordinandoli sovente in forma di demanda23. A questo punto finisce il foglio 121v. Il foglio successivo, 122r, prosegue con un testo che non dà senso e non présenta alcuna connessione logica con quanto immediatamente précédé. Mentre infatti ci si aspetterebbe di trovare il seguito délia demanda e la battuta di conseguenza all’interrogante, cioé all’autore, il v. 2703 : Outoç êtmv èjzoç TOcrrçp.... ci porta bruscamente nel bel mezzo di un discorso di Sophrosyne che, senza assolutamente curarsi delle perplessità del suo protetto, dà ampie spiegazioni sulla sua genealogia, parentela ed educazione. Solo i quattro versi immediatamente precedenti si riferiscono con tutta probabilità alla lunga interpretatio allegorica di cui dovevano costituire la parte finale : Kai. ttocvtsç ttjv aKoepaatv eüpap.ev tou havaTou / Ilapà tou KavTcov ttoitjtoü toü Çcovtoç sîç accovaç, / ''Oç îràvTa Tà ôpcopteva Kapayaywv tÇ> Xoyco, / ’Attocutcov ecm PacnXeùp tcov aveu xai tcov xaTco24. Quale fosse il contenuto dedV interpretatio ed il suo précisé scopo didatti- co si puô solo ipotizzare, ma certo esse non doveva essere moite dissimile da quello sopra accennato, e cioè, corne già nel case delle due ekphraseis del Tacpoç25 e délia xXivr;26 di Sophrosyne, una sorta di memento mori espresso non più per allusioni ma attraverso la contrapposizione plastica délia vita alla morte, entrambe personificate. Alla Vita, donna giovane, bella e ridente, si oppone infatti in stridente antitesi, perseguita anche nei dettagli iconografici, la scura e minacciosa figura délia Morte, raffigurata con i tratti di un guerriero ferino e temibile. La corrispondenza gestuale e compositiva è perfettamente simmetrica : entrambe le figure guardano verso il trône, entrambe protendono un braccio sorreggendo rispetti- vamente una cptàX?] contenente i déni e le dolcezze délia vita (tk Tcp^và KavTa toü piou toutou) ed un KOTTjpiov ripieno dell’amaro veleno délia morte (tcov aKcuxTatcov toïç PpoTotç cpapptàxcov). Sia nel suo insieme, sia nei particolari, il gruppo Bios-Thanatos descritto 23. Tipico è ad es. il caso délia lunga ekphrasis délia natura primaverile che âpre il poema (vv. 40-103), in cui gli elementi compositivi, piante fiori, erbe, canto degli uccelli, vengono scomposti e ricomposti, mescolati in vari accoppiamenti per essere poi succin- tamente elencati in forma schematica nei vv. finali 100-104. 24. Vv. 2699-2702. 25. Vv. 2749-2794 ; il sepolcro di Sophrosyne viene espressamente definito : p.v7)p.ï)ç flavaTou /pela. 26. La decorazione délia xXivr) è congegnata eîç p.v7)[rqv toü S-avàTov (v. 1109), e a conclusione e sigillé délia lunga ekphrasis (v. 1211) essa viene definita : Sxf)|zaToç 8è toü Ttev&ixoü aüp.[3oXov.
116 MÉLANGES IVAN DUJCEV da Meliteniotes pone notevoli interrogativi, dal momento che esso rappre- senta un unicum nell’arte e nella letteratura bizantina. Se infatti le rappre- sentazioni allegoriche délia vita e délia morte ci sono familiari27, la raffi- gurazione in questione è invece assolutamente originale. Meno problematica è la figura di Thanatos, per cui è stato possibile ritrovare modelli sia figurativi2 8 che letterari29, mentre per quella di Bios non si è fin’ora trovato alcun precedente in area bizantina30. L’arte bizantina ha infatti personificato la vita o sotto le spoglie di un giovanetto nudo, prestandogli gli attributi del Katpoç lisippeo31, o in forme più sottilmente allegoriche, quali l’albero délia vita descritto nel romanzo di Barlaam e Joasaph e ripreso da Manuele Philes in una sérié di epigrammi32 o la ruota délia vita rappresentata nella épp.'yjveia rrjç Çcoypacpi.x'^ç té/vtjç di Dionisio di Furna33. Malgrado le possibilità implicite nella lingua di personificare la vita corne donna, Zcoz| appunto34, tali possibilità, ch’io sappia, non sono State sfruttate : fino in epoca post-bizantina è l’immagine del Btoç-Katp6ç che domina tanto in arte 27. Per le rappresentazioni allegoriche délia Vita nell’arte e nella letteratura bizantina cfr. A. Munoz, Studi d’arte medievale, Roma 1909, 7-46, in cui vengono ripresi e ampliati i dati contenuti in un precedente art., Le rappresentazioni allegoriche délia Vita nell'arte bizantina, in « L’arte» 7 (1904) 130-135 ; per quanto riguarda invece la figura di Morte e la sua iconografia, cfr. R. Stichel, Studien zum Verhaltnis von Text und Bild spat-und nachbyzantinischer Verganglichkeitsdarstellungen (Byz. Vindobonensia 5). Wien 1971. 28. Dôlger, Quellen, 112-113 ritiene che il sicuro modello del Thanatos di Meli- teniotes sia la miniatura del calice délia morte del Salterio serbo di Monaco (cod. slav. 4, edito da J. Strzygoswki-V. Jagic, Die Miniaturen des serbischen Psalters der kônigl. Hof-und Staatsbibliothek in München..., Wien 1906). 29. Si tratta di un epigramma anonimo contenuto nel cod. Vat. gr. 207, f. 372r del XIII s. ed edito da G. Moravcsik, Il Caronte bizantina, in « Studi biz. e neoell. » 3 (1931) 60 ; sui rapporti fra l’epigramma e la ekphrasis di Meliteniotes cfr. Tiftixoglu, Digenes, 30-40 ; v. anche Stichel, Studien, 19-20. 30. Cfr. Dôlger, Quellen, 113, il quale, sottolineando corne l’opposizione délia vita allettante e piena di vane promesse alla morte ineluttabile e impietosa sia un topos délia letteratura ascetica e mistica bizantina, svolto in numerosi xeçàXaia dal titolo Il Epi. (zvr)p.ï)ç SavàTou, si sorprende che esso non abbia tuttavia dato origine ad alcuna rappresentazione figurata di questo tipo. 31. Cfr. Munoz, Studi, 7-20; v. ad es. l’epigramma di Teodoro Prodomo EL; elxo- viapévov tov plov (PG 133, coll. 1419-1420) che descrive Bios corne un giovinetto nudo, con ruote ai piedi, ali aile spalle, in mano una bilancia e calvo nella parte posteriore del capo. 32. PG 96, 112 B, col. 976 il passo dal romanzo di Barlaam ; gli epigrammi di Philes da leggere nell’ed. di E. Miller, I, 246-252. 33. Aiovucriov toü èx Ooupvâ 'Eppcqveia tï)ç Çco'fpaçi.xîiç té/vt,; ed. A. Papado- pulos-Kerameus, Petrupoli 1909, 213-215 : § «rropiÇeToa ô [xàTaioç pioç toü xôapiou toûtou ; cfr. in proposito A. Didron, Symbolique chrétienne : la vie humaine, in « Annales Archéologiques», 1 (1844) 422-440. 34. Munoz, Studi, 9 sembra implicitamente escludere questa possibilità quando afferma che solo la mente greca poteva concepire la vita, ô ptoç, corne una figura virile, mentre altrove essa avrebbe certamente assunto forma muliebre.
TYCHE, BIOS E THANATOS 117 che in letteratura35. Per trovare raffigurazioni délia vita corne donna giovane e bella e più particolarmente per trovare lo schéma iconografico che contrappone una giovane e bella donna alla morte, dobbiamo invece guardare all’occidente romanzo. Più raramente corne personificazione délia Vita36, spessissimo invece corne incarnazione di Luxuria, Voluptas o Frau Welt31, innumerevoli monumenti dell’arte figurata, sculture, pitture e persino testi letterari38, raffigurano il concetto diffusissimo neU’ascetismo medievale délia fallacità dei béni e delle dolcezze di questo mondo che la morte ineluttabile annienta, servendosi dello schéma iconografico che contrappone la donna alla morte39. lo credo che proprio a questo schéma iconografico che perfettamente si adattava ai suoi intenti moralistici, for- 35. Cfr. ad es. la ekphrasis délia vita édita da A. Papadopulos-Kerameus, in « Viz. Vrem». 12 (1906) 491 sotto il titolo di ZæI/oi àpaioTct-roi, in cui vediamo : tov Blov, i^youv tt)v Çwqv, cràv àv8pa ’aTopiap.évov /.../ yupivùv TeXelùiç xal Çïjpév, xa-flwç ypàçouv tov Xàpo- /«rrà Sué tou TtéSta 8uè Tpo/ot, .../ xal elç Taïç àvTÇaiç tou TtTepà x’ £va Çuyl... ; testimonianze figurative troviamo egualmente in età post-bizan- tina, cfr. Ch. Bouras, ’AXXïjyopiXT) TtapdaTam) toü piou-xaipoü aè pila (xeTa[3uÇavTivï) ToixoYpaçla a-ri) Xlo, « ’Ap^aioX. AeXtIov » 21 A’ (1966/67) 26-34. 36. Il motivo iconografico dell’opposizione délia Vita alla Morte è attestato con minore frequenza nell’arte religiosa occidentale (Van Marle, Iconographie, 411) ; a titolo d’esempio si possono ci tare una croce d’avorio dell’xi s. conservata nel museo di Copenaghen (pubbl. in A. Goldschmidt, Die Elfenbeinskulpturen aus der Zeit der karoling. und sâchsischen Kaisern... III. Berlin 1914-26, n“ 124), una miniatura dall’Evan- geliario di Uta, s. xi (pub), in G. Swarzenski, Die Regensburger Buchmalerei des 10. und 11. Jh., Leipzig 1901, 93-94, tav. XIII, n° 30), una scultura nella sala capitolare di S. Georges de Boscherville del xn s. (disegno in A. Darcel, La Vie et la Mort à Saint Georges de Boscherville, in « Annales Archéologiques» 27 (1870) 398-399) e più, tardi, rispettivamente nel xiv e xv s., una scultura nel coro del Duomo di Colonia ed un affresco nel chiostro del Duomo di Bressanone (riprodotto quest’ultimo in J. Walchegger, Der Kreuzgang am Dom zu Brixen, Brixen 1895, 49 e 112). 37. Sulla contrapposizione di Mors a Vanitas si veda in particolare l’esauriente mono- grafia di W.A. Skreiner, Studien zu den Eitelkeits-und Verganglichkeitsdarstellungen in der abendlândischen Malerei, Diss. Graz 1963, particolarmente, 52-168 ; cfr. anche Van Marle, Iconographie, 382-410. — Per quanto riguarda il personaggio allegorico di Frau Welt, mi limite a rinviare alla monografia di W.A. Stammler, Frau Welt. Eine mittelalterliche Allégorie, Freiburg 1959. 38. Cfr. ad es. il Miroir de Vie et de Mort di Robert L’Omme (xm s.) edito da A. Langfors in « Remania» 47 (1918) 511-531 e 50 (1921) 14-53, vv. 53-54 e 61-65 : Sor l’arbre une dame seoit/ Ki meut bien aornée estoit /.../ Mais à la senestre partie/ Estoit une eskielle drechie ;/ Desus une feme montoit/, Sous son bras un linsseul portoit/ La face avoit laide et oscure ; cfr. in proposito A. Tenenti, La Vie et la Mort à travers l'art du XVe s., Paris 1962, 12-13. 39. Le testimonianze, sia plastiche che pittoriche, del motivo allegorico « la Morte e la donna », dove la donna simboleggia per lo più la vanità, sono cosi numerose nell’arte occidentale che sarebbe impossibile elencarle qui anche sommariamente ; una ricchis- sima documentazione, anche fotografica, che si estende cronologicamente dal medioevo all’età barocca, si troverà nei testi sopra citati (n. 37).
118 MÉLANGES IVAN DUJCEV nendogli uno strumento di particolare efficacia rappresentativa, si sia rifatto Teodoro Meliteniotes per costruire il gruppo Bios-Thanatos, model- lando poi le sue figure con tornio tradizionalmente bizantino. Cosi la ekphrasis di Thanatos è ripresa pressocché letteralmente su un anonimo epigramma del xm s.40 e quella di Bios è strettamente imparentata aile mille descrizioni délia bellezza femminile che costellano la letteratura retorica bizantina. Quanto infine al dettaglio, non riconducibile a modelli e suggestioni occidentali, délia cpiàXy; colma delle dolcezze di questo mondo che Bios porta fra le mani, esso si puo semplicemente spiegare corne un logico pendant alla coppa délia morte che è, insieme con la spada, attributo tipico di Thanatos sia in oriente che in occidente41, a meno che non sia da considerarsi corne un riflesso, forse inconscio, del famoso vaso di Pandora esiodeo, origine di ogni sciagura umana42. L’analisi sopra condotta, oltre ad aver chiarito, corne spero, alcune questioni ancora aperte nell’ iconografia del poema di Meliteniotes, credo fornisca inoltre da un lato un esempio illuminante dei metodi di composi- zione dell’autore e dall’altro mostra sotto quale prospettiva esso vada studiato. Se infatti l’eclettismo di Meliteniotes, il suo scomporre e ricomporre elementi di svariatissima provenienza ed il suo tipico reinterpretare in for- me bizantine le suggestioni non bizantine, seconde una tendenza che è comune alla letteratura narrativa di corte dell’epoca, rende problematica l’identificazione dei modelli, e addirittura difficile parlare di modelli, se non nel senso lato di generici e ampi influssi culturali, mi sembra d’altra parte che non si possa prescindere, per la comprensione del suo poema, dal volgere lo sguardo all’occidente. Infine, e questo è un fatto di notevole importanza, i suoi rapporti con Parte figurata, e non soltanto con quella bizantina, sono molto più concreti di quanto non si sia generalmente rite- nuto43. Nel caso delle ekphraseis sopra esaminate mi sembra infatti evi- 40. Cfr. n. 29. E’ significative délia « ortodossia iconografica » di Meliteniotes il fatto che, una volta assunto uno schéma compositivo occidentale, egli si metta poi d’impegno a « bizantinizzare » i dettagli. Cosi il suo Thanatos non ha niente délia Morte occidentale, una vecchia magra vestita di cenci funerei, o, più spesso, uno scheletro armato di falce ; questa iconografia délia Morte, canonizzata dalle illustrazioni dei Trionfi del Petrarca, sarà recepita solo molto più tardi, dall’arte post-bizantina, cfr. in proposito R. Stichel, Darstellungen des Trionfo delta Morte in der nachbyzantinischen Malerei, in « Byzanti- noslavica», 32 (1971) 296-317. 41. Sulla coppa délia Morte cfr. Stichel, Studien, 17-48. 42. Sul vaso di Pandora e sulla sua iconografia nell’antichità classica e nell’arte délia Rinascenza si legga la bella monografia di D. e E. Panofsky, Pandora's Box. The Chan- ging Aspects of a Mythical Symbol (Bollingen Sériés 53), New York 1956, 3-26. 43. V. supra, n. 2.
TYCHE, BIOS E THANATOS 119 dente che gli elementi occidentali, la bipartizione di Tyche e lo schéma iconografico délia contrapposizione donna-morte, siano di natura visiva più che letteraria. In entrambi i casi si tratta infatti di elementi o colori- stici — la bipartizione oro-ferro — o plastici — lo schéma compositivo — di grande efficacia e immediatezza visiva, e sono proprio questi a sedurre la fantasia dell’autore, che per il resto si mantiene fedele agli schemi letterari délia tradizione. Che manoscritti, anche miniati, del De Consolatione boeziano tradotto da Planude il secolo precedente circolassero a Costanti- nopoli è ipotesi molto verosimile ; da uno di essi Meliteniotes avrà tratto lo spunto per la sua Tyche bicolore, e forse qualche testo ascetico o teolo- gico occidentale — ed anche di tali opéré è verosimile supporre l’esistenza nelle biblioteche private costantinopolitane dell’epoca — gli avrà fornito il modello per il gruppo Bios-Thanatos. Questa potrebbe forse essere una via per lo studio e la comprensione del trascurato, eppur cosi intéressante, poema di Meliteniotes, una via che porterebbe, io credo, a risultati nuovi e tutt’ora inattesi.
« AYANT AJOUTÉ LA LUMIÈRE A LA LUMIÈRE » Une expression de la Vie de Constantin-Cyrille (ch. 18) Paul DEVOS Au chapitre 18 de la Vie slave de Constantin-Cyrille (VC), la phrase par laquelle l’auteur signale l’entrée en religion définitive de son héros commence par ces mots : « Le lendemain il revêtit le saint habit monacal » ; elle se termine par : « il se donna le nom de Cyrille » ; mais entre les deux il y a cinq mots qui n’ont pas manqué d’embarrasser les exégètes : h CK'ÈTTs. K'h CE^TOy npiHATh1. Nous n’en voulons pour preuve que les deux traductions qu’en a données à près de quarante ans de distance un même interprète, le regretté Dvornik. En 1933, dans Les Légendes de Constantin et de Méthode vues de Byzance, il traduisait : «et, ayant pris la lumière à la lumière»2. En 1970, dans son livre Byzantine Missions among the Slavs3, la phrase entière est rendue par : « The next day he put on the holy monacal dress and adding counsel to counsel he accepted the name of Cyril. » Et l’auteur de s’expliquer : « Hitherto the last phrase has been trans- lated « adding light to light » and was interpreted as meaning that Cyril 1. Cf. P. A. Lavrov, Materialy po istorii vozniknovenija drevnejsej slavjanskoj pismen- nosti (Leningrad, 1930), p. 34 (recension « russo-slavonne ») ; npieaih (rec. « serbo- slavonne », p. 65). 2. P. 379. 3. P. 143. Le sous-titre de l’ouvrage est : SS. Constantine-Cyril and Methodius. Voir aussi la traduction tchèque de V. Vavrînek, Byzantské misie u Slovanu (Prague, 1970), p. 156.
122 MÉLANGES IVAN DUJCEV had added to the baptismal vows — often called by the Byzantines « light » (phos) — the monacal vows which would be regarded as a new baptism. » Telle est en effet l’interprétation courante, dont Grivec est un bon témoin lorsqu’il commente : « 'Empfing Licht zu Licht’ bedeutet, dass er zur Taufe, welche im griechischen Osten Licht hiess, nun die zweite Taufe empfangen hatte. Das feierliche Mônchsgelübde nannte man nâmlich die zweite Taufe. »4 Et dans un commentaire parallèle, en note à sa traduction latine « luce ad lucem accepta », le même Grivec écrivait : « Vocabulum lumen in hoc contextu vel ad habitum monasticum, vota monastica, vel ad nomina Constantinus et Cyrillus referri potest. Ast loco parallèle in graeca Vita Clementis haud dubie ostenditur, lumen hic votum monasticum significari. »5 Nous reviendrons plus loin sur le passage de la Vie de S. Clément d’Ochrida auquel Grivec fait allusion et nous retournons à Dvornik qui poursuit : « Such an interprétation seems somewhat awkward. It should rather be read in the original not as sujet' which means light, but as s'vjet' which means counsel (consilium, pactum). In this way the passage becomes perfectly clear and shows that Constantine took the two monacal vows in Rome. »6 Cette étrange interprétation, Dvornik observe qu’il la reprend à Vasica, dans sa traduction tchèque de VC qui ouvre le volume collectif Na ûsuitu kfest'anstvi («A l’aube du christianisme»), paru à Prague en 1942 sous la direction de Chaloupeckÿ. Vasica justifiait sa traduction « a prijav k ûmluvë ümluvu » (« et ajoutant un pacte à un pacte ») et déclarait, p. 249 : 4. F. Grivec, Konstantin und Method, Lehrer der Slaven (Wiesbaden, 1960), p. 82. Dans zywoty Konstantyna i Metodego (Poznan, 1959), T. Lehr-Splawinski a tout simplement traduit les mots difficiles : « i zlozywszy sluby zakonne » (« ayant prononcé ses vœux monastiques »). 5. Dans F. Grivec-F. Tomsic, Constantinus et Methodius Thessalonicenses. Fontes (Zagreb, 1950), p. 120. A la lumière du premier baptême viendrait donc s’ajouter la lumière du second baptême que constituent les vœux monastiques. Dans la suite de la note, Grivec rappelle les deux degrés de l’engagement monastique correspondant l’un au [iLzpôv <r/r,[ia — que représenteraient les «vêtements honorables» (cestnyje rizy) revêtus par Constantin la veille du jour dont nous avons parlé —, l’autre au [zéya xal àvyeXixôv a/Gia porté par lui les cinquante jours suivants. — Comme on peut le lire dans Goar, Eù-/_oX6vlgv sive Rituale Graecorum (Paris, 1647), p. 506, la catéchèse de l’office du «grand habit» comporte cette monition au candidat : SeÙTepov ^arr-rtapta Xap.pctveiç a7;p.epov, àScXcpé ... xaî. uîèç cpùxrôç yivï) ; plus loin (p. 508) on prie pour qu’il devienne utôq cp«>Tàç xal ïjpiépaç. 6. L’interprétation traditionnelle comprend donc : «ajouter lumière à lumière» et Grivec avec la plupart l’entend de la lumière du second baptême, la profession religieuse, ajoutée à celle du premier; l’autre comprend : «ajouter pacte à pacte» et l’entend du pacte du « grand habit » ajouté à celui du « petit ».
« AYANT AJOUTÉ LA LUMIÈRE À LA LUMIÈRE » 123 « C’est ainsi que je comprends les mots de la Légende 'svëUh krh svëtu priions.’, à la différence de toutes les traductions précédentes, qui inter- prètent 'svët’ comme 'lumière’ (cf. Pastrnek, Grivec, Stanislav). Ici cepen- dant il faut plutôt expliquer 'svëtTs.’ par l’ancien 'sTvvëtTh’ dans le sens de 'consilium, pactum’ : 'ajoutant à un pacte (à savoir le degré inférieur du monachisme) un autre pacte (le degré supérieur), il s’appela du nom de Cyrille’. Les vœux monastiques sont comme un pacte entre le moine, qui s’engage à accomplir certaines obligations, et Dieu. » Ajoutons aussitôt que Vasica ne maintint pas cette position7. L’interprétation de Vasica (première manière) et de Dvornik (seconde manière) se heurte à une objection de poids, qui dispense de toute autre considération. C’est qu’elle ne tient pas compte de la présence, à laquelle nous avons déjà fait allusion, de l’expression cpom cpwç KpooXapdtv dans la Vie grecque BHG 355 de S. Clément, évêque d’Ochrida et l’un des principaux disciples de Cyrille et de Méthode (f 916). Sans entrer ici dans la question de savoir qui est l’auteur de cette Vie (Théophylacte d’Ochrida, j- 1107/8, ou un autre)8, ni sous quelle forme il connut la VC (l’important est qu’il la connut, comme il appert notamment de cet écho-ci), nous soulignerons seulement que ces mots grecs correspondent rigoureusement aux mots slaves qui nous occupent, encore qu’ils ne s’insèrent pas tout à fait de la même façon dans la phrase grecque de la Vie de Clément et dans la phrase slave de la Vie de Cyrille. Citons en effet la partie principale de cette phrase (§ 11)9 : Kpoyvoùç 8à (KuptXÀo<;) rJp éocutou tsXsutt]v, to TCÛV ptova/wv tJ/TjpttZ ÈKap.CpLÉWUTai., XtZl T7./.7.L [JISV TOUTO 7TO0COV, 8tà 8è picTptocppomjv’rjv wç paya ti xtzt. ttjv ocutou îo/ùv ôrrepPaïvov àvaSuoptevoq’ 8éxa 8è Tjuépaç sv toutw 8Laysvô[jisvo<; xal cpcoTt cpcoç KpoaÀa[3cùv stç oùpavoùq ptsTéoTt), où ô XpitJTÔç... En traduction (mise à part l’expression grecque sur laquelle, nous le verrons sans tarder, du neuf a été découvert récemment) : « Cyrille, connais- sant à l’avance sa propre fin, endosse l’habit des moines — ce à quoi il aspirait d’ailleurs depuis longtemps, mais que, par modestie, il déclinait, comme quelque chose de grand et qui dépassait ses forces — ; puis, ayant 7. En tout cas, en 1966, dans ses Literarni pamdtky epochy velkomoravskê (Prague), il traduit le passage en question : « prijal k svëtlu svëtlo » (« il ajouta la lumière à la lumière ») et se rallie à l’interprétation classique dans le commentaire qui suit. 8. C’est l’objet notamment de la thèse du P. Paul Gautier, dont nous parlons plus bas. 9. On la trouvera éditée, par exemple, par A. Milev, soit dans Teofilakt, Kliment Ohridski (Sofia, 1955), p. 38, soit dans Grückite zitija na Kliment Ohridski (Sofia, 1966), p. 84, ou reproduite en photocopie, d’après le manuscrit d’Ochrida, par I. Snegarov, dans Kliment Ohridski, 916-1966 (Sofia, 1966), p. 180, col. 1,
124 MÉLANGES IVAN DUJCEV passé dix jours en cet habit et cpûç KpooXapcov10, il émigra vers les cieux, où est le Christ...». Dans VC, la phrase continuait en ces termes : « il se donna le nom de Cyrille et il resta pendant cinquante jours dans cet habit et, quand l’heure fut proche de prendre du repos et d’émigrer vers les demeures éternelles, il éleva les mains vers Dieu...»11. C’est feu André Vaillant qui, dans un article intitulé Constantin-Cyrille et le Pseudo-Théophylacte et paru dans Slavia en 196912 — donc l’année avant celle où la publication de Dvornik « ressuscitait » l’interprétation de Vasica abandonnée par son auteur —, faisait savoir que le P. Paramelle avait découvert une attestation de l’expression cpwrl KpooXaptpàvetv chez Grégoire de Nazianze. Cet articulet de quatre pages est une présen- tation critique d’une thèse de doctorat du P. Paul Gautier : Deux œuvres hagiographiques du Pseudo-Théophylacte. Après quelques remarques sur l’expression <pco-r't <pûç KponXaP<ov qui, dans la Vie de Clément, « est exactement la même (que celle de VC) et la reproduit » et sur la traduction de Dvornik, relative à VC, «ayant pris la lumière à la lumière»13, à corriger en « ayant ajouté», Vaillant écrivait : « La question est de savoir comment interpréter l’expression grecque, qui en soi est banale et que le Père Paramelle a signalée au Père Gautier, dans un contexte tout différent, chez Grégoire de Nazianze, Migne, P. G. 35, col. 106514. Dans la Vie de Clément, il n’y a pas de doute : la lumière ajoutée est celle de l’habit monastique. Mais l’auteur de la Vie de Clément ne prend pas toujours 10. Mentionnons diverses traductions : «et lumini lumine adiecto», dans P.G., t. 126, col. 1198; « nachdem er ein Licht zum Licht erlangte» (Bujnoch, Zwischen Rom und Byzanz, Graz, 1958, p. 111 ; cf. pour VC, p. Tl : « indem er ein Licht zu dem Lichte empfangen» - traductions pratiquement inchangées dans la réédition de 1972); «et lucem ad lucem accipiens» (Grivec, dans Grivec-Tomsic, op. cit., p. 78). 11. Légères différences entre les versions serbo-slavonne et russo-slavonne de VC. La déformation du chiffre originel de 50 en 10 dans la Vie de Clément a plus d’une explication possible. 12. Année 38, p. 517-520. 13. Cf. ci-dessus. Dans l’autre traduction, si Dvornik parlait de «counsel», il disait aussi : « adding ». 14. La Bibliothèque de l’institut d’Études slaves à Paris tenant un exemplaire dacty- lographié de la thèse du P. Gautier à la disposition des lecteurs, comme le signale Vaillant au début de son article, c’est là que nous avons pu prendre connaissance de la note 13, pp. 141-142, qui se termine par : « Nous interprétons l’expression de la manière suivante : Clément ajouta la lumière, c’est-à-dire l’habit monastique qui est l’arme de la lumière (...), à la lumière, c’est-à-dire à la grâce divine qui brillait en lui»; puis un renvoi aux Addenda. P. 142, Vaddendum est le suivant : « Mais ce texte qui a prêté à discussion n’est peut-être qu’un emprunt textuel à Grégoire de Nazianze, qui écrit à propos des étapes de la purification et de l’illumination : çum TtpoaXappàvovTa tpcôç xai àp.avpoTép<j> Tpavovepov. Oratio 20, I : PG 35, col. 1065AB (Communication du P. Paramelle) ».
« AYANT AJOUTÉ LA LUMIÈRE À LA LUMIÈRE » 125 la peine ... de bien citer ou de bien comprendre les Vies de Constantin et de Méthode qu’il utilise. Dans la Vie de Constantin, une autre interpré- tation est possible : « Il revêtit le saint habit monastique et, ayant ajouté la lumière à la lumière, il se donna le nom de Cyrille ». La lumière ajoutée paraît être ici le nom, celui de Cyrille, qui est le nom glorieux de deux Pères de l’Eglise, Cyrille d’Alexandrie et Cyrille de Jérusalem.»15 On voit par là que Vaillant entendait maintenir l’explication, à nos yeux peu convaincante, qu’il avait proposée l’année précédente dans ses Textes vieux-slaves : « le sens est : ajoutant à son propre éclat celui de ses patrons, saint Cyrille d’Alexandrie et saint Cyrille de Jérusalem.»16 Mais l’important est la présence de l’expression dans une œuvre de S. Grégoire le Théologien. Si on se reporte à l’endroit cité de la P.G., on cons- tate qu’il s’agit d’un passage de la deuxième phrase du Discours 20, repi SôypiaToç xal xaTaoTaoecop èrecrxoKcov. Nous croyons devoir la transcrire, malgré sa longueur : OùSèv yàp ptot Soxeï toloütov, oïov piôcravTa ràç al<707)- tTeiç, aapxop xal xoaptou yevoptevov, ptv)8evo<; tûv àvOpcorevcov irpocrareo- ptevov, otl p.7) Kacra àvàyxy), éauTco reoo/.az.oüvTa xal tco Oeû, Çfjv ôrèp xà ôpco- pteva xal àel xàç Oelaç èptcpàretç xaOapàç èv éauTÛ ipépeiv àpn.Yeïç tûv xarco XapaxTTjpcov xal 7rXavcop,évcov, oïov etrorepov àxïjXlScoTOV ©ôoü xal tcov Oelcov xal ôv xal àel yivofrevov, çcot'i 7rpooz.ap.pàvovTa <pcüç xal àpiaupoTe- pcp TpavÔTepov17, pté/ptq av Kpoç ttjv mqyàjv ëXOcopiev tcûv r?j8e àKauya<7|j.à- tcov xal TÛ/copiev toü piaxaplou TeXouç, XuOévTcov tcûv èaôrepcov Tfl àXïjOela. Mais nous nous permettons de faire observer — ce sera notre modeste contribution à ces Mélanges en l’honneur de M. Dujcev — que cette longue phrase, terminée par une conclusion un peu différente et comportant la même expression çcotI 7rpooXapi[3àvovTa cpûç xal àpiaupoTepcp TpavÔTepov, se trouve originellement dans le Discours 2, BHG 730c, toü aÙToü à-rcoXo- Y'/JTixoç Trjç elç tov IIÔvtov cpuyrjç evexev, xal auOiq èrravoSou êxeïOev, pteTa tt]v toü Kpeop'JTépo'J /eipoTovlav, èv & tI to T?jç lepcoGÛvrjç èTràyyeXp.a18. 15. P. 519-520. 16. Op. cit., II. Traductions et notes (Paris, 1968), p. 33. En prenant le nom de Cyrille, il est certain que Constantin a choisi un seul patron, non deux. 17. Traduction latine de l’édition des Bénédictins, reprise dans P.G. : « ut lumen lumine, et clarius obscuriori excipiam ». 18. Ch. 7, P.G., t. 35, col. 413-416. La conclusion, après TpavÔTepov, est ici : ^8ï) to toü péXXovToç aluivoq àyaQôv Taïç èXnl<ji xapTtoôpevov xal aupTtepinoXeïv àyyéXoïç, £ti ûrrèp yîjç ovTa xaTaXirrôvTa tïjv y^v xal ûttô toü TtveupaToç àvu> TiOépevov. Le début commence par : Où8èv yàp èSôxei poi, et un peu plus loin, après yevôpevov, on lit : eîç éavTÔv avaTpaçévTa ; de plus, àel (avant Ta? Oelaç) précède ici xaOapàç. L’ex- pression qui nous intéresse est traduite ici, par les mêmes éditeurs : « ac lucem per lucem excipiat, clariorem per obscuriorem » ; traduction qui n’apporte qu’une lumière très obscure, pour rester dans la note ! Voir la note finale de cet article.
126 MÉLANGES IVAN DUJCEV Non seulement ce Discours 2, qui date des environs de Pâques 362, précède d’une vingtaine d’années le Discours 20, lequel « présente la parti- cularité d’être à peu près entièrement composé de réminiscences des autres discours»19 ; mais son retentissement, aussi bien immédiat que permanent, fut beaucoup plus considérable. N’est-il pas, en même temps qu’une « explication détaillée de sa conduite » par Grégoire, « une sorte de traité du sacerdoce d’une grande élévation de pensée et dont s’inspirera saint Jean Chrysostome quand il écrira sur le sujet»20? Cela n’est pas indifférent à notre propos, car les chances que ce texte ait pu influencer l’auteur de VC sur le point dont nous traitons augmentent avec le succès durable qu’il recueillit. Ceci dit, il faut remarquer que, les deux fois où nous rencontrons l’expression cpom KpooXafzpàvovra cpcoç, chacun des substantifs cpcoç est suivi d’un adjectif au comparatif qui le détermine : àfzauporépco TpavoTepov. Une telle circonstance a l’avantage de faire ressortir que le sens de l’expres- sion est, non pas de prendre une lumière à une lumière, mais d’ajouter une lumière à une lumière. En effet, on ne prend pas une lumière « plus claire » à une lumière « plus obscure », mais au contraire on ajoute une lumière «plus claire» à une lumière «plus obscure»21. Nous laissons à de plus compétents Je soin de nous dire la place de la lumière dans la pensée de S. Grégoire. M. l’abbé Justin Mossay a consacré à «L’âme et la lumière» tout un chapitre (p. 110-168) de son livre sur La mort et l'au-delà dans saint Grégoire de Nazianze22. En plus des biens de l’au-delà, Grégoire « appelle aussi 'lumière’, soit la divinité ou la Trinité ou les anges, soit encore la révélation dans ses formes successives, mais c’est surtout Je Christ que le Théologien considère comme la 'vraie 19. P. Gallay, La vie de saint Grégoire de Nazianze (Lyon-Paris, 1943), p. 183, avec renvoi à T. Sinko ; à propos du titre du Discours 20, cf. ibid., p. 186. 20. Ibid., p. 74. 21. Dans Saint Grégoire de Nazianze. Textes choisis et présentés par E. Devolder (Namur, 1960), ce dernier traduit le passage en mettant un lien entre le miroir (du neutre, en grec) et le participe (au masculin) : « être le miroir..., faire en sorte qu’il reflète toujours la lumière qu’il reçoit et que ses reflets soient d’autant plus éclatants que la lumière reçue est plus pauvre» (p. 147). Déjà dans la traduction allemande de Hauser, Des heiligen Bischofs Gregor von Nazianz Reden {Bibliothek der Kirchenvater, Munich, 1928), p. 9, Discours 2 : « ein wahrhaft fehlerloser Spiegel Gottes zu sein und, Licht für das Licht, Helligkeit für das Halbdunkel erhaltend, immer wieder zu werden » (avec l’excel- lente note : « Der menschliche Verstand ist Licht, aber gegenüber dem gôttlichen Lichte nur Halbdunkel ») ; cf. p. 404, pour le Discours 20 : « mit dem schwàcheren Lichte das stârkere auf zu nehmen ». On voit que les traducteurs tant du slave que du grec ont été mis à rude épreuve. 22. Louvain, 1966.
« AYANT AJOUTÉ LA LUMIÈRE À LA LUMIÈRE » 127 lumière’. »23 Voici par exemple, dans le Discours 7, un passage qui n’est pas sans parallèles avec celui des Discours 2 et 20 : « Ayant reçu ici-bas une faible émanation de cette (lumière), juste assez pour en trouver l’image dans des miroirs et des énigmes, puissions-nous après cela entrer en contact avec la source même du beau en contemplant la vérité pure avec une intelligence pure...»24 25 Ou encore, cette question de Grégoire à sa mère, dans le Discours 18, prononcé à la mort de son père : Tl toIvuv Seivôv TC7r6v6ap.ev, sî... psTà tcov écttcotcov xaî. où psôvTcov saofzeOa cpÛTa ptxpà ~ \ / t 25 (pcoç to ^.eya Trspi/opeuovTcÇ ; Dans la mesure où, dès ici-bas, l’homme se soustrait au monde pour se rapprocher de Dieu, il ajoute (en la recevant) une lumière plus claire (celle qu’est Dieu) à une lumière plus obscure (celle qu’il est lui-même). N’est-ce pas ce que fait éminemment celui qui, un beau jour, comme Constantin, décide de n’être plus « le serviteur ni de l’empereur ni de qui que ce soit sur terre, mais seulement de Dieu 'pantocrator’ » et de devenir moine ? Et ce passage radical à un surcroît de lumière se marque par le passage à un nouveau nom. Il nous semble que, si l’on admet que l’auteur de VC a été influencé par la lecture de S. Grégoire à l’endroit mentionné, c’est bien ce qu’il a voulu dire en écrivant : « Le lendemain il revêtit le saint habit monacal et, ayant ajouté la lumière à la lumière, il se donna le nom de Cyrille ». Il faut par conséquent renoncer à assimiler l’un et l’autre cpûç (ou svjef) de l’expression à telle ou telle réalité trop particulière et bien circonscrite, comme seraient par exemple le baptême — celui de l’initiation chrétienne ou celui des vœux —, le nouveau nom, avec tel caractère qui s’y attacherait, etc.26. Il s’agit, globalement, du choix de l’état de perfection et non d’une de ses modalités. Et, dira-t-on, si l’on n’admet pas cette influence ? Celle-ci, nous l’accor- 23. Ibid., pp. 113-114. 24. Ibid., p. 121 ; P.G., t. 35, col. 776. 25. P.G., t. 35, col. 1041. 26. Citons, entre autres interprétations, celle du P. S. Sakac, voyant dans l’une des deux lumières la révélation du nom nouveau et dans la seconde la révélation de la mort prochaine : « Constantinus indidit sibi nomen 'Cyrillus’, quia id ei revelatum erat, ut notât Gaudericus (ou plus exactement l’auteur de la « Légende italique»), VC autem poetice exprimit verbis 'luce (revelationis nominis) ad lucem (revelationem mortis) accepta’ », cf. De dignitate episcopali S. Cyrilli Thessalonicensis, dans Orientalia chris- tiana periodica, t. 16 (1950), p. 257 ; et celle d’A. Salajka : « Konstantin habe sich am Feiertag der Theotokos, 'Licht zum Licht’, zum Namen Kyrill (Cyrille d’Alexandrie) entschlossen, um auf diese Weise den Verteidiger der Gottesmutterschaft Mariens zu ehren » ; cf. Konstantin-Kyrill aus Thessalonika (Würzburg, 1969), p. 70.
128 MÉLANGES IVAN DUJCEV dons bien volontiers, n’est après tout qu’une possibilité, tout au plus une probabilité — contre laquelle on pourrait même invoquer le fait que, en VC, les adjectifs qualifiant l’une et l’autre lumières sont absents. Eh bien, nous croyons qu’en ce cas également, la conclusion reste la même. Si Dvornik trouvait « somewhat awkward » l’interprétation « courante », c’est sans doute qu’il répugnait à enfermer dans des limites trop strictes et trop précises la métaphore de la double lumière, sous la forme où elle se présentait. Il faut espérer, en tout état de cause, que la découverte de l’attestation de l’expression en deux des discours de S. Grégoire de Nazianze — envers qui M. Dujcev a encore récemment prouvé combien l’auteur de VC était redevable27 — stimulera la recherche, en ce qui concerne tant l’œuvre du Théologien lui-même que l’existence possible d’une pareille locution, toute faite, dans la littérature grecque en général28. Note finale. Tout ce qui précède était imprimé lorsqu’à paru, dans la collection des “ Sources Chrétiennes ”, l’édition par Jean Bernardi des Discours 1-3 de Grégoire de Nazianze (n° 247, 1978). On voudra bien s’y reporter pour ce qui regarde le Discours 2, dont nous avons parlé. Le passage qui a retenu notre attention est traduit : “ en ajoutant lumière à lumière et en substituant la netteté à la confusion ” (p. 97 et voir note 3). 27. Ivan Dujcev, Costantino Filosofo-Cirillo e Giovanni VII Grammatico, dans «Zbor- nik radova vizantoloskog instituta», t. 12 (1970), pp. 15-19, et Nestor in the Life of Constantine-Cyril, dans Studia palaeoslovenica (Prague, 1971), pp. 73-76. 28. Cet article était à l’impression quand a paru celui de M. St. Maslev, Zur Quellen- frage der Vi a Clementis, dans Byzantinische Zeitschrift, t. 70 (1977), p. 310-315. L’auteur sait qu’on a découvert l’expression en question chez Grégoire de Nazianze. Mais il écrit d’une part : « Es ist aber kaum daran zu denken, ihn (= diesen Ausdruck) in den beiden Fallen direkt auf diesen Schriftsteller zurückzuführen », et d’autre part, à propos de la dérivation possible de l’expression à partir de VC : « Angesichts dieser Unterschiede in den Nachrichten, die gegen eine unmittelbare Benutzung der Pannonischen Legenden vom Verfasser der Vita Clementis sprechen, môchten wir uns wenigstens vorlaufig einer kategorischen Stellungnahme enthalten» (p. 311).
L’INSENSE DANS L’ILLUSTRATION DES PSAUTIERS RYZANTINS ET SLAVES Suzy DUFRENNE Les initiales de nombreux psautiers illustrés occidentaux présentent sou- vent, on le sait1, une image du « fou » correspondant au verset 1 des psaumes 13(14) et 52(53), « Dixit insipiens in corde suo non est Deus ». Les psautiers médiévaux à illustration intégrale issue du texte2 présentent également, pour illustrer les mots équivalents de ces mêmes textes, plusieurs versions iconographiques de l’insensé. Leurs images s’ajoutent donc à celle que j’ai récemment déchiffrée et qui figure « le peuple insensé » de la deuxième Ode de Moïse (Deut. 32, 21) dans le Psautier serbe de Munich3. Si l’on considère l’ensemble des quinze Psautiers à illustration « intégrale », seul le Psautier carolingien d’Utrecht assimile l’insensé à un roi sanguinaire, inspiré par les forces mauvaises que symbolisent des serpents4. Seul aussi il 1. Voir à ce sujet D.J. Gifford, Iconographical Notes towards a Définition of the Médiéval Fool, dans « Journal of the Warburg and Courtauld Institutes », 37 (1974), pp. 336-342. 2. Cette catégorie de psautiers médiévaux est définie dans S. Dufrenne, Tableaux synoptiques de quinze psautiers médiévaux à illustration intégrale issue du texte, Paris 1978, Introduction. 3. Munich, Bayer. Staatsbibl., Cod. Slav. 4, fol. 190 : Der Serbische Psalter. Faksi- mile-Ausgabe des Cod. Slav. 4 der Bayerischen Staatsbibliothek München. Textband unter Mitarbeit von S. Dufrenne, S. Radojcic, I. Sevcenko, R. Stichel, herausgegeben von H. Belting, Wiesbaden 1979, pp. 251-252 : la référence au v-21 est préférable à celle donnée dans mes tableaux, op. cit. (n. 2), en raison de la place de l’image dans le texte. 4. Utrecht, Rijksuniversiteit, Cod. 32, ff. 7v (ps. 13) et 30v sup. (ps. 52) : E.T. De Wald, The Illustrations of the Utrecht Psalter, Princeton-Londres-Leipzig, s.d., pis. XI et XLIX et pp. 9 et 25. Voir aussi S. Dufrenne, Les illustrations du Psautier d’Utrecht. Sources et apport carolingien, Paris 1978, pl. 49, 1-2 et p. 110.
130 MÉLANGES IVAN DUJCEV répète la même image, à quelques détails près, pour les deux psaumes dont les textes sont presque identiques5. C’est enfin le seul Psautier de cet ensemble qui n’emprunte rien au monde byzantin6. Par contre le Psautier carolingien de Stuttgart (S), qui reflète, comme on l’a bien souligné, l’origine sûrement italo-byzantine de son modèle7, présente, pour les psaumes 13 et 52, des images nettement différentes et l’insensé n’est suggéré qu’au psaume 13. Peut-on expliquer les raisons de ces dissemblances : est-ce mode de division du travail dans les ateliers ? N’est-ce pas plutôt une répulsion pour toute redite ? Quoi qu’il en soit, c’est seulement dans le Vat. Gr. 1927 (V)8 que l’on trouve deux images de l’insensé pour les deux psaumes considérés ; ailleurs l’insensé ne figure qu’au psaume 13. Les types iconographiques de ces divers insensés sont bien différenciés. Dans le Psautier de Stuttgart (S), le démon noir, pointant avec arrogance, la main droite vers Dieu, alors que, de la gauche, il désigne sa propre tête, semble bien, comme l’avait noté De Wald9, se référer à l’insensé du texte ; son allure toute contournée, qui rappelle celle des jongleurs, confirme vraisemblablement cette identification. Dans le Psautier du Vatican (V), l’insensé est deux fois figuré et chaque fois nommé par une légende (acppcov)10. Au psaume 13, sa taille, près du double de celle de ses voisins, en fait une sorte de géant, armé d’un bâton : c’est donc celui qui, tel Goliath11, se fie stupidement à sa force, au lieu de s’en remettre à Dieu. L’insensé du psaume 52 n’est qu’un petit discutailleur, de stature nettement inférieure à celle de David, son voisin ; il est figuré pieds nus, comme les Hébreux qui reviennent d’exil et qui se trouvent à sa 5. Sur les légères différences entre ces deux psaumes, voir les remarques d’E. Beaucamp, dans H. Cazelles et A. Feuillet, Supplément au Dictionnaire de la Bible, fasc. 48, Paris 1975, col. 193. 6. Voir S. Dufrenne, op. cit. (n. 4), pp. 55-56. 7. Stuttgart, Würt. Landesbibl., Bibl. Fol. 23, flf. 15 et 65v : B. Bischoff, J. Eschweiler, B. Fischer, H.J. Frede, F. Muetherich, Der Stuttgarter Bilderpsalter, I Facsimile, Stuttgart 1965, II Untersuchungen 1968, pp. 200-202. Sur l’hypothèse d’un modèle soit ravennate, soit italien du Nord, voir les références données par Dufrenne, op. cit. (n. 4), p. 33 n. 62. 8. Vatican, Cod. Gr. 1927, ff. 19 et 94 : E.T. De Wald, The Illustrations in the Manus- cripts of the Septuagint, III, Psalms and Odes, 1. Vaticanus Graecus 1927, Princeton- Oxford-La Haye 1941, pp. 7-8 et 18, pis VII et XXIII. 9. E.T. De Wald, The Stuttgart Psalter. Biblia Folio 23, Württembergische Landes- bibliothek, Stuttgart, Princeton 1930, pp. 16-17. Cette identification n’est pas mise en valeur par la description nouvelle {Der Stuttgarter Bilderpsalter, p. 68). 10. Ces légendes reprennent les versets ou quelques mots de versets illustrés. Cf. De Wald, op. cit. (n. 8), p. 3 n. 3. 11. I Sam. 17.
l’insensé dans les psautiers 131 droite12. La jactance de l’insensé pourrait aussi être suggérée parl’image de la marge inférieure du fol. 59 (ps. 13) du Psautier gréco-latin de Berlin; mais il s’agit sans doute plutôt ici de l’image du riche face au Christ qui illustre le v. 3 du ps. 13 dans les Psautiers grecs de Chludov et de Barberini, qui comportent légendes et renvois au texte13. Par contre les trois illustrations des Psautiers à illustrations marginales de Londres (L) (fig. I)14, de Barberini (B)15 (fig. 2) et du Psautier slave de Kiev (R)16 (fig. 3) sont du plus haut intérêt. Elles présentent deux person- nages en prière sous l’image du Christ figuré en buste dans un médaillon. Dans R, le Christ (seul nommé par une légende) est situé sur la gauche, très légèrement incliné sans que l’on puisse distinguer si son regard se pose de préférence sur l’un ou l’autre des deux personnages, ni sans que soit perçu le moindre geste de ses mains qui semblent invisibles17. Dans L et B, le Christ, penché vers le seul personnage situé à sa droite, le bénit de la main droite qui sort du médaillon ; dans l’image de L, de cette main divine tombent des rayons sur le personnage béni. L et B nomment, par des légendes, les deux hommes en prière : l’orant, situé vers la gauche du Christ, est l’insensé 12. Vêtements et types de chaussures des diverses catégories de personnages de l’illus tration de ce manuscrit mériteraient une étude. 13. Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett 78 A 9, fol. 59 à comparer à Moscou, Musée historique d’Etat, Cod. 129 D, fol. 11, et à Vat. Barb. Gr. 372, fol. 18 (cf. fol. 86 pour le ps. 52) : on peut consulter les photographies des illustrations de ces différents psautiers, encore inédits, dans les albums de la Photothèque G. Millet, à la 5e section de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (Sorbonne). Cf. aussi la description que je donne dans mes tableaux synoptiques (op. cit., n. 2). 14. Londres, British Muséum, Add. 19352, fol. 12v, image sup. : S. Der Nersessian, L'illustration des psautiers grecs du moyen âge. II. Londres, Add. 19352, Paris 1970, fig. 23, p. 20. Le manuscrit est, comme on le sait, daté par colophon de 1066 et attribuable au monastère constantinopolitain de Stoudios (voir Der Nersessian, p. 12). 15. Vatican, Bibl. Apost. Barb. gr. 372, fol. 17v (21v). Pour ce ms. inédit, voir mes descriptions dans Tableaux synoptiques (op. cit. n. 2). La datation reste discutée, même après les tentatives du livre très décevant de I. Spatharakis, The Portrait in Byzantine Illuminated Manuscripts, Leyde 1976, pp. 26-36, où l’on trouvera la bibliographie anté- rieure. 16. Leningrad, Bibl. Publique d’Etat, cod. 1252 F. VI, fol. 15v : voir les épreuves du facsimile publiées au xixe s. par la Société des Amateurs de textes anciens ; Licevaja psaltir 1397 goda prinadlezascaja Imperatorskomu Obscetvo Ljubitelej drevnej pis’ mennosti (n. 1252 F. VI), Saint-Petersbourg 1890 ; voir la description de N.N. Rozov, O geuealogii russkich licevychpsaltirej XIV-XVJ vekov, dans l’ouvrage collectif Drevnerusskoe iskusstvo Moscou 1970, pp. 226-257, et spécialement p. 238, en attendant la publication en fac- simile à paraître à Moscou en 1978, avec un vol. de commentaires de G.J. Vzdornov, que je remercie vivement ici, car il m’a envoyé avec une extrême diligence et amabilité la photographie que je publie dans cet article. 17. C’est tout ce que je perçois sur la photographie ; car je n’avais pas prêté attention à ce détail, lors de mon examen de ce manuscrit, à Leningrad en 1974.
132 MÉLANGES IVAN DUJCEV (ô acppwv) du psaume 13, 1 ; celui qui est béni et lève les mains vers le Christ est le juste (Stxatoq) ; un renvoi au texte est indiqué, dans L, sur le verset 1 ; mais l’allusion au juste, d’ailleurs figuré nimbé, dans L, ne correspond guère au mot à mot du début du psaume et c’est seulement au verset 5 que la notion de justice est formulée18. L’illustration est donc essentiellement complexe. Son interprétation est facilitée par le costume donné à l’insensé qui porte, comme S. Der Nersessian l’a bien souligné, le vêtement normalement réservé au Juif ; encore que l’on puisse en nuancer l’analyse : sur L et B, la tunique est en effet partiellement couverte non pas du « manteau enca- puchonné»19, mais de l’espèce de cape fermée qui remonte à la caesula antique, attribuée de bonne heure par les artistes chrétiens à tous ceux qui ne sont ni Prophètes, ni Apôtres, ni dignitaires, ni militaires, ni simples serviteurs : à Ravenne, à Saint Apollinaire-le-Neuf, les Disciples d’Emmaüs en sont revêtus, tout comme les Juifs qui s’opposent au Christ20; dans L et B (R ne semble plus comprendre ce détail)21, une sorte de cucullus, tombant sur les épaules, couvre la tête et masque en partie le haut de la caesula22. Quant au juste, sur L et B (là encore R est moins clair), il porte la chlamyde au-dessus de la tunique. Plus remarquables encore sont les gestes et les attitudes du juste et de l’insensé. Dans les trois manuscrits, l’insensé, frontal et solennel, lève les mains en orant ; il jette un regard de côté sur son voisin, sur L et B, mais il ne se soucie guère de la présence du Christ, figuré au-dessus de lui, mais comme dans son dos ; sur R, il tourne la tête, en direction opposée à celle du Christ. Dans L et B, le juste se présente de trois-quarts et lève les mains et les yeux, en suppliant, vers le Christ ; dans R, figuré de face, il semble désigner l’insensé au Christ (l’image est- elle encore comprise ou est-elle interprétée dans un sens différent de celles de L et B ?)23. Il est clair que, dans L et B, la prière des deux personnages est 18. Ps. 13, 5 : ... Sri ô 9eèç tv yeveâ Sizaiçt. 19. S. Der Nersessian, op. cit. (n. 14), p. 20; c’est la remarque du vêtement «juif» qui m’a mise sur la voie de l’interprétation de l’image. 20. F.W. DeichmaNN, Ravenna. Hauptstadt des spatantiken Abendlandes, Wiesbaden, III 1958, pl. 161 (aveugles guéris) 190, 192... (adversaires du Christ), 208 (disciples d’Emmaüs). 21. On ne peut malheureusement pas vérifier ce détail dans le ms. (W) byzantin qui reflète son original, puisque le Psautier grec de Baltimore (Walters Art Gallery, cod. W. 733) ne conserve que les ps. 18, 5 à 120, 7. Sur R la coiffure ne semble pas retomber sur les épaules. 22. Ce détail apparaît plus nettement sur la photographie de B que sur celle de L. 23. On doit noter d’une part l’absence de légende sur R, pour ces deux figures et d’autre part les incompréhensions que j’ai cru observer dans quelques autres images, où R peut
l’insensé dans les psautiers 133 opposée, non seulement par l’intervention du Christ qui ne bénit que le juste, mais par l’attitude même des deux hommes : l’humble supplication du juste contraste avec la confiance en soi dont témoigne la prière de l’insensé Les détails iconographiques tout autant que les légendes de L et B donnent la clef de cette opposition. L’autosatisfaction de l’insensé, figuré en Juif, et l’humilité du juste correspondent exactement à la prière du Publicain et à celle du Pharisien, dans la Parabole transmise par saint Luc, 18, 9-14. L’illustration la plus anciennement connue de cette Parabole évangélique est, on le sait, celle de la mosaïque de S. Apollinaire-le-Neuf, à Ravenne24 (fig. 4). Si les costumes du Pharisien et du Publicain (tunique et caesula, mais tête nue) sont identiques à ceux de nos Psautiers, le Temple qui forme l’arrière-plan du tableau n’a pas sa place sur les marges de nos manuscrits, où il est remplacé, en un certain sens, par la figure du Christ. A part de menus changements, les attitudes des personnages sont les mêmes : l’humilité de la prière du Publicain se traduit, sur la mosaïque, par l’inclinaison du corps et de la tête et par le geste de la main droite qui frappe la poitrine, alors que le Pharisien, frontal et immobile, est, comme sur nos images, figuré en orant. La Parabole est également illustrée dans les Evangiles byzantins du XIe siècle. L’image de l’Evangile de la Laurentienne (Plut. VL 23)25 (fig. 5) est la moins intéressante pour notre propos : le Temple y est figuré par un kiborium vide, vers lequel le Pharisien, présenté de trois-quarts, tend les mains, alors que le Publicain s’en détourne par humilité et s’incline, mains jointes à hauteur de poitrine ; aucun détail de costume (une simple tunique à manches longues) n’y distingue les personnages. Il n’en est pas de même du Par. Gr. 7426 (fig. 6), où le Publicain, nimbé comme sur L, est vêtu d’une tunique brodée, alors que le Pharisien porte le même costume de Juif que l’insensé de nos psautiers. La Main divine, issue du ciel étoilé, envoie des rayons sur le Publicain, mains jointes à aller jusqu’à expliciter des images restées sans légende dans W et dans un sens étranger au reste de la famille byzantine des psautiers à illustration marginale : ex. ps. 32, 18 (fol. 43 avec renvoi et lég. Joseph et Putiphar), alors que l’iconographie semble être celle de 33, titre qui fait défaut dans ce ms. alors que cette image est attestée dans tous les autres psautiers byzantins et qu’elle est très proche de l’image rejetée au psaume précédent dans R, alors que sans légende, ni renvoi, elle a seulement un peu glissé au-dessus du titre du ps. 33... 24. Deichmann, op. cit. (n. 20), II, 1 (1974), p. 168 et III (1958), pl. 168. 25. Florence, Bibl. Laurent., Plut. VI. 23, fol. 147 : T. Velmans, Le têtraévangile de la Laurentienne, Florence, Laur. VL 23 (sic) Paris 1971, fig. 246 et p. 46. 26. Paris, Bibl. Nat., Gr. 74, fol. 148 : H. Omont, Evangiles avec peintures byzantines, Paris s.d., Il, pl. 128 n° 1 et p. 5.
134 MÉLANGES IVAN DUJCEV hauteur de poitrine, incliné et figuré loin du Temple. Quant au Pharisien, il est, lui, de face, tout près du Temple qui est présenté comme un autel chrétien (kiborium dominant l’autel sur lequel repose le Livre de l’Evangile) ; son attitude n’est pas, comme sur nos Psautiers, celle de son orgueilleuse action de grâces : il ne prie pas en orant, mais il pointe l’index de la main droite vers le haut du kiborium, tandis qu’il désigne de la main gauche le publicain, pécheur qu’il méprise comme l’indique son cou raide, sa tête haute : il semble donc que l’on ait là l’allusion au contenu de la prière du Pharisien, son rappel insensé à Dieu qu’il n’est pas comme ce pécheur27. Néanmoins plusieurs détails correspondent à l’iconographie de L et B : les rayons et la bénédiction célestes (même si la Main divine remplace l’image du Christ), le costume du Pharisien, sa pose frontale, son regard méprisant lancé au Publicain. L’esquisse marginale, datable elle aussi du xie siècle, qui illustre, au fol. 134v de l’Evangile conservé à New York, à la Pierpont Morgan Libr. (Ms. 748)28 (fig. 7), le texte de saint Luc, 18, 10 sqq., présente la prière du Publicain, nommé par la légende (« ô tsXcÔv/jç »), tombant à genoux, tandis que le Pharisien, lui aussi nommé par une légende (« ô cpapioaïot; »), prie les mains levées en direction du Temple (légende : « ro lepàv ») ; mais il tourne la tête vers le publicain. La présentation du Temple n’est pas claire : on a pensé à un autel, ou encore à « the cross section of part of a church»29 ; n’est-ce pas plutôt une sorte d’abside telle qu’on en voit dans la scène de la Présentation de la Vierge au Temple ? Quoi qu’il en soit de ce détail, le sens de l’image est évident : c’est la prière des deux hommes montés au Temple, mais là encore l’accent est mis sur le moment où le Pharisien rend grâce de ne pas être «comme ce Publicain». Les trois Evan- giles de Paris, de Florence et de New York illustrent donc de façon analogue notre parabole ; par là ils se distinguent des images de nos Psautiers. Par contre l’image du fol. 193 de l’Evangile de la Nationalbibliothek de Vienne (Theol. gr. 154)30 (fig. 8) oppose de façon assez semblable à nos 27. Luc, 18, 11 : « ô Oeôç, eù/apiarô aot ôti oùx .. wç oôroç ô Te>.cü'/r,ç ». 28. Sur ce ms. voir le Catalogue de l’Exposition de Princeton, G. Vikan (éd.), lllu- minated Greek Manuscripts from American Collections. An Exhibition in Honor of Kurt Weitzmann, Princeton 1973, n” 17, pp. 92-95, auquel il faut joindre le n” 18, pp. 96-97. Je remercie vivement Messieurs les Conservateurs de la Pierpont Morgan Lib. qui ont facilité ma consultation du ms. en févr. 1978 et qui m’ont procuré très vite la photographie que je publie ici. 29. L’expression est celle de la description dactylographiée du ms. que j’ai lue à la Pierpont Morgan Lib. 30. Voir les références et les remarques de V. Lazarev, Storia délia pittura bizantina, Turin 1967, pp. 187-188 et 248, n. 3.
l’insensé dans les psautiers 135 Psautiers la prière des deux hommes ; les deux minuscules figures s’inscrivent dans les espaces de gauche des deux bras d’une croix formée par les aligne- ments d’un texte de commentaire de l’Evangile de Luc, 10, 9-14, occupant la colonne de droite du fol., alors que le texte de Luc occupe la colonne de gauche. Dans l’espace supérieur se dresse le Pharisien, grand et mince, présenté presque de profil, mains et tête tendues vers le haut (mais le ciel n’est pas figuré) ; le publicain, vu de trois-quarts, lève humblement les mains, en inclinant fortement la tête, sous le médaillon où apparaît le buste du Christ ; sa tunique courte et aussi son attitude le font paraître, à tort d’ail- leurs, plus petit que son voisin qui semble le dominer par sa place dans la composition. L’absence de figuration du Temple, la présence du médaillon du Christ qui bénit le publicain, l’opposition des gestes de la prière des deux hommes soulignent les ressemblances de cette illustration avec celles de nos Psautiers. Ces diverses analogies confirment encore que l’insensé de nos Psautiers est bien assimilé au Pharisien de la Parabole, et le juste au publicain. Comment a pu se réaliser une telle assimilation ? Est-ce un simple recours à une formule iconographique pour figurer l’insensé comme un orgueilleux ? L’orgueil spirituel, le plus subtile et le plus dangereux des mensonges de l’homme face à Dieu, a été analysé, illustré et rapproché de l’attitude du Pharisien de la Parabole dans l’Echelle céleste de Jean Climaque. Le manus- crit illustré de Jean Climaque (Gr. 418 du Sinaï) (fig. 9) utilise, comme cela a été démontré31, la Parabole du Pharisien et du Publicain pour figurer l’orgueil : debout, près d’un édifice que l’on peut identifier au Temple, le Pharisien désigne de la main droite le Publicain, alors qu’il regarde le Temple vers lequel sa main gauche se tend, conservant le geste de l’orant; une image frontale du Christ domine la scène. Cette iconographie est à peu près synonyme de celle du Par. Gr. 74, encore qu’elle ait été adaptée au texte de Jean Climaque par le détail de l’intense supplication du Publicain qui lève regard et mains vers le buste du Christ; ce geste est, on l’a vu, attribué également au juste de nos psautiers. Or, il ne s’agit pas, pour le manuscrit de Jean Climaque, du simple emprunt d’une formule iconogra- phique, mais de la traduction en image du texte même de l’Echelle céleste où est citée la Parabole évangélique32. 31. Sinaï, Monast. de Sainte Catherine, cod. gr. 418, fol. 184v : J.R. Martin, The Jllustration of the Heavenly Ladder of John Climacus, Princeton 1954, fig. 204 et pp. 96-97, qui cite notamment le texte de Jean Climaque d’après Migne, P.G. 88, col. 965 C. 32. Cette suffisance spirituelle s’oppose en fait à l’attitude des « pauvres de Yahvé » : voir à ce sujet les différentes nuances de cette « pauvreté », et son opposition à l’orgueil dans A. Gelin, Les pauvres de Yahvé, Paris 1953, pp. 63-77.
136 MÉLANGES IVAN DUJCEV Qu’en est-il de nos trois Psautiers. L’insensé n’y est plus seulement celui qui met sa confiance dans sa force physique (comme en V), mais celui qui, tel le Pharisien de la Parabole, se fie à sa force spirituelle, alors que le juste, tel le Publicain, est celui que Dieu rend juste. La condamnation de ceux qui mettent leur espoir en eux-mêmes et non en Dieu est une constante du message biblique33; mais les spéculations sur l’insensé correspondent au courant vétéro-testamentaire issu de la littérature sapientielle : l’insensé est celui qui refuse la sagesse, qui est incapable de rectitude et de vérité, qui ne reconnaît pas l’ordre divin et va jusqu’à méconnaître et nier Dieu ; certes la recherche d’une sécurité hors de Dieu que poursuit l’insensé n’est pas éloignée de l’orgueil, mais l’assimilation des deux notions n’est pas évi- dente. Par ailleurs le rapprochement de l’insensé des textes vétéro-testa- mentaires et du Pharisien de la Parabole et plus particulièrement de l’insensé des ps. 13, 1 et 52, 1 et de Luc, 18, 9-14 ne semble pas attesté chez les com- mentateurs du psautier et semble des plus rares dans les commentaires et les homélies de la Parabole du Pharisien et du Publicain34 ; je ne l’ai rencontré en fait que dans un texte unique, l’Homélie de Basile de Crète sur la Parabole du Pharisien et du Publicain35 : au début de cette homélie, il présente plusieurs exemples d’orgueilleux, d’Adam à Nabuchodonosor en passant par le Pharaon; entre ces divers types sont intercalées des citations bibli- ques, assez hétérogènes ; la citation qui correspond à l’orgueil du Pharaon est celle des ps. 13 et 52, 1. Cette citation est intercalée dans une homélie sur le Pharisien et le Publicain qui ne se rencontre que très rarement dans les 33. Le mot hébreu nâbal auquel correspond cette notion de l’insensé est traduit par les Septante par àcppwv ou par p.ù>pôç : voir à ce sujet E. Jenni et C. Westermann, Theologisches Handworterbuch zum Alten Testament, II, Munich-Zurich 1976, sous nâbâl, Tor, cols. 26-31 ; voir les références bibliques où ces mots sont utilisés, dans E. Hatch et H.A. Redpath, A Concordance to the Septuagint and the other Greek Versions of the Old Testament (including Apocryphal Books), Oxford 1897, I, pp. 186-187 (sous àçpùjv : avec prédominance des livres des Proverbes et de l’Ecclésiaste) et 11, p 938 (sous [zùjpôq, avec prédominance du Deutéronome et de Siracide) ; voir aussi G. Kittel, Theologisches Wôrterbuch zum Neuen Testament, IV, Stuttgart (1949), sous « p.ù>p6ç und Verwandte im griechischen Alten Testament und die entsprechenden hebraïschen Grundwôrter», pp. 838-841, et «Der Begriff der Torheit im N. T.», pp. 842-852. Voir enfin les remarques de G. Von Rad, Israël et la Sagesse, Genève 1970, pp. 80, 128, 345-6. 34. J’ai mené cette petite enquête en partant des citations fournies par les références données dans les 2 vol. publiés de Biblia Patristica, Paris 1975 et 1977, pour ps. 14/13, 1 et 53/52, 1 et Luc, 18, 9-14; j’ai également consulté les commentaires des psaumes et les homélies publiées dans Migne, PG. 35. Saint André de Crète, Oratio XX, De argumente Publicani et Pharisaei, Migne, P.G. 97, col. 155-56, où sont présentés des exemples d’orgueil (àXaÇoveia). Pour des références bibliques à ce mot, voir Kittel, op. cit. (n. 33), I, pp. 227-8 et Hatch et Red- path, op. cit., p. 52.
l’insensé dans les psautiers 137 manuscrits contenant des œuvres de Basile de Crète36; seul un spécialiste de cet auteur pourrait éventuellement apprécier cette rareté : cette homélie est-elle authentique ? L’origine du manuscrit qui la transmet peut-elle être localisée ? Le texte peut-il se rattacher à une tendance précise de l’auteur ? Les réponses à de telles questions pourraient éventuellement éclairer le mode d’inspiration et de travail des illustrateurs de nos manuscrits. A défaut, la citation de notre psaume, introduite dans l’homélie de Basile de Crète, à la manière de Sacra Parallela, sur le thème de l’àXaÇoveia, atteste que le commentaire iconographique de nos images n’est pas le fait d’un simple recours à quelque formule iconographique, mais transmet une pensée profonde, enracinée dans une expérience spirituelle, vécue par les moines, par les anachorètes du désert, transmise par saint Jean Climaque et par les illustrateurs de son Echelle céleste, comme elle est éprouvée par tout chré- tien nourri de la prière du Christ. 36. D’après mes recherches menées dans les catalogues publiés des grandes biblio- thèques.
THE SOCIAL RANK OF A PHYSICIAN IN THE EARLY BYZANTINE EMPIRE nVTH-VIITH CENTURIES A.D.) Halina EVERT-KAPPESOWA The présent contribution is an enlarged version of a paper read in May 1973 at the University of Bochum but, at the same time, it was intended as a chapter for a work planned on a larger scale, namely the question of social assistance in the early Byzantine Empire. The subject being very vast, I would like to call the attention of the reader to the représentative of medical art, this certainly being the most vital question of the whole problem. I am not going to try to show the level of medical knowledge at that time, nor its methods. I am not competent for that. My scope is to highlight as much as possible what was the professional training of a physician, his field of activity, his prospects, his social rank1. The professional training of a physician What was the professional training of a future doctor ? According to Galen it should last eleven years2, but it is doubtful whether so long and 1. In the bibliography the reader will find a certain amount of publications which, though not quoted in the foot-notes, hâve been very useful to the author. 2. W. SzuMOWSKl, Historia Medycyny (The History of Medicine), in Polish, Cracow 1935, pp. 125-126.
140 MÉLANGES IVAN DUJCEV expensive a period of studies was common. In the sources such cases are strongly stressed as a big achievement3. Gregory of Nazianzus studied three years in Cappadocian Caesarea and in Alexandria, and over six years in Athens which makes in total nine years. Basil the Great spent on his studies eight years, which was the space of time Libanius considered necessary for the scientific formation of a scholar4. Of professional subjects anatomy is frequently mentioned and the medical school in Alexandria enjoyed a spécial renown for it. It was even believed that vivisection (a proceeding generally condemned) was practised there5. Pharmacology and probably toxicology must hâve been taught on a large scale6, because the physicians prepared personally their medicines and drugs7. There were medical schools in Athens, Constantinople, Alexandria. The last one was the most famous : according to Ammianus Marcellinus a young graduate would claim a higher post and higher fees merely because he had made his studies in Alexandria8. Many students who had no inten- tion to consider medicine as their profession, got basic notions of it ; such was already the case for Seneca and eleven hundred years later Emperor Manuel I was a skilled physician. 3. MPG. 35, Gregory of Nazianzus, Oratio VII, col. 761-762. Gregory enumerates ail the subjects which his brother Kaisarion had to study in Alexandria : reoipieTplaç pév ye xal aarpovopilaç xal -rfjç èmxtvSüvou toïç à 7.7.0 lç nai8euaeù>ç (i. e. astrology)... àpi9[zô>v 8è xal Xoyiap.ù>v xal -rfjç Saupiaalaq laTpiXTjq, ôot) Tà Ttepl tpuaeiç xal xpàaeiç xal Taç dpxà? twv vocn)p.dTù>v çiXoaoçeï. 4. J.M. Szymusiak, S.J., Grzegorz Teolog (Gregory the Theologian), in Polish, Poznan 1965, p. 47-48. 5. Cf. L. Edelstein, Selected Papers of... Studies in Ancient Medicine, ed. by O. Temkin and C.L. Temkin, Baltimore 1967, pp. 247, 297. Theophanes mentions a case of vivisection which occurred in Constantinople (Chronographia, C.B. sub a.D. 756, p. 673-674). A certain Christain, a heretic, was sentenced to hâve his feet and hands eut oflf and after the execution was abandoned, still alive, in the harbour of St Thomas where some iatroi of the capital proceeded to a vivisection : ...xal toütov avérepiov (i. e. ol laTpol) ^ôjvra aTtô toü 06paxoç Ttpôç to xaTavoTjaai tïjv toü àv0pd>7tov xaTaaxev-qv... Cf. also H.J. Frings, Medizin und Arzt bei den griechischen. Kirchenvatern bis Chrysostomos, Bonn. 1959. 6. It is unnecessary to draw up the long list of ail the subjects taught in these schools as it is to be found nearly in each handbook of the history of médiéval medecine. Cf. C. Schnayder, Kulturgeschichte des Hellenismus, Münich 1967-1969, v. II, V, 5, p. 414 sq. 7. C. Schnayder, o.c., II, V, 5, p. 438. Also Joannes Chrysostomos, MPG, 49. Ad populum Antiochenum VIII, 1, col. 98 : IloXXâziç yoüv larpol TtoXXà npayp.aTevaâ- p.evoi xal [ojpla xaTaaxeuâaavTeç tpcippiaxa... 8. Ammianus Marcellinus, with an English translation by J.C. Rolfe, v. I-III, Cam- bridge, Massachussets, 1956-1958, I : XXII, 16, 18 : pro omni tamen expérimente suffi- ciat medico ad commendandam artis auctoritatem si Alexandriae se dixerit eruditum.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 141 Probably no certificate was issued to the graduate9, but a physician was held to take the Hippocratic oath. Namely we learn from Gregory of Nazian- zus that his brother who was an excellent physician, enjoyed such renown that nobody would even dream of asking whether or not he swore this oath10. Medical Spécialisation A spécialisation existed already and was probably undergone during the studies. A young student was trained in an experimental way under the tuition of his professer11. It is certain that there were specialists in different internai diseases12 and there were specialists in surgery13. Even the holy healers had their speciality : some of them tended in their temples hydropsy, the others epilepsy etc. To St Artemius people went for abnormal protu- bérance and testicular diseases14. When Gorgonia, the sister of Gregory of Nazianzus was very ill, the family called several doctors for consultation. They examined her each one separately and then exchanged their opinions (xa 6’ éauTÔv exaoToç xal <rùv àXXTjXotç)1 5. John Chrysostome mentions physicians who are specialists and recom- mends Consulting them16. The surgeons seem to hâve deserved his particular considération, they are for him : ot twv iaTpcov aptoToi.17. 9. Konstantinos, metr. of Eirenoupolis, Oi latQoi ènl BvÇavTivtùv, « ’0p9o8o^la », 31 (1956), p. 404-405, gives an information about certificates and examinations required from the candidates, but this is relative to the xnth cent. 10. MPG. 35, Oratio VII, col. 768. This Oratio is a harangue at the funeral of Kaisarios who died at a young âge but in spite of that was already holding a high post, namely that of an archi-iatros of the impérial court : ... xal ... rà rip.ia mareu6p.evo<; xal (Xï)8èv 'ImroxpàTouç ôpxia-roü 7tpoa8e6p.evoç... 11. Konstantinos metr. of Eirenoupolis, l.c. 12. MPG. 51, Joannes Chrysostomos, De angusta porta..., col. 41. Cf. also J. Frings, o.c., p. 87. 13. MPG. 51, ibid. the same, In illud Pater..., col. 31 : ’Ertel xal laTpôq Tsp.vei tô 2Xxoç... rf) vont» xal tô Tpaup.aTt paxop-evoq. The same, ibid., In paralyticum demissum..., col. 55 : El yàp èm tôv laTpœv, èrreiSàv Tépvcoaiv r; xalwaiv... koXXoI TtepicrroixlÇovTai tôv... TaÜTa rroioüvTa laTpôv... Cf. also MPL. 22, St. Hierony- mi, Epistola XL, Ad Marcellam, de Onaso, col. 473 : Medici quos vocant chirurgicos. 14. A. Papadopoulos-Kerameus, Varia Graeca Sacra (Zapiski Istor. Fakult. Imperatorsk. St. Petersbursk. Un. ; Travaux de la Faculté Histor. de l’Univers. Impériale de St. Petersbourg), 1909, pp. 1-75. 15. MPG. 35, Gregory of Nazianzos, Oratio VIII, col. 809 : ... xal to xaxôv oùx àv àvQpômvov èvop.lÇeTO xal oüte laTpôv ijpxouv TÉ’/oat, Xlav èmp.eXcôç 8taaxenTop.évù>v TTEpi TOÜ TràOouÇ... 16. MPG. 51, De Angusta porta, col. 4L Cf. also notes 13 and 68. 17. MPG. 63, In Epistolam ad Hebraeos, xxi, col. 147.
142 MÉLANGES IVAN DUJCEV The prospects of a young graduate When his studies were over the graduate could apply for an official post in the army, in a temple or hospital, in a city as municipal physician, or he could start his private practice. The Military Physician It is impossible to say whether the military physician was appointed by the respective authorities or applied on his own free choice, but the existence of a good organised medical aid in the Byzantine army (and proba- bly in the navy too) is évident from several mentions of the sources. In the De Bello Gothico there is a very vivid account how after the battle the wounded soldiers were taken care of by a whole staff of physicians and their attendants. The description of an operation which saved the sight of Beli- sarius’shield-bearer is of utmost interest. Procopius even gives us the name of the chief-surgeon Theoctistus18. Alexander of Tralles, the brother of Anthemius, the architect of St Sophia, is said to hâve served 25 years in the navy and army. He is very weil known for his medical dissertations19. Ammianus Marcellinus mentions the name of a physician of the Emperor’s régiment whom he knew closely20. In the VIlh century A.D. the existence of medical services in the army is attested by the Strategicon of Pseudo-Mauricius. Namely it is said that a spécial staff should be appointed to take care of soldiers wounded during the battle or dismounted from their horses in an attack. For each « proso- pon» thus saved they were to be paid one nomisma as reward21. In the second mention it is clearly stated that after every battle the wounded should be properly nursed and the strategos is to see to it personally. The author of the Strategicon makes the following remark : if the wounded are carefully tended it will produce a good impression on their fellow- soldiers and — at the same time — stimulate them to a greater activity. 18. History of the War s, with an English translation by H.B. Dewing, Londres 1919, De Bello Gothico, VI, II, 25, 30, p. 304 ; ’Enel 8è raxvreç èv tï) rrôXei (i. e. Rome) è-févov-ro tcôv Tpaup.dTù>v È7tep.eXoüvTO. 19. F. Brunet, Medecine et thérapeutique byzantines. Œuvres inédites d’Alexandre de Tralles, Paris 1933, vol. I-IV. 20. o.c. XVI, 6, 2 : Dorum quidam ex medico scutariorum... 21. Mauricii Strategicon (Ars Militaris), ed. J. Schefferus, Uppsala 1654, lib. II cap. 8, p. 62/63 : ... 8eï ... ôxt<1> t) 8éxa $v8paç ... toïç ISioiç Tàypiaaiv àxcoXouQeïv xai toùç ... TpaupiaTi^opiévouç ... i) èxntnTovraç tcôv Ikttcôv ... àvaXeyeaOai, xai XapifSaveiv uTTep ... piujOoü ... xa9’ êxanrov np6aù>nov 8taacpÇ6p.evov ... vôpuafxa ev.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 143 Besides a wounded man if he is cured will return to the ranks22. Finally we are informed that the Slavs used poisoned arrows, but a skilled physi- cian will immediately apply a proper antidote23. It would be impossible for a man wounded in such a way and thus in mortal danger to wander around in search of a doctor, So this passage as weil as the preceding ones implies the existence of, at least, a first aid station with nursing attendants and physicians. Undoubtedly it was an institution inherited from Rome where it is known to hâve been established in the Impérial Army. The physician in a temple It may seem strange that there were physicians employed in the temples of holy healers, where people came in hope of a miraculous cure, but it is necessary to réalisé that in the majority of cases patients had to wait for a long time, even several years, for the miracle to occur. Most of the temples had no proper accomodation, the patients were crowded, the wealthy ones, accompanied by their servants, resting on beds as near as possible to the altar or to the shrine of the saint. The big mass of poor folks had to stay in the narthex or in the courtyard with a bundle of straw as their whole bedding. In sum an agglomération of persons of different social standing and habits, ail of them desperately ill. A sad, quarrelsome and ill-smelling lot. It is only natural that in these conditions there would occur a nervous collapse or a disease due to bad sanitary conditions. This was the moment when the aid of a physician was required24. He might hâve been employed by the clergy of the temple, or one with a strictly 22. Ibid., lib. vm, cap. 2, p. 189 : noXX))v rœv rpaupiarcov rrpôvoiav ri9e<j9ai Slxatov ... àfxeXoüvTeç aÙT<3v touç te Xoittoùç ÈQeXoxaxoüvTaç èv -raîç p.ce/aiç EÙpiaofXEV. 23. Ibid., lib. xi, cap. 5, p. 275 : Ké/pr^Tat xai t6'oiç ÇtXlvoiç xai tjayÎTaiç pux- paîq xs/piptévaiç TtoEixù cpœpp.àxcpv, ônep èariv èvepyzjTixôv. 24. M. Hamilton, Incubation or the cure of disease in Pagan Temples and Christian Churches, London 1906, p. 132. H.J. Magoulias, The Lires of the Saints as Sources of data for the history of the Byzantine medecine in the sixth and seventh centuries, B.Z., 57 (1964), p. 129. Papadopoulos-Kerameus, Varia Graeca Sacra, o.c. pp. 1-79. There is a description of a xenodochion situated in the vicinity of the church of St. Anastasia in the capital, under the patronage of which Saint it probably was. These institutions served also as a kind of hospitals and as such employed physicians. Sometimes there were also regular hospitals attached to the church of the holy healers. Cf. H. Delahaye, Les récits antiques des Miracles des Saints, «Anal. Boll. », XLIII (1925), p. 12. Cf. also MPG. 873, Sofronii, Narratio Miraculorum SS. Cyri et Joannis, col. 3424-3676.
144 MÉLANGES IVAN DUJCEV private practice, to whom his consultations in a temple represented an additional revenue. The municipal physician But the post which was most eagerly sought by older as well as young doctors was the one of municipal physician. This institution inherited as many others from Greece by the Romans25, was fostered by Constantine the Great26 and then confirmed succesively by Julian the Apostate27, by the Codex Theodosianus28 and the Codex Justinianus29, which proves that it continued to exist. According to some searchers the purpose of this institution was not so much to provide medical aid to the poor population of a city but rather to make sure that it would be always available, of course for these who could afford to pay for it30. A decent city ought to hâve a school, a library, an aqueduct, a public bath, an agora, a theatre, a xenodochion, a hospice, some shops, a professer and doctors31. On the other hand a municipal doctor, or as he was called the city-iatros, being to a certain extent a muni- cipal fonctionary, it is only logical to suppose that he had in return some obligations, and they would quite naturally consist in tending free or at a low fee the poor32. Nevertheless the information given by the sources is so scarce and so vague that it is impossible to corne to a definite conclusion. In the Codex Theodosianus it is said that the city-iatros being paid from public taxes ought to take care not only of the rich citizens who can afford to remunerate him, but also of the poor ones33. According to Libanius the law expects from the doctor the « Xei-roupyia » which arises from his 25. Hands, o.c., IX, p. 131. 26. C.Th., XIII, 3, 2 : Archiiatri omnes... ab universis muneribus curialium... a pres- tationis quoque publicis liberi immunes que permanunt... 27. C.Th., XIII, 3, 4. 28. l.c. 29. C.J. : Medicos et maxime archiiatres... grammaticos et professores... ab omni functione... immunes esse praecipimus... 30. Hands, o.c., p. 132. Edelstein, o.c., p. 345. 31. Procopios, De Aedificiis, ed. Dewing, Cambridge/Massachussets, 1954, I, 11 ; II, 3, 4, 10 ; II, 5, 6, 2 ; V, 3. 32. A. Gervais, Que pensait-on des médecins dans l'ancienne Rome ? « Bulletin de l’Association Guillaume Budé », 1964, 2, p. 217. O. Temkin, Byzantine Medecine, Tra- dition and Empirism, « D.O.P. », XVI (1962), p. 100. D. Constantelos, Byzantine Phi- lantropy and Social Welfare, New-Brunswick/New Jersey, 1968, VII, XXVIII, p. 8. 33. C.Th. XIII, 3, 8 : ... qui (sc. archiiatri) qui scientes annonaria sibi commoda a populi commodis ministrari honeste obsequi tenuioribus malint quam turpiter servire divitibus... ».
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 145 art34. But « expect» is not the same as « require » and in any case it seems that only few of the doctors shared Libanius point of view35. The fact is that the holy Fathers blâme the physicians for their cupidity, Gregory of Naziansus is forced to confess that among them there are many who are looking merely for high fees36, and John Chrysostom in spite of the great considération he professed for their skill, mentions very often their love of money. « In case of a serions disease — he says — we call a doctor to our bedside and we implore him to cure us, offering him any sum he asks »37. Their fees are very high and their greed for wealth, their longing for famé, are their dominant features38. He expresses his deep sorrow for the poor who cannot afford to pay for such a treatment39. But who is to be understood by the « poor » whom the doctor was expected to tend free of charge and very often did not ? The destitute population of a city There are two terms to design the destitute : ô kÉvtjç or ô ktco/oç, and although in the IVlh century A.D. they are used as synonyms there is a big différence between them. The « penetoi » who were by far the majority, correspond more or less to the middle class or our modem society. Accor- ding to the law a « penes » was a person whose property did not extend beyond 50 nomismata40. Socially as « penetes » were those who could not rely upon their revenues for their living and had to earn it usually by manual labour and of course could not devote their time to public activity and their leisure to intellectual spéculation41. Their socio-economical status was not the same ; there were among them argyropratai or craftsmen who were 34. Edelstein, o.c., p. 141. Cf. note 33. 35. Hands, o.c. On this point of view cf. ch. IX, p. 133 sq. 36. Sister M.E. Keenan, Gregory of Nazianzos and early medecine, « Bullet. of the Hist. of Medecine», 9, 1941, pp. 8-31. 37. MPG. 47, De Compunctione, Ad Demetrium, lib. I, col. 395. 38. MPG. 58, Homilia 74 in Math., col. 684-685 : ... xav ôtioüv È7tiTàÇù>ai, nei96p.e9a zal p.ia9oùç aÙToïç (sc. roïç iaTpoïç) tcôv Ttpo<jTay[xâTù>v toùtwv TeXoüfxev ... Où8è yâp eiaiv oùtoi oî iarpoi (sc. oî npo<pî)Tai) xa9ànep ol tcov œù>(juxtù>v ... 39. MPG. 54, De Anna, Sermo, III, col. 65 : Où8è yàp ’/pr^iaTà ècti xara- ëaXeïv ïva Tteviav 7tpo6aXXd>p.e9a. Où yàp àpyùpiov ov-roç ô laTpàç (ô ©eôç) ànaireï rèv p.ia96v. 40. Ph. Koukoules, L’assistance aux indigènes dans l’Empire byzantin, « Mémorial L. Petit», Bucarest, 1948, p. 255. 41. Hands, o.c., ch. V, a very clear exposition of the problem, though the author is rather interested in the Ancient world.
146 MÉLANGES IVAN DUJCEV quite well off, there were also rhetors, professors, doctors, who enjoyed popularity and were held in great esteem by their countrymen and the authorities of the city. But the great mass of them had to toil hard to live and maintain a family. It is this part of population to which the law applies the term «penetes». They were entitled to certain forms of social aid42 and their names were entered into spécial registers kept by the Church and the city-authorities, after an accurate vérification43. If there was a class of the city-population legally entitled to medical aid free of charge it would certainly be this one, but the respective mentions of the sources furnish no ground for such a conclusion. Even the term used by Libanius « leitourgia » suggests rather a gift made by a wealthy one to a poor citizen, than a legal obligation of one citizen to another one. The « ptochoi » were the lowest group of the population, they consisted of people who would not or could not work and had no means of supporting themselves : cripples, invalids, persons with répulsive and often contagious diseases, for whom the exhibition of their misery was an expédient to awake the pity of charitable christians. This enormous mass of beggars inundated the eastern cities. A certain percentage of them was composed of craftsmen ruined by some misfortune or taxes, of strangers who on their way from one city to another, found themselves penniless and friendless in a foreign place. There were also war prisoners who somehow escaped from captivity but had not yet reached home nor received the property to which they had rights44, seasonal-workers such as builders or sailors whose vessel was lying in the port waiting for the season of navigation45. Neither the munici- pality nor the law was interested in them since the prépondérant majority of them were aliens to the city, mostly vagabonds, moving from place to 42. C.Th. XIII, 3, 8 (A.D. .370) ; C.J.X. 53, 9. 43. MPG. 93, Vita Sti Joannis Ellemosynarii, auct. Leontii Neapoleos, col. 1617- 1660. Also, H. Delahaye, Une vie inédite de St. Jean l’Aumonier, « Anal. Boll. », 45 (1927), p. 17. A. Puech, St Jean Chrysostome et les mœurs de son temps, Paris 1891, p. 240. Also MPG. 48, Joannes Chrysostomos, Homilia in Sacerdotio, III, 16, col. 654 sq. ; very interesting data about persons to whom the material aid of the Church was extended : widows, orphans, young girls who were familyless etc. The number of such persons amounted in Antiochia in the ivth century to 3 000. Cf. MPG. 58, col. 630 Jean Chrysostome, In Matthaeum Hom. LXVI : ... ’és~t rô SéxaTov piépoç ttXoixjîùw xal to SéxaTov 7tevf)Tù>v tôv oùSèv 6Xù>ç éyovTtov' ol 8è XoiTtol tcov ptéacov eîal ... evvdïjaov ocrai? ènapxeï xa9’ éxiicrngv 7j[iépa'j ôaaiç 7tap9évoiç’ xal yàp elç tôv tcôv Tpia/iXlcov àpi9[zàv à xaTàXoyoç aÙTùiv êtj)9aaê. 44. On this subject cf. Ph. Koukoules, Bv^avrivêov Bioç xal IIoXniap.6z, v. II, Athènes 1948, pp. 118-128 : 'Yrrèp ar/jraXwTÔSo xal tÿ;? cramgplaç aÙTÔv. 45. J. Rougé, La navigation hivernale sous l'Empire Romain, « Rev. des Etudes An- ciennes », t. LIV (1952), pp. 316-325.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 147 place with no lawful means of support nor any established résidence. They were considered by the authorities as an undesirable element, unproductive and entirely reliant on the mercy of their fellowmen. Thus they were abandoned to the charity of the Church or private persons, and the city iatros had no commitment with them. The appointment of a municipal physician It is not clearly stated in what way the municipal physician was appointed ; the above mentioned edicts of the Codex Theodosianus and the Codex Justinianus say that the choice between the candidates belongs to a commis- sion composed of seven physicians. Evidently the members of such a com- mission would be residents of the city and in the case of a small town they would hâve to be convoked from elsewhere, which would not hâve been a problem, the distance between towns and boroughs in the Byzantine Empire not being considérable46. But it is probable that the appointment was made by the Municipal Council in which the upper members of the clergy and the big landlords perhaps took part. At least in some cases the Emperor had to confirm the choice, or even to proceed to it himself. From a Homily of Gregory of Nazianzus we learn that when his brother Kaisarion left Constantinople to return to Nazianzus, the Emperor Constantius, yielding to the request of a délégation called him back and conferred him the dignity of the archi-iatros of the Impérial Court47. It is interesting to note in passing what popularity a skilled physician could enjoy : in Nicomedia there were serious riots when John Chrysostom deprived its bishop Gerontius of his dignity to replace him by Pansophius. The population of Nicomedia refused to part with Gerontius and to accept Pansophius. Moreover Gerontius who was a very poor clergyman but a notorious intriguer, was at the same time a very good doctor and as such rendered eminent services to the population of Nicomedia48. 46. A.P. Rudakoff, Oterki vizantijskoj kultury po dannym greceskoj agiografii (Byzan- tine civilisation as seen in the hagiographical sources), Moscou 1917. The author is of the opinion that it was in average from 20 to 50 km. (p. 73). 47. MPG. 35, Oratio VII, col. 764 (unfortunately Gregory gives no information as to whom represented the said délégation)..xai Ttpàq 6aatXéa npeaêeiav <jTaX7)vat tov piéyav àrrà xotvoü 86yp.aTO<;, tïjv Ttpcorqv tt6Xiv tù> 7tpd>TO Zoylto xo<jp.ï)07)vai ... 48. MPG. 67, Sozomeni, Hist. Eccl., lib. VIII, col. 1532 : SraattiaavTeq (the inhabitants of Nicomedia) yoüv TroXXâxiq zoivrj te xai Ttpàç Sxaarov à7T/)pi0p.oüvTo raç repov-t-iou eùepyeaiaç xai -rijv èx rî)Ç Èma-t-r)[X7)ç ôtçOovov xpeta.'j, xai tô Ttepi TtàvTaç TtXovaiovç te xai névrjTaç èniar^ç, àçOovov ...
148 MÉLANGES IVAN DUJCEV The Rémunération of a City-iatros The office of the municipal physician was hardly a lucrative one. He was to be treated on equal terms with the city-professor49, which means that he was not only exempted from ail taxes50 and munera51, but was entitled to a certain sum in cash, which as it seems from Libanius’ complaints was very irregularly paid, and to an annona, i.e. a part of the products of a farm belonging to the Municipality. This meant a certain amount of vegetables, cereals and fruits, which were not at ail easy to obtain from the farmers52. As material rémunération ail this did not amount to very much, but for a young graduate and even for his older colleague the choice to the post of a municipal iatros was a public asknowledgement of his endowments and it certainly was of considérable importance for his private practice. Such a position gave him too the opportunity of close contact with ail high officiais of the city (oî èv réZet) and by rendering them services, by his « philan- thropia» towards them, and thanks to his skill he could obtain many favours for himself personally as weil as for his native town, his friends and relatives53. In Galen’s opinion his colleagues applied so eagerly for the municipal post not from healthy ambition to make use of their professional knowledge but rather to escape the obligations of the munera, and he déplorés the fact54. The private practice The income from an official post being modest, the municipal physician relied as weil as his colleagues upon his private practice. This required some investment : he had to hâve his « iatreion» where he would attend to his 49. C.Th. XIII, 3, 3 : ... medicos as professores litterarum... ab omni functione et ab omnibus muneris publicis vacare praecipimus... 50. Ibid. : They are also free «... ab universis muneribus curialium senatorum et comitum perfectissimarumque... » Also C.J. X, 53, 6. 51. Cf. foot-note 26. 52. P. Petit, Libanios et la vie municipale à Antioche au IVe s. après Jésus Christ, Paris 1955, p. 409. 53. Cf. Gregory of Nazianzos, o.c. Gregory says that Kaisarios decided to retum to Constantinople in order to obtain a réduction of taxes and other privilèges for Nazian- zos. Cf. too Libanios, Oratio éd. R. Foerster, LU, 36 : doctors hâve their entrance free to the governor of the district, they can inform him what bribes his subordinates are claiming from the tax payers or they can even persuade him to modify the sentence of a judge. Cf. too MPG. 35, Gregory of Nazianzos, Oratio VII, col. 767, where he says in what way Kaisarios gained the favours of the high functionaries «... àp.ta6ov 8è -rijv TÎjç téyyTjZ ?iXav9pù>mav toïç èv tÉXei kpot19ï)<jiv ». 54. Édelstein, o.c., p. 346.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 149 patients. We meet in the sources with the description of such « iatreia » : they were equipped with a bed on which the patient was examined, on a shelf there were « so many different instruments that a layman was unable to understand to what purpose they served»55. To mention only the most common : different knives, scalpels (very much alike our modem ones) razors, lancets, scissors, cathéters, forceps etc. They were made of various metals : iron, Steel, copper, bronze, lead, silver, gold, but also of wood, stone, bone, horn56. The secret of an efficient potion or powder would be jealously kept57. The iatreion had to be pretty large as the patients were usually accompanied by their friends and relatives, who watched the doctor at his work and often expressed their feelings or gave their advice. Ail medical interventions, specially the surgical ones, were performed publicly and the attendance was great58. The «iatreia'» seem to hâve been a very popular place : St Jerome complains that people gather « per medicorum tabernas» just to waste time and make gossip59. John Chrysostomus says quite frankly that the « iatreia » are the favourite place of ail lazybones in Antioch60. The wandering iatroi Ph. Koukoules mentions a group of physicians whom we could call «wandering»61. They were probably former students who, for one reason 55. MPG. 49, Joannes Chrysostomos, Ad populum Antiochenum, Hom. XII, col. 130 : ... èàv eîç laTpeïov elaéXOflç xai èpyaXeïa. rroXXà npoxelpieva, Oaupid^eu; tïjv rrotxiXlav tôjv ôpydvùiv, xalroi ye Taç /peiaç aÙTÛv oùx el3â>ç. 56. In the work of John Milnes, M.A.M.D., Surgical Instruments in Greek and Roman times, Aberdeen 1907, the reader will find a great many illustrations with an exhaustive description. Cf. also Collection de chirurgiens grecs avec dessins attribués au Primatice. Reproduction des 200 dessins du manuscrit latin 6866 de la Bibliothèque Nationale, Paris (1908). These drawings are exceedingly interesting and it is obviously the second volume of a work, the first volume of which must hâve contained the text. The ms. was discovered in the xth century, the French translation was published in Paris between 1542-1549. This publication is rather rare. 57. Sister M.E. Keenan, o.c., 0. 16. 58. MPG. 62, Joannes Chrysostomos, Hom. 19, in Epist. ad Ephes. cap. V, 4, col. 132 : ’'A7teX9e elç laTpeïov xai O'-pEt ÔTav e’jpeOy tiç Tpaüpia êx“v, èxeïvov aÙTÔv répivovra xai xaiovra. The same, MPG. 51, In paralyticum demissum..., col. 55 : El yàp èrtl tù>v larptlv, ènetSàv Tèp.vù>aiv r, xalwatv ... TtoXXol rrepiŒToixlÇovTai tov te àppùxjTOv xai tov TaÜTa Toiouvea larpov ... 59. MPL. 22, Epist., Ad Domnionem, 5, col. 515 : Non est grande, mi Domnion, garrire per angulos, et medicorum tabernas, ac de mundo ferre sententiam... 60. MPG. 47, Joannes Chrysostomos, Adversus oppugnatores vitae monasticae, lib. I, col. 322 : ... xàv sic, àyopàv èp.6dXï)<;, ôtpei, xai êv toïç laTpeloiç, xàv êv rravrl P-épet tîjç nôXewç Ëv9a ouveSpeûetv elwOaatv ol rrpàrTeiv oùSèv èbêXovTeç ... 61. o.c., v. VI. Athènes 1955, pp. 9-35 : Tarpixâ.
150 MÉLANGES IVAN DUJCEV or another did not pursue their studies, had no stable position nor regular income and thus were wandering from town to town, from a borough to a village, offering their services to the people in the Street or on the market, or simply entering a house to inquire whether or not their help or their drugs were needed62. It happened also that people with no professional qualifications, pretending to be physicians, acted as such in small provincial towns and villages63. It is possible that such fraud, when discovered, was condemned, but there is no proof that it was legally prosecuted64. The revenues from a private practice How much could a doctor earn ? This is a question of no small importance, considering that a society is generally inclined to appreciate a profession according to the standard of life it can assure to its représen- tatives. We can only approximately say what were the fees of a physician. It is very likely that they amounted from one trimissa to a whole nomisma, this being the amount a very skilled doctor, a Persian, received from his patient65. The same source quoted again a fee of a trimissa in an other case, but at the same time it is said that a poor widow was asked to pay from 8 to 12 nomismata for the treatment of her child66. Maybe that in one case we hâve to do with the price of a simple consultation and in the other with the price of an entire cure67, even including the medicines. John Chrysostom who, ail his life, had to do with doctors, being a seriously ill man, mentions also their fees. « When we are not in good health — he says — we go to a specialist and we don’t hesitate to pay him considérable 62. MPG. 45, Gregorii Nysseni, Contra Eunomium, lib. I, col. 261. (Gregory relates the adventures of a certain Aetius ): ’AxéXovffov 8è ... îarpoü tivoç tcôv àyup-reuôvTcov, w? Sv p.ï) TtavreXùiç ànopvjaf) Svayxaiaç Tpocpi)Ç, oixiaiq re raïq Stpavearépau;, xai riaiv Sneppip.p.évoiç Sv9pd>7toiç êrà Tipoa/ripiari TÎjç tarpixT)? èrrupépeaffai... 63. Ibid. : ’Appteviou tivoç eùeÇctTrarfjTou 8tà rà pSp6apov ù>ç iarpcô Kpoaé/Eiv àvcCTEiaOévTOç xal au/vôv aùrôi ÙTroxopï)yoüvToç àpyûpiov, [xixpàv ïjyeïaQai... 64. Julian Apostata, Listy (Julian the Apostate, Letters), Wroclaw 1962, in Polish, Ep. 35 (80), to his uncle Julian, p. 32. These letters were accessible to me only in translation. 65. A. Papadopoulos-Kerameus, Cuda sw. Arsenija (The Miracles of st. Arsenius), Varia Graeca Sacra, (o.c., notes 14 and 24), p. 32. 66. Ibid., p. 57. 67. See Dom Cabrol-Dohi Leclerc, Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de Liturgie, vol. 3, 1913, pp. 598-653, under « Charité» : according to an edict of Emperor Valentinian a physician was not supposed to take his fee in advance. He was entitled to it only if his treatment had proved to be efficient. But this does not seem to hâve been observed either by the phys-cians or by their patients.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 151 sums»68. And so for the treatment of the same disease they take (I under- stand according to the means and position of the patient) a hundred gold pièces of money, fifty or sometimes less. But — he adds — it happens too that they give their consultation free69. In ail hagiographical texts which relate miraculous healings, we continually find remarks that the patient had previously consulted many doctors, had spent a « fortune » on a treatment with no resuit. These taies should not be treated too seriously, they represent typical topoi, which one author repeats after the other. Their aim is not so much to discrédit the physicians and their art as to exalt the power and generosity of the holy healers. At the same time the authors seem to forget that in many cases the Saints received also a reward for their help, though they were called « anargyroi ». This reward was of different kind : a poor fellow from Libya gave three nomismata to a doctor — whom the hagio- grapher calls a « iatriskos » — for a medicine which proved to be absolutely ineffective70. Finally he implored St Cyrus’help. The Saint cured him on condition that he would offer to his temple a sum equal to the doctor’s fee. Sophronius says that wealthy patients, when they want to show their gratitude, présent the Saints with such gifts as beautiful vessels made of silver and gold, with icons and wonderful tissues, but he, Sophronius, will honour them by a description of their miraculous deeds71. It happened that an artisan who had recovered his health stayed for a certain time in the temple and undertook without payment many repairs, considering it as a proof of his gratitude72. Again an innkeeper, Ferentius, whose son had been healed in the temple of St Artemius, offered the Saint a horse73. Of course there is a différence between such gifts given so to say « sua sponte », by persons more or less weil off, and a regular fee, required by a physician from his patient. 68. MPG. 51, De angusta porta et in orationem Dominicam, col. 41 : ... zai tüv pèv toü awpaToç ëvexa rraOïjpàTùjv çoiToiai rrpôç toùç TaÜTa OepaTteùovTaç ... xal piaOoùç rrapé/ovaiv Ôti paXtara rrXeiaTOUç ... ïva vi;v èxeivoo ûyeiav ù>vï)ao>VTat. 69. Ibid., In paralyticum demissum..., col. 55-56 : ’AXXà xaOàrrep laTpoi to aÙTÔ vôa-qpa OepaTteoovTeç rcapà pèv tôv èxaTÔv xpoaîvouç eXaoov, rrapà 8è tù>v rjiicciç, rrapà tôv ÈXàaaovq, rrap’ èvîcov 8è oùSèv ÔXcoç. 70. MPG. 873, Sti Sophronii Hierosolimitani, Laudes SS. Cyri et loannis Miracula, col. 3577 : 'O 8è (i. e. Joannes Libyus) ... toùç vetppoùç flapécoç evoa^aev ... ’laTpiaxoq tiç tootov I8<bv /aXerroiq ôSuvdipevov ... Tpia 86q pot, rrpàç aÙTÔv ëcpr), vop.lap.aTa xàyù> aot 8i’ âvTtSÔToo rrapé/co ri)v Eaatv. 71. Ibid., Sti Sophronii Hierosolimitani, Laudes in SS. Cyri et Joannem, col. 3388. 72. Papadopoulos-Kerameus, o.c., p. 29-30. 73. E. Dawes and N.H. Baynes. Three Byzantine Saints (Contemporary Biographies translated from Greek), Oxford 1948, pp. 10-109.
152 MÉLANGES IVAN DUJCEV Following on our subject : if we admit that a physician who disposed of a iatreion and had acquired some expérience and some skill in his pro- fession74, received from each patient one trimissa as an average fee, we will corne to the conclusion that his income was sufficient to allow a decent living. The pay of an unqualified worker amounted from 12 to 15 follies a day75. In Alexandria in the second decade of the vuth century A.D. the allowance of a refugee from Syria varied from one to two kerata a day, i.e. 12 to 24 follies^6. Paragraphs 22 and 62 of the Nomos Georgicos call for a payment of 12 follies for a day’s work77 78. And Moschos in his well-known story relates how an old couple, by hard labour of their entire life, had managed to save four nomismata™. Of course this data applies to the poorest class of population whose life was but a misérable existence, but anyway a doctor with an average practice would earn from three patients a day a sum for which an unqualified worker would hâve to toil 19 days. Some doctors acquired considérable wealth but this was rather due to their exceptional abilities and a piece of good luck. Libanius mentions a doctor wellknown throughout Antioch who was treating the governor of the district79 and who certainly did not complain about his fees. The same may be said about Olympius80 and Marcellus81, two pupils of Libanius, both excellent specialists, famous in the city. Olympius was advanced to the post of the archi-iatros of the court82. Kaisarios the brother of Gregory of Nazianzus, received the dignity of the « cornes sacrarum largitionum » 74. Already at this epoch the Byzantines appreciated highly in a physician his pro- fessional expérience, cf. Papadopoulos-Kerameus, o.c., pp. 28-31 : in the xenodochion near the church of st Anastasia in Constantinople there was a whole staff of doctors, the chief archiiatros had 33 years of practice, the surgeon 28. The fact is stressed by the hagiographer. 75. H. Evert-Kappesova, Studia nad historia wsi bizantyjskiej (Studies on Byzantine village), in Polish, Lodz 1963, p. 41, note 203. G. Ostrogorsky, Loehne und Preise in Byzanz, B.Z. XXXII (1932), p. 298. 76. MPG. 93, Vita Sti Joannis Eleemosynarii, col. 1620 : Continue ergo plagatos et infirmes in xenodochiis et nosocomiis fecit recumbere... Eorum vero qui sani essent et egeni... masculis quidem singulas siliqua dabat, mulieribus autem et puellas tanquam infirmioribus membris binas. » 77. W. Ashburner, in « Journ. of Hellenic Studies», XXX, 1910, pp. 85-108 ; § 22 : ‘Eàv YEùjpyàç xXé^T) év axà<pù> Xlayov r, SixéXXav xal pierà /pôvov SiaYvcoaOj), rra- pE’/ÉTto tû rçp.epfjatov aùroü çôXXeiç 8d>8exa. 78. MPG. 87, Pratum spirituale, col. 3057-3061. 79. Libanios, Oratio, éd. Foerster, LU, 35. 80. The same, Epist. 65, Cf. note 61. 81. The same, Epist. 359, 6. 82. The same, Epist. 65.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 153 in Bithynia, where he built up a big fortune83. Joseph the catholicos of the Nestorian Church in Persia, tended king Chosroes for a serious disease with good results and gained in this way his favour and the highest dignity in the Nestorian Church84. The bishop of Martyropolis, Maruthas, a doctor of exceptional abilities, was the physician of the Persian king Izdegerd and became a great favourite with him85. The social standing of a physician To say that in the Roman Republic the medical profession was despised would be perhaps putting it too strongly, but it certainly did not enjoy much considération86. As a rule the physicians were slaves, nearly always Greeks. Their profession obliged them to render sometimes distasteful services to their patients and the surgeons had to proceed manually, which must hâve produced a disadvantageous impression, manual work being held very cheep with the Romans. It is true that even some members of the best Roman society were interested in medicine, but knowledge of a subject, treated as a hobby, and the use of this knowledge with the purpose of earning one’s living, are two different things. That is what was understood in Greece as « té/vï; » a spécifie skill practically applied and « èmemip-t) » - the study of a problem solely for the sake of intellectual satisfaction. The Romans had kept for centuries the mentality of an agrarian people, a people of small farmers and landlords. It was a generally accepted opinion that a man of a certain social rank should live upon the revenues of his estâtes and devote his activity to farming and State service. This State of things began however to change in the course of time; the vast Empire could no longer be governed with the methods applied 83. MPG. 35, Oratio VII, col. 773 : Kaisarios was an unusally attractive young man. When he decided to settle in Constantinople he married into a rich and powerful family and certainly was strongly backed by his new relatives. He died at a young âge leaving a considérable fortune which he probably owed to his dignity of cornes. Cf. col. 764 : ... tocootov Kaicrâpioq xXdoç Tjvéyxaro waTe 8ï)p.o<jiaç -rip.àç (in Constantinople) aùrâ xai yâ[xov tù>v eùSoxipicov. Col. 773 : Atérpiêe pièv èv -rj) Bdhjvœv t))v où 7roXXoar7;v ... ànù> PaaiXéox; SIettcùv àp‘/T|V ... 84. A. Guillaumont, Justinien et l'Eglise de Perse, in D.O.P., 23-24 (1969/1970), pp. 41-43. 85. MPG. 67, Socratis, Hist. Eccles., lib. VII, cap. VIII, col. 752 : Kal yàp xeçaXaXyiav aùroü (i.e. ’Ia8iyép8ov) /poviav, f)v oî pictyoi 9epœ?reü<jai [X7j 8e8ùv7)vrai, -raùr/jv ô MapovQâq eùxaïç èâepàTtevae ... col. 753 : 'û 8è ô flaaiXeùç ^8ï) Ttporepov ÙTtônrouç ê/wv roùç piayouç ... MapovQâv 8è 8tà TtXeiovoç 7)ye Tip.7)ç. 86. Cf. V. Nutton, The doctor and the Oracle, « Revue belge de Philologie et d’his- toire», XLVII (1969), pp. 37-43.
154 MÉLANGES IVAN DUJÔEV under the Republic ; it required an administration and a whole staff of qualified functionaries. It was no longer members of the Senate who had weight and importance but those « èv réXei ». And slave labour having fallen into désuétude it was replaced by the labour of free citizens. Different professions, especially learned ones, which were hitherto only tolerated began to be valued87. Rhetors did not hesitate to accept rémunération for their teaching and the social status of the doctor, who was no longer a slave but a man enjoying civil and political rights, as a fully trained pro- fessional, had also entirely changed. In the second century A.D. a Galen and in the sixth a Paul of Aigina enjoyed world-wide famé. James Psychres- tos, the archi-iatros of Léo I, obtained the dignity of a cornes and was honoured with statues88. Oribasius was as much the physician of Julian the Apostate as his friend. John Chrysostom met doctors in the best society of Cappadocian Caesarea89. Libanios likedto spend his time in the company of his « old doctor»90. And in the vilh century we find the chief physician of Justinian the Great interfering in political affairs91. After the conquest of Syria and Egypt the Arabs became cognizant of Byzantine medical achievements which, in the course of time, spread to Europe by their intermediary. There was, however, this différence that a doctor in Médiéval Europe had far less knowledge than his Byzantine predecessor and was far less human. It should never be forgotten that the system created by Galen and his methods of treatment survived for more than a thousand years. Throughout the sources we meet with a high regard not merely for a physi- 87. Cf. W. Ceran, Rzeniieslnicy i kupcy Antiochii i ich ranga spoleczna w drugiej polowie IV w. (Artisans and merchants in Antioch and their social rank in the second half of the ivth century), in Polish, Wroclaw-Varsovie-Cracovie, 1969. 88. F. Brunet, o.c., p. 95-96. 89. A.M. Malingrey, Jean Chrysostome, Lettres à Olympias, Paris 1968, Lettre IX, 2b. 90. A.F. Norman, Libanios’ autobiography (Oratio L), the Greek text, edited by..., London, New York, 1965. 91. Chronicon Pascale, C.B. 1832, v. I, p. 624-628. His name was Thomas. The nephew of the Emperor Anastasius, when he was proclaimed in the hippodrome as emperor, sent to Justinian one of his intimâtes, a certain Efrem, candidate, with a secret mission: namely he had to ask Justinian how he wanted him to act in this dangerous situation in which he found himself against his will. Thomas, whom the messenger met incidentally and asked as someone weil informed whether he could see the Emperor, fooled him with a lie, telling him that the impérial couple had already fled from the capital. This was not true because Justinian and Theodora were still in the palace and decided, as we know, to stay in the capital. It is not clear what induced Thomas to act in such a way : he might hâve thought that Justinian’s situation was hopeless and he was perhaps eager to gain the favour of the new sovereign. Anyhow he had to pay the utmost price for his fraud because, when it was discovered, Justinian ordered him to be beheaded.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 155 cian as individual but for the profession as a branch of science92. St Jerome says that the medical art is the one most useful for a human being93. Ammianus Marcellinus stresses its development94 ; according to Firmus Caesariensis Homer already had a high opinion of the physicians, which opinion he entirely shared95. For Gregory of Nazianzus the medical art is a resuit of theory and expérience96, according to John Chrysostom nobo- dy, even if he has a iatreion, pupils, necessary instruments and drugs, can prétend to be a physician unless he has acquired the indispensable degree of knowledge97. In one of his sermons he says that the Almighty God had endowed us with a soûl but also with a body, so it would be a big mistake, if not a sin, to neglect our health98. That is why we ought to follow blindly ail that our doctor prescribes, trusting in his knowledge and expérience99. During his exile in a forlorn little town on the confines of the Empire, the lack of good physicians was one of the worst sufferings he had to endure100. Sophronius goes so far as to compare the « philanthropia » of a physician with the mercifulness of the Almighty101. A confesser and a penitent are like a doctor and a patient102. 92. Owsey Temkin, o.c., p. 97-113. 93. MPL. 22, Epistola LUI, Ad Paulinum, 6, col. 544 : Taceo de Philosophis... Dia- lecticis, Musicis, Grammaticis, Rhetoribus, Astronomis, Astrologis, Médicis quorum scientia mortalibus utilissima est... 94. Ammianus Marcellinus, XXII, 16, 18. 95. MPG. 77, Firmi Caesariensis Episcopi Epistolae, VIII, col. 1488 : « ’Appievicp ’ApxuFrpù). 'Op.y;pù> pièv 8oxeï to aocpô rroXXcüv àirraSiouç elvat toùç laTpoùç. ’Epiol 8è ri)v aiTiav œxottoüvti, 8uoïv evexa toüto elpyjaS-ai çaîvsrai. • to ptèv xarà ttjv èm.<7v7)fZ7)v, ôti OeparreuTal <jù>ptàTOv to 8è xoerà rr)v cpiXiav 6ti xal ... aup.[3ouXeùoVTeç Tàç XÙTraç rrausTs ... » (Iliade, XI, 514 : TrjTpôç vàp àvrjp rroXXrôv àv-nx^toq àXX<ov 96. MPG. 36, Oratio, XL11I, 23, col. 528 : ’laTpixrp pièv yàp xal t; toü ad>p.a7oç d^pora-rla xal voaoxopila, cpiXoaocplaç xal cpiXorrovlaç oùaav zaprrôv ... 97. MPG. 60, In Acta ApostoL, Homilia LU, 5, col. 365 : "Ap/cju yàp oùy ô xaXoûpievoç ègt'.v, àXX’ ô c’iv. "fitnrep yàp laTpàv oùx au ttoitjoeie fJaaiXeùq ... ’Errsl, eî (3oi5Xer, oi-zoSoptel-ùj tiç laTpeïov, éyé-ro xal p.aO-ï)Tàç, èyÉTO xal opvaua xal <pàpp.axa, xal elaÎTGi Kpôç toùç xâptvovTaç' àpa àpxeï TaÜTa rroi^aai la-rpùv ; Où8ap.ù>ç. 98. MPG. 62, In Epist. ad Titum, Homilia 1, col. 670 : Oùx ol8aç oti ànOsveia ocoptaTixà) -îjç xaTà i^u/ap àaOevelaç où/ ^ttov xal Tjpiâç pXàr:TO'. ... 99. MPG. 47, Ad Stagirium..., lib. I, 7, coi. 441. 100. Montfaucon, Letters to Olympias, v. III, p. 724 ; 783 ; 826 ; 692. Cf. A.M. Malingrey, o.c.. Lettre XVII, b. p. 213. 101. MPG. 873, Sti Sophronii Hierosolymitani, Oratio V, De Festo Sti Crucis, col. 3309: ... èxiSeSwxévai (s.c. tùu xàp.vov-ra) Taïq toü laTpoü ycpal xal ... êrroiTO Taïç repaient Taïç toutou. Tou aÙTOv Sr, Tpùrrov xal ô à-faOàç z^icou Oeàç neTrolTjxe, xal cpàppiaxou ... rrpocrrlQ'qaiv Tjijiïv tt)u îepàu TaÜTTjv ... uïjaTelav. 102. The same, ibid., De Peccatorum Confessione, col. 3365 :... 6<nrep ô Sozip-oq laTpùç éxàaTOu rrùvou ... xal àXv-/;p.aToç Tàç te [îo-àuap xal ~à xeucoTixà ... yivdiaxei xal Èrric- ra-rai, oütoç xal ol rà- é5aYyeXiaç 8e/6p.sw. ocpeiXovaiv el8évat ~i ècrri ipv/r-xij vôaop ...
156 MÉLANGES IVAN DUJCEV The criticism of the medical art Of course we meet with criticism too, but it usually does not concern the medical art, the great importance of which nobody seems to deny, but the physicians as individuals. It has already been said what admiration John Chrysostom professed for the art, but it did not prevent him from seeing the vices of its practitioners ; a famous doctor to whom patients corne from across the seas daims extraordinarily high fees103 ; he does it even in case of a slight indisposition104. And what is the comportment of many doctors ? At the bedside of their patient they engage in argument and the différence of their opinions is many a time a mortal danger to the sick. Love of wealth and professional pride are their main features105. St Jerome blâmes the surgeons for their cruelty : in cold blood they proceed to cauterize a wound or to amputate a limb106. Ephraim the Syrian has still an other objection : the surgeons will easily eut off one of your limbs but they are unable to restore it to its former place107. It is generally known that complaints against doctors are as ancient as the medical art itself ; we meet with them where they certainly should not be expected. For instance, in Hellenistic times, an author such as Philemon senior says that for a physician a healthy person is like a town for a soldier which he has not yet had the opportunity to rob and burn down, and Phile- mon Junior is of the opinion that a judge and a dodor are the only persons who are allowed to murder with impunity108. This criticism however does not seem to be very serious and it did not alter the general esteem for medicine as one of the most important parts of the human knowledge, because it renders the gréa test services to mankind. 103. MPG. 54, De Anna, Sermo II, col. 653-654 : Kal eTepoi p.èv xal TteXàyT) 8ié6aXov piaxpà ... xal xp'ÔP-'XTa èSanâvqaav ... ïva tov èîtl -rfjç àXXoTpîaq p.r)vu9évTa la-rpàv î8ù>ai ... 104. MPG. 47, De Compunctione, Ad Demetrium, lib. I, 2, col. 395 : ’AXXà èr.i p.èv toü ad>p.aTOÇ, xàv to t’j/ôv 7)[zâ<; èvo'/Xïjor, TtàOoç, xal îaTpoùç xaXoüpiev xaî ypr^iaTa avaXlaxopiev xal xapTepîav èni8eixvùp.e9a ... 105. MPG. 58, In Matth., Homilia LXX1V, 4, col. 684 : Kav ôtioüv èniTàÇcoat (ol laTpoî), 7tei96p.e9a, xaî piiaOoùq aÙTOiç ... TeXoüpiev ... EISeç laTpcôv té^vïjv pieTà üyeîaç xaî xpripaTa Ttapex^vTùiv ; Ibid., col. 685, 5 : "Opa yoüv eîaeX96vTa rcâXiv êrepov (sc. laTpôv) xal ’/aXETrà XéyovTa ... 106. MPL. 22, Epistola XL, Ad Marcellam, de Onaso, col. 473 : Medici quos vocant chirurgicos, crudeles putantur et miseri sunt. An non est miseria alienis non dolere vul- neribus et mortuas carnes inclementi secare ferro ? 107. Carmena Nisibena. Uebersicht von Ed. Beck, Louvain 1961, I Teil, XXVII, P- 75, 1. 108. C. SCHNAYDER, O.C., II, V, p. 405.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 157 Personal hygiene There is still a factor that carries big weight : Byzantium had inherited from the Antiquity a long tradition of personal hygiene. « Perhaps more important (than public doctors)... to the health of the lower class were institutions such as the large public baths, the gymnasia, aqueducts... They ail acted as préventive measures against diseases by encouraging exercise and cleanliness... ». It was the Romans «who developed baths on a large scale... The town of Timgad may be quoted as evidence of the extent to which in some towns the baths must hâve been frequented, for there are traces of no less then twelve separate bathing establishments... for a population of some 15,000 inhabitants... It is of some interest to compare this situation with that in xixth century England... in London the bath- houses were credited with the awesome total of two million baths a year »109. Theodosius the Great when he wanted to punish the population of Antioch for the riots of 386 A.D. ordered ail the public bathhouses to be closed, however with the sole resuit that the inhabitants of both sexes went to bathe together in the Orontes110. John Chrysostom who, on his way to exile, was very badly treated by the soldiers of the convoy, night after night deprived of a proper sleep and nearly starving, nevertheless had the possibility to wash nearly every day, though not in a tub but in a barrel111. Likewise the regenerative action of fresh air, pure water and hot springs in the case of certain diseases was known at least in a certain class of society. Am- mianus Marcellinus mentions the hot springs of Palestine, which proveto be very efficient in many diseases112. Gregory of Nazianzus, when he was in so bad a State of health that he could hardly walk, was sent by his physician to a health resort, where he stayed in a monastery and took regularly hot baths113. For John Chrysostom there is nothing to restore one’s health 109. Hands, o.c., p. 143-144. Cf. too MPG. 62, Joannes Chrysostomos, Homil, I. in Epist. ad Titum, col. 670. : ’AXXà XoùeaOat, tp-rjaiv, où xpri- Aià ri, eîné p.ot ; IIoü toüto xexwXurat ; Où8è yàp ô purroç xaXôv. 110. Chr. Baur, O.S.B., Der heilige Joannes Chrysostomos und seine Zeit, München 1930, v. I, p. 225. 111. o.c., v. Il, p. 353. 112. Ammianus Marcellinus, XIV, 8, 12 : in locis plurimis aquae suapte natura calentes emergunt, ad usus aptae multiplicium medellarum. 113. MPG. 37, Ep. CXXV, col. 220 : ’EneiSr; 8è nepairépco TtpOTjyaYev 7) àpp<oaria xai roïq HavÇapiSoç Oeppioïç àvaYxaïov larpœv roüro aup.6ou- XeuaàvTùiv ...
158 MÉLANGES IVAN DUJCEV like pure water and bathing in hot springs114. He seems to hâve followed this régime himself for he mentions several times that, on account of this health, he had to leave the city and make a longer stay in the country115. Théodore of Sykeon who had the réputation of a saint and of a healer, often prescribed to his patients balneological treatment116. Again according to Palladius it is advisable to leave Egypt during the flow of Nile in order to avoid the noxious évaporations of the river117. Basil the Great underwent a balneological cure when he suffered from hepatetic troubles118. The degenerated forms of ascesis But if so how to explain the disgusting, degenerated forms of ascesis, practised by hermits who never took a bath, never washed their feet and lived in revolting dirt ? They lived in dirt but did they delight in it ? A great deal has already been written about asceticism, treating the subject under the angle of psychology, religion or medicine. However, the asceticism of early Chris- tianity has yet another aspect. The third and the fourth centuries A.D. mark the décliné and fall of the Roman Empire — that enormous and powerful State, within the limits of which nearly the whole oikumene was contained. At the same time ancient civilisation, knowledge and faith were rapidly coming to an end. Mankind was in search of new values to replace the old ones which were falling into désuétude. For the hermits ascesis was not only the most certain way to salvation but also a protest against ail what they considered useless, vain and also pernicious for the soûl, particularly the pagan love of beauty and of life. Their dirtiness may hâve been not only a mortification but also one of their most vigorous forms of protest. At the same time it is interesting to note that their extreme asceticism, though admired by masses, was very frequently disapproved by laymen as weil as by regular monks and clergy. In John of Ephesus we find the story of a certain Harfat who lived in the first quarter of the vi,h century. 114. MPG. 49, Adversus eos qui dicunt daemones..., 5, col. 251 : Kal yàp ô laTpôç où-/ ÔTav eiq napaSeiaouç xal Xetp.ôwaç è'ayâ'ffl tôv xâjxvovTa, QaupiaaTÔç Èoti pidvov, où 8' Ôtow eiç paXaveïa xal xoXup.67)9paç ùSàTcov ... 115. Ibid., De poenitentia, Homil. I, 1, col. 277 ; Atà toüto xal -rfjç toü awpiaToq œppùxjTÎaç s7tl nXéov èxeï 8taTpl6eiv (in the country) àvayxaÇoùcnqç xal -rfjç toü aépoq üxpeXelaç elç tï)v Tijç aapxàç ànoXaùeiv ûyleiav ... 116. E. Dawes and H.N. Baynes, o.c., pp. 146, 182. 117. H.F. Frings, o.c., p. 73. 118. Ibid.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 159 He left his native town Arsamosata and his family to lead the life of a hermit. At the outset he loaded his feet and hands with heavy chains but nevertheless continued to work in a field. Of course in such conditions the results obtained were very poor. Finally John of Ephesus persuaded him that it would be more reasonable to take off his chains. And so he did119. There is another story told by the same author : a certain Thomas, a man of excellent éducation, fine manners, brought up in luxury, was exi- led under Justinian the Great as a monophysite to Palestine. He learnt one day that in the vicinity of Mendes (Mendesche) where he resided there was a big cavern, and immediately decided to live there as an anchorite. The entire village was very amused when it learnt of this decision. What — they ail said — he who used to wash his hands and face ten times a day, practising such ascesis ? So much refinement, such an éducation in a muddy den ! And to what purpose ? What is the use of it ?120 Quite frequently the regular monks would not tolerate extreme forms of ascesis in their monastery. This was the case of a certain Abbi, whose clothes were swarming with vermin. From time to time his fellow-monks forced him to take off his rags and plunge them into boiling water ; then they provided him with clean underwear and a clean habit121. Simeon the Stylite was turned out of his monastery by the prior who found that his ways of torturing himself were absolutely absurd, while the monks could not stand his smell and his vermin. Here a detail worth noting : before he was turned out the prior called a doctor to apply a dressing to the wounds caused by his chains and louse bites122. The case of Severus, the monophysite patriarch of Antioch at the time of Justinian the Great, was a bit similar : he refused to bathe because he did not want to sec himself naked, but his clergy insisted so much that he agreed to take a bath under the condition to keep on his shirt123. It also happened that the monks, 119. John of Ephesus, Lives of the eastern Saints, Patr. Orient., XVII, fasc. I, 1923, p. 63. 120. Ibid., p. 189 sq. 121. Ibid., p. 217. 122. MPG. 114, Simeon Logotheta Metaphrastes, De Sti Symeone Stylitae, col. 340. Cf. also E. Dawes and N.H. Baynes, o.c., p. 4. Also H.J. Magoulias, The lives of the saints as sources of data for the history of Byzantine medicine in the sixth and seventh centuries, B.Z. 57 (1964), pp. 127-150. 123. Zacharie le Scholastique, Vie de Sévère, ed. M.A. Kugener... Patr. Orient, v. II, 1, 1903, p. 259. The situation may be however somewhat different here : Severus was seriously ill and a hot bath was generally considered as a cure for many diseases. Cf. MPG. 49, Joannes Chrysostomos, De Statuis, Hom. XIV, 6, col. 151-152.
160 MÉLANGES IVAN DUJCEV not satisfied with the possibilities of washing in their monastery, urged their prior to set up for their use proper installations124. Here are still more examples : in Heliopolis we may witness a very simple but amusing scene : the master of the house being ill, his wife is at his bed- side. Ail the servants of the household are only too glad to seize this oppor- tunity to leave their work and start ail kinds of pranks. The maids prétend to be possessed by démons ; they scream, they run about the courtyard, rolling on the ground, while one of the men, having put on a furcoat, paro- dies a hermit by muttering exorcisms125. Daniel of Samosata, who lived in the second half of the sixth century, was also blamed by his prior for his excess of mortifications. He therefore left the monastery with the intention of living on top of a column. He chose for this purpose a small meadow, but, when he proceeded to erect the column the proprietor of the place protested vehemently. He was afraid that his piece of land might be devastated by the crowds which would arrive, moved by pious feelings or sheer curiosity. Besides he was of the opinion that a monastery would be a much more appropriate place for Daniel than a column. And this was also the point of view of the patriarch of Antioch126. AH that was said above does not mean of course that so incongrous, not to say absurd, a display of faith was generally condemned ; on the con- trary it is undeniable that it was admired and even venerated by many, especially in the lower strata of the population. My only aim was to show that it had opponents as weil. St Basil the Great, who was one of the most erudite and cultivated men of his time and at the same time one of sound judgment, always preferred prayer and labour to ascesis. He was not even enthusiastic about celibacy. Miraculous healings There is still a question which deserves to be examined, namely why in a society which had a long tradition of medical help and a number of skilled, weil trained physicians, people betook themselves so often to the holy healers ? Does it not betray a lack of trust in the medical art ? 124. MPG. 87, Moschos, Pratum spirituale, col. 2937-2940. 125. MPG. 82, Theodoreti Cyrensis, Religiosa Historia, col. 1384 : ... êçaaxev êv 'HXtovTtôXei tov [ièv toü olxéTou àppù>aTÎ;aai SecmâTTjv, ttjv 8é ye SéaTtotvav t<5 ... 7tapaxa9î)<j6ar Tàç 8è TtatSlaxaç tî;ç oixlaç ... tov êv ’AvTio'/ela <piXoao<po6vTcov [lova/cov 8iï)Yeïa9ai tôv piov, xai ôavjv xaTà 8aip.6vo>v ê/ovot. tt;v lcr/’jv. 126. E. Dawes, and N.B. Baynes, o.c. p. 23.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 161 In the early times of Christianity a disease was considered from a point of view very different from the modem one. For a Christian of the fourth or fifth century an incurable affliction was a punishment imposed by the Almighty on a sinner and the doctor, being a simple mortal, was in such a case helpless. In spite of ail his wisdom he could not restore the health of his patient against the will of God. Thus when he saw that ail his efforts were vain, the best thing he had to do was to advise his patient to go to a temple and implore the mercy of the Saints. In other words it was not in quest of a cure but in the hope of a miracle. According to John Chrysostom the Almighty gave to the holy martyrs the power of healing as a reward for the ardour of their faith. And this power is unlimited127 128. Their prayers are the best of treatment. They are « iatroi pneumatikoi»i2S. But many times he recommends people to consult physicians and follow their advice, which he did himself, so that it may be said that in his opinion people should invoke the mercy of the Saints in a desperate case or if they were absolutely deprived of the possibility to consult the doctor and God was their only and last refuge. Thus the strong belief in supernatural forces at this early period of Chris- tianity can in no way be considered as a distrust or a dépréciation of the medical art and its représentatives. Summary If we would proceed now to summarize ail that has been said above, we would corne to the conclusion that the level of the medical knowledge in the Byzantine Empire was — for those times — rather high. There existed several schools in which a young adept could get a good professional trai- ning and, when his studies were over, he had different possibilities of employ- ment. The average revenue of a physician seem to hâve been at least enough for a decent living. Nevertheless among several vital questions concerning the activity and status of physicians in the early Byzantine Empire, there are two which ought to be examined further : how numerous were the doctors in the Byzantine Empire and to what social stratum belonged their patients. In the vith century the number of cities in Byzantium amounted to 911129, 127. Jean Chrysostome, Huit catéchèses baptismales inédites. Introduction, texte cri- tique, traduction et notes d’A. Wenger, Paris 1954, VII, 7, p. 232. 128. Ibid, VII, 5, p. 231. 129. E. Honigmann, Le Synekdemos d'Hiéroclès et l’opuscule géographiaue de Georges de Chypre, Bruxelles, 1939.
162 MÉLANGES IVAN DUJCEV from which 442 (that is less than a half) were in the Balkans, Asia Minor and Palestine, and 470 in Syria and Egypt. If the law, according to which each city ought to hâve from one to five municipal doctors, were strictly observed, we would obtain the number of 4555 iatroi, and if we add half of it for private practitioners it would give us the incredible number (for those times) of nearly 7000 doctors. Of course it was only possible for big towns to possess four of five doctors, but at the same time in very important centres like Constantinople. Alexandria, Antioch, Berytus, there was a doctor for each district of the city. As it is known the capital itself was divided into 14 districts. A.H. Jones is of the opinion that the average population of the Byzantine town at this epoch amounted to 5000 inha- bitants130, but, though so small a place could hardly afford to hâve its own city iatros, nothing would prevent a candidate from settling there, — which he probably did— as the considérable quantity of villages and boroughs in the vicinity131 would amply provide him with patients. Thus I believe that, though we are far from attaining the number of 7000 physicians, there was in general no great shortage of medical aid in early Byzantium, with the exception however of the small forlorn towns on the confines of the Empire, where it was nearly impossible to obtain medicine. So at least John Chrysostom complains132. But was he quite right ?Arabissus and Kukusus could not be so entirely deprived of medical help, given that there were garrisons there. John Chrysostom’s situation was spécial : he was a political deportee and a very badly treated one. By far the greatest part of patients belonged — as it usually happens — to the wealthy classes ; the methods of treatment described by some doctors were meant for persons with plenty of leisure and money : refined diet, good living conditions, a rest during the day time, long and repeated visits to a health resort133. For a craftsman, a merchant, a farmer, and even for a man of learned profession it was not so easy to abandon his workshop, his farm or establishment in order to undergo an expensive cure, and of course he would not be able to afford it. But this does not mean that middle classes did not consult a physician in case of a disease, if it was a serious one. Hagiography tells frequently of craftsmen who corne to the temple in hope of a miraculous healing after having undergone, but to no effect, 130. A.H. Jones, The Greek city from Alexander to Justinian, Oxford 1940, p. 25. 131. Ibid., p. 60 sq. 132. Jean Chrysostome, Lettres à Olympias. Introduction, texte critique, traduction et notes par A.-M. Malingrey, Paris 1968, Lettre XV, p. 358 ; MPG. 52, col. 620. 133. Edelstein, o.c., p. 306 ; Brunet, o.c., pp. 197-198, 233-289.
THE SOCIAL RANK OF A BYZANTINE PHYSICIAN 163 medical treatment. Certainly there is much fantasy in hagiographical texts, but in our case it is not important whether or not these sayings are true ; what is important is that they reflect an attitude towards the medical art, the common and natural habit of seeking the help of a professional. The frequent references to doctors and the medical art which are to be found in the sermons of John Chrysostom can serve as evidence that on whole the medical aid was required and appreciated. This of course does not concern the masses who lived by mendicity ; their social status needs studying apart. SOURCES Antonii Placentini Itinerarium. in « Pravoslavnyj Palestinskij Sbornik» (Orthodox Palestinian Collection of Contributions), XIII, St. Pétersbourg 1895, f. 1., pp. XI, 187. Latin text pp. 1-23, russ. transi. 25-50, comment. 51-121. St Basil, The Letters, Engt. Transi. Roy J. Deferrari, Ph. D., v. I, Londres-New York, MCMXXVI. L. Clugnet... Vie et récits de l'abbé Daniel de Sceté, par... « Revue de l’Orient Chrétien », V, 1960, pp. 51-73. J.B. Cotei ier, Ecclesiae Graecae Monumenta, v. I-IV, Paris 1677-1686. SS. Cyri et Joannis... Narratio Miraculorum, in MPG. 873, col. 3424-3689, Paris 1863. H. Delehaye, Les recueils antiques de Miracles des Saints, « Anal. Boll. », XLIII, 1925, pp. 5-85. Euagrii Scholastici Ecclesiastical History, ed. J. Bidez et J. Parmentier, Londres 1898. Eutychius Constantinopolitanus Patr., MPG. 862, col. 2267-2390. Sti Georgii Chozibitae, Confessoris et monachii vita, auctore Antonio eius discipulo, « Anal. Boll.», VII, 1888, pp. 95-112 ; 113-144 ; 336-370. Jean évêque de Nikiou... La Chronique de... Notices et extraits par M.H. Zotenberg, Paris 1879. Jean l’Aumônier... Une vie inédite de... éd. H. Delehaye, « Anal. Boll. », XLV, 1927, pp. 5-73. Kosmas und Damian, Text und Einletung L. Deubner, Leipzig-Berlin 1907. Libanii Opéra, recensuit Richardus Foerster, I-IV, Leipzig 1903-1908. Libanius, Autobiography, ed. A.F. Norman. The greek text with introd. transi, and notes, Londres, New York, 1965. Palladios, Das Leben des heiligen Johannes Chrysostomos, ed. and transi. L. Schlaepfer, Dussefdorf 1966. Palladios, Historia Lausiaca, texte grec, introduction et traduction en français par A. Lucot, Paris 1912. A. Papadopoulos-Kerameus, ' Avakenra. ’Iirioaa/.v/iiTix.fj; Sraxvokoytaç, vol. I-V St Petersbourg, 1891-1898. F. Nau, S. Vailhé, J.B. Bousquet, in « Revue de l’Orient Chrétien», VI, 1901, pp. 283-308, 470-473 ; XI, 1906, pp. 226-237 ; XII, 1907, pp. 171-189, 337-355, 393-414 ; XIV, 1909, pp. 357-379. (Collection of articles under a general title : Histoire de soli- taires égyptiens). WORKS NOT QUOTED IN THE FOOT-NOTES H.G. Beck, Kirche und Theologische Literatur im Byzantinischen Reich, Munich, 1959. D. Constantelos, Byzantine Philantropy and Welfare, N. Brunswick New Jersey, 1968. S. Giet, Les idées et l'action sociale de St Basile, Paris 1941.
164 MÉLANGES IVAN DUJCEV G.L. Kurbatov, Klassovaja suscnost ucenija Joanna Zlatousta (The social accents in the teaching of John Chrysostomos), « Ejegodnik Muzea istorii religii i ateizma», II, 1958, Leningrad, 80-106. H.J. Magoulias, The lives of Byzantine Saints as sources of data for the history of Magic in the VI and VII cent. A.D., in « Byz », 37 (1968) 228-269. G.R. Monks, The Church of Alexandria and the City’s économie life in the VIth century A.D., « Spéculum», 38 (1953), 349-362. A. Philipsborn, La compagnie d'ambulanciers « parabolani» d'Alexandrie, in, «Byz» XX, (1950), 185-190. A. Philipsborn, Der Fortschritt in der Entwicklung des byzantinischen Krankenhaus- wesens, in « B.Z. », 54 (1961), 338-365. A. Puech, St Jean Chrysostome et les mœurs de son temps, Paris 1891. S. Petrides, Spoudaioi et Philoponoi, « Échos d’Orient », 7 (1904), 341-48. G. Schreiber, Byzantinisches und abenlandisches Hospital, in « B.Z. », 42 (1943), 116- 149 ; 373-376. A. ViShniakoff, Imperator Iulian Otstupnik i litieratunaja polemika s nim Kirilla archie- piskopa Aleksandrijskago (The polemic of st. Cyril, archbishop of Alexandria with Julian the Apostate), Symbirsk 1908. B.H. Vandberghe, St. Jean Chrysostome et les spectacles, « Ztschr. für Religions und Geistesgeschichte », 7 (1955) 34-46. D. Zani de Ferrante Abrahamse, Hagiographical Sources for byzantine Cities 500- 900 A.D. A dissertation for the degree of Ph. Dr. in the University of Michigan, 1967 (Univ. of Michigan microfilms).
SERBEN, TÜRKEN UND BYZANTINER VON DER TÜRKISCHEN EROBERUNG KALLIPOLIS’ (1354) BIS ZUR SCHLACHT AN DER MARICA (1371) Jadran Ferluga Ivan Dujcev, dem diese Festschrift gewidmet ist, hat sich noch vor kurzer Zeit mit der Eroberung der Balkanhalbinsel durch die Türken in einem Artikel über die Epoche zwischen der Schlacht an der Marica (1371) und der auf dem Amselfeld (1389) beschâftigt1. Es ist kein Zufall, dap er seine Studie mit der serbischen Niederlage von 1371 angefangen hat, da auch er ohne Einschrânkungen dem Urteil Ostrogorskys, dap « ... der osmanische Sieg an der Marica, der grôpte und folgenschwerste vor 1453...» für Byzanz so wie für die Vôlker und Staaten der Balkan- halbinsel gewesen sei, beipflichtet2. In diesem Beitrag zur Ehrung meines guten Freundes môchte ich für die vorhergehende Période, die den Zeitraum zwischen der Einnahme von Kallipolis durch die Türken und der Schlacht an der Marica umfapt, mich nur auf einige neuere Ergebnisse der For- schung, besonders jene, die die innere Entwicklung in Byzanz und Serbien betreffen, beschrânken. 1. I. Dujcev, Ot C.ernomen do Kosovo polje. Kum istorijata na tursko zavoevanie v Trakija prez poslednite desetiletija na XIV v., « Izvestija na Trakijskija naucen institut» 2 (1970), 73-105, jetzt auch in : I. Dujcev, Bulgarsko srednovekovie, Sofija 1972, 546-587. 2. G. Ostrogorsky, Geschichte des byzantinischen Staates, München 19633, 447.
166 MÉLANGES IVAN DUJCEV Der Zeitabschnitt, der hier betrachtet ist und der kaum 20 Jahre umfapt, hat für die Entwicklung Europas und ganz besonders der Balkanhalbinsel eine weitreichende Bedeutung und trotzdem gehôrt er, so wie die ganze Période des ausgehenden Mittelalters (14. und 15. Jh.) zu den dunklen Zeitabschnitten der Geschichte Südosteuropas3. Mit der Eroberung von Kallipolis begann eine neue Epoche : die der endgültigen Ansiedlung der Osmanen auf dem Boden Europas. Sie markiert den Ausgangspunkt zur Bildung des grôpten Reiches der Neuzeit in Südosteuropa, für die Vôlker der Balkanhalbinsel aber den Anfang des Endes ihrer Unabhân- gigkeit. Man hat sich schon lângst mit Recht gefragt, wie es überhaupt môglich war, dap die Türken so rasch und leicht in Europa Fup fassen konnten. Jede Epoche hat der gestellten Frage ihre, dem Zeitgeist oder der Auffas- sung des einzelnen Forschers entsprechende Antwort gegeben. Es ist nicht nôtig, hier die Entwicklung der Geschichtsschreibung zu verfolgen4, desto mehr, da wir nur einigen Problemen dieser Entwicklung uns widmen wollen. Die Osmanen überquerten die schmale Meeresenge der Dardanellen5, nachdem das byzantinische Reich praktisch ganz Kleinasien, auper ein paar Stâdten, endgültig an die Türken verloren hatte. Aber auch auf dem Balkan war die Lage der Byzantiner nicht besser : Serben, Venezianer und Genuesen hatten grope Gebiete erobert. Der byzantinische Macht- bereich beschrânkte sich auf Thrakien und die Inseln im nôrdlichen Teil des âgâischen Meeres, auf das durch die serbischen Eroberungen abgeschnit- tene Thessalonike und auf einen Teil der entlegenen Peloponnes. Schlimmer aber als die territoriale Verstümmelung war die wirtschaftliche und die 3. E. Werner, Die Geburt einer Groümacht. Die Osmanen (1300-1481). Ein Beitrag zur Genesis des türkischen Feudalismus, Wien-Kôln-Graz 1972 2, 116 und die dort zitierte Literatur. 4. Ohne den Ehrgeiz zu haben, daB hier eine vollkommene Auswahl getroffen wurde, sollen doch einige neuere Werke wegen ihres synthetischen Charakters aufgezâhlt werden, die aile mit reichen Verzeichnissen von Quellen undLiteratur versehen sind: Werner, Osmanen, 3 sqq. ; H. Inalçik, The Ottoman Empire. The Classical Age 1300-1600, London 1973 ; The Cambridge Médiéval History, Vol. IV : The Byzantine Empire, Part I : Byzantium and his Neighbours, ed. J.M. Hussey, D.M. Nicol, G. Cowan, Cambridge 1966 ; Ostrogorsky, Geschichte, 384 sqq. ; D.M. Nicol, The last Centuries of Byzan- tium, 1261-1453, London 1972. 5. Tzympe wurde schon 1352 erobert, aber die Bedeutung Kallipolis’, das im Mârz 1354 in türkische Hânde fiel, ist viel grôBer ; zur Chronologie cf. Ostrogorsky, Geschichte, 437-438, Anm. 1.
SERBEN, TÜRKEN UND BYZANTINER 167 finanzielle Krise des byzantinischen Staates, begleitet von dem Zusammen- bruch der Zentralmacht und der Auflôsung des Verwaltungssystems6. Es wird heute allgemein angenommen, dap die spâtbyzantinische Epoche, besonders die der Palaiologen, durch grundsâtzliche Elemente des Feuda- lismus gekennzeichnet ist. Eines von diesen ist das sogenannte Apana- gensystem7. Die Apanagen — es sei nebenbei bemerkt, dap der Termin nicht sehr glücklich ausgewâhlt ist8 — kommen am hâufigsten um die Mitte des 14. Jh. vor, in einer Zeit also der Hôchstentwicklung der feudalen Institutionen in Byzanz. Als Apanagesystem ist eine bedingte Aufteilung des Staatswesens im Kreise der Dynastie und die zum gropen Teil unab- hângige Verwaltung durch die jüngeren Mitglieder der Herrscherfamilie über grôpere Gebiete zu verstehen. Die Entstehungs- und Entwicklungs- geschichte der Apanagen beweist, dap die gesellschaftlichen Beziehungen der Mitte des 14. Jh. es Johannes Kantakuzenos9 sowie seinen Nach- folgern ermôglicht haben, das System breit anzuwenden. Das führte zu einer feudalen Zersplitterung und Zerstôrung der Reichseinheit, so dap seit dieser Zeit das ganze Territorium des Staates praktisch in Apanagen aufgeteilt war10. Dadurch wurde die Verteidigungskraft von Byzanz vorerst stark gelâhmt, dann bedeutend geschwâcht und baldvôlligzerstôrt. Auch das einst vorzügliche Verwaltungssystem, aus dem die Apanagen nicht wegzudenken sind, fiel dem allgemeinen EntwicklungsprozeP in Byzanz zum Opfer ; und wie es letzlich Maksimovic in seinem hervorra- genden Buch über die Verwaltung in der Palaiologenzeit11 ausführlich 6. Cf. unter anderem Ostrogorsky, Geschichte, 433-440, und D Zakythinos, Crise monétaire et crise économique à Byzance du XIIIe au XVe siècle, « L’Hellénisme Contem- porain », Athènes 1948, 1-148. 7. Cf. J.W. Barker, The Problem of Appanages in Byzantium during the Palaiologan Period, « BuÇavvivà » 3 (1971), 103-122, grundlegend ist aber Lj. Maksimovic, Geneza i karakter apanaza u Vizantiji, «Zbornik radova Viz. inst. » XIV/XV (1973), 103-152, mit englischer Zusammenfassung und altérer Literatur. 8. Barker, o.c., 119 sqq. 9. Cf. die neueste Literatur : Lj. Maksimovic, Politicka uloga Jovana Kantakuzina poste abdikacije (1354-1383), « Zbornik radova Viz. inst. » IX (1966) 119-188, mit engli- scher Zusammenfassung 189-193 ; D.M. Nicol, The Byzantine Family of Kantakou- zenos (Cantacuzenus), ca. 1100-1460. A Geneological and Prosopographical Study, Wa- shington 1968, 35-103; G. Weiss, Jbannes Kantakuzenos — Aristokrat, Staatsmann, Kaiser und Mônch — in der Gesellschaftsentwicklung von Byzanz im 14. Jahrhundert, Wiesbaden 1969 (aber nur bis zum Rücktritt). 10. Maksimovic, o.c., 104, 130 sqq. 11. Lj. Maksimovic, Vizantijska provincijska uprava u doba Paleologa, Beograd 1972 ; cf. die Rezension von G. Prinzing in « Südostforschungen » XXXIII (1974), 509-511 und von G. Weiss in « BuÇavrivà » 7 (1975), 402-410.
168 MÉLANGES IVAN DUJCEV analysiert und gezeigt hat, bildeten sich bis zur Mitte des 14. Jh. Verwal- tungseinheiten für die der Termin « Thema » sich durchgesetzt hatte. Diese kleinen Bezirke, aus einer Stadt oder Stâdtegruppe mit umliegender Région bestehend, waren von einem « Kephale » oder « Dux » verwaltet und in ihnen fand nicht nur die Privatisierung des Gouverneuramtes statt, sondern es kam auf allen Stufen der Provinzbeamtenschaft zu einer Verflechtung mit der Landesaristokratie — und das gilt in anderen Formen auch für die stâdtische Verwaltung — die der Zentralregierung ihre ôko- nomische und finanzielle Basis dauernd schmâlerte und endlich entzog12. Die Resultate der neueren Forschung haben folglich bestâtigt, dap von der Mitte des 14. Jh. Byzanz durch das Fortschreiten der feudalen Krâfte mehr und mehr unfâhig wurde, sich aus sich selbst heraus dem türkischen Vormarsch zu widersetzen. Da die kritische Lage des byzanti- nischen Reiches, grundsâtzlich von der inneren Schwâche verursacht, sich durch die âupere Bedrohung dauernd verschlimmerte, hat man sich mit Recht die Frage gestellt, ob es Wege gegeben hatte, die Krise des byzan- tinischen Staates zu bewâltigen. Das Problem wurde in der modernen Historiographie behandelt13. Angeboten wurden verschiedene Antworten, die die Lôsung auf dem inneren und âuperen Plan suchten. In Byzanz setzte man Hoffnung auf die Hilfe aus dem Ausland, besonders dem west- lichen, aber die europâischen Staaten und das Papsttum zeigten kein gropes Interesse an der Vertreibung der Türken. Da oben einiges zur inneren Entwicklung in Byzanz gesagt wurde, môchte ich auf Grund der neueren Literatur hier nur einen Aspekt dieses Problèmes, nâmlich die Bedeutung Serbiens in dieser Zeit, analysieren. Die grôpte Macht auf dem Balkan war um die Mitte des 14. Jh. Serbien14. Heute wissen wir, dank der eingehenden Analyse von Mihaljcic, dap sie es blieb für eine gewisse Zeit, auch nach dem Tod des Zaren Stephan Dusan im Jahre 135515. Trotz der wachsenden Schwâche der Zentral- macht und trotz der selbstândigen und halbselbstândigen Dynastien in 12. Ostrogorsky, Geschichte, 433-434, 439-440 ; Maksimovic, Viz. uprava, 7-19 und passim. 13. Werner, Osmanen, 144-150, 332-334 und die dort besprochene Literatur. 14. Für die byzantinisch-serbischen Beziehungen überhaupt und auch für die hier betrachtete Epoche, cf. besonders G. Ostrogorsky, Problèmes des relations byzantino- serbes au XIVe siècle, Proceedings of the XlIIth International Congress of Byzantine Studies, Oxford 1966, Main Papers II, 1-15, jetzt auch in : Byzanz unddie Welt der Slaven, Beitrage zur Geschichte der byzantinisch-slavischen Beziehungen, Darmstadt 1974, 73-87, wie auch Nicol, The Last Centuries, 165-266. 15. R. Mihaljcic, Kraj srpskog carstva, Beograd 1975, 11 sqq.
SERBEN, TÜRKEN UND BYZANTINER 169 den sechziger Jahren, stellten die Serben noch immer eine relativ starke Militârmacht dar, besonders in einigen Teilfürstentümern. So war sogar der Staat von Serrhes, wie es letztlich Ostrogorsky in seinem meisterhaften Buch gezeigt hat, stârker geworden als er es früher war16. In Serbien war auch die Zentralmacht auf dem Wege der Festigung, seitdem Kônig Vukasin als Mitregent des Zaren Uros die Zügel der Macht in seine Hânde genom- men hatte, obwohl auch er sich grundsâtzlich auf sein Gebiet stützte17. Als immer neue Gebiete und Stâdte in Thrakien von den Türken erobert wurden und osmanische Scharen zum erstenmal unter die Mauern von Konstantinopel kamen (1359), wandte sich die Regierung des Kaisers Johannes V. Palaiologos im Jahre 1364 an Jelena, Dusans Witwe, die die Herrscherin des Gebietes von Serrhes war, aber durch den plôtzlichen Tod des Patriarchen Kallistos, der die Verhandlungen führte, kam es zu keinem Ergebnis18. Fast ohne jedes Résultat — wenn man von der Expédition Amadeos von Savoyen, der 1366 Kallipolis von den Türken zurückeroberte, absieht — blieben auch die Reisen des byzantinischen Kaisers Johannes V., zuerst nach Ungarn und nachher nach Rom und Venedig19. Es war das erste Mal, dap ein byzantinischer Kaiser in die Fremde reiste, um Hilfe zu erbitten ; bisher waren es andere Herrscher, die nach Konstantinopel kamen, um den Kaiser zu begrü0en : so trostlos und bedrângt war die Lage des alten Reiches geworden. Verhandlungen für ein militârisches Bündnis mit Byzanz wurden im Jahre 1371 von seiten des Despoten Johannes Ugljesa, der im Staat von Serrhes seit 1365 herrschte, wâhrend seiner Vorbereitungen der Offensive gegen die Türken, wieder aufgenommen. Über das Gebiet von Serrhes, seine innere Entwicklung und Beziehungen zu Serbien, Byzanz und den Türken haben wir unsere Kenntnisse seit dem Erscheinen der eben erwâhnten Monographie Ostrogorskys grund- sâtzlich erweitert20. Es handelt sich nicht nur um die Bereicherung der 16. G. Ostrogorski, Serska oblast posle Dusanove smrti, Beograd 1965, 80 sqq,. 134. 17. Mihaucic, Kraj srpskog carstva, 152-153. 18. Ostrogorsky, Geschichte, 443. 19. Ostrogorsky, Geschichte, 444-446. Für die Expédition Amadeos von Savoyen cf. jetzt E.L. Cox, The Green Count of Savoy. Amadeus VI and Transalpine Savoy in the Fourteenth Century, Princeton N.J. 1967, 218-220, 231. 20. G. Ostrogorski, Serska oblast posle Dusanove smrti, Beograd 1965, cf. die Rezension von S. Cirkovic in BZ 60 (1967), 112-114, und eine franzësische Zusammen- fassung von H. Miakotine in « Travaux et Mémoires » 2 (1967), 569-573. Für die Verhand- lungen der Gesandten aus Serrhes in Konstantinopel cf. Ostrogorski, Serska oblast, 137-139.
170 MÉLANGES IVAN DUJCEV Geschichte dieses Gebietes, die bisher noch ziemliche Lücken aufwies, durch neue Kenntnisse oder durch Berichtigung alter Vorstellungen, was sicher sehr wichtig ist, sondern auch darum, dap die Rolle des Despoten Johannes Ugljesa in neues Licht gerückt ist : er erscheint als einer der ganz wenigen Herrscher, die die Gefahren der Ansiedlung der Osmanen nach 1354 klar gesehen und entsprechend gehandelt haben. Wahrend Kaiser Johannes V. Palaiologos im Ausland war und sich, wie es der zeitgenôs- sische Schriftsteller Demetrios Kydones schildert, « vergeblich ohne jeden Nutzen für unser Vaterland mühte » und Bulgarien zersplittert und schwach war, ja sogar sich mit den türkischen Eroberern verbunden hatte, hat Johannes Ugljesa als einziger auf dem Balkan mehrere Mapnahmen in Ansicht der wachsenden türkischen Gefahr getroffen. Er stellte den kirchlichen Frieden mit Byzanz, der durch die Erhebung Stephan Dusans zum Kaiser und die Errichtung des serbischen Patriar- chates verursacht wurde, im Jahre 1368 (vom byzantinischen Patriarchen erst 1371 verôffentlicht) wieder her und erkannte die Rechte des konstan- tinopolitanischen Patriarchats in seinem Herrschaftsgebiet an21. Zwischen 1363 und 1369, nachdem die Türken das griechische Komotini (türk. Gümüldzina) hôchstwahrscheinlich erst 1364/65 eingenommen hatten, eroberte Johannes Ugljesa das Gebiet zwischen dem Flup Nestos und dem Bistonisee (heute Lagos) und verlegte so die Grenze seines Staates so weit nach Osten, dap er jetzt eine gemeinsame Grenze mit dem tür- kischen Staat hatte22. Das oben erwâhnte Bündnis, das im Sommer 1371 Gesandte des Despo- ten Johannes Ugljesa in Konstantinopel gegen den gemeinsamen Feind der byzantinischen Regierung vorgeschlagen hatten, und dem der Kirchen- friede von 1368 den Weg geebnet hatte, kam nicht zustande. Auf der Suche nach Verbündeten wandte sich Johannes Ugljesa auch an seinen Bruder Kônig Vukasin. Wie es Ostrogorsky bewiesen hat, war Vukasin kein Teilfürst, sondern er wurde vom Zaren Uros im Sommer des Jahres 1365 zum Mitregenten erhoben und wie das in Serbien üblich war23, mit der Kônigswürde bekleidet, in derselben Zeit also als Johannes Ugljesa die Despotenwürde erhielt. Die Teilnahme von Kônig Vukasin an dem Krieg 21. Ostrogorski, Serska oblast, 129-136. 22. Ostrogorski, Serska oblast, 31-37 ; E.P. Naumov, K. istorii serbo-vizantijskoj granicy vo vtoroj polovine XIV v., «Viz. Vrem. » 25 (1964), 231-233. 23. Ostrogorski, Serska oblast, 7-13 ; Mihaljcic, Kraj srpskog carstva, 87-97, und die dort zitierte altéré Literatur ; für die Bedeutung der Fresken für dieses Problem jetzt auch cf. V.J. DjuRié, Byzantinische Fresken in Jugoslawien, München 1976, 100-115.
SERBEN, TÜRKEN UND BYZANTINER 171 gegen die Türken bekommt dadurch eine besondere Bedeutung : Er stellte für die bevorstehende Offensive nicht nur die Krâfte seines Teilfür- stentums auf, sondern die des gropen serbischen Reiches. Dadurch fand der Despot Johannes Ugljesa in seinem Bruder Kônig Vukasin den z.Zt. stârksten Verbündeten auf der ganzen Balkanhalbinsel24. Ein besseres Verstândnis, der Ereignisse in Serbien nach dem Tod des Kaisers Stephan Dusan 1355, das wichtig ist für die richtige Einschâtzung des hier behandelten Problemkreises, bringt das schon erwâhnte Buch von Mihaljcic, das 1975, also vor ganz kurzer Zeit, erschienen ist25. Wir brauchen uns hier nicht damit ausführlich zu befassen ; es sollen nur einige bedeutendere Ergebnisse einbezogen werden. Mitte des Sommers 1371 ergriff Johannes Ugljesa die Initiative für den Anfang der Offensive gegen die Türken. Kônig Vukasin unterbrach den Krieg gegen Nikola Altomanovic im Westen und eilte nach Serrhes. Der Despot hatte sich für den Angriff entschieden, nicht weil die türkischen Krâfte irgendwo in Kleinasien gewesen waren, sondern zu einer Zeit des verstârkten türkischen Druckes in Europa. Johannes und Vukasin mar- schierten direkt auf Adrianopel, das die Hauptstadt des Sultans, wie man jetzt als fast sicher annehmen kann, erst seit 1369 war26, wodurch ihr Ziel, die Türken aus Europa zu verjagen, klar zum Ausdruck kam. Zur Schlacht bei Cernomen an der Marica, über die man nichts Zuver- lâssiges weip27, kam es am 26. September 1371. Die beiden Brüder Johannes und Vukasin verloren das Leben und eine grope Zahl von Serben wurde niedergemetzelt. Es war nach Ostrogorsky « der grôpte und folgenschwer- ste Sieg der Türken vor 1453. Das erste Résultat war der Zusammen- bruch des Staates von Serrhes, die weiteren Folgen der Untergang aller Balkanstaaten, deren Eroberung nur noch eine Frage der Zeit war>>28 Es wurde aber auch die zur Zeit einzige und stârkste Macht auf der Balkan- 24. Ostrogorski, Serska oblast, 7-13, 140. 25. R. Mihaljcic, Kraj srpskog carstva, Beograd 1975. 26. Das Datum der Eroberung Adrianopels durch die Türken ist ein viel und lange umstrittenes Problem. Letztlich scheint doch das Jahr 1369 akzeptiert zu sein, cf. I. Beldiceanu-Steinherr, La conquête d'Andrinople par les Turcs. La pénétration turque en Thrace et la valeur des chroniques ottomanes, «Travaux et Mémoires» 1 (1965), 439- 461 ; E.A. Zachariadou, The Conquest of Adrianople by the Turks, «Studi Veneziani» XII (1970), 211-217 ; so jetzt auch D.M. Nicol, The Last Centuries of Byzantium, 285. 27. Das gilt für aile Beschreibungen, da sie auf spâteren Quellen beruhen, cf. S. Cir- kovic, Dopune i objasnjenja in St. Novakovic, Srbi i Turci XIV i XV veka, Beograd 1960, 448, und auch G. Skrivanic, Bitka na Marici (26 septembra 1371. godine). « Vojno- istorijski Glasnik» 3 (1963), 71-94. 28. Ostrogorski, Serska oblast, 142-143 ; cf. Anm. 2.
172 MÉLANGES IVAN DUJCEV halbinsel, die den Türken den Weg nach Europa zu sperren versucht hatte, endgültig ausgeschaltet. Dieses Urteil über die Bedeutung der Schlacht an der Marica kônnte im ersten Augenblick etwas übertrieben erscheinen und es ist auch nicht das allgemein akzeptierte, auch nicht in der neuesten Geschichtsschrei- bung29. Es kônnte deswegen von Nutzen sein, sich die Folgen des Sieges der Türken etwas nâher anzusehen. Byzanz geriet bald nach der Schlacht an der Marica in die formelle Abhângigkeit vom osmanischen Herrscher ; es wurde ein Vasallstaat, der Tribut zahlen und Heeresfolge leisten mupte. Schon 2 Jahre nach der Schlacht begleitete der byzantinische Kaiser Sultan Murat auf einer Kriegs- expedition in Kleinasien30. Um dieselbe Zeit erkannte auch der bulgarische Kaiser Johannes Sisman, seit Februar 1371 Nachfolger von Johannes Alexander, die türkische Hoheit an und schickte seine Schwester Tamara in Murats Harem31. Das Gebiet von Serrhes kam wieder in byzantinische Hânde. Im Novem- ber 1371 wurde es vom Despoten Manuel, der in Thessalonike das Zentrum seiner makedonischen Apanage hatte, wieder besetzt. Es war aber ein Scheintriumph : Im Jahre 1383 nahmen die Türken Serrhes und 1387 Thessalonike ein32. Vasallen der Türken wurden nicht nur Vukasins Nachfolger Marko, der legendâre Kraljevic Marko von Prilep33, sondern auch die Brüder Johannes und Konstantin Dragas, unter denen sich ein gropes Gebiet mit den Zentren in Strumica und Stip befand34. 29. Ein Urteil, das dem von Ostrogorsky sehr nahe steht, gab schon St. Novakovic, Srbi i Turci XIV i XV veka. Istorijske studije o prvim borbama s najezdom turskom pre i posle boja na Kosovu, Beograd 1960, 233 (es besteht eine deutsche Übersetzung von K. Jezdimirovic, Semlin 1897, leider ziemlich schlecht) in der ersten Ausgabe aus dem Jahre 1893. Es ist unnotig aile Beurteilungen anzuführen und man kann sich auf einige neuere Werke beschrânken. Àhnlich wie Ostrogorsky beurteilen die Schlacht bei Cerno- men M. Dinic in der Cambridge Médiéval History, Vol. IV, 542 ; I. Dujcev, Ot Cerno- men do Kosovo polje, 546-551 ; Nicol, The Last Centuries, 286, übernimmt die Formulie- rung von Ostrogorsky, schwâcht sie aber mit einem « perhaps » ab. Für Werner, Osma- nen, 157, ist es eine Entscheidungsschlacht und nach der Istorija Vizantii, tom. III, Moskau 1967, 165, ôffnete sie endlich den Türken den Weg zur Eroberung der Balkanhalbinsel. Inalçik, Ottoman Empire, 12, erwâhnt sie kaum und miBt der Schlacht von Kosovo, ib. 15, entscheidende Bedeutung zu. 30. G. Ostrogorsky, Byzance, Etat tributaire de l’Empire turc, « Zbornik radova Viz inst. » V (1958), 49 sqq. 31. Girkovic, Dopune i objasnjenja, 450. 32. Ostrogorski, Serska oblast, 143-146. 33. Mihaljcic, Kraj srpskog carstva, 166-168. 34. Ibidem, 173-184.
SERBEN, TÜRKEN UND BYZANTINER 173 Es war die Politik des Sultans Murat I. (1362-1389) seit 1371, um den türkischen Staat herum ein breites System von Vasallstaaten aufzubauen, aber nicht nur auf der Balkanhalbinsel sondern auch in Kleinasien (z.B. Kandariden in Kastamonu, Hamiden in Antalya). Sein Nachfolger Bajezid I. (1389-1402) brach mit dieser Politik seines Vaters, mit dem Ziel, einen zentralisierten Staat aufzubauen. Zu den Ereignissen, die sich auf die innere Entwicklung von Byzanz auswirkten, aber weitreichende Folgen hatten, gehôrt nach 1371 die Ent- scheidung der byzantinischen Regierung, nicht nur den Klôstern des Heili- gen Berges und des Gebietes von Thessalonike, sondern allen die Hâlfte ihres Besitzes zu entziehen und es als Pronoialehen zu vergeben, um da- durch die byzantinische Abwehrkraft zu verstârken. Diese Lândereien wurden den Klôstern nie zurückgegeben, da sich die Lage nicht ver- besserte, sondern nur schwieriger und tragischer wurde35. Territorial gesehen erweiterten die Türken unmittelbar nach 1371 ihr Machtgebiet am wenigsten. Der Sieg an der Marica aber hatte ihnen die Wege in Richtung Bulgarien und der Donau sowie in Richtung Make- donien und von da aus nach Griechenland, Albanien, Serbien und Bosnien geôffnet, die sie bis 1402 mit grôpten Erfolgen betraten ; und sie festigten ihre Lage in Thrakien. Einiges wurde nur angedeutet oder bewupt ausgelassen. Die Türken wurden oft nebenbei erwâhnt, obwohl sie dauernd anwesend waren ; und man soll nicht vergessen, dap für sie diese Epoche eine der grôpten Wenden ihrer Geschichte darstellt. Es war der Anfang einer systematischen türkischen Kolonisation und der Versuch, einen Teil der Balkanhalbinsel zu türkisieren ; der türkische Staat wurde zu einem der bedeutendsten in Südosteuropa ; es entstanden neue Verwaltungsformen ; es fing eine neue Phase des Feudalisierungsprozesses an mit der Vergabe von Timaren (1368), wahrscheinlich wurde zu dieser Zeit das Janitscharenkorps orga- nisiert, usw.36 um nur einige der wichtigsten Verânderungen zu erwâhnen. Wie bedeutend diese Zeitspanne für die Vôlker und Staaten auf der Balkan- halbinsel war, wurde vorher gezeigt. Damais wurden die Grundlagen für einen türkischen Brückenkopf in Europa gelegt, die durch den Sieg von 1371 endgültig gesichert und anschliepend befestigt wurden, so dap der türkische Staat den Rückschlag von 1402 aushalten und überstehen konnte. 35. Ostrogorski, Serska oblast, 146. 36. Werner, Osmanen, 153 sqq.
174 MÉLANGES IVAN DUJCEV Am Ende môchte ich unterstreichen, daP diese relativ kurze Epoche von kaum 20 Jahren, der sich in der letzten Zeit die Forschung mehr und mehr gewidmet hat, diese Aufmerksamkeit verdient, da es damais zu einer solchen Konzentration von alten und neuen, sozialen, wirtschaftlichen, militârischen, politischen und überhaupt historischen Phânomenen gekom- men ist, wie kaum zu einer anderen Zeit.
CAP0V0LG1MENTI SEMANTICI E TRASMISSIONE DELL’ ANTICO Antonio GARZYA Il termine Kappyjma è fra quelli che per la pregnanza e la molteplicità semantica, nonché per la tenace vitalità, più valgono a caratterizzare la continuité e la versatilité dello spirito greco sia nella fase classica e elle- nistica che dopo il ferace incontro col cristianesimo, e giù giù sino all’eté di mezzo1. Guardando a volo d’uccello all’itinerario semantico del termine, si puô osservare che esso, originariamente connesso nell’Atene del v secolo a.C. con la facolté, e quindi col diritto, di dire quanto si pensa, si applica poi alla sfera morale, corne diritto di dire la vérité, di parlare con franchezza (o, negativamente, con eccessiva franchezza), e a quella religiosa, a indicare la 'fiducia’ con la quale il pio rivolge a Dio la sua preghiera o il 'coraggio’ con il quale il cristiano dichiara in pubblico la propria fede. Ma il ventaglio 1. Sulla storia del termine manca una trattazione esaustiva. Si pub consultare l’articolo relative di H. Schlier in Theologisches Wbrterbuch zum NT hrsg. von G. Kittel u. G. Friedrich, V (1954), 869-884 ; G. Scarpat, Parrhesia. Storia del termine e delle sue traduzioni in latino, Brescia 1964 (a p. 29, 2 bibliografia). Fra i contributi successivi si citano N.B. Tomadakis, ÜAPPHSIA - ÜAPPHSIASTIKOS, in ’Etct. 'Eratp. SrtouS. XXXIII (1964), p. 100; M. Gioante, Philodème : Sur la liberté de parole, in Actes du VIIIe Congrès de l’Ass. G. Budé, Paris 1969, pp. 196-217 ; G.J.M. Bartelink, Quelques observations sur naoorirda = Graecitas et Latinitas Christianorum Primaeva, Suppl. III, Nijmegen 1970, pp. 19ss. Menzione a sé mérita il lavoro di W.C. van Unnik, De semitische achtergrond van naQÿqala in het Nieuwe Testament, in « Mededel. der koninkl. Nederlandse Akad. », 1962, pp. 585-601, dal quale emerge la contrastata dialettica dell’acclimatazione di rrapp-qata in terreno greco-cristiano.
176 MÉLANGES IVAN DUJCEV delle sfumature che assume nei secoli è molto piû ampio. Nell’ insieme, peraltro, si puô osservare che l’elemento déterminante, anche etimologi- camente, del valore primo del termine, l’esercizio, cioè, del dire, viene messo in ombra, corne accade, da notazioni inizialmente accessorie e concomitanti assunte, ora, in sé e per sé, si che nappycia si trova a esser detto di « liberté d’azione », « libéralité, munificenza », « tranquillité, sérénité », oppure di « sicurezza di vita, fiduciosité », « abbondanza, facolté di », ecc.2, con un processo che potremmo dire di « deconcretiz- zazione» semantica destinato a culminare in epoca tardobizantina, quando il termine varré, nel greco volgare (Kappyjmà), poco piû di « pregio, qualité »3. La nota présente riguarda invece un caso di riviviscenza, natural- mente sui generis, délia accezione classica primaria in un ambiente culturale affatto insospettato4 quai è quello délia letteratura ascetica dei primi secoli. Prendiamo un luogo degli Apophthegmata patrum (PG LXV 373ab, 7t. toü àppà IIiotoü) nel qua>e l’anacoreta Sisoe intrattiene su tèmi spirituali alcuni ascoltatori. Prima espone, parlando degli 'abbati’ Or e Atre, un mirabile esempio di obbedienza ; poi i presenti gli chiedono un supplemento di dottrina e egli risponde con la sentenza '0 xaTÉ/œv to à4*r)<pioTov èv yvcooct, ettiteXeI Ttàoav tvjv Tpaqwjv ; si ha infine lo squarcio dialogico che c’interessa : IlâXtv eTepoç Tjpiûv eIttem aÙTÔ? « Tl ècm ^cvtTcla, IlaTcp » ; Kal eIke* « S(.a>7ra xal etTcé" Oùx è'/co Kpocypa, Èv 7ravTt tokco oîtou Éàv à7rép/7]- xal aÜTT] eotIv t; ^evtreloc »5. Si dé ivi una definizione délia ^EvtTcla monastica, la « fuga dal mondo » che Nilo di Ancira dice kocott) twv XapiKpûv aycovio-piaTcov (tract, ad Eulog. 2 = PG LXXIX 1096b). La ÇcviTcla — si dice — consta di due elementi : oicoKav e oùx è'/ctv Kpôcypia. Il secondo è la mancanza tanto di béni quanto di impegni mondani, di 'affari’6 ; il primo non è il classico 2. Documentazione nei lavori sopra citati. 3. Cosi, p. es., nel /CcovaravTii’owioÂecoç, ed. G. Zoras in Ilapvaaaùç 1 (1959), pp. 329ss. (v. 140 7) -rjBovri aou êStâp-qxev, ol Ttapp-qatèç TtapTjX&ov ). 4. Cfr. Scarpat, op. cit., pp. 102ss. 5. Il testo occorre con qualche giunta nel « codice Regio 932 » (ap. Migne, che ripete il Cotelier) : ...Oùx 7rpàyp.a’ xal toüto ttoIei èv Ttavrl xaipÿ xal tùttw xal 7rpâyp.aTi- xal a(5rï) èarlv r) àXï)&7;<; ÇevtTela, versione che a sua volta coincide a un di presse con l’apoftegma 7 délia sérié attribuita a S. Macario Magno d’Egitto ( = PG XXXIV 236a). 6. Pensiamo piû a quest’accezione, generica, che all’altra, specifica e tecnica, che è talora, anche negli Apophthegmata (ved., p. es., 260b), dell’espressione êxetv ^pàypia ( =» « non essere, non essere ritenuto, responsabile » di qualcosa).
CAPOVOLGIMENTI SEMANTICI 177 silenzio monastico (corne descritto, ad esempio, da Diadoco di Fotice nel decimo dei suoi Capita centum de perfectione spiritualï), ma ciô che si trova corne a monte di taie silenzio, la sua motivazione prima e più profonda, ossia la rinuncia al 'diritto’ di parlare. In altri termini, cncoKâv ha qui valore pregnante, sta corne antonimo di rcappvpla nel senso di « diritto alla (liberté di) parola ». A provarlo valgano le seguenti consi- derazioni : 1) In testi affini al nostro occorre l’accostamento, per antitesi, fra oÎxéttjç «schiavo» e mxppvjala ; cosi, per esempio, in Palladio, hist. Laus. 32,7 ...(va xàv cuç oixérai tt]v aùvTa^tv KXyjpoüvTEÇ tî;ç KoXiTEtaç SiaTe&cômv èv KappTjola, dove l’ultimo commentatore, il Bartelink, giusta- mente osserva : « forse [ma eliminerei ogni riserva] c’è qui un’antitesi voluta tra i termini oixérai e nappvjala : in fondo solo il cittadino libero possedeva il diritto di parlare nell’ assemblea politica (che aveva la Ttappvjma) »7. Non diverso senso ha l’elogio délia ravta in quanto produttrice di Kappyjcrta che si legge in Giovanni Crisostomo, hom. 18, 2 in Heb. (XII 176c-177b Montf.) : ...ôpaç cm toüto |xàXtc7Ta koleï tt]v Trappyjcrfav, 7) KEvia; ...oùx àv ouv, si % nevlx ekoIei. à-TrocppT)- oràaTouç, ô XpicjToç piETà Kcvlaç EKEpiTTE Toùç pia&7)Tàç elç Trpôcypia Trappvjcriaç KoXXîjç ScépiEvov8. 2) La ^cviTsia monastica viene connessa con la KappTjcrla anche in altri testi : per esempio in Giovanni Climaco (PG LXXXVIII 665) che la dice aKappyjalacrTov yj-hoç. Si puô anche citare un luogo degli Apophthegmata nel quale la connessione è quanto mai esplicita, e nel senso da noi indicato : ...îjX&e rcpoç aÙTÔv [tov à[3[3à 'Ayah-cova aczY.] àSsÀcpàç Xéycov ©éXco oixyoa!. picxà àScXcpcüv eIkov ptot ttcôç jaet’ aÙTÛv o’lxyjcko. AéyEt aÙTÛ ô yépcov 'Qç èv t?) rcpcoTy Tjpiépa ôte eîosp/y Kpoç aÙToùç, outcoç cpùz.aôov ttjv ^cviTciav trou Kacraç xàç Tjpièpaç rrjç Çcoîjç trou, tva pzàj 7tapp7)C7tac7&7)ç pier’ aÙTÛv (PG cit., 109a, k. toü âppà ’Ayà&covoç). 3) Il passo dal quale abbiamo preso le mosse, nella redazione ampliata da noi citata alla nota 5, précisa che occorre e oicûkSv e oùx s/eiv Kpàyp.a « in ogni circostanza e luogo e affare » : se i primi due riferimenti potrebbero essere ritenuti solo vagamente intensivi délia negazione implicita nel discorso, il terzo non puô che aveie una précisa forza allusiva : e allude infatti aile vicende délia vita e aile occasioni di 7. Cfr. Palladio, La storia Lausiaca, Introduzione di Christine Mohrmann, Testo critico e commente a cura di G.J.M. Bartelink, Traduzione di M. Barchiesi, Milano 1974 (« Fondazione Lorenzo Valla : Scrittori greci e latini »), p. 360. È da notare che la traduzione (p. 156) non concorda con il commentario ! 8. Altri esempî dai Padri in G.W.H. Lampe, A Patristic Greek Lexicon, Oxford 1961-68, s. vv. ffixppTjaia, B ; rtappTjaiàopiai, B.
178 MÉLANGES IVAN DUJCEV azione nelle quali il 'mondano’ puô usare del suo diritto di parlare, l’asceta deve rinunciarvi. Il ritorno dell’ accezione classica del vocabolo Trappyjota in ambiente monastico, sia pure corne entità da respingere vigorosamente (a un ptéyaç xaùcrcov la paragona l’anonimo degli Apophthegmata, l. cit.), sembra assodato. C’è da chiedersi se trattisi d’un casuale revival o d’una ripresa suggerita da particolari anelli intermedî. Si legga intanto un luogo célébré delle Fenicie di Euripide (vv. 388ss.) : lo. rt to aTÊpeaS-at KtZTplSoç ; î) xaxov p.éya ; üo. pteytoTov- ëpyco S’ÈgtI ptet^ov 7; Xoyco. lo. t!ç ô TpoTTOç aÙToü ; Tt (puyaotv to Suo/epéç ; Ho. êv ptèv ptéytoTov, oùx ë/et Kappyjolav. lo. S où/.ou t68’ ebraç, pzàj Xéyetv a tiç <ppovet. I punti di contatto con i luoghi degli Apophthegmata, nonché con quello di Palladio, da noi addotti, tenuto conto delle trasformazioni lessicali intervenute, sono evidenti e non pochi : a to aTépea&ai. KaxptSoç cor- risponde l;evt.T£ta, al posto di oùx ë/etv Kappyjotav c’è cncoKÔcv nel primo passo, in luogo di SoùXou, in Palladio, oIxéttjç. C’è in più anche la coinci- denza délia forma dialogica di apophth. 373ab con la sticomitia del dramma euripideo, per non parlare délia presenza, affermât! nel testo più antico negati nel più recente, degli stessi valori morali sottesi aile stesse espres- sioni. Se tutto ciô sia o no casuale è difficile dire. Sulla cultura dei mistici e degli ascetici del tardoantico non molto di sicuro si sa, anche se ormai si sia quasi tutti d’accordo nel valutare corne espressioni d’un particolare Kunstwollen certe manifestazioni di 'umiltà’ stilistica o di naïf. Certo, quando nella Historia monachorum leggiamo (13,11) una frase corne dtao tûv aîoh'/jTcûv èm Tà voTjTà àva/œpetv, possiamo anche esser d’accordo col Festugière nel dubitare che vi sia in essa la prova délia cultura filosofica dell’ autore9 ; dobbiamo perô riconoscere che non v’è neanche la prova del contrario. Né valgono molto, in proposito, le note riserve del monachesimo primitive nei riguardi délia cultura profana10 o il fatto che l’uno o l’altro motivo classico abbia origine topica11. In 9. Cfr. Historia monachorum in Aegypto, Édition critique du texte grec et traduction annotée par A.-J. Festugière, Bruxelles 1971 O< Subsidia hagiographica », n° 53), p. 88, 58. 10. Per cui cfr. A.-J. Festugière, Les moines d'Orient, I, Paris 1961, pp. 75-91. 11. Sul che cfr. A.-J. Festugière, Lieux communs littéraires et Thèmes de folklore dans l'hagiographie primitive, in «Wiener Studien» LXXIII (1960), pp. 123-152.
CAPOVOLGIMENTI SEMANTICI 179 alcuni casi, piuttosto, puô giovare riflettere sul Fortleben dei testi antichi e sulle possibili vie délia loro trasmissione indiretta. Per esempio, il luogo delle Fenicie euripidee chiamato or ora in causa résulta più volte citato da autori tardi : è due volte nel De exilio di Plutarco (599d-605f), è in Musonio, in Stobeo. Inoltre, è da tener présente che le Fenicie sono uno dei drammi d’Euripide più letti, uno di quella che sarà poi indicata corne la 'triade bizantina’ (gli altri due sono VEcuba e VOreste), una ristretta e fortunatissima scelta formatasi in ambiente scolastico per l’uso del- l’insegnamento. Non è molto, ma è quanto basta perché non sia, a nostro avviso, temerario pensare che per l’uno o l’altro di tali tramiti i versi euripidei sieno giunti al pio monaco autore dello squarcio su cui discutiamo.
MŒURS POPULAIRES BULGARES AU TOURNANT DES 12e/13e SIÈCLES Paul GAUTIER Le Monacensis gr. 380 — un énorme recueil canonique1 de 568 folios, que Hardt estimait du 14e siècle, mais qui remonte en réalité, l’écriture en fait foi, au début du 13 e, voire à la fin du 12e siècle — a conservé sous un titre anodin un texte intéressant que nous devons nous borner à présenter en raison du cadre très restreint imposé à notre contribution, mais qui ne manquera pas de susciter l’intérêt des spécialistes de la société bulgare médiévale, et spécialement de M. Dujcev à qui nous dédions ce modeste article. Le lemme « Choix de canons divins et sacrés des saints apôtres et des saints Pères concernant l’application des peines canoniques et la correction des fautes spirituelles » ne correspond en effet que très inadéquatement au 1. Cf. I. Hardt, Catalogus codicum manuscriptorum graecorum Bibliothecae regiae Bavaricae, IV, Munich 1810, p. 131-183. Papier. Dimensions inconnues. Ecriture très menue ; mélange de petites onciales et de minuscules dans les titres ; 34 lignes à la page ; très nombreuses abréviations ; pagination sans verso. Les pages qui nous intéressaient ont été collationnées sur des reproductions photographiques appartenant à notre Institut. Dans le manuscrit le texte que nous publions est précédé (p. 565) d’une lettre de Denys d’Alexandrie à Novat (PG 10, 1296A) et suivi (p. 567) d’un pittakion synodal rédigé, vers 1122, par Michel Choumnos, archevêque de Thessalonique (éd. V. Bénésévic, Monumenta vaticana ad juscanonicumpertinentia, «Studi bizantini» 2,1927,p. 184-185),et (p. 568 : fin du manuscrit) d’une lettre inédite du dikaiodotès Constantin Manouèlitès à Sabas de Rodosto. J’exprime ici mes remerciements au P. Darrouzès qui m’a signalé ce document et ne m’a pas ménagé ses suggestions.
182 MÉLANGES IVAN DUJCEV contenu. Le document n’est pas un recueil canonique, mais une lettre offi- cielle, émanant d’une autorité ecclésiastique et adressée à une personne anonyme qui avait consulté celle-ci (1.101) sur les sanctions à appliquer à divers égarements de conduite. Le début du texte est à cet égard instructif, car il contient nombre d’éléments qui jettent quelque lumière sur le rédacteur et le destinataire : « A vous qui êtes coupés (de nous) et loin de notre Eglise et qui ne pouvez être par nous continuellement instruits et exhortés, les présentes instructions, mises par écrit, vous sont données pour que vous n’oubliiez pas ce qui s’impose à vous et pour que les fautes spirituelles commises dans votre énoria reçoivent la correction appropriée ». Manifes- tement, l’impétrant est un chef d’Eglise, qui s’était adressé à un supérieur hiérarchique, lequel, en raison de circonstances exceptionnelles, n’était plus en mesure de communiquer librement et aisément avec lui. Le titre original ayant été remplacé par un titre de librairie et toute titulature étant absente ou ayant été omise par le copiste, il est de prime abord impossible de se prononcer sur l’identité du destinataire. Toutefois, celle-ci se laisse partiellement deviner. La première réponse à la consultation contient en effet des instructions sur la conduite à tenir à l’égard des « amusements sataniques » auxquels se livre le peuple bulgare : « Les prêtres de votre énoria doivent interdire les amusements sataniques, que les Bulgares dans leur langue barbare appellent « nédalai » et qui consistent en des réunions nocturnes d’hommes qui s’assemblent sous le prétexte de s’amuser». Quoique le terme énoria désigne une circonscription ecclésiastique indéter- minée : paroisse, diocèse, métropole, selon les cas, il est exclu que le desti- nataire puisse être un simple prêtre : on aura en effet remarqué que le rédacteur mentionne les prêtres de Vénoria, et nous constatons qu’il fait allusion à ceux-ci dans d’autres endroits (1. 22, 31) et surtout dans les deux derniers paragraphes. Nous pouvons donc tenir pour certain que la lettre est adressée à un évêque de Bulgarie, probalement d’origine grecque à en juger par le mot « barbare » employé pour qualifier l’idiome des Bulgares et leurs mœurs (1. 16). Je m’abstiendrai d’en dire plus à son sujet, car les éléments font défaut pour s’engager plus avant dans l’identification. Quant à l’identité du rédacteur, libre à chacun de se livrer au jeu des hypothèses : ce peut être le chartophylax de Sainte-Sophie, qui était qualifié pour répon- dre à de pareilles consultations, ou le saint synode de Constantinople, ou encore l’archevêque d’Achrida. Il est vraiment impossible de se prononcer. La date du document paraît pouvoir se déduire de la première phrase : compte tenu que le manuscrit a été copié à la fin du 12e ou tout au début du 13e siècle, la coupure des deux Eglises que déplore le rédacteur pourrait être une allusion au conflit armé provoqué par l’insurrection, en 1186, des
MŒURS POPULAIRES BULGARES 183 frères Vlaques Pierre et Asen, auxquels succéda en 1197 leur frère loannitsa2, conflit qui naturellement ne manqua pas d’entraver les communications entre l’Eglise grecque de Constantinople et d’Achrida et les Eglises du pays bulgare. Examinons maintenant le contenu du document. Après une introduction brève et sèche, comme il sied à un mandement officiel, le rédacteur donne, sous une forme plus ou moins développée, la solution canonique appropriée aux quatorze problèmes présentés par le requérant. Comme ils sont tous d’ordre pastoral, on doit considérer que les cas poui lesquels cet évêque anonyme de Bulgarie sollicite des éclaircissements ne sont pas théoriques, mais reflètent une situation bien réelle : par le biais de cette lettre nous sommes par conséquent informés des désordres moraux qui affectaient un diocèse de la Bulgarie médiévale et, à cet égard, ce petit document fait pendant, à un niveau naturellement bien inférieur, aux célèbres réponses du pape Nicolas Ier au tzar Boris, trois siècles plus tôt3. Les dérèglements dénoncés n’ont d’ailleurs rien d’exceptionnel : le simple fait que le rédac- teur trouve dans la législation en vigueur la sanction canonique toute prête applicable à chacun d’eux est la meilleure preuve que les mœurs du petit peuple bulgare n’étaient pas pires que celles de ses voisins orthodoxes. Comme on pouvait s’y attendre, le rédacteur a puisé l’essentiel de ses réponses dans les canons de saint Basile et de Jean Je Jeûneur. Mais, fait qui mérite d’être relevé, au lieu de suivre la législation somme toute mitigée du patriarche de Constantinople, comme nous l’indiquons dans les notes afférentes au texte grec, il adopte toujours la position plus rigoureuse du législateur cappadocien, et il lui arrive même de la durcir. Parmi les quatorze cas exposés, deux au moins retiendront l’attention des spécialistes médiévaux, le premier et le dernier. Le premier paragraphe, qui est aussi le plus développé, décrit et stigmatise « les divertissements sataniques », que les Bulgares appellent nédalai (mot qui transcrit le slavon nédélia) et qui consistent en des attroupements (èrapti^tai ) masculins nocturnes, source de nombreux débordements. Cette pratique doit cesser. Mais, averti que cette coutume folklorique est enracinée dans l’âme popu- laire, le rédacteur prescrit que, faute de mieux, ces attroupements aient lieu 2. Sur la naissance du second empire bulgare, l'élude la plus impartiale et la plus fouillée reste encore celle de R.L. Wolff, The « Second Bulgarian Empire ». Its Origin and History to 1204, in « Spéculum » 24,1949, p. 167-206. Voir aussi N. Zlatarski, Istorija na bâlgarskata dârzava prez srednite vekove, 2, Sofia 1934, p. 410-483. 3. Texte dans PL 119, 978c-1016c. Voir aussi I. Dujcev, Die Responsa Nicolai I Papae ad Consulta Bulgarorum als Quelle für bulgarische Geschichte, in « Festschrift des Haus-, Hof- und Staatsarchivs », 1, 1949, p. 349-362 ; Idem, I Responsa di papa Nicolo lai Bulgari neoconvertiti, in «Aevum» 42, 1968, p. 403-426.
184 MÉLANGES IVAN DUJCEV de jour plutôt que de nuit et que les femmes en soient exclues, et il sera expressément recommandé aux parents d’interdire à leurs enfants, garçons et filles, de prendre part à ces amusements. Les récalcitrants seront punis : leur maison ne sera pas bénie par les prêtres, et eux-mêmes seront excom- muniés jusqu’à résipiscence. Les enfants qui désobéiront à leurs parents seront eux aussi exclus de la communauté chrétienne. Dans le dernier paragraphe, dont la construction grammaticale est par endroits fort obscure, le rédacteur précise le montant et les modalités de perception du kanonikon, soit ce versement annuel en nature et en espèces qui était exigé des fidèles pour l’entretien de leur clergé4. Sa réponse à la question est la suivante : « Du fait que l’annonce de l’évangile n’est pas rémunérée, mais ne va pas sans dépenses, nous ordonnons aussi par écrit ceci : la gratification sera d’un aspre pour six « feux » desservis... on fournira aussi une peau d’agneau une fois par an et rien de plus ; pour couvrir les dépenses et pour l’annonce de l’évangile chaque foyer des gens du peuple qui sont aisés versera pour toute l’année un nomisma aspron ou un boisseau de blé pris sur l’aire ou une mesure de vin prise au pressoir. Les gens sans ressources ne donneront rien, à l’exception de trois journées de travail. Il faut assurément que les prêtres obtiennent une petite compensation, mais qu’ils se contentent de cela et ne demandent pas une rémunération à chaque commémoration ou à chaque mémoire de saint ou à chaque baptême ». Le document se termine par des recommandations à l’adresse du clergé local : les prêtres doivent lire le psautier, les évangiles, saint Paul et les prophètes, pour être à même d’instruire leurs gens et de les former à une vie vertueuse. Les négligents seront déchus du sacerdoce. ’ExXoyT] ctÙv 0ecô èx tûv Oelcov xal lepûv xavovcov tûv àylcov aKooroXcov xal tûv âylcov Karépcov elç to xavovlÇeaOat, xal StopOoucrOai rà ’^'j^ixà mpàXpiara ’AcpeCTTÔjmv ûptïv xal piaxpàv TÎjç 7)p.eTÉpaç èxxXyjcrlaç èxxeipiévo(.<; xal Stà to <7uve/é<7Tepov û<p’ 7)p.ûv StSàcrxecrOai xal vouOeTeïcrOai p.7] 8uvap.évotç M = Monacensis graecus 380, p. 564-566. 1 M 4. Sur le kanonikon, consulter E. Herman, Das bischôfliche Abgabenwesen im Patriar- cat von Konstantinopel vont XI. bis zur Mitte des XIX. Jahrhunderts, in « Orientalia Christiana Periodica» 5, 1939, p. 437-457.
MŒURS POPULAIRES BULGARES 185 5 10 15 20 25 30 35 aï Kapoüoai. TtapayyeXlai syypaço!. yeyovuïai. êSoOvjoav &cne pjSepiiav X-fflyv aÙTOÏç tûv àpp.oÇovT<ov ylveaOai, àXXà xai rà xarà tv]v ToiaÙTïjv êvoplav <jA>Xtxà <7cpàXp.ara êv8exop.êvv;v Xap.[3àve(.v SiopOcoaw. Tà yàp oaTavixà Kalyvia, à veSàXaç aèv papPapixûç xaXoüow oi BoùXyapoi., vuxTepivàç 8è e/ouCTiv àvSpûv êmptil'laç êrcl tô Kal^eiv SvjOev ouvayopiêvcov, xàvTeüOev rà tov axôrovç ëoyu ^u8aïa TsXoùpieva, tpOopàç 8s ocoptaTcov xat ptoi/siai;, ëri xXouàç xai êp.7rpv;<7pioùç xai XvjoTelaç xai 6<ra toùtolç SKopisva xcoXûeoOai rcapà tûv lepêcov rrjç ToiaÛTVjç êvoplaç. ’E7n.<TX7)7rTop.ev 8è xai KapayyéXXopiev, xàv pièv Î) SuvaTov, ràç èrct Kaiyvlcov <7WeXeû<7ei.ç aKOKauQ^vat,- toüto êKaivoüasv xai àKoSexopieOa. Tà yàp rcal- Çeiv àei xai ptsTecopl^eciOai. ràç ’y'Jxàç xaxlaç êcmv àKaavjç yevvvjTixov xai tov toü 0eoü cpo^ov à<p’ vjfzûv pàXXet, xai rcpoç à7ry;yopeup(.êvaç êpyaolaç mapaxivà. El 8è tô ypoviov êv t<5 xaxco êOoç xai to tûv yvcoptcov toü Xaoü ^àp^apov àxaTaXuTov vtap’ aÙToïç tv]v tcûv rcaiyvlcov <7uv/|0ei.av téOsixsv, olxovofzlaç Xoyco xat ouyxaTapàoecoç toüto ’jKOTiOêasOa cûots X<aplç êvripii^laç àvSpwv xai yuvaixûv piv) êv vuxtI, àXX’ êv vjpiépa TaÙTaç Tàç veSàXaç TeXeïoOai.- êv yàp tcû cpcûTi Tà toü oxôtouç êpya alox’Jvy pàXXeTai xai àaOevèç to xaxôv ylveTai.. El tisv oùv xai 6 Xaôç àrcaç sÙtolO^ç eôpeO^, tco ©soi X^P1? TV Ê4P T® xaQÔîaç avrcôv cbra ÀaÀtjtravrr Toùç yàp KaTepaç tûv vêcov àvSpœv ts xai yuvaixûv ttjv KapayyeXlav êx tûv Ispêcov Séxeaôai vou6eToüp(.ev mots xcoXûeiv Tà Ï8i.a Têxva êart Kaiyvlco OTjvàysaôau oïoç vüv Kap’ 7)p.ûv Xôyoç fTuyxaTapàciecoç olxovopieÏTai.. El 8é tlvsç tûv KaTêpcov tco Xoyco oùx Ù7toxù<pouffiv, où8è Tà Ï8ia Têxva ococppovl^eiv xai âneyreiv t^ç xaxîjç Ô8oü TaÙTijç OeX^ococn, ptêveiv Tàç olxlaç aÙTÛv 7rà<D]ç lepaTix^ç eùXoylaç ê<7Tepy)p,êvaç xai aÙToùç TÎjç àylaç xoivcovlaç aKelpyso-Oai., écoç àv 8â> ô 0eop toutou êKlyvcooiv xai àvav/|4i<o<7i.v êx toü oxotouç tÎjç àyvcoolaç. El 8è xai toïç yoveü<7i.v àKsiOoüo!. Tà Têxva, arcal; xai 8iç Kap’ aÙTÛv KaiSs’jOêvTa, Toùç p,êv yoveïç àveyxXyjTouç slvai, Tà 8ê ToiaÜTa KaiSla xai rcapà tûv lepêcov ê7n.Tip.ào0cûoav xai ê^co T?jç êxxXTjolaç pàXXeoOai. xai tûv ayiaopiàTcov oTepsiciOai. xai toü Xootoü xPtcmavt'X0ü TtX^Oouç àTTOpàXXsrjOa!. xai TÎjç tûv xPlcmavûv kIotscoç ê^ouOeveïaOai., êcoç àv TV] ts Tvjç êxxXvjolaç êKi.Ti.p(.v]<7et, xai toïç toü Xaoü KavToç ôvel8e<7i.v elç OTJvecnv eXOcooiv. “Eti xai toüto ylveoOai. KapaYyéXXop(.ev, Tàç p.èv xopaç p.sTà to ùrepP^vai. tov ScoSexaeTT] XP°V0Vi toùç 8è véouç p.sTà to ÙKepPvivai. tï]v Teociapecixai.- SexaeTlav piv) aXXcoç à^ioüoOai. Tvjç xoivcovlaç, si [xv] TraTpàcn KveupiaTi.xo'ïç 8 )p58ea M || Rotn. 13, 12 15 rtapaxtvâ sic : pro mxpaxiveï 21 Gen. 20 8; Ps. 9, 38 32 pàXeaOœt M 33 àiropàXeaOai M 34 tî+tt) M
186 MÉLANGES IVAN DUJCEV ri êauTcuv È^ayopsuCTcoCTi. TtTalajzaTa, èratS^ xaî toüto aÙTOtq ècpoStov 40 piéya xal sùcpposùvT] ysvYjSETat. neQl TioQveiaç réKvcov1. El 8è Kopvslav tiç èE, àptsXstaç 7rXv)ptpteXy|<5et xal toüto è^ayopsùast èv vèa sti tt; TjXtxla xal p.ï]KCi> raxpà tcûv yovècov ecp GuÇuylav à/0stç, aÙTov tièv tov KEKopveuxoTa 8tà to vèov t^ç TjXtxlaq èkI TpisTiav sK(.Tip.à<70co, cogts xaO’ sxàsTTjv 7)p.èpav KevTyjxovTa p,èv 45 yovuxXtGtap ttoisïv, sxaTOVTaxtç 8è to « K'jpie ÈXÉtjgov » èmçcovsïv, TrauGtxptsvov 8è tt;p àptapTtaç vyjGTsùstv K'zoa.v TETpàSa xal TrapaGXEuyjv, coaaÛTCop xal Tàç àytaç TEGGapaxoGTaç, Tupoü, yàXaxToç, cpoü xal xpéaToç' toÙç 8è yovstp [aù]Toü àvayxâÇsaOai to KsKopvsuxàç ttociSIov Kpop svvoptov •yàptov aystv sî 8è aÙTO toüto où cppovTt^ouGtv, ôptolcoç xal TouTOtç 50 è7UTip.à<70coaav. p. 565 ITeqc <ionayïi~ èl; ègcoro;2. El ptèvTot àpKcicGst tiç èE, spcoToç | rrapà yvcop.7]v tcov olxelwv yovècov, 8taGKaa0at Toùç outcoç auvacpOévTaç xal xaTà yvcop,7]v tcov olxslcov yovscov sîç é'Tspa àyesOac suvoixèaia. ’Eri 8è tw tîjp apKay^ç âptapTTjptaTt CTtrà /povotç èKtTtp.àG0co xal xaTà ttjv àvco0Ev 55 elp7][p.év7)v] tov rropvsÙGavTa àxoXou0lav ttjv v/jcrrelav èTnTeXeïaOau el 8è xal ol yovsiç toüto xaTaSèEovTat, tv]v oixlav èxslvci>[v] 'raxOTjç eùXoylaç elvac è<7Tsp7]p.év7]v, ëcoq av o ÈE, àpKayîip yàptoç fzévx], pc/jTs aùroùç TÎjp àylaç xotvcovlaq à^toüs0ac, ptyjTE toÙç yovsïp aÙTcov, pt7]8è sùXoy/jOîivai. rrapà Ispscov yàptov ôXcoq èE àpTray^ç, àXXà svco0évTsp outcoç 8cao7ràa0cosav. 60 HeQC àvÔQÔw xal yvvatxôiv [Mixcôv3. "Ogoi. 8s avSpsç ÙTroyùvacoi. Ôvtsç 7] yu[valxsç] ÙKavSpoi. oùsai slç ptot/slav èp.7réaou<5i.v èra revTsxalSexa stt) S7UTUjt.âr>0cor>av xavà tt]V avco s’.p7]p.év7]v âxoXou0lav. 46 Ttavaâpevoç M || 8è an xal incertum 49 toùtouç M 56 olxeîav M 59 Yàpoq M 61 ouaat : ôvtcç ante corr. M 1. Le cas de la prostitution enfantine n’est pas, à ma connaissance, abordé dans la législation canonique antérieure. Le rédacteur adopte à peu près le point de vue de Jean le Jeûneur à l’égard de l’adulte homosexuel ou adultère : trois ans d’excommunication avec 200 métanies quotidiennes et un jeûne quotidien jusqu’au soir. 2. Dans le cas du rapt amoureux le rédacteur ne suit pas la législation canonique an- cienne, qui prévoit soit l’anathème pour le laïc (canon 27 de Chalcédoine, repris par le canon 92 du concile In Trullo), soit une épitimie équivalente à celle qui frappe l’adultère : 3 ou 4 ans d’excommunication selon les cas (canons 22 et 30 de s. Basile). Il témoigne d’une plus grande sévérité : un mariage consécutif à un rapt amoureux opéré contre le gré des parents doit être dissous, et le fautif frappé d’une excommunication de 7 ans accompa- gnée d’un jeûne rigoureux. Si les parents tolèrent ce mariage, la maison des époux sera privée de bénédiction, eux et leurs parents seront privés de communion. Les prêtres ne béniront pas un mariage consécutif à un rapt. 3. Le rédacteur n’adopte pas la position modérée de Jean le Jeûneur (3 ans d’excom- munication), mais celle de s. Basile : 15 ans d’excommunication (c. 58).
MŒURS POPULAIRES BULGARES 187 65 70 75 80 85 fleQi xXéntov4'. 01 xXètpavTEÇ èm ttévte stt; è/sTcoaav vvjcrreiav xal axotvcov-rjalav xal nàrav ttjv pTjOsïaav àxoXouôlav, àKE^optsvot xal aÙT^ç TÎjç xXoTwjç’ stop av èpyàÇsTal tiç ttjv àpiapTiav, ô ypovoç où XoylÇsTai èxstvoç siç ptsTavotav. riËQi (povéatv5. 'O cpovsùaaç, si p.sv àxoualcoç tÔv tpovov slpyâoaTO, xaTa xuvàç xaTa yio’j ÉTÉpou Ï) ÔTjplou àyplou ^ùXov rj XlOov paXcov, xai xarà aTir/lav avOpcorrov zXr.paç xai arTOXTslvaç, èv ôéxa ëreatv àxoïvdjvrjro; ëffrat, kolcov xai yovuxXialaç xa6’ sxàoTTjv Tjpispav sxaTov, to « Kùpts ÈXÉTjaov » Siaxocrta ptsTa xXauOptoü, vtjotsÙcov Taç TSTpaSoTrapaoxsuàç àraxaaç xai tt.ç Tpstç âylaç TsaaapaxoaTàç xai ptsTa Séxa ett] à^toüaOat Tïjç àyiaç xotvcovlaç. 'O 8è ;j.£t7. ôsXyjptaTop xai èx ptsXÉTTjç cpovsùoaç, si p,èv eXocttcov tcov TptàzovTa etcov slvat, scoç sïxoaiv stcov èKtTip(,7]6y]osTai’ si 8s ÙTOpsBï] ttjv TOiaÛTTjv 7)Xtxlav, ecoç OâvaTov èv èzLTip.ioj serrai xai tà)v avcoOsv pTjOsÏCTav àzoXouôlav SouXsùstv. ITegl xr^voflaalaç xal aggevoxotrelai;6 7. Ot xTTjvoPaTat xal àpps[vo]xoï- Tai to tt)ç [xoi^elaç s7ciTlp.iov Ss^ovTat. IInù yor/Twv, àcT(>ov6/M’jv xal XQtdaQisTfov1. Oi yôyjTsç, oi àaTpovopioi. xal oi xpiOapcciTai, èàv pur) àKOOTwatv oi Ta TOtaÜTa èpyaÇôptsvoi., ebaaÙTCùç xai oi XaTpEÙovTsç, ïg avSpep r) yuvaïxsç, sîç èxxXvjoiav ÔXtoç p.r) razpa- Se/éaOcixrav pisra 8è to àxoor^vat sraTipLaaOcoctav stt) KsvTsxalSsxa xal outcoç KapaSs/éaôcociav. Heçl q>aQ(j,axelaç8. 'H epappiaxsia ôp.olcoç tg> epôvcp sKiTi.p.oiCT6<j. JlIëqI ôiyâ/JM>v. 'O 8lyap.o<; s7n.Tcpià<56co stt] rpla, vtjoteùcov t<xç TETpa- SoKapaerzsuàp xal ràç âylaç Tpeïç T£ffoapaxoc>Tàç TUpoü, yàXaXTOÇ, <p°ù 63 xXéepaveç M 69 àTtoxTqvaç M 74 ïXccttov M 4. Ici encore le rédacteur se montre plus sévère que la législation coutumière, puisque s. Basile (c. 61) prescrivait une excommunication de 1 ou 2 ans selon la gravité du cas, et Jean le Jeûneur encore moins : 40 jours ou 6 mois. 5. S. Basile prescrit une excommunication de 10 ans pour un meurtre involontaire (c. 57) et de 20 ans pour un meurtre volontaire (c. 56) ; Jean le Jeûneur réduit la durée de la peine à 3 ans en cas de repentir sincère. Le rédacteur qui suit à peu près s. Basile, qu’il cite textuellement (I. 69), aggrave considérablement le châtiment, quand le meurtrier est âgé de plus de trente ans, puisqu’il prévoit une excommunication perpétuelle. 6. La peine est identique à celle prescrite par s. Basile dans les deux cas (c. 62-63) : celle de l’adultère. 7. Dans la législation courante n’est envisagé que le péché de sorcellerie, pour lequel s. Basile (c. 65) prescrit une peine identique à celle de l’homicide volontaire, soit 20 ans, peine que Jean le Jeûneur réduit à 3 ans. Le rédacteur, en proposant 15 ans d’excommuni- cation, fait donc preuve de sévérité. 8. Le péché d’empoisonnement est assimilé au crime de sorcellerie et puni de la même manière chez s. Basile (c. 65), comme il a été indiqué ci-dessus.
188 MÉLANGES IVAN DUJCEV 90 95 100 105 xal xpéaToq, (xeTavolaq éxaTÙv, to « Kùpte èXé7]C7ov » Staxéaia, xal etO’ outcoç à^toùoOco T/jç àylaç xotvcovlaç. IIeqi TQtydpMV9. 'O Tplyaptoç sTnTiaanOcû ëTt) ttévte, pteTavolaç Staxoota, to « Kùpte èXéyjoov » TETpaxotria xal ttjv Xootïjv àxoXouOtav. Heq! TET(iayd/j,MV. 'O TETpàyaptoç oùx ë^ectTtv- èàv ëXOyj etç pteTavotav, àKo^cûpi^éoOcû rrjç ouvacpetaç, eïO’ oÛtcoç Xapt^avÉTco ÈTTtTtpttov, èv ëTeotv àxotvcov/)TOÇ, xal ttjv p-rçOstctav avcoOev àxoXouOtav- et 8è aîretO^ toü Sta/coptoO^vat, ëoTco TÎjç èxxXyjotaç ë^co, xal 7) otxta aÙToü rràna tepaTtx-rjç eùXoylaç èoTepyjptév/;, ëcoç av ëX07] etç pteTavotav. HeqI ît.Qiéov ueÜvovtmv10 . 01 pteOùovTeç tepetç asTà KpcoTyjv xal SeuTÉpav èmqxôviqcrtv pi?) àcptoTàptevot toü xaxoü [........] TÎjç tepcocttaç’ et 8è Èvtoç tcûv Tptcov È7rt<p<ovy|t7ecov....à7ro plÉOtqç Ttvà aÙTÛv èptéoat, tva à-rcé/eTat TEtJtJapàxovTa Tjptépaç rrjç àytaç XetToupytaç xal rîjç xotvcovtaç. Taüra ptèv rapl tcûv àptapTTjptaTcov xal tcûv <tûv> tepécov ÈTTtTtpttcov Êké/cov, è^Tyjcjaç xal ttjv xaT* è'toç cjuv/|6ei.av11 aÙTcuv 8tà toü KapovToç ÈfYpàtpou 8^Xy;v yevéctOat. Ilepl tepécov kcûç Set xavovtÇstv12 xaT’ ëToç, Ttepl àStxouptévcov xal è^ too'j eÏte kXeIouç xaîrvoùç site ÈXciIttouç ^aXXovTaç Ta ùrap ouv/jOetaç eloKpaTToaeva13, é'ti 8è xal TÎva èx toü Xaoü TTjç tStaç Çcoyjç ë/etv ôcpelXouot Ttoptoptov. Atà to àpttoOov ptèv to eùayyéXtov eïvat, oùx aSàtravov 8é, Tunoüptev èyypàcpcoç xal TaÜTa’ cûote ttjv ptèv ouvyjOetav àvà ê£ tpa/.z.opiÉvo'jç xaîrvoùç acurpov êv outcoç <pTQ<ptÇeffOai, xal tôv p,èv TtXeïov, tov 8è ÿjTTov, xaTà àvaXoylav è7n.T7)poùp.evov KotJOTTjTa ùrèp ouv/jOelaç 88 àÇioùaâùj + àÇioüaOat M 98 lacunam notavi 11 èpp.éaai M 9. Le rédacteur adopte à propos de la trigamie la position coutumière, qui prévoit une excommunication de 5 ans (c. 4 de s. Basile et Jean le Jeûneur). En revanche, il aggrave la peine prévue pour la digamie, qui était limitée à 1 ou 2 ans d’excommunication. 10. La première partie du paragraphe reproduit la législation antique (c. 42 des saints apôtres). La seconde partie n’est pas claire : elle est anormale grammaticalement et in- compréhensible si on ne conjecture pas une lacune après èm<pù>vY)<jeù>v (1.98). La finale rappelle en effet une prescription de Jean le Jeûneur : ô p.erà vi;v Oeiav èp.éaaç [lETâÂr/jjtv fx' J)p.épaç TÎjq Oelaç à^laTarai xoivùjviaç. 11. Terme technique désignant une gratification, et ici le kanonikon. 12. A la différence de xavovlÇeaOat employé dans le lemme et signifiant « imposer des peines canoniques », xavovlÇetv signifie « établir le kanonikon », c’est-à-dire le verse- ment en nature et en espèces dont les fidèles étaient tenus de s’acquitter pour l’entretien de leur clergé. 13. Ce membre de phrase est boiteux et incompréhensible : nous proposons de corri- ger les deux derniers verbes en ^aXX6vrù>v et ela7tpaTTop.évù>v, comprenant le texte ainsi : « au sujet des prêtres qui sont lésés, s’ils perçoivent le montant de la gratification à sommes égales, qu’ils desservent des « feux » plus nombreux ou moins nombreux. » La suite nous paraît d’ailleurs imposer ce sens. L’expression ^àXXetv xarivouç équivaut à ij'âXXeiv èxxX-qaiav (MM, 2, p. 33914) et signifie « desservir des feux».
MŒURS POPULAIRES BULGARES 189 p 566 êT/jffcwç 8i86vat14 | — aSixotTaTov yàp ècm tov te TptàxovTa £KtTY]poüvTa 110 xaKvoùç xai tov êE, tu/ov y] 8éxa ôpiolcoç (7uvY)0(.àÇ£C70at —, Kapé/eiv 8è xai Sopàv àpviaxoü êv araxî; toü ÈviauToü xai tù.éov oùSêv, aÙToüç 8è arco toü Xaoü /àpiv SaTràvYjç xai ûràp toü cùayysXlou xop.[Çs<70at ècp’ éxàoTou xaîrvoü tt]v eÙKopiav e/ovtcûv Si’ o/.o'j toü èviauToü vôp.(.<7p.a êv àcnrpov y] cl tov èv Taîç aXcocrt ptéStov êv y] èv toïç Xyjvoïç ptÉTpov êv, èx 8è tcûv àîropcov 115 86pta ptèv p.Y)8év, Tptûv 8è toü èvcauToü SouXctcuv15- 8e t yàp xai Toùç lepeïç piixpàv Tiva KapaijwOiav e/elv, àpxsîcrOat 8è xai toutou; xat p.Y] xaO’ êxaOTOV ptVY]p,6(7UVOV Y) p,VY|p.Y]V àytOU Y) pàKTI.<7p(.a pt,tO06v È7n^Y)TEÏV. TaÜTa oÛtco TUKeoOévTa tJ) èxxXYjcrla xpaTYjcrcocrt toÏç te lsp£Ü<7t xai tyj èxxXYjola àpapYj ôvTa, ÈKi.p.sXs'ïcjOal te touç Upstç rŸjç àylaç toü 120 ipaXTŸjpoç p.a0Y|<5£coç xai tyjç àvayvcooecoç tcûv te sùayysXtxûv xai aKOOTo- XlXCÛV xai KpOÇYJTlXCÛV pY)p,aTCOV, tv’ èx TO’JTCÛV ixavwç £/<0<7t 8(.8àc7X£tV tov Xaàv xai vou0etcïv Tà 7rpocrY|XovTa. 'O 8è xaTatppovcov tyjç te tûv lepcov Xoylcov yvdxjecoç è'xktcotoç xai tyjç IspcooôvYjç êoTai.’ outco yàp eIke 8ià toü TrpocpvjTou ô Küpioç- av ànâtcm yvâxJtv Hayw àmbooij,ai ae tov p.?] 125 leçaTEveiv pe. TaÜTa àvayivcooxovTsç ol lepelç xai tov KpÛTOv àp/iepéa Xai ÈkIoXOKOV TOV 'y'jyCÛV Ÿ]p,ÛV TOV KÛpiOV Ÿ)p.WV ’IyJOOÜV XplOTOV Èv xapSla cpépovTeç, tov èp.Ki.<7Teu0ÉVTa ôp/lv Xaôv ôolcoç xai p,£Tà SixaioOTjVYjç KOI.p(.aV£ÏTE. ’Afl^V. 109 aSixoTarov M 114 toïç sic M 124 Osée 4, 6 14. Phrase également peu claire. 15. Montant à rapprocher de celui exigé par Isaac (Zépos, JGR, 1, p. 275-276) et Alexis Comnène (Jbid., p. 311-312) pour le kanonikon à verser à un évêque local. Cf. E. Herman, loc. cit., p. 441-442. II ressort en outre clairement de notre texte qu’en Bul- garie au moins, comme d’ailleurs en Egypte au 12e siècle, le clergé local, et pas seulement l’évêque du lieu, était autorisé à percevoir un kanonikon, pratique qui n’est pas encore attestée pour le territoire proprement byzantin.
GIOVANNI VILLANI E LA LEGGENDA GUELFA DI ROBERTO IL GUISCARDO Francesco GIUNTA In uno studio su « Dante e i sovrani di Sicilia »* ho posto in rihevo corne il poeta florentine avesse coperto di silenzio la dinastia dei Normanni d’Italia, ad eccezione di due dei protagonisti, Roberto il Guiscardo e Guglielmo II il Buono. E la spiegazione era nel fatto che Dante, accettando una certa tradizione, aveva voluto valorizzare soltanto il Guiscardo, nella sua qualifica di crociato e re Guglielmo perché gli si ascriveva il merito di aver riportato, con il matrimonio fra la zia Costanza ed Enrico VI di Svevia, l’« eretico » regno di Sicilia nell’alveo dell’obbedienza impériale : Poscia trasse Guiglielmo, e Renoardo, e ’l duca Gottifredi la mia vista per quella croce, e Ruberto Guiscardo. (Par., XVIII, 46-48) Dante, in sostanza, aveva contribuito a quell’opera di salvataggio dei due personaggi normanni, che il monde guelfe aveva cominciato quasi alla fine délia parabola storica dei Normanni d’Italia e che aveva avuto le sue punte di affermazione fra Due e Trecento. Anche perché questo nuovo topos su alcuni protagonisti dell’epopea normanna, veniva a contrap- porsi all’altro costruito contemporaneamente aile svolgimento delle imprese normanne nel Sud italiano ed affermatosi in un’area bende finita 1. Vedilo nel vol. La coesistenza nel Medioevo, Bari, 1968, p. 99 sq.
192 MÉLANGES IVAN DUJCEV corne momento significative del particolare epos1. Ora mi pare intéressante verificare la posizione dantesca nel monde culturale florentine, nel tentative di tracciare le linee di sviluppo, o meglio di diffusione, délia leggenda. Perché siamo appunto dinnanzi alla genesi di una leggenda storica, per una manipolazione ideologica di taluni personaggi storici e delle loro gesta. Per il Guiscardo il punto di partenza di questa operazione è la « Historia Ecclesiatica » di Orderico Vitale, un menace di Saint Evroul sur Ouche2 3, che appare il primo modificatore délia tradizionale figura eroico-avventurosa di Roberto. In tre capitoli il frate inglese traccia una caratterizzazione del personaggio, che, a mio avviso, ha una sua chiave di interpretazione sia nelle parole con le quali si âpre il capitolo IV, che nella titolatura del VI. La prima affermazione di Ordorico concerne la situazione délia Chiesa all’epoca del duca : « In tanta obscuritate catholica gemebat Ecclesia, orans Dominum, qui vera lux est et Justitia, ut, prostratis et ablatis discordiae auctoribus, pacem et veritatem conferret in terra bonae voluntatis hominibus »4. Se a queste parole aggiungiamo quelle del titolo del cap. V, si puô vedere corne l’uomo di buona volontà, magnanimo e cattolico, fosse proprio il duca Roberto : « Robertus Wiscardus ad succurrendum Gregorio papae contra Henricum imperatorem in Italiam venit. Romam Expugnat. Gregorio instante, urbi parcit»5. In un siffatto clima viene valorizzata soprattutto l’azione di Roberto a favore del papa e contro Enrico IV, perché taie politica di sostegno aveva realmente capovolto le sorti del pontefice. Piuttosto che stare ad osservare la politica antibizantina del Guiscardo, che ha pure le sue motivazioni di carattere religioso —non si puô dimenti- care che nel 1054 c’era stato lo scisma di Michèle Cerulario—, ma rimane alla fine una spedizione dagli evidenti contenuti politici, a me pare che la leggenda guelfa di Roberto (« magnanimus héros ») affbndi le sue radici nell’aiuto tempestivo dato al papa Gregorio. Nel pensiero di Orderico Vitale Roberto ed i Normanni d’Italia continuano a mantenere quegli atteggiamenti epici ampiamente sottolineati da cronisti corne Amato di Montecassino, Guglielmo di Puglia e Goffredo Malaterra6 e che presso 2. H. Grégoire, La base historique de l'épopée médiévale, Baden Baden, p. 8 sq. 3. Historia Ecclesiastica, in Migne, P.L., 188, 518 sq. 4. Ibid., p. 518. 5. Ibid., p. 522, 6. M. Oldoni, Mentalità ed evoluzione délia storiografia normanna fra /’xi e il xn secolo in Italia, in Centre di studi normanno-svevi di Bari : Ruggero il Gran Conte e l’inizio dello stato normanno, Roma, 1977, p. 155 sq.
GIOVANNI VILLANI E ROBERTO IL GUISCARDO 193 di lui si estrinsecano in un diffuse accostamento dei Normanni ai protagonisti délia storia romana in particolare Costantino. Del reste il discorso messo in bocca al morente duca Roberto dal monaco Orderico, torna ad aprirsi con Roma (« Romam cum magno timoré vix pertransivimus »), mentre Costantinopoli e Gerusalemme erano rimaste allô stato di intenzione, di programma: « Constantinopolim, quam possidet imbellis populus, delicrisque serviens et lasciviae, decreveram, si Deo placuisset, Catholicis pugnatoribus subjugare, qui sanctam Dei civitatem Jérusalem Turcis auferret, ethnicisque bello repulsis, Christianum imperium dilatarent »7. Del resto, quando Orderico stende la sua «Historia eccle- siastica », era ormai passata la vittoriosa prima crociata sulla scena délia storia occidentale a dare scopi e colori nuovi ai programmi orientali dei principi europei. Per questo Costantinopoli, ma non Gerusalemme poteva affiorare nelle parole del Guiscardo. Corne osservavo, in Orderico Vitale non è scomparso il tono epico: nello stesso discorso del duca Roberto esso viene richiamato, là dove viene formulato un preciso giudizio sull’avventura normanna d’Italia: « Hinc igitur, o viri fortes, —conclude il Guiscardo-— sapiens consilium accipite, pristinamque virtutem vestram, quam in arduis et angustis rebus multoties expertus sum, perdere nolite. Unus homo sum ac, ut reliqui, mortalis. Vos autem multi estis, multisque charismatibus, largiente Deo, vigetis. Famosa vero gesta, quae longe lateque divulgata sunt, vos fecistis; nec unquam majora a tam paucis et infimis hominibus leguntur in aliquibus historiis quam, juvante Deo, a vobis facta sunt »8. In pieno Duecento Ricordano Malispini seleziona fra tutte le notizie che riguarda il Guiscardo quelle che legano la figura del duca al pontefice Gregorio VII, offrendo cosi la chiave d’interpretazione délia leggenda guelfa. Schiettamente il cronista toscano inserisce il Guiscardo nel momento critico délia politica gregoriana nei confronti dell’imperatore Enrico IV: «Il quale (= Gregorio VII) mandata per soccorso in Puglia a Roberto Guiscardo, incontanente venne Roberto a Roma con grande esercito. Onde il detto Arrigo col suo papa, per timoré di Roberto, si partirono dall’assedio, e guastarono e arsono la città Leonina, cioè dal lato di San Pietro di qua dal Tevere insino in Campidoglio: e non possendo resistere al detto Roberto, fuggissi col detto suo papa a Siena. E fu liberato papa Gregorio da Roberto, che rimiselo in sedia: e tutti quelli romani (che furono 7. Hist. Eccl., op. cit., p. 526. 8. Ibid.
194 MÉLANGES IVAN DUJCEV acconsenzienti delle dette cose) puni gravemente in avéré e in persone. E il detto papa Gregorio se n’ando con Roberto nel regno, cioè nella città di Salerno, e là mon' santamente »9. Il compendio malispiniano punta soprattutto sull’aiuto guiscardiano al papa: e ciô è in fondo il nucleo portante di un discorso che viene ripreso ed ampliato da Giovanni Villani. Nell’economia délia sua cronaca quest’ul- timo dedica ai signori del sud due soli capitoli del quarto libro: il XIX (« Di Ruberto Guiscardo e dei suoi discendenti i quali furono re di Cicilia e di Puglia ») ed il XX (« De’ successori di Ruberto Guiscardo che furono re di Cicilia e di Puglia »). Nella realtà, il primo è dedicato interamente al Guiscardo ed è redatto con un sapiente dosaggio di storia e di invenzione : tutto manipolato al fine di creare intorno alla personalità del duca pugliese i topoi dell’eroe crociato, che il Normanno in verità non ebbe. Non a caso, infatti, il cronista guelfo mostra esplicitamente la sua inten- zione di crearsi un alibi per eventuali errori ed incertezze, quando afferma a conclusione del XIX capitolo: « Queste cose di Ruberto Guiscardo in alcuna cronica parte se ne leggono, e parte a coloro n’udii narrare: quali le storie del regno di Puglia pienamente seppono ». L’analisi del testo villaniano conferma corne la preoccupazione preminente del cronista sia stata rivolta aile cose ascoltate e non a quelle lette: per questo il suo è un personaggio « costruito » con una tecnica che avrebbe dovuto colpire il lettore e catturargliene la simpatia. Già l’ascendenza genealogica, tutta inventata, serviva a sottolineare la condizione di figlio cadetto del Guiscardo: « Fu adunque il primo duca Ruberto, a cui succedette il figliuolo suo Guglielmo, il quale generô Ricciardo, e Ricciardo ingenerô il seconde Ricciardo. Questo Ricciardo ingenerô Ricciardo e Ruberto Guiscardo, il quale Ruberto Guiscardo non fu duca di Normandia, ma fratello del duca Ricciardo »10. Per opportuna memoria val la pena di ricordare che Tancredi di Altavilla ebbe dalla prima moglie Muriella: Guglielmo Braccio di Ferro, Drogone, Umfredo, Goffredo e Serlone; e dalla seconda, Fresenda: Roberto il Guiscardo, Maugero, Guglielmo di Principato, Alveredo, Tancredi, Umberto e Ruggero. Per questi motivi, Giovanni Villani mostra di non avéré alcun interesse ai problemi genealogici ed indirizza tutto il discorso a sottolineare l’ascesa del Guiscardo sin dal momento in cui pone piede in Italia : « Questi, secondo l’usanza loro, perochè minore figliuolo era, non ebbe la signoria del ducato, 9. R. Malispini, Storia Fiorentina, Livorno, 1830, cap. LXII. 10. G. Villani, Cronica, Trieste, 1857, IV, 19.
GIOVANNI VILLANI E ROBERTO IL GUISCARDO 195 e perd volendo sperimentare la sua bontà, povero e bisognoso in Puglia venne, e era in quel tempo duca in Puglia Ruberto nato del paese, al quale Ruberto Guiscardo vegnendo, prima suo scudiere, e poi da lui fu fatto cavalière »11. Né hanno chiarezza e precisione le prime imprese del Guiscardo in Italia, se il cronista fiorentino continua ad equivocare sui nomi dei veri signori normanni presso i quali il Guiscardo presto servizio: a duca di Puglia, infatti, compare un indefinito Ruberto, che aveva guerra col « prenze di Salerno », quando si sa che Roberto Guiscardo fu a servizio presso Drogone e Pandolfo e che venne dirottato subito in Calabria12. Al Villani intéressa mttolineare che il suo eroe « moite vittorie con prodezze contre a’ nemici soostrô » e che, infine, « guidardonato magnificamente tornô in Nor- mandia ». Taie supposto ritorno in patria serve al cronista per fard ecantare dal Guiscardo le bellezze dell’Italia e per raccogliere compagni per una nuova spedizione. Le parole del nostro cronista sembrano risuonare quelle che Amato di Montecassino e Leone Marsicano in bocca ai primi avven- turieri inviati in Normandia a reclutare altri uomini: Giovanni Villani (Cron. IV, XIX) Le delizie e le ricchezze di Puglia recô in fama, ornati i cavalli con freni d’oro e con ferri d’ar- gento ferrati, in testi- monio di ciô siccom’era. Amato di Mont. (Hist. I, XVIII) Et mandèrent lor mes- sages avec ces victoriouz Normans ; et mandèrent citre, amigdole, noiz confites, pailles imperi- als, ystrumens de fer aorné d’or. Et ensi les clamèrent qu’il deussent venir à la terre qui mene lat et miel et tant belles coses. Leone Marsicano (Cron., in M.G.H., SS. VII, 651) Et veluti alter Narsis, poma per eos cedrina, amigdalas quOque et deauratas nuces, ac pal- lia imperialia, necnon et equorum instrumenta auro purissimo insignita illuc transmittens, ad ter- ram talia gignentem illos transire non tam invita- bat quam et traebat. Dice Amato a mo’ di conclusione: « Et alcun se donnèrent bone volonté et corage à venir en ces partiez de sà, pour la ricchece qui i estoit »13. E la stessa considerazione fa il Villani rapportandola pero al Guiscardo, quando 11. Ibid. 12. F. Chalandon, Histoire de la domination normande en Italie et en Sicile, I, Paris, 1907, p. 115, sq. 13. Amato di Montecassino, Storia dei Normanni, ed. De Bartholomaeis, in F.S.I, Roma, 1935, p. 24 (I, 19).
196 MÉLANGES IVAN DUJCEV afferma: «Per la quai cosa provocati a se più cavalieri, seguendo questa cosa per cupidigia di ricchezze e di gloria, tornando in Puglia seco gli menô ». La costruzione del personaggio villaniano continua con la tecnica del compendio delle gesta guiscardiane, che consentiva al cronista di sorvolare su tutti quegli avvenimenti —dal soggiorno in Calabria alla battaglia di Civitate etc.—, che avrebbero potuto intaccare gli attributi propri di un « crociato ». Il Villani, infatti pone Roberto in una posizione di sudditanza e di attesa nei confronti degli altri Altavilla che lo avevano preceduto nel- l’avventura italiana, corne Drogone ed Umfredo: « Estette appo il duca di Puglia fedelmente contro a Gottifredi duca de’ Normanni; e, non lungo tempo poi, Ruberto duca di Puglia vegnendo alla morte, di volontà de’ suoi baroni nel ducato il fece successore, e corne promesso gli aveva, la figliuola prese a moglie gli anni di Cristo 1078 ». La scalata feudale del Guiscardo in realtà comincio dopo la morte del fratello Umfredo (1057), che gli permise di assumere il titolo di conte di Puglia e, quindi, nel’ 59 quello di duca (« Et pour ce, Robert sailli en plus grant estât qu’il non se clame plus conte, mès se clamoit duc »); essa venne consolidata sempre nel 1058 con il ripudio fatto da Roberto délia prima moglie Alveiada, accampando motivi di parentela, e con il matrimonio con Sichelgaita, figlia di Guaimaro V e sorella di Gisulfo, principi di Salerno. E’ chiaro che per il Villani il nucleo del discorso sul Guiscardo era il passo dedicato all’intervento del duca a favore del pontefice Gregorio VII: « E poco tempo passato, Alessio imperadore di Costantinopoli, che Cicilia e parte di Calavra aveva occupata, e’ Viniziani vinse, e tutto il regno di Puglia e di Cicilia presi; e avvegnachè contro alla Chiesa romana questo facesse a cui il regno di Puglia era propria possessione, e la contessa Mattelda contro a Ruberto Guiscardo guerra facesse in servigio di Santa Chiesa; ma Ruberto riconciliato alla perfine colla Chiesa di sua volontà, fatto ne fu signore; e non molto poscia, Gregorio settimo assediato co’ cardinali da Arrigo quarto imperadore nel castello di Santo Angelo, vegnendo a Roma, e cacciato per forza il detto Arrigo coll’antipapa suo il quale avea fatto per sua forza, dall’assedio il papa e’ cardinali diliberô, e il papa nel palagio di Laterano rimise, puniti gravemente i Romani che contro a papa Gregorio favore allô 'mperadore Arrigo e al papa per lui fatto aveano dato ». Corne puô osservarsi, il richiamo al Malispini è évidente, corne se il Villani nel dare notizia dell’avvenimento che sta al fondo délia leggenda guelfa abbia voluto affidarsi a fonti certe e scritte. Del resto, la conferma di una simile preoccupazione del cronista, possiamo ritrovarla nel fatto che egli aggancia subito all’impresa romana, il racconto delle cure prese dal duca per un lebbroso incontrato mentre era andato a caccia: Roberto lo
GIOVANNI VILLANI E ROBERTO IL GUISCARDO 197 aveva preso sul suo cavallo, lo aveva condotto a casa sua e lo aveva fatto dormire nel suo letto. E continua significativamente il Villani per risolvere il mistero dell’apparizione: «E il seguente di per visione apparve Cristo a Ruberto dicendo: che se in forma di lebbroso gli s’era mostrato, acciocchè provasse la sua pietà; e annunziôgli che délia sua moglie avrebbe figliuoli de’ quali l’uno imperadore, l’altro re, il terzo duca sarebbe ». L’ultima parte del capitolo del Villani è dedicata alla verifica délia predizione : « Di questa promessa confortato Ruberto, abbattuti i rubelli di Puglia e di Cicilia, di tutto acquistô la signoria ». Il resto del racconto torna tutto approssimativo, sia nei nomi che nella cronologia. Il Villani, infatti, assegna a Roberto cinque figli : un Guglielmo, che avrebbe sposato una figlia di Alessio Comneno « e fu dello 'mperio di colui duca e possessore, ma mori sanza figli » e sul quale lo stesso cronista avanza dei dubbi : « Questi si dice che fu Guglielmo il quale fu detto Lungaspada; ma questo Lungas- pada molti dicono che non fu del legnaggio di Ruberto Guiscardo, ma dalla schiatta dei marchesi di Monteferrato »). Il secondo figlio è Boagdinos, cioè Boemondo, unico figlio avuto da Alverada: il terzo Ruggero, duca di Puglia, che viene confuso con Ruggero II, figlio del gran conte Ruggero « che dopo la morte del padre fu coronato re di Cicilia da papa Onorio secondo (= Anacleto II)». Spuntano poi corne figli del Guiscardo un Errico « duca de’ Normandi » e un Riccardo conte Cicerat o délia Cerra (= d’A- cerra). Ora sappiamo che Enrico conte di Monte S. Angelo, era figlio di Roberto conte del Gargano e di Lucera e marito di Alice, figlia del gran conte Ruggero14. Il Riccardo d’Acerra non puô essere identificato con questo titolo (un Riccardo d’Acerra ebbe posizione di primo piano sotto Guglielmo II il Buono), ma, forse, corne fratello di Enrico di Monte S. Angelo: il che spiegherebbe l’equivoco fatto dal Villani fra Roberto il Guiscardo e Roberto conte del Gargano e di Lucera, assegnando al primo anche i figli del secondo15. La parte conclusiva délia leggenda riprende il discorso délia spedizione a Gerusalemme, che in Orderico Vitale il Guiscardo si rammarica di non aver compiuto, pur avendone avuto il desiderio, mentre corne Villani il duca intraprese realmente. L’interpretazione in chiave crociata délia spedizione balcanica di Roberto, condotta con intenzione imperialistica contro l’impero d’Oriente, colora di misticismo un’ awentura puramente 14. Palumbo P.F., Honor Montis Sancti Angeli, in Arch. Stor. Pugliese, VI, 1953, p. 317 sq. 15. Chalandon, op. cit., I, p. 253, n.l.
198 MÉLANGES IVAN DUJCEV militare, che mirava a Bisanzio. Del resto il problema délia Terrasanta al tempo del cronista fiorentino era divenuto argomento di propaganda e non esisteva più alcuna volontà politica di riprendere in termini concreti l’espe- rienza crociata: il Levante si era sempre più allontanato dall’ottica politica occidentale, dopo che per la caduta di S. Giovanni d’Acri (1291) «non rimase nella Terra Santa neuna terra per gli cristiani »16. Se rileggiamo il passo del Villani, possiamo comprendere corne ormai la parabola crociata fosse conclusa e corne un legame nostalgico ne tenesse viva l’idea ancora nel primo Trecento: « Questo Ruberto Guiscardo dopo moite e nobili cose in Puglia fatte, per cagione di divozione dispuose di voler andare in Gerusalem in peregrinaggio; e detto gli fu in visione che morrebbe in Gerusalem: dunque accomandato il regno a Ruggero suo figliuolo, prese per mare il viaggio verso Gerusalem, e pervenendo in Grecia al porto che si chiamô per lui porto Guiscardo, cominciô ad aggravare di malattia; e confidandosi nella rivelazione che fatta gli fu, in niuno modo temeva di morire. Era incontro al detto porto una isola alla quale per cagione di ripigliare forza e riposo si fece portare, e portato là non miglio- rava, ma quasi forte aggravava. Allora domando corne si chiamava quel- l’isola, e risposto gli fu per gli marinai : che per l’antica Gerusalem si chiama. La quai cosa udita, incontanente certificato délia sua morte, divotamente tutte le cose dell’anima s’appartengono s’acconciô, e mori grazioso a Dio negli anni di Cristo 1110 »17. Mi pare évidente la paternità del discorso villaniano A&W Alessiade di Anna Comnena (VI, 1-2); ma è intéressante riportarne il passo per cogliere l’opéra di trasformazione in senso guelfo fatta dal Villani del testo délia principessa bizantina: « Roberto intanto... nemmeno dopo questa sconfitta rimaneva ancora in quiete. Ma poiché aveva già inviato alcune navi con il proprio figlio a Cefalonia, cercando di occuparne la città, fece approdare le navi che gli rimanevano a Bunditza con tutto l’esercito ed egli stesso imbarcatosi su una monoreme da caccia raggiunse Cefalonia. Ma prima di congiungersi col resto delle sue truppe e con suo figlio, mentre era ancora all’Atere (è questo un promontorio di Cefalonia) fu colto da una violenta febbre. E non sopportando l'arsura délia febbre chiedeva acqua fiedda. I suoi uomini si spaisero dappertutto alla ricerca del l’acquae uno del luogo disse loro: 'Vedete: questa è l’isola di Itaca. In essa sorgeva in passato una città chiamata Gerusalemme che è andata in rovina col tempo: in essa vi 16. G. Villani, Cron., VII, 145. 17. Ibid., IV, 19.
GIOVANNI VILLANI E ROBERTO IL GUISCARDO 199 era un fonte che dà sempre acqua potabile e fresca’. Ciô udito Roberto fu preso da grande terrore: poiché, collegando l’Atere con la città di Gerusalemme, comprese che ormai la morte per lui era imminente. E infatti molto tempo prima alcuni gli avevano predetto, corne soglion gli adulatori far coi potenti: 'Fino all’Atere tutto tu sottomctterai : di là partirai per Gerusalemme e compirai il tuo destino’. Se egli fu ucciso dalla febbre o se la malattia fosse pleurite non posso dire csattamente. Sei giorni dopo moriva »18. Corne puô osservarsi, il rapporto Anna Comnena-Villani è, per contenuto, diretto : non è perd possibile individuare per quale via il testo délia prima sia pervenuto al seconde. Non ci aiutano i testi intermedi, corne Ordorico Vitale ed il Malispini; non ci aiutano le notizie, in parte vere, in parte fantastiche, raccolte da Ruggero de Hoveden sulla vita e sulle opéré del Guiscardo19. Del resto anche quest’ultimo cronista esamina la personalità del Guiscardo dal punto di vista eroico e non mistico, dato che ne sottolinea le imprese contro il papa e contro l’imperatore d’Oriente, ponendo nel dovuto rilievo le intenzioni del duca Roberto nei confronti dell’Impero bizantino: « Deinde magnum congregavit navigium, jactans quod ipse imperium Constantino- politanum invaderet, et totum sibi subjugaret »20. Non c’è, quindi, ombra di crociata, né di Gerusalemme, mentre le operazioni militari e navali spaziano da Corfù a Creta, a Rodi. Ma esiste un punto di contatto fra il de Hoveden ed il Villani, là dove il primo dice: « Deinde venit ad portum qui nunc nomine suo nuncupatur portus Wiscardi»21. Nella cronaca del Villani, infatti, abbiamo già letto: «E pervenendo in Grecia al porto che si chiamô poi per lui porto Guiscardo »22. La leggenda guelfa, dunque aveva preso il modcllo eroico del Guiscardo, il mito délia sua epopea e lo aveva rimanipolato a proprio uso. Basti mettere a fronte il passo délia Comnena con quelle del Villani, per rendersi conto corne nelV Alessiade Roberto rimanga il guerriero insofferente, alla febbre ed all’idea délia prossima morte, mentre nella cronaca villaniana il duca è sottomesso al volere di Dio e si rassegna devotamente alla morte imminente. 18. Anna Comnena, La precrociato di Roberto il Guiscarao, a cura di S. Impellizzeri, Bari, 1965, p. 181. 19. Ruggero de Hoveden, Cronica, ed. W. Stubbs, London, 1870, vol. 111, p. 161 sq. 20. Ibid., p. 161. 21. Ibid., p. 162. 22. Cron. IV, 19. Sul porto Guiscardo, cf. G. de Pouille, La geste de Robert Gidscard, ed. M. Mathieu, Palermo, 1961, pp. 253 n. 2 e 335.
200 MÉLANGES IVAN DUJCEV Un esempio significative di corne col volgere del tempo la storiografia si impadronisca di taluni personaggi e li faccia, suoi, sfumando le tinte, mutandone il carattere, tradendo la verità storica per quella ideologica. E potrebbe essere, alla fine, un discorso valido per ogni tempo e per ogni ideologia.
ÜBER DAS PROBLEM DER LÂNGEREN FASSUNG DES NIKODEMUSEVANGELIUMS IN DER ÂLTEREN SLAVISCHEN LITERATUR Biserka GRABAR tinter der Bezeichnung « Nikodemusevangelium » war in der gesamten christlichen Welt ein gut bekanntes Apokryphon verbreitet, das nach Tischendorf1 aus zwei voneinander unabhângigen apokryphen Schriften entstanden ist, u. zw. aus den sogenannten Gesta Pilati und dem Descensus Christi ad inféras. Im ersten Text wurde mit zahlreichen apokryphen Einzelheiten der Prozess Jesu vor Pilatus, der Tod und die Auferstehung Jesu dargestellt, im zweiten dagegen sein Abstieg in die Vorhôlle. Dieses Apokryphon (dessen einzelne Teile zunâchst in griechischer Sprache abgefasst wurden und erst nachher, spâtestens aber im 5. Jahrhundert in das Lateinische — übrigens der einzigen Version, in der beide Teile erhalten blieben — übersetzt wurden) fand schon sehr früh Eingang in die alte slavische Literatur (in zwei verschiedenen Grundfassungen). Die erste, sogenannte kürzere Fassung, überliefert nur den ersten Teil dieses Apokryphons und wurde aus dem Griechischen übersetzt ; die zweite, lângere Fassung wurde aus dem Lateinischen übersetzt und beinhaltet auch die Übersetzung des Descensus. Beide Fassungen waren Gegenstand der Forschung und Auseinander- setzung zahlreicher bekannter Slavisten, im Mittelpunkt des Interesses 1. K.v. Tischendorf, Evangelia apocrypha, Leipzig 18762, LIV.
202 MÉLANGES IVAN DUJCEV der Forschungen auf dem Gebiet der âlteren slavischen Literatur blieb aber die zweite Fassung. Wir wollen uns auch in dem vorliegenden Bei- trag damit befassen ; sie ist nâmlich nicht allein für die Frage der Anfânge der apokryphen Literatur bei den Slaven, sondern auch für die Frage der ersten slavischen Übersetzungen überhaupt von Belang. Die lângere Fassung ist uns nur in einer geringen Anzahl von Hand- schriften bekannt. Es sind dies grôsstenteils russische aus dem Zeitraum vom 14./15. bis 18. Jahrhunderts, eine serbische aus dem 15./16. Jahrhundert (herausgegeben im Jahre 1885 von Lj. Stojanovic im Glasnik Srpskog ucenog drustva 63, 89-120) und zwei kroatisch-glagolitische Fragmente aus dem 14. und 15. Jahrhundert, die bislang noch nicht herausgegeben wurden und bislang der Aufmerksamkeit der Erforscher des slavischen Nikodemusevangeliums entgangen sind. Einer der ersten, der sich mit der Frage der Entstehung des slavischen Nikodemusevangeliums befasste, war der russische Slavist M.N. Speranskij. Die Resultate seiner Untersuchungen der ihm bekannten Handschriften des Nikodemusevangeliums verôffentlichte er auf den Seiten 92-119 seiner Abhandlung über die slavischen apokryphen Evangelien2. Über die lângere Fassung des Nikodemusevangeliums, von der er erkannte, dass sie aus dem Lateinischen übersetzt wurde, kam er aufgrund der be- kannten Handschriften, im besonderen des âltesten und besten Textes, d.i. die Handschrift aus der Bibliothek der Hl. Sophia in Novgorod aus dem 14./15. Jahrhundert (heute in der Publicnaja biblioteka in Leningrad) zu folgenden Schlüssen : 1) die Übersetzung entstand im südslavischen Raum und zwar in einem Gebiet, in dem die glagolitische Schrift heimisch war oder wo sich die Tradition des Glagolitischen lângere Zeit gehalten hatte ; 2) der Text gehôrt zu den frühesten Denkmâlern des slavischen Schrifttums, und 3) neben serbischen und russischen Abschriften bestanden jedenfalls auch sehr alte bulgarische, die den russischen als Vorlagedienten3. Gleichzeitig, jedoch vollkommen unabhângig von Speranskij, kam auch der tschechische Slavist J. Polivka4, zu denselben Ergebnissen hinsichtlich der Entstehung der lângeren Fassung des Nikodemusevangeliums. Ganz anders lôste A.T. Sobolevskij die Frage des Entstehungsgebiets 2. M.N. Speranskij, Slavjanskija apokrificeskija evangelija, Trudy vos'mago arheolo- giceskago s'ezda v Moskve 1890, t. Il, Moskva 1895, 38-133. 3. M.N. Speranskij, op. cit., 99. 4. J. PolIvka, Evangelium Nikodemovo v literaturàch slovanskÿch, CMKC, 65 (1891) 440-460.
DAS NIKODEMUSEVANGELIUM IN DER SLAVISCHEN LITERATUR 203 der slavischen Übersetzung derlângerenFassung desNikodemusevangelium5. Seiner Meinung nach entstand diese Übersetzung in demselben Gebiet wie die Übersetzung der Evangelienhomilien Papst Gregors des Grossen, von denen er in derselben Abhandlung spricht, nâmlich im tsche- chisch-mâhrischen Raum. Mit den übrigen Forschern teilt er die Meinung, dass die Übersetzung sehr ait ist6. Ohne besondere Argumente anzuführen, folgert er dies aufgrund der Lexik des Denkmals, die er lediglich einseitig beleuchtete und — zum Unterschied von den beiden anderen Forschern — keineswegs weiters erôrterte. Als Denkmal tschechischer Herkunft wird das Nikodemusevangelium auch im Slovm'k jazyka staroslovënského der tschechoslowakischen Aka- demie der Wissenschaften bezeichnet. Mit der lângeren Fassung des Nikodemusevangeliums befasste sich in letzter Zeit auch der franzôsische Slavist A. Vaillant. Er erôrterte das Problem im Vorwort seiner kritischen Ausgabe des besten und bisher nicht edierten Textes aus der kyrillischen Handschrift russischer Redak- tion aus der Bibliothek der hl. Sophia in Novgorod aus dem 14./15. Jahr- hundert7. In erster Linie lôste Vaillant die Frage des Verhâltnisses der kyrillischen Texte der lângeren Fassung zueinander und stellte fest, dass aile Texte ein und derselben ursprünglichen Übersetzung angehôren. Über die Entstehungszeit âussert sich Vaillant aufgrund seiner sprach- lichen Untersuchungen folgendermassen : « Les indications fournies par l’état de la langue et par les traces de glagolite invitent à placer la tra- duction de l’Évangile de Nicodème sur le latin à une époque du vieux slave tout proche de celle de la traduction sur le grec de l’Homélie d’Êpi- phane, qui est conservée dans le Clozianus glagolitique et le Suprasliensis cyrillique, c’est-à-dire au xe siècle»8. Besondere Aufmerksamkeit widmete Vaillant der Lexik als einem der entscheidenden Momente für die Feststellung des Gebiets, in dem die Übersetzung enstanden ist. Seine lexikalischen Untersuchungen brachten folgende Ergebnisse : 1) die Lexik ist grundsâtzlich altslavisch und weist — wie die Sprache des Nikodemusevangeliums im allgemeinen — darauf hin, dass es sich um sehr altes Denkmal des slavischen Schrifttums handelt, 5. A.I. Sobolevsku, Materialy i izsledovanija v oblasti slavjanskoj filologii, « Sbor- nik ORJaS » 88 (1910), 52-54. 6. A.I. Sobolevsku, op. cit. 54. 7. A. Vaillant, L'Evangile de Nicodème, Centre de recherches d’histoire et de phi- lologie, Paris 1968. 8. A. Vaillant, op. cit. XIII,
204 MÉLANGES IVAN DUJCEV 2) es kommen Wôrter vor, die nur dieser Übersetzung zu eigen sind, so etwa das Wort muka für lat. inferus und infemum oder der Ausdruck velika nocb, der in allen westslavischen Sprachen (tschechisch, polnisch, slowakisch und kroatisch-kajkavisch) das Osterfest, lateinisch pascha, bezeichnet (nicht bloss im Tschechischen, wie Sobolevskij behauptete) und schliesslich, 3) kommen im Nikodemusevangelium einige Wôrter vor, deren Âquivalent wir sowohl im modernen wie auch im alten Kroatoser- bischen und Slovenischen vorfinden. So z. B. das Adjektiv vrëdbnb, das gerade eben im Kroatoserbischen und im Slovenischen in derselben Bedeu- tung wie im Nikodemusevangelium vorkommt, u. zw. für lat. dignus ; im Altslavischen hingegen und in anderen slavischen Sprachen bedeutet der Ausdruck « schâdlich ». Von den übrigen Beispielen seien lediglich die auffâlligsten erwâhnt, so das Wort vëstbnica für das lediglich der Slo- vnik jazyka staroslovënského einen Beleg anführt, das in der Form vijecnica in der heutigen wie in der âlteren kroatoserbischen Sprache im Gebrauch ist. Der Ausdruck slovo dati für lat. permittere kann mit demselben Ausdruck im Slovenischen und im Kajkavischen in Zusammenhang gebracht werden. Die erwâhnten Beispiele, bei Vaillant kann man noch eine ganze Reihe weiterer Belege finden, weisen auf das kroatische Gebiet, bzw. auf die Nâhe des slovenischen Sprachgebiets hin. Wenn wir dazu noch vor Augen haben, dass es sich dabei noch um eine der seltenen altslavischen Über- setzungen aus dem Lateinischen handelt und dass sich in den kyrillischen Abschriften in der Substitution des Zahlenwertes der Buchstaben zahl- reiche Spuren einer glagolitischen Vorlage finden, so konnte Vaillant mit gutem Recht schliessen, dass die Übersetzung irgendwo in Kroatien entstanden ist, wie im übrigen vor ihm schon Speranskij und Polivka feststellten. Für eine derartige Lokalisierung spricht auch die Tatsache, dass uns gerade in der kroatisch-glagolitischen Literatur die âltesten Zeugen des Nikodemusevangeliums erhalten geblieben sind. Vaillant und seine Vor- gânger wussten nichts vom tatsâchlichen Vorhandensein eines kroatisch- glagolitischen Textes des Nikodemusevangeliums, von dem wir nur zwei, allerdings verhâltnismâssig umfangreiche Fragmente kennen. Das erste Fragment gehôrt zu den sogenannten glagolitischen Fragmenten aus Pazin und stammt aus dem frühen 14. Jahrhundert9 und ist demnach der âlteste auf uns gekommene Text des Nikodemusevangeliums, dessen Bedeutung 9. Das Fragment ist im Archiv der Jugoslawischen Akademie der Wissenschaften unter der Signatur, Fragm. glag. 90 g-h, aufbewahrt.
DAS NIKODEMUSEVANGELIUM IN DER SLAVISCHEN LITERATUR 205 deshalb nicht zu unterschâtzen ist. Das Fragment beinhaltet den Beginn des Nikodemusevangeliums u. zw. insgesamt drei nicht vollstândige Kapitel. Das zweite, jüngere Fragment stammt aus dem 15. Jahrhundert10 und umfasst nahezu das gesamte 21. und 22. Kapitel des zweiten Teils des Nikodemusevangeliums, den sogenannten Descensus. Da über diese Fragmente — ihre Beschreibung ausgenommen11 — bisher nichts verôffentlicht wurde und sie der Wissenschaft geradezu unbekannt sind, ist es notwendig einige Worte darüber zu sagen, vor allem ihrer textgeschichtlichen Bedeutung wegen, die sie für die lângere Fassung des slavischen Textes des Nikodemusevangeliums und für die endgültige Lôsung des Problems der Ubersetzungsheimat dieses Textes haben. Vor allem muss erwâhnt werden, dass beide Fragmente Abschriften eines wesentlich âlteren Grundtextes sind, der auf ein und dieselbe Über- setzung aus dem Lateinischen zurückgeht, der auch in den bekannten kyrillischen Texten der lângeren Fassung überliefert ist. Der Vergleich mit den kyrillischen Texten zeigt, dass die erwâhnten Fragmente in einer Reihe von Belegstellen wôrtlich mit dem âlteren und weitgehend besser tradierten Text der Novgoroder Handschrift übereinstimmen als mit den übrigen Handschriften. Diese Übereinstimmung lâsst sich am besten nach den gemeinsamen Fehlern feststellen, so z. B. upvahu im glagoli- tischen bzw. upovaahu im Novgoroder Text anstatt vbpiêhu für lat. cia- mabant. (Die jüngeren kyrillischen Texte korrigieren diese Stelle zu pokivahu bzw. negodovahu, was ebenfalls nicht richtig ist.) Ein weiteres Beispiel : die Novgoroder Handschrift und die Texte aus Pazin haben obruceni bihomb anstatt vb obrucenii byhomb wie Vaillant aufgrund des lateinischen Textes im desponsabilus... fuimus rekonstruierte, oder wie auch zwei weitere kyrillische Texte zeigen, denen man klar entnehmen kann, dass es sich bei der fraglichen Stelle um das Substantiv obrqcenie bzw. obrucenie und nicht um das Verbum obrqciti bzw. obruciti handelt. Solche und âhnliche Über- einstimmungen mit dem Novgoroder Text einerseits, andererseits mit der jüngeren Gruppe kyrillischer Texte, deren es noch eine weitaus grôssere Zahl gibt, sprechen eine deutliche Sprache hinsichtlich der gemeinsamen Herkunft aller slavischen Texte des Nikodemusevangeliums, die durch unsere glagolitischen Fragmente zu einer grossen gemeinsamen Familie verbunden werden. 10. Im Archiv der Jugoslaw. Akad., Fragrn. glag. 32c. 11. Vj. StefaniC, Glagoljski rùkopisi Jugoslavenske akedemije I, Zagreb 1969, 46-50, II Zagreb 1970, 12-14.
206 MÉLANGES IVAN DUJCEV Das Studium unserer glagolitischen Fragmente zeigt weiter, dass die Paziner Fragmente nicht nur die sprachliche, sondern auch die textuelle Struktur der ursprünglichen Übersetzung in vielen Fâllen besser tradieren als die übrigen slavischen Texte oder der Text des jüngeren glagolitischen Fragments, der sprachlich verjüngt und beim Kopieren ziemlich verdorben wurde und deswegen einzelne Stellen unklar geworden sind. So hat das Paziner Fragment nach lat. ejice foras richtigerweise vbnb zeni, der Nov- goroder Text hat on zeni (fehlerhaft wahrscheinlich für otbzeni oder vonb zeni), der von Stojanovic herausgegebene Text hat izvedi, der Text Ivan Frankos hat dagegen vbvedi ; im glagolitischen Text heisst es nach lat. vo- bis dixit Deus : non occideris, sed mihi ? wôrtlich vam' rece bogb ne ubiesi, razvë m'né (razvë steht wie auch sonst des ôfteren in diesem Denkmal für sed) im Novgoroder Text haben wir anstatt vam' rece unrichtig rece nam' und anstatt des Dativs m’në den Akkusativ mene, sodass der Satz keinen Sinnzusammenhang ergibt. Aus diesem Grund haben wahrschein- lich die beiden übrigen kyrillischen Handschriften, die nach einer âhnlich verdorbenen Vorlage abgeschrieben wurden, die betreffende Stelle über- haupt ausgelassen. Àhnliche Beispiele dafür, dass die Paziner Fragmente dem Original nâher stehen als die übrigen Handschriften des Nikodemus- evangeliums, gibt es noch eine ganze Anzahl ; im vorliegenden Aufsatz ist hiefür allerdings nicht der Platz und die Gelegenheit für weitere Ausfüh- rungen. Doch auch aus den oben zitierten Erwâgungen lâsst sich der Schluss ziehen, dass den glagolitischen insbesondere den Paziner Fragmenten die Prioritât vor den kyrillischen Handschriften zufâllt und dass es dem- nach auch wahrscheinlich ist, dass diese Abschrift auf demselben Terrain enstanden ist wie die Originalvorlage. Wenn wir dann auch noch die übri- gen Argumente, die für die kroatische Herkunft des Nikodemusevangeliums sprechen, hinzufügen, so kônnen wir uns tatsâchlich den Ergebnissen Speranskijs, Polivkas und Vaillants anschliessen, die besagen, dass das Nikodemusevangelium irgendwo in Kroatien übersetzt wurde, was wiede- rum für eine frühe kyrillo-methodianische Tradition bei den Kroaten sprâche.
DEUX IVOIRES CONSTANTINOPOLITAINS DATÉS DU IXe ET Xe SIÈCLE André GUILLOU Je prépare depuis de nombreuses années le recueil des inscriptions grecques de l’Italie médiévale d’époque byzantine et post-byzantine, du vie au xve siècle. Le premier volume est désormais assez avancé : il com- prendra les inscriptions non gravées en Italie et pour la plus grande partie d’entre elles constantinopolitaines. De ce groupe j’extrais ici deux pièces bien connues qui sont liées à deux grands moments de la vie publique de la capitale de l’Empire byzantin : un mariage impérial et une grande victoire militaire. I Le premier objet (fig. 1-5) est le coffret d’ivoire conservé à Rome au Palais de Venise, dans la «Sala tedesca» (n° 149). Le couvercle porte, en vers de douze syllabes, l’inscription suivante : 1. + Xpmr’ eûXo-fr) tov Sectkotcov ^uvcoptSa- 2. A(oû)Xy) ^uvcopiç Ttpoaxuveî xar’ à^iav1 Ce qui veut dire : « O Christ bénis le couple impérial. 1. Edition partielle, A. Goldschmidt-K. Weitzmann, Die byzantinischen Elfen- beinskulpturen des 10. bis 13. Jhs (Deutscher Verein für Kunstwissenschaft), t. 1, Berlin, 1930, n° 123, que je critiquerai dans l’apparat de mon édition,
208 MÉLANGES IVAN DUJCEV Le couple, ton serviteur, t’adore comme il convient. » Le mot Seokotcov du premier vers nous assure qu’il s’agit bien d’un mariage impérial. L’interprétation de la double scène est la suivante : en bas en pied un empereur et sa future épouse dans l’attitude de l’adoration, en haut la cérémonie du mariage, le Christ officiant a les mains sur la tête de l’empereur et celle de l’impératrice, tous deux en vêtements impériaux. Les quatre côtés du coffret sont ornés de scènes de la vie de David, dont on sait que les Byzantins le considéraient comme l’un des modèles impériaux. La longue inscription qui court tout autour du coffret permet de dater celui-ci avec une relative précision, ce dont on ne s’est pas encore aperçu. L’inscription est originale jusqu’à la fin du deuxième côté Kpo- ; le reste a été récrit à l’époque moderne (xvne siècle) par quelqu’un qui ne savait pas le grec, sauf les trois dernières lettres arco. Ce sont cinq vers de douze syllabes que l’on peut lire ainsi : 1. + ©Tjoaupoç Scopcov aùroxparopcov 2. 'H <77) Xai O’ZSÎjOÇ hîlCÛV /p7)p.àT<ov 3. IIXTjv xal ffTjoaupoç 7rpoTep7)p.àTcov ^évcov 4. To <5ov <5X7jvoç, à) pamXlç, EITA, puis une lettre écrasée par le rivet et P (1). Ensuite on lit TtjXlxoûtco auÇûyco, puis un certain nombre de lettres qui ne donnent aucun sens ouÇuyoç arco et n’entrent pas dans un vers de douze syllabes. Je propose à^icoraTco. Je traduis : « Ton âme est un trésor de dons des hauts empereurs, un vase des richesses impériales (ou divines, le mot a le double sens, ce qui plaît beaucoup aux Byzantins). En outre, ton corps, ô impératrice (ici un certain nombre de lettres, qui restent à interpréter) est un trésor des qualités étrangères, pour un mari si grand et si digne». L’invocation est donc adressée à l’épouse étrangère d’un empereur byzantin. Lequel ? La paléographie de l’inscription permet de dater celle-ci vers la fin du ixe ou au Xe siècle2. Durant cette période deux souverains ont épousé une étrangère : Eudokia Ingérina, concubine de l’empereur Michel III, a été donnée par l’empereur comme femme au futur empereur Basile Ier, son courtisan ; Zoè Zaoutzaina, seconde femme de Léon VI, s’est mariée au printemps de 898, elle était arménienne. Reprenons l’inscription. 2. Voir, par exemple, E.M. Thompson, An introduction to greek and latin Palaeo- graphy, Oxford, 1912, p. 216, fig.
DEUX IVOIRES CONSTANTINOPOLITAINS 209 Au vers 4 après paatXiç, impératrice, il manque quatre syllabes pour compléter le vers. La première lettre est certainement E, la troisième T, la quatrième A, la sixième P. Je ne pense pas être bien téméraire en propo- sant de lire EIFAIP pour EirAIP((.va) donc la fille d’Inger ou d’Igor. L’hypothèse est aussi soutenue par le fait que les qualités physiques de l’épouse Scandinave3 auxquelles fait allusion le poète sont mises en relief par l’historien Constantin Porphyrogénète qui écrit dans la Vie de Basile : « Cette femme était d’une beauté, d’une grâce et d’une vertu supérieures à celles des plus nobles dames, la fille d’Inger, et elle était célèbre entre toutes par sa noblesse et sa sagesse »4. Ce sont bien les paroles du poème porté sur le coffret. Je retiens donc comme date presque sûre du coffret celle de 866, date de la nomination de Basile Ier comme co-empereur ; le mariage avec la belle Eudokia pouvait remonter à quelques mois5. Cadeau du mari ou de l’amant ? Je ne saurais le dire, mais cadeau de luxe : l’ivoire, rare, venait du Niger ou de Ceylan, le sculpteur comme le poète travaillaient pour la cour impériale de Constantinople. II Le deuxième objet (fig. 6-7) est une stavrothèque, donc un reliquaire qui contient un petit morceau de la Vraie Croix. Cette stavrothèque d’ivoire fut rapportée de Constantinople par le frère Elie de Coppis, disciple de saint François d’Assise, qui y avait été envoyé par Frédéric II en 1245 ou 1246. Il donna la stavrothèque à l’église franciscaine qu’il avait construite dans son pays, Cortona en Toscane, où elle se trouve encore jalousement conser- vée dans le trésor de l’église S. Francesco. Il s’agit d’une plaque d’ivoire dont le droit est orné d’une croix, de quatre saints sculptés (la Mère de Dieu, s. Jean Prodrome, s. Stéphane, s. Jean le Théologien) et de deux bandes sculptées en haut et en bas occupées par trois médaillons contenant le Christ entre les archanges Gabriel et Michel, Constantin entre Hélène et Longin. Au verso sont gravées deux inscriptions. 3. Voir C. Mango, Eudocia Ingerina, the Normans, and the Macedonian dynasty, in « Zbornik Radova», 14/15, 1973, p. 17-27. 4. Cité par A. Rambaud, L’empire grec au dixième siècle, Paris, 1870, p. 155. 5. 865, dit R. Jenkins, Byzantium. The impérial centuries AD 610-1071, Londres, 1966, p. 195.
210 MÉLANGES IVAN DUJCEV La première, en forme de croix, dit en quatre vers de douze syllabes : 1. Kac 7tplv xpaTatû Ssokôtt] Kcovaravrivco 2. XpiCTTOç SéScoxs araupov e’tç tnoriqpiav 3. Kal vüv 8è toütov èv 0sû Ntxyjcpopoç 4. ’’Ava^ TpoTOÜTai. cpüXa [îappàpcov ë/cov6. Je traduis : « D’abord le Christ a donné la croix au puissant empereur Constantin (Constantin le Grand au ive siècle) pour son salut, et mainte- nant Nicéphore, en Dieu notre prince, avec elle met en fuite les tribus bar- bares ». La paléographie de l’inscription parle pour le xe siècle. L’identification du souverain est donc simple : il s’agit de Nicéphore II, qui régna de 963 à 969. Mais, et c’est exceptionnel, on peut dire beaucoup plus. L’inscription précise que cet empereur avec elle « met en fuite les tribus barbares». Nous lisons sous la plume du chroniqueur Jean Zonaras, qui écrit au douzième siècle, après le récit de la prise de Tarse et de Mopsueste aux Arabes en 965 : « L’empereur remit comme offrande de son armée à Dieu les croix vénérables que les Barbares avaient prises, quand Stip- piôtès, le domestique des Scholes, tomba dans le malheur par suite d’une malveillance au siège de Tarse, et les restitua au divin sanctuaire de la Sagesse du Verbe de Dieu »7. La croix de Cortona pouvait être du nombre, car il s’agit bien de Sainte-Sophie, l’église patriarcale de Constantinople. Et il est très probable que notre stavrothèque faisait partie des reliquaires transportés durant la campagne, comme toujours, par l’armée byzantine. Et d’autant plus que l’inscription qui court tout autour de la plaque dit ceci : 4- 'O TÎjç pteyàX7]ç èxxXTjotaç 0eoü aocpiaç <rx£uo<pûXa^ Sré<pavoç TÎ) [xovîj Eù^p.y)<; KpooqjépEt, c’est-à-dire « Le skévophylax de la Grande Eglise de la Sagesse de Dieu, Stéphane offre au monastère d’Euèmè (sic), qui l’a éduqué ». Nous savons que le skévophylax de Sainte- Sophie de Constantinople, au xe siècle, est responsable du mobilier, des vases et objets liturgiques, ornements et livres de l’église8. Le rapprochement du texte des deux inscriptions, qui ont été gravées par la même main, per- 6. Editions antérieures : C.I.G., t. IV, n° 8694 ; Teresa Venuti de Dominicis, La Croce Santa di Cortona. Dittico bizantino del decimo secolo, Cortona, Tip. Commerciale, 1913 (en lettres latines) ; A. Goldschmidt-K. Weitzmann, Die byzantinischen Elfen- beinskulpturen, cit., t. II, Berlin, 1934, p. 48 (et fig. 23) ; A. Frolow, La relique de la Vraie Croix (Archives de l’Orient Chrétien, 7), Paris, 1961, n° 146, p. 241. Les leçons divergentes seront relevées dans mon édition. 7. Ed. M. PiNDER-Th. Buttner-Wobst, t. III, Bonn, p. 503. 8. Voir J. Darrouzès, Recherches sur les Offikia, Paris, 1970, p. 314-318.
DEUX IVOIRES CONSTANTINOPOLITAINS 211 met à mon sens de donner les précisions suivantes à propos de cette stavro- thèque : 1) En rentrant de sa campagne Nicéphore II remet le reliquaire, fabriqué sous son règne et avant la guerre, donc entre 963 et 965, au Trésor de Sainte- Sophie, dont le skévophylax est un certain Stéphane ; 2) Ce dernier, pour une raison qui nous échappe, s’approprie en un sens le reliquaire, qui porte le buste de son saint patron. Sur son ordre, un graveur écrit la fameuse référence historique et le don fait par Stéphane, qui en a ainsi accru la valeur9. Comme l’empereur Nicéphore est mentionné comme régnant, nous pouvons en déduire que l’inscription doit être datée entre 965 et 969. Tel est l’apport de la lecture des inscriptions portées sur deux ivoires depuis longtemps connus : elles enseignent, je crois, l’origine, la date de ceux-ci, le milieu qui les a produits, l’usage qu’on en a fait. 9. Stéphane n’est pas connu, sauf si on l’identifie avec le fils de Romain Lékapène. La parenté avec la famille impériale expliquerait le sort subi par le reliquaire. Le nom du monastère « Euèmè », qui doit être, je pense, constantinopolitain, est sûrement corrompu (ou populaire ?). Je propose de l’identifier avec le monastère fameux de Sainte-Euphémie d’Olybriou, situé entre les Saints-Apôtres et le Philadelphion (R. Janin, La géographie ecclésiastique de l'empire byzantin. T" partie. Le siège de Constantinople et le patriarchat œcuménique. Tome HL Les églises et les monastères, 2e éd., Paris, 1969, p. 124-126.)
SAINT ALEXANDRE MARTYR DE THESSALONIQUE François HALKIN Les hagiographes ont distingué ce martyr d’un saint Alexandre de Pydna en Macédoine, d’un saint Alexandre de Drusipara en Thrace et d’un saint Alexandre de Dinogetia en Mésie inférieure. Il semble bien que ces quatre «homonymes» ne font en réalité qu’un seul personnage1. Alexandre de Thessalonique est inscrit dans certains synaxaires byzantins au 7 ou au 9 novembre et pourvu d’une notice brève, qui résume sans doute une Passion perdue2. De cette Passion perdue, Ehrhard croyait avoir retrouvé un exemplaire dans un texte acéphale du ms. 91 d’Andros3. Il ne s’agissait en réalité que d’un fragment du panégyrique bien connu de saint Grégoire le Thauma- turge par Grégoire de Nysse4. Mais il en subsiste un abrégé d’une certaine longueur dans le curieux synaxaire-ménologe du ms. 2108 d’Athènes, qui provient de Thessalonique et a été signalé naguère par Madame E. Lappa Zizicas dans les Analecta 1. Voir dans le Propylaeum Decembris des Acta Sanctorum, paru en 1940, le commen- taire du martyrologe romain, au 9 novembre, p. 506-507. Cf. Act. SS., Nov. 4 (1925), p. 100 ; H. Delehaye, Les origines du culte des martyrs, 2e éd. (Bruxelles, 1933), p. 230. 2. Synax. Eccl. CP., éd. H. Delehaye (Bruxelles, 1902), col. 204 et 208 ; Migne, P.G. 117, col. 152. 3. Überlieferung..., t. 2 (= T.U. 51, 1938), p. 416. 4. Mélanges Roger Goossens (Bruxelles, 1954), p. 70-72. Reproduit dans nos Recher- ches et documents d'hagiographie byzantine (= « Subsidia hagiographica », 51, 1971), p. 92-94, avec deux notes additionnelles, p. 305.
214 MÉLANGES IVAN DUJCEV Bollandiana, t. 88 (1970), p. 265-266. Cet abrégé inédit mérite bien d’être publié. En voici la teneur (fol. 25 v-26). priqvi tcû aÙTÛ 6' toü àylou jzàpTupoç ’AXe^àvSpou toü èv 0£C7C7aXovlx7] OÜtoç ô àyioç ptàpTuç ’AXè^avSpop îjv éîtl Maii/itavov toü pacnXscoç xai 7rapa<7Tàç tco py|p.aT(. xai TrpoTparrelç Oüaai. toïç Oeoïç copioXoyTjosv to ôvopia toü àX7]0i.voü Oeoü Xéycov otl « ’Eyco èva 0£ov xai pacnXèa tiôvov Sixaioxplr/jv p.ep.àOyjxa 7ri.c7T£Ù£i.v xai Kpooxuveîv, tov K0i.y)C7avTa 7)p.àp xai ’jjzaç ». ’ETrixaTKipàtraTo 8è t<5 x6ap(.<p toÙtco tû ptaTalco xai toïç àp/oumv aÙToü Sià to pc?] èKiyvcovai aÙToùp tov xùptov. Kal àKeuSoxyjoaç toü xocrpiou toÙtou ô ayioç ’AXè^avSpoç ÊXàxTinev tt]v Tpaîrs^av ottoli îjv tj cttovSt) ê7VLxet.fz.év7)’ xai oTpacpeïoa 7) cttovSt] è^£/ù07). Kal opyiaOelp ô pamXeùç èxéXeuoev aÙTov àreve/Oîjva!. ûtto Mivovntavov TrpoTlxTopop xai àTOTp.v)Oî)va!.. Kal éXxùaaç to ^Icpoç ô MivovntavoQ eltrnqxsi coç èv èxcrTaoei. Kal elkev ô xaïaap Kpàç MtvQvHiavQV « Tl £<7T7)xaç, xaxè crTpaTicoTa, xai où TrXyjpoïç to KpooTa/Oèv oot èv Ta/si ; » Kal slttsv Mtvovxiavôç’U BamXsü, 7) x£cpaX7| ao'j tôç ôpoç ècrrlv xai clpu. £VTpop.oç. » ''HTTjffev 8è ô àyioç fzàpTup ’AXè^avSpop 58cop xai vi^âp.evoç xàç /eïpaç Kporr^ùçaTO xat àvspoTjoEV xai £OT£V« "Ayiop, ayioç, àywç xopiop ô 0£oç. » Kal èraKamEv aÙTov 6 CTTpaTixoTvjç. EISsv 8s ô paoù.sùç £Ù0ècoç xècmapaç àyyèXouç X£u<7/7)p.ovoüvTaç kcûç 7rapèXa[3ov tov ptaxapiov ’AXè^avSpov xai àmqp/ovTo elç Ta èuoupàvia’ xai piETEVoEi otl èKol'/joEV auTov àTroOavslv. Kal OTuyvol ^oav ol asT’a’jTOÜ /picmavol’ xai eÏkev aÙToïç ô paoi>.£Ùç' « OoPsï<70£ piï) xai ùp.£Ïç aKO- 0àv7)<70£ ; » xai sl-rav « Où/l, xûpi.£’ to yàp üràp XpioToü àKO0av£Ïv ^oal èoTiv. ’AXXà 8£6p.£0à trou ïva à^lcoç rrjç ptapTuplap X7)8£u0fl 6 à8£Xcpoç 7)p.ûv ’AXè^avSpoç. » Kal eIkev ô ['iarjù.s’jç' « Tl ècmv piapTupla ; » BIhtWQ Ô <7TpaTl.d>T7)Ç eIkîV « ’Ev TCp 7)p.£T£pCp VOfZCp, paOLZÆÜ, Ô<7T(.Ç av wrèp XpiOTOÜ outcoç àKoOàvy; piâpTup ècrrlv xai 7ràvT£p ol /picmavol auv£p^6p.£vot, OaTTToucnv aÙTov. A£op.£0a oùv aou, paoiz.EÜ, èTurjTaz.yvai toïç èv &EQaaXovi™] àSsz.çoïç cûote alolcoç xv)8£u0-?jva(. aÙTov. » E’içaç oùv ô PacnX£Ùç èypa^ev oÔtcoç- « MaÇuuavù" xaïaap toïç ©ecnraÂowxécoi’ Xpicmavoïç /alp£i.v. Tov outcoç èv tco ùp.£Tèpco voptco xaTacppovYjaavTà p.ou xai x£À£uc70èvTa Ùtt’ èpioü à7ro0av£Ïv, ôqStq a7roc7T£lXavT£Ç toùç £l<o0oTaç àvaXap.pàv£(,v Tà tûv p.apTupoùvTcov mû a axa Oà^aTC. "Erapi^a yàp Stà toüto xai àxTov iva Sià Ta/ouç a7ravT£ç avaXà^ETS tô Xsl^avov toü p.àpTupoç ’AX£^àv8pou. 'Qç yàp ûp.£Ïç Xèy£T£, èp.apTÙpv)<7£v. » ’A7ravT7|<7avT£p oùv ol àîrà ©eoffaÂoi’ixzjç àSsz.'poi E'jz.apslç àvèz.apov to <7Ûp.a toü aaxaplo’j ’Ax£^àv8pou toü 0£ocpi.Xoüç piàpTupoç xai £07jxav £lç à^iov t^ç èSpalap
saint Alexandre de thessalonique 215 xal eùoePoüç aÙTOÜ ôp.oXoylaç tôkov xaXoujzsvov ©cogyiai, rrâvTa KXyjpco- oavTeç rà ÈkI TÎjç èvepyelaç auToü- xal kIotei àvs^cbpyjcrav slç ttjv ©eoffa- Aovixipt. 'H 8è toü piaxaplou ptàpTupoç ’AXe^àvSpou ^X^, “S x.od aÙToç ô PaaiXsùç cbpioXoyTjcrEv, Ûtto àyyÉXcov àvsX7)<p07) etç Tà EKOupavia 8tà toü xuptou 7)p.ûv ’lyjooü XpioToü, pte0’ ou tco rraTpl 7) S6ça xal to xpaTOÇ oùv tco âylco 7rveûp.aTi etc; touç aîwvaç. Quelques notations pourront suffire en guise de commentaire. Dans beaucoup de Passions épiques5 le persécuteur est appelé Maximien ou Dioclétien ; il aurait aussi bien pu rester anonyme : ce n’est pas une individualité mais un type. Plusieurs synaxaires, notamment deux mss. de l’Ambrosienne6, donnent au bourreau (cmexouXaTcop ) le nom de Minoukianos. Ici le même Minou- kianos est qualifié de npoTixTwp, soldat de la garde impériale. La variante ne tire pas à conséquence, puisque le « protector » joue le rôle d’exécuteur des hautes œuvres. Le toponyme ©wpylai, qui indique l’endroit de la confession du martyr et de sa sépulture, ne semble pas connu d’ailleurs. Nous le recommandons à l’attention des spécialistes en topographie de la Macédoine. Si ce lieudit a été relevé par l’auteur de l’abrégé, c’est apparemment parce qu’il désignait le sanctuaire de S. Alexandre, hors les murs de Thessalonique. 5. Sur le genre littéraire des « Passions épiques», voir tout le chapitre 3 du livre clas- sique en la matière : H. Delehaye, Les Passions des martyrs et les genres littéraires, 1" éd. (Bruxelles, 1921), p. 236-315 ; 2e éd. (1966), p. 171-226. 6. B 104 sup. et D 74 sup. Cf. Synax. Eccl. CP., ed. H. Delehaye (Bruxelles, 1902), col. XXX (Cb et Cc).
EIN WEITERER PARALLELTEXT ZU DEN SLAVISCHEN VERSIONEN DER “LEGENDE VON DEN VIERZIG MÀRTYRERN IN SERASTEIA ” (RHG3 1201) Helmut KEIPERT Mit seiner 1960 publizierten ausführlichen Beschreibung des sog. « German-Codex » aus dem Jahre 1359 hat loan lufu die slavistische Mediaevistik an ein Denkmal erinnert, das seit den Arbeiten von Jaci- mirskij und Kahizniacki etwas in Vergessenheit geraten war1. Die durch seinen Aufsatz angeregten weiteren Forschungen, die wir vor allem den bulgarischen Gelehrten Kiril Mircev und Dora Ivanova-Mirceva verdanken, haben die auBerordentliche Bedeutung dieser Handschrift für die Über- lieferungsgeschichte der kirchenslavischen Literatur im südslavischen Raum noch klarer hervortreten lassen : neben weitverbreiteten Werken enthâlt sie verschiedene zweifellos alte Texte, die bisher nicht oder nur wenig bekannt waren, und ihre Sprache scheint manche mehr archaischen Züge aus der Frühzeit des homiletisch-hagiographischen Schrifttums bei den Slaven zu bewahren2. Unterschiedliche Meinungen sind allerdings zu der Frage geâuBert worden, ob man der Sammlung als ganzer textologisch 1. I. Iufu : Sbornicul lui Gherman (1359), « Ortodoxia. Revista Patriarhiei Romîne», 12, 2 (1960), S. 253-279. 2. Die wichtigsten Arbeiten sind jetzt bei D. Ivanova-Mirêeva, i. Ikonomova : Chomilijata na Epifanij za slizaneto v ada (neizvesten starobl>lgarski prevod). Sofija 1975, S. 17, genannt.
218 MÉLANGES IVAN DUJ&EV ein relativ hohes Alter zuerkennen darf : wâhrend Ivanova-Mirceva den Hauptbestand bereits am Ende des 9. Jh. vereinigt sehen will, hait Dilevski eine gemeinsame überlieferung der hier verbundenen Stücke nicht vor dem Ende des 12. Jh. für môglich3. Die wünschenswerte Gesamtausgabe dieses interessanten Codex wird seit lângerem dadurch vorbereitet, daB einzelne besonders bedeutsame Stücke untersucht und ediert werden. AufschluBreiche Kriterien für die allgemeine Beurteilung der in Ttrnovo entstandenen Handschrift ergeben sich gerade aus dieser Detailforschung. Namentlich die mehr oder weniger ausgedehnte Parallelüberlieferung solcher Einzeltexte kann die Eigenart dieses Sammelbands nâher zu bestim- men helfen, auch wenn die noch ganz unzureichende bibliographische ErschlieBung der hagiographischen Werke in ksi. Sprache vorlâufig keine vollstândigen Vergleiche mit allen erhaltenen Handschriften erlaubt und deshalb immer wieder mit ergânzenden und das gewonnene Bild korri- gierenden Funden gerechnet werden muB. 1 Die im « German-Codex » auf f. 143v-153v (im folgenden : G) über- lieferte « Legende von den vierzig Mârtyrern in Sebasteia » ist eine besonders glückliche Entdeckung, denn die hier begegnende Version weicht zumindest im Anfangsteil von der bekannten ksi. Fassung dieses Martyriums im « Codex Suprasliensis » (im folgenden : S) so stark ab, daB man eine selb- stândige Übersetzung vermuten darf. Die Gegenüberstellung der zwei si. Texte, die auf voneinander wohl nur wenig unterschiedene griech. Vorlagen zurückgehen, ergibt, daB der neugefundene offenbar sehr ait ist und lexi- kalische Besonderheiten der sog. « Ochrider Schule» aufweist, die sich von den « Preslaver » Merkmalen der « Suprasliensis » — Version deutlich abheben4. Freilich : streng genommen handelt es sich bei dieser Publika- 3. Vgl. N. Dilevski, Kt>m Vbprosa za proizchoda na « Germanovija sbornik » ot 1359 g. « Bllgarski ezik», 17 (1967), S. 307-322. 4. Neben den knappen lexikalischen Bemerkungen bei D. Ivanova-Mirceva : Gncko- starobldgarski leksikalni usporedici, « Slavisticen sbornik (Po slucaj VII Mezdunaroden kongres na slavistite vl>v Varsava) ». Sofija 1973. S. 85-92 vgl. vor allem Ausgabe und ausführlichenKommentar von derselben Autorin : Nepoznat variant ot starobllgarskija prevod na Maprupiov rüv âyicov xal ÈvSdÇcov reaaapâxovTa [jtapr’jpwv rœv èv Sepaareia (xapTvp-qaàvTùjv « Izvestija na Instituta za btlgarski ezik», 17 (1969), S. 51-103. Die « Suprasliensis » -Version wird zitiert nach : Suprasl’skaja rukopis’. Trud S. Sever’ jano- va. Tom I, Sankt-Petersburg 1904. S. 68-81, der griech. Text nach R. Abicht, H. Schmidt : Quellennachweise zum Codex Suprasliensis, « Archiv für slavische Philolo- gie», 18 (1896), S. 144-152.
LEGENDE VON DEN VIERZIG MÂRTYRERN 219 tion um eine IFzWerentdeckung. Schon 1903 hat Aleksandr Sobolevskij einen âhnlichen Text aus einer russ. Handschrift vom Anfang des 15. Jh. (Pogodin- Sammlung N° 872 ; im folgenden : P) verôffentlicht und dabei auch auf dessen eigenartiges Verhâltnis zur Version im « Codex Supras- liensis » hingewiesen : « Der hier edierte Text des Martyriums zeigt betrâcht- liche Unterschiede gegenüber dem Text des Martyriums im ksi. ’Codex Suprasliensis’ [...] Aus ihrem Vergleich geht unzweifelhaft hervor, daB wir es mit zwei Übersetzungen zu tun haben, die nach griech. Texten zweier verschiedener Redaktionen von etwas unterschiedlicher Lange angefertigt worden sind [...] Die Übereinstimmung einer Reihe von Ausdrücken und Wôrtem lâBt die Vermutung zu, daB der eine Übersetzer bei seiner Arbeit das Werk des anderen benutzt hat, daB also die eine Übersetzung etwas früher als die andere entstanden ist, obwohl beide zur ersten Période des si. Schrifttums gehôren»5. Sobolevskij hat die Frage der Prioritât unent- schieden gelassen ; sie klârt sich, wenn man seinen Text zu dem jetzt zugâng- lichen des « German-Codex » in Beziehung setzt. Das damit entstehende textologische Dreieck liefert jedoch auch einige neue Argumente für die Beurteilung der « German» — Version unserer Legende, insbesondere was ihre merkwürdige Übereinstimmung mit dem « Codex Suprasliensis» anbelangt, die man doch wohl anders zu deuten hat, als es bisher geschehen ist. Wenn man Sobolevskijs Kopie für ein besseres Verstândnis der Problème des Martyriums im « German-Codex » nutzbar machen will, dann ist stets zu bedenken, daB sie als Folge einer anscheinend lângeren Über- lieferung des Textes im ostsl. Raum zahlreiche Russismen aufweist, die in der südsl. Ausgangshandschrift dieser Tradition natürlich nicht voraus- gesetzt werden dürfen. Man findet z.B. auf Schritt und Tritt den Ersatz von zd durch z (preze 60.22, pobezachonn, 60.24, ispostrazemb 62.10 u.â.), von ë durch e (posredé 62.20, vremja 64.88, razumejutb 66.1. u.â.) und âhn- liche Erscheinungen, vgl. auch ostsl. Formen wie sobë 61.3, tobë 67.22. Der Unaufmerksamkeit der Abschreiber anzulasten sind namentlich die spezifischen Nordrussismen wie die hâufige Schreibung von c statt c (vgl. cislomi, 60.9, cto 64.2, c(elo)v(ë)cb 66.22) oder die Verwechslung von é und i (z.B. bjachu utverzenë voinë ch(ri)s(to)vë 60.10 ; umgekehrt etwa vo vremenemb semb voinestvi 62.9). Diese Ostslavisierung ist aber nicht konsequent durchgeführt, vgl. ozero 64.26 mit dem kurz danach folgenden 5. iitija svjatych po drevne-russkim spiskam. I. Mucenie sv. Klimenta Rimskago. 2. iitie sv. Vasilija Velikago. 3. Mutenie 40 mucenikov v Sevastii. Trud A. I. Sobolevskago. Sankt-Peterburg 1903. S. 58f. (Text S. 60-68).
220 MÉLANGES IVAN DUJCEV jezera 64.28 oder nynë 62.23 mit nyni 62.31. Bis zur Auffindung weiterer Parallelhandschriften bleibt es deshalb eine offene Frage, in welchem MaBe auch andere Divergenzen, z.B. lexikalische, als solche durch das nicht-südsl. Überlieferungsmilieu bedingte Neuerungen angesehen werden müssen. 2 Trotz ihrer Herkunft aus einem relativ fernen Überlieferungszweig kann die russ. Handschrift zur Ausbesserung von Korruptelen im « Ger- man-Codex» beitragen und die textgeschichtliche Interprétation schwie- riger Stellen fôrdern: Das von Ivanova-Mirceva anstelle des G 52.18 überlieferten bëdg r/)v vixt]v konjizierte pobëdç wird durch P 60.20 pobêdu zweifelsfrei. Angesichts P 60.23 po umirajuscemb c(ësa)rë erweist sich po umiraç- stim't.i c(ésa)rT> G 52.20 f. als nicht ganz korrekt (vgl. auch o neumiragstimi, G 53.2). Die sinnentstellende Wiedergabe G 53.22 eze chostete reSti nelicemèrno g(lago)lç, ng jakoze es(th) istina ô ë/co ebreïv, où rcpoç /àpw Xéyœ, àXX’ œç ëffxw stellt sich zumindest teilweise als fehlerhafte Abschrift heraus, wenn man das ebenfalls nicht ganz richtige eze choscu ne licemërno g (lago)- lati k vami>, no jako istinu P 61.18 vergleicht. Sprachlich unanfechtbar, aber grammatisch weniger genau als die Übersetzung in P (und S !) ist G 54.28 egda nacinaachom'b brani ôxav yjp^à- p.eha 7toXe|xeïv gegenüber jegda nacinachom bratisja P 62.28. Die eigenwillige Ergânzung G 55.1 f. i vsi [ljudie] snidosç vidëti [ifch,)] xa't. rcavreç <Tjv7y.llov fiecop-^oat, ist kein Zufall, da auch die russ. Kopie sie zeigt : i vse ljudbje snidosasja viditi, ichi, P 63.2 ; mit dem Supinum vidifb wird dort sogar eine alte Sprachbesonderheit bewahrt, die der sonst so archaische « German-Codex » an dieser Stelle zugunsten des Infinitivs vidëti aufgegeben hat. Das unsinnige Satzstück G 55. 5 f. toju ze dvoju prilezith vas Xootùv êv èx twv 8ûo Ttpoxeirai ù|xïv lâBt sich emendieren mithilfe der falsch getrenn- ten Folge ... [z nech] to uze ot dbvoju predidezitb vasi, P 63.6. Die beschwôrende Formel des Hegemon G 55.21 tako mi b(o)dzi, v'bskorenit’b c(elo)v(ë)c(b)sky obrazi, vwnëstil'b sç es(ti>) zde p.à toùç fieoùç, YoTjTela tiç repoexcopyjaev hat ursprünglich wohl nicht das Adjektiv zu celovëk’b enthalten (es fehlt ein Indefinitpronomen !), vgl. tako mi bozi vse korenickyi obrazi, vmëstilsja jestb zdë P 63.23. Die in G 56.6 fehlende Ortsangabe videz’sem ze imi, siosÀ-hov-rcov 8è aùxœv èv -rf) çuÀaxyj findet sich in der russ. Kopie, freilich umgedeutet
LEGENDE VON DEN VIERZIG MÂRTYRERN 221 zu byvsim-h ze imt> v temnicë P 64.8 (vgl. hier aber auch S 75.13 : vï>vedenoim> ze byv'bsem'b imi, üb tem’nicç)6. Solche Stellen — die Reihe lâBt sich fortsetzen — zeigen anschaulich, daB ungeachtet des sehr konservativen Charakters der Legende im « Ger- man-Codex » auch mit mancherlei Verderbnissen gerechnet werden muB : anscheinend hat der alte Text die lange handschriftliche Tradition nicht ohne allen Schaden überstehen kônnen. DaB er dennoch insgesamt hier viel besser erhalten ist als in der russ. Kopie, sieht man überzeugend, wenn man mit seiner Hilfe deren Defekte zu emendieren versucht. 3 Neben den Einwirkungen des ostsl. Milieus und Überlieferungsmân- geln scheint es noch andere Ursachen für Divergenzen in den Lesarten von G und P zu geben. Die russ. Handschrift weist lexikalische Besonder- heiten auf, die ihr (auch wenn sie grundsâtzlich zu demselben Überset- zungstyp wie G gehôrt) einen eigenen Platz sichern. Bei ihrer Analyse der zwei Legendenversionen im « German-Codex» und « Codex Supras- liensis» hat Ivanova-Mirceva eine grôBere Zahl jeweils unterschiedlich übersetzter griech. Wôrter beobachtet und in diesen Gegensâtzen das Fortwirken verschiedenartiger Sprachtraditionen gesehen. Vergleicht man die Liste solcher lexikalischer Varianten7 mit der Vertretung in P, dann ergibt sich folgendes : a) In den meisten Fâllen verwendet P das in G begegnende Synonym : (xéyaç velik'b (S)/velij(G) : velije P 60.3 Osoç boghlidolh : idolomi, 60.5 /jyeixoveûaw vojevodafknçdz'b : kn(ja)zju 60.5 èv KoXéfzotç ui> ratechv/na branech : na branëchh 60.19 ôpio&up.a86v v'bkupëikupno : kupno 60.21 TÛpawoç pakost\>nikrblmociteh> : m(u)c(i)t(e)lju 60.23 vtxàv odolëvatijpobëzdati : pobezachom^ 60.24 yvcàfzT] nraw/volja : volju 60.26 nxÉKTEcrüai pomysliti/popesti sç : popecitsja 61.2 xà[X7treiv prëklonitilpokloniti : poklonisa 61.7 6. Vgl. zu diesen Stellen Ivanova-Mirceva a.a.O. S. 63-86. 7. Ivanova-Mirceva a.a.O. S. 102.
222 MÉLANGES IVAN DUJCEV Tteipaor^piov napastbjiskusenie : iskuseiïbja 61.8 Tüpoîkoiç izvolenijelvolja : volja 61.13 usw. usw.8 Zu dieser zahlenmâBig weitaus überwiegenden Gruppe müssen auch die- jenigen Stellen gerechnet werden, an denen die russ. Kopie das in G vorkom- mende Wort in verânderter oder verderbter Form überliefert : èv voupiépœ évt üt> sanu jednomb (S)/üt> edinotm, nutnirë (G) ist entstellt zu dem von der griech. Vorlage nicht gedeckten Ausdruck vb jedinoi verë P 60.8 f., vermutlich weil irgendein Abschreiber das griech. Fremdwort *numeri> nicht mehr verstanden hat. zacinaase Kpo^ysiTo (vgl. bëase... starëi in S) findet sich umgedeutet als nacinase P 61.11. Hinter dem unsinnigen priprëvë P 63.29 steht die richtige Wortverbindung von G prëprë pr'bvoe Keiüei... t; KpcoTT] (vgl. uvérith... prbvyj in S). Der Archaismus golotb xpûoraXXoç (gegenüber led-b in S) ist offenbar nicht mehr gelâufig gewesen : golodb P 65.169. b) An einigen Stellen findet sich dagegen das in S gebrauchte Alternat : avpiov utro(S)/utrë(G) : utro P 61.5 p.epi.pivav pesti sç/popesti sç : pecetsja 61.4 Spàxcov zmijlzmija : zrnëj 64.24 èXàcpp'jvov obleg’bcilolegci : obleci (!) 65.27 Die Unterschiede sind hier allerdings viel geringer, so daB die Überein- stimmung auch zufâllig eingetreten sein kann. Kaum denkbar scheint ein solcher Zufall aber bei folgenden Gemeinsamkeiten zwischen P und S zu sein : nxàvSaXov wird in G mit skandalh, in S mit s'bblazn\> übersetzt. Wegen einer Lücke in P 61.8 scheidet das Psalmen-Zitat (Ps. 91, 1-3) für die Beur- teilung der russ. Kopie zwar aus, doch findet sich für die Schmâhworte des Sprechers der Mârtyrer ô /opyjyoç tûv nxavSàXcov, t; zscpa/.T] toü 8i.a[36Xou (G davce skandëlb, glava diëvolë ; S podatelju blaznonvb, glava dijavolë) als Entsprechung in P 63.28 s't.blaznaja glava, aus dem man trotz der Text- verderbnis für P die Gleichung <rxàv8aXov/s'i>Wa.znb, d.h. eine Überein- stimmung mit S, ableiten kann. In der Morphologie fâllt auf, daB P und S gelegentlich erweiterte Aorist- formen gebrauchen, wo G die âlteren Wurzel- oder sigmatischen Bildungen 8. Vgl. zu diesen Divergenzen die Bemerkungen bei Ivanova-Mir&va a.a.O. S. 61-68. 9. Vgl. Ivanova-Mirceva a.a.O. S. 62, 68, 85.
LEGENDE VON DEN VIERZIG MÂRTYRERN 223 zeigt : iznemogoSa i padosa P 63.21, vozvedochi, 64.9, rkosa 65.9 (vgl. izne- mogç i padg G 55.19, vt>zvëst> 56.7, résç 57.2)10. Auch wenn diese Koinzidenzen meist im Verband von Psalter-Zitaten begegnen, tritt mit ihnen in P eine jüngere Sprachschicht zutage, als sie für G charakteristisch ist. DaB P tatsâchlich eine Art KompromiB zwischen der starken lexikalischen Archaizitât von G und der neueren Sprachform von S darstellt, kann man auch bei der Durchsicht des zwischen G, S und P weitgehend gemeinsamen SchluBteils beobachten. c) SchlieBlich bietet P an nicht wenigen Stellen zusâtzlich zu den zwei Wiedergaben in G und S noch eine dritte Übersetzungsmôglichkeit an : êvrpep)? bystri>{S)lQdri>(G) : skor 60.6 8a(p.ov£ç bésildemoni : idolorm, 60.7 to aûp.qxôvov uspésbno/inod('u)sie: jedinod(u)sbje 60.19 tnipiepama jed'noglasbjelinod(u)sie-. jedinod(u)sbje 60.21 papTupeïv poslusbstvovatilsvëdëtel’bstvovati'. g(lago)l(e)si 60.24 à<7<paX<5ç tvrbdëfchranno : krepko 62.6. ôp.o4iûxtoç xai by.Q^çwu>ç,jed,nojq d(u)sejç i jedinëmb umomb!inod(u)Sno... inod(u)sno : jedinod(u)sno... jedinod(u)sno 62.9 f. KpoxeiTai prëd'blozim'b'prilezit'b: predlezitb 63.6 àpioTspoç lëv'bisjuj : drugoi 64.24 Trapapîjvai pristgpitijotstgpiti : prestupiti 65.2 oçî-'f'fsoha!. sbklëstati sç/s'bgrazdati sç : zdrogachusja 65.3 ôSyjYe'ïv otstQpitijotlqciti sç : otverzemsja 65.13 usw11. Einige dieser eigenstândigen Lesarten kônnen individuelle Besonderheiten des Sobolevskij-Textes sein, andere vielleicht gemeinsamer Besitz typisch ostsl. Handschriften, weitere môgen sich auch sonst noch finden — hier wird eine genauere Abgrenzung erst bei einem besseren Überblick über die erhaltenen Textzeugen môglich sein. Zumindest bei den yetZzno-Kompo- sita sind jedoch zweifellos schon in der südsl. Tradition gegenüber dem « German-Codex » altéré Bildungen (ino-) durch jüngere ersetzt worden ; insofern wiederholt sich hier in der russ. Kopie die Tendenz zur Moder- nisierung, die auch für manche ihrer Gemeinsamkeiten mit dem « Codex Suprasliensis » gilt. Noch deutlicher wird die Eigenstândigkeit des Sobolevskij-Textes 10. Vgl. zu diesen Unterschieden zwischen G und S. Ivanova-MirCeva a.a.O. S. 68, 102. 11. Vgl. auch Ivanova-MirCeva a.a.O. S. 61-91.
224 MÉLANGES IVAN DUJCEV unterstrichen, wenn man auch diejenigen griech. Wôrter berücksichtigt, die in G und S zwar einheitlich, in P aber anders übertragen sind, z.B. eùoepôiç G 52.3 bl(a)govërno, S 68.26 blagovërwië, P 60-4 bl(a)goctivno i verno. Da der zweite Teil der Legende besondere textgeschichtliche Pro- blème aufwirft, ist es intéressant, daB es derartige Fâlle auch in ihm gibt, etwa vecorepoç G 59.1 = S 79.26 junëi, P 67.17 mladije oder xaràyeXcoç G 58.11 = S 78.29 tn> rgg'b, P 66.24 v porugam>je. 4 Von betrâchtlichem Wert ist das Zeugnis der russ. Handschrift schlieB- lich deshalb, weil sie wie der « German-Codex » nach stârkerer Divergenz zu Anfang gegen Ende eine frappante Âhnlichkeit mit dem Wortlaut im « Codex Suprasliensis » gewinnt. Ja, in mancher Hinsicht steht sie ihm sogar noch nâher als der 1969 edierte Text, weil ihre Sprache jünger ist. Wahrscheinlich hat vor allem diese auf den letzten Blâttern sichtlich engere sprachliche Verwandtschaft Sobolevskij an eine Zweitübersetzung in Kenntnis der ersten denken lassen (deshalb wohl auch sein Zôgern bei der Festlegung der Prioritât). Heute, zumal nach Ivanova-Mircevas sprachli- chen Analysen, dürfte kein Zweifel mehr daran môglich sein, daB die russ. Handschrift einen âlteren Übersetzungstyp reprâsentiert als die « Supras- liensis »- Version. Folgt man Sobolevskij, dann müBte letztere unter Benut- zung eines Textes in der Tradition (G-)P aus dem Griechischen übersetzt worden sein. Ivanova-Mirceva gibt dagegen eine ganz andere Erklârung : da die Gemeinsamkeiten zwischen « German-Codex » und « Codex Suprasliensis » mit einem neuen Blatt beginnen (G f. 151r), vermutet sie, daB hier eine durch Blattverlust eingetretene Lücke irgendwann einmal mithilfe eines Übersetzungsexemplars vom « Supraliensis »-Typ ausgebessert worden ist, freilich mit dem Text einer archaischeren Redaktion (po-archaicna recenzijd), als sie die uns erhaltene aksl. Handschrift zeigt12. Abgesehen von der Schwierigkeit, daB bisher eine solche archaischere Redaktion der jüngeren Übersetzung in Handschriften nicht bekanntge- worden ist, muB man gegen diese Deutung vor allem einwenden, daB sie die auffallenden Unterschiede in der Verwendung lexikalischer Archaismen nicht genügend berücksichtigt. Die Legende im « German-Codex » ist in bezug darauf weitgehend homogen (gerade wegen dieser Gleichartigkeit 12. Ivanova-Mirceva a.a.O. S. 100.
LEGENDE VON DEN VIERZIG MÂRTYRERN 225 des « ursprünglichen » und des vermeintlich « ergânzten» Teils benôtigt Ivanova-Mirceva als Ausbesserungsexemplar eine « Suprasliensis «-Fassung von archaischerem Sprachstand !). Bis jetzt scheint jedoch übersehen worden zu sein, daB die Sprache der « Suprasliensis- «Legende in dieser Hinsicht inhomogen ist : rûpavvoç tritt in G als mçcitelb auf. Diese Wiedergabe charakterisiert die G-Version als ganze und gilt als eines ihrer archaischen Merkmale (vgl. im SchluBteil G 58.15, 23, 59.10, 18 und zu den vorausgehenden Stellen Ivanova-Mirceva S. 64, 79, 88). Die S-Version dagegen beginnt zwar mit der Gleichung xùpcLvvoç/pakostbnik'b S 69.25, 73.16, 76.3, geht im zweiten Teil aber zu rôpavvoç /mçcitelb über, folgt also plôtzlich dem Sprachge- brauch von G, vgl. S 79.12, 21, 80.11, 24. Àhnlich inkonsequent ist S bei griech. TteipatrrljpLov : wâhrend G an beiden Stellen iskusenie verwendet, d.h. ein sehr altes Wort (G 53.12, 58.7, vgl. dazu Ivanova-Mirceva S 68, 95), bietet S in dem Psalter-Zitat das jüngere napastt, (S 70.15) und kehrt im zweiten Teil zu iskusenije (S 78.22) zurück. Die Unterscheidung von knçdzb (G) und vojevoda (S) bei der Übertra- gung von 7]yep.ûv, 7)yep.oveûcov ist wohl die am hâufigsten belegte Divergenz zwischen G und S und ganz regelmâBig. S hat das G kennzeichnende Wort abgeschen von dem Possessivadjektiv knçz — S 74.15 nur an einer Stelle im zweiten Teil, zu der in G (58.13) durch Zeilensprung (sT>tvorq... si>tvorQÏ) die Entsprechung fehlt : knçzema moima tcûv àp/ovrcov S 79.2. DaB das auch im vollstândigen Wortlaut der Vorlage von G gestanden haben muB, darf man wegen kn(ja)zema moima P 66.26 vermuten. Ô7rop.éve(.v übersetzt G konsequent mit prëtrhpëti (53.18, 56.14, 59.3) ; S dagegen hat zunâchst s't.tr^pëti (71,1. 75.27), im zweiten Teil aber prë- tri,pëti (79.30). Aile diese Wortgleichungen verbinden den SchluBteil der S-Version mit der G-Version als ganzer ; andererseits heben sie den Anfangsteil von S mit eigenen Merkmalen ab. Wenn zur Erklârung der auffâlligen Textüber- einstimmungen zwischen den Handschriften G, P und der Handschrift S mit der Môglichkeit einer Zweitübersetzung im Sinne Sobolevskijs oder einer Ergânzung nach Blattverlust gerechnet werden soll, dann kommt als beeinfluBter oder ergânzter Text allein die « Suprasliensis «-Legende in Frage. Nur in ihr ist mit lexikalischen Kriterien die Aufspaltung in einen sprachlich jüngeren (Anfang) und einen âlteren Teil (SchluB) nach- zuweisen. Bei der Schârfe dieser Grenze dürfte im übrigen die Annahme einer mechanischen Ergânzung des fehlenden Schlusses mehr für sich haben als eine Neubearbeitung, bei der doch ein besserer Ausgleich der
226 MÉLANGES IVAN DUJCEV lexikalischen Inkongruenzen zu erwarten gewesen wâre. In diesetn Zusammen- hang ist die Handschrift P von besonderem Interesse, weil sie im Unter- schied zu dem archaischeren Legendentyp in G eine sprachlich bereits etwas modernisierte Fassung bietet. Die jüngeren Sprachbesonderheiten im SchluBteil der « Suprasliensis »-Legende brauchen deshalb durchaus nicht aile von der adaptierenden Hand desjenigen Kopisten herzurühren, der die Ergânzung gemacht hat ; wahrscheinlich hat er einige dieser moder- neren Züge wie den erweiterten Aorist rekosç S 79.15 (G 58.20 rësç, aber P 67.8 rkosa), das Wort drbkotb pàxXov S 79.23 (G 58.25 drçg'b, aber P 67.14 drekolbjë) oder die Form Vbsypasç S 80.30 (G 59.21 vbsunçsÿ, aber P 68.66 vsypasa) schon in seiner Ausbesserungsvorlage antreffen kônnen. Damit lâBt die Textgeschichte der hier behandelten griech. Legende im Slavischen vorlâufig folgende Etappen erkennen : 1. Es gibt eine sehr alte Version, die uns der « German-Codex » aus dem 14. Jh. überliefert. Auch wenn sie einige kleinere Defekte aufweist, ist sie entgegen der bisher geâuBerten Ansicht nicht kontaminiert. 2. Diese Übersetzung muB noch auf bulgarischem Boden sprachlich modemisiert worden sein ; als eine solche leicht überarbeitete Fassung ist die von Sobolevskij edierte russ. Handschrift vom Anfang des 15. Jh. trotz ihrer Textschâden und Ostslavismen gut zu erkennen.. 3. Eine vôllig neue Übersetzung ist noch in aksl. Zeit nach einer nur schwach divergenten griech. Vorlage angefertigt worden. Von ihr ist ledig- lich der Anfang erhalten (etwa zwei Drittel des Textes), da in dem sie überliefernden « Codex Suprasliensis» aus dem 11 Jh. der SchluBteil bereits nach einer Handschrift der bearbeiteten âlteren Version ergânzt ist. Auch wenn die textologischen Problème der drei in Ausgaben zugâng- lichen Fassungen der Legende auf begrenztem Raum hier nur knapp umrissen werden konnten, dürfte deutlich geworden sein, daB die Suche nach weiteren si. Handschriften lohnt, weil man nur durch einen môglichst umfassenden Vergleich den Rang des einzelnen Textes richtig beurteilen kann. Die viel günstigere Bewertung der Version des « German-Codex» zieht neue Fragen beim « Codex Suprasliensis » nach sich, z.B. die, ob sich nicht auch die vollstandige « Preslaver» Übersetzung noch finden lâBt. Korrekturnotiz ; Ausführlicher behandelt die Kontaminationsproblematik mein Beitrag “ Eine Übersetzungskontamination im Codex Suprasliensis ” im Referateband des diesem Denkmal gewidmeten Symposiums in Sumen (September 1977, im Druck); zu âhnlichen SchJüssen, die die scharfsinnigen Beobachtungen von N. VAN WIJK, Zur Komposition des altkirchenslavischen Codex Suprasliensis (Amsterdam 1925) fortsetzen, gelangt jetzt auch M. CAPALDO : Zur linguistischen Betrachtungsweise der Komposition des Codex Suprasliensis (Die Passio der vierzig Martyrer von Sebaste), « Contributi italiani ail' VIII Congresso internazionale degli slavisti », Roma 1978. S. 23 — 60.
DES MANUSCRITS GRECS A POITIERS AU XVe SIÈCLE - A PROPOS DE DEUX LETTRES D’ERASMO RRASCA Edmond-René LABANDE Erasmo Brasca (1463-1502) est un personnage notoire dans le duché de Milan à la fin du xve siècle. Il joua un grand rôle diplomatique au service des derniers Sforza. C’est une chance exceptionnelle pour les historiens que les archives d’État à Milan aient conservé grand nombre des dépêches expédiées par Erasmo lorsque, durant de longs mois, il séjourna en France comme représentant de son gouvernement : messages très documentés, méticuleux parfois, qui permettent de suivre presque jour par jour la politique1, informent sur ce qui se passe à la cour, commentent toutes les rumeurs qui circulent. Beaucoup de ces documents sont encore inédits ; d’autres furent publiés, parfois cependant dans des ouvrages rares ou igno- rés, et trop souvent commentés de façon très incomplète. C’est le cas des deux lettres dont ici je redonnerai le texte, qui furent adressées, quelques semaines après le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne, au premier secrétaire du duc de Milan, Bartolomeo Calco2. Dans l’entourage de Ludovic le More, Calco était une figure tout à fait 1. Y. Labande-Mailfert, Charles VIII et son milieu, Paris, 1975, pp. 106 n. 120, 108 n. 123, 111 n. 126, 150 n. 169, fournit des exemples fort significatifs ; voir aussi, du même auteur, Le mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII vu par Erasmo Brasca, dans « Mémoires de la Société d’Histoire et d’archéologie de Bretagne », t. LV, 1978, pp. 17-42. 2. Magnifico et prestantissimo equiti et domino meo observandissimo domino Bartho- lomeo Chalco, ducali primo secretario dignissimo.
228 MÉLANGES IVAN DUJCEV saillante ; approchant alors de la soixantaine, il eût pu être le père de son correspondant ; sa position était, depuis une quinzaine d’années, prépondé- rante dans l’État milanais3 ; non seulement il gouvernait la chancellerie, mais il était en même temps un agent important du renouveau humaniste en Italie. En relation avec tous les lettrés illustres, possédant parfaitement le latin et le grec, il se préoccupait fort de découvrir de nouveaux manuscrits des auteurs classiques, et saisissait toutes les opportunités d’en faire recher- cher. C’est à sa curiosité que nous devons nos deux lettres, lesquelles ont été publiées en 1875 par Girolamo d’Adda4 ; si la lecture que ce dernier en fit était dans l’ensemble correcte5, il n’en allait pas de même pour son com- mentaire qui révèle, chez l’érudit, une connaissance superficielle de la France du xve siècle6. Quelques mois plus tard, en introduction à un article signalant d’autres documents, l’inlassable enquêteur que fut Léopold Delisle recommandait fort la publication de D’Adda, signalant les lettres en question en en traduisant quelques passages7 ; cependant il révélait là qu’il était peu familier avec le langage italien médiéval, ce qui l’amena à des traductions parfois boiteuses. Les deux textes, mentionnés ici et là par les érudits8, le sont en général rapidement. Ils n’ont jamais été intégrale- ment traduits en français. De là les éléments de compréhension et d’inter- prétation que je me permettrai de proposer. I 1491, décembre 18 ; Tours9 Magnifiée ac prestantissime aeques I Magnifique et très distingué cheva- et domine mi observandissime, sapiendo lier, mon seigneur très digne de respect, 3. F. Pétrucci, Bartolomeo Calco, dans « Dizionario biografico degli italiani », t. xvi, 1973, pp. 526-529. 4. G. d’Adda, Indagini storiche, artistiche e bibliografiche sulla libreria visconteo- sforzesca del castello di Pavia..., Milan, t. 1, 1875, pp. 149-152. 5. Cf. toutefois infra, n. 10, 13, 15-17. 6. C’est ainsi que Turone, d’où est datée la première lettre, est interprétée « Toulon » (’.), et que de Poitiers l’auteur fait la patrie de la fameuse Diane de Poitiers. 7. L. Delisle, Notice sur vingt manuscrits du Vatican, dans « Bibliothèque de l’École des Chartes », t. xxxvir, 1876, pp. 471-474. Mais Mgr E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. iv, Lille, 1938, p. 508 n. 2, a eu tort de présenter cela comme une publication due à Delisle. 8. Ainsi R. Sabbadini, Le scoperte deicodicilatiniegrecineisecoli XIVe XV, Florence, 1905, p. 139 ; S.A. Nulli, Ludovic le More, 1451-1508, Paris 1932 («Bibliothèque his- torique»), p. 138 ; H. Rüdiger, Die IViederentdeckung der antiken Literatur im Zeitalter der Renaissance, Zurich, 1961 (« Geschichte der Textüberlieferung », 1), p. 544. 9. Milan, Archivio di Stato, Arch. sforzesco, Potenze estere, Francia, carton 548.
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 229 el desiderio quale ha la Mc,a V. in vedere cosse nove, maxime pertinente alla eruditione, et havendo moite volte intexo da Lei che di qua si trovano opéré che in Ytalianonsonno, non ho manchato di studio et dilligentia per cierchare et investigare se alcuna cossa si possa trovare in questo reame délia quale ne sia carestia in Ytalia ; et, quantunche fin questa estate passatta intendessi che nella abatia di Marmostier, qua presso, ne fossero alcune degne, tamen non ho possuto, non solo vedere, ma intendere quai cossa sieno, per li rispecti significai alla Mc,a V. Hora, essendo ritornatto da Pon- tiers, antiqua città in questo regno, uno nostro Millanese nominato Pieran- tonio da Fossanno, homo veramente docto et curioso di simili cosse, me ha dicto havere10 trovatto in dicta città una pichola bibliotecha resperta11 di libri, non solo antiquissimi, ma anche exquisiti, greci et latini, tra quali in lingua latina dice esservi Periarmenias Apulei(us), Martianus Capella, Cornutus super Persium, Por- phirion super omnibus operibus Ari- stotelis, idem Porphirion super Thimeum Platonis ; in greco Aristotelis volumen quam maximum in quo libri Aethi- corum, Politicorum posteriorum12, Me- thaure, de Celo et mondo, de Anima, Metaphisices ; item Dionisius de Gerar- sachant le désir qu’éprouve Votre Magnificence de voir des nouveautés, tout particulièrement en ce qui concerne l’érudition, et lui ayant à bien des reprises entendu dire que l’on trouve par ici des ouvrages qui n’existent pas en Italie, je n’ai pas manqué de m’em- presser et de faire diligence pour rechercher et tâcher de savoir si l’on pourrait trouver quelque chose dont il y ait disette en Italie. Bien que, dès l’été dernier, j’aie appris qu’à l’abbaye de Marmoutier, auprès d’ici, il y aurait quelques livres dignes [d’atten- tion], cependant je n’ai pu, non seule- ment voir, mais même pas savoir de quoi il s’agit, ceci pour les motifs que j’ai exposés à Votre Magnificence. Or, un de nos [compatriotes] mila- nais, nommé Pierantonio da Fossano, homme vraiment savant et curieux de telles choses, étant revenu de Poitiers, une ville ancienne de ce royaume, m’a dit avoir trouvé dans ladite ville une petite bibliothèque pleine de livres, non seulement fort anciens, mais encore recherchés, grecs et latins. Parmi ceux- ci, il dit qu’il y a en langue latine : le Péri Hermeneias d’Apulée, Martia- nus Capella, [les livres de] Cornutus sur Perse, de Porphyre sur toutes les œuvres d’Aristote, du même Porphyre sur le Timée de Platon ; en grec un très gros volume d’Aristote contenant les livres de ^Éthique, de la Politique (dernière partie), des Météores, du Ciel et du Monde, de VAme, de la 10. D’Adda lit à tort : « ne ha dicto avéré ». 11. Terme assez inexplicable ; la lecture n’est pas douteuse, cependant D’Adda impri- me : « refferta ». 12. Delisle, op. cit., qui reproduit cette énumération, introduit une virgule entre ces deux derniers mots, ce qui n’a évidemment aucune signification.
230 MÉLANGES IVAN DUJÊEV chiis13 angelorum, Constitutiones gre- carum eclesiarum, et nonnulli alii libri greci, quorum titulos minime potuit assequi ; insuper totius lingue hebraice vocabularium, cum expositione latina super unaquaque dictione. Queste cosse parendomi sieno rare in Ytalia, lhe ho voluto notificare alla Mcla V., perché, cognoscendo Lei molto meglio di me la virtù loro, et sapendo se altrove che qua le pô havere, ho piacendoli de haverne exemple di qualcuno, sapia che se haverà la comodità di farlo cavare perché quello gli ha in custodia ne lassarà pigliare exemple, ma non portarlo fuora dil luocho, per essere questi li medesmi libri che sancto Ylario, revenendo de l’exilio suo di Pontho, riportô in questa città dove n’era episcopo. Ma forse cum grande cautione si poteriano trare, cum oblige de restituirle. Sicché, volendo la Mcia [V.] ch’io faccia alcuna cessa circa questo, La prego me lo comanda, che me sforzarô exequire la volontà sua. Similmente ho trovato qua, nella bibliotheca di Sancto Martino, Pla- cido Fulgentio, che tira la maggiore parte delle fabule et genealogia degli dei aut ad veram hystoriam aut ad mores. Alla V. Mcla mi richomando. Ex Métaphysique ; et encore Denys, Des hiérarchies angéliques, les Consti- tutions des Églises grecques, et plu- sieurs autres livres grecs dont il n’a absolument pas pu obtenir les titres ; enfin, un vocabulaire complet de la langue hébraïque, avec explication en latin à propos de chacun des mots. Comme il me semble que de telles choses doivent être rares en Italie, j’ai voulu les faire connaître à Votre Magnificence, car elle sait beaucoup mieux que moi la valeur de ces ouvrages et dans quelle mesure elle se les peut procurer ailleurs qu’ici. Que s’il lui plaisait d’avoir copie de l’un ou de l’autre, elle doit savoir que l’on aura facilité de faire copier, car celui qui a ces [volumes] en garde en laissera prendre copie, mais non pas les empor- ter hors du lieu, étant donné qu’il s’agit là des livres mêmes que saint Hilaire, lorsqu’il revint de son exil dans le Pont, rapporta jusqu’en cette ville dont il était évêque. Mais peut-être pourrait-on, moyennant une forte cau- tion, en faire sortir, avec engagement de les rendre. Ainsi donc, au cas où Votre Magni- ficence désirerait que je fasse quelque démarche à cet égard, je la prie de me donner ses ordres, et je m’efforcerai d’exécuter sa volonté. Dans le même ordre d’idées, j’ai trouvé ici, en la bibliothèque de Saint- Martin, Placidus Fulgentius, lequel traite de la plus grande part de la Fable et de la généalogie des dieux soit dans le sens de l’histoire véridique, soit à des fins morales. Je me recommande à Votre Magnifi- 13. « Yerarchiis» : lecture de D’Adda.
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 231 Turone. xviij. decembris 1491. Magni- ficence Vestre servitor : Herasmus Brascha. cence. Écrit à Tours le 18 décembre 1491. De Votre Magnificence le Serviteur : Erasmo Brasca. II 1492, janvier 31 ; Paris 14 [fol. 1 r°] Magnifiée et prestantis- sime eques et domine mi observandis- sime, havendo cognosciutto (et) el desiderio de V. Mcia de havere exemple di Porphirione sopra le opéré d’Ari- stotele et del Timaeo di Platone, quali sono stati veduti da Pierantonio da Fossano a Pontiers, sono restato in qualche displicentia per essermi tro- vatto, alla ricevutta delle lettere di V. Mcia, in questa terra dove non ho quella comodità quale haveria hautto a Torse, donde significai essermi venutto a nottizia queste opre, perché a Torse, quale è dischosto solo due picole giornate da Pontiers, omne giorno havea comodità di pratichare per lettere et altri mezzi con li custodi de dicti libri, el che non poteria fare cossi bene di qua, che siamo più dischosti de cimque giornatte. Pur questo non impedirà chel desiderio de V. Mcia non se adempischa, ma lo dedurà alquanto più in longo, peroché havendomi affermato messer Batti- stino da Campofregoso, quale è restato a Torse, volere ornnino andare ad vedere dicte opéré et le altre quale sono nella libraria del dicto Pontiers, alla suasione de Pierantonio ho deliberato di présente, per uno mezzo aposta et per mie lettere, de nuovo confortarlo ad andare là, et andando li, pratichare, Magnifique et très distingué cheva- lier, mon seigneur très digne de respect, lorsque j’ai appris le désir qu’éprouve Votre Magnificence d’avoir copie [des livres] de Porphyre sur les œuvres d’Aristote et sur le Timée de Platon, qui ont été vus par Pierantonio da Fossano à Poitiers, j’ai éprouvé quel- que contrariété, car au reçu de la lettre de Votre Magnificence, je me trouvais [déjà] en cette ville-ci, et ici je n’ai plus les mêmes commodités que j’aurais eues à Tours, d’où je vous ai averti que j’avais eu connais- sance de ces ouvrages. A Tours en effet, ville qui n’est éloignée de Poitiers que de deux petites journées, j’avais quotidiennement des commodités pour négocier, soit par lettres soit par d’autres moyens, avec les conservateurs desdits livres, chose que je ne saurais faire aussi bien d’ici, car notre éloigne- ment s’est accru de cinq journées. Ceci n’empêchera point cependant que le dé- sir de Votre Magnificence soit satisfait, mais cela créera un assez long retard. En effet, messire Battistino da Campofregoso, qui est demeuré à Tours, m’a confirmé qu’il tenait absolument à aller voir lesdits ouvrages, ainsi que les autres qui sont dans la bibliothèque dudit Poitiers : aussi ai-je résolu présentement, sur la sug- 14. Arch. sforzesco, Potenze estere, Francia, carton 549.
232 MÉLANGES IVAN DUJCEV con lo aiuto et favore del dicto Pieran- tonio al quale farô scrivere, quanto sarà necessario de fare cavare exemplo d’epse opéré, overo se sarà possibile, con sicurtà de 500 o 1000 schudi, farli portare fuori et, restituiti i libri, si resti li(e)bero dalla cautione. Et in caxo che non li vada, lo pregarô manda uno de’ suoi aposta, con le lettere di Pierantonio all’amico suo, per fare el medesmo effecto, et simil- mente lo pregarô ad fare usare dilli- gentia per havere gli titoli de’libri greci. Ben non ometterô alla Mc,a V. che li volumi [fol. 1 f°] de Porphirione sono grandi como le Vitte di Plutarco. Et ultra li libri greci quali sono a Pontiers, Pierantonio m’à dicto che in una cittade posta in Lorrena, quale antiquamente s’apellava Leuca, ora Tullum, in una abatia di Sancto Apro extra muros, sono molti volumi pure scriptij in greco, quali per l’anti- quità15 sono corrosi nelli principij, in modo non si possono deprehendere e’ titoli (et), se non le persone erudite16 in lingua greca, quale legendo l’opéra cognoscerebbono la qualità d’epsa. Avisando la Mcia V. che questi volu- mi di Tullo furno trovatti sotterratti, et stimassi fusseron posti in terra nel tempo che Attilla, re de li Hunni, gestion de Pierantonio, d’encourager à nouveau Battistino — par messager spécial et par lettre — à aller là-bas et, lorsqu’il y sera, à employer tous ses efforts, avec aide et faveur dudit Pierantonio, à qui je demanderai d’écrire, afin d’obtenir copie de ces Ouvrages, ou bien, si possible, de les faire sortir en déposant une garantie de 500 ou de 1000 écus ; une fois restitués les livres, on se trouverait libéré de cette caution. Au cas où il ne s’y rendrait pas, je prierai [Batti- stino] d’y envoyer spécialement l’un des siens, muni de la lettre de Pieran- tonio à son ami, ceci en vue d’aboutir au même résultat, et je le prierai semblablement de faire faire diligence pour connaître les titres des livres grecs. Je ne dois pas omettre de [pré- ciser] à Votre Magnificence que les volumes de Porphyre ont la dimension des Vies de Plutarque. En dehors des livres grecs qui se trouvent à Poitiers, Pierantonio m’a dit que, en une ville située en Lorraine, laquelle anciennement se nommait Leuca, à présent Tullum, en l’abbaye de Saint-Epvre hors les murs, il existe beaucoup de volumes également écrits en grec, qui sont rongés dans leurs premiers [feuillets] à cause de leur antiquité, de telle sorte que l’on ne peut en discerner les titres ; seules des personnes érudites en langue grecque, en lisant [tel ou tel] de ces ouvrages, pourraient reconnaître ce que c’est. Je dois dire à Votre Magnificence que ces volumes de Toul ont été découverts en- 15. « Pur l’antiquità» : bévue de D’Adda. 16. Ibid. : «se non da persona erudita» lecture fautive.
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 233 passé in Galia, e passando afflise Metz, Verduno et Tullo. Questo ho voluto significare alla Mcia V. perché intenda, se bene non potrà havere questi exempli cossi presto chomo desidereria, né mi mancha el modo de haverli, né io sarô négli- gente ad repOrtarne lo effecto. Et anche farô scrivere da Pierantonio a quello abatte di Tullo per vedere se possibille è per suo mezzo havere notizia quale opéré si siano, et di quello più oltra sequirà avisarô la V. Mcia. terrés, et l’on croit qu’ils furent enfouis dans le sol à l’époque où Attila, roi des Huns, passa en Gaule ; lors de ce pas- sage il ravagea Metz, Verdun et Toul. Voilà ce dont j’ai voulu informer Votre Magnificence afin qu’elle sache que, même si elle ne peut avoir les copies [demandées] aussi vite qu’elle l’eût souhaité, je ne suis pas dépourvu de moyens pour me les procurer, ni ne serai négligent pour ce qui est de parvenir au but. Je ferai aussi écrire par Pierantonio à cet abbé de Toul afin de savoir si, par son entremise, il est possible d’être informé sur les œuvres qui existent là-bas ; de ce qui s’ensuivrait ultérieure- ment j’informerai Votre Magnificence. [Brasca explique ensuite combien sont pressants ses besoins d'argent. Que Calco veuille bien, encore une fois, en prévenir le duc. Après quoi l'auteur de la lettre poursuit .'] [fol. 2 r°] Havendo scripto fin qui, mi sono richordato che di présente si ritrova a Milano, o vero in corte, el vicario de Maglieres, il quale ha grande amicitia17 in Pontiers et fa proffessione de lettere ; et tornando a Maglieres, como stimo farà in breve, haveria bona comodità, per la vi- cinità de’ luochi, de praticare di havere dicti exempli. Perô, per obtenere più presto l’intento délia Mcia V., laudaria che epsa intendesse se col mezzo suo potessi farene cavare exem- pte ; io non mancharô perô, con la via sopradicta et con ogni altra mi sarà possibille, de ha verne copia. Alors que j’avais déjà écrit ce qui précède, je me suis souvenu qu’en ce moment même est présent à Milan, ou plus exactement à la cour, le vicaire de Maillezais, lequel a de grandes amitiés à Poitiers et se donne pour lettré. Lorsqu’il va s’en retourner à Maillezais, ce qu’il fera, je crois, bientôt, il aurait toute facilité, étant donné la proximité des lieux, pour s’employer à avoir lesdites copies. Aussi, pour atteindre plus vite l’objec- tif de Votre Magnificence, je serais d’avis qu’elle réfléchisse pour voir si, par ce moyen [/.e. du vicaire], elle pourrait faire exécuter un exemplaire. Toutefois je ne manquerai aucune- ment, par le moyen précédemment dit ou par tout autre à moi possible, de m’en procurer copie. 17. Ibid. : «grandi amicizie».
234 MÉLANGES IVAN DUJCEV A la Mcia V. me ricommando. Ex Parisiis die ultimo januarii 1492. Mc,e V. servitor : Herasmus Brascha. Je me recommande à Votre Magni- ficence. Écrit à Paris le dernier jour de janvier 1492. De Votre Magnifi- cence le serviteur : Erasmo Brasca. Dans la première lettre, datée de Tours, Brasca fait tout naturellement référence d’abord à une abbaye tourangelle, celle de Marmoutier, mais note qu’il n’a pu obtenir aucun détail sur la composition de la bibliothèque ; il semble en avoir déjà précédemment entretenu son correspondant, ceci dans une lettre dont nous n’avons pas gardé trace. D’après le peu que nous savons18, je ne crois pas que les érudits italiens auraient pu alors y trouver des œuvres rares. A Saint-Martin de Tours, en revanche, Brasca a repéré un manuscrit d’un mythographe africain du ve siècle, Fabius Planciades Fulgentius, et ce doivent être les Mythologiae ; ce texte n’y avait pas été signalé, si l’on en croit le recensement de Mgr Lesne19. L’homme qui est venu en aide à Brasca dans sa démarche est un Lom- bard, Pierantonio da Fossano, autre chargé d’affaires de Ludovic20 tout comme Battistino Campofregoso, un Génois assurément21, dont il va être question dans la seconde missive. Ce Pierantonio, présenté ici comme un érudit consommé, amateur de textes classiques, ne paraît pas avoir laissé beaucoup de traces dans l’histoire littéraire : les quelques livres, consacrés à l’humanisme milanais de cette époque, qui parlent de lui le font unique- ment d’après notre texte22. Quoi qu’il en soit, il avait profité de son séjour à Tours pour visiter les environs et travailler dans les bibliothèques, à la 18. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. iv, pp. 563-564. 19. Ibid., p. 564. Il en existait en revanche un exemplaire à la bibliothèque de Saint- Epvre de Toul, dont on parlera plus loin : R. Fawtier, La bibliothèque et le trésor de l’abbaye de Saint-Evre-lès-Toul la fin du XIe siècle, dans « Mémoires de la Société archéo- logique lorraine», 1911, p. 152 ; Lesne, p. 672. 20. Il devait partir de Paris le 25 février 1492, en mission pour Rome de la part du roi de France cette fois, qui lui avait assigné pour but d’obtenir le chapeau en faveur de Guil- laume de Haraucourt, évêque de Verdun. Le 1 " ou 2 mars, il était à Saint-Jean-de-Maurien- ne où il eut avec le comte de Cajazzo, agent de Ludovic, un long entretien politique prou- vant combien il était au courant de toutes les affaires de France. Ceci toujours d’après les dépêches d’Erasmo Brasca (carton 549). 21. On sait que Gênes, en principe possession du roi de France à ce moment, était en fait à la disposition de Ludovic, investi par Charles VIII. Que des Génois de haute naissance se soient engagés au service de Milan n’offre rien que de naturel. 22. J’ajoute que, d’après F. Malaguzzi Valeri, La carte di Lodovico il Moro, t. iv, Milan, 1923, p. 31, un Pierantonio da Fossano faisait partie d’un groupement d’armu- riers en 1491 précisément ; mais, malgré la concordance chronologique, il peut s’agir d’un homonyme.
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 235 manière des clercs du concile de Constance quatre-vingts ans plus tôt23. Poitiers n’étant, écrit-il, qu’à deux petites étapes de Tours — ce qui veut dire que des hommes peu sportifs, ainsi que d’ordinaire sont les érudits, faisaient normalement des étapes quotidiennes de 50 ou 60 km24, — il est allé y visiter les chanoines de Saint-Hilaire, et c’est de là qu’il a rapporté à Brasca une fiche de renseignements que celui-ci a dû recopier : le tout donné en latin pour Calco. De l’examen de cette petite liste, bien sèche et qui nous laisse sur notre faim, il résulte que Saint-Hilaire possédait des ouvrages latins évidemment, d’autres en langue grecque qui doivent retenir notre attention, et en outre au moins un manuscrit intéressant les études hébraïques : un vocabulaire hébreu-latin, peut-être celui de saint Jérôme25. Parmi les ouvrages en latin que cette liste comporte, il en est qui, pour les enquêteurs, ne devraient présenter aucun intérêt, car on les trouve en quan- tité de bibliothèques. Le plus connu est le De nuptiis Mercurii et Philolo- giae de Martianus Capella (premier tiers du Ve siècle)26, qui eut un immense succès et fut sans cesse recopié comme un manuel classique. Martianus avait très largement utilisé l’autre livre dont le titre amorce notre liste : le Péri Hermeneias d’Apulée. Ce dernier auteur n’avait pas seulement rédigé le très célèbre Ane d'or, mais aussi cet ouvrage qui, malgré un titre grec em- prunté à Aristote, constitua le plus ancien travail en langue latine sur les «catégories» aristotéliciennes et sur les modes ou figures du syllogisme27. Le Péri Hermeneias de ce vulgarisateur figurait dans des bibliothèques monastiques aussi diverses que Fleury, Cluny, Jumièges, Saint-Amand, Corbie, Moyenmoutier, Saint-Gall28 et Toul29 ; il fut au programme des écoles jusqu’au xne siècle au moins. 23. G. Schnürer, L'Église et la civilisation au moyen âge, t. in, Paris, 1938 (« Biblio- thèque historique»), p. 453. Cf. infra, p. 237 et n. 40. 24. Brasca lui-même confirme son dire en précisant que Paris est à sept jours de Poi- tiers. Sur les vitesses de déplacement, on peut se référer encore à l’excellente esquisse d Y. Renouard, Information et transmission des nouvelles, dans L’histoire et ses méthodes, Paris, 1961 («Encyclopédie de la Pléiade»), pp. 95-142, notamment pp. 113-114. 25. Liber interpretationis hebraicorum nominum, cf. P.L., t. xxm, col. 771-858. 26. Éd. Dick, 1925. 27. Éd. P. Thomas, Leipzig, 1908, Consulter : M.W. Sullivan, Apuleian Logic : The Nature, Sources and Influence of Apuleius «Péri Hermeneias», Amsterdam, 1967, pp. -13 , J. Isaac, o.p., Le « Péri Hermeneias» en Occident de Boèce à saint Thomas..., Paris, 53 («Bibliothèque thomiste»), pp. 26, 29. Cf. HJ. Marrou, Saint Augustin et la fin e la culture antique, 4' éd., Paris, 1958 (« Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome», 145) ,pp. 113, 578 n. 2. 28. Lesne, op. cit., pp. 532, 557, 581 n. 3, 621 n. 8, 651, 673, 759. 9. Fawtier, La bibliothèque... de Saint-Èvre-lès-Toul..., p. 151 n. 2.
236 MÉLANGES IVAN DUJCEV Le commentaire de L. Annaeus Cornutus (mort après 65), professeur de rhétorique à Rome, sur les œuvres de son jeune disciple le poète Perse, mort prématurément, figurait également à Saint-Hilaire de Poitiers. Mais ce qui allait davantage attirer l’attention de Bartolomeo Calco, puisque la seconde lettre de Brasca révèle qu’il en demanda copie, ce sont les livres de Porphyre relatifs à toutes les œuvres d’Aristote et au Tirnée de Platon. Ce remarquable compilateur de la deuxième moitié du me siècle, issu des milieux négo- ciants de Tyr30, élève de Longin et disciple de Plotin, doctissimus philoso- phorum au dire de saint Augustin, mais qualifié de scélérat par Jérôme pour la virulence de ses attaques contre les chrétiens, était un auteur extrême- ment recherché en mainte bibliothèque médiévale, d’abord comme intro- ducteur à Platon et Aristote. Abélard l’avait commenté31. Calco n’avait pas pour Porphyre, peut-on penser, le même dédain que Pétrarque un siècle et demi avant lui32. L’exemplaire que possédaient les chanoines de Saint- Hilaire-le-Grand, en dehors de ce qui concerne Platon, contenait-il un commentaire d’Aristote plus complet que ceux qui circulaient ailleurs ? C’est ce que peut-être suggère Brasca en sa seconde lettre, lorsqu’il donne cette brève précision que les volumes de Porphyre constituent un ensemble aussi important qu’un Plutarque. Mais ce qui émerveille Pierantonio, c’est l’existence à Poitiers de toute une série de volumes en grec, à commencer par un Aristote contenant un nombre imposant de ses traités. Or, en 1491, on est plus friand que jamais de textes grecs. Milan était mal placé de ce point de vue, face à Venise où Giovanni Aurispa avait apporté de Constantinople près de trois cents volumes, où le cardinal Bessarion en 1468 avait, par des dons inestimables de manuscrits grecs, jeté les bases de la Marciana ; face à Florence d’autre part, où l’on avait vu Leonardo Bruni traduire Aristote et Platon, Poli- tien traduire VEnchiridion d’Épictète33 * *. On comprend que Bartolomeo Calco ait cherché à tout prix à rétablir quelque équilibre ; le mécénat des Sforza n’avait pas toujours été porté vers la qualité de l’érudition. On possède une consignât™ librorum du château de Pavie, datée de janvier 30. J. Bidez, Vie de Porphyre, Paris, 1913 ; A.C. Lloyd, dans The Cambridge History of Later Greek and Early Médiéval Philosophy, 2e tir., Oxford, 1970, pp. 283 et ss. 31. É. Gilson, La philosophie au moyen âge, 2e éd., Paris, 1952 (« Bibliothèque histo- rique »), p. 282. 32. P. de Nolhac, Pétrarque et l'humanisme, nouv. éd., Paris, 1965, t. Il, p. 150 n. 3. 33. I. Maier, Ange Politien, la formation d’un poète humaniste (1469-1480), Genève, 1966, pp. 84, 374; cf. E.R. Labande, L'Italie de la Renaissance..., Paris, 1954 (« Biblio- thèque historique »), p. 327.
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 237 142634, qui est un inventaire très complet des livres des Visconti à cette époque : sur 988 titres, on trouve en grec l’Iliade, un «petit volume»35 et un « assez gros» Platon (n° 120) ; pour deux autres (nos 122 et 547)36, l’auteur du répertoire, non seulement ne donne pas les titres, mais ne saurait affirmer que ces livres soient écrits en grec, car il note prudemment : liber in littera greca seu ebraica. Toutefois, dira-t-on, au cours de plus de quatre- vingts ans depuis cet inventaire, les maîtres de Milan avaient pu faire d’au- tres acquisitions ; c’est très possible, mais nous sommes peu informés à ce sujet37. En tout cas, ce fut seulement en 1494 que l’on fit, dans l’abbaye colombanienne de Bobbio, la découverte sensationnelle de nombreux • 3 8 manuscrits grecs . Malheureusement, à Poitiers comme, d’après ce que conte Brasca, à Saint-Epvre de Toul, on ne savait guère non plus lire le grec ; très sympto- matique est le fait que le conservateur des livres de Saint-Hilaire (« quello li ha in custodia »39), n’a pas voulu, ou peut-être simplement pas pu dire à Pierantonio les titres des ouvrages qu’il détenait, en dehors de ceux, bien identifiables, d’Aristote ou du pseudo-Denys ; ce serait alors que, moins heureux que Vadius, il ne savait pas lire ce langage. Plus triste encore le destin des livres grecs qui pourrissent dans la bibliothèque monastique de Toul, puisque, au dire de Pierantonio, les premiers feuillets en sont rongés. On songe au fameux Quintilien triomphalement découvert à Saint-Gall par Poggio Bracciolini, qui pour sa part était squalentem barbant gerens et concretos pulvere crines40. Les titres de Saint-Epvre sont inutilisables, est-il dit, en sorte que seuls des érudits très versés dans la littérature hellé- nique pourraient peut-être dire de quoi il s’agit. Quant à espérer que l’abbé de Toul, consulté par lettre, voudra bien donner des précisions, c’est peut- être se bercer d’illusions. On ignore quelle réponse l’obscur Guillaume 34. Éd. D’Adda, Indagini storiche, t. I, pp. 1-91 ; É. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti et des Sforza, ducs de Milan, au XVe siècle, Paris, 1955 (« Publications de l’ins- titut de Recherche et d’histoire des textes», 5), pp. 75-289. Cf. Nulli, Ludovic le More, p. 12. 35. «In mediocri volumine» : Pellegrin, op. cit., n° 8, p. 76. 36. Ibid., pp. 99, 195. 37. Pas d’ouvrages en grec dans les inventaires milanais de 1459 et 1469 ; ibid., pp. 290-352. 38. Rüdiger, Die Wiederentdeckung der antiken Literatur..., pp. 545-546 ; E. Garin, La cultura milanese nella seconda metà del XV secolo, dans Storia di Milano, t. VII, Milan, 1956, p. 579; Nulli, op. cit., p. 138. 39. Dans la deuxième lettre il est question de plusieurs responsables : « li custodi de dicti libri ». 40. Rüdiger, op. cit., p. 541.
238 MÉLANGES IVAN DUJCEV Gautier, qui depuis 1489 présidait aux destins de Saint-Epvre41, a pu four- nir pour éclairer son correspondant. Justifiant leur méfiance à l’égard des curieux, ou désireux d’excuser le délabrement des volumes, les conservateurs n’hésitent pas alors à faire usage d’explications historiques fondées sur la tradition de leurs maisons respectives ; nous n’avons nulle raison de suspecter leur sincérité, mais plus singulier apparaît l’aplomb avec lequel Brasca répercute ces étranges données. C’est que, à part de brillantes exceptions, tel Lorenzo Valla, les chercheurs italiens du temps ne sont guère encore pénétrés d’esprit criti- que : le contexte dans lequel ils vivent les rend bien excusables. Mais, de nos jours, qui pourrait croire que le grand saint Hilaire ait rapporté de son exil en Phrygie42 un gros Aristote ? Pour combattre les ariens ? Quant au pseudo-Denys, nous savons que ses ouvrages, inspirés de Plotin, ne sauraient être antérieurs à la fin du ve siècle, et sont donc postérieurs de cent cinquante ans au moins à la mort d’Hilaire. Il est question ici du livre que Hilduin et Scot Erigène traduiront sous le titre De coelesti hierarchia et qui, sans cesse recopié sous cette forme dans les scriptoria, inspirera encore l’ordon- nance angélique du Paradis de Dante43. Pour le manuscrit de Porphyre qui excite tant l’intérêt de Calco, ne serait-ce pas tout simplement celui que le grand Fulbert de Chartres, au début du xie siècle, avait fait parvenir au chapitre de Saint-Hilaire dont il était trésorier, ceci à la requête de son cher disciple Hildegaire44 ? Quant à penser que les manuscrits grecs de Toul auraient été enfouis sous terre au milieu du ve siècle pour échapper aux hordes des Huns, en un temps où l’abbaye Saint-Epvre n’existait pas45, cela ressortit de toute évidence au domaine de la légende. En tout cas, le très précieux inventaire des livres de ce monastère dressé vers 1080 pour l’abbé Wido46 ne comportait aucun volume écrit en grec. En post-scriptum à sa seconde lettre, un détail donné par Erasmo demeure mystérieux. Il se souvient subitement qu’un ecclésiastique dont la résidence 41. Gallia chr., t. XIII, col. 1032 B. 42. Et non dans le Pont, comme disent les gardiens de son tombeau. 43. «Che... più addentro vide / L’angelica natura e ’l ministère». Par., X, 116-117. Cf. Par., xxvtli, 130-132. 44. « Mitto tibi Ciprianum, Porphyrium et Vitas patrum cum psalterio, ut petisti » : Fulbert, Letters andPoems, éd. F. Behrends, Oxford, 1976 (« Oxford Médiéval Texts »), n“ 88, p. 158. Cf. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique..., t. tv, p. 438 ; R. Favreau, Les écoles et la culture à Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers des origines au début du XII’ siècle, dans «Cahiers de civilisation médiévale», t. m, 1960, p. 475. 45. L'existence de cette église n’est pas attestée avant le vne siècle. 46. Fawtier, La bibliothèque..., notamment p. 138 n. 9.
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 239 est proche de Poitiers, et qui se pique de lettres, est en mission diplomatique à la cour des Sforza en ce mois de janvier 1492. Peut-être Calco devrait-il entrer en contact avec ce personnage qui, de retour en Poitou, est en mesure d’intervenir utilement, en voisin et ami, à Saint-Hilaire-le-Grand pour que le bibliothécaire autorise les copies souhaitées. Or, on le désigne ici unique- ment comme le « vicaire de Maglieres ». L’italianisation des noms de lieux français par les Italiens pose de fréquentes énigmes47, obéissant à des impératifs de prononciation dont le secret nous échappe le plus souvent. «Maglieres» n’est sans doute pas Maillé48, ni Mazerolles49, non plus que Mazières en Gâtine ou en Mellois50 ; plus vraisemblablement s’agit-il ici d’un vicaire général51 de l’évêque de Maillezais. La prononciation « Ma- gliezes » est exactement ce que l’on attend en pareil cas, et la confusion paléographique entre r et z des plus faciles. L’évêque administrateur de Maillezais est en 1491 précisément un Italien52, le cardinal Federico d’Ara- gona da San Severino, il a dans son entourage des clercs milanais comme cet Andrea da Gallarate à qui il résignera, quelques années plus tard, une des abbayes qu’il détient en commende53. Que ce prélat non résident ait pour représentant local un compatriote diplomate, humaniste et ami des Sforza n’a donc rien que de tout naturel ; mais on aimerait en savoir davan- tage à ce propos. Les demandes de copie adressées à son correspondant par Bartolomeo Calco furent-elles satisfaites ? Il est probable que nous l’ignorerons toujours. Tout ce que Brasca ajoute, dans une dépêche du 24 février, encore datée de Paris, c’est que Pierantonio va partir pour le Milanais et, ajoute- 47. Tout comme la francisation des anthroponymes de « Lombards » installés dans le royaume, cf. E.R. Labande, De quelques Italiens établis en Languedoc sous Charles V, dans « Mélanges L. Halphen» (Paris, 1951), p. 362. 48. Cant. de Vouillé, arr. de Poitiers, Vienne, ou bien Saint-Pierre-de-Maillé, cant. de Saint-Savin, arr. de Montmorillon, Vienne. 49. Cant. de Lussac-les-Châteaux, arr. de Montmorillon. 50. Ch.-l. de cant., arr. de Parthenay, ou bien cant. de Melle, arr. de Niort, Deux- Sèvres. 51. Sur les origines de cette fonction : A. Amanieu, v° Archidiacre, dans « Dictionnaire de droit canonique », t. i, 1935, col. 986-989. 52. Ce n’est pas le seul alors dans le royaume. Des parents d’innocent VIII, le cardinal Lorenzo Cybo est administrateur de Vannes, Nicola Cybo est archevêque d’Arles. Grâce à Sixte IV, Leonardo délia Rovere avait eu le siège d’Agen, Clemente délia Rovere celui de Mende. Gabriele Schiafanati est évêque de Gap, le Génois Nicola Fieschi évêque d’Agde. Et qui ne pense ici au Bénéventain Angelo Cato, archevêque de Vienne, inspi- rateur de Commynes ? 53. C. Eubel, Hierarchia catholica medii aevi, Ratisbonne, 1914, t. il, pp. 21 n. 5, 184 ad verbum n. 3.
240 MÉLANGES IVAN DUJCEV t-il, « de sa bouche Votre Magnificence apprendra ce que l’on a fait pour les livres de Poitiers54». Cela nous laisse insatisfaits. * * * 11 reste à nous demander ce qu’ont pu devenir les manuscrits repérés à Poitiers par les Milanais. «Nous n’avons rencontré nulle part», écrivait Longuemar en 185755, une mention détaillée du contenu de cette biblio- thèque-librairie. » Et Redet de renchérir : « Il ne nous est parvenu aucun document qui nous fasse connaître de quels ouvrages se composait cette riche bibliothèque56. » D’où l’intérêt de nos textes, intérêt que certains faits viennent étayer encore. L’un de ceux qui méritent le plus d’être notés, et sur lequel l’attention a déjà été attirée57, c’est que dans la seconde moitié du Xe siècle, en des chartes de Saint-Hilaire, un certain Salomon, écolâtre et sans doute chan- celier, introduisait des caractères grecs. Assurément le philhellénisme dans le vocabulaire était un péché mignon de certains érudits en ce temps-là (pensons à Liutprand de Crémone), mais en France ce tic n’était pas répandu, et dans la graphie il l’était moins encore. Ainsi peut-on penser que la pré- sence de livres grecs dans la bibliothèque du chapitre aura créé pareil engouement. De tels livres ne devaient pas sortir souvent ; cependant, un extrait de délibération du chapitre nous apprend qu’en janvier 1451 le chanoine Geoffroy Rousseau a été chargé de porter à Angers au roi de Sicile — le « bon» roi René — un manuscrit grec qu’on lui prêtait pour six mois58. A notre grand regret, ce texte n’est pas identifié, mais c’est une occasion pour nous de voir rejaillir la tenace tradition selon laquelle les livres en question avaient été apportés d’Orient par Hilaire. Pour l’érudit Calco se montra-t-on, à Poitiers, aussi libéral que, quarante 54. « Et da lui intenderà anchora la Mcla V. quelle si è facto per li libri da Potiers » : carton 549. 55. Longuemar, Essai historique sur l’église collégiale de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers, Poitiers, 1857 («Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest», 1" s., 23), p. 247. 56. Documents pour l’histoire de l’église de Saint-Hilaire de Poitiers, éd. L. Redet, t. il, Poitiers, 1857 (même coll., 16), p. 235 n. 1. Cependant, un des textes qu’il cite établit que le chapitre possédait au moins un Grégoire de Nazianze en grec. 57. Par R. Favreau, Les écoles et la culture..., p. 474. 58. Bibl. munie. Poitiers, Coll. Fonteneau, t. xxxv, fol. 109 v“ : « ... pro deponendo alterum libr[or]um in graeco de praesenti ecclesia quos beatissimus Hylarius apportavit de Graecia ad praesentem ecclesiam ».
MANUSCRITS GRECS À POITIERS 241 ans auparavant, pour le lettré monarque de la maison d’Anjou ? Ce n’est pas évident. Maint érudit, à la fin du xve siècle, se plaint de trouver trop souvent visage de bois lorsqu’il demande au gardien d’une bibliothèque, ecclésias- tique ou monastique, de lui ouvrir ses trésors. Et cela se prolongera tard. Vers 1530, le théologien de Sorbonne Jean Gagney, ayant traduit un com- mentaire des Épîtres pauliniennes dû à Primase d’Hadrumète, il déclare dans la préface à ce travail qu’il dédie à François Ier, que bien des travaux illustres demeurent encore ignorés « pour la superstitieuse garde d’aulcunes nations barbares qui d’icelles défendent l’entrée ; telles nations consistent en aulcuns moynes claustriers59... ». Dangereusement prêtés aux érudits extérieurs, ou jalousement dérobés aux regards par «un dragon toujours veillant», les manuscrits grecs de Poitiers, quels qu’aient été leurs avatars, n’ont pas survécu. Le seul fragment, infime, que conserve à l’heure actuelle la Bibliothèque de cette ville60 consiste en trois feuillets du xie siècle qui contiennent des fragments de la Règle de saint Basile : ce qui nous situe à l’écart de l’énumération due à Brasca. A Paris en revanche, un manuscrit, un seul61, qui n’est pas antérieur au Xe siècle, comporte la mention : de Sancto Hilario majori Pictaviensi62, et il contient, avec divers éléments patristiques, des ouvrages du pseudo- Denys. En 1563, dans ses remontrances adressées à Charles IX, le chapitre de Saint-Hilaire-le-Grand déclara, à propos des ravages opérés à Poitiers par les huguenots : Et d’avantage la tant fameuse et renommée librairie et bibliothèque du dit lieu, qui étoit munie de si grand nombre de bons et anciens livres tant grecs, hebreux, que latins et ou de toutes parts les gens doctes accou- roient pour en tirer et apprendre quelque chose pour servir au public, n’a pu éviter la barbarie et cruauté plus que gothique desdits séditieux63. Le vénérable Suppl, gr. 8 de la Bibliothèque Nationale est peut-être le seul survivant du lot. 59. Cité par Ch. Terrasse, François Itr, le roi et le règne, t. il, Paris, 1948, p. 327. Cf. P.L., t. lxviii, col. 410 B. 60. Bibl. munie. Poitiers, ms 126 (25). 61. Bibl. Nat., suppl. gr. 8, fol. 1. 62. D’une main du xve siècle d’après Delisle, Notice sur vingt manuscrits..., p. 474 ; du xive pour Favreau, op. cit., p. 478. 63. Coll. Fonteneau, t. xll, p. 281 ; cf. Documents..., éd. Redet, n" 399, p. 235.
QUALCHE RELITTO DI ETÀ BIZÂNTINA NELLA TOPONOMASTICA E NELLA ONOMASTICA DELLA SICILIA Bruno LAVAGNINI Esce fuori in tutte lettere dalle pagine délia Cronaca di Monemvasia il nome di Acheva, corne centro fondato in Sicilia da popolazioni greche, fuggiasche dal Peloponneso durante il regno di Maurizio (582-602), dinanzi alla invasione di Avari e Slavi1. Rimane problematica la connessione del nome, accennata nella stessa cronaca, con quello di (Aaxe)8a((zova, alla quale potrebbe dare sostegno la tradizionale denominazione Val Demone, coniata dagli Arabi, per indicare la zona nord orientale dell’isola. 1. Riferiamo il testo dalla recente edizione di I. DujCev (Palermo, 1976), p. 12 : T6re xai ol Aâxwveç rà naTpœov êSaçoç xaraXiTrôvTeq èv rÿ; SixeXlqi éÇéTtXeuaav xarotxoüvTeç i'j TÔTtùJ xaXoup.évù> Aépieva, xal àvrl Aaxe8aip.oviTùiv AepievÏTai xaTOvop.àÇovTai. Particolarmente frequente la menzione di Aéfzeva nel gruppo di diplomi provenienti dal Monastère di S. Filippo di Fragalà, che ci consente di seguire le vicende del Monastère, nei suoi rapporti con la corte normanna e nei non infrequenti contrasti con altri mona- steri per il possesso di terre o per l’autorità su monasteri dipendenti. Da notare il ricordo di un Romane, stratège di Demenna (F. Cusa, Diplomi greci e arabi di Sicilia, Palermo, 1868, vol. I, XIX, p. 418); nella pergamena n. XI (presse Cusa I, p. 317) dell’anno 1154 è ricordato un P-qyxéptoç, xptr);ç 8ep.évvù>v ; infine un lacopo, protopapa délia Valle di Demenna compare nella pergamena XXXIV dell’anno 1269, presso Cusa, p. 458. Dal formulario si deduce che il distretto di Demenna è indicato nei documenti più antichi col termine Staxpàreaiç al quale, in seguito, subentra il vocabolo fja&ela, che sembra un calco greco di « valle » usato nel senso di circoscri- zione. Corne nel case di Traina, il nome sembra designare insieme il centro principale e il suo territorio.
244 MÉLANGES IVAN DUJCEV La sopravvivenza délia città, almeno in età normanna e sveva, e anche oltre, è testimoniata da document!2. Tuttavia in età successiva cessa ogni menzione di questo abitato ed il suo stesso nome scompare. Nel suo Dizionario toponomastico délia Sicilia, il benemerito Vito Amico3 ne ravvisa il sito, in base a document!, a poca distanza dall’attuale Alcara Li Fusi. Alla loro città sopravvissero, almeno in parte, gli abitanti, che ritro- viamo tuttavia non più in Sicilia, ma in Calabria. Ancor oggi serba il loro nome, a 14 Km. da Reggio Calabria4 lo abitato di Diminniti. Altri tre toponimi dello stesso tenore, variamente ubicati, registra il Rohlfs nel suo Dizionario toponomastico e onomastico délia Calabria (Ravenna, 1974), e del resto già 1 ’Ughelli5 aveva annotato il nome di Demenniti, enumerando 2. L’esistenza di Demenna è di fatto attestata in età normanna, sveva e angioina. Nella raccolta dei Diplomi greci ed arabi di Sicilia di Francesco Cusa, Palermo, 1868, l’indice greco, vol. II, p. 806, registra trentacinque volte il nome délia cittadina in di- plomi che vanno dal Conte Ruggero a Carlo d’Angiô, e provengono tutti dal territorio délia diocesi di Messina. Potrebbe risalire a tradizione locale, confluita nella Cronaca, la connessione del demotico AqrevÎTai con (Aaxe) SaipioviTai da cui si puô considerare dedotto il toponimo Achevai. Ipotesi erudita sembra invece le glossa dello Etymologi- cum Magnum Achevai • topa TÎjç EixeXlaç 6tl êv aÙT'fj SéSeTai ô Tutptôv, riportata da St. KyriakidIS, 01 SXâfioi èv neXoTrovvTjcjtp, in «BuÇavTival pieXÉTai», VI, Thessaloniki 1947, p. 60. La paretimologia è tuttavia intéressante, perché rivela la sicura connessione del toponimo colla zona dell’Etna. 3. Tradotto dal latino e annotato da Gioacchino Di Marzo, Palermo, 2 voll. Nel vol. I, p. 369, col. 12, l’Amico ritiene che la scomparsa Demena sorgesse presso Alcàra Li Fusi e ricorda un diploma del Conte Ruggero del 1090 nel quale sono descritti i confini délia diocesi di Messina, che coincide con la circoscrizione amministrativa di Val Demone. Il testo greco del diploma, nella edizione del Cusa, I, PP- 289-291, consente di confermare la indicazione dell’Amico. Dopo la descrizione dei confini délia diocesi il Sovrano indica aU’interno di essa i possedimenti assegnati al Vescovo. E fra l’altro cosi si esprime : « SèStoxa 8è xai eiç Tà Sèpteva tô xaaTÉXXiov T7jç à/apt)? ». Nel xaaTèXXiov t5)? à'/àpr^ è facile riconoscere il toponimo odierno di Alcàra Li Fusi, nel territorio di Demenna. Lo stesso ricorre due volte in un diploma del 1144 col quale re Ruggero ne conferma al vescovo di Messina la proprietà, contestata dai funzionari régi. Nel diploma stesso, riportato col n. 9 tra i diplomi délia Chiesa di Messina, presso Cusa, I, il nome ricorre due volte al plurale, p. 312 : ù>ç oti àSixoücn ty^v èxxX-qaiav xai ytôpav tt;ç 8iaxpaTr)<jeù>ç à/aplùiv, e p. 314 : ... elç à/àpacç. E’ stata avanzata anche la ipotesi che il sito di Demenna possa essere identificato nell’attuale abitato di San Fratello, distante circa 17 km. dalla Costa tirrena (da L. Vasi, Notizie storiche e geografiche délia città e Valle di Demona in « Archivio storico sici- liano», X, 1885, pp. 1-15). Per confermare e precisare la identificazione del luogo di Demenna ci piace auspicare che possano essere intrapresi almeno saggi di scavo nella zona predetta, corne anche a Rometta e Traina, legate aile memorie bizantine dell’isola. 4. Annuario Generale dei Comuni d'Italia del T.C., 1968. 5. Ughelli, Italia sacra T. IX, ed. romana 1644-62, col. 430, citato presso A. Pellegrini (Il dialetto greco-calabro di Bava, Torino e Roma, Loescher, 1880, p. XIV).
QUALCHE RELITTO DI ETÀ BIZANTINA IN SICILIA 245 un gruppo di localité délia Calabria inferiore, nelle quali al suo tempo si parlava anche il greco. Corne si vede, ancora una volta, i Greci di Sicilia avevano passato lo Stretto... Non so se il compianto scrittore Vitaliano Brancati e le altre persone che con lui hanno in comune il cognome6, abbia avuto sentore di qualche parentela del suo attributo onomastico col patrono di Taormina, S. Pan- crazio, che délia cittadina etnea fu il primo vescovo e vi introdusse la fede cristiana7. La apparente deformazione puô essere in qualche modo spiegata nel quadro délia fonetica neogreca in quanto la sonorizzazione délia sillaba mediana da Pancratios a Pangratios ha portato, insieme al ribaltamento del -p-, alla sonorizzazione délia consonante iniziale. D’altra parte la desinenza -toç si è ridotta ad -tç con successiva caduta del ç finale, normale anch’essa nei dialetti grecanici (cfr. Màprrçç da MàpTtoç, OXepdcpyjç da 0e[3poudp(.oç etc.). Cosi da nayxpdcTtoç, in Grecia, l’esito normale è IIaYxpàT7)ç8, che nei casi obliqui si confonde coll’esito dei neutri da dimi- nutivi in -lov, corne uaXotTi da TraXdmov e cttcLt!. da ocsmno'j (hospitium). Non sembra di poter ricondurre aile precedenti la forma Brancasi, che si registra nell’Annuario dei telefoni a Brindisi e a Bari. Al Brancati nome di luogo sembra invece poter accostare il toponimo Brancaccio, che dà il nome a un sobborgo di Palermo e ricorre anche in Campania (Brancaccio Scafati, 5 Km. da Salerno ; Brancaccio Boscoreale, Km. 6 da Napoli). Alla base del toponimo sembra essere un incrocio 6. E ve ne sono. Da recenti elenchi telefonici abbiamo rilevato 29 Brancati nella Sicilia Orientale, 6 nella Occidentale, e 3 in Calabria, dove anche è toponimo (monte, sorgente) corne registra il Rohlfs, nel già citato Dizionario toponomastico e onomastico délia Calabria, che giustamente lo spiega corne deformazione di Pancrazio. Rifatta su Brancati la forma siciliana Brancato, cognome anch’esso assai diffuse in Sicilia. Oltre 70 ne annovera per la sola Palermo l’elenco telefonico 1978. 7. Cosi il Rohlfs, nel già citato Dizionario toponomastico e onomastico délia Calabria, Ravenna 1974, s.v. : « Brancati : ctr. in mont, sopra Mammola ; sorgente presse S. Luca ; Brancati ; cognome in CS, CZ, RC ; deformazione di Pancrazio». 8. Il sobborgo ateniese di nayxpàri, a oriente délia città, in direzione deU’Imetto, sotte l’aspetto fonetico puô essere ricondotto ad un nafxpàrio<;. E taie spiegazione è riportata da Kostas Biris, Tonovupixà ™ ’A&ï)vù>v, 1945 s.v. In una seconda edizione dell’opera, Atene, 1972, tuttavia, lo stesso autore riferisce che in seguito a scavi effettuati nel 1969 dall’eforo I. Miliadis, («npaxrtxà -cïjç àpx- êratpelaç», 1953 pp. 47-60 e 1954 pp. 41-49), lungo la sponda méridionale dell’Ilisso, a nord-ovest delle stadio, si sono trovati rilievi ed epigrafi che rivelano la esistenza ivi di un sacello dedicato a 'HpaxXïjç nayxpâTr^, e pertanto si rende verosimile la persistenza in situ di un toponimo dell’età classica.
246 MÉLANGES IVAN DUJCEV tra neogreco e romanzo, prevalendo nel finale l’esito del nome latinizzato Pancratius. La ipotesi trova sostegno nella attestazione di taie forma inter- media Brancatio che si legge nel dorso di una pergamena relativa alla fondazione di un monastero di rito greco sullo scoglio di Scilla. Taie anno- tazione relativa al contenuto del diploma si présenta in due redazioni, delle quali la più antica, di mano del sec. XV, qui riportiamo dalla nota del Cantarella : « privilégie di lu gran conte Rogerio Princ. supra la edifi- catione et constructione di abbazia di sancto Brancatio e soi erectione in libéra»9. Tali reciproche influenze fra neogreco e romanzo trovano la loro spiegazione nel bilinguisme determinato dalla convivenza di neolatino e di romaico in Calabria e in alcune zone délia Sicilia. Ne danno conferma gli esiti divergenti di toponimi corne Reggio-Riggio coi rispettivi demotici Reitano, Rigitano, e fors’anche Rizzitano, che fa presupporre anche un ipotetico Rizzo per Reggio. Per quasi tre secoli, tra la fine del regno gotico d’Italia e la conquista saracena dell’isola, la dominazione bizantina riconduce la Sicilia nella consueta trama di rapporti non solo politici ma anche culturali, religiosi ed artistici coll’ Oriente greco ed ellenizzato, non escluse le regioni del Mediterraneo orientale. E quando cessa in Sicilia la presenza diretta di Bisanzio essa si prolunga, sia pure con alterne vicende, nell’Italia del Sud, che cosi rimane per oltre mezzo millennio nell’orbita délia civiltà bizantina. Non sorprende pertanto che taie influsso possa aver lasciato tracce, corne in altri aspetti délia vita del Mezzogiorno d’Italia, anche nei registri d’anagrafe e negli elenchi di utenti dei telefoni. Nel suo già ricor- dato Dizionario toponomastico e onomastico délia Calabria, Gerhard Rohlfs ha passato in rassegna molti cognomi, notandone spesso la diffusione e la provenienza, talvolta anche col richiamo ad antiche carte o testimonianze del passato. Si puô cosi constatare coll’aiuto del Rohlfs la persistenza nella onomastica familiare délia Calabria e délia vicina Sicilia di appellazioni atti- nenti a uffici e dignità bizantine che nulla dicono all’uomo d’oggi, ma che furono in altri tempi oggetto di stima e di ossequio per chi ne era rivestito. In questo regno di ombre ci si fa incontro dapprima una piccola schiera di armati... che cingono al fianco una spada lunga e piatta. Sono gli « spadari ». 9. La pergamena, di recente accessione, non è inclusa nel Syllabus del Trinchera. La pubblicô, nel 1935, R. Cantarella, Documenti greci meridlonali inediti del grande Archivio di Napoli (estratto dall’ « Archivio Storico per le province napoletane» LX, 1935). Il diploma contiene l’autorizzazione alla costruzione di un monastero dedicato ai Santi Basilio, Gregorio e Pancrazio. Nel pubblicarne ed illustrarne il testo il Cantarella mette in evidenza le contraddizioni interne che fanno ritenere non autentico il documente.
QUALCHE RELITTO DI ETÀ BIZANTINA IN SICILIA 247 In Calabria il cognome ci si présenta con un aspetto arcaico e quasi irri- conoscibile, sotto la forma Spasari, per il passaggio di a -a-, fenomeno tipico del laconico e présente anche nei dialetti grecanici. Del più usuale Spataro (SKa&àpioç ), sempre fra gli utenti del telefono, ho riscontrato 42 presenze nella Sicilia Orientale, 84 nella Occidentale e solo 2 a Reggio Calabria. Più frequente la forma colla consonante sono- rizzata nella sillaba mediana. Ne incontro 179 nella Sicilia Occidentale, nella Orientale 27 e altri 9 nelle regioni meridionali (7 a Reggio, 1 a Bari, 1 a Taranto). Corne c’è Spadaro accanto a Spataro, cosi del composto oKa&ocpopoç accanto a Spatafora appare Spadafora : dei primi, nella Sic. Or. 12 e 35 a Palermo. Meno numerosi gli Spadafora (17 a Palermo, 4 nella Sic. Or., 8 a Cosenza). Più rari gli esiti di trrpaTTjyôç : 2 Stratigô a Palermo e 1 Straticô a R.C. I titoli latini di dux e iudex, ellenizzati con nominative in -aç, soprawi- vono nei cognomi Duca e ludica. Ne abbiamo notati rispettivamente 75 e 21, salvo errore od omissione, corne si dice. Nel cognome Trimarchi, registrato 78 volte nella Sicilia Orientale (60 nella sola Messina !) abbiamo la sorpresa di riconoscere il bizantino «turmarca» (Toupp.àpp;ç dal lat. turma), capo di unità militare, o, anche, funzionario preposto alla amministrazione di un distretto. Ne abbiamo trovati altri 7 qua e là per la Sicilia e 1 a Reggio. Si incontra anche qualche raro Logoteta, termine che presso i Bizantini ha significato di preposto al tesoro e, anche, di ministro. Queste note non sono frutto di ricerca sistematica e potrebbero avéré un seguito. Ma vorremmo intanto concludere con un singolare cognome, non certo frequente, ma diffuso in una larga zona méridionale. Si tratta di Saporito. Sempre limitando la inchiesta agli utenti del telefono, ne ho notato 11 nella Sicilia Orientale e 26 nella Occidentale, di cui ben 20 a Palermo... Se non andiamo errati, ci sembra di poter qui ravvisare il calco tardo greco e bizantino del latino a secretis : ô àKoppy|Tcov, cioè il « segretario», che cosi in qualche modo ci svela il segreto del suo nome.
KATAPCMC B «CJ10BE O nOJlKY MFÛPEBE» JHnMHTpiiü JlnxaneB Kan ii3BecTHo, noHHTHe Karapciica y ApncToTejin n.weeT mho- jKecTBo TonKoBaHiiü. B HpeBHepyccKoii JiHTepaType noHHTHe KaTapciica, << TparnnecKoro oanmennn» h np. oTcyTCTBoBaJio, ojiHaKo b xi-xiii bb. npaKTHnecKoe npaMenenne « Tparnne- CKoro oanmeHMH» b Jin-reparypHUX npoH3BeneHMHX 6bi.no no- ctohhhmm. Il ecJin roBopHTb o tom, KaKoe H3 cymecTByiomHx hjih cynjecTBoBaBiiiHX noHHMaHHü aToro « Tpamnecnoro onn- meHHH» 6bI.HO CBOHCTBCHHO HpeBHCpyCCKHM JIHTepaTypHMM npoH3- BejxeHHHM, to 3necb npaMo h peinnTejibHo mo®ho ynasaTK na 3TnaecKoe. B xi-xiii bb. (b nocjiejiyiomee BpeMH 3HannTejibHo peine) Bce oômecTBeHHbie 6encTBim b nepKOBHbix nponoBejmx ncnoJib- 30BajiiiCb nan npusHBbi k nonaannio. B ôojiliiihx oônjecTBeHHbix 6ejxcTBHHx (« HainecTBHH MHonJieMeHHUKOB », « raaji», « Tpyc» — 3eMjieTpnceHne n np.) nepKOBHbie nponoBennnnn Bnnejin ne TOJibKO noBon hjih npn3MBa k nonannnio, no n caMoe naKasanne 3a rpexn, noTopoe BepyiomnM cjienoBa.no BocnpnnnMaTb ne TOJibKO c noKopHocTbio, ho n c pajiocTbio, nan cBnjieTejibCTBo 1. HaHÔojiee npocTaa Kjiaccn$HKaiinH 3thx TOjiKOBaHHü c npuBeneHiieM BaiKHeünieü jiHTepaTypu b cTapoü pa6oïe H. H. HosocancKoro : ApncTo- Tejib «rioaTHKa», AKaneMMa, JI., 1927, c. 15-20 n c. 111-113. IIocjiejiHmï oGaop sonpoca b npeKpac.Hoii KHUre : A. Nicev, L'énigme de la catharsis tragi- que dans Aristote, Sofia 1970.
250 MÉLANGES IVAN DUJCEV OomecTBennon 3a6oTH 06 mx nyinax. HaKa3anne bjickjio 3a coôoiî, no MBicjin nponoBejmnKOB, onniiienne ot rpexa n yMnpoTBo- penne, ycnonoenne, BO3Bbimenne nan cyeTnocTbio rpexa. Eme peinnTejibHee npnMenHJiocb 3to « TpariuiecKoe onnineinie» b cbctckoh ncTopimecKoii JiiiTepaType xi-xm bb. : b JieTonncnx n ncTopn'iecKHX hobccthx. Tan HanpnMep, b « IIoBec™ BpeMennbix jict» non 1093 r. noc.ie paccnasa o mecTOKnx naôerax nonoBijeB jieTonnceij bo- CKnnijaeT : « O HenaupenenbHOMy nejioB'fcKOJiioObio ! hko ;r:e BHjrfc Hbi HeBoneio k neMy oôpaiijaiomacH. O TMaMH JiioÔBe, ente k HaMi> ! iione;r;e xornuie yKJionnxoMcn ot aaiioB'fcanft ero. Ce y;r:e ne xoTnnje TepnnM, ce c nymeio, n noneme neBoneio, ce yme Boneio. Puis 6o 6'fe y nacb yMiinenbe? Hone me bch nonna cyTb cneai.. Pa'fe 6'fe b nacb B’b3Hbixanbe ? Hon-fc ;ne nnanb no BC'fcM’b yjinnaM ynpocTpanncn nsôbeiibix pann, urne nsônnia ôeaaKOHbHnH » 2. Ilocjie hobofo paccnasa 06 ymacax nonoBeijKnx naôeroB, raaBHbie H3 kotophx yBon nnenniiKoB b nonoBeiiKiie Bemn, jic- Tonnceij eme pemnTejibnee saHBjmeT : « J^a hhkto me nepanerb peiijM, hko HenaBnuHMH ôofomb ecMbi ! ,'la ne OyneTb. Koro 6o TaKO ÔOF'b JïKJÔHTb, HKO JKC Hbl B3.TIo6nHb eCTb ? KoFO THKO HOHejTb ecTb, hko me hbi npocjiaBmrb ecrb n Btanecnb ? Hukofo me !»3. Onenb THnnnnyio Kaprany TparnnecKoro oMmuennn naer « IIo- Becrb o paaopeniin Pasann BaTbieM>>. Ilocne cTpamHoro nopame- hiih, yônüCTB, nneHeiimi, ynnnTomennn ropona, nosecTb nepe- xohht k paccKasy o nnane IIurBapn IlnrBopeBima no yôiiTbiM, o norpeOennn nornômnx n o npiieage na KHHmecKnü ctoji b Pnsami khh3h Kiip Mnxanjia. TparimecKoe yMiipoTBopeime 3jiecb, b 3toü noBecTii npeHCTaBjieno b CBoeiî nojinon cnjie ii b HByx acneKTax — npaBCTBennoM n coôbithmhom. Echu C 3TO11 TOHKH 3peHHH MH HOUOÜHeM K « C.TIOBy o nOJIKy HropeBe», to TparnnecKoe yMiipoTBopenne b neM Tanme nemiiT b ocnoBe caMoro ciomera n conpoBomnaeTCH npaBCTBemibiM oanmenneM. Oôpamy BHiiManiie na to oôcTonTeJibCTBo, hto yme 2. IJuTupyio no iisaannio : «HoBecTb BpeMeiiHbix ner», t. I, cepnn « JIirrepaTypHbie naMHTHHKii», M.-JI., 1950, c. 147. 3. TaM me.
LA KATHARSIS DANS LE « DIT DE LA CAMPAGNE D’iGOR » 251 b ÔJiHJKaftnieM k «CnoBy» paccnase o nopaiKennn Ilropn Lliia- TteBCKon jieTonMCM ecTb 3tot ajieweHT « Tparanecnoro » onn- mennn b ero upeBnepyccnoM, aTimecnoM Bapuairre. njieneHHbiii Ilropt npoH3HocnT ôojibinyio nonanniiyio penn na nojie ôhtbbi b caMbiii MOMeiiT CBoero nuenennn, a sareM BTopnnno Kaercn b iiJieny. Bennnuft KHH3b KiieBcnnii CBHTocjiaB n.iaaeT, n saitan- HHBaeTCH jieTonucHaH noBeCTb BoaBpainenneM Plropn 113 luiena. B « CnoBe o nojiKy IdropeBe» nocne paccKaaa o noparKenim Ilropn n ero niienennn (nanoMmo, iito nneiienne paccMarpuBaiiocb b xi-xm bb., nan canoë CTpauiHoe nocnencTBiie nopamennn) naCTynaeT cnononnoe ,'iBii?Keiiiie noBecTBOBannn k npaBCTBeii- HOMy yMHpoTBopemiio : CBHToenaB npoiisnociiT CBoe cjiobo « co cjiesaMii CMemeno». 3ïOMy sojioTOMy cjiobv CBHTocnaBa, ero OÔpameHIIlO KO BCeM pVCCKHM KIlH3bHM Kai{ 6bl BTOpnT B JIHpiI- qeCKOM BapnaHTe nnan HpocnaBHbi h ee oôpamenne k ciinan npnponbi : k cojinny, BeTpy n Jlnenpy, naK 6ni cooTBeTCTByio- IIJHe nOJIHTHHeCKHM OÔpaiIieiIHHM CBHTOCJiaBa KO BCeM pyCCKHM KHH3BHM noonepenno. 3areM npaBCTBeiiHoe yMiipoTBopeHiie ne- pexonHT b yMiipoTBopemie coÔLiTiiMiioe : llropb ôeîKirr 113 njieaa, BO3BpamaeTCH na cboü ctoji h eiieT no ISopnneBV k ôoroponnne rinporonieft c oneBiiniioü iienbio BO3gaTb eii ônaronapiiocTb :ia CBoe ocBOÔoîKnenne. 3aKannnBaeTCH « Cjiobo» cjiaBoii pycciam KHH3BHM. TpariiHecKoe yMHpoTBopenne BbinepjKano n b stii- necKOM n b coôbiTiiiîHOM njiane. ripncyTCTByioï h cjiesbi, Koropbie y upeBHiix aBTopoB cunTajincb npiiiiocniuiiMn oôjiernenne 11 yMHpoTBopenne 4. XapaKTepiio, 1ito cooTBeTCTBemio JiHTepaTypnoii npanTiiKe xi-xiii bb. ne TOJibKO miTaTejin iicnbiTbiBaioT aro Tparunecnoe npaBCTBennoe oniiinemie, « noepenCTBoM cocTpanamm n crpaxa», KoTopoe npoii3BoniiT oniiineinie nx nyBCTB, no n r.iaBHbie neii- CTByiouine Jinna paccnasa. IIoaTOMy n Hropb annan ne mof pac- CMarpiiBaTbcn b « Gnose» n b paccnaae o nopaînennn Hropii IlnaTbeBCKoü jieTonncn nan jihiio ôesycjioBno nojiojKiirejibnoe. Oii-to n iionBepraeTcn b nepsyio onepeun npaBCTBennony onn- menmo n aienoBaTejibiio Honaieii ôbiTb b ii3BecTiioii jiepe bhiiob- HHKOM HCIIblTblBaeMblX MM CTpaHaHIIÜ. 4. Cm. o6 3T0M y H. 14. Honocaacnoro, ynaa. coa., c. 18.
252 MÉLANGES IVAN DUJCEV RÉSUMÉ DE L’ARTICLE Si le concept de katharsis est inconnu de la littérature vieux-russe les œuvres littéraires des xi-xme siècles — beaucoup plus rarement avant — font une large place à la « purification tragique », sur le plan éthique. Les calamités publiques sont pour les prédicateurs non seulement une occasion d’appel au repentir, mais encore le châtiment lui-même, qui doit être accueilli avec joie car il témoigne du souci divin de l’âme des pécheurs, et devient par lui-même purificateur. Cette « purification tragique » est encore plus accusée dans les chroniques et les récits historiques. Quelques exemples sont donnés. On trouve le même élément à la base même du sujet du « Dit de la cam- pagne d’Igor», associé à la purification morale (il existe également dans le récit de la défaite d’Igor de la chronique d’Ipat’ev, très proche du « Dit »). Dans le « Dit », après le récit de la défaite et de la capture d’Igor vient une phase d’apaisement moral. Les paroles de Svjatoslav s’adressant aux princes sont mêlées de larmes, et les pleurs de Jaroslavna s’adressant aux forces de la nature en sont une réplique lyrique. A cet apaisement moral succède l’apaisement sur le plan événement : fuite et retour d’Igor, sa gratitude envers la Vierge. Il est remarquable que, conformément à la pratique littéraire des xi- xnr siècles, les lecteurs connaissent cette purification morale par le tra- gique, « la terreur et la pitié» : les principaux personnages la vivent aussi. C’est pourquoi on ne peut considérer Igor dans le « Dit » — non plus que dans la chronique d’Ipat’ev — comme un personnage entièrement « positif ». Etant le premier à subir la purification morale, il doit être dans une certaine mesure responsable des souffrances qu’il endure.
TEXTGESCHICHTLICHE ERWÀGUNGEN ZUR L KIRCHENSLAVISCHEN WENZELSLEGENDE IM LICHTE EINER DUNKLEN STELLE Frantisek Vâclav MARES Der Jubilar ist ein Slavist : ein philologisch orientierter Historiker und ein historisch ausgerichteter Philologe. Die Anfànge der bôhmischen Geschichtsschreibung und der einheimischen Literatur sind mit der L kirchenslavischen Wenzelslegende und mit der Legende Christians aufs engste verbunden. Die I. ksi. Legende vom hl. Wenzel, Herzog von Bôhmen, die im X. Jahrhundert entstanden ist, bald nach dem Mârtyrertod des Helden (f929), ist in drei Überlieferungen erhalten ; es sind dies : 1) die Vostokovsche Redaktion (abgekürzt Vost — eine einzige russisch-kirchenslavische Hand- schrift aus dem xvi. Jahrhundert) ; — 2) die Minâenredaktion (abgekürzt Min — russisch-ksl. Handschriften aus dem xvi. Jahrhundert) ; — 3) die kroatisch-glagolitische Redaktion (abgekürzt Glag — kroatisch-glago- litisch-kirchenslavische Handschriften aus dem XIV. und XV. Jahrhundert). Daneben gibt es Kurzfassungen im russisch-ksl. Prologos, eine zum Fest des hl. Wenzel (28. September, die âlteste Handschrift aus dem xm./xiv. Jahrhundert), die andere zum Fest der Translation seiner Reliquien (am 4. Mârz, abgekürzt VencTr, die âlteste Handschrift aus d. J. 1406). Im Text der ksi. Legende kommen einige wenige unklare Stellen vor, deren schwierigste vielleicht diejenige ist, wo über das Blutwunder nach dem Mârtyrertod des Heiligen berichtet wird : Vost : krovi z(e) ego ne xotjasci po tri dni v zemlju iti. vt> tretii ze vecen vsirrn, vidjascimb crkvi vzide nad nimt>. i divisasja tu vsi.
254 MÉLANGES IVAN DUJCEV Min : i krovb ego po tri dni ne raci v zemlju iti vb -g- ( = 3) ze dnb krovb ego potrebisja. i crkvi vzyde nadb nimb vsëmb ljudemb vidjascimb tu i divjascimsja. Glag : kr’v ze ego do (Var : po) tri d'ni ne raci v z(e)mlju iti. Treti ze danb v’sëmb videcimb crëki v’z ide n(a)d nimb ëko diviti se v’sëmb1. VencTr : jako krovb jego ne idjase za g (= 3) dni v zemlju. tretii ze dnb vecerb vzide crkvb (Var: crkôvb, crky, crkvi, cerkvi ; s(o)lnce2) ndd nimb. jako divitisja vsëmb vidjascimb3. Deutsche Übersetzung : Drei Tage lang wollte sein Blut nicht in die Erde gehen; am dritten Tag (abends) eine Kirche stieg über ihm empor, so dap aile, die es sahen, staunten. Der schwer verstândliche zweite Teil dieser Aussage wurde verschieden gedeutet, z. B. : «eine Kirche erhob sich wunderbar über ihm» (d.h., eine wôrtliche Interpretierung) ; « über dem mit Blut getrânkten Boden wurde ein Baldachin aufgestellt, damit niemand den heiligen Ort betritt, der Hagiograph hat diese Einrichtung poetisch als Kirche aufgefapt » ; c(e)rkvi ist als Lokativ singularis zu verstehen, dann also «(das Blut) erschien über ihm in der Kirche »4. Aile Erklârungsversuche entbehren jedoch der erwünschten Stufe einer plausiblen Wahrscheinlichkeit. Vor kurzem haben wir eine neue Lôsung vorgeschlagen : die Stelle ist verstümmelt, sie lautete ursprünglich krbvb ze ego po tri dbni ne raci vb zemljo iti, (vb) tretii ze dbnb vecerb crbka vb zbdë5 nadb nimb, jako diviti sç vbsëmb, d.h. 'Drei Tage lang wollte sein Blut nicht in die Erde gehen, am dritten Tag abends sickerte es an der Wand über ihm6, so dap aile staunten’. Die Entstehung des Fehlers ist um so besser vorstellbar, 1. Vgl. Sbornik staroslovanskÿch literàrnich pamâtek o sv. Vâclavu a sv. Lidmile, red. von J. Vajs, Praha 1929, 19, 27, 42. 2. Diese letzte Variante ist bestimmt als ein (weiterer) Neologismus zu bewerten ; der Abschreiber des Prologus Grigorovicianus (XVII. Jahrhundert) empfand die Lesung 'Kirche’ im ganzen gegebenen Zusammenhang als unklar und falsch. 3. V.F. Mares, Proloznye zitija cesskix svjatyx v rukopisjax Puskinskogo doma, « Sla- via » 34 (1965), 353-363 (bes. 360, 362, 363). 4. Für eine Übersicht der bisherigen Meinungen und der bisherigen Literatur des Gegenstandes s. im ausgezeichneten neuen Werk : E. Blàhovà—V. Konzal— (A.I. Rogov), Staroslovënské legendy ceského puvodu, Praha 1976, 99-100, 136, 310- 312. 5. Aksl. Vb zbdë, tsch. zbdi, tschechisch-ksl. wahrscheinlich beides môglich ; vgl. J. Gebauer, Historickâ mluvnice jazyka ceského, IHjl'. Sklonovàni, Praha—Vlden 1896, 375-376 ; — Lexicon linguae palaeoslovenicae - Slovnik jazyka staroslovënského, Pragae 1966 (t. I), s.v. zbdb. 6. « ... über ihm», d.h., «über dem Ort, wo der hl. Wenzel begraben lag». Diese Interpretierung ist problemlos ; die betreffende Stelle wurde auch immer früher so ver- standen, denn der ganze Kontext ist in dieser Hinsicht eindeutig und klar.
DIE I. KIRCHENSLAVISCHE WENZELSLEGENDE 255 wenn wir bedenken, daP die Handschriften in der scriptio continua geschrie- ben waren, ohne Spatien zwischen den einzelnen Wôrtern. Das Verb crkati im Sinne 'sickern’ oder 'rieseln’ sollte man für einen Bohemismus halten, denn in dieser Bedeutung ist es im Alttschechischen, in den tsche- chischen Dialekten und im Obersorbischen (cyrkac) belegt (daneben aber auch im Bulgarischen)7. Die âlteste bôhmische Chronik, das Werk Christians Vita et passio s. Wenceslai et s. Ludmile avie eius, stammt aus dem x. Jahrhundert ; trotz Bedenken einiger Historiker (früher besonders J. Dobrovskÿs, spâter R. Urbâneks) und dank der dadurch angeregten ernsten wissenschaft- lichen Diskussion kann man heutzutage dieses hohe Alter der Legende Christians für endgültig bewiesen halten (bes. durch die Werke J. Pekaf s, V. Chaloupeckÿs und J. Ludvikovskÿs)8. Es ist allgemein bekannt, daP sich der lateinische Autor unter anderen Quellen auch auf die I. ksi. Wenzelslegende stützt9, einige Stellen der beiden Denkmâler stehen sogar im Verhâltnis einer freien Übersetzung oder Paraphrase. Nachtrâglich habe ich bemerkt, daP sich auch die erwâhnte unlângst vorgeschlagene rekonstruierte Urlesung durch den Wortlaut bei Christian bewahrheitet ; im Kapitel VIII steht : Sanguis beati martyris, qui ab impiis impie effusus est in terrant et per parietes sparsus, lotus est aqua et abstersus. Sed die 7. V.F. Mares, Ob odnom nejasnom meste v pervom staroslavjanskom Zitii sv. Vjaceslava Cesskogo, « Kul’turnoe nasledie drevnej Rusi» ( = Festschrift D.S. Lixaèev), Moskva 1976, 368-369. 8. Vgl. J. Pekaé, Nejstarsi kronika ceskâ, Praha 1903 ; — ders., Die Wenzels- undLudmilalegenden und die Echtheit Christians, Prag 1906 (dort ist auch eine vollstândige Übersicht der'âlteren Fachliteratur); — ders., Svaty Vàclav, « Svatovâclavskÿ sbornik » I, Praha 1934, 9-101 ; — V. Chaloupeckÿ, Prameny X. stoleti legendy Kristidnovy o sv. Vàclavu a sv. Ludmile, « Svatovâclavskÿ sbornik»II/2, Praha 1939;— R.UrbAnek, Legenda tzv. Kristiâna ve vyvoji predhusitskÿch legend ludmilskÿch a vàclavskÿch, I-II, Praha 1947-1948 (gegen Pekar) ; — J. LudvIkovskÿ, O Kristiâna, l-ll, « Nase vëda» 26 (1948-1949) 209-239 und 27 (1950) 158-173, 197-216 (für die Echtheit Christians) ; — ders., Rytmické klasule Kristidnovy legendy a otàzka jeho datovdni, « Listy filolo- gické» 75 (1951) 169-190 ; — ders., Crescente fide. Gumpold a Kristiân, «Sbornik praci filosofické fakulty brnënské university» III-D/1, Brno 1955, 48-66 ; — ders., Great Moravia Tradition in the lOth-Cent. Bohemia and Legenda Christiani, « Magna Moravia», Praha 1965, 525-566 ; — O. KrAlIk, Sest legend hledâ autora, Praha 1966 (und seine anderen zahlreichen Bûcher und Studien) ; — R. Turek, Cechy na üsvitë dëjin, Praha 1963, 263, 265 ; — ders., Bôhmen im Morgengrauen der Geschichte, Wies- baden 1974, 37, 40 ; — BlAhovA—Konzal, o.c. (s. FuBnote 4), 266-268. — Eine synthetische Studie J. Ludvikovskÿs, welche die Gesamtproblematik der mediâvalen bôhmischen Legenden auf Grund der lebenslangen Forschung und Erfahrung des Autors darstellt, behandelt und beleuchtet, befindet sich itn Druck (laut Mitteilung J. Ludvikovskÿs im Briefe an F.V.M.). 9. Vgl., z.B., Pekaé, Die Wenzels- u. Ludmilalegenden... (s. FuBnote 8), 247-251.
256 MÉLANGES IVAN DUJCEV altéra, qui pridern laverunt. regredientes, acsi nunquam aquam inmisissent, reperiunt parietes et terram sanguine infectant, quod rursus abstergere festinant. Hoc eciam facto tercio, videntes se nichil proficere, discesserunt1 °. Was anderes bedeutet der Passus reperiunt parietes et terram sanguine infectant als 'sie haben die Wânde und die Erde mit Blut durchsickert (getrânkt, gefârbt) gefunden’ ? Diese Feststellung bekrâftigt unsere Théorie und steigert die Wahrscheinlichkeit der vorgeschlagenen Konjektur (Emendation) praktisch bis zur Evidenz. Der Tatbestand ermôglicht uns noch folgende Schlupfolgerungen zu ziehen : 1) Aile drei bekannten Textredaktionen der L ksi. Wenzelslegende (Vost, Min, Glag) und auch VencTr gehen wahrscheinlich — direkt oder indirekt — auf eine Handschrift (auf einen Hyparchetypus) zurück, deren Abschreiber die betreffende Stelle nicht verstanden und deswegen verstümmelt hat (ein gleicher Fehler zweier Abschreiber ist jedoch nicht ganz auszuschliePen, s. unter 3). 2) Christian, der Autor der lateinischen Vita, bediente sich im Bôhmen des x. Jahrhunderts noch einer in dieser Hinsicht fehlerfreien Version. 3) Weil das Verb crkati weder im Altrussischen noch im Altserbischen belegt ist 11 und neuserbokroatisch nur 'krepieren’ bedeutet (vgl. tsch. trivial skdpnout, eigentlich 'herabtropfen’) kann man vermuten, daB die Fehllesung ein nichttschechischer Kopist eingeführt hat, dem die Àquivalenz crkati = 'sickern, rieseln’ fremd war, also ein Russe oder ein Kroate (aile bekannten Handschriften der Legende sind russischer und kroatischer Herkunft). Im Falle eines kroatischen Abschreibers wâre es verstândlicher: crbka vb zbdë (oder vb zbdi) hatte er lautlich besser mit crbkavb vbzide assozi- ieren kônnen, mit Rücksicht auf das kroat. -a- in crkav, auf das kroatische zid (m.), tschechisch-ksl. zbdb (f.) oder zbdb (m., vgl. FuBn. 5) und auf die Verwechslung é/e, bzw. i/e in vb zbdë (zbdi) -> vbzide. Ist die I. ksi. Wenzelslegende aus Bôhmen über Kroatien nach RuBland gelangt, oder aber verfügte ein bôhmisches Kulturzentrum (z. B. Sasau ?) über einen Kroaten (Bosnier ?), der sowohl die Glagolica als auch die Kyrillica beherrschte und für den Export nach RuBland die Handschriften trans- it). Ibid., 115, Zeile 19-24. 11. LI. SreznevSku, Materialy dlja slovarja drevnerusskogo jazyka, I-III, dopolne- nija, Sanktpeterburg 1893-1912 (Neuausgabe : Moskva 1958); — Dj. DaniCic, Rjecnik iz knjizevnih starina srpskih, I-III, U Biogradu 1863-1864 (Neuausgabe : Beograd 1975) ; — F. MikloSich, Lexicon palaeoslovenico-graeco-latinuni, emendatum, auctum, Vindo- bonae 1862-1865. In diesen drei Wôrterbüchern kommt das Verb crbkati nicht vor.
DIE I. KIRCHENSLAVISCHE WENZELSLEGENDE 257 kribierte12 ? (Eine viel spâtere Vermittlung des Emaus-Klosters zu Prag ist, unter anderem, schon deshalb ausgeschlossen, weil die âlteste Handschrift der Prolog-Legende zum 28. September bestimmt aus der voremautinischen Zeit stammt.) — Doch zeigen die Varianten crkvi, crky, crëki..., daB die kroatische Zwischenstufe (crbkavb) nicht unbedingt vorauszusetzen ist. Auch ohne die kroatische Aussprache konnte die Verstümmlung gut zustande kommen, und zwar bei jedem Abschreiber, der das Wort crbka nicht verstanden hat. Im Altrussischen ist zidb nicht belegt, zbdb (m.) bedeutet 'ôorpaxov, testa, irdene Scherbe’ (Sreznevskij) oder 'Bau’ (ibid., Nachtrâge), crbkati war unbekannt; also auch ein russischer Kopist hat zu einem derartigen MiBverstândnis und zu der damit zusammenhângenden Textânderung genug AnlaB gehabt. Man kann sogar a priori kaum ausschlieBen, daB die gleiche Verstümmlung in der ersten kroatisch-glagolitischen und in der ersten russisch-ksl. Abschrift unabhângig voneinander entstanden sein konnte13. Diese Erwâgungen sollten vielleicht in der künftigen Erforschung aller Redaktionen der I. ksi. Wenzelslegende im Vergleich mit der lateinischen Legende Christians zu konkreteren Aufschlüssen über die Wege der Verbreitung des ksi. Textes aus Bôhmen führen. Zusammenfassend stellen wir fest : Die unklare Stelle über das Blutwunder in der I. ksi. Wenzelslegende lautete ursprünglich 'am dritten Tag abends sickerte es (scil. das Blut) an der Wand über ihm’. Diese Konjektur wird durch den lateinischen Text der Legende Christians vôllig bestâtigt. Dies bedeutet, dap im x. Jahrhundert in Bôhmen noch die richtige ursprüngliche Lesung vorhanden war. Erst ein nichttschechischer Kopist (ein Kroate oder ein Russe oder beide unabhângig voneinander) hat sich geirrt, denn er veistand den tschechischen Ausdruck crkati ('sickern, rieseln’) nicht und interpretierte die Stelle als 'eine Kirche stieg über ihm empor’. Es tritt klar zutage, wie wichtig der philologische Vergleich der I. ksi. Wenzelslegende mit der lateinischen Legende Christians auch für die künftige Erforschung der beiden Denkmâler sein kann. 12. Es unterliegt keinem Zweifel, daB die I. ksi. Wenzelslegende ursprünglich glagoli- tisch geschrieben war, die Fehler in den Zahlen beweisen es eindeutig ; vgl. F.V. Mares, Das Todesjahr des hl. Wenzel in der I. kirchenslavischen Wenzelslegende, « Wiener Sla- vistisches Jahrbuch» 17 (1972, Festschrift R. Jagoditsch), 192-208. 13. Letzten Endes konnte den Fehler auch ein nachlâssiger oder ermüdeter tsche- chischer Abschreiber begangen haben, obwohl er die einzelnen Ausdrücke kannte, be- sonders falls er sich einer schwer lesbaren Vorlage bediente.
RÈGLES SUR LES ACTIONS DE SAUVETAGE ET D’ASSISTANCE SUR MER DANS LES STATUTS MÉDIÉVAUX DE DALMATIE Ante MARINOVIC Malgré la précision de tous les moyens techniques et l’équipement, la navigation maritime encore aujourd’hui, n’est pas débarrassée de tous risques ; c’était bien pire jadis. D’où notre embarras et peut-on dire notre étonnement devant le fait que le droit statutaire de presque toutes nos villes de Dalmatie, même celui de Dubrovnik (sans doute le plus développé de tous), ne connaît aucune règle spéciale de sauvetage et d'assistance sur mer. Le Statut de Dubrovnik, par exemple, considère et confirme encore le principe du droit côtier élémentaire au sujet de la découverte d’épaves : les habitants de la côte ont le droit de préhension des épaves d’un navire naufragé (ius naufragii), rejetées sur le rivage, et aussi de tous les objets abandonnés en mer comme quelque chose qui n’appartient à personne (res nullius). Ce droit a été mis en relation et est entré en concurrence avec l’institution médiévale du droit régalien du suzerain ou de celui à qui ce droit était cédé. Aussi, par le même Statut de Dubrovnik, appartiennent à la cathédrale de Notre-Dame, tous les objets (sauf les bois combustibles en petits morceaux) rejetés par la mer sur l’espace délimité par l’église Saint-Jacques à Visnjica (aujourd’hui c’est le faubourg oriental avec l’an- cienne église et l’ancien couvent bénédictin de Saint-Jacques) et par l’extré- mité du cap oriental de l’île de Lokrum jusqu’au port de la ville (« Et scien- dum est quod omnia que mare portaverit ab ecclesia s. Jacobi de Visniça et a
260 MÉLANGES IVAN DUJCEV punta de Secco de Crumula versus portum Ragusii debent esse ecclesie S. Marie, exceptis parvis lignis de foco»)1. Si un navire de Dubrovnik trouve les épaves d’un naufrage ou n’importe quel objet surnageant dans la mer (afflatura), ou s’il capture lui-même un bateau ennemi, le butin, par le Statut, se partage en quatre parties égales : un quart appartient au patron (armateur) du bateau, le deuxième quart s’ajoute à la cargaison du bateau, le troisième est donné aux marins, et le quatrième aux marchands, propriétaires de la marchandise. (« Si navis vel lignum inveniret aliquam afflaturam, vel caperet aliquam navetn vel lignum inimicorum, totum habere inventum in ea vel in eo in quatuor partes debet dividi; unam partent habeat ipsa navis vel lignum, unam aliam habeat ipsum habere quod erit in nave vel ligno ipso, reliquas duas partes habeant marinarii et mercatores equaliter inter eos »)2. Mais, si le navire de Dubrovnik a été capturé par des pirates ou s’est échoué d’une autre manière, et si un autre citoyen de Dubrovnik, qui n’est pas son propriétaire, s’en est emparé par un rachat ou par une appropriation différente sans l’accord ni le consentement du patron du bateau, ce dernier a droit de le reprendre sans compensation ni rançon3. On peut donc en conclure que ni un bateau du pays ni ses épaves en cas de naufrage ne peuvent être l’objet de l’occupation comme res nullius et que, par suite ceux qui découvrent des épaves, quand ils apprennent qui étaient les vrais patrons du bateau naufragé, doivent tout lui restituer sans récompense. Ici nous avons déjà le commencement d’wne institution sur la protection du droit de propriété sur les objets perdus en mer, limitée seulement, en vérité, encore exclusivement aux navires du pays. Cette institution n’était cependant pas assez clairement élaborée dans le Statut 1. Cf. Liber Statutorum civitatis Ragusii, compositus anno 1272..., édition critique avec préface-dissertation, commentaire et index préparent V. Bogisic et C. Jirecek, comme volume 9 de recueil JAZU (Jugoslavenska <4kademija Znanosti i t/mjetnosti = Académie Yougoslave des sciences et des Beaux Arts) Monumenta historico-iuridica Slavorum Meridionalium, Zagrabiae MCMIV (dans le texte suivant : Le Statut de Dubrovnik), Liber I, cap. XXIII (no. 10). 2. « De afflaturis ». Le Statut de Dubrovnik, liber VII, cap. XXXV. 3. « Si navis vel lignum caparetur a cursariis, vel pignoraretur ab aliquo, vel per forcium a dominatore aliquo teneretur, et aliquis Raguseus sine voluntate patroni illius navis vel ligni recuperaret eam, patronus ligni possit et debeat eam vel eum accipere sine aliquo precio. Et ille qui pactasset lignum pro recuperacione perdat precium quod pro ea solvisset, et patronus ligni possit eum accipere, ubicunque eum invenerit. Et si ille qui ipsum lignum recuperaverit extra Ragusium in quocunque loco, patrono ligni sine questione reddere nolet, quod ipse illud in Ragusium salvum cum omnibus viagiis que dictum lignum fecerit, postquam patronus pecierit, ille qui ipsum recuperaverit reddere teneatur. ». Le Statut de Dubrovnik, liber VII, cap. XXXIII « De navibus captis a cursariis. ».
SAUVETAGE ET ASSISTANCE SUR MER 261 de Dubrovnik et laissait beaucoup de problèmes non résolus et des possi- bilités d’interprétations différentes. Est-ce que, par exemple, celui qui a trouvé une épave a droit à une récompense quelconque ? En considérant l’Article 33 du Livre VII du Statut, il semble que ce n’est pas possible et que ce droit n’existait pas non plus pour celui qui a libéré des pirates un bateau de Dubrovnik. Par ailleurs quelle était la limite de temps de resti- tution des épaves ? Existait-il (ce qui est vraisemblable) un délai pour que le propriétaire puisse se présenter et demander ses objets ? - etc. Au point de vue de l’appropriation des épaves, trouvées en mer, plus progressif et aussi plus humain est le Statut de Korcula. Ses dispositions s’approchent de la conception moderne de l’institution du sauvetage et de l’assistance en mer ; il est beaucoup plus avancé que toutes les institutions maritimes de son temps, pas seulement sur l’Adriatique, mais aussi sur la Méditerranée. Suivant ce Statut, si quelqu’un apprend qu’un naufrage a eu lieu, il doit immédiatement en informer l’administration communale, qui organise alors l’assistance et récompensera celui qui a vu le bateau en difficulté. (« Item statuimus ac inuiolabiliter obseruari uolumus, quod in futurum quodcunque nauigium extraneum in districtu ciuitatis, seu insuie maris contingeret tempestate rumpi, et per aliquem hominem seu feminam uisum fuerit, talis statim teneatur uenire ad ciuitatem et annunciare regimini et habeat yperperum vnum, quod regimen de fiendis habeat prouidere ; et si fuerit annunciatum in uilla, quod UH de uilla dent dictum yperperum annunciatoribus;... »)4. Il est évident qu’il n’y avait aucune discrimination envers les bateaux étrangers, et ceci était dit explicitement « quodcunque nauigium extraneum ». La disposition fut probablement prise pour protéger les navires étrangers qui autrefois, après le naufrage, devenaient la proie des habitants du pays. Ceci est tout à fait évident dans la formu- lation de cette même disposition « quod in futurum quodcunque nauigium extraneum in districtu ciuitatis, seu insuie maris contingeret tempestate rumpi,... ». D’ailleurs, personne ne doit organiser l’assistance du navire sans le consentement du patron du navire sous menace d’une amende de 50 perpers et de la restitution de tous les objets déjà sauvés. (« ...si quis uellet ire ad recuperandum aliquid, primo concordet cum patrono, et si patronus nollet auxilium, nec concordare, nullus audeat aliquid accipere sub pena yperperorum quinquaginta, (qui) deueniant in commune et restituât res, quas accepperit. Et si patronus sit contentus, quod liceat vnicuique res- 4. Cf. J.J. Hanel, Statuta et leges civitatis et insulae Curzulae, dans Monumenta histo- rico-iuridica Slavorum Meridionalium, pars I, vol. I, édition de JAZU, Zagrabiae 1877. (Abrège ci-après : Le Statut de Korcula), cap. LXXXII « De navigiis rumpendis », p. 47.
262 MÉLANGES IVAN DUJCEV catare et recuperare cum eo pacto, quo concordauerit cum patrono. »)5. Mais ceux qui ont activement assisté les naufragés, avec le consentement du patron du navire naufragé ou de la municipalité, ont droit à un quart de tous les objets sauvés. (« Item statuimus, quod si aliqua nauis propter naufragium ruperit in nostri comitatus districtu, et homines nostrarum insu- larurn iuuarent extrahere et traxerint de naui fracta seu mari, habeant quartam partem omnium rerum, quas ipsi traxerint in terram, seu in locum tutum. »)6. Il n’est permis à personne de s’approprier des épaves, ni d’acheter des objets trouvés au fond de la mer car ils sont considérés extra com- mercium. (« Item statuimus, quod si aliquod nauigium rumperetur, nullus Curçulanus audeat emere res, seu mercancias in mari, uidelicet, que sint in fundo, sub pena perdendi totum id, quod expenderet, et accusons habeat medietatem dummodo probet per duos idoneos testes. »)7 8. Le droit statutaire des villes dalmates et celui de Dubrovnik, n’ont pas de dispositions particulières quant à la répartition et l’attribution (des avaries) dûes à Vabordage sur la mer. Dans ces statuts il n’y a point de texte sur les abordages maritimes3. Mais il ne faudrait pas considérer cela comme une grave lacune, car vraisemblablement les abordages de navires étaient rares compte tenu d’un trafic assez peu développé. Quand ils se produisaient, les abordages n’occasionnaient probablement pas de grandes avaries étant donné la lenteur et le mode de construction des navires. En ce temps là, les rames et les voiles étaient les uniques moyens moteurs. Il faut ajouter aussi que la brume était la cause la plus fréquente de l’abordage et qu’elle exclut le vent. Quand la visibilité dans la brume était limitée au minimum, les voiliers sans vent se trouvaient presque immobiles en mer, et un abordage était presque impossible. Mais, il faut constater que dans les statuts de certaines villes méditer- ranéennes de cette époque (dans Constitutum usus di Pisa de 1160, et dans Consuetudini del Valenza9, par exemple) et même dans ceux de l’Adriatique 5. Ibidem. 6. Le Statut de Korcula, op. cit., cap. X « De naui fracta », p. 9. 7. Le Statut de Korcula, op. cit., cap. CXXVII « De nauigiis frangendis », p. 59. 8. Cf. Vladislav BRAJKOVlé, Étude historique sur le droit maritime privé du Littoral Yougoslave, Marseille 1933, p. 218, et d’après lui Dr Hrvoje KaCic, Naknada stete u slucaju sudara pomorskih brodova ( = Récompense /compensation/ du dommage dans les cas des abordages), édition Jadranskog instituta (de l’institut Adriatique) JAZU, Pomorsko pravo (le droit maritime), livre 7, Zagreb 1968, p. 18. 9. Cf. Bissaldi, L’urto di navi, Milano 1939, p. 42, et d’après lui KaCic, Naknada stete..., op. cit., p. 13.
SAUVETAGE ET ASSISTANCE SUR MER 263 (le Codex de Venise d’une époque plus tardive, de 1786, et dans le Statut de la ville d’Ancône de 139710), des dispositions spéciales existaient, réglementant les conditions d’abordage. Cela veut dire que les abordages, quoique assez rares, arrivaient néanmoins, car en mer les accidents sont toujours possibles. Et les bâtiments à voiles de nos villes maritimes ne semblaient pas épargnés ni protégés de ces accidents. Comment donc étaient résolus, sur le plan du droit des biens, les conflits issus d’un abordage quand il n’y avait pas de traces de ces problèmes dans les statuts de ces villes ? Aux statuts des villes méditerranéennes, ci-dessus mentionnées, où il y avait des dispositions spéciales pour les cas d’abordage, où les abordages au moins sont mentionnés, les principes du droit romain de la responsabilité pour les dommages hors contrat sont adoptés selon le critère subjectif posé par la loi bien connue Lex A quilia de damna de 467 ab Urbe candita selon laquelle les abordages sont classés par catégories : abordages volontaires ou involontaires, occasionnels, ou provoqués par un cas de force majeure. Dans l’esprit du principe fondamental du droit romain (« casum sentit dominus », ou «res périt domino»), pour un cas d’abordage occasionne] ou par force majeure, il n’existe aucune relation obligatoire, au sens du droit des biens, aucune responsabilité juridique sur la compensation du dommage. De plus, en cas de compensation seulement on ne compte que le dommage causé par l’action physique directe de l’auteur du dommage, et non le dommage survenu comme conséquence d’une action négative éventuelle de l’auteur du dommage. Donc selon la Lex Aquilia, la responsabilité était strictement fondée sur la culpabilité ; on exigeait dolus ou culpa11. Brajkovic12, et d’après lui Kacic13 estiment que les conflits éventuels provoqués par un abordage sur notre territoire, étaient jugés selon les règles générales du droit des biens sur la restitution d’un dommage hors contrat, en supposant que les principes de la Lex Aquilia étaient la base de 10. Cf. V. Brajkovic, Pomorsko pravo, Razvoj i izvori ( = Le droit maritime, Dévelop- pement et sources), dans Pomorska enciklopedija Leksikografskog zavoda FNRJ ( = L’Encyclopédie maritime de l’institut lexicographique de la République Fédérative Populaire de la Yougoslavie), volume 6, Zagreb MCMLX, p. 281 ; cf. etiam Bissaldi, L’urto di navi, op. cit., p. 42 et H. Kacic, Naknada stete..., p. 13. 11. Cf. Marijan Horvat, Iz historije sudarâ, brodolomâ, spasavanjâ ipomaganjâ (= De l’histoire des abordages, des naufrages, des sauvetages et des assistances) ZZP Zagreb 1967, p. 8 ; cf. etiam Bissaldi, L’urto di navi, op. cit., p. 26 et ss., puis Eisner-Horvat, Rimsko pravo ( = Le droit romain), Zagreb 1948, p. 457 et ss. et H. Kacic, Naknada stete..., op. cit., p. 12-13. 12. Cf. V. Brajkovic, Étude historique..., op. cit., p. 218. 13. Cf. H. Ka&C, Naknada stete..., op. cit., p. 18.
264 MÉLANGES IVAN DUJCEV ces règles. Kacic estime cette opinion juste d’autant qu’elle était en accord avec la solution donnée par les Basiliques14. « Mais, ajoute Kacic,15 pourtant jusqu'à maintenant les recherches étaient incomplètes quant au poids de l'influence des solutions juridiques pratiquées et existantes sur l'abordage dans Lex Rhodia de iactu dans notre activité juridique sur notre territoire d'autrefois ». D’après mes recherches, il semble que les conflits, provoqués par un abordage sur notre territoire, étaient considérés et jugés comme les cas pré- vus de {'institution du droit maritime médiéval de l'avarie commune, très connue et prescrite dans tous les statuts de la Dalmatie médiévale, surtout dans celui de Dubrovnik. Cette institution dans le Statut de Dubrovnik, mentionnée comme « avarea », « varea », est très largement représentée. A l’encontre de l’institution classique du droit romain, la Lex Rhodia de iactu très connue (en usage dès 479 av. J.-C. sur l’île grecque de Rhodos d’où son nom, et plus tard introduite dans le droit romain par les Digestes de Justinien), qui permettait la contribution de tous les participants de l’action nautique uniquement en ce qui concerne les dommages provoqués par le iactus marin, c’est-à-dire par l’acte volontaire et intentionnel pour sauver le navire et sa cargaison trouvés en danger, l’institution médiévale de l’avarie était beaucoup plus ample. La Lex Rhodia de iactu partait du principe d’une justice sévère et exclusive de ne pas approuver une contribu- tion collective là où il n’y avait pas de danger commun (periculum commune), la cause du danger commun était à écarter (removendi communis periculi causa), personne n’était obligé de contribuer à la diminution des dommages de l’autre sans y avoir eu un propre intérêt ; au contraire l’institution médiévale de l’avarie partait d’un point de vue pratique ayant pour consé- quence que tous les participants d’une action maritime formaient une communauté, dont tous attendaient un certain profit, et que par conséquent le risque devait être aussi commun. Une telle conception de la communauté est passée à son tour du recueil juridique médiéval postérieur de la même île de Rhodos (recueil connu sous le nom « Nojloç 'PoSicov vatmxôç » et datable entre le ve et le vne siècles) dans les statuts des villes de l’Adriatique médiévale, et dans celui de Dubrovnik. En Méditerranée orientale, à cause des attaques incessantes des pirates et corsaires, le droit rhodien (vieille Lex Rhodia de iactu) a évolué dans 14. Cf. Bissaldi, L'urto di navi, op. cit., p. 30; H. Kacic, Naknada stete..., op. cit., p. 18. 15. Cf. H. Kacic, Naknada stete..., op. cit., p. 18, la note 55.
SAUVETAGE ET ASSISTANCE SUR MER 265 le sens d’une assistance collective dans le cas d’un danger collectif : pour tous les dommages du navire ou de la cargaison, et même d’une partie d’entre eux, pendant le périple nautique, à l’inverse de la Lex Rhodia de iactu, plus ancienne, qui prévoyait seulement les dommages causés par le iactus marin, tous les participants de l’action doivent désormais compter comme une communauté unique. Cette communauté, d’après le Statut de Dubrovnih, était « communitas navis vel ligni »16. Et Dubrovnik en ce qui 16. Toutes les personnes, d’un navire privé de commerce, nommément mentionnées par les dispositions du droit marin dans le Statut de Dubrovnik, à partir du patron (de l’armateur et propriétaire du navire) en passant par les marins jusqu’aux commer- çants, excepté les passagers dits « pivati », avec le navire et toute la marchandise embarquée, y compris aussi et le « paraspodium » des marins (petite quantité des mar- chandises que, selon le Statut, les marins pouvaient embarquer sur le navire au nom de leur compte) cet ensemble est désigné sous le nom juridique commun « communitas navis vel ligni » (communauté du navire). Ce n’était pas seulement une conception formelle et abstraite, mais également une notion juridique exacte, concrète et pratique. Tous ceux, qui appartenaient à la communauté, avaient des droits et des devoirs bien délimités et précis, et qui provenaient logiquement de l’état juridique d’une telle communauté consi- dérée comme une unité tout à fait délimitée. Cette communauté correspond, non seule- ment par le nom, mais aussi réellement à la notion (conception) d’une communauté (communitas) sur la terre pareillement (par analogie) à la commune médiévale, qui était aussi une unité tout à fait fermée de la classe sociale dirigeante, de l’aristocratie de Dubrovnik le fameux « Vlastela » (c’est-à-dire désignant ceux qui ont la puissance). Comme la noblesse (à Dubrovnik « Vlastela ») dirigeait une commune autonome dont elle excluait, parce que contraire à ses intérêts, toutes les autres classes de la société médié- vale, de même la communitas navis administrait l’action nautique, en excluant toutes les autres. C’était une caractéristique générale de la société féodale du Moyen Age, une quantité des petites unités autonomes, exclusives et fermées, dont l’économie autarcique exclue toutes les autres. Ces unités autonomes, communitates, représentaient, selon une coupe horizontale à travers une certaine société, une classe déterminée exactement, née sur la base des intérêts matériels communs (d’où provient leur nom commune - commun), et ces unités s’opposaient fortement aux universitates qui, selon une coupe verticale de cette même société, désignaient l’ensemble de ses membres sans égards à n’importe quel intérêt matériel. Par conséquent, toutes les personnes sur le navire, y compris les pivates, appartenaient à l’universitas navis, à l’inverse de la communitas navis, à laquelle les pivates n’appartenaient point du tout. En effet, la notion universitas navis jusqu’à présent ne se trouve pas à notre connaissance, dans les sources historiques du droit marin de l’époque des statuts, ni à un autre moment, mais cela ne serait pas extraordinaire, ni étonnant si on la trouvait un jour. — Davantage et plus détaillé sur ce sujet chez A. Marinovic, Pomorskopravnipropisi sredovjecnog dubrovackog statuta ( = Dispositions du droit marin dans le Statut médiéval de Dubrovnik), dans Pomorski zbornik Drustva za proucavanje i unapredenje pomorstva Jugoslavije ( = Recueil maritime de la Société des recherches et développement de la marine de la Yougoslavie), livre 1/63, Zagreb 1963 a., p. 441 et sq. Au sujet des notions juridiques communitas et universitas voir d’une manière plus détaillée ma dissertation Lopudska Universitas-Pravnipolozaj otoka Lopuda u Dubro- vackoj Republici ( = L’Universitas de Lopud-Position (état) juridique de l’île de Lopud dans la République de Dubrovnik), Chapitre II, dans Anali Historijskog instituta JAZU ( = Les Annales de l’institut d’histoire JAZU) à Dubrovnik, a. III, Dubrovnik 1954, pp. 187-194.
266 MÉLANGES IVAN DUJCEV concerne cette communauté allait encore plus loin, et comptait encore comme avarie commune les taxes médiévales, connues dans son Statut sous le nom de « strina » ou de « pedocia »17. La particularité du droit statutaire de Dubrovnik s’appliquait à la participation de tout un groupe de navires de commerce, qui naviguaient ensemble (dans le Statut de Dubrovnik connu sous le nom « conserva »), à une avarie collective, pour un accident arrivé à l’une de ses unités, comme aussi à un traitement spécial de l’équipement du navire (d’après le même Statut « corredi » de navire) dans l’avarie18. Avec l’institution de l’avarie collective si largement conçue, on comprend — d’après moi — que dans les statuts des villes maritimes médiévales (chez nous — celles de Dalmatie), aussi dans le Statut de Dubrovnik, il n’y ait pas eu mention d’abordages entre les navires, car cela ne répondait à 17. Strina est le nom déformé du latin strena = cadeau occasionnel. C’était la donation forcée, faite à un navire de guerre ou généralement à un navire armé (des pirates ou des corsaires) de la part d’un navire de commerce quand il l’avait rencontré sur sa route. Bien que cette «donation» n’eût pas le caractère d’une rançon et fût faite aussi aux navires alliés amis, elle était, sans doute, considérée comme le symbole de la rançon, et était donnée autrefois dans ce but. — Cf. Le Statut de Dubrovnik, liber VII, cap. LVI. Pedocia (pedochya) est la taxe du pilotage, qui devait être payée, comme aujourd’hui, par un navire pour les services du pilotage dans les endroits incertains et dangereux, et ainsi qu’à l’entrée et la sortie dans les ports étrangers. — Cf. Le Statut de Dubrovnik, liber VII, cap. LVI. — Cf. etiam A. Marinovic, Pomorsko-pravni propisi..., op. cit., p. 450. 18. « De navigiis euntibus in conserva » — Le Statut de Dubrovnik, liber VIII, cap. LXIV ; « De danipnis que eveniunt navibus in arboris et antendis » — Le Statut de Dubrov- nik, liber VII, cap. VII; — M. Kostrencic, Pomorsko pravo u statutima primorskih nasih gradovâ i otokâ (= Droit maritime dans les statuts de nos villes littorales et des îles), Mjesecnik Pravnickoga drustva u Zagrebu (= Revue mensuelle de la Société des juristes de Zagreb), an XL, livre II, N" 12, décembre 1914, à la page 1004, dans la note 68 présente un exemple (modèle) du Statut d’Ancône (cap. 86) comment une avarie collective était calculée et partagée. Pour être plus clair, je cite littéralement : « le navire était évalué à 1 500 florins, un tiers est décompté (déduit) pour l’équipement (« corredi » dans le Statut de Dubrovnik) de navire, est resté 1 000 florins ; sur le navire se trouvait la marchan- dise des quatre négociants, estimée de chaque (marchand) de 1 000 florins, en total, donc, de 4 000 florins. La marchandise était variée. La marchandise d’un commerçant était le coton, du second la cendre, du troisième le poivre, et du quatrième le sucre. Chacun de ces quatre (marchands) était obligé, au cas d'un dommage (dégât) sur le navire, à payer un quatrième, donc, si tout le navire était détruit, il doit payer 250 florins. Puis, ce statut ordon- nait, dans le même article, que le navire et la marchandise, s’ils sont perdus totalement, ne soient liés à aucune restitution mutuellement par avarie. Si la marchandise fut endommagée partiellement, il faut contribuer à l’avarie seulement la partie intacte de la marchandise. De même, dans ce cas le navire était obligé vers la marchandise de chaque commerçant par 250 florins. » — Plus détaillé sur le conserva des navires, voir chez A. Marinovic, Pomorsko-pravni propisi..., op. cit. (The marine-juridical Régulations of Dubrovnik's mediaeval Statutes), p. 450.
SAUVETAGE ET ASSISTANCE SUR MER 267 aucune nécessité particulière. Quand on sait que le Statut de Dubrovnik a compté aussi dans l’avarie collective les taxes médiévales (« strina vel pedocia » ci-dessus mentionnées), alors — à mon point de vue — il ne serait pas logique de supposer qu’il n’ait pas agi de même façon avec les dommages causés par les abordages de navires. D’autant qu’il ne mentionne les abordages dans aucun de ses chapitres ni sous aucun nom. D’autre part, il est très probable que le législateur de Dubrovnik ne jugeait pas néces- saire de régler spécialement les abordages qui étaient, à l’époque, très rares. Pourquoi le législateur de Dubrovnik n’a-t-il pas d’une part respecté les principes du droit romain, exprimés par Lex Aquilia de damno, et ne les a-t-il pas d’autre part utilisés dans ces cas d’abordages des navires, alors que nous savons très bien à quel point le droit de Dubrovnik a tenu compte précisément du droit romain, et comment il l’avait pris comme modèle ? Les habitants de Dubrovnik, marins excellents, commerçants et diplomates encore plus excellents, ne voulaient d’aucune façon limiter le développement de leur marine, comprenant bien qu’elle était la base de leur force économique et de leur prospérité. Ils divergeaient d’autant plus facilement des principes du droit romain, qu’ils avaient eu comme son modèle les Rôles très connus d’Oleron, l’un des recueils les plus importants du Moyen Age paru avant l’an 122619 (le Statut de Dubrovnik est paru en 1272) ; ces réglements abandonnaient déjà le principe du droit romain sur ce point des cas occasionnels d’abordage, qui précisait que le dommage était supporté par celui par la faute duquel l’accident était arrivé (res périt domino, ou casum sentit dominus) et que personne d’autre ne pouvait en être chargé. Comme je l’ai déjà souligné, le droit rhodien, contenu dans l’ancienne Lex Rhodia de iactu, a subi une évolution (entre le ve et le viie siècles), dans le N6fzo<; 'PoSLcov varmxoç, par laquelle tous les participants de l’action nau- tique contribueraient, en tant que communauté, à tous les dommages encourus par le navire ou par la cargaison au cours d’une navigation. Il faut souligner encore que Dubrovnik plus tard que toutes les villes adriatiques a limité les cas d’avarie collective, et il est très intéressant de remarquer que ce n’est qu’en 1452 qu’elle a adopté la disposition, selon laquelle il n’y avait pas avarie collective entre les habitants de Dubrovnik et les étrangers, mais cette disposition fut violée très souvent à cause des 19. Cf. Iv. Vlasic, Oleronska pravila (Rôles d’Oleron, Jugements — ou Rôles — d’Oléron), dans “ Pomorska enciklopedija...'», recueil c., tome 5, Zagreb MCMLVIII, p. 647; H. Kacic, Naknada stete..., op. cit., pp. 13-14.
268 MÉLANGES IVAN DUJCEV rapports internationaux et commerciaux très développés de cette ville croate sur l’Adriatique20. Pour l’exécution d’une avarie, c’est-à-dire pour le partage de la resti- tution (contribution entre les participants, on a mis en place dans la Dubrovnik médiévale une organisation spéciale habituellement d’une ou plusieurs personnes, que les sources historiques mentionnent sous le nom d’« impositores avariae», ou plus souvent encore de « consules»21. Les décisions de cet organe étaient promptement exécutoires et dans le cas de désobéissance, le client lésé était adressé au tribunal régulier22. Quant aux dispositions particulières et plus précises sur le sauvetage des vies humaines, je ne les ai trouvées dans aucun des statuts médiévaux de nos villes de Dalmatie, ni dans le Statut de Dubrovnik. 20. Cf. Liber Viridis, cap. CCCCXXI (die 28 Januarij 1452), p. 253, manuscrit dans L’Institut d’histoire JAZU à Dubrovnik; plus détaillé Brajkovic, Étude historique..., op. cit., pp. 192-194 et Marinovic, Pomorsko-pravnipropisi..., op. cit., p. 452. 21. Cf. A. Marinovic, Pomorsko-pravnipropisi..., op. cit., p. 451. 22. Plus détaillé, au sujet de l’avarie, cf. mon texte Pomorsko-pravnipropisi..., op. cit., pp. 448-452, cf. aussi les sources et la littérature qui y sont cités.
GENESIS DER BAROCK-BYZANTINISCHEN STILSYMBIOSE IN DER SERBISCHEN KUNST DES XVIII. JAHRHUNDERTS Dejan MEDAKOVIC Schwer wâre es in der Geschichte der Serben eine Jahreszahl heraus zufinden, die deren Schicksal so weitgehend bestimmte wie es das Jahr 1690 war als die grosse Auswanderung unter Führung des Patriarchen Arsenije Crnojevié unternommen wurde. Seit diesem Zeitpunkt ânderte sich die überaus komplizierte soziale und politische Lage des serbischen Volkes von Grund aus, und zwar sowohl des im türkischen Imperium verbliebenen als auch jenes, das sich nun auf dem historischen Gebiet des Kônigreichs Ungarn eingefunden hatte, welches damais staatsrechtlich dem Kaisertum Ôsterreich untergeordnet war. Die Kompliziertheit dieser Verhâltnisse wird auch noch durch die Tatsache vervollstândigt, dass sich ein Teil des serbischen Volkes bereits im Gefüge des Habsburger Reichs befand, eingegliedert in das weitverzweigte System der Militâr- grenze, oder aber jenen Niederlassungen angehôrte, die auf dem Terri- torium Ungarns noch im Laufe des xv. Jahrhunderts enstanden sind, als die ungarischen Kônige versuchten, dem Vordringen der ottomanischen Macht irgendwie Einhalt zu tun, indem sie sich zu diesem Zwecke auch die militârischen Dienstleistungen der Serben zunutze machten. Mit anderen Worten : seit 1690 beginnt in Ôsterreich auch das juridische Feststellen der Lage der Serben, und dieser — zwischen dem serbischen Volk und der Staatsverwaltung geführte — Kampf um die Anerkennung der serbischen Privilegien ist vielfach bezeichnend auch für einen bedeu- tenden Teil unserer gesellschaftlichen und politischen Tâtigkeit im xvin.
270 MÉLANGES IVAN DUJCEV Jahrhundert, als Ôsterreich sich in einen fortschrittlichen absolutistischen Staat verwandelt hatte. Daher ist es durchaus kein Zufall, dass aile jene verwickelten Staatsinstrumente, welche damais von den Zentralbehôrden in Wien geschaffen wurden, die Gegenwart einer geistlichen Organisation, wie sie der Patriarch von Pec vertrat, und deren Rechtstâtigkeit das otto- manische Reich streng begrenzt und bestimmt hatte, — sehr empfindlich registrierten. Die Anerkennung eines solchen Status innerhalb des ôster- reichischen Imperiums, das überdies den Hauptstützpunkt des militanten Katholizismus gegen aile Abtrünnige und Ketzer — Schismatiker und Hâretiker — darstcllte, hat einen starken Widerstand der Zentralbehôrden hervorgerufen, demi man war — übrigens durchaus richtig — des Um- stands innegeworden, dass die beanspruchten Privilegien die Serben, im Verhâltnis zu den anderen Vôlkern Osterreichs in ein sogenanntes « Corpus separatum » verwandeln würden, was zweifellos von den Haup- trichtlinien der gesamten Staatspolitik abweichend erschien. Und trotz- dem : damais waren in Wien die Soldaten stârker als die Politiker, und die kriegerischen Eigenschaften eines Volkes, das sich zum grossen Teil an der âusserst unsicheren Ostgrenze des Landes niedergelassen hatte, waren doch entscheidend anlâsslich der endgültigen Fassung der kaiser- lichen Beschlüsse. Dank der Staatsraison wurde der Widerstand der konservativen Kreise, besonders der Kirche, gebrochen, und in diesem Ringen mit vielfâltigen gesellschaftlichen und politischen Hindernissen in einem multinationalem Imperium, schârfte sich das nationale Wesen des serbischen Volkes. Es soll noch hinzugefügt werden, dass sich in diesen Kampf, bereits anfangs des xvm. Jahrhunderts, ganz besonders aktiv auch das russische Kaiserreich eingemischt hatte, das seit Peter dem Grossen sein Bestreben, als Beschützer der Christen in der Türkei, der allgegen- wârtige Teilnehmer an der Balkanpolitik zu werden, ganz offen zur Schau trug. Mit anderen Worten : seit diesem Augenblick hat die Agonie des türkischen Imperiums in Europa aufgehôrt, ein Problem zur ausschliess- lichen Lôsung seitens der westlichen Nachbarstaaten zu sein — die soge- nannte Ostfrage wird zu einer Herausforderung für aile Grossmâchte Europas. Für das Verstândnis der serbischen Verhâltnisse in Ôsterreich nach 1690 ist jenes geistige Erbe von grundsâtzlicher Bedeutung, mit welchem die serbischen Massen auf dem Gebiet dieses westeuropâischen Reiches erschienen sind. Aile neuesten Forschungen zeigen ganz klar, dass dieses Erbe im Organisationsgefüge des Patriarchats von Pec entwickelt wurde und von ihm, seit seiner Wiederherstellung im Jahre 1557, ein dominant kirchliches Geprâge verliehen bekommen hat. Die eindeutige Zugehôrigkeit
DIE BAROCK-BYZANTINISCHEN STILSYMBIOSE EN SERBIE 271 zur Orthodoxie lehnt sich offensichtlich an die Tradition des entschwun- denen serbischen mittelalterlichen Staates, und diesem Zwecke dienen auch aile Kulte des « Heiligengebârenden » Stammes der Nemanjiden und deren legitimen Nachfolger. Die lebendige Überlieferung im Volke war ebenfalls im Dienste dieser Ideen, und hat zur Zeit der Türkenherrschaft auch eine eigene Sicht vieler ethischer Postulate der serbischen feudalen Gesellschaft erhalten. Diese mündliche Überlieferung hat sich allmâhlich auch in die âusserst intéressante Renaissance-barocke Historiographie eingeschlichen, die in den Stâdten des Küstenlandes oder auf dem Gebiet der Republik Dubrovnik von gebildeten Humanisten gepflegt wurde. In der Zeitspanne seit Ende des xvi. Jahrhunderts wurde die Idee des sla- wischen Illyriens allmâhlich herausgebildet ; hinter dieser Idee sieht man schon auch einen Versuch der Wiederherstellung des serbischen mittel- alterlichen Staates klar hervorschimmern. Das gesamte Kunstchaffen dieser Zeitspanne ist ebenfalls von Stileigenschaften der spâtbyzantinischen Kunst dominant geprâgt. Die verfeinerte, spirituelle Eigenschaft und die theologische Gelehrtheit dieser hohen Kunst haben in den Zeiten der tür- kischen Herrschaft allmâhlich schematische, retardierte Formen ange- nommen, die deutlich bezeugten, dass das goldene Zeitalter ihrer ursprün- glichen Kraft und Blüte schon lângst verflossen war. Die Traditionge- bundenheit verwandelte sich schliesslich in ein machtloses Epigonentum, in ein zographisches Hantieren mit dem überlieferten Handbuch in der Hand, das nur die handwerklichen und ikonographischen Grunddilemma zu lôsen vermochte. Hinter dieser Kunst standen nicht mehr gebildete Mâzene, sondern schlichte, treuherzige Bauerngemeinschaften, aus denen sich wieder eine dünne Schicht christlicher Grundbesitzer oder vom Sultan bestallter Vorsteher herausbildete, die marginal in die Entwicklung des türkischen Feudalsystems miteingeschlossen waren. Die Existenz dieser Kunst — auch so wie sie war — wurde gesichert dank der Geschicklichkeit der Erzbischôfe, sich auf dem oft schwankenden Thron von Pec zu erhalten, der in mancher Beziehung an jene Ungewissheit erinnerte, in welcher selbst die Patriarchen von Konstantinopel lebten, in voiler Abhângigkeit vom launenhaften Willen der türkischen Sultane und deren Vesire. Und doch, trozt der vielen Gegensâtze, war für die orthodoxen Christen des Balkans, ohne Rücksicht auf ihre Nationalitât, ihre Angehôrigkeit zur Welt der ôstlichen Orthodoxie von primârer Bedeutung — der Ortho- doxie, die sie im ganzen Levant verbreitet hatte und bis Venedig selbst gelangt war. In deren System ist auch die gesamte mônchische Tradition von Athos und dem Heiligen Lande wirksam ; diese unermüdlich wandem-
272 MÉLANGES IVAN DUJCEV den Mônche haben dieses weite Gebiet als beharrlichste Vertreter der alten rechtglâubigen Reinheit, wie mit einem Netz überzogen. Mit einem solchen geistigen Erbe hat sich das serbische Volk nach 1690 in Ôsterreich eingefunden. Auf diesem Gebiet hat es damais die schon früher eingewanderte orthodoxe serbische Bevôlkerung vorgefunden, die in kirchlicher Beziehung einen Bestandteil des Patriarchats von Pec bildete und in einsamen Klôstern dieselben Ideen und dieselbe Kunst pflegte wie dies in Pec geschah. Von dieser Seite kônnte nichts Neues erwartet werden, das treue Festhalten an die Tradition âusserte sich aber in dieser serbischen Diaspora auf eine unglaublich empfindliche Weise. Die Wandlungen und Neuerungen im serbischen geistigen Leben, zum guten Teil auch in der Kunst, besonders in der Malerei, entquollen im Laufe des xvm. Jahrhunderts den neuen, südrussischen Quellen. Mit anderen Worten : das serbische geistige Leben ist seither engstens ver- bunden mit Kiew und Moskau, den grossen Zentren in denen, nach müh- seligen kirchenpolitischen Streitigkeiten, schliesslich die neue barocke Théo- logie — eine geschickte Symbiose morgenlândischer Orthodoxie und der abendlândischen katholischen Idee der Kontrareformation — erfolgreich den Sieg davongetragen hatte. Die zaristische Orthodoxie wusste damais die missionâre Schârfe der aus Polen gegen die Ukraine vorrückenden kâmp- ferischen Jesuiten geschickt in die entgegengesetzte Richtung umzuwenden und Kiew in eine wahre Festung der orthodoxen Missionâre zu verwandeln. Diese neuen ukrainischen Missionâre sind unter den Serben auf ôsterreichis- chem Gebiet als Haupttrâger der gesuchten geistigen Hilfe aufgetreten. In ihrer Gefolgschaft kamen auch die Buchândler und wandernden Maler. Von den zwanziger bis zu den sechziger Jahren des xvm. Jahrhunderts dauert und herrscht unbeschrânkt der südrussische kulturelle Einfluss auf dem Gebiet des Karlowitzer Erzbistums. Dessen voile Europâisierung und der entschiedene Bruch mit der spâtbyzantinischen Kultur geschah damais auf Umwegen, mittels der Ukraine wo sich auch sonst der erfolg- reiche katholische Drang nach Osten aufgehalten hatte, als die Ukraine die Stilânderungen im Geiste der westeuropàischen barokken Auffassungen, welche seitens der Lavra von Kiew (Kijevopecerska lavra) bereits früher aufgenommen worden waren, sich nun ganz aneignete. Auf der Suche nach neuen Formen hat die serbische Malerei schon damais jene Entwicklungs- stufe der serbischen Architektur erreicht, welche als erste, gleich nach 1690, die « neue Architektur», wie die alten Schriften die barocke Bau- kunst nennen, unaufhaltsam annahm. Übrigens, schon am 2. XII. 1724, hat der Patriarch Mojsije Petrovic, in seiner Ansprache über den Bau und die Aussicht neuer Kirchen ausdrücklich geraten, dass diese Bauten nicht
DIE BAROCK-BYZANTINISCHEN STILSYMBIOSE EN SERBIE 273 « eng und niedrig wie un ter der Türkenherrschaft, sondern môglichst lang und breit » sein sollen. Aber aile Ânderungen in der geistigen Kultur der Serben in der ersten Hâlfte des xvm. Jahrhunderts, und besonders in der Kunst, ihre ganze Gebundenheit an die barocke Ukraine, wirken nicht wesentlich auf die Hauptanforderungen des serbischen Volkes : im fremden und multina- tionalen Staate seine eigene Unabhângigkeit zu bewahren und in kirchen- rechtlicher Beziehung nicht die Verbindung mit seiner alten Mutterkirche in Pec zu unterbrechen, ohne Rücksicht auf den Umstand, dass das Patriar- chat damais bereits verfallen und verarmt war. Die kirchliche Organisa- tion in Ôsterreich pflegte und unterhielt auch weiterhin die Ideen eines besonderen Historismus, hinter denen sich das Bestreben, ein serbisches Sonderterritorium zu erlangen, diesmal im Gefüge des ôsterreichischen Staates, klar zum Ausdruck kommt. Der alte Traum von der Wieder- herstellung des serbischen Staates taucht bei jeder passenden Gelegenheit auf, so dass man den Eindruck gewinnt, als ob diese Idee in ihrer wahren Kontinuitât verfolgt werden konnte. Noch einmal ist der Gedanke der Historiker und Dichter aus dem Küstenlande — die Idee vom illyrischen Staate reaktiviert. Diesmal versucht Graf Djordje Brankovic für deren Verwirklichung den Schutz des ôsterreichischen Staates zu gewinnen und sie den imperialen Zielen der Habsburger anzupassen. Und 1741 werden sich diese illyrischen Ideen im Rahmen jener Auffassungen des Patriarchen Arsenije IV Sakabenta âussern, der versuchte seine kirch- liche Jurisdiktion, mittels Ôsterreich, für die ganze Balkanhalbinsel sicher- zustellen. Seit jenen Jahren wird die Trennung von Russland immer sicht- barer, der Gedanke der Abhângigkeit und schicksalbestimmter Verbin- dung mit dem ôsterreichischen Kaisertum immer gegenwârtiger. Es wurde klar, dass auch innerhalb der serbischen Gesellschaft die unumgângliche Teilung der einzelnen Schichten vor sich geht, und das bedeutet, dass das jahrhundertelange Primat der Kirche in der geistigen und politischen Vertretung des serbischen Volkes ernstlich angegriffen ist. Das junge Bürgertum erscheint immer entschlossener und immer hartnâckiger auf der Bühne der serbischen Gesellschaft. Sein Auftreten wird auch den Mittelpunkt der geistigen und künstlerischen Einflüsse wesentlich ver- schieben. Seit den sechziger Jahren ist die direkte Verstândigung mit der Welt der westeuropâischen Kultur immer gegenwârtiger. Die Agonie von Spatbyzanz wird unabwendbar. Aus diesem langdauernden Absterben hat das serbische Volk in Ôsterreich doch viele Lehren und Vorteile heraus- gezogen. In diesem Losreissen vom alten Erbe wurde auch ein neues, modernes Gefühl der nationalen Angehôrigkeit und der neuen gesellschaft-
274 MÉLANGES IVAN DUJCEV lichen Verantwortung der herrschenden bürgerlichen Schichten geboren. Den von der Kirche vertreteten und gedeuteten Historismus hatte das serbische Bürgertum übernommen und versuchte nun den alten Inhalt mehr wissenschaftlich zu bestimmen und in eine neue Form umzubilden. Der allenfalls grôsste Erfolg dieser neuen Bestrebungen âusserte sich in der Tatsache, dass die Ideen des serbischen Historismus nunmehr aile Gesell- schaftsschichten durchdrungen haben. Auch der serbische weltliche Gedanke ist im Prozess des weiteren Ausbaus des serbischen nationalen Wesens mit eingeflochten. Im goldenen Zeitalter der europâischen Aufklârung, die sich in Ôsterreich bereits im letzten Jahrzehnt der Regierung der Kaiserin Maria Theresia offenbarte, war die serbische Gesellschaft schon fâhig aus ihrer Mitte Persônlichkeiten entspriessen zu lassen, welche die west- europâische Kultur und Kunst in die schôpferischen Programme der serbischen Gesellschaft umgegossen haben. Es waren das Jahre frucht- bringender kulturellen Symbiose, in denen man mit der jahrhunderte- langen Rückstândigkeit entschlossen brach, in denen man an das alte geistige Erbe schon mit der Neugier aufgeklârter Leute herantrat. Kurz gefasst : in den letzten Jahrzehnten des xvm. Jahrhunderts geschah auch die vollkommenste Wandlung der gesamten serbischen Gesellschaft, und mit diesem grossen moralischen und politischen Kapital begann das Jahr 1804, begann die serbische Révolution, wie Léopold Ranke den Aufstand der Karadjordje mit Recht benannte.
EARLY BYZANTINE SCHOOL CURRICULA AND A LIBERAL EDUCATION Ann MOFFATT CONCERNING THE LIBERAL EDUCATION «Liberal arts (èyxûxXta fzaO-rjfzaTa) are properly those associated with the lyre and first having this désignation from the fact that the lyric chorus stood in a circle (xûxXoç), being a body of fifty men to recite the choral songs. Liberal arts are properly the arts pertaining to the lyre. Later the term « liberal arts» was applied to the cycle (xûxXoç), the full accomplish- ment of ail the arts, grammar, rhetoric, philosophy, itself, and the four sciences underlying it, those of counting, music and geometry and the traversing of the heavens, that is, astronomy. Eventually ail these were the liberal arts, as stated by Porphyry in this Lives of Philosophers, and by countless other men who are held in high esteem. But now they call grammar a liberal éducation (èyxûxXtoç îratSeta) appropriating the teim, but using it inappropriately ». John Tzetzes 12th century1 How did this last transformation corne about ? How did the liberal éducation (èyxûxXtoq KaiScta) become equated with grammar in the East ? 2 In the West in the early Middle Ages the seven liberal arts, expoun- 1. John Tzetzes, Historiae, ed. P.A.M. Leone (Naples, 1968), 377, lines 513-28 (Chiliades, xi) ; excerpt quoted in full. 2. F. Fuchs, Die hiiheren Schulen von Konstantinopel im Mittelalter, Byzantinisches Archiv 8 (Berlin, 1918 ; rp. Amsterdam, 1964), 41-45, traces some changes in the meaning of the term from Aristotle to the thirteenth century.
276 MÉLANGES IVAN DUJCEV ded in encyclopaedic treatises, were sometimes used as a basis for secondary éducation in a period when formai tertiary éducation did not exist. But for the Greek-speakers there was no équivalent to the treatises of Martianus Capella, Cassiodorus or Isidore of Seville to be used as textbooks of the liberal arts3. The first treatise in Greek in this genre to survive from the Middle Ages is the anonymous work on logic and the quadrivium written in 1008 and once attributed to Psellus4. The formulation of an integrated curriculum of studies dates from at least the fifth century B.C. with the educational daims of the sophists. In the next century Plato’s outline of the idéal éducation for a philosopher contains the éléments of the System espoused by Hellenistic and Roman educationists, namely a limited number of specified disciplines or « arts » to be studied in stages. At the same time, Plato’s listing of spécifie disci- plines was a precursor of the seven liberal arts curriculum. For him the quadrivium of mathematical studies belonged to higher éducation, as a preliminary to the study of philosophy5. For the Byzantines too, mathe- matical studies were closely associated at this level with the study of philo- sophy, and philosophy was itself by then, of course, primarily a study of Plato and Aristotle. Isocrates considered rhetoric the suprême subject for study and this tradition persisted along with the Platonic one, finding favour particularly in Rome, for example with Quintilian, but also among the sophists in the East. But whereas in the West in the early Middle Ages the study of the liberal arts, endorsed by St. Augustine, became the idéal éducation to be pursued at secondary school level, particularly as a propai- deutic to theology, in the Byzantine East in the early centuries secondary- 3. Martianus Capella’s De nuptiis Philologiae et Mercurü, written probably early in the fifth century, appears to hâve been the first treatise with one book devoted to each of the seven liberal arts, the trivium of grammar, rhetoric and dialectic and the quadrivium of geometry, arithmetic, astronomy and music. Varro’s earlier encyclopaedia dealt with a further two arts, medicine and architecture. For the influence of Martianus’ work see W.H. Stahl and R. Johnson with E.L. Burge, Martianus Capella and the Seven Liberal Arts, 2 vols. (Columbia, 1971-77), i, 55-71. H.-I. Marrou, St. Augustin et la fin de la culture antique (Paris, 4th ed., 1958), 216-17, has produced a chart showing the varions listings of the « arts » in antiquity and there is a similar chart in F. Kühnert, Allgemeinbildung und Fachbildung in der Antike (Berlin, 1961). 4. Ed. J.L. Heiberg, Anonymi logica et quadrivium cum scholiis antiquis, Det Kgl. Videnskabernes, Historisk-filologiske Meddelelser, 15, 1 (Copenhagen, 1929). The Byzan- tines did, however, make much use of existing short treatises on individual arts, such as the works of Dionysios Thrax, Hermogenes, Aphthonios and Porphyry’s Isagoge. For the mathematical subjects pursued at an advanced level teachers and students had the benefit of révisions and commentaries on Euclid, Ptolemy, Nikomachos and Apollonios of Perga by teachers of the early Byzantine Empire, including the Neoplatonists. 5. Plato, Republic, 376e - 412b and 521c - 541b.
EARLY BYZANTINE SCHOOL CURRICULA 277 level studies were generally described as the study of grammar, and there was little suggestion that a grammarian’s field was of much wider compass. Rhetoric, dialectic and the mathematical subjects belonged to tertiary studies. This is confirmed by an analysis of the works which the teachers of grammar themselves wrote. Topics include the spelling of names, métrés, pitch, aspirâtes, nouns of particular endings, orthography, diphthongs, enclitics, and the conjugations of verbs. Poetry was their chief source- book for examples and for exegesis, and many of them wrote poetry them- selves, plus the occasional panegyric6. Only rarely is there a topic like Seleukos of Emesa’s treatises On Fishing which provides light relief in the list7. Of the seventy-seven secondary-school teachers known by name in the East for the period A.D. 330 - 610, John Philoponos was the only one to write on mathematics or philosophy. It seems that he worked for a time as a teacher of grammar before becoming established as a teacher of philosophy in Alexandria in the first half of the sixth century8. The idéal of a rounded éducation in the liberal arts was not strange to the Byzantines. A range of meanings seems to hâve been comprehended by the term in the early centuries. Phrases referring to teachers of the liberal arts occur in Justinian’s corpus which was intended for use in both East and West. In the Code we corne across liberalium studiorum profes- sores and professores artium liberalium, and in the Digest, praeceptores studiorum liberalium9. In these cases «teachers of the liberal arts» were not specifically grammarians ; rather the phrase was used to embrace ail teachers involved in some phase of the educational process beyond ele- mentary éducation. This all-embracing use of the term is rather peculiar and was perhaps devised to take into account varying usages in West and East. In the East an integrated éducation was usually achieved not by studying the full range of disciplines under the one teacher at secondary- 6. Details of the works written by these school-teachers will appear in my School- teachers in theEarly Byzantine Empire, A.D. 330-610, Dumbarton Oaks Studies (Washing- ton, forthcoming). 7. The writings of Seleukos of Emesa are listed in the Suda, ed. A. Adler, Suidae Lexicon, Lexicographi Graeci, 1 (Leipzig, 1928-38), s.v. SéXeuzoç. 8. H.D. Saffrey, Le chrétien Jean Philopon et la survivance de l'école d'Alexandrie au VI" siècle, « Revue des Etudes Grecques », 67 (1954), 396-410. His grammatical works were an epitome of the works of Dionysios Thrax, Apolionios Dyskolos and Herodian and commentaries on them. 9. Codex lustinianus, ed. P. Krüger (Berlin, 1929), X.53.4, législation of Diocletian ; Digesta Justiniani Augusti, eds. Th. Mommsen and P. Krüger (Berlin, 2nd ed., 1962-63), L. 13.1 : ... sedpraeceptoribus tantum studiorum liberalium. liberalia autem studia accipimus quae Graeci èXeuQepta appellant : rhetores continebuntur, grammatici, geometrae, citing Ulpian.
278 MÉLANGES IVAN DUJCEV school, but by moving from one teacher to another to achieve compé- tence finally at tertiary level in one or more disciplines such as rhetoric, or mathematics and philosophy, or law or medicine. This, at least until the sixth century, was the norm. Examples of men with such an éducation are extremely numerous. The most famous include St. Basil, his brother Caesarius, and his friend Gregory Nazianzen, and for the fifth century, the éducation of Severos of Antioch in both rhetoric and law is known to us in detail10. This same idea of an integrated or liberal éducation achieved in stages was contained in Theodosios’ législation of A.D. 425 concerning the teachers using rooms on the Capitol in Constantinople. Here the Emperor stipulated that there should be teachers of Greek and Latin grammar and rhetoric and, « since we want the finest of our youth to be grounded not in these arts alone, let us associate authorities of the higher science and learning too with the teachers mentioned above. There- fore we wish the rest to be joined by one who can investigate the secrets of philosophy and, as weil, two who can explain law and legal terminology »11 It is made explicit here that the Emperor was concerned that a range of disciplines should be available for study. Given the potential to achieve a liberal éducation by moving through the various stages of éducation, the East seems to hâve been less concerned with formulating a System of comprenhensive éducation at secondary level12. Perhaps there was not the same need that Cassiodorus felt to draw things together in order to preserve the educational héritage, although certainly there was a décliné in the East in the sixth century in the number of teachers at ail levels, and particularly in tertiary éducation. There is, however, one reference to a Greek grammarian teaching the liberal arts. On the recto of a wooden writing-tablet in the Cairo Muséum (no. 41756) is an inscription dated A.D. 509 « to Flavios the very learned grammarian and teacher of the Greek liberal arts » (îratSeuT^ 'EXXtjvixwv Xoycov èXeuOeplcov)13. The Roman name and the spécifie remark that it was Greek studies that he taught suggest that he was in an area of Egypt where Latin culture might hâve been prédominant. Western influence in the choice of the phrase « liberal arts » might be suspected. Here we hâve a grammarian 10. Gregory Nazianzen, Orationes, PG, 35-36, Ors. 7,7 ; 43, 13-23 ; Zacharias, Vie de Sévère, ed. and trans. M.-A. Kugener, Patrologia Orientalis, II, 1 (Paris, 1907). 11. Codex Theodosianus, ed. Th. Mommsen, 2 vols. (Berlin, 1905), XIV.9.3. 12. Grammar as the sole secondary-school subject was itself very wide-ranging in content since it involved a detailed explication of the texts being studied. 13. F. Presigke, Sammelbuch griechischer Urkunden aus Agypten, I (Strasbourg), 1915), 652 f.
EARLY BYZANTINE SCHOOL CURRICULA 279 teaching the liberal arts, though not an explicit indication that the liberal arts should be a synonym for grammar. References to a Greek éducation in the liberal arts occur quite rarely in the early centuries of Byzantium. Eulogios, a hermit of Alexandria who visited St. Antony, was a man edu- cated in the liberal arts14. Again in fourth-century Egypt Diokles, at the âge of twenty-eight, having studied grammar and philosophy, left the liberal arts to become a hermit in the Thebaid15. He may hâve been a teacher of the ÈYXÛxXta fzaOrjfzaTa ; even in the fourth century few were still students in their late twenties. According to Rufinus of Aquileia, writing in Latin, Didymos the Blind of Alexandria had taught himself dialectic, geometry, astronomy and arithmetic, that is to say, four of the seven liberal arts subjects, as weil as theology16. This interest in the liberal arts accords with the earlier views of fellow Alexandrians like Philo and Clement that the arts were a propaideutic or handmaiden to theology, and in ail the cases cited here reference is to students who became holy men. In the Jast three examples, however, we hâve no clear indication whether this liberal éducation was achieved at secondary-school or at an advanced level. It is in the centuries after Justinian that bald references to a liberal éducation and listings of the liberal arts occur relatively more frequently in our Greek sources. Again the context is the lives of men revered for holiness. For them an éducation was never a prerequisite for sainthood and the number with a liberal or advanced éducation was small. Some examples of those who were particularly well-educated are John Damascene and Kosmas of Jérusalem, students of another Kosmas in the late seventh century, Théodore the Studite (759-826), Michael Synkellos (761-846) and his students Théodore and Theophanes Graptos (775-844 and 778- 845), and three whose lives were described by Ignatios the Deacon, namely George of Amastris (760-ca 825), the patriarch and historian Nikephoros (ca 758-829) and Gregory Dekapolites (780/90-842)17. To these we should 14. Palladius, The Lausaci History, ed. C. Butler, Texts and Studies Vf, 2 (Cam- bridge, 1904), 21. 15. Ibid., 58. 16. Rufinus, Historica ecclesiastica, II, 7, Patrologia Latina, 21, col. 516. Euse- bios wrote in similar terms of the teaching of Origen, Histoire ecclésiastique, ed. and trans. G. Bardy, Sources Chrétiennes, 4 vols. (Paris, 1952-60), VI, 18. 17. P. Lemerle, Le premier humanisme byzantin. Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des origines au X* siècle (Paris, 1971), 97-104, has made an initial examination of the hagiographie sources for information about éducation during the eighth and early ninth centuries.
280 MÉLANGES IVAN DUJCEV add the Life of John Psichaïtes (875-813/20) because the anonymous author described in considérable detail the advanced éducation which John mana- ged very weil to do without ! The earliest surviving Life of John Damascene is of the tenth century, but ail the Lives of the men named here born in the second half of the eighth century appear to hâve been written before the end of the ninth century and are amongst the most reliable examples of Byzantine hagiography that we hâve. The Greek-speaking monk Kosmas from Italy found himself a prisoner of the Arabs on the Syrian coast and about to be slaughtered. The father of John Damascene, hearing him lament that his éducation was thus going to be wasted, took him on as tutor to his son John and adopted son Kosmas. The monk Kosmas boasted expérience in rhetoric and an éducation in dialectic, ethics according to Aristotle and Ariston (sic), physics, arithmetic, geometry, the harmony of music, astronomy and theology. In turn he taught his two students grammar plus the same subjects which he himself had studied, so that they became comparable even to Pythagoras and Dio- phantos in the mathematical subjects !18 What we hâve here in the list of Kosmas’ accomplishments are the fields of study traditionally taught at tertiary level, rhetoric, philosophy and theology, mathematics and dialectic. The overwhelming impression, as Kosmas undoubtedly intended in his dire plight, was that there was nothing that he had not studied in depth. For the boys it was much the same. Whereas Kosmas’ own list stressed advanced subjects, the boys had first to study grammar before moving on to the other liberal arts. The theology is added almost as an afterthought, as a statement of the obvious. What is significant in their case is that amongst Greek-speakers in Arab-occupied territory the liberal arts were being taught by the one teacher rather than by specialists in each discipline. In this respect the situation approximated to that in the West at this date. Some Lives of well-educated saints born in the next century imply that they underwent the traditional three-tiered System of studies. According to the earliest Life of Théodore the Studite, written aftei A.D. 868 by a Studite monk called Michael, Théodore studied grammar after his ele- 18. John, patriarch of Jérusalem, Vita S. Joannis Damasceni, PG, 94, cols 429-90, especially cols. 440-48. The author was patriarch of Jérusalem A.D. 965-69 ; H.-G. Beck, Kirche und Theologische Literatur im Byzantinischen Reich (Munich, 1959), 567. For the éducation of Kosmas and other Greek-speakers in Italy in this period, A. Guillou, L'école dans l'Italie byzantine, in La Scuola nell' Occidente Latino dell's Alto Medievo, « Settimane di studio del centro Italiano di studi sull’ alto medioevo», 19, 15-21 aprile 1971, 2 vols (Spoleto, 1972), I, 291-311.
EARLY BYZANTINE SCHOOL CURRICULA 281 mentary éducation, then dialectic « which some insist on calling philosophy » and rhetoric19. Here the trivium of the liberal arts is listed, but it probably means the secondary-school éducation in grammar was followed by some logic, perhaps as training in sophistic, plus other rhetorical studies at tertiary level. An advanced éducation is in keeping with Theodore’s career and writings. Nikephoros, patriarch of Constantinople A.D. 806-15, at the end of the interlude between the two phases of iconoclasm, was a contem- porary of Théodore the Studite. So too were George of Amastris and Michael Synkellos. Ail were born within a year or two of 760. Ignatios the Deacon, the biographer of Nikephoros and George, was born about ten years later (770/80 - ca 845) and was actually older than his other subject, Gregory Dekapolites (780/90-842)2°. Again, even if through ignorance some of the details might not be completely accurate, Ignatios must hâve described forms of éducation that were available in his own time. Indeed we might expect more than usual accuracy on this subject since he himself was for a time a teacher of grammar21. The Life of Nikephoros may hâve been written soon after his death, but was not finished until shortly after 842. Ignatios wrote of Nikephoros’ éducation in grammar, with its concentra- tion on orthography and métré, in rhetoric and in the quadrivium (tt]ç p.aO-/;jj.aT!.z7iç TETpaxTÛoç), the four servants of philosophy, speci- 19. PG, 99, cols. 233-328, especially col. 237. The date was proposed by C. Van de Vorst, La translation de S. Théodore Studite et de S. Joseph de Thessalonique, in « Analecta Bollandiana », 32 (1913), 29. The other life published in PG, cols. 113-232 is now attributed on the basis of other manuscripts to Théodore Daphnopates of the tenth century. 20. The Lives of both George of Amastris and Gregory Dekapolites are attributed now to Ignatios : I. Sevcenko, Hagiography of the Iconoclast Period, in eds. A. Bryer and Judith Herrin, Iconoclasm. Papers given at the Ninth Spring Symposium of Byzantine Studies, March 1975 (Birmingham, 1977), 113-31, especially 121-25. Ignatios also wrote the Life of Tarasios, Nikephoros’ predecessor as patriarch (784-806). Tarasios’ formai éducation is mentioned only briefly as some Christian and secular learning : ed. I.A. Heikel, Vita Tarasii Archiepiscopi Constantinopolitani (Helsinki, 1889), especially 3 and 29 ; also published in «Acta Societatis Scientiarum Fennicae», 17 (1891), 139-439. 21. A better appréciation of the stages of Ignatios’ varied career should be possible with the publication of C.A. Mango, Observations on the Correspondence of Ignatius, Metropolitan Of Nicaea (First Half of the Ninth Century), to appear in the Festschrift for Marcel Richard, and with a new édition of these letters. Ignatios uses educational images, e.g. in the Life of Tarasios, op. cit., 21, 23, and in his letters he makes many classical references and discusses matters dear to the heart of a grammarian, e.g. concern- ing the student Theophilos (ep. 18), on métré (ep. 32), on syllables and grammatical canons (ep. 36), on the Iliad as a schooltext (ep. 47) ed. M. Gedeon, Nés BipXioO-rçxr) ’ExxX-qaiaaTtzùiv S'jvviarpécüv (Constantinople, 1903). One of his poems laments the death of his student Paul : ed. G. Mercati, Di un carme anacreontico spurio e mutilo di Gregorio Nazianzeno, «BZ», 17 (1908), 389-96.
282 MÉLANGES IVAN DUJÔEV fically astronomy, geometry, music and arithmetic22. The introduction here for the first time in our sources of a Greek term for the Latin quadri- vium, coined by Boethius, may be a deliberate translation, but the word did not hâve this exclusive meaning for Ignatios as he also used it, as Eusebios had, of the four Evangelists23. Nikephoros then proceeded to philosophy. This reads as the traditional three-staged System of éducation with mathematics as a propaideutic to philosophy as Plato recommended. There follows in the Life a page of topics in the fields of logic and physics which Alexander suspected Ignatios lifted from some textbook yet to be identified24. Ignatios gives far less detail of the éducation of George of Amastris and Gregory Dekapolites. George, he says, was entrusted to some teachers (mxi.8oTpipai. ) and was taught the full liberal arts curri- culum (iraaav èyxûxXi.ov TraiSsucnv), both sacred and profane, embracing the whole and selecting from it what was useful25. From the âge of eight Gregory received elementary and higher éducation (TeXetoTÉpav...p(.à6y)C7tv) from teachers referred to as ypaptptaTetç, sufficient to act as a guide to the more important things26. In the last case there can be little doubt that Gregory received no éducation beyond the secondary level. This was probably true also of George, for it is unlikely that Ignatios would hâve missed an opportunity if it was offering to elaborate on an educational theme27. If this is so, as Lemerle too judged the case28, we hâve an example 22. Ed. C. de Boor, Nicephori opuscula historica, Teubner (1880), 139-217, especially 149-51. P.J. Alexander, The Patriarch Nicephorus of Constantinople. Ecclesioastical Policy and Image Worship in the Byzantine Empire (Oxford, 1958), 57 f., suspected that Ignatios was ignorant of the particular details of Nikephoros’ early éducation and so supplied for this an outline of the current curriculum. 23. Ignatios, Ep. 22 ; Eusebios, HE, III, 25. 24. Alexander, The Patriarch Nicephorus of Constantinople, 57, note 3 ; I. Sevcenko, The Définition of Philosophy in the Life of Saint Constantine, in For Roman Jakobson. Essays on the Occasion of his Sixtieth Birthday (The Hague, 1956), 450 note 6, suggests some parallels in the works of the Alexandrian Neoplatonists ; Lemerle, Le pre- mier humanisme byzantin, 132 f., reports a strong element of Aristotelianism in this passage. 25. Ed. V. Vasil’evskU, Sitija svv. Georgija Amastridskago i Stefana Surozskago, in « Russko-vizantijskija Izsledovanija », II (St. Petersburg, 1893), 1-73, especially 15. 26. Ed. F. Dvornik, La Vie de saint Grégoire le Décapolite et les Slaves Macédoniens au IXe siècle (Paris, 1926), 47. There is some difficulty with the term ypap.p.aTeîç which must apply to both the elementary and secondary-school teachers as a comprehensive term, just as Themistios and probably Libanios used ypapp-ariaTaî in the fourth century (Themistios, Orationes, ed. H. Schenkl, G. Downey and A.F. Norman, 3 vols., Teubner 11965-74], Ors. 21, 251A ; 26, 312C ; 32, 361A). 27. See above, note 21. 28. Lemerle, Le premier humanisme byzantin, 100.
early byzantine school curricula 283 here of a highly educated man, Ignatios, prepared to call secondary-school studies « a full liberal éducation ». The trio of Michael Synkellos and his two students Théodore and Theo- phanes Graptos présents parallels with Kosmas the Monk and his two students who lived a century earlier. Michael was born and apparently educated in Jérusalem before joining the monastery of St. Sabas when he was twenty-five. In his late thirties he became a deacon of the Church of the Anastasis in Jérusalem and two years later took up the life of a hermit. It was then, in the 790’s, that Théodore and Theophanes studied under him when they were in their early twenties29. Apart from his career in the Church Michael is known to us too as the author, significantly, of a grammar as weil as a confession of faith, an anacreontic hymn on the restoration of the cuit of images and some canons, ail of which survive. There are encomia and orations, some of which may be his30. Of the two versions of the Life of Michael which survive one was written apparently before 86731. Accor- ding to it, after an elementary éducation he proceeded to grammar, rhetoric and philosophy, and not only these but also poetry and astronomy32. Something has gone wrong with the list here. Poetry certainly belongs at the secondary level with grammar. Particular attention could hâve been paid to it because of the hymn and canons which he wrote. Astronomy too is conspicuous here, but to date there are no works in this field which hâve been attributed to him33. Michael Synkellos is credited then with a 29. S. Vailhé, Saint Michel le Syncelle et les deux frères Grapti saint Théodore et saint Théophane, in «Revue de l’Orient Chrétien», 6 (1901), 213-32. 30. The grammar was first published in Florence under the name of George Lekapenos in 1515, and under Michael’s name first in Venice in 1745 ; M. Donnet, La tradition imprimée du traité de grammaire de Michel, le Syncelle de Jérusalem, in « Byz », 42 (1972), 441-508. There seem to hâve been three Michaëls, including Michael the Monk, author of the Life of Théodore the Studite cited above, in this period and the various works by these men hâve yet to be sorted out conclusively : Beck, Kirche und Theologische Lite- ratur, 503-5. 31. Sevcenko, Hagiography of the Iconoclast Period, 116, note 19. 32. Ed. Th. Schmitt, Kahrie-djami in « Izvestija Russkago arkheologicheskago Instituta v Konstantinopolie », 11 (1906), 227-59, especially 228, and the second version, ibid., 260-79, preserved in fifteenth and sixteenth century manuscripts, Cod. Vat. gr. 1085 and Cod. Monac. gr. 10. 33. In the second version which is slightly more elaborate Michael, after his elementary éducation, came in contact with secular learning. Later in his account the author inserted a passage explaining how Michael exceiled in grammar as could be seen « from the canons which he pubblished, and he produced brilliant works for the phrasemongers to use for ail time, absolutely perfect, like lamps or précisé guide-lines. And he was familiar with poetry and ail liberal learning (ÈYzùzXiœ ooçia), such as leads to the highest pinnacle of studies, namely astronomy, and he accomplished these studies to the full». (Ibid., 262, 265.)
284 MÉLANGES IVAN DUJCEV high level of éducation. The listing of grammar, rhetoric and philosophy suggests that the author was thinking of the three-tiered system, though we do not know whether the advanced subjects were taught by specialist teachers. The brothers Graptoi, however, do appear to hâve been dépendent on Michael alone for their higher studies. Judging from his writings Michael’s strength was in grammar and poetry, but the Graptoi learned from him grammar, philosophy and some reflections contained in poetry34. In the same way John Damascene and Kosmas of Jérusalem were dépendent on Kosmas the Monk. With none of our hagiographical sources do we get clear evidence of men studying under more than one teacher after their elementary schooling35. Kosmas and Michael, our only teachers known by name from the Lives, both appear not to hâve been professional teachers, but monks, and to hâve taught their students a range of studies extending some- what beyond that of the secondary-school of earlier centuries. Both were operating in Arab-occupied territory. They may not hâve been typical. One final example of an account of a liberal éducation is the Life of John Psichaïtes, an anonymous work by a member of the monastery which John had directed. He was writing after 842. John and his brothers got their first éducation from their father Later the whole family opted for the monastic life, the father and three sons going to the Monastery of the Source in 34. Ibid., 231 : Tr,v te 'fpap.p.atix-qv xal cpiXoaoçîav xal twv ttoiï)ti.xù>v oùx ùÂlva <Txé[i[iaTa, The same words, « reflections contained in peotry » are used at 242 of the iambics the Emperor Theophilos had tattooed on their faces as punishment for their staunch opposition to iconoclasm. There is an encomium of Théodore Graptos by Theophanes, archbishop of Caesarea in Cappadocia, identified as the friend of Pho- tios and attested in 886 ; ed. J. Featherstone, Senior Thesis, Harvard University, 1976. It survives in a manuscript of the late ninth or early tenth century. Like the Meta- phrastic Life of Théodore (PG, cols. 653-84, especially col. 657), the encomium remarks that Theodore’s speeches, his defense of orthodoxy against heresy and his encomia of holy men were evidence of his good éducation. The school Théodore attended in Jéru- salem had a distinguished teacher who, however, is not named in the encomium (§ 12). In the Metaphrastic Life there is an interesting account of how Théodore left the monas- tery briefly to get training in Xôyoi, that is in rhetoric, a subject not included in the pre- Metaphrastic Life’s list of what Michael taught. 35. Théodore, bishop of Edessa (ca 793-860+), received an elementary éducation in rijv èyxùxXiov naiSeumv, studying grammar, rhetoric and philosophy under the sophist Sophronios in Edessa. His Life, written ostensibly by the saint’s nephew Basil of Emesa, dates probably from the mid-tenth century and is such a highly romantic taie that its historical value is difficult to assess. The term « sophist » was normally applied to a teacher of rhetoric only, and at the tertiary level. The author may hâve been invoking the famous sophist Sophronios, bishop of Jérusalem A.D. 634-38, for an impressive effect. Ed. J.P. Pomjalovskij, Zitie ize vo sv. octca nasego Théodore archiepiskopa edesskago (St. Petersburg, 1892), 6 ; this passage is discussed in my Schooling in the Iconoclast Centuries, in eds. Bryer and Herrin, Iconoclasm, 89 and 91 f.
EARLY BYZANTINE SCHOOL CURRICULA 285 Constantinople. The biographer having got them into the monastery back- tracked in his account to give a remarkable excursus on the éducation of which John had no need since he was content with the wealth to be gained from the Scriptures. He had no need of the forms of nouns and verbs, and dialects, and « the nonsense of Homer, or its golden thread or the yoking and unyoking of chariots ». Nor did he need the other disciplines, the rheto- ric and dialectic — « prémisses and syllogisms and logical arguments being like spiders’ webs, he assigned to the dung-heap. Astronomy, geometry and arithmetic he despised as irrelevant». These he went on to denigrate in more detail. In an attempt to describe a comprehensive secular éducation our ninth-century biographer has written of the seven liberal arts, only failing to mention music. He gives no due as to the level at which these subjects might be studied36. From these hagiographical texts we can draw two conclusions. In the first place there are signs that the three stages of early Byzantine éducation had not been forgotten and remained an idéal, whether or not they were still available within the Empire37. But there was also a pattern of referring to a moderate level of éducation as a liberal éducation and in one case at least, that of George of Amastris, it appears almost certain that this éduca- tion was not carried to a more advanced level than secondary schooling. The second conclusion then is that secondary éducation could be equated with a liberal éducation. This is still not to say that the liberal arts were synonymous with grammar. An examination of the writings of the teachers known to us between the mid-seventh and mid-ninth centuries, however, suggests that this probably was the case. Most of the men writing these biographies would hâve been alive in the reign of Theophilos when Léo the Philosopher was a teacher of mathematics and philosophy, first privately and then with impérial support in the Church of the Forty Martyrs in Constantinople. His appointment in 840 as arch- bishop of Thessalonica ended with the restoration of Orthodoxy and he returned to teach in Constantinople, and eventually got support from the Caesar Bardas who promoted him as weil as his student Théodore to teach 36. Ed. P. Van den Ven, La vie grecque de S. Jean le Psichaïte, confesseur sous le règne de Léon l'Arménien (813-820), in «Le Muséon», NS 3, (1902),97-125, especially 105-10. 37. Lemerle, Le premier humanisme byzantin, 100, challenged by P. Speck, Die Kaiser- liche Universitât von Konstantinopel. Prâzisierungen zur Frage des hoheren Schulwesens in Byzanz im 9. und 10. Jahrhundert, « Byzantinisches Archiv » 14 (Munich, 1974), 29, 33, 34 note 28.
286 MÉLANGES IVAN DUJCEV geometry, Theodegios astronomy, and Kometas grammar38. These are the first examples we hear of in the Empire since the seventh century of teachers specialising in any of the liberal arts disciplines other than grammar. From the eighth century the grammarian Theodosios is remembered for his account of an Arab siégé of Constantinople, probably that of 71739. Late in that century, around the time when most of our saints were getting their éducation, another grammarian is known by name. This is Constan- tine, bishop of Syllaion from ca 814, who became the iconoclast patriarch Antonios I Kassimatas (821-37). He had been educated in grammar and became a notary in the Sphorakios quarter and taught young students40. In the first half of the ninth century grammarians included Ignatios the Deacon, already mentioned as hagiographer, poet and letter-writer41, and Theognostos, whose grammar survives and who can be dated by the fact that he wrote on the revoit of Euphemios in Sicily (A.D. 826/27)42. Kometas, the grammarian who like Léo was supported by Bardas, may also be the poet of the Greek Anthology*3. On two other possible teachers of grammar we are insufficiently informed. John the Grammarian, the note- rions iconoclast patriarch (A.D. 837-43) who succeeded Antonios I Kassi- matas, may also once hâve been a teacher44. Whether Photios’ protégé Constantine-Cyril, « apostle of the Slavs » (827-ca 869), was ever a profes- sional teacher is debated, and Photios himself appears to hâve taught only informally on the side while holding other positions or as private tutor to the children of Basil I45. 38. Theophanes continuatus, Chronographia, ed. I. Bekker, Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae (Bonn, 1838), IV, 25 f., pp. 185-92. 39. K. Krumbacher, Geschichte der Byzantinischen Litteratur (Munich, 2nd ed., 1897), 712 ; poem ed. Sp. Lampros, Taropixà MeXeT7)[zœTa (Athens, 1884), 129-41. 40. Scriptor incertus, Historia de Leone Bardae Arinenii filio, ed. I. Bekker, CSHB (Bonn, 1842), 350 and emended R. Browning, The Scriptor incertus de Leone Arntenio, in « Byz. », 35 (1965), 394 : YeyovÔTa vopuxàv elç Tà Scpopaxiou xai StSà'avra naiSla ; Lemerle, Le premier humanisme byzantin, 140 f. 41. See above, note 21. 42. Ed. K. Alpers, Theognostos Ilepi. ôpQovpacplaç, Überlieferung, Quellen und Text der Kanones 1-85, Diss. (Hamburg, 1967) ; the grammar was dedicated to Léo (V, the Armenian, A.D. 813-20) ; Theophanes continuatus, ed. Bekker, CSHB, II, 27, p. 82. 43. Anthologia Graeca, ed. H. Beckby, 4 vols. (Munich, 1957-58), XV, 36-38, 40. 44. It is only by the tenth century that we hâve evidence of the term « grammatikos » being extended to mean « scribe », and the twelfth century to mean « secretary » ; J. Bick, Die Schreiber der Wiener griechischen Handschriften, Museion Abhandlungen 1 (Vienna, 1920), 17 and pl. 1 ; M. Treu, Michael Italikos, in « BZ », 4 (1895), 2 f. and idem, Manuel Holobolos, in « BZ », 5 (1896), 541 f. 45. According to the Life of Constantine which survives in Slavonie (ed. and Latin
EARLY BYZANTINE SCHOOL CURRICULA 287 From the time of Theophilos and Bardas we hear intermittently in our sources of support for teachers at tertiary level, and the amount of activity in the fields of literature and learning increased markedly. Even given that for the previous two hundred years our sources are meagre and hostile to the iconoclast régimes, opportunities for a tertiary éducation appear to hâve been at an all-time low. Nevertheless the hagiographical sources suggest that the East remained aware of the concept of an éducation in the liberal arts. It did not hâve to be «revived» in the Macedonian period under influence from the West, in the heyday of the use of Martianus’ treatise. The liberal arts were sometimes still referred to in a context suggesting the three-tiered System of the first centuries of Byzantium which assumed specialist teachers at each stage. The idea at least was not forgotten. There were some examples of one teacher described as teaching the liberal arts such as Flavios, attested on a sixth-century wooden tablet, and Kosmas the Monk and Michael Synkellos, the last two teaching outside the Empire. There are references which suggest that a liberal arts éducation might be received at the secondary level of schooling, such as the Life of George of Amastris. In such a case it becomes difficult to détermine whether the secondary-school teacher who traditionally had taught only grammar had now extended the range of his teaching to embrace more of the liberal arts. A survey of the teachers known from this period and of the works they wrote suggests that this was normally not the case within the Empire. John Tzetzes’ remark that «now they call grammar a liberal éducation» need not refer to a change in or near his own century46. The seeds of this exten- sion of meaning lie probably in the downturn in tertiary educational oppor- tunities in the East in the sixth century, if not earlier, and gained ground, trans. F. Grivec, Constantinus et Methodius Thessalonicenses, Fontes, Radovi Staroslav. knjige 4 (Zagreb, 1960), IV, 1) he studied under both Léo the Philosopher and Photios. Speck, Die kaiserliche Universitât von Konstantinopel, 14-21, unlike Lemerle, does not doubt that both were for a time professional teachers, while emphasizing that there is no indication that either held a public chair in philosophy ; Lemerle, Le premier humanisme byzantin. 163, 183-85. Maria D. Spadaro, Sull’ insegnamento di Fozio e suit’ Accademia Patriarcale, in«Siculorum Gymnasium», NS 26 (1973), 286-304, has attempted to take the argument back to square one again, asking for one literal interprétation of the Life and the acceptance of Photios as a teacher in the « university » and Constantine later in the Patriarchal Academy. This is now adequately refuted by Speck. 46. Fuchs, Die hôheren Schulen von Konstantinopel im Mittelalter, 43, notes a tenth- century example of the phrase rr(v zyv.byDj.ov na(8e»aiv as a synonym for grammar in the Book of the Eparch (ed. J. Nicole [Geneva, 1893], I, 2 ; English trans. E.H. Fresh- field [Cambridge, 1938] as an early example of the usage remarked on by Tzetzes. It refers to the type of éducation required of a notary so that « he might not err in drafting documents or expressing himself correctly».
288 MÉLANGES IVAN DUJÔEV becoming accepted even by the best educated men like Ignatios the Deacon in the centuries before the so-called « Macedonian Renaissance ». But the idea of a fully-fledged advanced éducation embracing the liberal arts was never lost.
AUTOUR DE SAINT SPYRIDON LE JEUNE DE TÀRNOVO Petre §. NÀSTUREL Saint Spyridon le Jeune de Tàrnovo? Inutile de compulser l’admirable BHG3 du R.P. François Halkin pour se documenter à son sujet. Naguère encore hagiographes et historiens de l’Église orthodoxe ne soupçonnaient point son existence1 et c’est dans sa communication présentée à Bucarest en 1971, au xive Congrès International des Études Byzantines, que M. Léandre Vranoussis a, pratiquement pour la première fois, signalé ce personnage2. En attendant la publication de ses recherches, qu’il me soit permis de résumer ici les brèves informations dont on lui est déjà redevable. 1. A ma question s’il posséderait depuis la parution des quatre volumes de la BHG, quelque information au sujet de ce saint, le R.P. Fr. Halkin a bien voulu répondre, par lettre du 20 juillet 1977, que « saint Spyridon le Jeune de Tàrnovo semble être un inconnu ». 2. L. Vranoussis, Textes et documents concernant la Valachie tirés des manuscrits et des archives des Météores et d'autres monastères de Grèce, cahier-annexe sans pagi- nation au volume «XIVe Congrès International des Études Byzantines 6-12 septembre 1971, Résumés-communications », Editions de l’Académie de la R.S. de Roumanie, Bucarest 1971 ; puis, du même, l’article portant le même titre mais paru en roumain dans « Magazin istoric», n° 2, 1972, p. 6-10, reproduit in extenso en annexe à la thèse de doctorat de D. Zamfirescu, Neagoe Basarab fi învâfâturile câtre fiul sait Theo- dosie. Problème controversate, Bucarest 1973, p. 379-385, d’après lequel nous le citerons désormais (saint Spyridon figure aux p. 380-381). A la p. 222 de son ouvrage, M. Zam- firescu déclare avoir consulté au Secrétariat du Congrès byzantin de Bucarest, la commu- nication de M. Vranoussis déposée en vue de sa publication. Mais elle ne figure dans aucun des 3 volumes des Actes de ce Congrès.
290 MÉLANGES IVAN DUJCEV Puis nous y adjoindrons quelques détails et faits nouveaux, qui ne seront peut-être pas dénués de tout intérêt. Le manuscrit d’Iviron 512, qui renferme des œuvres de Manuel de Corinthe, offre, aux ff. 90r-98v, l’acolouthie (office) de Saint Spyridon le Jeune de Târnovo, composée à la demande du prince de Grande-Valachie Radul, possesseur des reliques de ce saint à Târgoviçte3. Manuel fut grand rhéteur du patriarcat de Constantinople de 1480 à 15304. Bien connu pour les relations d’information théologique qu’il entretint avec le voévode de Valachie Neagoe Basarab (1512-1521)5, il appert maintenant qu’il eut aussi des rapports avec un autre voévode, ce Radul, détenteur des reliques de saint Spyridon. L’identification de ce prince est, de prime abord, malaisée. Il peut s’agir ou bien de l’un des prédécesseurs de Neagoe, Radu le Grand (1495-1508), ou bien de son gendre et successeur, Radu de la Afuma(i (1522-1529)6. Du texte (encore inédit) de l’acolouthie en question, M.L. Vranoussis a tiré l’information que saint Spyridon le Jeune fut un hiérarque de Tàr- novo (Bulgarie), sous la dynastie des Assénides. Inconnu des fastes de l’Eglise de Târnovo, il aura donc vécu à la fin du xne siècle ou dans le courant du xnff7. 3. L. Vranoussis, apud D. Zamfirescu, op. cit. p. 380. Sp. Lampros. Kmàkoyoç tm èv ratç [h[}Âio6-qxaiç tov 'Aylov "Oqovç éXXt]vixâ>v xcoôlxcov, t. Il, Cambridge, 1900, p. 160, a déjà signalé cette acolouthie, mais sans fournir la moindre précision. 4. Sur Manuel de Corinthe : Ch. G. Patrinelis, Ol peyâXoi QtjTogeç Mavovrft. Ko- Qivdioç, ’AvTtbvioz, Mavovfji xai o %qovoç rfjç àxpfjç to>v, « AeXtiov rîjç TaTopixîjç xai ’EQvoXoyixTjç ‘Eraipelaç 'EXXâSoç », 15, 1962, p. 23 sqq. ; idem, Avo àvéxôoTa xelpeva neQi tov Mavovifi. KoqivOIov (Mià èmaroXi) tov ’IovotIvoo Aexaôiov xat pià «èvdépr]a-r]»), « IleXonowqaiaxâ », 8, 1971, p. 137-148 ; P.$. Nàstu- rel, Manuil din Corint câtre Neagoe Basarab, «România literarâ», 11/51 (63), jeudi 18 déc. 1969; L. Vranoussis, résumé cité', L. Vranoussis, apud D. Zamfirescu, op. cit., p. 380- 384; D. Zamfirescu, op. cit., passim et surtout p. 220-280, 380-391, 423-442; P.$. Nàsturel, Remarques sur les versions grecque, slave et roumaine des «Enseignements du prince de Valachie Neagoe Basarab à son fils Théodose », « Byzantinisch-neugriechische Jahrbücher», XXI, 1976, notamment p. 254-263 (les tirages à part ont paru en 1975 : mon travail est une réplique à celui de D. Zamfirescu); D. Nastase, «Boeftoôaç, Oi-yyoo- flÂayla; xai amoxpaTioq 'Piopaicov ». Remarques sur une inscription insolite, tiré à part des « Byzantinisch-neugriechische Jahrbücher», XXII, 1976, p. 6-9. 5. Voir en dernier lieu, P.§. Nàsturel, Remarques..., p. 254-263 (avec M. Vranoussis, je considère Manuel de Corinthe comme l’un des auteurs matériels des Enseignements commandés par Neagoe Basarab). 6. L. Vranoussis, résumé (qui songe à Radu le Grand) ou apud D. Zamfirescu, op. cit., p. 380-381 (ne prend plus position). D. Zamfirescu, op. cit., p. 222 ne se prononce pas davantage. 7. L. Vranoussis, rés. et apud Zamfirescu.
SAINT SPYRIDON LE JEUNE DE TÀRNOVO 291 A cela se réduisaient nos connaissances quant à saint Spyridon de Tàr- novo, lorsque la lecture fortuite du testament d’un évêque roumain du xvme siècle raviva notre curiosité. Le testateur, Grégoire de Sidè, était natif de Valachie dans l’actuelle Roumanie. Hiéromoine à l’église métropolitaine de Bucarest à partir de 1761, il fut bientôt remarqué par le métropolite de Hongrovalachie Grégoire, devint higoumène du monastère de Dealu en 1776, puis archimandrite de l’église métropolitaine en 1782 et fut, enfin, sacré métropolite titulaire de Sidè. Du temps où il avait la charge du monastère de Dealu, il resserra ses liens avec le métropolite Grégoire, lequel lui confia notamment la direc- tion au spirituel des couvents valaques. A la mort du métropolite de Hongro- valachie qui avait manifesté le désir que le titulaire de Sidè lui succédât, ce dernier fut évincé par l’évêque de Buzâu, Cosmas. Grégoire de Sidè séjourna alors à Târgoviçte, à titre d’administrateur de l’ancienne église métropolitaine. Le 1er juin 1795 il rédigea en roumain son testament et l’année suivante, vraisemblablement, passa de vie à trépas8. Or ce testament intéresse notre enquête. Au nombre des légataires insti- tués par Grégoire de Sidè figure l’économe Dosithée, auquel il laissa quatre manuscrits roumains, une pendule et des reliques. Voici, mot à mot et en traduction, le passage les concernant : «... 1 petite boîte en argent avec de saintes reliques, dont un doigt, qui est dans la boîte, est celui d’un saint Spyridon le Jeune. Feu le Père métropolite Cozma me l’a donné, quand le monastère de Dealu m’incom- bait, vu que Sa Sainteté l’avait pris de ce monastère du temps où il était higoumène de Dealu. Et, bien qu’il y ait encore des reliques de ce saint audit monastère, néanmoins que ce doigt y soit donné et que cela soit noté dans le registre d’acquisition de biens9 tenu par l’higoumène... »10. Le monastère Saint-Nicolas, ou de Dealu — entendez Saint-Nicolas- de-la-Colline — est l’un des plus beaux et des plus célèbres de toute la Valachie. Son ancienneté semble remonter à la fin du xive siècle. Il fut refait, somptueusement, de 1500 au 4 décembre 1501 par le voévode Radu le 8. N.-A. Gheorghiu, Grigorie al Sidei. Documente inédite privitoare la viafa fi activitatea unui vlâdicâ roman din secolul al XVIlI-lea, Paris, 1953, 168 p. 9. « Catastih igumenesc de perilavi» (N.A. Gheorghiu, op. cit., p. 124). Sur perilavi en roumain (du grec ?repiXafir() : ce témoignage est antérieur à ceux cités par L. GAldi, Les mots d’origine néo-grecque en roumain à l’époque des Phanariotes, Budapest, 1939, p. 225, s.v. 10. N.-A. Gheorghiu, op. cit., loc. cit. (Le testament de Grégoire de Sidè se trouve aux Archives de l’État, à Bucarest, cote Mitrop. Bue., liasse 144, « netrebnice», doc. 35).
292 MÉLANGES IVAN DUJCEV Grand11. Ce couvent tire son nom de la colline (’deal’ en roumain) qui se dresse à faible distance de la lisière même de la ville de Târgoviçte, l’ancienne capitale des princes valaques, séparée qu’elle en est par le cours de la Ialomi(a. Une promenade d’une heure à pied mène, par le village de Viforâta ou par celui de Ràzvad et la vallée des Voévodes, à ce monastère désaffecté depuis le siècle dernier. Son église, monument clef dans l’histoire de l’évolution de l’architecture valaque, fait figure de nécropole princière12. Elle abrite, entre autres, le tombeau de son fondateur, Radu le Grand, qui y fut enseveli en mars 150813. Au xvme siècle, les higoumènes de Dealu, tels Cozma Popescu, futur évêque de Buzàu (1763-1787), puis métropolite de Hongrovalachie (1787- 1792) ou encore notre Grégoire de Sidè (1776-1782), qui avaient la haute main sur tout l’avoir de Saint-Nicolas-de-la-Colline, savaient que leur monastère possédait des reliques de saint Spyridon le Jeune. Quel était ce Saint ? Ils l’ignoraient eux-mêmes, à preuve l’emploi de l’article indé- fini14 sous la plume de Grégoire de Sidè lorsqu’il en fait mention. Ils savaient seulement que c’était saint Spyridon le Jeune — Sfântul Spiridon cel Nou, le Nouveau, ô Néoç — et cette épithète hagiographique exclut d’emblée toute identification avec saint Spyridon de Trimithonte, le fa- meux évêque chypriote qui, après avoir brillé au Concile de Nicée, mourut vers l’an 350 et que l’Église d’Orient honore le 12 décembre. Ses reliques se trouvent en Grèce, à Corfou, depuis 148915. Pour l’historien sensibilisé par la découverte de L. Vranoussis, il n’y aura pas l’ombre d’un doute que les reliques signalées à Dealu au xvme siècle sont bien celles que possédait déjà à Târgoviçte un prince roumain du nom de Radul. Ceci va nous permettre de reprendre la question de l’identi- fication de ce voévode et, conséquemment, de dater approximativement l’acolouthie écrite par Manuel de Corinthe. 11. Informations regroupées commodément par N. Stoicescu, Bibliografia locali- tâfilor t>i monumentelor feudale din România. I) Tara Româneascâ..., vol. 1, [Craiova], 1970, p. 269-270. 12. Gr. Ionescu, Histoire de l'architecture en Roumanie, Bucarest, 1972, p. 216 et fig. 140, p. 217. 13. D. Pleçia, Mânâstirea Dealu, necropola domneascâ gi ceva despre frâmintârile interne din Tara Româneascâ in veacul al XVI-lea, « Acta valachica » [III], Tîrgoviçte, 1972, p. 143. 14. « ... un deget... al unui Sfântü Spyridonü cel nou... » : N.-A. Gheorghiu, op. cit., p. 124. 15. Voir par ex. Mïjvœîov roü Aezep.[3piou, par les soins de G.G. Geglès, [Athènes], s.a., p. 131-134 notamment, mais surtout l’ouvrage fondamental de P. Van den Ven, La légende de saint Spyridon de Trimithonte, Louvain, 1953.
SAINT SPYRIDON LE JEUNE DE TÀRNOVO 293 Nous rappelions précédemment l’embarras où l’on se trouve pour opter entre Radu le Grand ou Radu de la Afuma(i, dont les règnes concordent l’un comme l’autre avec l’époque d’activité du grand rhéteur du patriarcat œcuménique. Mais Radu le Grand étant le nouveau fondateur du couvent de Dealu, la balance incline d’ores et déjà en sa faveur, car conformément à la tradition orthodoxe, il aura fait don de précieuses reliques à son monas- tère. N’aura-t-il pas dans ces conditions remis aux moines de Dealu ce trésor spirituel que représentait la dépouille terrestre de l'hiérarque de Tàrnovo ? Mais s’il en fut ainsi, pourquoi Manuel de Corinthe précise-t-il que le prince « possède aussi les reliques » dudit saint, selon l’extrait même qu’en donne Vranoussis16 ? Deux possibilités s’offrent à l’esprit du com- mentateur. Ou bien Radu commanda cette acolouthie à une époque anté- rieure à la réfection de Dealu, ou bien il garda sa vie durant, car il avait mauvaise santé, ce bénéfique phylactère17. Pour me limiter à des exemples roumains de même époque, je rappellerai que le voévode de Moldavie Étienne le Grand (1457-1504) ne se séparait pas du chef d’un saint moldave qu’il avait bien connu, saint Siméon de Pângâra(i18, etqueNeagoeBasarab de Valachie se fit apporter du Mont Athos les restes de son père spirituel, l’ex-patriarche de Constantinople Niphon (qu’il fit canoniser) et qu’il les restitua à leur monastère de Dionysiou non sans en avoir retenu pour lui- même le chef et une main, qui furent déposés, après la mort du voévode, à son couvent-nécropole d’Argej19. Rien ne s’oppose donc à ce que Radu ait acquis les reliques de saint Spyridon après la reconstruction de l’église de Dealu (donc entre 1501 et 1508), demandant alors à Manuel de Corinthe de composer l’acolouthie destinée à être chantée devant le précieux dépôt qui, sinon de son vivant, du moins lors de son décès, l’aura suivi à Dealu 16. L. Vranoussis, apud Zamfirescu, op. cit., p. 380 (« Acolouthie... en l’honneur du saint hiérarque entre les hiérarques Spyridon le Jeune, composée par le même Manuel, grand rhéteur, à la demande du vrai croyant Jean, prince de la Grande-Valachie, qui possè- de aussi les reliques dudit saint ». Le nom du voévode Radu est précisé dans le corps même de l’acolouthie, ibid. On sait que le nom-titre de Jean, Io, précédait de règle le nom de tous les princes roumains). 17. Radu le Grand souffrait de la podagre : N. Vàtamanu, Medicina veche româ- neascâ, Bucarest, 1970, p. 165-166. Je pense qu’il mourut du cancer. 18. P.§. Nàsturel, Cea mai veche inscripfie de la §tefan cel Mare, « Omagiu lui George Oprescu », Bucarest, 1961, p. 354, note 1 (notre prochaine étude sur Le Dit du monastère de Pângârati reviendra sur cette question). 19. P.$. Nàsturel, Aperçu critique des rapports de la Valachie et du Mont Athos des origines au début du XVIe siècle, « Revue des études sud-est européennes», II/1-2, 1964, p 119-120 et, du même, Recherches sur les rédactions gréco-roumaines de la « Vie de saint Niphon II, patriarche de Constantinople », « Revue des études sud-est européennes », V/l-2, 1967, passim et not. p. 61-63 et p. 74, note 107.
294 MÉLANGES IVAN DUJCEV pour y veiller dans une muette, opiniâtre et incessante intercession, au pardon de ses péchés. Cette présomption que Radu le Grand posséda lesdites reliques me semble bien plus forte que l’éventualité qu’elles aient appartenu à Radu de la Afuma(i. Radu le Grand connut un règne paisible, qui lui offrit la possibilité de manifester sa générosité au profit des couvents valaques et de ceux du Mont Athos. Et ce fut sur son initiative couronnée de succès auprès du sultan, qu’il parvint à faire venir l’ancien patriarche de Constantinople Niphon, en Valachie pour y réformer l’Église et la vie du peuple chrétien20. En revanche, le règne de Radu de la Afumati, qui affronta les Turcs à plusieurs reprises, fit face à une jacquerie et repoussa sans désemparer les partisans de son compétiteur Vladislav III, ne laisse guère de répit aux manifestations de piété inter-orthodoxes, si l’on excepte des donations à Chilandari et à Kutlumus, sur l’Athos21. J’ajoute que l’on ne connaît aucune charte de ce prince au profit du monastère de Dealu, alors qu’il résidait tout à côté, à Târgoviçte, d’où il délivra des diplômes à maints autres couvents de son pays22. Mais les informations roumaines relatives à ce saint de Bulgarie ne s’arrêtent point au testament de Grégoire de Sidè, Le sort de ses reliques se trouve être solidaire de celui même de la Valachie au début du xvne siècle. Pour replacer le lecteur dans le contexte des événements d’alors, on doit rappeler qu’après l’assassinat (9 août 1601) du prince Michel le Brave, le rassembleur de tous les territoires roumains, la Valachie connut plusieurs règnes princiers. Mais la politique d’affranchissement du joug ottoman, en alliance avec les chrétiens de toute confession, qui avait été celle de Michel, fut reprise par Radu-§erban (1602-1620, avec interruption depuis la fin-décembre 1610 jusqu’en juin 1611). Radu-§erban dut combattre Moïse le Szekler, prince de Transylvanie, qui avait trempé dans le complot qui avait été fatal à Michel le Brave : en dépit de l’aide turque et tatare, Moïse fut vaincu et perdit la vie en 1603. Mais Gabriel Bâthory, qui était monté sur le trône de Transylvanie depuis 1608, et rêvait de dominer aussi à l’est des Carpathes, profita de l’approche de Noël pour lancer une 20. P.$. Nàsturel, Recherches..., p. 71 et la bibliographie citée à la note 99. Sur les donations de Radu le Grand aux couvents athonites mon Aperçu critique..., passim. 21. La monographie de T. Palade, Radu de la Afumafi, Bucarest, 1939 demeure indispensable. Pour les liens de Radu de la Afumati avec l’Athos : D. Nastase, op. cit., p. 6 et note 1 (selon qui ce prince aurait également refait le katholikon de Lavra). 22. Voir le Corpus des documents de Valachie, passim.
SAINT SPYRIDON LE JEUNE DE TÀRNOVO 295 attaque brusquée contre la Valachie. Franchissant donc à l’improviste les cols enneigés, la soldatesque réunie autour de sa personne mit à feu et à sang le territoire envahi. Radu-§erban dut se réfugier dans la principauté voisine de Moldavie, le temps d’organiser son retour victorieux : sur le champ de bataille même, où en 1603 il avait anéanti le prince Moïse, le voévode valaque allait, dans l’été 1611, vaincre à plate couture Gabriel Bâthory et son armée, Entre-temps, les occupants avaient dépouillé bien des monastères et des églises, comme en font foi les documents du temps23. Et le métropolite Mathieu de Myres, le lettré grec devenu higoumène du monastère de Dealu, a consigné lui aussi les abominations, les homicides, les sacrilèges perpétrés sous la responsabilité de Bâthory : vols de vases sacrés, tortures infligées à la population de tout sexe et de tout âge, ainsi qu’aux prêtres et aux moines24. La désolation fut si grande qu’aujourd’hui encore l’église même du couvent Saint-Nicolas-de-la-Colline clame toujours sa protestation douloureuse. Ses façades en effet portent des inscriptions slavonnes peintes en rouge et qui, même corrodées par la dent des siècles, tiennent encore un langage édificateur pour notre sujet, car elles rendent l’écho même de l’invasion sauvage de 1610. Voici, en traduction française, ce que l’une d’elles nous apprend à point nommé. « L’an 7119 (= 1610), le 24 du mois de décembre, est venu Bator Gabor (= Gabriel Bâthory), l’ignoble voévode de Transylvanie, au Pays de Vala- chie et il a pillé tout le pays et il a souillé les églises [et il a arraché les objets en] métal et les vêtements [sacrés] des temples et [les tombeaux] il les a découverts de leurs pierres [... ? ...] à l’improviste il a fait aussi [détruire ?] les icônes [... ? ...] il a jeté et brisé aussi les reliques de saint Spyridon, à l’improviste /..../»25. Cette inscription, même mutilée, prouve qu’en 1610, soit un siècle après Radu le Grand, les reliques de saint Spyridon se trouvaient à Dealu. L’émo- tion qui fit consigner leur profanation par les mercenaires à la solde de Bâthory, atteste bien l’existence de leur culte. Sans doute ignorait-on déjà tout, ou à peu près tout, de la personne du saint hiérarque Spyridon. L’ins- 23. N. Iorga, Histoire des Roumains et de la romanité orientale, N, Bucarest, 1940, p. 480-483. 24. N. Iorga, Manuscripte din biblioteci streine (deuxième mémoire), « Analele Academiei Romane. Mem. Secf. Ist. », 2e série, t. XXI, 1899, p. 19-20. 25. R. Gioglovan, Inscripfii inédite de la mânâstirea Dealu, « Studia valachica», [II], Tîrgoviçte, 1970, p. 169 (la phrase relative aux reliques de saint Spyridon est la suivante : « ... izvïze i sadrovi i mosti s(vë)t(a)ga Spiridona, bez vësti... ». Les mots de la traduction placés entre crochets sont de notre cru).
296 MÉLANGES IVAN DUJCÉV cription slave du monastère Saint-Nicolas-de-la-Colline ne l’affuble même pas de son prédicat de « Nouveau ». Mais l’essentiel pour la masse des fidèles, à commencer par Radu le Grand, n’était-ce point que ce fût un saint, autrement dit un thaumaturge, c’est-à-dire avant tout un guérisseur des malades, un consolateur des affligés ? Mais revenons-en à saint Spyridon de Tàrnovo. Il convient de retenir le vague des informations que renferme l’acolouthie composée par Manuel de Corinthe, dont M. Vranoussis a extrait la quintessence. La seule indi- cation positive qu’elle semble contenir c’est sa qualité de hiérarque sous la dynastie des Assénides : ce détail chronologique nous cantonnerait aux années 1187 (début du règne d’Asan Ier)-1280 (fin de celui de Jean Asan III)26. A quelle époque, dans quelles circonstances les reliques de cet évêque ou même de ce patriarche de Tàrnovo furent-elles apportées au nord du Danube, en Valachie ? Rien ne nous l’apprend. Auront-elles été achetées à Constantinople ou ailleurs par un prince roumain (Radu le Grand) ? Comment le savoir ? Mais il ne faut pas non plus perdre de vue les conséquences de la chute de Tàrnovo au pouvoir des Turcs en 1393 et la destruction de l’empire bulgare et de son patriarcat : cette conquête, qui entraîna l’exil à Backovo du vénérable patriarche Euthyme de Tàrnovo et le repli en terre roumaine de bien des Bulgares, avec des trésors de leur vieille civilisation27, n’aura-t-elle pas occasionné la translation des reliques de saint Spyridon ? Car c’est bien ce qui se passa avec celles de sainte Philothée de Tàrnovo d’abord amenées à Vidin entre 1393 et 1396, avant leur transfert en Serbie, puis en Valachie28. A cela pourtant s’opposerait, semble-t-il, un argument a silentio : le patriarche Euthyme, qui nous a laissé les vies et les panégyriques de plusieurs saints de son pays, ne men- tionne rien au sujet d’un saint Spyridon de Tàrnovo29... De même qu’après tant de siècles d’oubli, à peine traversés par de maigres témoignages, les reliques 30 et la personnalité de saint Spyridon de Tàrnovo 26. G. Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, Paris, 1969, p. 603. 27. C’est le thème même de l’ouvrage classique de E. Turdeanu, La littérature bulgare du XIVe siècle et sa diffusion dans les Pays roumains, Paris, 1947. 28. E. Turdeanu, op. cit., p. 84-90. 29. Liste des œuvres d’Euthyme chez Turdeanu, op. cit., p. 70-114. Mais l’on est en droit de se demander si les écrits hagiographiques du patriarche bulgare se sont tous conservés. En effet, et à titre d’exemple, le Panégyrique de saint Jean de Polyvoton ne nous serait pas connu sans le manuscrit recopié en 1438 par le moine roumain Gavril Uric (cf. Turdeanu, op. cit., p. 113). Dans ces conditions il n’est pas absolument exclu qu’il ait existé aussi une Vie (disparue) de saint Spyridon de Tàrnovo... 30. Où sont aujourd’hui les reliques de saint Spyridon le Jeune ? au Patriarcat de Bucarest ? dans quelque couvent de Roumanie ? dispersées ? (On a vu, d’après le testa-
SAINT SPYRIDON LE JEUNE DE TÂRNOVO 297 commencent à piquer la curiosité des historiens, de même la réactualisa- tion de la question permettra, peut-être, à d’autres chercheurs de nous en apprendre plus long à leur propos. Si nous avons un vœu à émettre, c’est que le professeur Ivan Dujcev en personne, auquel nous lient près de trente années de la plus déférente amitié, ait, lui, le bonheur de ramener à la lumière d’autres témoignages illustrant la figure d’un saint évêque que, dorénavant, l’histoire des Églises bulgare et roumaine se doit de partager de compagnie avec celle des lettres grecques de tradition byzantine. Note additionnelle : On trouvera le facsimilé (autographe de Manuel de Corinthe) du début du canon en l’honneur de saint Spyridon le Jeune — ms. d’Iviron 512, f. 90r — chez L. Vranoussis, Les 'Conseils’ attribués au prince Neagoe ( 1512-1521 ) et le manuscrit autographe de leur auteur grec, dans « Actes du IIe Congrès International des Études du Sud-Est Européen (Athènes, 7-13 mai 1970) », tome IV (Linguistique et littérature), Athènes, 1978, planche I (photo droite), en regard de la p. 382. ment de Grégoire de Sidè, que l’on avait l’habitude au xvme d’en prélever des parcelles pour alimenter la dévotion de certains personnages). L’avenir, sans doute, nous l’appren- dra. A remarquer toutefois qu’elles ne figurent point au nombre des reliques conservées dans des châsses à inscriptions historiques ou d’intérêt artistique, signalées par la regrettée Corina Nicolescu, Argintâria laicâ religioasâ in Tàrile romane. Sec. XIV-XIX, Bucarest, 1968 ou Arta metalelor prefioase in România, Bucarest, 1973. Nous verserons enfin au dossier de saint Spyridon et du manuscrit d’Iviron renfermant son acolouthie un détail intéressant. En 1630, Iviron obtint à titre de métochion en Valachie, le monastère de Dealu, situation juridique annulée en 1641 (T. Bodogae, Ajutoarele româneçti la mânàsti- rile din Sfântul Munte Athos, Sibiu, 1940, p. 140). Est-il permis d’établir un lien entre la présence aujourd’hui à ce couvent athonite du codex qui contient l’Office du saint par Manuel de Corinthe et cette appartenance, aussi brève fût-elle, du monastère roumain aux moines d’Iviron ? Logiquement, le texte composé par le grand rhéteur dut, initiale- ment en tout cas, partager le sort des reliques qu’il concernait, autrement dit les accom- pagner à Dealu. Une dernière remarque : nous ignorons si les peintures du ménologe d’églises roumaines, et plus particulièrement de celles de Târgoviçte et de ses environs, renferment (à une date autre que celle du 12 décembre réservée à saint Spyridon de Tri- mithonte) l’image d’un saint Spyridon le Jeune. (Même question quant à la peinture bulgare). Mais nous devons signaler l’existence à Târgoviçte même d’une église placée sous le vocable de saint Spyridon. Lequel ? Vu que cette ville a aussi une église consa- crée à saint Niphon, il n’est pas du tout impossible que le saint dont un prince valaque puis le couvent tout proche de Dealu possédèrent les reliques, ait eu lui aussi les honneurs de la dédicace d’un édifice religieux, du moins à l’origine. Voir N. Stoicescu, op. cit., II, 1970, p. 642 (église Saint-Spyridon, dite aussi Lemnu, Bois ou, en vieux roumain, Arbre : avant 1810 il existait sur l’emplacement une église de bois sur fondations de maçonnerie : elle s’appelle aussi église de la Dormition, ou des Quarante Martyrs, et encore de Saint-Charalampe !). L’église Saint-Niphon, refaite, n’est pas classée : je l’ai visitée, il y a bien un quart de siècle.
A LATE FOURTEENTH-CENTURY RYZANTINE DIPLOMAT : MICHAEL, ARCHRISHOP OF RETHLEHEM Dimitri OBOLENSKY A remarkable feature of late Byzantine history is the rôle played by the Patriarchate of Constantinople as the spearhead of the Empire’s foreign policy in eastern Europe. This rôle was particularly marked in the second half of the fourteenth century. The policy of the Patriarchate in this area and period had two principal aims: to strengthen and extend its authority in countries which for long had been under its jurisdiction (such as Muscovy and other Russian principalities) or, like Lithuania, Poland and Moldavia, had sizeable Orthodox populations whom it was thought essential to attach more closely to the Byzantine Church; and to support and channel the efforts of the impérial government to obtain from those same countries military or financial aid in the face of the growing Turkish threat to Byzantium. The aim of this article is to consider the rôle played in Byzantium’s diplomatie activity in eastern Europe during the closing years of the fourteenth century by a man whose importance seems so far to hâve been barely noticed: Michael, Archbishop of Bethlehem. Our knowledge of his diplomatie career is derived almost solely from the records of the Byzantine Patriarchate which refer to three missions — in 1393, 1397 and 1400 — in which he played a leading rôle. The rest of his life is unknown. We cannot even be certain whether he ever occupied his see of Bethlehem which, in the second half of the fourteenth
300 MÉLANGES IVAN DUJCEV century, was in the hands of the Mamluks: the history of the Greek diocese of Bethlehem in the late Middle Ages is an almost total blank1. Presumably during the whole, or most, of the last decade of the fourteenth century he resided in Constantinople, ready to embark on his missions to eastern Europe and, when not abroad, took part in the sessions of the patriarchal œjmoSoç èvSyjfzoüoa. We know that he was a close friend and admirer of Cyprian, the Bulgarian metropolitan of Kiev and Ail Russia. Unless the two had met before 1370 either in Bulgaria or on Mount Athos, we must assume that their friendship was cemented during Cyprian’s visits to Constantinople, which occurred in c. 1370-3, 1375, 1379-80 and 1385-7. By 1397 at the latest Michael was a familiar figure in the courts of eastern Europe, and is said to hâve enjoyed the confidence of several rulers of that area. In the written instructions given to Michael in 1397 for his mission to Moldavia and Galicia the Patriarch Antony States that he « has a community and a kinship in dialect and language » with « the Christians of those lands »2. The Moldavians spoke Rumanian, but used Church Slavonie as their liturgical language; while the greater part of Galicia then belonged to the Kingdom of Poland, and its Orthodox com- munities likewise used Church Slavonie for liturgical purposes. Because of the Patriarch’s imprécise wording, we cannot exclude the possibility that the local language known to Michael was Rumanian; though, in view of his friendship with Cyprian and his repeated journeys to Muscovy, it is more likely to hâve been one of the Slavonie languages, either Church Slavonie or one of the vernacular longues, Polish, Ukrainian or Russian. The wording of the Patriarch’s statement would not, in my view, justify the belief that Michael himself was a Slav or a Rumanian. I. THE EMBASSY OF 1393 Of Michael’s three east European missions, the first one, planned by the Patriarch Antony IV in the summer of 1393 and initiated in the autumn or early winter of that year3, is much the best documented: we possess the text of seven documents, issued by the Byzantine Patriarchate, which 1. P.E.D. Riant, Etudes sur l’histoire de l’Eglise de Bethléem, I (Genoa, 1889), p. 11, note 2 ; II, ed. Ch. Kohler (Paris, 1896), pp. 79-81. 2. Acta Patriarchatus Constantinopolitani, ed. F. MikloSich and J. Müller, II (Vienna, 1862), p. 278 [cited hereafter as MM}. 3. J. Darrouzès, Le registre synodal du patriarcat byzantin au XIVe siècle. Etude paléographique et diplomatique (Paris, 1971), p. 125, note 34.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 301 Michael carried with him, and an eighth (a letter from the Patriarch to the Metropolitan Cyprian) is alluded to in one of the extant letters4. The most difficult to interpret is the first of the seven printed in the Acta Patriarchatus Constantinopolitani5. Entitled IIpoTpoKT) tû lepcordcTcp dcp^isTnoxoTrw ByjOXeép, and signed by the Patriarch, this « hortatory letter » (7tpoTpe7tT7)piov Ypàp.p,a) grants to Michael a number of spécifie ecclesi- astical prérogatives during his impending mission « to Russia (eîç ttjv 'Pcomav) ». These include the right to perform épiscopal fonctions « in our church bereaved of its own pastor (eîç èxxX-rçmav 7)p.eTÉpav ^Tjpeûouoav toü I8tou Koi.p(,évoç ) ». The identity and location of « our church» can be determined in the light of the following considérations. In the first place it is hardly possible to imagine that the Patriarch could hâve applied the epithet « widowed » to any diocese under the jurisdiction of the Metropolitan Cyprian: for the latter had the right, and indeed the duty, to fill himself, without reference to Constantinople, any vacancy which occurred on the territory of his metropolitanate : which, at least in the view of the Byzantine Patriarchate, covered at the time the whole of central and north-western Russia (including Muscovy and the Novgorod lands) as weil as the Orthodox communities in the Grand Duchy of Lithuania. The conclusion seems inescapable that the letters patent delivered to Michael of Bethlehem applied to the Orthodox metropolitanate of Galicia, which was then on Polish territory and owed allegiance to Constantinople. Antony, its incumbent, had died in 1391, and no suc- cessor acceptable to the Byzantine authorities had been appointed. The epithet « widowed » could thus appropriately be applied to this church by the Byzantine authorities in 1393. Moreover, the term 'Pcoota, used in this document to designate Michael’s mission field, sometimes served in the late fourteenth century as an abbreviation of Mixpà 'Pcoata, an expression commonly applied by the Byzantine Patriarchate in this period to Galicia6. Even the words sxx/.^olav 7)p.eTÉpav, used by the Patriarch, point to Galicia: for a Latin ecclesiastical organisation had recently been set up in that country by Pope Gregory XI7, which naturally appeared as a rival to the Byzantine metropolitanate. There were urgent and compelling reasons for the Patriarch to send 4. MM, II, p. 197. 5. Ibid., pp. 171-172. 6. See A.V. Soloviev, Le nom byzantin de la Russie (The Hague, 1957), pp. 20-23. 7. See K. Vôlker, Kirchengeschichte Polens (Berlin and Leipzig, 1930), p. 73 ; A.M. Ammann, Abriss der ostslawischen Kirchengeschichte (Vienna, 1950), pp. 107-108.
302 MÉLANGES IVAN DUJCEV a personal envoy to Galicia. It is probable that news had reached the Patriarchate by the summer of 1391 that King Jagiello of Poland was only waiting for the death of Metropolitan Antony to appoint a candidate of his own to the Orthodox see of Galicia. It was doubtless in order to forestall this eventuality that the Patriarch Antony IV in August 1391 gave the monk-priest Symeon the prospective right to administer the church of Galicia after the death of Metropolitan Antony, until a canon- ically consecrated bishop was appointed to succeed him by the Byzantine authorities8. The latter were clearly anxious not to be outmanœuvred by the Polish king, and to retain control over the metropolitanate of Galicia. Symeon was hastily pardoned for having, it seems innocently, accepted a bishopric from the bogus Patriarch Paul Tagaris9; and, as an extra précaution, the Patriarch Antony decreed that if Symeon were to die before a legitimate metropolitan of Galicia was appointed, two Rumanian noblemen, the voivode Balica and his brother Dragu, who owned a stauropegiac monastery in Maramureç (in northern Transylvania), would hâve the right to appoint Symeon’s successor as exarch of the Galician Church10. The Patriarch’s anxieties were weil founded. No sooner had the Metro- politan Antony died (in 1391) than King Jagiello resolved to fill the Galician see without waiting for the Patriarch’s approval. His choice fell upon John, Bishop of Lutsk, a town in Lithuania under Cyprian’s juris- diction. This blatantly uncanonical act caused Cyprian to protest to Constantinople. Jagiello countered this move by sending John to Byzan- tium, requesting the Patriarch to consecrate him metropolitan of Galicia. The Patriarch, unwilling to be rushed, decided to hold an inquiry. John, feeling no doubt that his case was a weak one, hurriedly left Constantinople. On being invited to return to appear before a synod, he declined on the grounds that the Galician church had been given him by the Polish king, its secular sovereign, and that he had also secured the Patriarch’s « blessing » for his new appointment. The first of these statements was true; the second, outrageously disingenuous: for by the term «blessing» (eùXoytav) 8. MM, II, pp. 157-158. 9. On this colourful character see D.M. Nicol, The Confessions of a bogus Patriarch: Paul Tagaris Palaiologos, Orthodox Patriarch of Jérusalem and Catholic Patriarch of Constantinople in the fourteenth century, « Journal of Ecclesiastical History », XXI (1970), pp. 289-299. Reprinted in the same author’s Byzantium: its ecclesiastical history and relations with the western world (London, 1972). 10. MM, II, pp. 156-157; cf. N. Iorga, Histoire des Roumains et de la Romanité orientale, III (Bucharest, 1937), pp. 245-260.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 303 John, who seems to hâve been something of a humorist, could mean no more than the customary greeting extended to ail Orthodox visitors to the Patriarchate. We learn these facts from another letter entrusted to Michael of Bethlehem by the Patriarch Antony, and dated October 1393. It is addressed to John’s immédiate superior, the Metropolitan Cyprian. Cyprian, the Patriarch commands, is to déposé the ambitious and insub- ordinate bishop, and to appoint another incumbent to the see of Lutsk11. We may hence conclude that in ail probability one of the duties assigned to Archbishop Michael in 1393 was to travel to Galicia, in order to persuade King Jagiello to withdraw his support from John of Lutsk and to accept a metropolitan appointed by the Patriarchate. We can be reasonably sure that Michael did go to Galicia during his first embassy. For in a document issued by the Patriarchate in 1397 on the occasion of his mission « to Russia (etç ttjv 'Pcoolav) » it is stated that he is going to that country for the second time (to SeÜTepov ) ; and his duties are there stated to include that of restoring order in the church of Galicia12. However, he clearly failed to persuade the Polish king : for the deposed John of Lutsk was in January 1397 still solidly entrenched in the metropolitan see of Galicia13. Two other Patriarchal letters, entrusted to Michael of Bethlehem in 1393, were addressed to the bishop, the city officiais, and the clergy and people of Novgorod14. This merchant republic, which owned extensive lands in the north of Russia, owed a tenuous allegiance to the Grand Prince of Moscow but was still to ail intents and purposes a sovereign State. Novgorod’s periodic conflicts with the Muscovite church were a thorn in the flesh of the Byzantine Patriarchate. In the last two décades of the fourteenth century the main issue involved the judicial rights of the Muscovite metropolitan over the church of Novgorod. The metropolitan 11. MM, II, pp. 180-181. 12. Ibid., p. 278. 13. Ibid., p. 281. 14. Ibid., pp. 177-180, 181-187. The editors of the Acta Patriarchatus Constantino- politani, following the arrangement of the folios in the manuscript, printed the two letters in the wrong chronological sequence. The correct order was restored by A.S. Pavlov, the Russian translater of these letters, who pointed out that the undated letter printed first in the Acta must hâve been written after the other one, which is dated September 1393, for it mentions an ambassador from Novgorod, who arrived in Con- stantinople after the September letter had been drafted : Pamyatniki drevne-russkogo kanonicheskogo prava: Russkaya Istoricheskaya Biblioteka, VI (St Petersburg, 1880), appendices, cols. 253-254.
304 MÉLANGES IVAN DUJCEV claimed the double prérogative of summoning Novgorodian clerics for trial in Moscow, and of visiting the city for one month at a time to collect judicial fees and taxes. Novgorod was one of the wealthiest of Russian towns, and these revenues must hâve been considérable. In 1385 the clergy and citizens rejected both the judicial prérogatives claimed by the metropolitan. Cyprian, on his appointment to the Muscovite see in 1390, inherited this conflict with Novgorod. An admonitory letter, written at his request by the Patriarch Antony to the Novgorodians, had no effect15. In 1391 Cyprian visited Novgorod, was received with honour, but was unable to persuade the citizens to recognize his judicial rights. He then excommunicated the Novgorodians and sent a written complaint about them to Constantinople. The Patriarch took the Novgorodian crisis very seriously. The « apo- stasy »16 of this powerful and wealthy land threatened to deprive Byzantium of its most reliable outpost in north-west Russia; the increasingly pro- Polish oiientation of the Grand Duchy of Lithuania, which bordered on Novgorod’s dominions, made it impérative to resist the advance of Roman Catholicism in this area. The Novgorodians, not to be outdone by their metropolitan’s punitive action, sent an embassy to Constantinople in 1393, reiterating, in stark terms, their demand for judicial immunity from Moscow. Inspired no doubt by earlier attempts of the Lithuanian rulers to blackmail the Byzantines by the threat of going over to the Roman Church, they now threatened, if their demands were not met, « to become Latins ».17 The défection of the church of Novgorod would hâve deprived the Patri- archate of an important source of revenue. In the second half of the fourteenth century contributions from Russia, in money and kind, were of great value to the bankrupt Empire, and a major portion of the funds collected in Russia by Byzantine agents could be expected to corne from Novgorod18. These diplomatie and financial préoccupations, as weil as evidence that the conflict between Moscow and Novgorod was beginning to assume 15. MM, II, 182; Sofiiskaya Pervaya Letopis’: Polnoe Sobranie Russkikh Letopisey, V (St Petersburg, 1851), p. 244; Voskresenskaya Letopis’, Polnoe Sobranie Russkikh Letopisey, VIII (St Petersburg, 1859), pp. 60-61. On Cyprian’s conflict with Novgorod see A.E. Presnyakov, Obrazovanie velikorusskogo gosudarstva (Petrograd, 1918), pp. 366-370; E. Golubinsky, Istoriya russkoy tserkvi, II, 1 (Moscow, 1900), pp. 306-319; A. Kartashev, Ocherki po istorii russkoy tserkvi, I (Paris, 1959), pp. 333-335. 16. MM, II, p. 188. 17. Ibid., p. 178. 18. See F. Ternovsky, Izuchenie vizantiiskoy istorii i ee tendentsioznoe prilozhenie v drevney Rusi, II (Kiev, 1876), pp. 15-16.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 305 ugly features19, may explain the fact that Michael of Bethlehem was accompanied on his mission by a high impérial official. This was Alexios Aaron, an oikeios of the ruling emperor, Manuel IL In late Byzantine society the oikeioi were influential officiais, serving usually the emperor, and often entrusted with important and confidential missions20. Michael and Alexios had been chosen to lead the embassy of 1393 jointly by the Emperor and the Patriarch21. Their task was to bring the Novgorodians to their senses by expounding the arguments contained in the letters of both. The impérial letters, which were no doubt entrusted to Alexios Aaron, are not extant22. As for the patriarchal missives, their tone is solemn and severe. Canon law is cited as a warning of the spiritual dangers incurred by those who, disobeying their bishop, fall into schism23. The excommunications against the clergy and people of Novgorod hâve, they are informed, been endorsed by the patriarchal synod24. The Novgo- rodians are warned that it would be a waste of their time to offer bribes to the patriarchate in the hope of having them lifted25. And the Patriarch solemnly déclarés to the « incorrigible » people of Novgorod (Xaoü àSiopOcorou) that he writes to them in his capacity as «universal judge of the world» (ô xaOoXtxoç vrjç otxoufzévzjç xpirzjç)26. Novgorod’s insubordination is mentioned again in another of Patriarch Antony’s letters, entrusted to Michael of Bethlehem in 1393. It is addressed to the Grand Prince of Moscow, Basil I, and is weil known for its éloquent exposition of the Byzantine doctrine of the emperor’s oecumenical author- ity27. In it the Patriarch administers two severe rebukes to the Muscovite 19. In 1393 war broke out between Muscovy and Novgorod. See L.V. Cherepnin, Obrazovanie russkogo tsentralizovannogo gosudarstva v XIV-XV vekakh (Moscow, 1960), p. 696. The Patriarch Antony was aware of this: MM, II, p. 180. 20. On the oîxeïoi in late Byzantine society, see J. Verpeaux, Les 'oikeioi'. Notes d'histoire institutionnelle et sociale, in « Revue des Etudes Byzantines », XXIII (1965), pp. 89-99; G. Weiss, Joannes Kantakuzenos — Aristokrat, Staatsmann, Kaiser und Monch — in der Gesellschaftsentwicklung von Byzanz im 14. Jahrhundert (Wiesbaden, 1969), pp. 143-145 and passim', Lj. Maksimovic, Vizantijska provincijska uprava u doba Paleologa (Belgrade, 1972), pp. 14-15, 18-19, 33, 35, 117. 21. MM, II, p. 186. 22. They are alluded to in MM, II, p. 195. 23. MM, II, pp. 182-185. 24. Ibid., p. 178. 25. Ibid., p. 187. 26. Ibid., pp. 184, 187. 27. Ibid., pp. 188-192. There are abridged English translations of the letter in E. Barker, Social and Political Thought in Byzantium (Oxford, 1957), pp. 194-196, and in J.W. Barker, Manuel II Palaeologus (1391-1425) : A Study in Late Byzantine States- manship (New Brunswick, N.J., 1969), pp. 105-110.
306 MÉLANGES IVAN DUJCEV ruler. The first amounts to the charge that Basil has been showing disrespect to the Patriarch and to his envoys28. The indictment, unfortu- natcly, is couched in vague language; but, if viewed in conjunction with the crisis in Novgorod’s relations with Byzantium, it suggests that in 1393 the Byzantine authorities were aware of the danger that the entire Russian Church might sever relations with Constantinople and lapse into schism29. The situation was equally grave on the political front. In the second, and more frequently quoted, half of Antony’s letter the Russian ruler is taken to task for disparaging the emperor, removing his name from the commémorative diptychs of the Russian Church, and declaring : « We hâve the church, but not the emperor»30. The Patriarch’s rebuttal of this expression of Muscovite nationalism, and the éloquence with which he supports his contention that « it is not possible for Christians to hâve the church and not to hâve the emperor», hâve aroused much admiring comment among historians of the later Empire31. Antony’s letter to Basil I mentions no Byzantine envoys to Russia; but after J. Darrouzès’ careful study of the manuscript32 there can be no doubt that it was written in 13933 3 and that it was entrusted to Michael of Bethlehem and Alexios Aaron. It is clear that the two ambassadors were assigned a mission, at once religious and political, of considérable importance and delicacy. To persuade the powerful Muscovite monarch, who had hardened his heart against Byzantium, to continue to recognize the authority of the Byzantine patriarchate and the emperor’s supranational suzerainty, required diplomatie ability of a high order as weil as real courage. The Byzantine envoys must hâve been weil informed about the « contempt » expressed, on the Patriarch’s showing, by the Muscovite authorities for his previous legates to Russia34. 28. MM, II, pp. 189-190. 29. In the event neither Muscovy nor Novgorod severed their canonical links with the patriarchate. The Novgorodians, however, remained adamant in their refusai to acknowledge the judicial rights of the Muscovite metropolitan. The Byzantine embassy to Novgorod is mentioned, though in a manifestly censored form, in a fifteenth- century Novgorod chronicle, s.a. 1394: « Michael, the bishop of Bethlehem, came from Constantinople, from the Patriarch Antony, and he brought to Novgorod two letters, with édification for Christians»: Novgorodskaya Pervaya Letopis', ed. A.N. Nasonov (Moscow-Leningrad, 1950), p. 387. 30. MM, II, p. 190. 31. See G. Ostrogorsky, History of the Byzantine State (Oxford, 1968), pp. 553-554; J.W. Barker, Manuel 11 Palaeologus, pp. 105-110. 32. J. Darrouzès, Le registre synodal, p. 125, note 34. 33. As J.W. Barker has rightly argued (pp. cit., pp. 109-110, note 31). 34. MM, II, p. 189.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 307 It seems that our intrepid ambassadors were at least partly successful in their double assignment. Certainly the danger of an ecclesiastical schism between Constantinople and Moscow, if it ever existed, was averted in 1393. As for the emperor’s name, it was soon restored to the diptychs of the Russian Church: for in a letter written between 1395 and 1406 by Metropolitan Cyprian to the clergy of Pskov he States that the emperor is commemorated liturgically in the churches of Moscow35. We cannot, however, be sure whether Michael and Alexios, or the Metropolitan Cyprian, were primarily responsible for bringing about this réconciliation. The names of Michael and Alexios figure again in the next letter of the sériés, addressed to Evfrosiny, archbishop of Suzdal’36. It concerns a complicated dispute between the archbishop and the Metropolitan Cyprian over two Russian towns, Nizhny Novgorod and Gorodets. The envoys hâve instructions to conduct a full-scale inquiry, and are given powers of arbitration and judgement ; while the archbishop is invited to cooperate fully with them and to supply them with the relevant documentation. The last letter in the sériés is, for the student of Byzantine diplomacy, the most interesting. Dated 29 October 1393, it is written in the form of a directive (ÛTtoTÛTrtomç ) from Patriarch Antony to Michael and Alexios, with detailed instructions on how they should conduct themselves during their mission to Russia37. These written directives were intended to supplément the oral briefing they had already received from the emperor and the patriarch; and they were to regard themselves as envoys of both. These rules of conduct were defined as follows: « We.. command you that above ail you should hâve spiritual unity and concord, as we hâve united you, and should préserve peace and love among yourselves, as we hâve many times (îroXXàxtç) enjoined you to do: for neither you, Archbishop, must ever say that you hâve been chosen by me, the Patriarch, or that you hâve a private letter (ypà^pta ’t'Siov) from me, or simply an oral message (?) xav Xoyov àTtXcüç) of which Aaron is unaware; nor must you, Aaron, say that you hâve been chosen and sent by my august and holy emperor, and that you hâve from him some private command, of which the archbishop of Bethlehem is unaware. We together, the holy emperor and I, hâve jointly chosen you, and ail that we had to say by letter and by word of mouth we hâve transmitted to you both, so that neither of you has anything private and secret, but everything is now held by you in common and Openly ». 35. Russkaya Istoricheskaya Biblioteka, VI (St Petersburg, 1880), col. 239. 36. MM, II, pp. 192-194. 37. MM, II. pp. 194-197.
308 MÉLANGES IVAN DUJCEV The two envoys are further instructed to keep together the letters which they hâve been given, and upon their arrivai in Moscow to hand over jointly (ol 8ûo) to the metropolitan and to the grand prince the letters addressed to them. « And whenever you see them, whether for the business for which you hâve been sent, or simply for a friendly talk in your capacity as envoys, either on your own initiative or by joint or separate invitation from the metropolitan and the grand prince, speak to them together; but let neither of you, under any pretext, see the grand prince or the metropol- itan alone». The letter then goes on to brief the ambassadors with regard to Novgorod and to the daims of the archbishop of Suzdal’. In Novgorod, before handing over to the city authorities the letters from the emperor38 and the patriarch, they were to address the town assembly (?) oûva^u; = veche). If the Novgorodians were able, as they claimed to be, to produce im- périal chrysobulla and patriarchal sigillia in support of their cause, the ambassadors were to make word-for-word copies of these documents (rà fera toûtcov aùroXe^et) and bring them back to Constantinople. The same procedure was to be adopted over the daims of the archbishop of Suzdal’. The letter ends with a cryptic reference to a (non extant) letter which, the patriarch States, he is writing to the Metropolitan Cyprian, to remind him of his duties towards the emperor; and the envoys are urged to continue the good work by persuading Cyprian « to repay the holy emperor the debt he owes him for the favours (ràç eûepyetrtaç) he has received [from the emperor] previously and now ». The instructions issued by the Patriarch Antony to Michael of Bethlehem and Alexios Aaron are clearly of great interest to the student of Byzantine foreign policy. It is surprising that they hâve, so far, been largely ignored by historians39. Byzantine embassies often enough included ecclesiastical and secular officiais. It seems likely, however, that this professional dualism at times diminished the embassies’ efficiency and laid them open to certain dangers. The patriarch’s admonition to Michael and Alexios suggests that there had been cases when the secular and the clérical envoy 38. These pacü.izà Ypàp.p.aTa carried to Russia by Michael and Alexios (MM, II, p. 195) are not extant. 39. The Soviet scholar I.P. Medvedev has drawn attention to the importance of this patriarchal ÔTTOTdmaau; ; his main interest, however, is centered on the evidence which this document provides on contemporary Byzantine diplomatie: Reviziya vizan- tiiskikh dokumentov na Rusi v kontse XIV v., in « Vspomogatel’nye istoricheskie distsipliny » [Akademiya Nauk SSSR, Otdelenie istorii, Arkheograficheskaya Komissiya, Leningradskoe otdelenie], VII (1976), pp. 289-297.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 309 of Byzantium had each received secret instructions which he had failed to divulge to his colleague. Each could presumably hope thereby to enhance his standing: the impérial ambassador could boast of being the bearer of confidential political messages ; while the patriarch’s représentative, at least in the late Middle Ages, might expect to enjoy a greater prestige in the courts of eastern Europe than his secular colleague. Such divisive behaviour would scarcely hâve facilitated the negotiations; and the Russians in 1393 may weil hâve been tempted to play off against each other the archbishop of Bethlehem and the emperor’s oikeios. Had not the Muscovite ruler recently declared: « we hâve the church, but not the emperor»? No wonder that the Patriarch Antony felt obliged to warn the Byzantine envoys to avoid compromising situations in which the one could be played off against the other. This, no doubt, was particularly important when they were faced with the task of persuading Basil I to restore in churches of his realm the practice of commemorating the emperor’s name40. Another curious feature of this letter is the patriarch’s repeated injunction to his envoys to make accurate copies of ail official Byzantine documents produced by the Russians, and to bring them back to Constantinople. One might hâve expected such copies to be available in the impérial or patriarchal chancelleries. It seems, however, that in this period, whether out of carelessness or because of lack of funds, copies of such documents were not always made at the time of composition41. Sometimes no doubt, when copies were available in Constantinople, it was thought désirable to check the accuracy or the genuineness of the documents produced by the Russians in support of their daims42. The mission of Michael of Bethlehem and Alexios Aaron to Muscovy, Novgorod and Galicia43 in 1393 was clearly of great ecclesiastical and 40. Presumably Michael and Alexios were also given oral instructions urging them to persuade the Metropolitan Cyprian to stand firm in defence of the emperor’s oecumen- ical authority. This seems to be implied in the written instructions they were given to urge Cyprian to repay the debt of gratitude he owed to the emperor: MM, II, p. 197. 41. See E. Gerland, Das byzantinische Registerwesen, in « Archiv für Urkunden- forschung», XIII (1935), pp. 32, 38; J. Darrouzès, Recherches sur les 6<p<pixux de l Eglise byzantine (Paris, 1970), p. 463; I.P. Medvedev, op. cit., pp. 294-297. 42. Medvedev, op. cit., pp. 296-297. 43. There is no direct evidence that Alexios accompanied Michael to Galicia. It seems improbable, however, that the two leaders would hâve parted company before e mission was completed; and the presence of an experienced impérial official would ave been helpful to the archbishop of Bethlehem during his negotiations in Galicia W|th King Jagiello of Poland.
310 MÉLANGES IVAN DUJCEV political importance. As far as we can judge from the somewhat inadéquate evidence, it miscarried in Galicia, partially failed in Novgorod, but was successful in Muscovy. The eight patriarchal letters which the two envoys carried with them are striking evidence of the range of activity of the Byzantine Church in the closing years of the fourteenth century. When added to the impérial missives with which they were also entrusted (and which are not extant) they must hâve formed an impressive portfolio. IL THE EMBASSY OF 1397 On his second embassy to eastern Europe Michael of Bethlehem was sent to Moldavia and Galicia. It is possible, though by no means certain, that he went to Moscow as weil44. We do not know whether this time he was accompanied by a secular colleague; but in view of the important political aspect of his mission it seems likely that an impérial official of high standing was, as in 1393, attached to Michael’s embassy. We possess the text of three letters entrusted to Michael by the Patriarch Antony in 1397. The first one has the superscription « Injunction (è'vraXfia) given to the Archbishop of Bethlehem, departing to Russia for the second time»45. The area of his mission is defined as « Mavro- vlachia», and Galicia. The term 'Maupo^Xa/ta’, at the turn of the fourteenth century, was commonly used to dénoté Moldavia46. The situation of the Orthodox Church of Moldavia in 1397 was a tangled 44. One of the letters entrusted to Michael by the Patriarch in 1397 is addressed to Metropolitan Cyprian. It is clear from the wording that the two were expected to meet (MM, II, p. 284). The natural venue for such a meeting was Moscow, Cyprian’s place of résidence. It is possible, however, that the meeting took place in Lithuania or Poland. We know from Russian chronicles that Cyprian visited his Lithuanian diocèses sometime between 1396 and 1398. The date varies in different chronicles: 1396: Voskresenskaya Letopis', Polnoe Sobranie Russkikh Letopisey, VIII (St Petersburg, 1859), p. 69; 1397: Nikonovskaya Letopis', ibid., XI (Moscow, 1965), p. 166; 1398: M.D. Priselkov, Troitskaya Letopis' (Moscow-Leningrad, 1950), p. 449. The correct date is presumably 1396, since in January 1397 the Patriarch Antony wrote both to Cyprian and to Jagiello in reply to their joint proposai for a church council, no doubt made after a Personal meeting: see below, p. 313. 45. MM, II, p. 278. 46. See MM, II, pp. 223, 241,257, 278, 519. Alternative synonyms were 'l’waoSXa/ia (MM, II, pp. 241-245, 494) and, by the early fifteenth century, MoXSopXa/ia (MM, II, pp. 528-533). See E. Stànescu, L'unité du territoire roumain à la lumière des mentions extérieures. Le nom de 'Valachie' et ses sens, in «Revue Roumaine d’Histoire», VII (1968), pp. 886-887; idem, Byzance et les pays roumains aux IXe-XV" siècles, in « Actes du XIV' Congrès International des Etudes Byzantines », I (Bucharest, 1974), pp. 419-420.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 311 and unhappy one. For the past ten years Moldavia had been under Polish suzerainty47. The Moldavian rulers wished to see their church governed by primates of local Rumanian origin. The Patriarchate of Constantinople, to which the Moldavian church was subordinated, was equally determined to nominale its own candidates — preferably Byzantine clerics — and, in general, to resist the tendencies of local rulers to propose their own candidates for high ecclesiastical offices48. Matters came to a head in the 1390s. Probably shortly before his death in 1391, Antony, metropolitan of Galicia, without recourse to his ecclesiastical superior, the Patriarch of Constantinople, consecrated two bishops, Joseph and Meletios, for the Moldavian church49. This act, undoubtedly carried out at the request of the Moldavian ruler Peter I Mu?at (c. 1376-92), was the cause of an acute conflict between Constantinople and Suceava, which continued for some ten years. A brief and abortive visit to Moldavia by Theodosius, envoy of the Patriarch50, was followed by the appointment (probably in 1394) by the Byzantines of the Greek Jeremiah as metropolitan of Moldavia51. The Moldavian authorities refused to accept him, and expelled him from the country. Jeremiah then excommunicated Bishops Joseph and Meletios and the entire Moldavian nation, including the dead. This excommunication was confirmed by the Patriarch of Constantinople52. In 1395 an attempt to mend the breach was made by the Moldavian ruler Stephen I (1394-9). He sent the Moldavian archpriest Peter to Constan- tinople with the request that the two bishops be confirmed in office, and the excommunications lifted. This the Patriarch Antony refused to do. He did, however, show some willingness to compromise: he appointed Peter as his exarch in Moldavia, with wide administrative powers, and in a letter to Stephen I expressed his willingness in principle to appoint 47. See A.-D. Xénopol, Histoire des Roumains, I (Paris, 1896), p. 214; N. Iorga, Histoire des Roumains, III, p. 312; $. Pascu and others, Istoria Medie a României, I (Bucharest, 1966), pp. 159-61. 48. The grounds for the struggle between the Patriarchate and local authorities over the right to nominale candidates for such offices are discussed in D. Obolensky, Byzan- tium, Kiev and Moscow: A Study in Ecclesiastical Relations, in « D.O.P. », XI (1957), pp. 40-42; reprinted in the same author’s Byzantium and the Slavs: collected studies (London, 1971). 49. In a patriarchal document of 1401 we are told that Metropolitan Antony conse- crated Joseph as ÈTrlazoTroç MoXSopXa/îaç {MM, II, p. 531). Meletios is mentioned as Joseph’s colleague as early as 1395 {ibid., p. 244), and it is natural to assume that both bishops were consecrated by Antony. 50. MM, II, p. 531. 51. Ibid., pp. 528-532. 52. Ibid.
312 MÉLANGES IVAN DUJCEV Peter metropolitan of Moldavia and to lift the excommunications, provided that the two « pseudo-bishops », whom he described as « thieves, adulterers and robbers», were removed from office53. This proved unacceptable to Stephen, unwilling to part at least with Bishop Joseph, who was his relative54. The schism remained unhealed; nor did the dispatch to Moldavia, in the autumn of 1395, of the metropolitan of Mytilene, with an impérial, as weil as a patriarchal, commission, appear to help matters55. It was at this point that the Patriarch Antony decided to send Michael of Bethlehem to Moldavia as his exarch. His instructions were to persuade the local authorities to expel the uncanonical clerics from the country and to restore communion between the Moldavian Church and the Patriarchate56. We know from a letter written in 1401 to the Patriarch by the Moldavian ruler that Michael did go to Moldavia, where he made himself unpopular by what seems to hâve been a high-handed demand that the Metropolitan Jeremiah (who had laid the country under an interdict in 1394) be acknowledged as the local primate57. His mission to Moldavia was unsuccessful, and it was not until 1401, under a new Moldavian ruler, Alexander the Good, and a new oecumenical patriarch, Matthew I, that the lengthy conflict between Suceava and Constantinople was ended by the Patriarch’s decision, subject to certain, mainly formai, conditions, to recognize the controversial bishop Joseph as metropolitan of Moldavia58. Michael’s duties in Galicia were to negotiate with its sovereign, King Jagiello of Poland. These duties, some ecclesiastical, others political, are defined in a letter from the Patriarch Antony to Jagiello, dated January 53. Ibid., pp. 243-244. 54. Ibid., p. 529. 55. Ibid., pp. 256-257. N. Iorga {Histoire des Roumains, III, p. 374) mistakenly States that both the metropolitan of Mytilene and Michael of Bethlehem lifted the excommunications against the Moldavians and recognized Joseph’s canonical status. Two documents issued by the Patriarch Matthew I make it clear that these two events occurred only in 1401 : MM, II, pp. 528-533. 56. MM, II, pp. 278-280. 57. This at least is my reading of the words of the Moldavian ruler Alexander the Good, cited by the Patriarch in his reply to him: k<£Xiv ^X9ev ô BTjQXeèp., xal oloq 9éXei xaTaTtaveî tt;v 7)p.ù>v èxxXïjaiav, xal Soxeï, oti ^xop.ev èmaxortov, xal oùx ê^o[zev : MM, II, p. 531. The resentment discernible in this judgement suggests that Michael had been less than adroit in his dealings with the Moldavian government. 58. MM, II, pp. 528-533. Cf. Arseny, Bishop of Pskov, Issledovaniya i monografii po istorii Moldavskoy Tserkvi (St Petersburg, 1904), pp. 20-25. The acceptance by the Byzantine authorities of a primate of local origin, and one who had been consistently opposed by the Patriarchate, was a signal triumph for the Moldavian ruler. It is probable that the Wallachian ruler Mircea the Old acted as mediator between the courts of Suceava and Byzantium. See Iorga, op. cit., III, p. 375.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 313 139759. The ecclesiastical mission was concerned with the metropoli- tanate of Galicia. The egregious John of Lutsk was still in uncanonical occupation of this see, under Jagiello’s protection. Antony, so irrecon- cilably opposed to this ambitions prelate in 1393, now showed a willingness to compromise. He agreed to recognize John as metropolitan of Galicia, provided he obtained pardon and absolution from his immédiate superior as bishop of Lutsk, the Metropolitan Cyprian. Otherwise, the Patriarch stated, he would be prepared to accept another candidate put forward by the Polish king: the archbishop of Bethlehem (who presumably was to vet the candidate) would then bring him to Constantinople for consécra- tion. If the king were unable lo produce a suitable candidate, the Patriarch undertook to find a Greek one acceptable to Jagiello. The outcome of these proposais is unknown: it is certain, however, that by February 1398 John had still not been accepted as metropolitan of Galicia by the Byzantine Patriarchate60. The Patriarch’s letter to Jagiello is in the main concerned with weightier and more urgent matters than the tenure of the Galician see. It is a reply to a (non-extant) letter from Jagiello, in which the king, jointly with Metropolitan Cyprian, proposed the convening of a church council, presumably on Lithuanian territory, with the aim of reuniting the Byzantine and the Latin churches. The Patriarch had received a similar requcst from Cyprian; and the third letter entrusted to Michael of Bethlehem is his reply to the metropolitan of Russia61. The two patriarchal letters are similar in content: Antony shows a cautious interest in the project, but points out that neither the time nor the place proposed is suitable. Byzantium’s military position was indeed at that time precarious: a few months earlier (on 25 September 1396) the Christian forces had been routed by the Turks at the battle of Nicopolis, and Constantinople had been under siégé by the Sultan Bayazid since 139462. The blockade alone made the summoning of such a council impossible. Only let the kings of Hungary and Poland organize another crusade against the Turks : 59. MM, II, pp. 280-282. 60. On that date the indefatigable John of Lutsk wrote to King Jagiello, offering him a sum of money (two hundred Russian grivny) and thirty horses in exchange for his récognition as metropolitan of Galicia: Akty, otnosyashchiesya k istorii Zapadnoy Rossii, I (St Petersburg, 1846), no. 12, p. 27. 61. MM, II, pp. 282-285. Part of the letter has been translated into English by J.W. Barker, Manuel II Palaeologus, p. 152. 62. For the dating of this siégé, see Barker, op. cit., pp. 479-481.
314 MÉLANGES IVAN DUJCEV then, says the Patriarch, a council could be held, for the roads will be open. It is with justice that John Barker, commenting on this letter, observes : « This passage makes clear that the Byzantines regarded [church] union as the cart and aid as the horse, and that they had very strong opinions as to which should corne first»63. It is clear from the Patriarch’s two letters that Michael’s embassy of 1397 was entrusted with the negotiations with the king of Poland, whose aim was to obtain military relief for the beleaguered Byzantine capital. Whether or not a secular diplomat was attached to the embassy, there is no doubt that Michael represented not only the patriarch, but also the emperor64. Some of the messages he was carrying were so confidential that they were not consigned to writing65. It seems that Michael’s embassy to Poland was no more successful than his mission to Moldavia. The Byzantine plans for a Polish-Hungarian crusade against the Turks were still-born. Perhaps the only tangible outcome of the mission of 1397 was the dispatch to Constantinople of a considérable sum of money, collected in Russia andLithuania in 1397-866. It was a meagre resuit. III. THE EMBASSY OF 1400 Michael of Bethlehem’s last recorded mission to eastern Europe was his embassy to Russia in 1400. We learn of it from a letter written, probably early in 1400, by Matthew I, Patriarch of Constantinople, to Metropolitan Cyprian67. Its purpose was to persuade the Russian primate to embark on another fund-raising campaign in aid of Constantinople, still besieged by Bayazid I. Michael was instructed to cooperate in this venture to the limit of his powers. It is apparent from a marginal note in the manuscript that at first he alone was appointed to head this mission, but at a later stage two high-ranking officiais of the Empire, both relatives 63. Ibid., p. 151. On this project of union see also Golubinsky, op. cit., II, 1, pp. 337-339; Presnyakov, op. cit., p. 370; O. Halecki, La Pologne et l’Empire byzantin, in «Byzantion», VII (1932), p. 49; Kartashev, op. cit., I, pp. 336-337. 64. êp’/ETat oùv (xùt60i où 8tà ôpeÇw aÙToü, àXXà 8ià Tàç SouXeiaq Tyjç p.eyàX7)Ç èxxX-qaiaç, ’évi 8è xai toü paaiXécoç toü ayiov : MM, II, p. 281. 65. Ibid., pp. 282, 284. 66. See F. Dôlger, Regesten der Kaiserurkunden des ostrômischen Reiches, V (Munich, 1965), p. 85, no. 3267; D. Obolensky, A Byzantine Grand Embassy to Russia in 1400 in «Byzantine and Modem Greek Studies», IV (1978), p. 125. 67. MM, II, pp. 359-361.
MICHAEL, ARCHBISHOP OF BETHLEHEM 315 of the Emperor Manuel II, Constantine Rhales Palaiologos and Théodore Palaiologos Kantakouzenos, were added to the embassy’s personnel68. We do not know why the Byzantine authorities decided, at the last minute, to reinforce the embassy in this manner. Perhaps, in the light of the failures of the 1397 mission, they had corne to distrust Michael’s diplomatie abilities. The Patriarch’s letter contains a noteworthy statement. In furtherance of his fund-raising campaign, the Metropolitan Cyprian was to assure his Russian flock that it was more important to contribute money for the defence of Constantinople « than to perform works of charity, to give alms to the poor, and to redeem prisoners »69. We do not know whether the duty of expounding this remarkable doctrine was entrusted to the archbishop of Bethlehem, or whether it was delegated to his two secular colleagues. The outcome of this embassy is also unknown. Our final verdict on the achievements of Michael of Bethlehem as a diplomatist must, it seems, remain a cautions one: we know too little about the results of his embassies of 1393, 1397 and 1400. Of his energy, courage and dévotion to duty there can be no doubt. In an âge when eastern Christendom was threatened with disaffection and schism, his name deserves to be remembered — alongside that of his distinguished friend, the Metropolitan Cyprian — for the contribution he made to the maintenance of the unity of the Byzantine Commonwealth. The story of his missions to Moldavia, Galicia and Russia enlarges our knowledge of the ecclesiastical and political history of eastern Europe in the last decade of the fourteenth century. And it provides an example of the vigour, coolness and resourcefulness displayed by the authorities of the Byzantine church and State at a time when the continued existence of the Empire seemed to hang in the balance. 68. D. Obolensky, «A Byzantine Grand Embassy», pp. 126-132. 69. MM. II, p. 361.
IIopvixT] V) twv BouAyapcov Joseph PARAMELLE «Bulgarie (note sur un hiver en)» : c’est cette mention, dans l’index admirablement détaillé du seul volume actuellement paru du catalogue du Supplément grec de Paris1, qui a attiré mon attention sur le cod. 1202 de ce fonds. Mon espoir a été déçu d’y trouver, sous forme de chronique brève, la moindre contribution à l’histoire climatique des Balkans, voire à l’histoire économique (tels ces curieux détails sur la disette qui sévit « dans toute la Roumélie » au début de 1576, avec l’évolution du prix des grains entre mars et mai, dans un manuscrit de Chalki2) : néanmoins, le texte de ces vingt lignes, dont le déchiffrement est parfois malaisé et dont l’interprétation reste en grande partie conjecturale, m’a paru mériter d’être soumis au Professeur Dujcev : spécialiste des relations entre Byzance et la Bulgarie, mais aussi connaisseur averti de la culture byzantine sous tous ses aspects, à ce double titre il jugera du bien-fondé des hypothèses, un peu hasardeuses sans doute, au prix desquelles j’ai cru reconnaître, dans ce specimen particulièrement abscons d’une rhétorique presque dépourvue de toute coordonnée spatio-temporelle, les débris ou les ébauches d’exercices rhétoriques qui présenteraient cette originalité de reposer sur une œuvre 1. Bibliothèque Nationale. Département des manuscrits. Catalogue des manuscrits grecs. Troisième partie, le Supplément grec. Tome III, Nos 901-1371, par Charles Astruc et Marie-Louise Concasty, Paris 1960. 2. Cod. 45 de l’ÉcoIe Théologique, actuellement au Pariarcat Œcuménique, f. 91v (93v) ; on trouvera le texte de cette notice dans l’introduction de Mgr. Basile Krivochêine à son édition de Symeon le Nouveau Théologien, Catéchèses, vol. I (coll. Sources Chrétiennes 96), Paris 1963, p. 74.
318 MÉLANGES IVAN DUJCEV presque contemporaine de l’auteur, à savoir VAlexiade. Si donc, au terme d’une recherche guère moins sinueuse que la pensée ou le style du texte étudié, nous aboutissons bien à vérifier et à préciser le raccourci un peu rapide du Catalogue, tel que nous l’avons cité en commençant, et à établir un rapport réel, bien que purement livresque, entre ce texte et l’hiver, ou plutôt la « neige hors de saison» qui recouvrit en septembre 1059 les environs de Lovée, un aussi mince résultat ne méritera sans doute jamais de figurer dans les Fontes Historiae Bulgaricae : que cependant le Professeur Dujcev agrée l’hommage paradoxal de cette épithète malsonnante décochée, par un obscur magister byzantin, sans doute contemporain du second Empire bulgare, à l’adresse des redoutables voisins du nord. * * * Le manuscrit de la Bibliothèque Nationale, Supplément grec 1202, est un recueil factice qui a appartenu à la collection d’Emmanuel Miller ; il groupe des fragments de huit ou neuf manuscrits différents, entre le xme et le xve siècle3. Les deux premiers de ces fragments, qui au jugement de M.-L. Concasty « proviennent peut-être du même manuscrit », comprennent respectivement dix et deux feuillets de papier oriental, la plupart en mauvais état, où l’on peut reconnaître le travail de plusieurs copistes du xive siècle : M.-L. Concasty distingue quatre mains pour « les principaux textes » du fragment I — sans compter les textes ajoutés dans des espaces vides, tel le nôtre, ouvrage d’ailleurs d’une main contemporaine —, et un cinquième copiste pour le fragment II (dont personnellement nous croyons déjà reconnaître la main dans le fragment I, au sommet du fol. 64). Par leur 3. Dans le Catalogue précité, la description de ce manuscrit (p. 375-380) est l’œuvre de la regrettée M.-L. Concasty. 4. Il faut en effet corriger sur un détail la description du Catalogue : le petit florilège profane qui commence au f. 4 s’achève au bas du f. 5V, comme l’indiquent le signe terminal nettement visible et la fin de ligne laissée en blanc, et comme le confirme la comparaison avec l’éd. Walz citée par M.-L. Concasty. Les sept lignes qui occupent le sommet du f. 6 (inc. <ü>âaav xaxtav ÈStSaÇev ï) àpyîa) se distinguent du florilège qui précède, non seulement par l’écriture — même si elle paraît bien contemporaine —, mais par le contenu : elles consistent en extraits d’un développement édifiant, exhortation à la vertu et au travail adressée à « la jeunesse», œuvre d’un chrétien (au début de la ligne 3, on reconnaît une citation implicite de Matth. 11, 7), qui pourrait bien appartenir au même ensemble, qui en tout cas se rattache certainement au même genre pédagogique, que le texte du « frag- ment II» (ff. 11 et 12). —On peut ajouter, à propos du florilège des ff. 4-5v, qu’il est sommairement analysé (d’après l’édition Walz) par C. Wachsmuth, Studien zu den grie- chischen Florilegien (Berlin 1882), V Gnomologium Byzantinum èv tÆw ATjpioxpiTou ’IooxpdcToup ’Emxoùpou, p. 163 : même si le ms. de Paris ne représente qu’un témoin
IIopvtXT] 7] tcûv BouXyàpcov paoÙÆia 319 allure, ces diverses écritures ne dénotent pas seulement une même époque ___que, pour notre part, nous préciserions volontiers en parlant plutôt de la première moitié du xive siècle —, elles évoquent un même niveau de culture, un même milieu : celui de ces érudits, ou plus simplement (à en juger par les lapsus, qui ne sont pas rares, et l’orthographe, parfois hési- tante) de ces professeurs, d’un niveau dans le cas présent assez modeste, qui à partir des dernières décades du xme siècle ont produit ou reproduit en abondance schédographies, miscellanea de grammaire et de rhétorique, scolies de toute espèce. C’est bien à cette littérature que se rapportent, à un titre ou à un autre, les textes que M.-L. Concasty a identifiés dans ces douze folios, soit (ff. 4-5v) le florilège mentionné ci-dessus, (ff. 7-8v) une recension inédite, ici anonyme, de la Schédographie de Manuel Moschopoulos, (ff. 8V-9V) de brefs extraits de la correspondance de Grégoire de Nazianze, ce modèle par excellence du beau style et particulièrement du style épistolaire, (f. 10) trois fables d’Esope et (ff. 1 l-12v) un texte acéphale et mutilé de la fin, « réponse d’un maître (Psellos ?)5 aux difficultés de son disciple», avec une enfilade de sentences, la plupart en vers politiques. S’y ajoutent, soit dans les ff. 1-3V, sans doute les anciens folios de garde du même manuscrit d’après M.-L. Concasty, soit sur des bas de folios primitivement laissés en blanc, plusieurs additions contemporaines, qui par leur caractère s’accordent bien avec l’image qu’on peut se faire du recueil auquel ont appartenu tous ces folios, du genre de préoccupations qui expliquent qu’on l’ait compilé, du genre d’intérêt qu’il a pu nourrir, du milieu où il a dû être conservé et enrichi : prières variées — ceci n’a rien de caractéristique, mais ici l’invocation chère aux hésychastes devient prétexte à analyse grammaticale —, énigmes ou oracles en vers extraits de l’Anthologie, enfin, au bas du f. 9V, le texte qui nous inté- resse et que M.-L. Concasty résume en ces termes : « deux courts fragments, indirect du Gnomologium de Wachsmuth, il mérite sans doute par sa date (et par plusieurs de ses leçons, dans les passages où le ms. florentin utilisé par Walz apparaît fort corrompu) de prendre place à côté de ceux qu’a signalés Marcel Richard, comme un témoin de la large diffusion qu’a connue à l’époque byzantine cette anthologie de la plus haute sagesse profane : voir M. Richard, «Rapport sur la quatrième mission d’études en Grèce», Bulletin de l’I.R.H.T., 7 (1958), p. 40 (reproduit dans : Opéra minora, Turnhout-Leuven 1977, t. III, n° 76). 5. Même présentée de façon aussi prudente, l’attribution n’est pas seulement gratuite, elle nous paraît absolument exclue par la platitude et le simplisme du texte : il est vrai que le nom de Psellos a couvert tant de marchandises, dans le vaste domaine de cette production pédagogique, qu’on ne saurait exclure l’éventualité où la découverte d’un témoin complet du même texte, portant ce nom d’auteur, autoriserait à l’enregistrer comme « Pseudo-Psellos ».
320 MÉLANGES IVAN DUJCEV le premier concernant une rivalité entre belle-mère et bru, le second relatif aux rigueurs d’un hiver à la frontière bulgaro-grecque ». Ces préliminaires paraîtront un peu longs pour un texte aussi bref, et que le lecteur jugera sans doute assez insignifiant. A nous attarder ainsi au contexte, à y flâner, il nous a semblé gagner autre chose encore qu’une accoutumance à ce genre d’écriture menue, hérissée d’abréviations parfois drastiques, celle d’un homme entraîné à écrire beaucoup et vite, mais non d’un professionnel qui produit des copies pour le public — et cet exercice nous a été utile, en dépit de la pluralité des mains, pour nous permettre de déchiffrer complètement notre texte — : cette curiosité a été aussi une voie d’accès à la compréhension de ce texte et de ce que j’oserais appeler son Sitz im Leben. Dans le fatras de modèles, de notes, de brouillons peut-être, que devait constituer le recueil dont nous avons ici des débris — tous élé- ments en rapport avec l’enseignement de la grammaire et d’une rhétorique assez élémentaire, ainsi qu’avec l’éducation morale et religieuse (mais nulle- ment « théologique ») qui en est à Byzance inséparable —, rien assurément n’appelait la présence d’une notice d’intérêt purement historique ou anec- dotique : au contraire, si les extraits que l’on va lire ont été insérés dans un tel dossier par un lecteur sans doute de très peu postérieur, à en juger par l’écriture, un lecteur qui devait être encore un utilisateur, c’est très probable- ment comme un modèle de style, — un modèle ou un exercice, en tout cas un texte dont l’origine est à chercher dans les procédés d’enseignement que Byzance a hérités de l’antiquité. Pour se faire une idée du foisonnement et de la monotonie à la fois de cette littérature d’^Ooraxtai. et autres 7rpoyup(.và<7p(.aTa, il suffit de feuilleter les commentaires d’Hermogène, échelonnés depuis Aphthonios d’Antioche (ive siècle) jusqu’à Matthieu Kamariotès (fin du xve siècle), qui occupent les deux premiers volumes des Rhetores graeci de Walz. A prendre au hasard quelques échantillons de cette production, combien de fois réussirait-on, sans le secours du titre, à deviner quel épisode de l’antiquité classique ou I. My|T/)p xal VL»{j.cpTQ, xal ÇrjXoç pD)Tpi.x6ç re xal wptcpixàç, cpcoacpopco Tivl KpOrpOKY) TOÜ KpCÛTO'J TjXloU TOÜ VO7]TOÜ p.ï)Tp(.X<ô<; Xal VUp.Cpi.X<ôç CÛÇ ulû xal vupicplco éxaTÉpcoç Kap’ éxaTÉpcov acpcomcopiévai., ÇyjXoTUKOüoai. ^/)XoTU7roôp.evai., Oeoü Kpovola vüv xaTaXXzjXcoç xàç à^laç à7roXap.pàvou<7i.. 1 (XïjTpixcôç ... wjpupixôiç S 3 Ttap’ éxaTépùiv nos : TtapexaTÉpox; S
IIopvixT] 7] tcov BouXyàpcov paaiXaia 321 de la fable, quelle situation extrême ou paradoxale, a servi de prétexte à l’amplification rhétorique ? Que, dans le cas présent, les ciseaux d’un excerp- teur dont semblable curiosité était le moindre souci aient aggravé l’obscurité d’un texte dont il ne voulait retenir que l’imprévu ou l’ingéniosité de l’ex- pression — l’obscurité native d’un texte qui s’interdit par principe la préci- sion, le nom propre, le terme usuel —, et le galimatias devient énigme. Au lecteur, maintenant, de juger. * * * Dans le manuscrit, le texte se présente d’une seule venue, sans qu’aucune initiale en marque le début ou les divisions : celles-ci toutefois sont indiquées, discrètement mais nettement, par la ponctuation, qui nous invite à diviser cet ensemble en quatre parties dont chacune s’achève par un double point. Même s’il est difficile de reconnaître d’abord, dans un texte tel que celui-ci, la suite des idées et d’en déceler les ruptures, une lecture un peu attentive confirme cette division. Peut-être, en fin de compte, notre interprétation du texte nous invitera-t-elle à regrouper deux ou trois de ces fragments comme les pièces détachées d’une seule composition : mais, en ce cas, l’excerpteur a certainement omis les développements, plus ou moins longs, qui les reliaient. Au point où nous en sommes, nous devons donc parler, non pas comme le Catalogue cité plus haut de « deux courts fragments », mais de quatre. Voici, divisé comme nous venons de l’expliquer, le texte du Paris supplé- ment grec 1202, f. 9V. Nous avons suppléé entre parenthèses les mots ou parties de mots qui ont disparu par suite de déchirures du papier6 ; l’apparat indique toutes les corrections que porte le manuscrit (S), ainsi que les nôtres, dont les plus importantes seront discutées et justifiées plus loin. 6. Nous avons tenu compte, pour ces suppléments, de la longueur du texte disparu : mais l’irrégularité de l’écriture et les nombreuses abréviations n’autorisent qu’une appro- ximation assez vague. I. Une mère et une épouse —jalousie à la fois maternelle et conjugale ! —, en vertu d’une lumineuse influence du premier Soleil, du (Soleil) intelligible, après s’être à la façon d’une mère et d’une épouse, chacune de son côté et chacune à sa façon, acquittées (envers moi de leurs devoirs) comme envers un fils et un époux, (toutes deux) éprouvant et subissant la jalousie, par la providence de Dieu reçoivent maintenant, (chacune) de façon appropriée,
322 MÉLANGES IVAN DUJÔEV 5 10 15 20 25 30 35 TaÜTa yàp t; PaoiXeia pou èx tcûv Sutlxcûv Xtj^ecov 7ràcn toïç àvaToXixoïç sx^oa, xal tjv 8è ô Xoyoç àvayxa<7Ti.x<üp àXyjOéoTaToç, oti p.7)T7)p xal vüpcpT] pa/ôpsvai. ïrepl uloü xal vupcplou, TÎjp paoiXelaç pou, àKÉXa[3ov 0£oü Kpovola, eïye xal vàç /àpiraç àKoXapPàvou<7i.v. é^Xorurei yàp 7] pTjTTjp p£Tà T7)V TOÜ £pOÜ KaTpàç T£À£UT7)V XaTÉ/ELV p£ TOV ulÔV, OV S^TEp È^éOpE^SV, ôv 8tj y£ xal £yaXoû/7)<7£v, ôv 8v) xal £T(.07]V7]<7a(To) p7]Tpi.x<üç KspOTOiT]- oapÉvT] xal Kspl Ttàç àyxàXap èv ^u/si xal xaüacovi TrepiéîtoutTa, ôte xaipoç xal Ttapà tov xaipov [Kspisïrav], iva <Èv> T?j KaTpcoa <7Tspy|<7£i. xàv toü uloü TTjç £7U[jt,SZ.slaÇ £KI.TUyyàV7], y7)pop6<TX7)<7I.V £x8£/Op£V7) Ttvà xal oïov ttjç KoXi.(àç) ÈxsIvtjç xal toü y^pcoç àva(xco)x7]v. IL Ilopv(.xï] yàp y; tcûv BouXyàpcov ['iaoù.sla xaOécmqxsv, pàXXov t; oxià Kpoç àX7)0si.av xal IvSaXpa îrpoç KpcoTÔTUKOv xal p7] Ôv Kpoç (Tà ôvTa) xal <7T£p7)<7I.Ç KpOÇ T7]V Ô^LV, <TO §7) > CplXoCTOtpCOTaTOV. III. Kal è'PaivE psv eIç èvOaSl, aXXop Èxsïcte, ëxaoTOÇ ttjv ISlav ocoTTjplav 7rpaYp.a(T£u6p.£Voç' ë7t)eiTa Tpialv Tjpépaiç ôSEÜoavTEÇ, ysipcùv 7)pîv È7tei- aÉppsuaE, /£ip.cùv SsivoTaTop cpoPspcÔTaToç’ Tà KpcÜTa Ppo/al p£Tà àv(iapo)ü TOÜ KVE'jaaTOÇ XaTSepÉpOVTO, £LTa TTOcXlV Ô /£(.pcûv èrappst, Tà paXicrra xal è^ü/ETO to ûypov xal £K/.£Ôva^£ (t)o (k)oXÙ, xal o Ûstoç slç ôpPpov ecttoi- /si.oüto- £Ïra Taïç nvoaïç tcov àv£p.cov xal Taïç cpopaïç ô à'^p è^u/palvETo xal Taïç <7U<7TpO<pa1ç TOÜ xaixlou ol SaKEipOf. È^y)TOpOUV ot TÛV àvéfZCOV ÈcpÉpOVTO yàp al vscpéXai. xal àvTEtpépovTO rcapauTà, xal XaïXaiJ; èx py^Ecoç KV£up.àTcov TÔv tokov tov X(.p.vàÇovTa è^scrrpôpEi. xal TÎj GTpocpfj te xal tt] cpopa p.£T7)X- XaTTE TO Ôp.Ppc58£Ç £ÎÇ /(.OVCoSeÇ xal TO p.é<70V ^VXpÔTTJTOÇ £ÎÇ àxpov ^v/pô- T7)toç, xal xaTà Tàp ÈxTopiàp tûv Tp.v)p.àTcov t; ^ü^lç xa-r^p/ETo, xal pua tmyp.fi yÉyovE to ksSIov t^u^poTaTov xal XsuxoTaTov xal olov Èxpipo’jpsvov Tàç àp/àç- ElpyàÇsTo yàp 7) Top.7] to ^u/pôv xal 7) crrpocpT) to Xeuxov, xal to Kap’ êxaTépcov Selvov tjtteIXei. tov ôXsOpov. etu/e 8è tô Kpàypa xal t; tpopà £Îç to tt)Ç ào(.XT|TOU p.£tialTaTov, xal ^v ex toü tokou xal -jp EX Tïjç copaç xal îjv èx tûv <7up.[3ai.v6vT<ov Kapà TroSap ô (ÔXe )6poç' ÈXlpcoTTEV Ïkkoç àXX’ EtrcpaTTETo [3oüç, xal ô Ikkottjç xal oTpaTicoTTjç aKopla ctuveI/eto, xal c'ûOKEp ôXxàp èv (raJXàysi. T(pi.x)upla(.p xal KV£Ûpa<7t, xaTaKovToupévT) £^aKop£Ï, to pupiapiOpov £xi.v8ûvsu£ trrpàTsupa, Xipû xal iJaj^ei. xal à(0u)- pla ÈpaKopoüv. àXX’ ô 8i.8oùç touç rcopouç £v toîç aTOpoip Oeôç év Tjpïv Tà aÛToü Oaupacna è^EipyàaaTO xal KavTtov toutcov (7)p.àç £x)eï SiEacociaTo. 5 pou add. S,u 12 raxpà nos : rrpàç S 12 TtepieÏTtev se.dusi èv addidi 13 èm-ruy^àvei S yï)pù>p6az7)aiv S 15 pâXXov t) nos : tj pâXXov S 17 to St; addidi 24 èpeinôpovv S“c 25 èx xpvjÇewç S 26 tov tôttov tôv nos : tô ôttô tôv S 26-27 peTTjXXaTe S 31 7)[neiXei Spc : p Sac 35 SXxaq S (nejXXàyei S 38 aÙTOÙ (cum spir. leni) S.
IIopvt.X7) 7] twv BouXyàpcov paoiXeSa 323 leur dû. Voici en effet ce que ma Majesté, des confins de l’occident, proclame pour tous les habitants de l’orient — et c’était là une parole de toute néces- sité parfaitement véridique — : une mère et une épouse, combattant pour un fils et un époux — ma Majesté —, ont reçu par la providence de Dieu ou du moins reçoivent désormais leur récompense. Ma mère en effet, après le décès de mon père, était jalouse de me conserver, moi son fils, (ce fils) qu’elle avait élevé, (ce fils) qu’elle avait même nourri, (ce fils) qu’elle avait même bercé, s’étant montrée une vraie mère à son égard et l’entourant de ses bras dans le froid et la chaleur, à propos et hors de propos, afin que, privée du père, elle bénéficiât au moins de la sollicitude du fils, attendant (de lui) quelque soutien pour ses vieux jours et comme un soulagement à sa vieillesse et à ses cheveux blancs. II. Décevante, en effet, s’est avérée la nation bulgare, plus que l’ombre au prix de la réalité, l’image au prix du modèle, ce qui n’est pas au prix de ce qui est et la privation au prix de la possession, pour parler en termes tout à fait philosophiques. III. Et on marchait l’un par ici l’autre par là, chacun s’occupant de son propre salut. Ensuite, après trois jours de route, l’hiver nous fondit dessus, un hiver très rigoureux, très effrayant : d’abord des averses, tombant avec un vent lugubre, ensuite l’hiver, de nouveau, sévissant de plus belle, et l’humidité se refroidissait, les (gouttes) nombreuses se multipliaient, la pluie se changeait en déluge. Ensuite, sous les souffles des vents déchaînés l’air se glaçait, et devant les tourbillons de l’autan les connaisseurs des vents restaient cois : en effet, les nuages étaient poussés et aussitôt repoussés, et du choc des courants d’air un ouragan (naissait, qui) bouleversait l’espace inondé et, par son tournoiement et son déchaînement, changeait l’élément pluvieux en élément neigeux et le froid relatif en un froid extrême, et par les fentes des morceaux (de glace) s’exhalait la froidure et en un instant la plaine devint toute froide et toute blanche, comme si elle imitait les (deux) principes : en effet, la coupure produisait le froid, et le tournoiement la blancheur, et le danger (qui venait) des deux côtés menaçait (l’armée) de mort. Or l’affaire et le déchaînement survinrent en plein milieu du désert, et du fait du lieu, de la saison, des circonstances, la mort était imminente. Le cheval souffrait de la faim, mais on égorgeait le bœuf, cavalier et soldat étaient réduits à la dernière extrémité, et de même que la nef est désemparée sur l’océan, quand la submergent les vagues redoublées et les vents, (ainsi) cette innombrable troupe était en danger, (accablée) par la faim, le froid et la démoralisation, désemparée. Mais celui qui procure une issue dans les (situations) sans issue, Dieu, a opéré en nous ses merveilles et, là-même, nous a sauvés de tous ces (maux).
324 MÉLANGES IVAN DUJCEV IV. ’Eîù to6toi.ç to îrâv è^eTepfzaTcoOï), Osoü 8^[iocycûyl<x xai. T7) POTrZ, T° 40 êjzoî. xaTaOûpttov. I Le premier extrait est en somme le plus clair. Il suffit de minimes correc- tions orthographiques7 et de trois restitutions évidentes là où une syllabe a disparu8 pour obtenir satisfaction, au point de vue de la correction gram- maticale et de la logique, presque de bout en bout : ayant ainsi le sentiment de marcher sur un sol ferme, nous n’avons pas hésité à y introduire les corrections qui nous ont paru nécessaires. Si l’addition de èv devant xj) KaTpcoa CTTep^nsi. ne fait guère problème, à peine plus hardie est la correc- tion de Kpoç en rcapà qui, seule, permet de donner un sens au membre de phrase, d’y retrouver sans doute une expression proverbiale9 ; enfin KeptsÏKev nous parait l’insertion malheureuse d’un scribe qui, faute peut-être de saisir le sens de ce passage, a contre toute syntaxe répété le verbe rapté-troucra de la ligne précédente. En revanche, nous préférons garder la leçon du manuscrit, même si elle a chance d’être corrompue, là où aucune correction ne s’impose et où le sens et le mouvement de la phrase n’en sont pas atteints : ainsi de l’expression bizarre àvayxaeraxcoq àXyjOècrraToq, ainsi de eïye xai. qu’il est tentant de corriger en si 8’ ouv, xai ^8v;. Quoi qu’il en soit du bien-fondé de nos choix, aucune de ces difficultés de détail n’empêche de saisir la pensée. Un souverain, qui a perdu son père assez jeune et été élevé par sa mère, qui est maintenant marié, adresse une proclamation « à tous les Orientaux » pour leur exposer, avec une complai- sance qui, pour notre goût moderne, ne va ni sans quelque fatuité, ni surtout sans indiscrétion, comment, entre sa mère et son épouse, il est l’enjeu d’une 7. Ou bien, à peine plus grave, celle de napexaTépwç en mxp’ ézarspcjv : quelle que soit la prétention et la maladresse de l’auteur de notre texte, dans son culte du mot rare, il semble avoir gardé un sentiment de la langue suffisant pour qu’on ne lui impute pas sans preuve un barbarisme tel qu’un composé d’éxâTepoq ; en revanche, l’erreur s’expli- que bien, sous la plume d’un copiste distrait, par l’influence d’ézaTÉp<j; qui précède et peut-être la mélecture d’une abréviation de son modèle. 8. Pour la troisième, on peut hésiter entre àvaxù>xr)v et àva^uxflv 1 nous avons préféré le terme le plus recherché, comme étant davantage dans le ton du morceau. 9. Cf. II Tint. 4, 2, eùxaipwç àzaipwç : il faut toutefois reconnaître que la confusion entre rrapà et Ttpàç ne peut s’expliquer par une mélecture d’abréviation comme entre na.- pà et rrepi.
IIopvixT] 7] tûv BouXyàpcov [3a<7tXeca 325 IV. Avec cela est arrivée à bon terme, sous la conduite de Dieu et sous son impulsion, la totalité de mes souhaits. rivalité d’affection et de soins, qu’avec l’aide de Dieu il veut maintenant reconnaître en rendant à chacune son dû. Apparemment, cet exposé des motifs fait attendre un dispositif qui comporterait des mesures en faveur de l’une et de l’autre femme : en fait, il est interrompu après une phrase qui, à nouveau, mais avec une particulière insistance, évoque le dévouement dont la mère a fait preuve envers son fils dès sa plus tendre enfance, et en retour duquel elle est en droit d’attendre de lui un soutien pour sa vieillesse. Une telle situation est d'une vérité psychologique assez banale pour avoir pu se vérifier en tout temps et en tout lieu ; une pointe d’humour, peut-être involontaire, dans l’évocation de ces deux femmes faisant assaut de tendresse envers l’homme qu’elles se disputent « à la fois sujettes à la jalousie et objets de jalousie », aussi bien que du dévouement, au besoin « intempestif », de la veuve muée en mère abusive, donnerait envie de regarder dans la direction de quelque épisode romanesque, remontant peut-être à la Comédie nouvelle. Mais la formule répétée ÿ] [3amXsla p.ou nous invite à chercher un empereur byzantin qui aurait pu, sinon s’exprimer de la sorte, en tout cas se trouver dans cette situation, — et le cas d’Alexis I Comnène se présente d’abord à l’esprit. Racontant, au Livre III de V Alexiade10, les débuts de son règne, sa fille ne fait pas mystère de l’opposition obstinée d’Anne Dalassène, mère d’Ale- xis, envers la famille des Doukas à laquelle appartenait Irène, femme du nouvel empereur, jusqu’à faire obstruction à ce qu’Irène fût couronnée comme impératrice en même temps que son époux. Cette situation accrédita même dans le public le bruit qu’Alexis songeait à répudier celle-ci, pour prendre la femme de Nicéphore Botaniatès après lui avoir pris son trône, comme Nicéphore le premier en avait usé avec Michel VII : sans doute Anne ne rapporte-t-elle cette rumeur que pour se récrier que jamais son père n’y aurait seulement songé11, mais elle ne nous précise pas si quelqu’un de proche, sa mère, n’y aurait pas pensé pour lui... 10. Anne Comnène, Alexiade, éd. et trad. B. Leib, tome I, Paris 1937 ; nous citons le texte par ses divisions (chapitres et paragraphes), sans répéter l’indication du Livre, en même temps que par les pages et les lignes de l’édition. 11. II, 2 (p. 106,22 s.).
326 MÉLANGES IVAN DUJCEV A cette hostilité d’Anne Dalassène, la porphyrogénète ne veut reconnaître que des mobiles dignes de sa grand-mère, des raisons dynastiques12 : celles-ci se doublaient-elles d’une rivalité plus intime entre la mère impé- rieuse qui, veuve depuis plus de treize ans13, avait reporté sur ses fils toutes ses affections et toutes ses ambitions, et l’épouse de quinze ans14? Si, comme nous le supposons, c’est bien cette situation familiale qu’évoque notre texte, encore faudrait-il d’autres arguments pour lui reconnaître une quelconque valeur historique, pour le recevoir comme un témoignage indépendant, l'écho de quelque bavardage de gynécée; bien plutôt avons- nous affaire ici à une amplification purement rhétorique, à une interpréta- tion romanesque (mais non dépourvue de vraisemblance) à partir des données fournies par le récit d’Anne Comnène : par exemple, cette semaine d’incertitude qu’Irène et sa famille passèrent dans le Palais d’en-bas, tandis qu’Alexis, sa mère et tous les siens étaient installés au Boukoléon où résidait toujours l’impératrice déchue. Libre au lecteur moderne de soupçonner, de deviner « la jalousie d’une mère et celle d’une épouse » entre les lignes de VAlexiade, à la fois histoire officielle et édifiante chronique de famille, — d’autant plus réservée lors- qu’elle touche à un sujet aussi délicat pour la fille d’Alexis et d’Irène— ; quant au texte que nous étudions, le peu qui en subsiste nous garantit que, même après avoir lourdement insisté sur la rivalité entre les deux femmes, il devait finalement, d’une façon ou d’une autre, tourner à la gloire de la majesté impériale, y compris dans les sentiments et la conduite des deux femmes qui touchent de plus près la personne de l’empereur et lui témoignent « chacune à sa façon » une aussi jalouse affection. Ainsi celle qui était bien placée pour satisfaire notre curiosité s’est-elle gardée de dire un mot de trop, choisissant de clore en quelque sorte le récit de cette crise sur l’image, hié- ratique comme une icône, compassée comme une photographie de mariage, des « deux basileis Alexis et Irène », des « autocrators nouvellement cou- ronnés»15. Pour elle, dirait-on, à la fois en tant que fille et en tant qu’his- torienne, maintenant l’essentiel est acquis. L’épouse légitime couronnée et réunie à son époux dans le palais que Marie d’Alanie a enfin quitté pour 12. De même d’ailleurs, pour le dire en passant, qu’à l’attitude de Marie d’Alanie : si elle reste au palais, où siège maintenant Alexis qui a détrôné son second mari, c’est uniquement, on doit l’en croire sur parole ! pour protéger le fils qu’elle a eu du premier : I, 2-4 (p. 104 s.). 13. Son mari Jean Comnène survécut de peu à Constantin IX ; F. Chalandon, Essai sur le règne de l'Empereur Alexis IeT Comnène, p. 23, suppose qu’il mourut à la fin de 1067. 14. I, 5 (p. 105, 22) ; cf. III, 3 (p. 111, 19). 15. III, 1 (p. 110, 18 s., 24 s.).
üopvtxT] 7] tcov BouXyàpcov (3a<5tXeta 327 un monastère, le patriarche — autre utilité — rentré également dans les coulisses, la scène est libre, où Anne Dalassène va enfin trouver un rôle à sa mesure. Le portrait en pied de cette femme extraordinaire, les circonstances dans lesquelles Alexis lui assigna son rôle, la façon dont elle s’en acquitta sans rien changer à ses dévotions accoutumées — et à cela se raccroche une lon- gue digression sur un épisode du règne de son beau-frère, le premier empe- reur Comnène —, occupent onze pages de V Alexiade : soit, pour prendre un exemple, autant que le siège et la prise de Constantinople16. Sans doute, dès son arrivée au pouvoir et tandis qu’il différait encore le couronnement de sa femme, Alexis avait-il reconnu à sa mère le titre de ScoKoiva, Souve- raine17 ; mais ce n’est qu’un peu plus tard, peut-être l’esprit plus libre du côté du gynécée, en tout cas sous la pression des circonstances et du danger extérieur, qu’il officialise la place prépondérante que, dans les faits, il avait tout de suite donnée à sa mère : en août 1081, avant de partir pour Dyrrha- chium assiégé par Robert Guiscard, il lui confie, par un chrysobulle dont Anne reproduit le texte « en n’omettant que les ornements de style », les pleins pouvoirs en tout ce qui concerne les affaires intérieures de l’Empire, administration et finances18. En quoi pouvaient consister ces xopupeïat toü ypacpécoç, ces ornements imputables au seul fonctionnaire chargé par l’Empereur de rédiger le docu- ment et dont l’historienne a cru devoir alléger son récit ? sans doute, en ces développements soulignant tel ou tel aspect de l’idéologie impériale, sur lesquels le Professeur Hunger a attiré l’attention. Mais, même si pour le lecteur moderne, au moins le lecteur pressé, le début du chrysobulle tel qu’Anne nous l’a conservé fait l’effet d’un hors d’œuvre, il faut croire que ce début suivait le Kpooipuov proprement dit, et c’est à bon droit qu’elle l’a jugé bien en situation et digne de passer à la postérité, comme une pièce de son récit, une pierre du monument qu’elle dresse à la gloire de sa famille. Sur un ton d’abord sentencieux, « Il n’y a rien qui égale une mère tendre et aimante», etc., puis plus personnel, jusqu’à l’attendrissement, Alexis y évoque ce qu’est pour lui Anne Dalassène : « dès mon plus jeune âge, ma mère et souveraine vénérée fut en tout pour moi une éducatrice et un guide (...) On a reconnu qu’il n’y avait qu’une seule âme dans nos deux corps et, par la grâce du Christ, cela heureusement a duré jusqu’à présent. » 16. VI-VIII (p. 119-130); cf. Lib. II, cc. IX-XII (p. 90-101). 17. H, 7 (p. 110, 12-15). 18. VI, 4-8 (p. 120-122); Fr. Dôlger {Regesten der Kaiserurkunden des ostrômischen Reiches, n° 1073) remarque que nous ne connaissons pas autrement ce document.
328 MÉLANGES IVAN DUJCEV Aucune précision, — mais, à ce ton, le lecteur non prévenu croirait assister aux épanchements d’un fils unique prématurément privé de son père : en fait, celui qui parle ainsi n’était que le troisième de quatre fils (le second depuis la mort de l’aîné, Manuel, survenue alors que lui-même avait quinze ans), sans parler des quatre sœurs, et il avait eu le temps de connaître son père ! Mais cette stylisation, pour s’exprimer en termes affectifs, et d’une affection telle qu’on la croirait exclusive, n’a en réalité d’autre objet, en tête de ce texte officiel, que de justifier et de fortifier un acte de gouvernement aussi important et aussi étranger à la tradition étatique byzantine que cette délégation formelle, solennelle, d’un pouvoir quasi souverain à une femme, * 10 presque a une nonne . Lu de cette façon, ce préambule n’a rien au fond que de très naturel, Alexis ne l’a «écrit», c’est-à-dire inspiré et signé, ni pour raconter sa vie et ouvrir son cœur à ses sujets, ni pour renseigner les historiens futurs, curieux de grande ou de petite histoire. Rehausser le rôle de sa mère au point de laisser entendre qu’il doit tout à elle, rien à son père, et qu’il a été le seul objet de ses soins, à plus forte raison ne souffler mot de sa femme — qu’à lui seul son âge, toute autre considération mise à part, aurait d’ailleurs empê- chée de tenir un rôle dans cette espèce de régence à laquelle au contraire Anne Dalassène était bien préparée —, ce sont là simples effets de perspec- tive, dont notre curiosité ne peut rien tirer. Mais si déjà Alexis lui-même, ou le rédacteur de service, a pu se prendre à son propre jeu en développant avec cette complaisance le côté sentimental de la situation que, froidement, il veut mettre en valeur, — à plus forte raison voit-on le parti que pouvait tirer, de ces suggestions et de ces silences même, quelque rhéteur en quête d’un sujet romanesque et inédit, d’un beau thème à amplifications ingénieu- ses et pathétiques. Un rhéteur qui feuilletait VAlexiade et qui, tombant sur ce début de chrysobulle quelques pages après l’évocation discrète, mais assez claire, de la rivalité entre les deux familles et entre les deux femmes, aurait voulu, en somme, resserrer l’intrigue, faire ressortir l’antithèse, en rejetant dans un lointain passé le père défunt et en amenant au premier plan pour 19. Il s’agit en effet de bien plus (en dépit des apparences) que d’une association au trône, — et de tout autre chose également que de l’autorité de fait reconnue (ou aban- donnée) par plusieurs des prédécesseurs d’Alexis à ce personnage caractéristique de la période précédente — au demeurant, toujours un homme —, le « ministre tout-puissant » ; voir les exemples (où l’on remarque l’absence significative d’un «titre spécial» qui « consacre (ce) rôle ») dans P. Lemerle, Cinq études sur le xie siècle byzantin, Paris 1977, p. 260-263, avec la conclusion : « (ces personnages) n’ont pas leur équivalent sous Alexis Comnène, où leur rôle est tenu par la mère de l’empereur Anne Dalassène, puis par sa femme Irène Doukas».
IIopvtxT) "f] rûv BouXyàpcov pamXeia 329 la « scène à faire », cette délibération impériale en forme de TtpoocûKOKoita, l’épouse effacée, toute passive, de V Alexiade, — quitte à faire d’un préam- bule de loi un monologue hugolien, et du Basileus légiférant un empereur, au sens précis où Corneille emploie ce terme, de tragi-comédie. II Le texte du second fragment est bien conservé : une minime correction (deux mots intervertis par un lapsus du copiste), un supplément qui s’impose (deux autres disparus dans un trou du papier) et, à peine plus problématique, un complément facile20 suffisent à restituer une phrase coulante. La seule obscurité, en somme, de ces trois lignes est dans le premier mot, dans le sens exact du qualificatif Tropvixv) appliqué au « royaume des Bulgares ». En l’absence de tout contexte, et même d’un point de repère indiquant si c’est le premier ou le second Etat bulgare que visait un morceau dont nous pouvons seulement dire qu’il est antérieur au xive siècle, c’est dans cette brève phrase elle-même que nous devons chercher la lumière. Cette série de quatre oppositions, en tout cas, montre que ce que l’auteur reproche ici aux Bulgares n’est pas une particulière immoralité (en ce cas d’ailleurs, c’est [xoi^ixoç par exemple que l’on attendrait, plutôt que rcopvixoç) : elles orientent au contraire l’attention vers l’emploi fréquent dans l’Ancien Testament du vocabulaire et de l’imagerie de l’adultère et de la prostitu- tion, pour flétrir les infidélités dont la nation sainte ou la ville de Jérusalem se rend coupable envers l’alliance quasi conjugale qui l’unit à Dieu. De ces infidélités, les désordres moraux en général, et particulièrement en matière sexuelle, ne sont qu’une conséquence et un signe : l’essence en est le refus pratique du monothéisme intransigeant du Sinaï, du culte exclusif que récla- me, et que seul accepte, ce Dieu « jaloux », ce Dieu sans image, sans parèdre et sans mythe. Pour évoquer toutes les formes de cette infidélité, le seul ton qui convient est celui de l’invective et du sarcasme, et le prophète ne s’embarrasse pas de nuances, pour distinguer rigoureusement « femme adultère » et « prostituée » : les deux d’ailleurs étaient-elles tellement dis- tinctes, dans une société (et dans l’image qu’elle nous donne d’elle-même en cette transposition symbolique) où, de quelque nom qu’on l’appelle, c’est surtout l’inconduite de la femme qui est clouée au pilori ? Il faut égale- ment se souvenir qu’à certaines époques au moins de l’histoire d’Israël, un des 20. J. Grosdidier de Matons propose, au lieu d’ajouter <tô 8t;>, de considérer çtXoao- çcôraTOv comme une remarque marginale introduite dans le texte.
330 MÉLANGES IVAN DUJCEV dangers majeurs pour le culte de Yahveh — danger de concurrence ou danger de contamination — a été la prostitution sacrée : c’est-à-dire, insé- parablement, une faute religieuse contre le culte du vrai Dieu, lequel refuse absolument soit d’être confondu soit d’être associé avec les divinités qui dispensent par magie sympathique la fécondité des champs et des trou- peaux, et une faute contre l’éthique sexuelle assez rigoriste qui est tradition- nelle dans le Peuple de l’Alliance. Aux exégètes, ce rappel paraîtra rapide, superficiel même : peut-être aidera-t-il le non spécialiste à sentir ce que pouvait évoquer le terme à l’esprit d’un lecteur de la Septante, et de toute la littérature chrétienne qui s’en est nourrie21. Un simple coup d’œil sur une Concordance22 montre que Kopvy; et ses dérivés sont deux fois plus fréquents, au moins, dans la traduc- tion grecque de l’Ancien Testament, que izor/oç et les termes apparentés, — que dans les deux familles le sens principalement ou exclusivement métaphorique, tel que nous l’avons souligné, est plus courant que le sens exclusivement « moral », — enfin que, dans cet emploi métaphorique, « adultère » et « prostitution » sont des images interchangeables. En somme, la prostituée —puisque c’est presque toujours d’une femme qu’il s’agit, ou d’une personnification féminine, soit la ville de Jérusalem (ou ses syno- nymes : Fille de Sion, etc.), soit une hypostase féminine de la collectivité qui est la partenaire de Dieu, interpellée comme telle, en son nom, par le prophète23 —, c’est dans la langue des Septante le peuple ou toute partie du peuple infidèle à l’Alliance qui fait toute sa dignité et sa légitimité, et qui par là ment en quelque sorte à son statut, à sa définition. On voit par quels chemins cette notion, ou simplement cette image, historico-religieuse à sa source, peut se rapprocher de ce qu’évoquent les quatre oppositions qui, dans notre texte, définissent, ou plutôt situent, comme des points de repère, cette tare de la « prostitution » infligée au « royaume bulgare » : les deux premières évoquent, en un parallélisme synonymique qui n’est que redondance, le rapport de l’image — inférieure par définition, et en quelque sorte trompeuse — à la réalité, selon ce qu’on 21. On peut s’en faire une première idée en parcourant les articles rropveîa, Ttopveéeiv, Ttôpvr), dans Lampe (G.W.H.), A Patristic Greek Lexikon, p. 1121 s. 22. Hatch (E.), Redpath (H.A.), A Concordance to the Septuagint, pp. 932 et 1194 s. 23. Particulièrement caractéristique est le c. 16 d’Ézéchiel, où revient trois fois le terme Ttépvr) (versets 30, 31, 35; cf. 24, nopvtxév), l’allégorie la plus suivie et qui présente les détails les plus crus, sur les infidélités qui ont marqué l’histoire d’Israël, représenté sous les traits d’une sorte de nymphomane (certains de ces traits ont pu inspirer l’auteur de la Vie de Marie l’Egyptienne), alors qu’en fait les prostitutions sacrées ne sont qu’un détail dans cette suite d’idolâtries ou de concessions à un syncrétisme religieux.
Ilopvüd) t; tcôv BouXyàpcov pamXsia 331 pourrait appeler l’interprétation pessimiste du platonisme; les deux der- nières s’efforcent, dirait-on, de serrer de plus près, dans un souci affiché de technicité « philosophique », l’essence purement négative de ce rapport. De même que le mal, selon toute la tradition anti-manichéenne (elle-même enracinée dans la plus authentique tradition platonicienne et déjà socra- tique, autant dire congénitale à l’esprit grec), à proprement parler, n’est rien, n’étant que la privation du bien, de même l’image qui veut se faire passer pour la réalité n’est qu’illusion, que privation de la vérité. A la fois erreur et perversion : en un mot, mensonge24. L’histoire des relations entre la paoiXeta rcov BouXyàpcov et le seul Empire qui (ne l’oublions pas), en rigueur de terme, pouvait revendiquer légitimement ce titre de pamXefa, est assez mouvementée pour ne laisser que l’embarras du choix, à qui voudrait deviner en quelle circonstance précise un sujet du second a pu ainsi décharger son ressentiment et son mépris. Peut-être, au terme de l’étude des deux fragments qui suivent, pourrons-nous proposer, comme une conjecture vraisemblable, l’épisode qui aurait été l’occasion. Quoi qu’il en soit de cette précision, nous croyons que l’analyse qui précède a suffisamment dégagé la portée du texte, la pointe du sarcasme, — et qu’elle nous excuse d’avoir peut-être, dans notre traduction, sacrifié une littéralité minutieuse à l’effort pour fournir au lecteur français un équivalent plus parlant et plus clair, que ce soit par le choix du terme approximatif, voire anachronique, de « nation», faute d’un synonyme féminin à « royaume » ou « empire », — ou bien par celui d’une épithète, « décevante », qui exténue malheureusement la verdeur du mot grec. (A suivre) 24. Peut-être l’influence de cette tradition biblique, que nous croyons prédominante, est-elle renforcée par celle d’un topos bien attesté dans ce qu’on pourrait appeler la dia- tribe chrétienne, au moins depuis Chrysostome : par opposition à la femme honnête, dont la beauté ne doit rien à l’artifice — et qui d’ailleurs la dissimule soigneusement aux regards —, la prostituée affiche une beauté artificielle, qui doit tout au fard, tandis qu’en réalité les traits de son visage correspondent à sa laideur intérieure et à sa déchéance. Par ce biais encore, Ttopvixôç aboutit donc au sens « illusoire, menteur ».
SOUTH SLAVS IN MALTA Anne E. PENNINGTON The vinovnink of this volume has set us an example by his devoted pursuit of manuscripts even into the remoter countries, sparsely populated by Slavs1. Perhaps one may offer him a note — though trivial — on a book in Malta ’serendipititiously lighted on’ some years ago by J.S.G. Simmons, but not yet fully described2. MS Valetta 470 consists of one printed section — a slightly imperfect copy of the Psalter element of Ivan Fedorov’s Psalter and New Testament (Ostrog, 1580), and one manuscript section. This occupies fols. 98-346 and comprises four main parts, with some insertions. It contains liturgical texts, written in Church Slavonie of the Serbian recension, dating from the end of the sixteenth or the beginning of the seventeenth century. The printed and manuscript sections are bound together and there are two fly-leaves and a paste-down at the front and the back, on which are a number of inscriptions, most of them evidently dating from the seventeenth century. Two of these inscriptions belong to the tradition of apocryphal prayers and practices, especially widespread amongst South Slavs during the six- teenth and seventeenth centuries3, but not unknown later, even in the 1. See most recently I. Dujcev and A. D&jrova, Slavjanski râkopisi ot Britanskija Muzej i Biblioteka, Sofia, 1977. 2. See J.S.G. Simmons, Early-printed Cyrillic psalters at Lambeth and Valetta, « Sola- nus» (London : National Central Library), No. 3 (July, 1968), pp. 10-11. It is hoped that a fuller description of the manuscript section of the book will shortly appear. 3. See I. Dujcev, Edin râkopisen svitâk s apokrifni molitvi i zaklinanija, BAN Institut za literatura. « Starobâlgarska literatura. Izsledvanija i materiali» I. Sofia, 1971, pp. 157-166 ; further bibliography there too. Not ali the articles he cites hâve been available.
334 MÉLANGES IVAN DUJCEV twentieth century (I hâve recently corne across a Russian tajnoe pis'mo in use as a charm or amulet). One inscription is on fol. 346v, one of the back fly-leaves. It is the so- called ’Seal of Solomon’, the rebus formed of the letters of Pater Noster with A(lpha) and O(mega). This rebus, used as an object of piety in Europe as early as the third century (the five words representing the five wounds of Christ, or the names of the five nails), eventually travelled as far as Ethiopia and Brazil4. It may hâve corne to Serbia via Russia, where it was probably known by the fifteenth century — Sobolevskij cites a sixteenth-century manuscript where it appears, in Cyrillic letters, apparently copied from a translation made by Archbishop Gennadij of Novgorod5. MS Valetta 470 shows the rebus in Cyrillic in a corrupt form on fol. 346v : Sator AREPO TEPOT OPERA ROTAS and it is copied in a still more corrupt form on the back paste-down : SATORA REPO<P>ERA ROTAS” Obviously the original sense is lost and the palindrome spoilt by the alteration of SATOR to §ATOR and of TENET to TEPOT. The first alteration is presumably an attempt to make at least one word compré- hensible, and it appears to hâve been common in Serbia, though sometimes the palindrome is restored by the modification of the last word to ROTAS6. The rebus was apparently often used in this period as a charm against the bite of a mad dog — there is a note on fol. 346v : Sïà slôva ot besna psà — and Dujcev, Novakovic, and Jacimirskij record the same intention. Evidence of its efficacity is, not surprisingly, lacking. 4. See J. Carcopino, Le christianisme secret du carré magique, « Muséum Helveticum » V. 1 (1948), pp. 16-59. 5. See A.I. Sobolevskij, Perevodnaja literatura Moskovskoj Rusi XIV-XVIII vv., « Sbornik ORJaS imp. AN » LXXIV. Saint Petersburg, 1903, p. 226. 6. See A.I. Jacimirskij, K “ istorii loznyx ” molitv “ v ” juznoslavjanskoj pis’mennosti, «Izvëstija ORJaS imp. AN », XVIII. 3. SPb., 1913, p. 96, for a palindromie Serbian ’Seal’ ; also S. Novakovic, Apokrifski zbornik nasega vijeka, « Starine», XVIII, Zagreb, 1886, p. 181 and I. Dujcev, op. cit., (note 3), p. 165 for two non-palindromie versions.
SOUTH SLAVS IN MALTA 335 The other inscription, on fol. 344, which had been left blank, is a list of ’evil days’, the days of each month on which no important business should be begun. This also belongs to a well-known tradition, but since there is some disagreement between sources as to which these unlucky days are, it is worth reproducing the full list : September 3, 24, October 3, 21, November 10, 11, December 6, 14, January 2, 4, February 1, 23, March 4, 20, April 20 (one only), May 6, 20, June 3, 12, July 6, 22, August 4, 87. The Valetta MS daims that these days were given to Moses for the gui- dance of Israël, Tixonravov’s fifteenth-century Serbian manuscript names the priest Sixar (scil. Sirax) as intermediary, Gorskij and Nevostruev’s sixteenth-century Russian source names the Archangel Michael. Evidently it was essential to find an authoritative figure to support such rules, but it is curious the tradition was not more stable. 7. For other such lists see N. Tixonravov, Pamjatniki otrecennoj russkoj literatury I. SPb., 1893, p. 386 ; S. NovakoviP, Primeri knjizevnosti i jezika staroga i srpsko-slo- venskoga (3rd ed.), Belgrade 1904, pp. 608, 620 ; A.V. Gorskij and K.I. Nevostruev, Opisanie slavjanskix rukopisej Moskovskoj Sinodal'noj Biblioteki III. 2. « C'ienija OIDR imp. AN », M., 1917, 4, p. 265.
LA SITUAZIONE DELL’ EUROPA ORIENTALE DOPO LA CADUTA DI SMEDEREVO (1439) IN UNA LETTERA INEDITA DI FRA RARTOLOMEO DI GIANO f Agostino PERTUSI E’ noto che l’ancor giovane sultano Murâd II, dopo il fallimento dell’asse- dio di Costantinopoli (10 giugno - 6 settembre 1422) e dopo la conquista di Tessalonica operata dalla flotta turca al comando deU’ammiraglio Hamza Beg (29 marzo 1430), regno tranquillamente per alcuni anni (1431-1437)1. Ciô malgrado Ducas, parlando proprio délia caduta di Tessalonica, del sacco délia città e délia deportazione in schiavitù délia popolazione, scrive che essa fu « un brutto inizio e di funesto presagio per ciô che sarebbe successo nella capitale»2. Si tratta, ovviamente, di una riflessione inse- rita qui, dopo che altri eventi ben più gravi si erano avverati, per dar mag- gior risalto drammatico alla narrazione degli awenimenti assai tragici per 1. Corne è noto, l’assedio posto a Costantinopoli nel 1422 era un atto di vendetta per l’aiuto dato da Manuele II a Mustafâ, presunto figlio di Bajezid, sconfitto da Murâd II nei pressi di Gallipoli (22 genn. 1422). Nel 1423 c’era stata l’invasione délia Morea del generale Turachan Beg, poi l’incursione contro l’Albania e il blocco per mare di Tessa- lonica, ceduta poi dai Bizantini ai Veneziani, i quali riescono a concordare con i Turchi un grosso tributo annuale. Nel 1428 era avvenuto il primo grande attacco contro la Serbia e fra il 1426 e il 1430 la riconquista délia Karamania e la sottomissione di Ibrâhîm Beg : cfr. F. Babinger, Maometto il Conquistatore e il suo tempo, trad. it. di E. Polacco, Torino2 1967, pp. 7-15. 2. Ducas, Istoria turco-bizantina (1341-1461), ed. V. Grecu, Bucureçti 1958, pp. 249, 16-251, 21, e particolarmente p. 251, 5-6 .
338 MÉLANGES IVAN DUJCEV tutta l’Europa orientale che seguiranno a breve distanza di tempo. In realtà, Murâd II, fatta la pace con Venezia (4 settembre 1430)3 e in pace anche con l’imperatore Sigismondo di Lussemburgo, re d’Ungheria, di Boemia e di Germania, col quale aveva stipulato più di una volta patti di tregua e li aveva rinnovati nel novembre 1433, sembrava soddisfatto dei risultati ottenuti4. L’occasione per intervenire di nuovo nelle regioni dell’ Europa orientale venne al momento in cui il nipote di Sigismondo di Lussemburgo, Alberto V d’Austria, fu incoronato re di Ungheria e di Boemia il 1 gennaio 1438, succedendo a Sigismondo, deceduto a Znaim il 9 dicembre 1437, non senza contrasti con la classe nobile ungherese. Per quale ragione Murâd II abbia deciso tutto ad un tratto di riprendere l’offensiva contro la Transilvania e poi contra la Serbia, non è del tutto chiaro ; pare che fosse stato spinto a ciô da alcuni elementi délia sua corte, convinti che fosse venuto il momento di approfittare délia situazione pro- fondamente turbata dell’Ungheria, ma non è da escludere che il sultano ritenesse il nuovo imperatore non molto favorevole a rinnovare i patti di tregua precedentemente conclusi con Sigismondo. Puô essere un indizio forse il fatto che l’offensiva riprese allô scadere dei cinque anni délia tregua del 1433, cioè nell’autunno del 1438. Comunque sia, è certo che nell’estate del 1438 Murâd inviô un corpo di spedizione contro la Transilvania al comando di 'Alî Beg, figlio di Evrenos, e al suo fianco parteciparono anche le truppe del despoto Giorgio Brankovic délia Serbia e del principe Vlad Dracul délia Valacchia, nella loro qualité di vassalli del sultano. La spedizione contro la Transilvania, svoltasi fra l’agosto e l’ottobre del 1438, ci è narrata, da punti di vista diversi, dallo storico bizantino Ducas, da fra Bartolomeo di Giano e da fra Giorgio di Ungheria5. Secondo Ducas gli invasori avrebbero trovato le città abbandonate dagli abitanti, si sarebbe- 3. S. Romanin, Storia documentata di Venezia, IV, Venezia2 1913, pp. 236 e 529-531 (testo del trattato inserito in quello del 18 apr. 1454 con Mehmed II) ; G.M. Thomas- R. Predelli, Diplomatarium Veneto-Levantinum sive Acta et diplomata res Venetas, Graecas atque Levantis illustrantia a. 1300-1454, II, Venetiis 1889, n° 182, pp. 343-345 ; H. Kretschmayr, Geschichte von Venedig, II, Gotha 1920, rist. anast. Aalen 1964, pp 355-356 e 634. 4. Babinger, Maometto..., p. 15. 5. Cfr. Ducas, Istoria..., p. 259, 1-20 ; Bartholomaei de Jano, Epistola de crudelitate Turcarum, PG 158, c. 1058 B (altra edizione di questo testoameinaccessibilediDeGuber- natis in A.M. Della Torre, Orbis seraphicus, Historia de tribus ordinibus, II, Quaracchi 1886, pp. 837-841) ; Theodorus Bibliander, Machumetis Sarracenorum principis vita ac doctrina, Basileae 1543, vol. II, p. 8 (Georgii de Hungaria Tractatus de moribus, condi- cionibus et nequicia Turcorum, prologus : per le edizioni precedenti di questo testo cfr. J.A. Palmer, Fr. Georgius de Hungaria, O.P. and the Tractatus de moribus condicionibus et nequicia Turcorum, « Bulletin of the John Rylands Library », 34, 1951-1952, pp. 64-68).
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 339 ro impossessati di un piccolo villaggio (Sighiçoara ?), avrebbero infine assediato inutilmente la cittadina di « Zipinion » (cioè, Sibiu o Hermann- stadt) e si sarebbero ritirati, per paura di qualche imboscata. Secondo invece gli altri due memorialisti le devastazioni sarebbero State ben più gravi. Bartolomeo di Giano6, scrivendo il 12 dicembre 1438 al proprio confratello dei Frati Minori, Alberto da Sarteano, allora a Venezia, da Costantinopoli, « eminentissimo loco, in capella videlicet Constantini iuxta palatium eius, quam sancti Hieronymus et Augustinus et Nicolaus cum reliquis tercentis octodecim patribus Chalcedonensis concilii conse- crarunt»7 (allude certo al convento di S. Antonio dei Cipressi dei Frati Minori, iniziato in quegli anni, non lontano dall’antico Palazzo impériale8), cosi si esprime : « Ubi est ille Hieremias propheta, qui non unam solam defleat civitatem, sed très, sed quatuor, sed castra atque villas innumeras, magnam dico ac nota- bilem patriam, habitatoribus et divitiis opulentissimam, iam destructam in cine- remque redactam, de mense videlicet Augusti praesentis anni ; patriam dico fidelium populorum, qui Saxones nuncupantur in patria Transylvana, quae, ut frater mihi narrat ex praeda redemptus, OCtO dierum longitudine et trium lati- tudine tendebatur, quae prius Septemsolia [= Siebenbürgen] dicebatur, nunc vero quid nominetur ignoro, nisi forte locus lamentationis et planctus... Très magni montes capitum occisorum hominum facti sunt ibi, qui se pacifice eorum manibus tradere noluerunt, corporibus per convexa montium rotulatis, lupis et canibus atque avibus horrenda cibatio ; sacerdotes, religiosi, iuvenes et antiqui, dum tamen ambulare possent, in catenis ferreis perducti sunt ad caudas equorum ; 6. Su Bartolomeo di Giano, OFM, la sua vita e le sue opéré, cfr. J. Govens, in Dict. de géogr. eccl., VI, 1932, c. 1005 ; A. Teetaert, in Dict. de droit canon, II, 1935, cc. 212- 213 ; A. Alecci, in Diz. biogr. degli ital., VI, 1964, pp. 723-724 ; Repert. Font. Hist. Medii Aevi, II, Roma 1967, pp. 452-453. Sempre utili : L. Wadding, Annales Ordinis Minorum, ad Claras Aquas 1932, voll. X, pp. 127, 210, 274 ; XI, pp. 67, 166, 244, 248- 251 ; XIV, pp. 404-405 ; XV, p. 368 ; ID, Scriptores Ordinis Minorum, Romae 1906, pp. 37, 39 ; H. Sbaralea, Supplementum et castigatio ad Scriptores Trium Ordinum S. Francisci, I, Romae 1908, pp. 117, 126. Bartolomeo di Giano era stato prescelto assieme ad altri confratelli, tra cui Alberto da Sarteano, nel capitolo di Bologna del 1431 per esser inviato in Oriente. Partito nel 1435, molto probabilmente verso la fine di quell’anno, su invito del papa Eugenio IV, rimase a Costantinopoli almeno fino al 1443 (cfr. più innanzi, n. 15). Nel 1444 fu nominato « vicario délia provincia orientale» deU’Ordine dei Frati Minori, ma non si sa quando sia rientrato in Italia. E’ probabile che gli ultimi anni délia sua vita li abbia trascorsi tra Assisi e Perugia ; morl nel 1483 ed è sepolto nel convento di San Francesco de Monte a Perugia. 7. Bartholomaei de Jano Epistola..., c. 1060 B. 8. Cfr. A. BelIN, Histoire de la latinité de Constantinolpe, Paris2, 1894, pp. 105, 108 ; R. Janin, La géographie ecclésiastique de l’Empire Byzantin, I, Le siège de Constantinople et le patriarcat oecuménique, 3, Les églises et les monastères, Paris1 1969, p. 577.
340 MÉLANGES IVAN DUJCEV reliquum vero vulgus cum pueris et mulieribus ut pecora a canibus impulsa sunt absque ulla misencordia vel pietate... » . C’è molto probabilmente délia esagerazione nel racconto di fra Bartolo- meo e già certo nella narrazione che gli aveva fornito un confratello, il quale aveva assistito alla tragedia délia regione transilvana e che aveva seguito le torme delle persone fatte schiave fino ad Andrinopoli, dove poi era stato riscattato e liberato. Anzi, fra Bartolomeo soggiunge che, in conco- mitanza con questa spedizione, molto probabilmente al ritorno, « plus- quam sexaginta millia, ut dicitur, animarum asportavit de regno Rasiae [= Serbia], Hungariae convicino »9 10, e che già da più di venticinque anni « anno quolibet non minus quam decem vel quindecim millia, pauciora dico, ut credas, animarum rapit»11, dove è da vedere forse un’ allusione alla consuetudine, che si andava affermando in quegli anni, del « devsir- me», cioè del reclutamento forzato dei giovinetti12. Pare comunque, a quanto racconta fra Bartolomeo, che quando già l’esercito turco stava per rientrare dalla spedizione, si staccassero da esso circa 25.000 uomini, i quali, tornati in Ungheria, « Hungaros quasi iam securos repentissime invaserunt in quadam provincia quae dicitur Siculorum [= Szekels], quasi in medio Hungariae», facendo ivi prigionieri altri trentamila uomini13. La spedizione transilvana del 1438 era stata da tempo prevista e temuta a Costantinopoli, tanto che fra Bartolomeo aveva scritto più lettere a re e principi per invocare il loro aiuto : « Nam et ego ex parte maiorum et fratres direxi et litteras plusquam triginta conscripsi diu ante de mense Decembri [sciï. 1437], quando ille parabat exercitum contra ipsos ; et has ad imperatorem [= Sigismundum] et duces rnisi, quas et habuerunt et legerunt, nec curaverunt, prout exitus ipse demonstrat »14. Purtroppo tali lettere, fino a questo momento, che io sappia, non sono State ritrovate, e solo a grande fatica si riesce oggi a riunirne soltanto tre, una inedita, di cui publichiamo qui il testo, scritta avanti l’aprile 1440, corne vedremo, e Paîtra, conosciuta in una versione in francese antico, del 3 febbraio 144315. Ed è un grande peccato, perché queste lettere di fra 9. Bartholomaei de Jano Epistola..., c. 1058 B. 10. Ibid., c. 1057 D. 11. Ibid, cc. 1057 D - 1058 A. 12. Ibid., 1. c., e più innanzi, cfr. n. 45. 13. Ibid., cc. 1060 D - 1061 A. 13. Ibid., cc. 1060 D - 1061 A. 14. Ibid, c. 1064 BC. 15. Segnalata già dal Palmer, Fr. Georgius de Hungaria..., p. 55 n. 2, che ha corretto l’errore di interpretazione dell’editrice, la quale aveva inteso l’espressione «de Jenne»
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 341 Bartolomeo ci restituirebbero un’immagine ancor più chiara e realistica délia situazione dell’Europa orientale fra il 1435, anno in cui egli giunse a Costantinopoli, e il 1444, anno in cui venne nominato « vicario délia pro- vincia orientale » dei Frati Minori. La versione dei fatti data da Giorgio di Ungheria16 è più circoscritta, nel senso che è da lui incentrata sull’avvenimento che gli costô la prigionia di vent’anni in mano turca, cioè sulla caduta di Szâszebes (= Mühlbach) : « Cum anno Domini mccccxxxvi [in realtà, 1437] in obitu imperatoris Roma- norum Sigismundi magna inter Hungaros et Alemannos exorta fuisset dissensio de faciendo rege, eo quod imperator legitimum successorem sibi non reliquisset, Turcus magnus, qui vocabat (-atur ?) Moratbeg, pater illius qui nunc régnât, videlicet Mechemetbeg, cum magna exercitus multitudine partes illas intravit. Dicebatur enim habuisse trecenta milia equitum, ea intentione ut totam Hunga- riam devastaret : quod fecisset, nisi cuiusdam fluvii inundatio — Deo disponente — sibi impedimento fuisset. Ilia itaque intentione frustratus, direxit aciem ad provinciam ultramontanam quae Septemcastra [= Siebenburgen, Transilvania] vocatur et omnia sibi occurrentia crudeliter devastavit et demolitus est, nullo sibi impedimento obstante. Ea tempestate ego iuvenis XV vel XVI annorum, eiusdem provinciae, anno praecedente recesseram de loco [= Ramocz, Rumes] civitatis meae et veneram in quoddam castellum seu civitatulam nomine Schebesch [= Szâszsebes] secundum Hungaros, in Teutonico vero Muelenbag. [= Mühl- bach], studendi gratia. Quae quidem civitas tune erat satis populosa, non multum tamen bene munita. Ad quam, cum Turcus venisset, et castris positis expugnare cepisset, dux Valachorum [= Vlad Dracul], qui cum Turco venerat propter antiquam, quam prius contraxerat cum civibus ipsius civitatis, amicitiam, venit ad murum et sedata pugna vocatis civibus persuasif, ut suis consiliis consentirent et cum Turco non pugnarent, eo quod nequaquam civitatis munitio esset sufficiens ad resistendum — hoc enim eius erat consilium, ut civitatem Turco cum pace darent —, et ipse a Turco impetrare vellet, quod maiores civitatis usque ad terrant suam secum ipse duceret et postea, quando placeret eis, recedere vel etiam stare possent, reliquum vero vulgus sine aliquo rerum vel personae detrimento Turcus corne se fosse «de Gênes», è stata pubblicata dal cod. Paris, fr. 1278, ff. 130-133, in Anchiennes chronicques d’Engleterre par Jehan de IVawrin, Choix de chapitres inédits annotés et publiés... par Mlle Dupont, II, Paris, 1859, pp. 2-11, e riprodotta da N. Jorga, Les aventures ‘sarrazines’ des Français de Bourgogne, in C. Marinescu, Mélanges d’his- toire générale, I, Cluj 1927, pp. 35-42. La data indicata alla fine délia lettera : « Escript en Constantinoble le IIIe de février l’an M.CCCC. et XLII», è certo errata. Vi si parla infatti di avvenimenti verificatisi fino al 2 sett. 1442, corne vedremo, e quindi non « XLII », ma « XLIII » (e cosi è datata già dallo Jorga). Non si comprende bene che cosa abbia voluto dire la Dupont nella nota : « fin de l’année» del 1442. 16. Su Giorgio di Ungheria cfr. Fl. Banfi, Fra Giorgio di Settecastelli O.P. detto Georgius de Hungaria, « Memorie domenicane», 56 (1939), pp. 130-141 e 202-209 ; Palmer, Fr. Georgius de Hungaria..., pp. 44-68 ; Babinger, Maometto..., pp. 16 e 455-456.
342 MÉLANGES IVAN DUJCEV in terram suam duceret illicque data ipsis terra ad possidendum, deinde ad placi- tum recedere vel habitare in opportunitate temporis in pace possent»17. I patti vengono mantenuti e l’indomani la maggior parte délia popola- zione se ne va via pacificamente. Ma due fratelli, di cui uno era stato il « castellanus » délia città, si rifiutano di aderire ai patti, a lui si uniscono altri, tra cui Giorgio di Ungheria, e decidono di combattere fino alla morte rinchiusi in una torre ; ma ben presto i Turchi hanno il sopravvento e catturano i pochi rimasti vivi nella torre. Cosi, anche Giorgio di Ungheria, cadde prigioniero, venne venduto a dei mercanti di schiavi che lo trassero in catene fino ad Andrinopoli, rimanendo in stato di schiavitù per venti anni (1438-1458). Solo molto tempo dopo, verso gli anni settanta18, pose mano a descrivere le sue terribili esperienze presse i Turchi nel suo Tracta- tus de moribus, condicionibus et nequicia Turcorum. Il nostro Giorgio dunque fu meno fortunato del confratello di fra Bartolomeo, il quale, corne si è visto, riusci a liberarsi poco tempo dopo esser giunto ad Andrinopoli ; in ogni caso, avanti il 12 dicembre 1438. Ma la spedizione contro la Transilvania non fu che il prodrome délia ripresa delle ostilità di Murâd II contro l’Europa orientale. L’anno dopo avveniva l’irruzione nella Serbia, e questa volta l’esercito era comandato dal sultano stesso. Pare che, pure all’origine di questa spedizione, ci sia l’intento di Murâd II di approfittare délia lotta per la successione al trono dell’impero19 per conquistare una fetta del territorio europeo, nella convin- zione che Alberto V d’Austria non avrebbe potuto aiutare validamente il despoto di Serbia, Giorgio Brankovic. Invano questi sperô di acquistarsi il favore del sultano concedendogli in moglie la figlia Mara, di circa sedici anni20. Verso l’estate del 1439 avevano inizio le operazioni contro la Ser- bia : in Italia, a Firenze, nello stesso anno, stava per concludersi il Concilie di Firenze con l’accordo tra la Chiesa greca e quella latina21. Era ormai troppo tardi per poter sperare negli aiuti promessi dagli Occidental!. Pare 17. Theodorus Bibliander, Machumetis..., p. 8. Sul luogo di nascita, Romocz o Rumes, dato da una glossa di un antico manoscritto, cfr. Palmer, Fr. Georgius de Hun- garia..., p. 45. 18. Banfi, Fra Giorgio..., p. 207 ; Palmer, Fr. Georgius de Hungaria..., pp. 45-46. 19. Cfr. C.J. Jirecek, Geschichte der Serben, II 1, Gotha 1918, rist. anast. Amsterdam 1967, pp. 175-176 ; Babinger, Maometto..., p. 15. 20. Jirecek, Geschichte der Serben..., II 1, p. 170. 21. L’unione venne proclamata dal card. Giuliano Cesarini, per i Latini, e dal Bessa rione, vesc. di Nicea, per i Greci, il 6 luglio 1439 in Santa Maria del Fiore : cfr. J. Gill, Il Concilia di Firenze, trad. it. di A. Orsi Battaglini, Firenze 1967, pp. 350-352.
l'europa orientale dopo la cadijta di smerderevo 343 che il despoto Giorgio avesse chiesto a Venezia la città di Dulcigno suite costa22, forse corne rifugio neH’imminente pericolo, ma Venezia non accon- senti alla sua richiesta e poco dopo faceva rispondere al « cornes » di Cattaro che « capitula pacis, quam habemus cum Despoto Georgio non obligant nostrum Dominium accipere loca sua aut subditos suos in protec- tionem neque guerram pro eis sumere» (12 luglio 1439)23. La richesta di potersi rifugiare sulla costa da parte di Giorgio Brankovic si fece molto più pressante poco dopo la caduta di Smederevo, ma anche quella volta Venezia fece rispondere che non intendeva cedergli Dulcigno e che, se egli si fosse rifugiato in territorio sotto il dominio veneziano, sarebbe stato accolto con la sua famiglia, e il « cornes » di Scutari gli avrebbe versato la somma di denaro che gli spettava (2 gennaio 1440)24. E’ chiaro che Venezia a quella data non era ancora al corrente délia tragedia di Smederevo, ma poco dopo veniva a sapere che il despoto Giorgio era fuggiasco dalla sua patria ed era giunto a KJjuc con la sua famiglia e 1500 cavalieri diretto verso il Friuli (30 maggio 1440)25. Il destino del sovrano délia Serbia s’era compiuto il 18 agosto 1439, quando la for- tezza di Smederevo aveva ceduto di fronte aile forze preponderanti dell’eser- cito turco. La storia di questa fortezza è nota. Variamente denominata nelle fonti bizantine e occidental! (Sp.evTopopov, Sphrantzès ; Sp.é8popov, Ducas ; Sap.àv8p(.a, Critobulo ; SravSépoPov Chalcocondyles ; « Samandra seu Smederavo », vesc. Martino Segono ; « Semedrum » docc. veneziani ; «Semendire», in turco ; ecc.)26, sorgeva sul Danubio, alla confluenza délia Jezava, braccio occidentale délia Veliki Morava. Al momento in cui Bertrandon de la Broquière passé da queste parti, verso il 1432-1433, il despoto Giorgio Brankovic non aveva la sua residenza ancora a Smederevo, 22. Il 23 aprile 1439 ; cfr. J. ValentIni, Acta Albaniae Veneta saeculorum XIV et XV, vol. XVI, Monaci in Bavaria 1972, pp. 56-57. 23. Ibid., pp. 78-79. 24. Ibid., pp. 85-86. 25. Ibid., pp. 95-97. 26. Georgios Sphrantzès, Memorii (1401-1477), ed. V. Grecu, Bucureçti 1966, p. 108, 20 e 24 ; Ducas, Istoria..., pp. 257, 30 ; 261, 24 sgg. ; 273, 13 ; 397, 30 ; Critobuli Imbriotae De rebus per annos 1451-1467 a Mechemete gestis, ed. V. Grecu, Bucureçti 1963, pp. 185, 31-35 ; 205, 22-23, etc. ; Laonici Chalcocandylae Historiarum demonstra- tiones, ed. E. Darkô, Budapestini 1922-1927, vol. II, pp. 23, 19-25, 5 ; Martini de Segonis Quos terrarum limites ed. A. Pertusi, Martino Segono di Nova Brdo, vescovo di Dulcigno. Un umanista serbo-dalmata del tarda Quattrocento, Roma (in corso di stampa) ; e per la forma in turco, cfr. D.E. Pitcher, An historical geography of the Ottoman Empire, Leiden 1972, pp. 71 e 166.
344 MÉLANGES IVAN DUJCEV ma abitava, egli dice, « à une ville nommée Nicodem qui est une ville champestre», che si trovava a mezza giornata di cavallo da Belgrado27. Secondo Milcevic questa « casa di campagna » di Nekudim sarebbe da loca- lizzare alla confluenza fra la Jasenica e la Kubrsnica nei pressi di Palanka, e quindi a 30 km, circa a sud di Smederevo28. A quell’epoca dunque Sme- derevo non era forse che un piccolo villaggio, sorto nel luogo in cui si tro- vava in epoca romana la cosiddetta « mutatio Vingeio»29, presso il quale, nel triangolo di terra formato appunto dalla Jezava, sorse poi la grandiosa fortezza di stile bizantino. Fu appunto il despoto Giorgio Brankovic che, ottenuta l’autorizzazione da Murâd II nel 1428, fece costruire dal cognato Tomaso Cantacuzeno, fratello di sua moglie Jerina, a fianco délia cittadina di Smederevo, già esistente almeno dal sec. xiv, prima una fortezza più piccola triangolare, di 120 m. circa di lato, con sei torri laterali ed un torrione centrale, fra il 1428 e il 1430, corne si puô desumere dall’iscrizione incastonata ivi, poi una fortezza più grande, che includeva quella più piccola, fra il 1430 e il 1438, portando a diciannove le torri e da 400 a 500 m. ciascuno dei tre lati del triangolo30. In essa, e particolarmente nella for- tezza più piccola, il despoto costitui la residenza sua personale. In effetti, nella fortezza piccola, si notano ancora le vestigia di un palazzo le cui bifore si affacciano sul Danubio, e nel trattato del 1435 tra Giorgio Bran- kovic e Venezia si dice che esso fu stipulato e sottoscritto « apud Semedrum 27. Ch. Scheffer, Le Voyage d'Outremer de Bertrandon de la Broquière, Paris 1892, rist. anast. Westmead 1972, pp. 208-209. 28. Cfr. C.J. Jirecek, Die Handelstrassen und Bergwerke von Serbien und Bosnien wahrend des Mittelalters, in Abhandl. d. konigl. bôhm .Gesell. d. Wiss., vi Folge, 10. Band Cl. f. Philos., Gesch. u. Philol., 2, Prag 1879, p. 88 ; M. Dinic, Oblast centralne Srbiji u srednjem veku, in Arheoloski spomenici i nalazista u Srbiji, vive Centralna Srbija, Beograd 1956, pp. 58-59. 29. Cfr. K. Miller, Itineraria Romana. Rômische Reisenwege an der Hand der Tabula Peutingeriana, Stuttgart 1916, p. 499 ; G. Skrivanic, Putevi u srednjovekovnoj Srbiji, Beograd 1974, p. 83. 30. Sulla fortezza di Smederevo e la sua storia, cfr. Dinic, Oblast centralne..., pp. 61-62 ; A. Deroko, Smederevski grad. Stanovanje u jednom nasem srednjovekovnom gradu i jos neki drugi nereseni problemi, « Starinar», Arheol. Inst., 2 (1951), pp. 59-98 ; A. Deroko, S. Nenadovic, Smederevski grad. Ispitivanja 1956 godine, ibid., 7-8 (1956-57), pp. 181-192 ; A. Deroko - I. Zradvkovic, Zastita ostataka dvorca despota Djuradja u Smcderevskom gradu, «Zbornik zastita spomenika kulture», 9 (1958), pp. 48-78 ; A. Deroko - I. Zdravkovic, Konzervatorsko-istrazivacki radovi u Malome gradu Smedere- vske tvrdjave, ibid., 10 (1959), pp. 137-148 ; I. Zdravkovic, Smederevo najveda srpska srednjovekovna tvrdjava, « Starinar», Arheol. Inst., 10 (1969), pp. 423 -429; S. Cirkovic, Smederevo - Prestonica srpske despotovine, « Zbornik radova Oslobocenja gradova u Srbiji od Turaka 1862-1867 god », Srpske Akad. Nauka i Umietn., Od. drustvenih nauka, Beograd 1970, pp. 61-69 ; S. Dimitrijevic, Novae grada Smedereva, ibid., pp. 71-86 ; I. Zradvkovic, Srednjovekovni gradovi u Srbiji, Les forteresses médiévales de Serb ie, Beograd 1970, pp. 74-83.
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 345 in curia sive in palatio residentie suprascripti i(llustris) et excelsi domini domini Despoti in sala magna audientie ipsius domini»31. E’ possibile che Giorgio Brankovic abbia tentato di allontanare dal suo territorio « con preghiere e con promesse » il flagello che stava per abbatter- si su di lui, corne narra Martino Segono32, ma di tali trattative non sappia- mo nulla. Hammer e Zinkeisen33 pensano che esse siano avvenute nel 1432-1433, ma taie data è tratta da un’errata datazione délia costruzione délia fortezza di Smederevo. Certo nella trattativa ci fu l’offerta délia gio- vanissima figlia Mara in sposa a Murâd e del figlio Stefano corne ostaggio, perché nel 1434, a quanto sembra, secondo le cronache turche34, il capo eunuco Uruz Beg venne inviato con la moglie di Ishâq Beg, governatore délia Serbia, aprelevare la fanciulla, e molto probabilmente anche Stefano35. Questo figlio infatti, al momento délia caduta di Smederevo, si trovava prigioniero del sultano ad Andrinopoli. Ma tutto fu vano, il sultano rimase irremovible nella sua decisione di conquistare la Serbia e quindi il primo obiettivo che egli si propose, dopo la conquista délia cittadina fortificata di Krusevac (1428), fu quello délia fortezza di Smederevo. Essa cadde il 19 agosto 1439 dopo tre mesi di assedio durissimo36. La notizia délia sua caduta e delle conseguenze che essa ebbe sul despoto Giorgio Brankovic, sulla sua famiglia e sulle popolazioni délia Serbia, giunse ben presto ad Andrinopoli, certamente avanti il 12 febbraio 1440, 31. S. LjUBlé, Listine o odnosajih izmediu Juznoga Slavenstva i Mletacke Republike, il, 1423-1452, Zagreb, 1890, p. 84. 32. Martino Segono, Dell'origine, délia milizia e delli costumi de i Turchi, in Pertusi, Martino Segono di Novo Brdo..., cit. 33. J. v. Hammer-Purgstall, Geschichte des osmanischen Reiches, i, Pest 1827, rist. anast. Graz 1963, pp. 444-446, trad. ital. di S. Romanin, Storia delTimpero osmano, iv, Venezia 1828, pp. 398-401 ; J.W. Zinkeisen, Geschichte des osmanischen Reiches in Europa, i, Gotha 1854, pp. 582-583. 34. Hammer-Purgstall, Geschichte..., 1. c. 35. Verso il 1432-3 la figlia Mara era già stata inviata, corne dice Bertrandon de la Broquière : « Car oultre le tribut qu’il paye, il doit envoyer quant le Turc le mande, son fils second et mil ou vm cens chevaulx en sa compagnie ; et avecques cela, il luy a donné une de ses filles à femme et encoires est ung doubte qu’il ne luy toulle tout son pays... » (Schefer, Le Voyage d'Outremer.., p. 209). 36. Délia caduta di Smederevo parlano alcuni cronisti bizantini e turchi : Ducas, Istoria..., pp. 261, 24-263, 4 e 25-27 ; Laonici Chalcocandylae Historiarum demonstra- tiones..., n, pp. 23, 19-25, 5 ; Critobuli Imbriotae De rebus..., p. 185- 31, 35 e 186, 30-33 ; Cronici turcesti privind jarile Romane. Extrase, vol. 1, sec. XV-mijlocul sec. XVII, volum intocmit de M. Guboglu çi Mustafa Mehmet, Bucuresti 1966, pp. 53-55 (Orudji bin Adil), 87-88 (Asik Pasa-zâde), 121 (Mehmed Nesri), 168-169 (Idris Bitlisi), 194 (Kemal Pasa-zâde). Cfr. Jirecek, Geschichte der Serben..., n, pp. 174-175 ; Babinger, Maometto..., pp. 16-17.
346 MÉLANGES IVAN DUJCEV e poco dopo anche a Costantinopoli. Le indicazioni ci provengono da due documenti inediti, molto interessanti, conservati in un codice délia Herzog- August-Bibliothek di Wolfenbüttel, il Guelferb. lat. 42.3 Aug. 2°, cart., sec. XV, miscellaneo, scritto da diverse mani, ff. 290v-292v. Corne ho già segnalato altrove37, c’è un grosso errore nel catalogo dello Heinemann. A parte la confusione tra la relazione sulla caduta di Costantinopoli del 1453 di Benvenuto, console degli Anconetani, e la lettera che segue, del doge di Venezia, Francesco Foscari, al papa Nicolô V del 30 giugno 1453. si deve osservare che le due lettere che qui publichiamo non trattano « de destruc- tione et captivitate Constantinopolis et de factis Turcorum», corne ha indicato lo Heinemann, ma délia caduta délia fortezza serba di Smederevo nel 1439 e delle conseguenze che essa ebbe sulle popolazioni dell’Europa orientale cadute sotto il giogo dei Turchi. Inoltre, corne ora vedremo, la seconda lettera non è indirizzata a un fantomatico « B. Tholomensis de Jano», ma al ben noto fra Bartolomeo di Giano, di cui si è già parlato. Ma vediano innanzi tutto i due documenti. Diu, pater beatissime, cogitavi crebriusque mente revolvi an quae in praesentiarum dicturus sum dicere magis expédiât vel tacere. Cogito nam- que quid prodest malorum nostrorum implere libros, vestra beatitudo, alio- rumque orthodoxorum corda consternere, inimicorum Christi dominationes 5 christianorum quae excedunt latius explicare, cum nemo succurrat ? Scimus, videmus, tangimus, flemus, clamamus ad sidéra : aqua tamen Tiberis vel Danubii continue labitur cursu et divinae sententiae onus suo semper pondéré fertur. Scripsi, pater beatissime, ruinas et calamitates quas hic oculis aspicimus manibusque palpamus ; ipsorum infidelium 10 félicitâtes atque victorias adnotavi, Christi vero cultorum amarissimas servitutes perdititionesque die noctuque viscerosius deplangendas. Sed quid in ventum verba iactavi, quid laborem cartamque consumpsi, quid clamando raucus sum effectus, cum omnes dormiant, ymmo letargium vel mortem potius patiuntur ? Quid sperabam insipiens, numquid in homine 15 salus est ? Maledictus qui confidit in eo : sed absit ut in homine spes nostra sit, sed in Deo potius, qui nunquam in se despicit confidentes. Verum inscriptio deest 5 latius scripsi'. laceus W 11 viscerosius sic W 16 despicit scripsi : despisit W 37. Cfr. A. Pf.rtusi, GH Anconetani a Costantinopoli e la relazione di Benvenuto, console degli Anconetani, sulla caduta délia città, in Festschrift P. Charanis, Rutgers University, New Brunswick (in corso di stampa).
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 347 20 25 30 35 40 45 cum non ignorem humana opéra nichilominus arbitrii libertate quam Dei providentia gubernari, quodque si divinum iudicium stabile firmumque est ulla potest ratione divelli, ipsa tamen sententia semper est mutabilis meritis commutatis, ut Ezechiae regis et Ninivae conservatae probatur exemple. Quodque si prophetae illi prophetieeque loquentes Dei iudicium reique exitum ignorabant vere, nichilominus et sine mendacio Dei pronunciavere sententiam quod videlicet post XL dies Ninive subvertetur et Ezechias rex de lectulo non consurget. Quo manifeste apparet divinam sententiam ex meritis dependere nostris, quibus (ut) nulli dubium (est) commutatis, ipsam Dei innuere sententiam necesse est. Idcirco, beatissime pater, nulla- tenus ab humana exhortatione, invitacione, clamore, oracione lacrimisque cessandum puto. Potest namque, béatitude vestra, ista toti palam facere mundo, potest oracioni indulgenciam aliaque virtutis opéra iniungere, potest regum, principum corda permovere ab ipsisque super his auxilium postulare, potest, dico, manibus propriis vexillum assumere Crucis, quo post se totum pertrahat orbem. Solet enim Deus semper his favere inceptis et cordis sancta desideria adinplere ; postremo potest, non dico milia animarum, sed decies centena milia liberare a miseranda servitudine atque morte. O si videres, beatissime pater, quae nos videmus, firmissime credo quod vero vestrae beatitudinis pium cor prae doloris amaritudine scindere- tur. Et certe mirer quomodo non hominum corda solum, sed ipsi prae- sentes lapides non franguntur. Sed iam induratum est malum, iam ipsa consuetudine insensibile factum est. Tali namque anime talisbusque oculis christianorum turbam aspicimus in cathenis duci ad servitutem atque quasi porcorum gregem vel pecorum ad stabulum vel macellum. O christianorum pia corda, quid facitis, cur non findimini prae dolore ? Oculi fidelium, quid tacetis a fletu, ut non penitus liquescatis in lacrimis ? Sexa- ginta et eo amplius milia animarum, pater beatissime, hoc anno perdita sunt et ab infidelibus asportata ; dicerem LXXX potius, sed dubito ut prae multitudine non credatur. Si enim dominus baylus Venetorum, si dominus potestas terrae Perae, si mercatores innumeri, si frater denique meus, quem Andriopholim destinavi, ubi sedes est Thurci, cuius hic litte- ra inclusa est, mendacia isti loquuntur, ut forte infidelibus blandiantur, 20-23 Ezechiae... non consurget: cf. Jon. 3,4; 4 Reg. 20, 1 ; 2 Par. 32, 1 ; 2 Isai. 38, 1 sqq. 25 ut... est supplevi (cf. lin 123.) 26 innuere dubitanter legi 30 his scripsi: hiis hic et infra W 36 vero dubitanter legi : ûô vel nô W 36-37 scinderetur vel scindeatur W 45 asportata scripsi : apportata W 46 baylus correxi : kaylus W
348 MÉLANGES IVAN DUJCEV 50 55 60 65 70 75 80 mentior et ego cum eis. Sed utinam potius mentiamur omnes, quam vera esse probemus. Totum enim regnum Raciae vel Serviae desolatum est, Georgio dispoti expulso de regno, castrum cuius potentissimum multo tempore et labore confectum super ripam Danubii collocatum Spendrano nomine diu obsessum non sine suorum sanguine tandem obtinuit, quo facile nunc potest, nisi Deus ipse succurrat, totam pro frigore Ungariam et Almaniam devastare. Quod tamen ex magna parte iam fecit : potitus enim Castro praelibato, ubi transitas erat, illico copiosum transvadavit exercitum, non parvamque Hungariae partem igné consumpsit, civitatem quandam nomine < ), gentibus plenam, repentino Thurcorum consternatam adventu cepit, exercitum quendam Ungarorum, qui proinde collocatus erat fregit, aliam vero civitatem nomine Cuminim, ex altéra parte Danubii, prius ac ceperat quam Castro potiretur. Et sic non una tantum vice vel duobus exercitibus missis infinitam paene multitudinem captivorum arripuit. Nec tamen quod velim credas, beatissime, haec ipsa mala aestatis tempore solum facere, sed hyeme potius quam aestate, prop- ter Dannubii aquam congelatam. Febris continua est, perpetuum malum, dolor continuas est ; vix est enim mensis et forte vix dies quoniam mille, milia, CXXX et X quandoque transeunt latronum more : nunquam tamen vel raro redeunt abs praeda. Si vivente rege atque praesente talia facta sunt et continue fiunt a multis paucisque, quid modo timendum est, beatis- sime pater, cum ille Albertus rex veneno referatur necatus ab Ungaris totumque regnum illud divisionis turbine quassatur, et hic inimicus Christi cum infinité» nunc se parat exercitu ut regnum illud, si possit, obtineat vel saltem destruat et perdat in finem ? Sed pius et misericors tu solus succure qui potes, in tantis periculis subvenire ; sed et tu, beatissime pater, qui tanta et tam ardua pro ecclesia Dei facta fecisti tantaque dura et acerba es passus, huic tanto morbo etiam succurre, si potes : pauper es diviciis fateor, attamen magnitudine non pauper ; aurum et argentum non est <tibi), sed zelus, sed caritas, sed in Deo confidentia magna. Quamquam superfluum procul dubio sit praesum- ptuosumque ad huiusmodi opus vestrae beatitudinis incitare mentem, quam certissime scio die noctuque nil aliud plangere, nil aliud suspirare, nisi errantes velle reducere oves reductasque servare ac iam perditas de faucibus liberare luporum. Ecce, pater beatissime, errantes reduxisti : opus est 54 sanguine scripsi : sagwine W civitatis nomen non transcripsit W 77 etiam dubitanter legi : ct/W 78 esti W 79 caritas scripsi : ka-W 56 Almaniam sic W 59 lacunam conieci : 65 hyeme scripsi : yeme W 73 ut correxi : et W pauper scripsi : paup W 79 est tibi supplevi : 80 superfluum correxi : superflua W
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 349 85 90 95 100 105 110 115 iam quaerere perditas, sed non minus servare perdendas, quod si forte praesentium temporum condicio mala atque christianae patriae calamitas exterreant ipsam mentem, memento, quaeso, Dei nostri consuetudinem ab antiquo, ut cum videlicet fideles sui in extrema inciderunt mala, ut quasi nec salutis spes amplius videatur esse remedii, tune continue ille potens succurrit manum ostenditque, quod ipse sit solus qui facit mira- bilia magna, solusque ille potest impossibilia facere, confracta dirigere, reformare destructa, desperata resumere et ad vitam quae videntur mortua revocare, ut cum consumptum se homo putaverit oriatur ut Lucifer. Solitus enim ille semper est hominum dissipare cogitatus qui vani sunt, superbos debellare, exaltare humiles, de magnis parva de parvis magna formare. Quare autem hoc dixerim patet : nam omnia paene christianorum régna omnesque civitates et patriae bellis incendiis pestilentiisque confracta sunt, ut ira super populum suum iam debere quiescere videatur. Iam enim diviciae in paupertatem, gloria in confusionem, altitude in humilitatem versa sunt. Ecce spes hominum annullata : nunc tempus est, pater beatissi- me, Dei temptare et experiri bonitatem et antiqua miracula revocare ; cooperatores enim Dei sumus, ut ait Apostolus, ymmo per ipsos homines salutem plerumque hominum operatur. Incipe christianae salutis opus, ymmo prosequere iam incepta cum magna iam experte perfeceris. Ipse autem pius et bonus Deus vota sancta complebit. Misisti, pater sanctissime, religiosos multos praedicatoresque Verbi Dei nonnullos pluresque missurus es ad Orientis partes, sed certum est quoniam enses, lanceae et sagittae in istis partibus melius praedicarent. O si liceret distendere alas transcurreremque per Graeciam et Thurciam, quam facile lumen agnoscerent veritatis ! Ibi enim nunc, si mori libet, praedicare licet ; sed quid facit lingua, si ne gladio tueatur eorum ? Si quandoque divina bonitate tuaeque sanctitatis aliorumque fidelium soler- tia gladius ille conteratur, et Thurcus non tam difficile fulgur ab Oriente exit et apparet in Occidente quam Verbi Dei splendor omnium regionum istarum nebulas effugaret, nec tam difficile christiani perventuntur a fide, quorum paene infinitus est numerus, quam illi ad fidem christianissimam convertantur, cum fere ibi nullus sit qui christianus non fuerit vel patrem vel saltem avum habuerit christianum. Addendum ad hoc quod tanti inter ipsos 90-91 qui... mirabilia: cf. Judic. 13, 19; Psalm. 71, 18; etc. 91 impossibilia facere : cf. Luc. 18, 27 102 cooperatores... sumus: cf. I Cor. 16, 16; 3 Joann. 8 90 potens correxi : potes11 (i.e. ti expuncto) W 111 si ne scripsi : sine W post gla dio fort, addend. quidem
350 MÉLANGES IVAN DUJCEV 120 125 130 135 140 145 150 iam sunt adhuc fidelissimi christiani, licet tamen sclavi, ut quasi ab ipsis in numéro superentur, quod si unum solum christianorum vexillum erige- retur, ipsi soli sufficerent ad se vindicandum de suis crudelissimis inimicis. Taceo de Graecis, qui inter ipsos habitant in civitatibus atque villis etiam usque Iherusalem, qui, ut nulli dubium est, ut fertur, tamen quod in numéro superant ipsos Thurcos. O igitur, beatissime pater, accinge sicut vir lumbos tuos et digitos tuos ad fortia mitte. Credo iam tempus est ut clamorem populi sui Deus exaudiat vel miserabilium captivorum non spernat lacrimas et labores, qui taies ac tanti sunt ut non modo ille qui pietatis et misericordiae fons est, sed ipsi leones et tigrides ad misericordiam moveantur. Quis, inquam, non fleret ex intimo cordis sui, dum cerneret quamplures ex infidelium manibus fugam capere et tanto desiderio (flagrare) libertatis, ut se ipsos ad mare proiciant, nullaque navigandi vel natandi arte gubernati, alii quidem ligno se applicant, alii vero coriis boum vel caprarum pro navibus utentes abs velis et remis, nauta vel nauclero, pelago iactantur et undis, <inscii> quo pergant, ad quem perveniant portum ? Pie pater, tu ipse considéra, in isto maxime currentis aquae impetu velocissimo ex centum enim vix unus egreditur. Quid insuper credis, o pie pater, qui fugam ex longis partibus capiunt ut ad istam perveniant urbem ? Cum igitur ignorent viam, se réfu- giant in silvis ferarum more, vagantur humanum cibum per dies XX vel XXX nullatenus dégustantes, quorum plurium aspexi ossa solum pellibus involuta, pars vero non parva famé et frigore periit, quidam ferarum denti- bus consumuntur, plures vero se ipsos quasi iam mortuos iterum tradunt ad servitudinem, ad vincula, reducendos melius aestimantes etiam ab aliis, quam ab ipsis occidi. Si quis autem miraculo se salvatur, qui vix unus ex C est. Et ne quisquam me credat talia ex opinione referre, sciât hoc verissimum, quod XXX et eo amplius de talibus per unum annum vel circa sustentamus iuxta monasterium nostrum pro ipsis ostiatim elemo- sinam postulantes, cum et ipsi adhuc intra ipsa moenia civitatis minime securi comparere non audeant, sed potius si inveniri contingat, per barbam et collum iterum captivantur a Thurcis, reducti ad ipsam miserabilem [sortem] servitutem, nare prius vel crinibus amputatis. O miseranda cala- mitas christianorum ad quam nostra perduxerunt peccata ! Numquid talia sunt ista, pater sancte, ut ipsum Deum sanctosque angelos eius possint 124 superant correxi : supantur W 131 flagrare libertatis supplevi et correxi: liberatos W 132 gubernari scripsi'. gubernati W an legend. praediti? 133 coriis scripsi -, coreis W 134 iactantur correxi: iactari W inscii supplevi 144 qui vix sic W : fort legend. qui vivit 151 sortem seclusi
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 351 155 160 165 5 10 ad misericordiam inclinare ? Quocirca, cum miserandi tempus advenit, confortandae sunt dissolutae manus, genua debilia roboranda, quoniam Deus pro nobis pugnabit et vos flebitis. Tu forsitan, pater sancte, Moyses ille eris, qui crucis virga mari diviso dispersisque gentibus inimicis terram promissionis intrabis ; tu ille Gedeon, qui Dei populum liberabis ab infi- delium miserabili servitute, quod Deus ipse pius atque misericors donare dignetur sua bonitate et gratia. Amen. Scripsi hoc alias, pater sancte, quod nec replicare me piget : XX vel XXX ad plus galeae sufficiunt ut strictum teneant parvusque per terram exercitus, ut facil<l)ime Turci expellantur a Graecia, ymmo ipsa fama exercitus, cum praesentia gallearum satis est testimonium: qui ista noverunt, quasi absque alio bello, ut ipsimet, quasi inclusi, disponantur ad fugam. Parce, pater sanctissime, praesumptioni meae, parce loquacitati : conscentia mordet, caritas urget, nécessitas cogit primitive. Si timor pudorque silen- tium inperet, ipsa tamen bonitatis tuae confidentia facit ut clamem. Deus vestram beatitudinem conservet per tempora multa. Infra scripta est copia cuiusdam litterae fratris pe(tri), catholici capellani mercatorum in civitate Andrinopoli, ubi est sedes regis Turcorum, scriptae ad fratrem B<ar)tholomaeum de Jano, virum Ordinis Minorum, in partibus Constan- tinopolitanis. Pater karissime, multiplicata est familia, sed non magnificata laetitia. Scripsi tibi his diebus litteram aliam de factis Turcorum et inter alia quo- modo, sicut ab his mercatoribus qui linguam thurciam sciunt plenissime sum informatus, in istis duobus annis C et LX milia animarum christia- norum acceperunt ex diversis partibus christianorum ; et quod miserant ista hyeme duos exercitus qui mundum circuerant, sed de uno audivimus 156-158 Moyses.. intrabis: cf. Exod. 10, 13 158-159 Gedeon... servitute: cf. Judic. 8, 28 156 pugnabit correxi: pugnabat W 163 exercitus scripsi: excercitus W facillime scripsi : facilime W 5 multiplicata... magnificata: cf. Isai. 9,3 1 Pétri supplevi (cf subscriptionem) 7 his scripsi: hiis, hic et infra, W 3 Bartholomaeum correxi : B. Tholomensem W 10 exercitus scripsi : excer- W
352 MÉLANGES IVAN DUjë'EV modo quod cepit VII milia animarum, inter quas septem fratres nostri capti sunt, omnes Ytalici, frater Franciscus de Padua et alius de Tiusio, qui est hic mecum ; unus est interfectus, alii sunt in manibus eorum. Nomina illorum ignoro, expectamus quod veniant prope, quod omnes liberabuntur, 15 quia ille Jegorius, dispotus Serviae, qui fugit in Ungariam, est devotus homo et omnes promisit liberare, si venient ad manus suas. Illos fratres duxit de Ytalia frater Jacobus. Et cepit unum locum novum in Ungaria et omnes sunt ibi capti, et nunquam fuit auditum quod illuc transierunt Thurci. De praeda capta tria milia sunt mortui a frigore et animalibus : 20 ignoramus si fratres sunt mortui inter illos. Pater karissime, quod dicam cum lacrimis scribo : incredibilia sunt mala quae hic fiunt super christianos in partibus istis ; die ac nocte vadunt per civitatem plorando et ullulando et non est qui liberet eos et non est spes nisi in Deo. Orate Deum, pater, una cum fratribus, ut sit nobis propitius 25 ac misericors et non sumat totalem vindictam de peccatis nostris, quia tempus est iam misericordiae. Orate pro me. Recommendo me fratribus et orationibus eorum. Datum XII Februarii. frater Petrus de Alla11 (?) Ordinis Minorum capellanus mercatorum in Andrinopoli Lasciando da parte, per il momento, considerazioni sul latino delle due lettere, non sempre corretto dal punto di vista lessicale e sintattico, imputabile in parte, io credo, anche al trascrittore del codice che ce le ha trasmesse, è certo che esse hanno una loro dignità ed eloquenza, soprattutto nelle cose che esse raccontano. La più éloquente è certo la prima, anche per il fatto che appare indirizzata a un alto personaggio délia chiesa ; ma anche la seconda, nel suo fraseggiare scabro, non è priva di attrattiva. Evidentemente le due lettere sono State spedite l’una assieme all’altra. Che la seconda sia stata allegata alla prima è detto chiaramente appunto nelle prima : « cuius (scil. fratris mei) hic littera inclusa est » (lin. 48-49). E poiché la seconda appare indirizzata da fra Pietro « de Alla <...> a38, « catholicus capellanus mercatorum in civitate Andrinopoli », cioè capel- 11 cepit W2; accepit W 12 Tiusio sic W: legend. Tinsio ? (cf. comm. n. 38) 15 Jegorius: i.e. Georgius 29 Allaa W: Alla(ni)a? Alla(in)a? Allaa? (cf. comm. n. 38) Alliaco coni. Heinemann 38. Non è facile sciogliere l’abbreviazione «de allaa» del codice. Se questo Pietro è anche lui un italiano, potrebbe essere o di Alagna (Lomellina o Valsesia) o di Allain
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 353 lano dei mercanti latini délia capitale turca d’Europa, « ad fratrem B<ar>- tholomaeum de Jano, virum Ordinis Minorum in partibus Constantino- politanis », è chiaro gia da questo momento che fu fra Bartolomeo di Giano ad accluderla alla propria lettera. Pare che fra Pietro avesse scritto un’altra lettera a fra Bartolomeo, perché ad essa accenna all’inizio : « Scripsi tibi his diebus litteram aliam de factis Turcorum...» (lin. 6), in cui, tra l’altro, parlava dei 160 000 uomini fatti prigionieri e deportati dai Turchi « in istis duobus annis ». Quanto alla prima lettera, non c’è alcun dubbio che essa è stata indi- rizzata al papa di quel tempo, cioè ad Eugenio IV : lo provano non solo le espressioni «pater beatissime», «pie pater», «pater sancte», ecc., ma anche gli accenni, corne vedremo, alla sua opéra per l’unione delle Chiese. La seconda lettera porta la data « 12 febbraio», ma non l’anno ; la prima invece manca interamente délia datazione, ma non sarà difficile giungere ad una notevole approssimazione. In effetti, sia nella seconda, sia nella prima, ci sono delle indicazioni storiche abbastanza précisé. Nella seconda si dice : « ille Jegorius, dispotus Serviae, qui fugit in Unga- riam » (lin. 15) : è chiaro che si tratta di Georgio Brankovic, despoto délia Serbia, che dopo la caduta di Smederevo abbandono la sua terra diretto verso l’Ungheria. Poiché si sa dai documenti veneziani che verso il 2 gen- naio 1440 era già in viaggio, appare chiaro che la lettera di fra Pietro venne scritta il 12 febbraio 1440. Nella stessa lettera si accenna poi alla conquista di una città ungherese (« locum novum in Ungaria ») e alla deportazione dei cittadini, in un punto — evidentemente al di là del Danubio — in cui i Turchi non erano mai arrivati prima d’allora. L’accenno è troppo vago, ma ci aiuterà a chiarirlo un passo délia prima lettera. Ciô che perô rimane évidente sin da questo momento è che i Turchi, dopo aver conquistato Smederevo, fecero una puntata verso il territorio ungherese. La prima lettera conferma i dati contenuti nella seconda e, in parte, li amplia. Innanzi tutto, è évidente che la prima lettera è stata scritta a Costantinopoli : ci aiuta a definire questo punto non solo la menzione del destinatario délia seconda che si trovava « in partibus Constantinopoli- (Aosta) o di Allai (Cagliari) ; non credo comunque che si possa integrare « de Alliaco» corne ha fatto lo Heinemann (cfr. del resto più innanzi, n. 48). Se non è un italiano, si potrebbe integrare « de Alla(mani)a », ma mi sembra poco probabile. Non è facile nemmeno identificare il toponimo « de Tiusio » (o « Tivsio » o forse anche « Tinsio ») del confratello italiano fatto prigioniero assieme a Francesco da Padova e che si trovava con fra Pietro ad Andrinopoli : penso a Tesino o Tisens (zona di Bolzano) o a Tiezzo (Pordenone) o a Tussio (L’Aquila) ; mi sembra molto difficile che « Tiusio » o « Tivsio » stia per Treviso.
354 MÉLANGES IVAN DUJCEV tanis », ma anche qualche accenno dello scrivente délia prima lettera, quando parla del bailo dei Veneziani, del podestà genovese di Pera, del « monasterium » dei Frati Minori, ecc. Un primo dato cronologico ci è offerte dalla frase : « Totum enim regnum Raciae vel Serviae desolatum est, Georgio dispoti expulse de regno, castrum cuius potentissimum ... super ripam Danubii collocatum Spendrano nomine diu obsessum ... tandem obtinuit (scil. Turcus)» (lin. 51-54) : si tratta, è évidente, délia caduta di Smederevo. Dopo di essa il Turco « transvadavit exeicitum, non parvamque Hungariae partem igné consumpsit », conquistô una città ungherese al di là del Danubio — ma una lacuna nel testo non ci permette di dire quale fosse —, sconfisse un « exercitum... Ungarorum», ma prima ancora aveva preso, al di là del Danubio, la città di « Cuminim» (= Ko- vin ?)39. Si puô supporre che queste operazioni si siano svolte tra il settem- bre e l’ottobre 1439, e abbiano interessato la zona del Banato di Temesvar (Vojvodine). Poco più innanzi (lin. 71 sgg.) si parla di Alberto V d’Austria corne già morto («cum ille Albertus rex veneno referatur necatus ab Unga- ris ») : poiché si sa che Alberto V morî il 27 ottobre 1439 di dissenteria, non di veleno, mentre tornava a Vienna40, è chiaro che la lettera fu scritta dopo questa data. Ma in essa si allude alla possibilità che Je operazioni turche continuino anche durante l’inverno, utilizzando il Danubio gelato, per « totam... Ungariam et Almaniam devastare» (lin. 55-56). Tutto concorda : la prima lettera dunque fu scritta nell’inverno del 1440, certamente il 12 di febbraio. Gli accenni che riguardano il papa Eugenio IV ci conducono alla stessa conclusione. Rivolgendosi diretta- mente a lui dice : « qui tanta et tam ardua pro ecclesia Dei facta fecisti » (lin. 76-77), e poi : « tantaque dura et acerba es passus », e infine : « errantes leduxisti» (lin. 77 e 84) : ci sembra chiara l’allusione aile preoccupa- zioni per il Concilie dell’unione délia chiesa greca e latina, alla sua deposi- zione (25 aprile 1439), alla proclamazione dell’unione a Firenze (6 luglio 1439) e alla creazione di un antipapa (Felice V, 5 novembre 1439)41. Si noti infine che nella stessa lettera non si parla dell’assedio di Belgrado 39. « Cuminum» potrebbe essere una cattiva lettura dell’amanuense per « Cuvinum» o « Covinum », cioê appunto Kovin, variamente denominata nelle fonti : « Kovinum », « Kubin», « Keve», ecc., l’antica Constantiola, cfr. Skrivanic, Putevi..., p. 83. 40. Cfr. Jirecek, Geschichte der Serben..., n, p. 175 ; Babinger, Maometto..., p. 17. Che Alberto V sia morto di dissenteria é afïermato anche da un contemporaneo, Johannes Spiessheimer, detto Cuspinianus : cfr. loannis Cuspiniani De Caesaribus atque impp. Romanis, rec. Wolphangus Hungerus, Francofurti 1601, p. 403. 41. Su Eugenio IV, cfr. Gill, Il Concilia..., pp. 375 e sgg. ; ID., Eugenius IV Pope of Christian Union, Westminster Maryland 1961.
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 355 (aprile-settembre 1440) e non si parla nemmeno délia triste sorte riservata a Gregorio, figlio maggiore di Giorgio Brankovic, e a Tomaso Cantacuzeno, suo cognato, difensori di Smederevo, che caddero prigionieri e furono por- tati ad Andrinopoli ; né si parla infine dell’accecamento di Gregorio e di suo fratello Stefano a Toqat in Asia Minore (8 maggio 1441)42. Insomma, la lettera è certo antecedente all’aprile del 1440, molto probabilmente dettata tra la fine di febbraio e il marzo. Che l’autore délia prima lettera sia proprio fra Bartolomeo di Giano puô essere provato anche dal confronto fra alcune espressioni usate qui nella nostra lettera e quelle che si ritrovano, molto simili, nella sua prece- dente lettera a fra Alberto da Sarteano43 : ad Eugenio IV ... cum omnes dormiant, ymmo letargium vel rnortem potius patiuntur (lin. 13-14). ... numquid in homine salus est ? Maledictus qui confidit in eo : sed absit ut in homine spes nostra sit, sed in Deo potius, qui nunquam in se despicit confidentes (lin. 14-16) ...sexaginta et eo amplius milia animarum... hoc anno perdita sunt et ab infidelibus asportata ; dicerem LXXX potius, sed dubito ut prae multitudine non credatur (lin. 43-46) O si liceret distendere alas trans- curreremque per Graeciam et Thur- ciam, quam facile lumen agnoscerent veritatis ! (lin. 109-110) nec tam difficile christiani perver- tuntur a fide... quam illi (scil. Thurci) ad fidem christianissimam convertantur (lin. 115-117) ad Alberto da Sarteano Dormiuntque an lethargum potius patiuntur, ut paulatim exspectent chris- tianitatem consumi ? (1062 C) ... si ab ipso (scil. Deo) adiutorium nostrum non veniat, frustra exspec- tatur ab homine, in quo est vana salus, et qui sperat in eo, potius maledictus (1065 B) ... Teucer... plusquam sexaginta milia, ut dicitur, animarum asportavit de regno Rasiae, Hungariae convicino (1057 D - 1058 A) ... quis mihi det... pennas ventorum ascendere ac super christianorum pa- triam volitare, non ut modo corda lapidea, verum ipsi montes et valles a vocis magnitudine terreantur ? (1058 C) ... iuvenes, qui tanta facilitate per- vertuntur a fide et ad christianorum inimicitiam convertuntur... (1059 D) 42. Babinoer, Maometto..., pp. 17-18. 43. Indicherô con « lin ». le citazioni dalla lettera al papa Eugenio IV qui pubblicata ; con i rinvii aile colonne délia PG i brani délia lettera ad Alberto da Sarteano ; con l’indi- cazione delle pagine i brani délia lettera al priore di S. Giovanni di Gerusalemme nell’edi- zione di Mlle Dupont.
356 MÉLANGES IVAN DUJCEV Corne si vede, anche quando la frase cambia un po’ di significato, la consonanza verbale e stilistica è perfetta, e quindi l’attribuzione délia lettera a fra Bartolomeo mi sembra definitivamente assodata. Ma non basta : un’ulteriore conferma ci viene dal paragone con l’altra lettera di fra Bartolomeo giuntaci in traduzione francese antica, paragone che ci permetterà, tra l’altro, di determinare più esattamente la sua autenticità e attribuzione a fra Bartolomeo : al priore di S. Giovanni di Gerusalemme ... que les Turcs en l’espasse de six années derrainement passées ont ravi en terre des chrestiens plus de IIIe mil chrestiens, tous fais leurs esclaves, ont mis à mort et destruis, tant de royaumes et pais de Servie, Sclavonie, Dalmachie, Valachie, Trans- silvanie, Bulgarie, Bosnie et, par especial, du royaume de Hungarie et de Saxonie... (p. 3) ... veoir... especialement les povres chrestiens et chrestiennes mener en servitude, en cordes, en chaînes de fer, liés acouplés parmi cest cité (scil. Constantinople), parmy les loges des marchans venissiens et genevois chres- tiens, cent LX m., plus et mains... tout ainsi que on maigne bestes au marchié ... (p. 4) Et ce n’est pas avenu seullement depuis six ans, mais continuelement, depuis xxim ans ou environ, que le grant Turcq est passé en Gresse par le destroit de la grant mer et par le bras (de) Saint George et la Dunoue, et que, par force, sans grant resistence des empereurs de Grece ou des Chres- tiens, ilz ont désolé et destruit innu- merables provinces, cités et royaumes... (PP- 4-5) ... et y sont deffallis les chrestiens qui habiter y soloient, et les Sarrazins ad Alberto da Sarteano al papa Eugenio IV ... Ubi nunc, quaeso, est patria Dalmatiae, Croatiae, Bosniae, Rasciae, Bulgariae, Albaniae, Walachiae, régna non parva, in paucis annis habitato- ribus spoliata ? Ad Hungariam venio, de qua, ut dicitur, a diebus non multis plusquam tercenta millia, verius dixis- sem sexcenta millia animarum (as) portata sunt ... (1062 B) ... Tali namque animo talibusque oculis christianorum turbam aspicimus in cathenis duci ad servitutem atque quasi porcorum gregem vel pecorum ad stabulum vel macellum... (lin. 39-41) Sed multo magis mireris et doleas, quod a viginti quinque ac triginta annis citra quam non parvo damno sibi et verecundiae computat, quoniam anno quolibet non minus quam decem vel quindecim millia, pauciora dico, ut credas, animarum rapiat ? (1057 D - 1058 A) Ecce ducenti vel circa anni sunt quando tota Asia usque Antiochiam
l’europa orientale dopo la caduta di SMERDEREVO 357 augmentez et moulteplyez, que, se Dieux par sa pitié n’y pourvoit, plus n’y sera mémoire ne nommé le nom de notre Seigneur Jh<es)ucrist. Esquelz pais jadis soloit estre la foy chrestienne et l’eglise très hautement honorée ; et n’y a point IIe ans qu’il n’estoit nouvelle en tout le monde du Turq, senon d’aucuns larons qui habitoient es montaignes de Damast, en deux villes seullement, pasteurs de bestail et tenans la loy de Mahommet... Et mesmement ou temps de Godeffroy de Bouillon et de Bauduin son frère, conquereurs de Jherusalem, iceulx Turcs euchent commencement ... et d’autre part, jusques à Damast et Trapesonde sont surmontez et telle- ment multipliez, qui sont innumera- bles peuples mescreans, appelez Turcs, hommes rudes et bestiaulx ; au com- mencement sans armures et sans aucune sience et, pour voir dire, sans apparenche d’ommes, de fet habitans ez montaignes et gardant leurs bestes lesquelz, pou à pou ... sont venus à telz hautesses et grandeurs qu’ilz ont soubmis à eux reys et empereurs et ont acquis si très grans richesses des despouilles des chrestiens, par leurs rapines, qu’ilz ne se vestent et ne se aournent fors de or et de pieres pre- chieuses Et ne y a, à paine, celui d’eux qu’il n’ait au mains VI, VIII ou X esclaves, jadis nobles chrestiens, qu’ilz les servent en leurs luxures et en leurs delices ... et ilz demeurent en solaz et en esbatement, reposant en leurs luxures et delices entre leurs femmes ou millieu de leurs richesses, sur tapis, cousins et aournements de soye, d’or et d’argent et divers maniérés de précieuses coses... (pp. 5-6) et ultra Christianorum erat populis habitata ; nunc vero paulatim tali igné combusta est, ut paucos ibi reperias Christianos, nisi forte sclavos obsequio Teucrorum députâtes... (1061 D - 1062 A) Heu heu, non multi anni sunt, quod nec Teucres nominabatur in mundo, nisi pastores juxta Damascum in quibusdam nescio montibus habi- tantes, rustici, indocti, silvestres, sine litteris, sine scientia ulla ... (1062 C) ... O ubi est dux ille christianis simus, fortis, pius Gottofredus Boxon (!), Balduinus et reliqui principes per infinita saecula gloriosi, qui Christi sepulchrum de infidelium manibus liberarunt ? (1066 C) Nunc vero auro vestiti et gemmis regibus et imperatoribus principantur, sed tamquam domini in ipsis tapetis aureis et mollibus pulvinaribus accu- bant eorumque luxuriis turpibus et immundis, olim nobiles, nunc sclavi famulantur miseri christiani. Nam pauci ipsorum sunt qui octo vel decem, magni vero triginta et centum, minimi vero duos vel très ad minus sclavos non habeant christianos... (1062 D)
358 MÉLANGES IVAN DUJCEV O princes chrestiens, que faites vous ? pourquoy dormez vous ? pourquoy derompez vous et froissiez l’un contre l’autre vos armures et vous consommez en vous mesmes... ? (P- 7) Regardez aussi Charlemagne et le roy saint Louis... lesquelz pour le nom de Jehucrist et pour sa foy firent tant d’armes, non pas pour acquérir gloire terrienne, mais la gloire eternele et retribucion divine... (p. 7) ... et se pour l’amour de Dieu ne volez gueroyer ou doubtez vostre sang espandre, mais pour et désir d’acquérir honneurs et richesses terriennes ou grans royaumes et empires... et se vous amez plus à avoir grans richesses, grans seigneuries et terriennes hon- neurs, icy les poez très legieremcnt avoir et acquérir ... (p. 7) Mais que vault exhortation humaine ! Je croy que je jette mes parolles ou vent, se Dieux proprement de sa grâce n’esmuet les cœrs des poissans et catholiques prinches... (p. 8) Et que feraient XX gallees pour garder le destroit ? Je vous di ... que X galees souffiroient à présent pour garder le pas contre eulx qu’ilz ne passasent par decha... Certes..., les Turs ont si très grant peurs de la venue des chrestiens contre eulx, que seule- ment la renommee des dites galees fust qu’elles venissent, il est creable qu’ilz s’enfuiraient... (pp. 10-11) Car la renommee est, entre eux Turs et Sarrazins, toute commune Quid igitur nunc faciunt mtseri christiani ? quid eorum principes ? ... Dormiuntne an lethargum potius patiuntur ? ... Ludunt in hastis et choreis, vel potius lacérant semet- ipsos... (1062 BC) ... cum omnes dormiant, ymmo letargium vel mortem patiuntur ? (lin. 13-14) ... Ubi Carolus ille nobilis Francorum rex, cuis celestem et aeternam gloriam nulla delebit aetas nullaque oblivio, qui non modo fortitudine et armis, verum multo magis prudentia et pietate Christi Jesu iniuriam vindicatus est... (1066 CD) ... quod si ncc altéra causa invitaret ad arma sumenda, utpote fidei, liber- tatis et gloriae, mirum certe si ipsum temporale lucrum corda non raptitet, cum hae gentes ... aura et argento plenae sunt et lapidibus pretiosis... (1067 A) ... Sed quid in ventum verba iactavi, quid laborem cartamque consumpsi ? (lin. 12) ... XX vel XXX ad plus galeae sufficiunt ut strictum teneant parvusque per terram exercitus... ymmo ipsa fama exercitus cum praesentia gallea- rum satis est testimonium : qui ista noverunt, quasi absque alio bello, ut ipsimet, quasi inclusi, disponantur ad fugam (lin. 161-165) Nam publica inter Saracenos et Teucros fama divulgata defertur, insta-
L’EUROPA ORIENTALE DOPO LA CADUTA DI SMERDEREVO 359 que jà le tamps est venus qu’ilz doivent estre destruis, seloncq le tamps que annoncha leur très faux et très mauvaix prophète Mahommet... (p. 11) re tempus destructionis eorum, et jam praeteriisse, ut eorum quaedam prophetiae déclarant... (1066 C) Credo che non possano esistere più dubbi di sorta sull’attribuzione delle tre lettere a fra Bartolomeo : la consonanza di stile e di pensiero in esse è identica, e tutte e tre nell’insieme ci restituiscono un quadro délia situazione dell’Europa orientale, dall’Ungheria alla Serbia fino a Costan- tinopoli, fra il 1438 e il 1443, assolutamente degno di attenzione Ricordiamo, tra l’altro, che esse sono il primo grido d’allarme lanciato da un occidentale sul pericolo dell’avanzata turca e sulla condizione delle popo- lazioni balcaniche di fronte al flagello delle spedizioni ed incursioni dell’eser- cito turco. E tutto ciô, ben inteso, da uno che o vedeva con i propri occhi o riceveva notizie direttamente dai mercanti latini o dai confratelli che si trovavano nelle zone sotto dominio turco. E’ un punto su cui egli insiste continuamente nelle sue lettere : ad Alberto da Sarteano : « quod nuper oculis meis ipse inspexi » (1057 C); « nos igitur, qui in istis partibus habitamus et supradicta omnia vera esse et scimus et tangimus » (1060 A); « damna et opprobria... quae cernimus in partibus istis » (1062 D) ; « vidimus his diebus etc. » (1064 A); « ut primo haec tanquam a fideli narrante esse vera cognosces » (1065 A) - « ut frater mihi narrat ex praeda redemptus» (1058 B); « praedicto fratre narrante percepi » (1059 B); «testes sunt qui viderunt» (1061 A); «ut ego ipse ab illo, qui vidit, accepi » (1063 B). ad Eugenio IV : « ruinas et calamitates quas hic oculis nostris aspicimus mani- busque palpamus» (lin. 8-9); «o si videres quae nos videmus» (lin. 35); « tali- busque oculis christianorum turbam aspicimus in cathenis duci ad servitutem » (lin. 39-41); «quorum plurium aspexi ossa solum pellibus involuta» (lin. 140- 141); «et ne quisquam me credat talia ex opinione referre, sciât etc.» (lin. 145 sgg.) — « si frater denique meus... cuius hic littera inclusa est » (lin. 47-49). alpriore di S. Giovanni di Gerusalemme : « Si comme je puis savoir et véritable- ment dire et recorder, comme celui qui à mes yeulx en ay vu très grant partie..., tant par la relation certainne des marchans venisiens et genevoys... comme par mes freres les religieux de Saint Franchois et demeurans ès convens à eux ordon- nez... » (p. 2); «je le scai par le témoignage des marchans venisiens et des gene- voys et de mes freres qui demeurent à Andrenopoli » (p. 3); « laquelle cose nous meismes avons veu à nos propres yeulx et veons tous les jours» (p. 4); « et nous qui ce veysmes très amèrement» (p. 4); « avons ossi veu les petits enfans etc. » (p. 4) ; ecc. Non ci sono ragioni dunque per porre in dubbio le testimonianze di fra Bartolomeo sulla situazione da lui descritta dell’Europa orientale,
360 MÉLANGES IVAN DUJCEV anche se, corne ora vedremo, le valutazioni, ad esempio, del numéro di prigionieri o di schiavi dei Turchi non sempre corrispondono. Ma veniamo al contenuto delle tre lettere. Fra Bartolomeo, corne si è detto, era a capo di una missione, inviata dal papa Eugenio IV nel 1435, formata da una trentina di frati minori, partita da Venezia (« a Venetia discessimus... », 1057 D) e giunta a Costantinopoli, molto probabilmente o alla fine del 1435 o agli inizi del 1436. E’ da rilevare infatti che fra Baito- lomeo, parlando nella sua lettera al priore di S. Giovanni di Gerusalemne, scritta il 3 febbr. 1443, dice « il y a maintenant six ans que nostre saint pere le Pape, Eugene quart, nous envoya en Constantinoble nous XXX freres mineurs » (p. 3) : è chiaro che egli conta gli anni a partira dal 1436, poiché arriva fino a tutto l’anno 1442, di cui narra gli avvenimenti. Una parte dei trenta, fra Bartolomeo li inviô « en la cité de Tafuse », cioè, molto probabil- mente, a Tiflis », (p. 3), l’altra parte la trattenne con sé a Costantinopoli nel « monastère reedefyer » dei Frati Minori (cioè a Sant’Antonio dei Cipressi). Si deve pensare che circa la metà limase con fra Bartolomeo, perché egli parla di nove frati « inter novitios et professes» (1065 D) installai nel convento di Costantinopoli, e di altri « qui demeurent à Andre- nopoli » (p. 3), i quali, seconde fra Pietro, erano, lui incluse, otto in tutto. Ma la comunità di Andrinopoli deve aver avuto una vita molto breve, perché nella lettera del 1443 se ne parla corne di già sciolta : « lesquelz freres ont demeuré illec par longtemps » (p. 3). Ad altri conventi di Frati Minori in Oriente accenna nella lettera del 1438, ma corne già abbando- nati : « in Persia et in Scythia... ubi nostrorum fratrum loca fratribus vacuata consistunt» (1057 B). Certamente il convento di Costantinopoli servi da rifugio per coloro che erano scampati alla prigionia : « XXX et eo amplius de talibus, egli scrive, per unum annum vel circa sustentamus iuxta monasterium nostrum pro ipsis ostiatim elemosinam postulantes» (lin. 146-148). Ma il monastero dei Frati Minori e la città stessa di Costan- tinopoli non erano che un piccolo ed effimero luogo di rifugio in mezzo al turbine délia tempesta . Dal punto in cui si trovava il suo convento, fra Bartolomeo poteva vedere tutta quanta la città, « totam prospicere civitatem, olim totius orbis excellentissimam, nunc vero tanta calamitate deiectam, ut fiera potius libeat, quam mirari..., totque ecclesias et monasteria stupendissima ruina collapsa intus et extra quam maxime... ; nunc vero, proh dolor !, et spinae et vêpres super muros ascendunt et ibi résonant ululae et bubones» (1060 CD). Benché fosse ancora in mano dei Bizantini, si potevano vedere già in quegli anni dei soldati turchi che tornavano da incursioni trascinandosi dietro « très vel quatuor iuvenes collo et manibus ligatos » e che non esitavano a passare « per mediam Constantinopolim... in
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 361 conspectu Venetorum et Januensium mercatorum », perché la gente potesse ingiuriarli e picchiarli (1061 BC). La gente sapeva di avéré le ore contate e temeva « vehementissime » che Murâd II la assalisse di nuovo nel 1439. « Quod, scriveva fra Bartolomeo, si istam civitatem ceperit — quod Deus avertat —, heu, heu, ceteiis christianis, quos de facili postmodum oppu- gnare poterit et per mare et per terram, cum ad praesens alteram solam manum possit extendere ad nocendum ! Quare cordialissime exorandum est, ut, si obsidionis casus accident, ipse adiuvet Deus, quoniam de Italia, unde illi civitati succurri forsitan timuisset, maxime a Venetis, penitus est securus ; ex quo non creditur toto suae tempore vitae hune fuisse tam for- titer animatum, tamque dispositum ad hoc, quomodo nunc est» (1065 D- 1066 A). A poco meno di quindici anni di distanza dunque dalla data fatale délia caduta di Costantinopoli (29 maggio 1453), i timori di fra Bartolomeo potevano sembrare eccessivi, ma non infondati. A questa nera previsione lo conducevano diverse considerazioni : innanzi tutto la storia più recente dell’espansione dei Turchi e poi la storia degli ultimi anni, cioè delle con- quiste turche in Europa orientale. Rivolgendosi al papa Eugenio IV, che aveva già inviato dei frati in Oriente e altri si preparava ad inviarne, gli dice un po’ crudamente : « sed certum est quoniam enses, lanceae et sagittae in istis partibus melius praedicarent (scil. Verbum Dei) !» (lin. 107-108). Occorreva ben altro che la predicazione di una trentina di frati per arrestare il dissanguamento delle regioni cristiane e spezzare la violenza delle armate turche ! I cristiani d’Occidente avevano ritenuto che Murâd II si fosse acquietato (1058 C), ma non avevano tenuto présente che il Turco, « ubique, inimicus Christi », signoreggiava nelle zone orientali (1056 C) e che dispo- neva di un esercito di « tercentorum millium hominum» (1058 D)44. Da tempo, quelle regioni che erano già popolate da cristiani, ora erano abitate soprattutto da popolazioni turche, «et augentur diaboli sectatores et numéro et virtute armorum » (1057 C). Due secoli fa, dice Bartolomeo, « n’estoit nouvelle en tout le monde du Turq, senon d’aucuns larons qui habitoient es montaignes de Damast..., pasteurs de bestail et tenans la loy de Mahommet» (p. 5 e 1062 C) ; e ancora al tempo di Goffredo di 44. Sulle valutazioni degli Occidentali delle forze turche ai tempi di Murâd II e di Mehmed II cfr. A. Pertusi, Le epistole storiche di Lauro Quirini sulla caduta di Costan- tinopoli e la potenza dei Turchi, in K. Krautter, P.O. Kristeller, A. Pertusi, G. Rave- onani, H. Roob, C. Seno, Lauro Quirini umanista, Firenze 1977, pp. 198-205 ; A. Pertusi, La caduta di Costantinopoli. Le testimonianze dei contemporanei, Verona 1976, pp. lxxiii e lxxvi. La cifra di 300 000 è certamente esagerata, ma non è affatto inverosimile che l’esercito turco, già verso la prima metà del sec. XV, raggiungesse la cifra globale di 150 000 uomini. tra fanti e cavalieri, ivi comprese le truppe irregolari.
362 MÉLANGES IVAN DUJCEV Buglione e di Baldovino erano considerati dei « larons et mescreans » (ibid.). Ma da quando, da ventiquattro anni, cioè nel 1444, «le grant Turcq est passé en Gresse par le destroit de la grant mer et la bras (de) Saint George... et que, par force, sans grant resistence des empereurs de Grece ou des chrestiens, ilz ont désolé et destruit innumerables provinces, cités et royaumes » (pp. 4-5) — non è chiaro a quale avvenimento allude, ma credo al periodo di lotta tra Solimano e Mohammed, figli di Bajezid I, risoltasi a favore di Mohammed I nel 1413 —, «tant ont acquis, qu’ilz ont en leur sugession toute la Grece et, par escepial, Ayse la Mineur» (p. 5) ; essi « ont surmontez et tellement multipliez, qui sont innumerables » e per di più « ont acquis si très grans richesses des despouilles des chrestiens, par leurs rapines, qu’ilz ne se vestent et ne se aournent fors de or et de pierres prechieuses» (p. 6, ed anche 1062 C), a tal punto che i più poveri tra loro possono permettersi di possedere da sei a dieci schiavi cristiani, ed i più ricchi da trenta fino a cento (1062 D e p. 6). Era da prevedere che, prima o poi, i Turchi avrebbero ripreso le loro conquiste territoriali in Europa, malgrado che il loro esercito non fosse ben fornito di armi («videmus... in exercitu transire non solum rusticos et pastores iner- mes, solo areu vel ense munitos, sed passim senes et curvos prae nimia antiquitate asella devectos», dice fra Bartolomeo (1061 B). Ma hanno una enorme riserva di uomini, e per di più per fare le loro guerre si servono degli schiavi «qu’ilz ont fait de chrestiens très mauvais Sarrazins» (p. 6). E a proposito degli schiavi cristiani : pare che occorra distinguere in questi anni fra i prigionieri occasionali che i Turchi potevano fare tra le popolazioni delle regioni o delle città da loro invase, ed i prigionieri giovi- netti, fra i dieci ed i vent’anni (« a decem usque ad viginti aetatis annos »), che « de omnibus villis, civitatibus et castellis suo subiectis imperio » venivano raccolti con la forza e che costituivano una « décima puerorum ». cioè il cosidetto « devsirme », « quod prius nunquam fecerat », afferma fra Bartolomeo (1066 B), il che vuol dire che la pratica del « devsirme » ebbe inizio appunto verso il 1437/8. Lasciando agli specialisti di turcologia il problema dell’inizio del « devsirme », che è alla base délia formazione militare degli « Jeni ceri» o giannizzeri45, veniamo piuttosto all’altro 45. Su questre e altre testimonianze del « devsirme » cfr. Palmer, Fr. Georgius de Hungaria..., p. 55 ; B.D. Papoulia, Ursprung und Wesen der ’Knabenlese’ im osmanischen Reich, München 1963, pp. 85 e 92 ; J.A. Palmer, The Origin of the Janissaries, « Bulletin of the John Rylands Library», 35 (1953), pp. 448-481. Per altre testimonianze del sec. XV cfr. Pertusi, Martino Segono..., cit.
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 363 problema, quello del numéro dei prigionieri fatti dai Turchi. Raccogliamo qui le testimonianze : 1) dopo l’attacco degli Ungheresi (primav. 1438) : « plusquam sexaginta millia, ut dicitur, animarum asportavit de regno Rasiae» (1057 D); 2) nell’incursione in Transilvania (estate 1438) : « ad triginta et forte quadra- ginta millium numerum (scil. animarum) extenduntur », oltre che « très magni montes» di teste di coloro che non si sono arresi che hanno combattuto fino all’ultimo (1058 C - 1059 A); 3) al ritorno dalla spedizione in Transilvania del 1438 : altre « tringinta mille animae » deportate dalla regione di Szekels (1061 A); 4) daU’Ungheria, «a diebus non multis» (nel 1438 ?) : «plusquam tercenta millia, verius dixissem sexcenta millia, animarum (as) portata sunt » (1062 B); 5) dalla Transilvania (?) : «sexaginta et eo amplius animarum... hoc anno (1440) perdita sunt et ab infidelibus asportata ; dicerem LXXX potius, sed dubito ut prae multitudine non credatur» (lin. 43-46); 6) dopo la caduta délia fortezza di Smederevo, 1439 : « et sic... infinitam paene multitudinem captivorum arripuit » (lin. 62-64); 7) da tutta l’Europa orientale : « in istis duobus annis (1439-1440) C et LX m. animarum christianorum acceperunt ex diversis partibus» (fra Pietro, lin. 8-9); 8) in Serbia (?) : « ista hyeme (1440)... quod cepit VII milia animarum» (fra Pietro, lin. 11); « de praeda capta tria milia sunt mortui a frigore et animalibus » (ibid., lin. 20); 9) da tutta l’Europa orientale : «en l’espasse de six annes (1436-1442) derrai- nement passées, ont ravi en terre des chrestiens plus de 1111e mil chrestiens, tous fais leurs esclaves... sans ceux qui estoient vielles gens et malades, qu’ilz ont occis et decolez pour ce qu’ilz ne les pooient emmener » (pp. 3 -4). E’ per sé évidente che né fra Bartolomeo, né fra Pietro, né altri degli Occidentali, mercanti veneziani o genovesi, avevano a loro disposizione indicazioni précisé ; l’espressione ripetuta «ut dicitur» lascia intendere che ci troviamo di fronte a valutazioni approssimate. La cifra forse più credibile è quella che si legge nella lettera al priore di S. Giovanni di Gerusa- lemme : più di 400 000 in sei anni, cioè dal 1436 al 1442, perché corrisponde alla valutazione minore fatta nel 1438 (60 000 dalla Serbia, 30 000 dalla Transilvania, altri 30 000 da Szekels, 300 000 daU’Ungheria = 420 000), e quindi una media di circa 70 000 persone ogni anno. La situazione di tali prigionieri è quanto di più inumano si possa pensare. Erano condotti in catene di ferro, legati mani e piedi, spinti innanzi, corne greggi di animali destinati al macello (lin. 40-41 ; 1061 BC e p. 4), lungo le strade, dal luogo délia cattura fino ad Andrinopoli o altrove ; se cadevano
364 MÉLANGES IVAN DUJCEV sfiniti per la famé e per la sete, venivano uccisi (1059 A). Il frate informatore di fra Bartolomeo dice che ad un certo punto non riusciva più a recitare il De profundis per ogni persona che moriva e che fu costretto a recitare la preghiera collettiva Inclina (1059 AB). Fra Pietro, tra l’altro, ci fa sapere che di 7 000 prigionieri fatti nell’inverno del 1440, quasi la metà morirono lungo il cammino (lin. 19-20), e che i superstiti giunti ad Andrinopoli « die ac nocte vadunt per civitatem plorando et ullulando, et non est qui liberet eos» (lin. 22-23). Ma cio che doveva più suscitare la pietà e l’orrore era certo il vedere « les petis enfans et jones pucelles mener et porter ès caiges, si comme l’en porte les oysiaulx au marchié sur cars et sur chevaux » (p. 4), e più ancora forse quei miseri che cercavano di sottrarsi alla cattura o che sfuggiti dalle mani dei loro aguzzini, si gettavano in mare, senza saper nuotare, o si affidavano ad un pezzo di legno o ad un otre rigonfio, senza avéré alcuna cognizione marina e senza sapere dove dirigersi, per poi finire a rifugiarsi nelle selve in preda alla famé, al freddo, aile belve, e alla fine, più morti che vivi, darsi nelle mani dei Turchi, « reducendos melius aestimantes etiam ab aliis, quam ab ipsis occidi» (lin. 129-144). Ed anche coloro che riuscivano a rifugiarsi presso qualcuno, corne presso i Frati Minori di Costantinopoli, non osavano apparire « intra ipsa moenia civi- tatis », per paura di essere riconosciuti e catturati « per barbam et collum », « nare prius vel crinibus amputatis» (lin. 148-151). Un problema che sembra stare particolarmente a cuore a fra Bartolomeo è quello del passaggio alla religione musulmana di alcuni di questi prigio- nieri, « maxime utriusque sexus iuvenes » (1059 DC) ; e non solo tra i laici, ma anche tra i giovani religiosi (1060 A). «Pou en y a aujourdehui, scrive fra Bartolomeo nel 1443, qui n’aient, par forche, renié la foy et souvent faiz très mauvais et crueux Sarazins » (p. 4) ; anzi, « qui anno praeterito ducti sunt captivi, hoc anno Teucri Teucrorumque omnium crudeliores effecti in exercitu, primi audacia et fortitudine promptiores... propriam patriam tradere festinant» (1061 C). E’ chiaro che allude sopiattutto a quei giovani che, dopo un periodo di istruzione durissima, venivano arruolati nel corpo dei giannizzeri, e a quelle giovinette che venivano destinate agli « harem» dei signori ; ma ciô non estante il buon frate non sa darsi pace di questo « tradimento », pur rendendosi conto che la prova a cui erano sottoposti questi giovani era veramente terribile. « O utinam, egli esclama, talis probatio, talis experientia, talis fornax non veniat super nos, si consump- tura foret, non probatura ! » (1059 D). Certo nella sua opéra missionaria non lo aiutava l’atteggiamento dei mercanti latini presenti in Oriente. « Nam, si qui in his partibus vel morantur vel adveniunt christiani, tanta temporalis lucri cupiditas exardescunt,
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 365 ut vel non ista (scil. mala) considèrent, vel, quod horrendum est dicere, latenter exoptent : ecce, ex Teucrorum lucris bursas implent et seipsos ex christianorum sanguine locupletant» (1060 D). Mercanti veneziani e genovesi facevano soprattuto « leurs marchandises » (p. 2) e in particolare trasportavano sulle loro navi dell’acciaio, che vendevano agli Ebrei ed ai Greci, i quali, a loro volta, lo rivendevano ai Turchi (1063 D-1064 A), pensando cosi, molto probabilmente, di far tacere la loro cattiva coscienza. Purtroppo non commerciavano soltanto in acciaio con i Turchi, ma anche in carne umana, cioè in schiavi46. Pare che la sola città di Corinto pagasse per il « pedagium captivorum de Gallipoli in Turchiam transeuntium » migliaia di ducati ogni anno (1058 A). Ad Andrinopoli talvolta venivano buttati « in mercatorum Latinorum conspectu » centinaia di prigionieri quasi morenti e non era concesso loro di rimuoverli o di seppellirli, se morti, « nisi prius pretio dato » (1059 BC). Sul mercato di Costantinopoli giunge- vano ogni anno più di trenta navi « sclavis plenae », venduti dai Tartari a Moncastro (Aq-kerman, Cetatea Alba), alla Tana e a Caffa a prezzi irrisori (1 000 per 4, 6 e 10 fiorini !) (1063 B). Su questi stessi mercati si concentravano i mercanti musulmani del Cairo, di Alessandria e dell’Orien- te, « et ibi a Christianis christianos emunt pretio magno superque christia- norum naves portant, quia ipsi non habent, ad patriam suam, ut non modo sclavos habeant, sed ut libentius faciant Saracenos, christianorum postmo- 46. Su questro triste aspetto del commercio dei Genovesi e dei Veneziani nel Levante si vedano soprattutto gli studi specifici di C. Verlinden, Esclavage et ethnographie sur les bords de la mer Noire (XIIIe-XIe siècles), in Miscellanea L. Van der Essen, Bruxelles- Paris 1947, pp. 287-298 ; La colonie vénitienne de Tana, centre de la traite des esclaves au XIVe et au début du XVe siècle, in Studi in onore di G. Luzzatto, II, Milano 1950, pp. 1-25 ; Aspects de l’esclavage dans les colonies médiévales italiennes, in Hommage à L. Febvre, H, Paris 1958, pp. 91-103; La Crète, débouché et plaque tournante de la traite des esclaves aux XIVe et XVe siècles, in Studi in onore di A. Fanfani, ni, Milano 1962, pp. 593-669; Traite des esclaves et traitants italiens à Constantinople (XIIIe-XVe siècles), « Le Moyen Age», 69 (1963), pp. 791-804; Le recrutement des esclaves à Venise aux XIVe et XVe siècles, « Bulletin de l’institut Historique Belge de Rome », 39 (1968), pp. 101-102; Le commerce en mer Noire des débuts de l’empire byzantin au lendemain de la conquête de l'Egypte par les Ottomans ( 1517), in Actes du XIIIe Congrès international des sciences historiques, Moskva 1970 ; La traite des esclaves dans l’espace byzantin au XIVe siècle, in Actes du XIVe Congrès international des études byzantines, Bucarest 6-12 septembre 1971, Bucurejti 1975, H, pp. 281-284 ; Les routes méditerranéennes, in Istanbul à la jonction des cultures balkaniques, méditerranéennes, slaves et orientales, aux XVIe-XIXe siècles, Bucarest 1977, pp. 27-42; M. Balard, Les Génois dans l’ouest de la mer Noire au XIVe siècle, in Actes du XIVe Congrès intern. des études byzantines..., n, pp. 21-32 e particolarmente p. 24; G. Forchieri, Navi e navigazione a Genova nel Trecento. Il 'Liber Gazarie', Genova 1974, pp. 48-49; G.I. Bratianu, Recherches sur le commerce génois dans la mer Noire au XIIIe siècle, Paris 1929, pp. 228 sgg. ; ID., La mer Noire des origines à la conquête ottomane, Monachii 1969, pp. 262 e 318 sgg
366 MÉLANGES IVAN DUJCEV dum inimicos » (1063 C)47. In taie situazione fra Bartolomeo aveva ragione di parlare del « mysterium» délia giustizia divina, « quare tantum sustinet christianos » (ibid.). Ma le lettere di fra Bartolomeo e di fra Pietro assieme ad un’altra di fra Alberto da Sarteano, scritta il 24 ottobre 1443 al papa Eugenio IV per la liberazione di alcuni confratelli caduti prigionieri dei Turchi48, costi- tuiscono una fonte preziosa non soltanto per comprendere la situazione delle popolazioni dell’Europa orientale investite dalla prima grande invasione délia armate turche, ma anche per ricostruire i fatti d’arme più salienti del periodo che va dal 1438 al 1442. Si ritiene, in generale, che l’incursione sanguinosa contre la Transilvania nell’estate del 1438 sia stata corne un « diversivo » organizzato da Murâd II approfittando delle lotte all’interno dell’Ungheria per la successione a Sigismondo di Lussemburgo. Ma fra Bartolomeo ci fa sapere che al mo- mento in cui egli sbarcava a Costantinopoli e ivi lo raggiungeva, quasi contemporaneamente, fra Alberto da Sarteano, che rientrava da Gerusa- lemme — dunque agli inizi del 1436 —,« vulgabatur ibidem diebus proximis Hungaros aliqua Teucrorum navigia combussisse nec non etiam plurimos occidisse illorum : haec, inquam, omnia vera fuerunt» (1057 D). Quando, esattamente, e dove awenne questa battaglia ? La scarsità delle fonti non ci permettono di determinare meglio questo fatto d’arme, avvenuto forse sul Danubio, ma non c’è ragione di dubitare dell’informazione di fra Bar- tolomeo. Seconde il quale, l’incursione délia Transilvania dell’estate de] 1438 sarebbe stata prcceduta da un’altra incursione contre la Serbia, proprio «ex hoc», cioè in seguito all’attacco vittorioso degli Ungheresi. 47. Per quanto ho potuto vedere, non mi sembra che queste important! testimonianze di fra Bartolomeo sul commercio degli schiavi da parte di mercanti italiani e musulman! abbiano finora attratto l’attenzione degli studiosi indicati nella nota precedente. 48. Cfr. Wadding, Annales Ordinis Minorum..., xi, p. 343. E’ curioso che in questa lettera fra Alberto da Sarteano, oltre che supplicare il papa Eugenio IV a che venissero liberati i «fratres... ad grandia fidei negotia missos», ricordi un fra Pietro in questi termini : « Venit autem mihi in mentem Petrum ilium, qui pridem profecturus erat in Graeciam pro illorum salute, qui iamdiu ad fidem nostram suspirant, plusquam dici a me possit, futurum idoneum ad praedictos e manibus Teucrorum eripiendos, cum et linguam illorm infidelium probe calleat, et in eisdem provinciis pariter habeat parentes captivos ». Mi chiedo se questo Pietro sia lo stesso estensore délia lettera invia'a a fra Bartolomeo di Giano il 12 febbr. 1443. Poiché fra Alberto scrisse la sua il 24 ott. 1443 da Venezia, è possibile che fra Bartolomeo avesse informato délia situazione sia il papa Eugenio IV, con la lettera che qui pubblichiamo, sia il confratello fra Alberto, a cui era legato da profonda amicizia. Si ricordi poi che il papa Eugenio acconsenti a che venisse raccolta una somma per il riscatto dei francescani prigionieri : affidb la somma di 400 aurei al mercante veneziano di Cipro Giovanni de Martini e questi la fece pervenire al « presbitero » Giovanni di Marostica, che riusci a liberarli e a riportarli in patria.
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 367 E fu in questa prima incursione condotta personalmente dal sultano (« Teu- cer ipse iratus illuc cum magno exercitu peisonaliter accedens » 1057 D), che « plusquam sexaginta millia, ut dicitur, animarum asportavit de regno Rasiae » (1057 D), molto probabilmente nella primavera del 1438. Successi- vamente l’esercito turco «de mense Augusti» (1064 B) avrebbe invaso l’Ungheria — sotto il comando, secondo Babinger, di ’Alî Beg, figlio di Evrenos e con il concorso di Vlad Dracul, principe délia Valacchia, e di Giorgio Brankovic, despoto délia Serbia — ed ivi avrebbe devastato « non unam solum... civitatem, sed très, sed quatuor, sed castra atque villas innumeras, magnam dico ac notabilem patriam habitatoribus et divitiis opulentissiman, iam destructam in cineremque redactam de mense videlicet Augusti praesentis anni ; patriam dico fidelium populorum, qui Saxones nuncupantur in patria Transylvana... quae Septemsolia dicebatur, nunc vero quid nominetur ignoro, nisi forte locus lamentabilis et planctus» (1058 B). Sembra accennare qui all’assedio di Sibiu (Hermannstadt), aile devastazioni di Braçov (Kronstadt) e di Médias (Mediasch) e alla distruzione dei sobborghi di Sighiçoara (Schâssburg) e di tutta la zona del Banato di Temeçvar, cioè di quella regione che era detta «Septemsolia» o « Septem- castra» (= Siebenbürgen) o anche «Transylvania» (ungh. Erdély, rum. Ar- dealu, turc. Erdel)49. Pare che al momento del ritorno dell’esercito dalla spedizione in Transilvania «de mense Septembris», «subito ex eis viginti millia vel circa retroversi Hungaros quasi iam securos repentissime invase- runt in quadam provincia, quae dicitur Siculorum, quasi in medio Hunga- riae; ex quibus, ut fertur, triginta mille animas (as)portaverunt» (1061 A). Si tratta dunque di un supplemento, per cosi dire, délia spedizione in Tran- silvania, cioè di un’incursione fatta nella zona di Szekel da un reparto stac- catosi dal grosso dell’ esercito nel settembre del 1438. Ma non basta : fra Bartolomeo ci informa anche dell’invio di un altro corpo di spedizione in Transilvania nell’ottobre dello stesso anno, ma « si quid mali fecerit, non narratur» (1061 A); e poi di una contemporanea incursione dei «Tartari». i quali, «videntes christianos populos occupatos in bellis », a seguito delle lotte per la successione al trono impériale, «Poloniam invasere» (1064 B)50. 49. Cfr. Babinger, Maometto..., p. 16 e, più indietro, qui, n. 5. Per Sighisoara, cfr. Ducas, Istoria..., p. 258 n. 2, che cosi interpréta il Grecu il vago accenno ad un « piccolo villaggio ». Molto più incerto si dimostra N. Jorga, Histoire des Roumains et de laroma- nité orientale, iv, Les chevaliers, Bucarest 1937, pp. 73-74, il quale non ricorda che Sebeç, sulla base délia testimonianza di Giorgio di Ungheria, ma aggiunge che la fortezza di Giurgiu fu occupata e ricostruita. 50. Si ha notizia di due incursioni dei Tartari délia Crimea, ma non in Polonia, bensi in Moldavia, per l’anno 1439 : cfr. Jorga, Histoire..., iv, pp. 85-86.
368 MÉLANGES IVAN DUJCEV Délia conquista délia fortezza di Smederevo e délia fuga di Giorgio Brankovic, a cui accennano fra Bartolomeo e fra Pietro, si è già detto ; qui c’è da soggiungere soltanto che pare che Murâd II si proponesse di devas- tare durante l’inverno del 1439-1440 « totam... Ungariam et Almaniam» (lin. 55-56), ciô che poi non attuô, ma è possibile che l’abbia pensato al momento in cui le truppe turche fecero un’incursione al di là del Danubio subito dopo la conquista di Smederevo, conquistando « Cuminim » ( = Ko- vin ?) e un’altra città ungherese il cui nome ci sfugge per difetto délia tradi- zione del testo (lin. 56-62). Forse si tratta délia stessa città di cui parla anche fra Pietro : « et cepit unum locum novum in Ungaria et omnes sunt ibi capti » (Pietro, lin. 17-18). All’inizio del 1443, secondo fra Bartolomeo, i Turchi avevano conqui- stato o avevano già sotto il loro controllo la Serbia, la Schiavonia (= Slo- venia), la Dalmazia, la Valacchia, la Transilvania, la Bulgaria, la Bosnia, e « par especial », il regno di Ungheria e di Sassonia (pp. 3 et 5), senza contare « villes, chasteaulx et citez qu’ilz ont destruit totalement avecq le pais d’entour, qu’ilz ont aussi perdu par feu et flame» (p. 4). Più che di vere e proprie conquiste di tali territori, si tratta, corne lascia intendere fra Bartolomeo, di zone sottoposte ad atti di terrorisme e di devastazione, per cui le popolazioni si sentivano ormai sotto l’incubo di una totale conquis- ta. Ma i maggiori particolari ci vengono sull’impresa di Giovanni Hunyad, voevoda di Transilvania, al quale, assieme a Niccolô Ujlaky, il giovane re Alberto V aveva affidato la difesa dei confini dell'Ungheria. Fia Bartolo- meo non parla espressamente di Giovanni Hunyad, ma non c’è alcun dubbio che alluda alla sua impresa del 1442. Egli afferma che nella quaresi- ma del 1442 (cioè, fra il 18 febbr. e il 17 marzo), Murâd II, volendo di- struggere il regno di Ungheria, inviô ivi un « très grant et très poissant nombre de Turs », che saccheggiô il paese e fece molti prigionieri e che, al ritorno, esso venne attaccato dagli Ungheresi, i quali ne uccisero 36.000 : « et fu dimence de la Passion », cioè il 18 marzo 1442 (p. 8)5 *. Poi racconta che il sultano, dopo la sconfitta subita, mandé a chiamare « le seigneur de Valaquie, lequelz est son serf, ... nommé Dracule», cioè Vlad Dracul, padre di Vlad IV Jepeç (l’Impalatore), lo ricevette onorevolmente a pranzo con i suoi bojari, ma poi l’imprigionô e gli fece tagliare la testa, « disant qu’il estoit sachant de la desconfiture faicte par les chrestiens » ; in seguito avrebbe imprigionato anche i suoi bojari e avrebbe confiscato le loro terre 51. Si tratta délia ben nota, e discussa, corne luogo, battaglia di «Waskapu» o di Sântimre (Szent Imreh, Sîntimbru), a est di Alba Julia : cfr. I. Minea, Vlad Dracul vremea sa, « Cercetari istorice», 4 (Jajy 1928), p. 121 ; Jorga, Histoire..., iv, pp. 83-84.
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 369 in Valacchia, e poi inviato un « seigneur turq » corne governatore con un presidio di 12.000 turchi. Ma Ungheresi e Valacchi si sarebbero opposti e li avrebbero tutti uccisi (pp. 8-9)5 2. Quando il sultano venne a conoscenza délia nuova sconfitta, avrebbe inviato in Valacchia tutto il suo esercito, composto di 124.000 uomini, per distruggerla e far prigioniera tutta la sua popolazione. Sul primo momento i Valacchi avrebbero fatto tinta di pro- mettere ubbidienza, ma poi riunitisi sulle montagne agli Ungheresi ed ai Polacchi, avrebbero scatenato una grande battaglia e sconfitto l’esercito turco, uccidendo 52.000 uomini, facendo un numéro considerevole di prigionieri e catturando 5000 bestie da soma, tra cammelli e cavalli, carichi di tende e di bottino52 53. A seguito di questa vittoria, le truppe cristiane, imbaldanzite, sarebbero arrivate fino ad Andrinopoli « et y ont prins plusieurs villes et chasteaulx, et le pays d’otour ars et brûlé : et ce, du moys de septembre l’an xlii, le IIe jour dudit mois ». Contro di esse Murâd II avrebbe inviato altri 15.000 uomini, ma anch’essi sarebbero stati sconfitti e uccisi (pp. 9-10)54. Si tratta délia stessa impresa esaltata dal vescovo Martino Segono con queste parole (verso il 1480-81) : « Est in ea (scil. Transilvania) Huniadum oppidum [= Hunedoara] loci natura munitissimum, unde loannes Albus [= « Blancus », i.e. « Blachus », Giovanni Hunyad] oriundus fuit, qui fusis hic primum Turcis, eorum duce Mesitbego interfecto, melioribus semper auspiciis victoriam prosequendo adeo hostibus 52. Lasciando da parte per il momento il racconto su Vlad Dracul, su cui ritorneremo tra poco, ricordiamo che, molto probabilmente, questa battaglia si sarebbe svolta in prossimità délia Porta di ferro il 25 marzo 1442 : cfr. Minea, Vlad Dracul..., p. 121 nn. 1 e 2 ; Jorga, Histoire..., iv, p. 84. 53. Si tratterebbe qui dell’altra famosa battaglia svoltasi Jungo il fiume lalomifa, forse non lontano da Tîrgoviçte, il 2 o il 6 o il 25 sett. 1442, ricordata anche dal cronista veneziano délia cosiddetta Cronica Zancaruola (brano edito da N. Jorga, Studii jz docu- mente eu privire la Istoria Rominilor. m, Fragmente de Cronici fi stiri despre Cronicari, Bucureçti 1901, pp. xvii-xvm), che sembra aver avuto notizia délia lettera di fra Barto- lomeo al priore di S. Giovanni di Gerusalemme, data la somiglianza di certo espressioni, su cui cfr. Jorga, Les aventures..., pp. 13-17 ; Minea, Vlad Dracul..., pp. 127 sgg. ; Jorga, Histoire..., iv, pp. 87-88. 54. E’ assai difficile dire fino a che punto sia giunto Giovanni Hunyad subito dopo la sua vittoria sulla lalomifa. Certo puntô al di là del Danubio, passato nei pressi di Nikopol, verso Filippopoli (Plovdiv), con l’intenzione, molto probabilmente, di raggiungere la cosiddetta «via trasversale», cioè la strada che da Filippopoli portava a Costantinopoli attraverso Andrinopoli (Edirne), da tempo in mano turca. Ma forse, sorpreso dall’inverno, fu costretto a tornare indietro. Un tentative di raggiungere Costantinopoli verra fatto da Giovanni Hunyad l’anno successive (1443), ma movendo da Belgrade (Babinger, Maometto.., pp. 25-27 ; Jorga, Histoire..., iv, pp. 88-90) e risoltosi non bene, anche questa volta, a causa del freddo invernale e délia mancanza di viveri.
370 MÉLANGES IVAN DUJCEV terrori et suis admirationi fuit, ut omnium sententiis ad regni gubernationem deposceretur »55. Esiste una certa divergenza fra gli storici moderni sulla successione dei combattimenti di Giovanni Hunyad nel 1442. Contrariamente a quanto afferma, ad esempio, lo Jorga56 ; che segue sostanzialmente la versione data da Bartolomeo di Giano, il Babinger57 sostiene che il voevada transil- vano avrebbe sconfitto prima Sihâb ed-Dîn presso il fiune lalomifa, poi Mezîd Beg, caduto sul campo di battaglia con il figlio, a Szent Irnreh, e infine ancora Sihâb ed-Dîn, che era accorso per vendicare la morte di Mezîd Beg, in luogo non precisato. Non siamo in grado di decidere la que- stione. Sarebbe utile vedere su questo punto le fonti turche più accreditate e compararle aile fonti occidentali : ciô che ci porterebbe troppo lontano dal nostro discorso58. Piuttosto, è opportuno forse fermarsi un momento sulla storia di Vlad Dracul narrata da fra Bartolomeo. Si tratta di una voce che era corsa a Costantinopoli e alla quale fra Bartolomeo ha creduto, in buona fede, ma sulla cui verità da tempo la critica ha espresso chiaramente la sua opinione, dal Jorga al Minea59. Corne già riconosceva lo Jorga, benché la notizia sia falsa, essa rimane corne espressione di « psychologie populaire dans le milieu d’Église»60. In effetti, Vlad Dracul non mori nel 1442, né fu giustiziato dal sultano, corne racconta fra Bartolomeo, ma continué a combattare contre i Turchi a fianco degli Ungheresi fino al 1447, anno in cui sarebbe stato ucciso assieme al figlio Mircea, forse per ordine di Giovanni Hunyad, il quale invase la Valacchia appunto in quell’anno per punire Vlad che aveva concluso l’anno prima una pace con i Turchi61. Ma nel racconto favoloso di fra Bartolomeo c’è un’anima 55. Martini de Segonis Tractatus (il 5, 14-18) in Pertusi, Martino Segono..., cit. 56. Jorga, Histoire..., iv, pp. 83-84. 57. Babinger, Maometto..., p. 20. 58. Purtroppo, corne è noto, i) Babinger scomparve tragicamente senza aver pubblicato, corne avera promesso, un volume di note al suo libro su Maometto. Ma è certo che l’illustre studioso aveva visto e valutato con grande accuratezza anche le fonti orientali, e quindi prima di dissentire délia versione da lui data, occorrerebbe rifare il suo lavoro di sintesi. 59. Jorga, Studii ji documente..., m, pp. xvii-xvm ; Les aventures..., pp. 13-17 ; Minea, Vlad Dracul..., pp. 102-131 e particolarmente 124-127; Jorga, Histoire..., iv, pp. 74-75. 60. Jorga, Les aventures..., p. 15. 61. Jorga, Histoire..., iv, pp. 106-108 (che cerca di discolpare Giovanni Hunyad di taie uccisione) ; Minea, Vlad Dracul..., p. 215 ; F. Pall, Intervenfia lui lancu de Hunedoara in rfarn Româneascâ fi Moldova in anii 1447-1448, « Studii», 16 (1963), pp. 1049-1072 ; N. Stoicescu, Vlad Tepef, Bucurejti 1976, p. 15 ; St. Andrescu, Vlad Tepef (Dracula). Intre legendâ fi adevàr istoric, Bucureçti 1976, pp. 21 sgg. ; G. Giraudo, Drakula. Contri- bua alla storia delle idee politiche nell'Europa orientale alla svolta del XV secolo, Venezia
l’europa orientale dopo la caduta di smerderevo 371 di verità, perché sembra che effettivamente Vlad Dracul, dopo la spedizione turca in Transilvania del 1438, seconde Jorga62, o dopo la spedizione di Giovanni Hunyad délia primavera del 1442, molto più probabilmente, seconde gli storici romeni più recenti63, sarebbe stato costretto a recarsi alla Porta del sultano per fare alto di omaggio e lasciare nelle sue mani i due figli, Vlad, il future Vlad IV Tepe§, e Radu, che furono rinchiusi nella fortezza di Egrigôz o di Nymphaion (Nif), corne ostaggi. E’ possibile che la leggenda raccontata da fra Bartolomeo sia nata proprio attorno a questo episodio, tant’è vero che da una parte lo storico greco Ducas lo mette in relazione alla caduta di Smederevo del 143964, mentre Chalkon- dyles parla di un rifugiarsi di Vlad Dracul presso la Porta dopo la campagna del 144265. Poteva accadere che il sultano giudicasse un suo vassallo col- pevole di intelligenza con il nemico e, approfittando dell’atto di omaggio, lo punisse con la pena délia decapitazione ; ciô che perd non avvenne in questa circostanza, perché Vlad Dracul, dopo aver lasciato nelle mani di Murâd II i suoi due figli corne ostaggi, poté tornarsene tranquillamente in Valacchia. Le tre lettere conservate di fra Bartolomeo sono dunque documenti di grande interesse per la storia dell’Europa orientale negli anni 1439-1442 ed è un vero peccato che non si siano conservate le altre che egli scrisse in quegli anni (o almeno, finora non sono State ritrovate, ma è possibile che siano nascoste in qualche manoscritto non interamente esplorato). Esse ci dicono con quale attenzione fossero seguiti gli avvenimenti dolorosi dell’Europa orientale, invasa ripetutamente dalle truppe di Murâd II, da parte délia Chiesa di Roma, e corne tutto ciô préoccupasse profondamente 1972, p. 49. Gli studiosi più accreditati (Jorga, Minea, Pall, Stoicescu, Andrescu, ecc.) non sono interamente d’accordo sulla data di morte di Vlad Dracul (die. 1446 o nov.-dic. 1447 o avanti 4 die. 1447), ma non sembra che essa sia da porre in relazione con l’impri- gionamento dell’Hunyad in Valacchia, dove si era rifugiato dopo la sconfitta di Varna (1444), bensi al fatto di aver concluso una pace separata nel 1446 con i Turchi, pace di cui parlano diversi storici contemporanei ed anche un documento. 62. Jorga, Histoire..., iv, p. 74. 63. Minea, Vlad Dracul..., p. 120 ; Stoicescu, Vlad Tepes—, p. 10 ; Andrescu, Vlad Tepe§..., pp. 33 e 38 ; M. Berza, Vlad Tepe$, ses règnes et sa légende. En marge de deux livres récents, « Revue des études sud-est européennes », 15 (1977), pp. 326-327. 64. Ducas, Istoria..., p. 263, 8-17, che parla anche di un imprigionamento di Vlad Dracul a Gallipoli, subito dopo il suo arrive in territorio turco, perché, egli dice, « stava per tradire, in Ungheria », il giuramento di vassallo del sultano. 65. Laonici Chalcocandylae Historiarum demonstrationes..., n, pp. 36-37. Ma giusta- mente Minea, Vlad Dracul..., pp. 120, pone in relazione taie notizia, o meglio, taie confu- sione di Chalkondyles con l’atto d'omaggio e la consegna dei due figli in ostaggio nel 1442.
372 MÉLANGES IVAN DUJCEV l’Occidente impaurito dell’avanzata dei Turchi. Ma questi non erano che i prodromi di avvenimenti ben più gravi e più dolorosi per l’Europa orien- tale.
ZUR HISTORISCHEN RELEVANZ DER « MEMOIREN EINES JANITSCHAREN ODER TÜRKISCHEN CHRONIK » DES KONSTANTIN MIHAJLOVIC AUS OSTROVICA Günter PRINZING In seinem groBen Aufsatz « La conquête turque et la prise de Constan- tinople dans la littérature slave de l’époque» charakterisiert I. Dujcev die Memoiren eines Janitscharen, die gleichermaBen der polnischen und tschechischen Literatur der Wende des 15. zum 16. Jh. zuzuzâhlen sind, als « une œuvre extrêmement intéressante par son contenu et par la personne de son auteur » und stellt im Verlauf seiner Ausführungen hierüber u.a. fest : « Ecrits d’après ses souvenirs et des observations personnelles, com- plétés par quelques renseignements puisés dans les livres, les Mémoires du Janissaire doivent être considérés comme une des œuvres les plus impor- tantes de la littérature slave de cette époque, qui mérite une étude mono- graphique »1. Wenn auch bisher eine solche Monographie, zu deren Abfassung neben slavistischen und byzantinistischen auch osmanistische Kenntnisse vonnôten wâren, nicht erschienen ist, so sind für sie inzwischen doch wichtige Vorarbeiten einerseits in übergreifenden Studien und Spezialar- 1. Vgl. «Byzantinoslavica» 17 (1956) 333-334 und im Sammelband I. Dujcev, Medioevo Bizantino-Slavo 3, Rom 1971, S. 478 und 479-80.
374 MÉLANGES IVAN DUJCEV beiten, andererseits in neuen Textausgaben und kommentierten Über- setzungen erstellt2 * * * * * B.. Dies gilt gerade für die Textausgaben und Übersetzungen — letztere beginnen übrigens schon «indirekt» 1596 !, vgl. unten —, denn da das Original der « Memoiren » als verschollen gelten muB und jeweils tsche- chische und polnische Redaktionen des Textes die Grundlagen der heuti- gen Ausgaben bilden, verbinden sich mit jeder Ausgabe, Übersetzung und deren Kommentar von neuem die eng zusammenhângenden Fragen nach der Person des Autors, der Genesis und literarischen Form des Textes und der Zuverlâssigkeit und Bewertung der im Text vermittelten Informa- tionen. So bieten denn auch die neuesten Übersetzungen, von denen ja eine auf dem erstmals verôffentlichten und vor der polnischen Version mindestens teilweise den Vorzug verdienenden Text der tschechischen Handschrift M (16. Jh.) fuBt, zugleich Grundlage und Ausgangspunkt für eine eingehendere Beschâftigung mit diesem Werk. Mit dem vorliegenden Beitrag hoffe ich, hierfür einige Anregungen geben su kônnen. Daj Werk, um das es hier geht, besteht aus 48 Kapiteln (und einem 2. Vgl. Dj. Zivanovic, (Hrsg.), Konstantin Mihajlovic iz Ostrovice, Janicarove Uspo- mene Ui Turska Hronika (« Spomenik » SAN 107, Odeljenje drustvenih nauka NS 9), Belgrad 1959 (Wiederabdruck der polnischen kritischen Edition von J. Los /Krakau 1912/ mit serbischer Übersetzung und ausführlicher Einleitung). — Konstantin Mihajlovic iz Ostro‘ ice, Janicarove Uspomene ili Turska Hronika, predgovor, prevod i napomene Dj. Z vanovic (= Brazde pos. izd. ser. 5), Belgrad 1966. —Memoiren eines Janitscharen oder Türki che Chronik, eingeleitet u. übersetzt v. Renate Lachmann, kommentiert von C.-P. Haase, R. Lachmann, G. Prinzing (= Slavische Geschichtsschreiber 8), Graz- Wien-Kôln 1975. — Konstantin Mihailovic, Memoirs of a Janissary, translated by B. Stolz, historical commentary and notes by S. Soucek (= Michigan Slavic Translations 3), Ann Arbor 1975 (enthâlt neben der Übersetzung vor allem die erstmals edierte tsche- chische Version M). Jüngst erschien eine italienische Übersetzung (von A. Danti) des Kap. 26 über die Eroberung Konstantinopels mit Einleitung und Anmerkungen von A. Pertusi im Rahmen des Werkes von A. Pertusi. La caduta di Constantinopoli. Le testi- monianze dei contemporanei, Verona 1976, S. 254-260 u. S. 434-438. — Man hat meist übersehen, daB eine von Ph.A. Dethier besorgte polnische Ausgabe mit Kommentar u. franzôs. Übersetzung (diese von T. d’Okcza) in der kurzlebigen Ausgabe der Monu- menia Hungariae Historica, Bd. 22, 1 u. 2, Konstantinopel 1872 erschienen ist. Zu dieser Ausgabe, die übrigens ein Torso blieb, bemerkt K. Krumbacher, Geschichte der byzant. Litteratur, München 1897, S. 311 daB die Bande « kaum geboren, zum grausamen Tod in der Stampfmühle verurteilt wurden». Erst Pertusi, op. cit., S. LVI und S. 254 hat wieder auf diese immerhin in seltenen Examplaren noch greifbaren Bande der Monu- menta Hung, Hist. auch in unserem Zusammenhang aufmerksam gemacht. Weitere bibliographische Hinweise sind den genannten neueren Ausgaben und Übersetzungen zu entnehmen. Vgl. auch den von M. Stoy verfaBten Artikel s.v. Konstantin, in : Bio- graphisches Lexikon zur Geschichte Südosteuropas, Bd. 2, München 1976, S. 467.
MEMOIREN EINES JANITSCHAREN 375 SchluBaufruf, der als Kap. 49 oder 49/50 gezâhlt wird), die sich inhaltlich folgendermaBen gliedern : Kap. 1-8 enthalten Angaben über die islamischen Glaubensbrâuche, 9-13 eine mythische Genealogie des osmanischen Herr- scherhauses, 14-24 umfassen verschiedene Angaben besonders zur serbisch- südslavischen Geschichte ab 1330, daneben aber auch zur byzantinischen ab Johannes VI. Kantakuzenos und zur osmanischen Geschichte bis zum Herrschaftsantritt Mehmeds IL, 25-35 bringen die Ereignisse der Regie- rungszeit Mehmeds IL (wobei Kap. 26, 27 u. 29-34 biographisch verwert- bare persônliche Angaben des Verfassers enthalten, so daB dieser Abschnitt als der eigentliche Memoirenteil gelten kann) und 36-48 handeln über Organisation und Besonderheiten des osmanischen Hof- und Heerwesens. Der SchluB fordert die Christen zu Wachsamkeit und Einigkeit auf. Es ist ganz sicher, daB redaktionelle Zusâtze — oft traktathaft tenden- ziôse und moralisierende Bemerkungen — bereits in die vorliegenden àltesten Versionen eingeflossen sind und daB die spâteren Textversionen Produkte immer umfangreicherer Verânderungen und « Aktualisierungen » darstellen, die erfolgten, um den jeweiligen Bedürfnissen des Publikums gerecht zu werden, ein ProzeB, der z.B. aus der Textgeschichte der litera- rischen Volksbücher auch wohlbekannt ist. Dabei spielte die Frage der Autorschaft nur eine sekundâre Rolle, denn vom Publikum wurde ein solcher « Wiedergebrauchstext », wie R. Lachmann gezeigt hat, jeweils als « homogène Einheit gelesen»3. So lassen Aufteilung und Inhalt des Textes, sowie die Unsicherheit der Textkonstitution auf den ersten Blick Zweifel berechtigt erscheinen, ob ein so heterogener Text überhaupt von einem Autor allein geschaffen worden sein kann oder ob es sich bei dem Autoren-Ich nicht vielleicht um eine pure Erfindung spaterer Textkompilatoren handelt4. Auf jeden Fall wird évident, wie schwierig es sein muB, aus den vorliegenden Versionen auf das Original und seinen Autor Rückschlüsse zu ziehen. Es ist im Zusammenhang dieser vieldiskutierten Frage vielleicht hilf- reich, nur eines anzumerken : Die Heterogenitat des Textes, die Kombi- nation legendârer, chronistischer und memoirenhafter sowie traktathaft- belehrender Teile miteinander bietet für sich genommen noch keinen hinreichenden AnlaB, von vornherein den Text als Kompilation zu betrachten 3. Vgl. die Einleitung zu den Memoiren eines Janitscharen, S. 31. 4. Vgl. ebenda S. 30 unter Berufung auf die Arbeiten von A. Danti, der übrigens eine neue kritische Ausgabe des polnischen Textes vorbereitet.
376 MÉLANGES IVAN DUJCEV oder gar die Authentizitât des von sich erzâhlenden Autors grundsâtz- lich in Frage zu stellen. Die zeitgenôssische Türkenliteratur kennt nâmlich mehrere Beispiele âhnlich strukturierter Schriften, wie die des Georg von Mühlenbach, lacopo de Promontorio, Gian-Maria Angiolello5 und die meist übersehene, aber jüngst von A. Pertusi aus anderem AnlaB berück- sichtigte und in die Nâhe des Janitscharen gerückte Schrift des Büchsen- machers Jôrg von Nürnberg (zuerst verôffentlicht in Memmingen ca. 1482/3)6. Letztere scheint mir trotz ihrer Knappheit den «Memoiren» literarisch besonders nahe zu stehen, aber auch inhaltlich. Die seltene Inkunabel ist noch immer nicht ediert und kommentiert, so muB hier ein Hinweis darauf genügen, daB Jôrg in seiner Schrift über den Ursprung der Türken, die Herrschaftstaten ihrer Kaiser und deren Gewinne an Land und Stâdten, ferner über Glauben und Ritus und schlieBlich über die Behandlung der Gefangenen bei den Türken berichten will7. Freilich bleiben die Person des Autors der Janitscharen-Memoiren, seine biographischen Daten und die Frage von Ort, Zeit und âuBeren Bedingungen, unter denen das Original einmal abgefaBt wurden, noch verhâltnismâBig stark im Unklaren. Bis heute lâBt sich z.B. nicht zweifels- frei klâren, wo Konstantin, der sich ja 1463 als osmanischer Kommandant der kleinen bosnischen Festung Zvecaj den Ungarn hatte ergeben müssen, seine Schrift verfaBt hat ; genannt werden Ungarn, Bôhmen und Polen8. Auch hinsichtlich der Abfassungszeit des Werkes verfügen wir noch nicht über gesicherte Daten, sondern man vermutet aufgrund inhaltlicher Kriterien, vor allem des letzten Kapitels (49/50), es sei etwa zwischen 1491 und 1500 verfaBt. Die am SchluB der polnischen Redaktion in der Hs. Z (16. Jh.) in einer chronologischen Notiz (« Ta krojnika pisana napr- zod litera Ruska lata Narodzenia Bozego 1400» = Diese Chronik ist zuerst mit russischen Lettern im Jahre des Herrn 1400 geschrieben worden) überlieferte Jahreszahl 1400 wird dementsprechend als Kopistenfehler 5. Vgl. hierzu F. Babinger, Die Aufzeichnungen des Genuesen lacopo de Promon- torio — de Campis über den Osmanenstaat um 1475, München 1957, S. 10-13. 6. Vgl. zuletzt A. Pertusi, Premières études en Occident sur l'origine et la puissance des Turcs, in « AIESEE Bulletin» 10, 1 (1972) 49-94, speziell S. 64-65 Anm. 47, u. 67-70. Jôrgs Schrift (Geschicht von der Turkey) wurde noch einmal in Memmingen 1496 und Nürnberg 1500 gedruckt. Der Text, der auf f. 8r endet, ist illustriert ; vgl. bei Pertusi Abb. 1-3. Das Werk Jôrgs hat in der Bayer. Staatsbibliothek die Signatur 4° Inc.s.a. 901m. 7. Fol. 2r der Schrift Jôrgs (Abb. 2 bei Pertusi). 8. Vgl. darüber die Angaben der Ausgaben von Zivanovic, Lachmann u. Stolz.
MEMOIREN EINES JANITSCHAREN 377 gewertet, denn gemeint sei offenbar 1490 oder 15009. Da bisher aber noch nicht zu klâren versucht wurde, wie dieser Kopistenfehlerpalâographisch zu- standegekommen sein kann, môchte ich hier ein paar kurze Überlegungen anschlieBen, die nicht nur hierin, sondern vielleicht auch in den oben erôrterten Fragen zur Entstehung des Werkes etwas weiterführen kônnen. Statt der Zahl 1400, die in der polnischen Notiz steht, dürfte in der russisch/bzw. serbisch-kyrillischen Vorlage10 ein in Zahlbuchstaben geschriebenes Datum mit der in den orthodoxen Lândern üblichen Welt- jahrsangabe gestanden haben. Dem Jahr 1400 entspricht das Weltjahr 6908 (Januar-Ende August) [bzw. 6909 (September-Ende Dezember)], grie- chisch kyrillisch : wSIJH oder wSAH). Da nun der Zahlbuchstabe für 8 (gr. H', tj', kyr. H) sowohl im Griechischen wie auch im Kyrillischen bei einer etwas nachlâssigen Handschrift unschwer aus dem Zahlbuchstaben für 90 (gr. od. kyr. ç, mÿ) verlesen worden sein kann11, erscheint es durchaus denkbar, daB sich hinter der Zahl 1400 in Wirklichkeit das Weltjahr 6990 = 1481/82 verbirgt, und damit die Zeit um das Todesdatum Mehmeds II. (3. Mai 1481)12. Ist man geneigt, dieser Erklârung zu folgen und der Notiz auch eine textgeschichtliche Relevanz zuzubilligen, ergâben sich sogleich zwei Fol- gerungen : a) Bei der Frage der Textkonstitution wâre davon auszugehen, daB mindestens Kap. 37 und 49/50 nicht zu dem Teil gehôren kônnten, der um 1481/82 verfaBt wurde. Diese Kapitel müBten folglich, wie eine Reihe anderer Zusâtze in den voraufgehenden Kapiteln, Produkte einer ersten, wohl ca. 1492-1502 erfolgten Bearbeitung sein, die vielleicht mit der Über- setzung einherging13. 9. Vgl. ÉivANovtc, Einleitung zu seiner Ausgabe von 1959, S. XV, Memoiren eines Janitscharen, ed. Lachmann, S. 228 Anm. 418 und Memoirs of a Janissary, ed. Stolz S. XXII und im Kommentar von Soucek S. 236 Note 1 zu Kap. 50. 10. Die Frage, in welcher Sprache die Vorlage der polnischen Hs. geschrieben ist, kann ebensowenig wie die Frage nach der Sprache des Originals eindeutig beantwortet werden. Die kontroversen Standpunkte werden jeweils von den Editoren referiert. 11. Eine Darstellung der verschiedenen Formen des kyr. H findet man bei E.F. Kar- sku, Slavjanskaja kirillovskaja paleografija, Leningrad 1928, Nachdruck Leipzig 1972, S. 192, die der Formen des q S. 202 und die der Zahlbuchstaben für 90 auf S. 216. Vgl. auch die Zahlentabelle S. 215. 12. Vgl. F. Babinger, Mehmed der Eroberer undseine Zeit, München 19592, S. 443-448. 13. Vgl. Memoirs of a Janissary, ed. Stolz, Kommentar v. Soucek S. 236 zu Kap. 50 und die Rezension von $. Papacostea, in « Revue Roumaine d’Histoire» 14 (1975) 735.
378 MÉLANGES IVAN DUJCEV b) Der Gedanke drângt sich auf, daB der HauptanlaB der Abfassung des Werkes im Tod Mehmeds II. gesehen werden kann, der das Ende einer Âra auch für die Zeitgenossen sichtbar markiert haben dürfte. Warum soll damais der Tod eines solchen Sultans nicht ebenso das Informations- bedürfnis der Nachwelt gesteigert haben, wie es derlei Daten erfahrungs- gemâB noch heute zu tun pflegen ? Man kann sich gut vorstellen, daB der Janitschar fôrmlich zum Schreiben (oder Diktieren) gedrângt wurde, denn Mânner, die wie er eine Karriere im Reich Mehmeds II. hinter sich hatten und aus den schon eroberten Gebieten stammten, waren derzeit in Südost-Mitteleuropa wohl nicht gerade reichlich gesât. DaB der Janitschar seine Schrift dann mit Absicht auch so abgefaBt habe, daB sie seinen Dienst bei den Osmanen im rechten Licht erscheinen lâBt, nâmlich ohne ihn selbst nachtrâglich zu kompromittieren, hat jüngst V.L. Ménage m.E. überzeugend vorgebracht14 : Denn aus dem Bemühen, sich zu rechtfertigen, würde auch Konstantins Angabe verstând- lich, beim Fall von Novo Brdo 1455 als Knabe in türkische Hânde gefallen zu sein, die schwer in Einklang zu bringen ist mit der vorangehenden Nachricht, daB er 1453 im serbischen Kontingent Mehmeds IL an der Belagerung Konstantinopels teilnahm : Konstantin ist eben 1455 gar nicht von den Türken verschleppt worden, so der SchluB Ménages, sondern hat sich vermutlich bald nach 1453, als er ja schon Soldat war, freiwillig in den Dienst des Sultans begeben, was natürlich nach 1463 retuschiert werden muBte (dies auch der Grund für die nach Ansicht von Ménage « thoroughly inconvincing story», in der er erzâhlt, wie die bosnischen Gesandten von ihm vor dem Einmarsch Mehmeds IL gewarnt wur- den). Die Relevanz des Textes in literarischer und historischer Hinsicht wird indes nicht so sehr ersichtlich werden aus der ohnehin noch weitgehend hypothetischen Klârung der eben diskutierten Problème, als vielmehr aus der môglichst umsichtigen Lôsung u.a. folgender Fragen : 1) Weisen Aufbau, Formulierung und Inhalt des Textes Gemeinsam- keiten und engere Bezüge zu anderen vorhergehenden, gleichzeitigen oder nachfolgenden Quellen auf und lassen diese gegebenenfa'ls Abhângig- keiten des einen vom anderen Text erkennen oder auf gemeinsame dritte Quellen schlieBen ? 2) Welche Bedeutung kommt dem Janitscharen als Prima und Sekun- dârquelle im Vergleich mit den jeweiligen Parallelquellen zu ? 14. Rezension in « Bulletin of the School of Oriental and African Studies» 40 (1977) 155-160, dort S. 158.
MEMOIREN EINES JANITSCHAREN 379 Leider kônnen diese Fragen hier nicht in extenso behandelt werden, so daB ich mich auf ein paar Bemerkungen zum chronistisch-autobio- graphischen Teil des Werkes beschrânke. Für die Diskussion der im ersten Punkt aufgeworfenen Fragen nehmen die Kapitel zur serbischen Geschichte einen wichtigen Platz ein. Nachdem M. Braun in seiner Untersuchung über die Kosovo-Tradition den epischen Charakter des entsprechenden Konstantin-Kapitels hervorgehoben hat15, kônnte R. Lachmann diese Beobachtungen nicht nur auf andere Kapitel ausdehnen, sondern auch nachweisen, daB in den Kapiteln zur serbisch- südslavischen Geschichte der Janitschar stark der von S. Hafner unter- suchten Topik der serbischen Herrscherviten verpflichtet ist und so etwas wie « gesunkene» Vitenliteratur reprâsentiert16. Zu Recht merkt sie aber an, daB es noch eines genauen Vergleichs des Janitscharen-Textes mit den Lebensbeschreibungen der von ihm erwâhnten serbischen Herrscher und besonders den serbischen Chroniken (letopisi) und Genealogien (rodoslovi) bedürfe, um sein Verhâltnis zu den serbischen Quellen genauer bestimmen zu kônnen17. DaB die Bezüge zu den Chroniken und Genealogien überwiegen, kônnen hier einige Beispiele vor Augen führen, die aile dem Kap. 15 entnommen sind : Der Kirchenbau des serbischen Kônigs Stefan III. Decanski nach (beim Janitscharen : vor) der Schlacht von Velbuzd 1330 ist im Karlo- vacki Rodoslov (im 16. Jh. aufgezeichnet) überliefert, samt der Bemerkung « ize i donynja stoit’ » (= welche auch bis heute dasteht), die der Janitscha- ren Text ebenso aufweist — nur topisch amplifiziert um den von ihm auch dem bulgarischen Zaren Michail Sisman zugeschriebenen zweiten Kirchen- bau18. Bei der Schilderung des Ausbruchs und Ausgangs der genannten Schlacht folgt Konstantin einer Tradition, die nicht dem serbischen Kônig, sondern seinem Sohn Stefan Dusan die Tôtung, bzw. Ermordung des bulgarischen Zaren zuschreibt. Propagator dieser Version war immerhin Zar Stefan Dusan selbst im Epilog zu seinem Gesetzbuch, auch wenn seine Behauptung im Lichte anderer Quellen zum Tode Michail Sismans nicht ohne weiteres glaubhaft erscheint19. (Es kônnte sein, daB hinter den 15. M. Braun, 'Kosovo'. Die Schlacht auf dem Amselfelde in geschichtlicher u. epischer Überlieferung, Leipzig 1937, S. 66 u. 79-80, 83-86. 16. R. Lachmann, Antitürkischer Traktat u. serbische Volkstradition, in « Serta Slavica in memoriam Aloisii Schmaus», München 1971, S. 427-434 u. ihre Einleitung zu den Memoiren eines Janitscharen, S. 34-42. 17. ebenda, Einleitung, S. 49 Anm. 36. 18. Lj. Stojanovic, Stari srpski rodoslovi i letopisi, Belgrad, Sr. Karlovci, 1927, Nr. 21 (S. 34). Vgl. auch Memoiren eines Janitscharen, ed. Lachmann, S. 186 Anm. 92. 19. Vgl. die Belege in Memoiren eines Janitscharen, ed. Lachmann, S. 186 Anm. 93.
380 MÉLANGES IVAN DUJCEV Einzelheiten der Darstellung des Janitscharen eine epische Tradition steht, die vielleicht vom Selbstzeugnis des Zaren Stefan Dusan beeinfluBt war). Wenn im AnschluB daran der Janitschar überleitet zur Schilderung des Konflikts zwischen Stefan Decanski und seinem Sohn, der mit der Ermor- dung des Vaters durch den Sohn endete, dann befindet sich der Janitschar hier wieder in Übereinstimmung mit einem Teil der serbischen Chronistik und der von Grigorij Camblak verfaBten Vita des Stefan Decanski20. Bemerkenswert ist es aber, daB sogar der in Anlehnung an Jesaja 1, 2 formulierte Ausspruch des Stefan Deëanski bei seiner Ermordung im Text des Janitscharen wôrtlich übereinstimmt mit dem Studenicki Letopis (redigiert 2. Viertel 15. Jh.) und dem Pejatovicev Rodoslov (aufgezeichnet im 17. Jh.) sowie gekürzt mit dem Cetinjski Letopis (redig. 16. Jh.)21. Vom Sohn des Stefan Dusan, dem Zaren Uros, sagt der Janitschar, der Herrgott habe ihm um der Sünde seines Vaters willen den Verstand genommen, weshalb er auch von seinen neuen Dienern verrückter Uros genannt worden sei. Diese Charakteristik des Uros hat ihre Parallèle, jedenfalls teilweise, in den âlteren serbischen Letopisi (Koporinski, Pecki, beide redigiert im 14. Jh. ; Studenicki und Cetinjski), wo auf die schwache Verstandeskraft und das kindliche Gemüt des Uro§, sowie die schlechte Behandlung durch seine Ratgeber hingewiesen wird22. Bezogen sich diese Beispiele eher auf Quellen, deren Fixierung im wesent- lichen vor der Zeit des Janitscharen angesetzt werden kann, so weisen andere Beispiele auf Bezüge zu gleichzeitigen oder spâter entstandenen Quellen : In Kapitel 26 klingen anfangs mehrere Passagen auffallend an Formu- lierungen des byzantinisch-osmanischen Historikers Mehmeds IL, Michael Kritobulos, an23 ; im Chronicon Majus (Pseudo-Phrantzes, 16. Jh.) finden sich zu den ersten beiden Sâtzen des 14. Kapitels (Herrschaftsüber- 20. Zivot kralja Stefana Decanskog, ed. Safarik, in « Glasnik drustva srbske sloves- nosti», knj. 11 (Belgrad 1859) 78-79, Stojanovic, Stari srpski rodoslovi i letopisi, Nr. 397, 447, 463, 479, 501 u. 518. Dazu vgl. auch K. Jirecek, Istorija Srba, prev. J. Radonic, t. 1, Belgrad, 1952, S. 209. 21. Stojanovic, Stari srpski rodoslovi i letopisi, Nr. 57 und 129. Vgl. auch Memoiren eines Janitscharen, ed. Lachmann, S. 187, Anm. 96a. 22. Stojanovic, Stari srpski rodoslovi i letopisi, Nr. 58 und 131. 23. Vgl. Critobul D1N Imbros, Din Domnia lui Mahomed al Il-lea, anii 1451-1467, ed. V. Grecu, Bukarest 1963, S. 47, 15-17 u. 20-23 ; S. 49, 4-25 (hier nur sinngemâB) und S. 49, 26, -51, 2.
MEMOIREN EINES JANITSCHAREN 381 gabe an Johannes Kantakuzenos) verblüffend âhnliche Wendungen24, und was Konstantin in Kap. 18 von der « rômischen » Herkunft der Palâo- logen zu berichten weiB, taucht âhnlich bei Theodoros Spandunis (Spandu- gnino), der nach 1583 gestorben ist, auf25. Ail diese Belege, die sich noch vermehren lieBen, reichen noch nicht aus, um bestimmte Abhângigkeitsverhâltnisse zu konstatieren. Mit ihnen soll lediglich vorsichtig angedeutet werden, daB, entgegen der Auffassung einiger Forscher26, manches dafür zu sprechen scheint, daB der Janitschar seine Informationen wohl nicht nur aus mündlicher « Volks » überlieferung, eigenem Erleben und vom Hôrensagen in der Truppe geschôpft hat, sondern darüberhinaus aus Überlieferungen, die zumindest auch auf schrift- liche Vorlagen zurückzuführen wâren. Ob der Janitschar selber lesen konnte, ist dabei nicht so entscheidend, weil ihm vorgelesen werden konnte. Im übrigen wird man die ganze Quel- lenproblematik erst nach genaueren Recherchen, die die osmanischen Quellen mit einbeziehent, klarer beurteilen kônnen. 24. G. Sphrantzès, Memorii, în anexâ : Pseudo-Phrantzes : Macarie Melissenos, Cronica (1258-1481), ed. V. Grecu, Bukarest 1966, S. 182, 18-22 u. 34-35. 25. Theodoro Spandugnino, Patritio Constantinopolitano..., ed. C.N. Sathas, in « Documents inédits relatifs à l’histoire de la Grèce au moyen-âge», t. 9, Paris 1890, S. 175 (Vgl. auch Memoiren eines Janitscharen, ed. Lachmann, S. 195 Anm. 139). In seiner Einleitung schreibt Sathas auf S.V. zu der Passage : « On doit même regarder comme un souvenir de famille le renseignement qu’il nous donne sur l’origine italienne de la maison impériale des Paléologues ». Spandunis selbst beruft sich auf « li annali dei Greci» (ebenda S. 175). 26. Vgl. z.B. C. Jirecek, Staat u. Gesellschaft im mittelalterlichen Serbien, Studien zur Kulturgeschichte des 13.-15. Jh., 3. Teil, Wien 1914, S. 60 : « Auch die Erzâhlungen des Michael Konstantinovié von Ostrovica aus dem 15. Jh. über die altéré serbische Geschichte sind wahrscheinlich meist aus Liedern geschôpft, die er in seiner Jugend gehôrt hatte». J. Radonic, Kritovul : vizantijski istorik XV v., in « Glas SKA» 138 (1930) S. 63 betont, daB Kritobulos zuverlâssiger sei als der Janitschar, den er als schlicht und ungebildet bezeichnet und dem er kritisches Gefühl abspricht. Andererseits enthalte sein Werk manche wichtige Detailinformation. M. Braun, Kosovo, schreibt S. 42 : « Der Janitschare ist ein kluger Beobachter, von keiner theologischen Gelehrsamkeit berührt, und schreibt einen natürlichen volkstümlichen Stil. Schriftliche Quellen benutzt er offenbar nicht, schôpft vielmehr seine Kenntnisse aus eigener Erfahrung u. aus münd- licher Überlieferung». und ebenda, S. 68 : « ... ofïensichtlich von keiner literarischen Bildung berührt. » Vgl. auch Zivanovic, Einleitung zu seiner Ausgabe von 1959, S. XXXVI, der die Charakterisierung von Radonié aufgreift, aber noch hinzufügt, der Janitschar habe offenbar in der Türkei Griechisch gelernt (wegen der nur in die polnische Version eingeflossenen griech. termini technici aus Heer und Verwaltung). Dujcev schlieBt jedoch Benutzung schriftlicher Quellen durch den Janitscharen nicht aus, vgl. die eingangs zitierten Sàtze. Auch S. Cirkovic hat sich dagegen gewandt, den Bildungsstand des Janitscharen allzu gering einzuschâtzen, vgl. dess., Ideja svetskog carstva kod Konstan- tina iz Ostrovice, « Zbornik radova Viz. Inst. » 7 (1961) 141.
382 MÉLANGES IVAN DUJCEV An dieser Stelle soll aber noch darauf hingewiesen werden, daB in einem Fall ganz sicher die « Memoiren» des Janitscharen als Vorlage gedient haben. Der Fall ist den Spezialisten seit langem bekannt : Es handelt sich um die 1541 gedruckte Chronik des Tschechen Vâclav Hâjek von Libocan, in die mehrere Kapitel der « Memoiren » — allerdings z.T. gekürzt oder anderweitig verândert — inseriert sind, ohne daB Hâjek diese seine Vorlage (die tschechische Version M) mit nur einem Wort erwâhnt hat, was er bei anderen Quellen durchaus tat27. Freilich wurde von der Janitscharen-Forschung und leider auch den Übersetzern bisher übersehen, daB Hâjeks Chronik 1596 von J. Sandel ins Deutsche übersetzt wurde und mit ihr eben auch die inserierten Kapitel des Janitscharentextes28. Um eine kleine Kostprobe dieser Übersetzung zu bieten, gebe ich hier den von Hâjek leider auch gekürzten und etwas umgestellten Abschnitt über die Eroberung Trapezunts wieder. Er ist m.W. die erste Übersetzung eines allerdings nur indirekt vermittelten Augenzeugenberichtes dieses Ereignisses ins Deutsche (môglicherweise lâBt sich über den Abschnitt, der die Eroberung von Konstantinopel schildert, das Gleiche sagen) und steht in der Hâjekschen Chronik unter dem Jahr 1464 : « In diesem Jahre, zog der Türckische Kayser wider den Kônig zu Trapezont, in Cappadocia. Trapezont aber ist eine vortreffliche grosse Stadt, und liegt, gleich wie Synap, am Gestad des schwartzen Meers, welches zu dieser Zeit die Türcken und Tartarn unterscheidet, da der grosse Cham, der Tartarische Kayser wohnet. Diese Trapezonter Landschafft, ist sehr groB und bergig, und an etlichen Orten sehr gesümpffig, daB der Türkische Kayser mit grosser Mühe an die Stadt kommen. Und als ihme von seinen Kundschafftern angezeigt worden, daB die Stadt nunmehr über zwoTeutsche Meilen vor ihme nicht gelegen wâre, sandte er zwey tausend Strâiffer zuvoran, zu versuchen, ob sich auch die Tartarn wehren würden, es kam aber weder des andern noch des dritten Tages keiner wieder zurücke. 27. Hâjek hat vor allem die Kapitel 20-35 ausgeschrieben, wie C. Zi'brt, Michala Konstantina z Ostrovic Historia neb Kronika Tureckà 1565, 1581, in : « Casopis muzea krâlovstvi ceského » 86 (1912) 424-254 u.a. festgestellt hat. Es finden sich aber bei Hâjek auch unter dem Jahr 1300 Auszüge aus Kap. 9 und unter dem Jahr 1396 Auszüge aus Kap. 17. Zur Bearbeitung durch Hâjek vgl. auch Zivanovic, Einleitung zu seiner Ausgabe von 1959, S. XVI. 28. Bohmische Chronica Vyenceslai Hagecii..., jetzt aus Bôhmischer in die Deutsche Sprache... transferiert... durch J. Sandel, anno MDXCVI, Prag. Mir lag vor die Aus- gabe Leipzig 1718.
MEMOIREN EINES JANITSCHAREN 383 Der Machomet lieB den gantzen hellen Hauffen fortrucken, und waren unterwegens diese zwey tausend Türkcken aile todt geschlagen funden. Also lâgerte sich der Türkische Kayser vor die Stadt Trapezont, und kam ihme mittler Weyle in die einhundert und funfftzig tausend Mann (in den Vorlagen Hâjeks ist von 150 Schiffen die Rede, G.P.), auf dem Meer zu Hülfe, mit grossem Geschütz, da ward die Stadt hefftig beschossen. Die Belâgerten thâten harten Widerstand, aber dieweil sie bey Menschen Gedencken dieser Oerter keinen Krieg geführet, waren ihnen die Türcken in der Übung und Gewohnheit sehr überlegen. Die sechste Woche der Belâgerung, begab sich der Kônig zu Trapezont mit dem Türcken unter einem Friedens-Stande in Unterredung, und ergab sich ihme auf Gnade. Der Türcke nahm ihn an, sandte ihn gen Drinopolin, und nahm das gantze Land ein ». (Es folgt noch ein Abschnitt über das Projekt Mehmeds, gegen die Georgier zu ziehen)29. Dieses Zitat führt nun auch zum Punkt zwei, der Frage nach dem Quellen- wert der Memoiren, weil zwar der Bericht des Konstantin über den Fall Trapezunts in der einschlâgigen Literatur hâufig übersehen wurde, sich dieser Umstand aber nicht als ein gravierendes Versâumnis der Historiker herausgestellt hat : Konstantin bestâtigt lediglich, daB Trapezunt sich nicht ohne ca. 6 Wochen Gegenwehr ergeben hat ; über den Ablauf und die nâheren Umstânde der Übergabeverhandlungen weiB er nichts. Dafür liefert er einige Details über die Schwierigkeiten beim Übergang über das Küstengebierge (fehlt bei Hâjek) und die Verluste der Vorhut30. So kann man hier wie auch anderenorts in seinen Memoiren feststellen, daB sowohl die historischen Abschnitte, die er nur aus 2. Hand bezogen hat, wie auch die Teile, wo er Selbsterlebtes mit eingeflochten hat, durchaus zutreffende Einzelheiten enthalten, die wir in anderen erzâhlenden Quellen nicht oder selten finden31. Die historischen Prozesse werden jedoch von ihm 29. Ebenda, Ausg. 1718, S. 799-800. 30. Vgl. zum Fall Trapezunts E. Janssens, Trébizonde en Colchide, Brüssel 1969, S. 156-159, A.E. Vacalopoulos, Origins of the Greek Nation, New Brunswick 1970, S. 225-226 und D. M. Nicol, The Last Centuries of Byzantium, London 1972, S. 431-432. Zum Datum (erste Septembertage 1461) vgl. jetzt P. Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken, 2. Teil. Historischer Kommentar, Wien 1977, S. 499-500. 31. Vgl. z.B. die Erwâhnung der Saule auf dem Amselfeld in Kap. 16 (dazu Memoiren eines Janitscharen, ed. Lachmann, S. 191, Anm. 117) und des serbischen Despoten- palastes in Buda in Kap. 20 (vgl. dazu Memoiren..., S. 198 Anm. 159 und neuerdings die Arbeit von Jovanka Kalic, Palata srpskih despota u Budimtt, in : « Zograf » 6 (1975) 51-58, die vermutet, daB der Palast schon Stefan Lazarevic geschenkt wurde, was durch die Angabe des Janitscharen, den sie nicht berücksichtigt hat, bestâtigt wurde. Die oben erwâhnte Anm. 159 wâre dementsprechend zu korrigieren). Die Existenz einer Kirche
384 MÉLANGES IVAN DUJCEV ohne ausreichende Hintergrundinformationen, faktischer und zeitlicher Genauigkeit, stattdessen mit um so grôBerer Lebendigkeit und Engagement dargestellt. Er will ja auch nicht, dies muB man berücksichtigen, pure Historiographie liefern, sondern vor dem Hintergrund seiner eigenen Erfahrungen die Expansion der Osmanen aus der Fehlerhaftigkeit, Unvor- sichtigkeit, Sündhaftigkeit und mangelnden Einigkeit der christlichen Herrscher und Heerführer erklâren und seinem Leser Grundkenntnisse über Herkunft, Religion und staatlich-militârische Organisation der Osma- nen vermitteln. Dabei beeintrâchtigt es keinesfalls die Relevanz der Quelle, wenn die historischen Informationen unter dem Standard anspruchsvoller Historiographie bleiben oder wenn an einigen Stellen Pseudoinformationen legendâren Charakters die Darstellung bereichern, denn in jedem Fall erhalten wir einen wertvollen Einblick in die Mentalitât und das Geschichts- bewuBtsein des Verfassers und wohl auch seiner Umgebung. Ergânzung zu Anm. 2 : Vor kurzem erschien eine von A. I. Rogov herausgegebene und kom- mentierte Übersetzung der Memoiren ins Russische unter dem Titel : Zapiski Janycara, napisany Konstantinom Michajlovicem iz Ostrovicy. Vvedenie, perevod i kommentarij A. I. Rogova, Moskau 1978, 136 S. (= Pamjatniki srednevekovoj istorii narodov Central’noj i Vostocnoj Evropy). Die Übersetzung beruht auf dem polnischen Text. Vgl. auch die Rezension von Maria Kiselinceva in « Etudes balkaniques » 14,3 (1978) 159-160. « Gün-gôrmez » (in Istanbul), die in Kap. 27 erwàhnt wird, bestâtigt Ménage in der oben, Anm. 14, erwâhnten Rezension, S. 157-158. Ebenda S. 157 zeigen die Ausführungen Ménages auch, daB die Angaben des Janitscharen in Kap. 32 (Feldzug gegen Uzun Hasan) in der Substanz und der Chronologie (Anf. 1461) zutreffen. Hier wâre auch nachzutragen, dass das in Kap. 21 der Memoiren genannte Stâdtchen «Tajanice» von K. Jirecek, Geschichte der Bulgaren, Prag 1876, S. 365 mit dem Dorf Tamjanica « am ostlichen Ausgang des Passes ober der Nisava » identifiziert wurde.
ÜBER DIE SPRACHE DES ALEXANDERROMANS IN DER HS. NR. 771 DER BULGARISCHEN NATIONALBIBLIOTHEK “KIRIL I METOD” IN SOFIA Hans ROTHE 1 Mit ihrer textkritischen Untersuchung der Hss des südslav. Alexander- romans hat R. Marinkovic 1969 für jede weitere Beschâftigung mit diesem Text eine unentbehrliche Grundlage geschaffen1. Sie hat auch die Sofioter Hss ausführlich berücksichtigt, die 1923 Conev als Nr. 771 und 772 be- schrieben hat2. In der sehr lebhaften Forschung vor dem ersten Weltkrieg waren sie kaum beachtet worden, und auch in den danach seltener publi- zierten Studien fanden sie sonst keine Aufmerksamkeit3. Nachdem aber die bisher wohl âlteste bekannte Fassung, die sog. Belgrader illustrierte Hs aus dem Ende des 14. Jh.s im Kriege verbrannt ist, ohne publiziert worden zu sein, muss die Sofioter illustrierte Hs (Conev Nr. 771) als eine der âlte- sten, wo nicht die âlteste erhaltene überhaupt gelten4 S.. 1. R. Marinkovic, Srpska Aleksandrida. Istorija osnovnog teksta. (Beogr. Univ. Filol. Fakult. Monografije knj. 31), Belgr. 1969. 2. B. Conev, Opis na slavjanskite ràkopisi v Sofijskata narodna biblioteka II, Sofija 1923 S. 432-438. 3. Ein eingehender Forschungsbericht bei Marinkovic S. 17-63. 4. Nur eine Belgrader Hs (Marinkovic : V) lâsst sich nach dem Wasserzeichen sicher auf Mitte 15. Jh. datieren, die Hs Nr. 771 nur ungefâhr auf 15. Jh., vgl. Marinkovic S. 12, 166, 301.
386 MÉLANGES IVAN DUJCEV Die interessanteste bekannte Hs ist sie in jedem Fall. Denn sie ist aus mehreren Schichten zusammengesetzt. Drei verschiedene Hss bilden zu- nâchst den laufenden Text. Vom ursprünglichen Text aus dem 15. Jh. (I) fehlte offenbar ziemlich bald recht viel, vor allem im ersten Drittel, und ein Redaktor des 17. Jh.s heftete einige Blâtter aus einer anderen Hs ein, die aus dem 16. Jh. stammt (II). Da auch diese anscheinend unvollstândig war, ergânzte er selbst nach einer weiteren Hs das Fehlende (III)5. Der âlteste Teil (I) geht aber seinerseits nach den Untersuchungen von Marinkovic noch einmal auf sehr verschiedene Quellen zurück. Er basiert nàmlich auf der von Marinkovic A gennanten Redaktion, deren wichtig- sten Text die 1878 von Novakovic publizierte Hs a aus dem Ende des 15./ Anfang des 16. Jh.s ist, jedoch nur bis fol. 64 v. 13. Danach ginge der Text I « plôtzlich, ohne Übergang » auf die von Marinkovic B gennante Redak- tion zurück, deren wichtigster Text eben die Sofioter Hs Nr. 772 ist (Marin- kovic S. 297). Darüber hinaus befinden sich in diesem zweiten Teil zahl- reiche grôssere oder kürzere Einschübe, die sich in der Redaktion B nicht, sondern nur in noch « jüngeren » Hss finden5 6. Der Text nach I ist damit aus den beiden wichtigsten Redaktionen und weiteren, jüngeren Einschü- ben zusammengesetzt. Marinkovic spricht denn auch von einer « redak- tionellen Überarbeitung», die tatsâchlich «eine neue Redaktion» ergeben habe. Diese sei bisher unbekannt gewesen, und die Frage, wann, wo und unter welchen Umstânden sie erfolgte, sei damit als neue Aufgabe gestellt (S. 327). Marinkovic ist zuzustimmen, dass die Bedeutung dieser Frage in der Tatsache liegt, dass ein Hauptkennzeichen dieser neuen Redaktion die volkssprachliche Stilisierung ist, die eben an den Verbindungsstellen der Redaktionsteile und in den Einschüben zu bemerken sei, deren Sprache Marinkovic, etwas zugespitzt, « volkssprachlich oder halbvolkssprachlich » nennt (S. 327). Über diese Sprache selbst aber gibt es bisher nur allgemeine Angaben. Marinkovic nennt, im Anschluss an Conev (II 433) : c, dstatt st, zd; e für è; neue Endungen in der Morphologie (gemeint sind vor allem die femininen 5. Marinkovic, S. 13 f, 300 f. 6. Marinkovic S. 149 f, 312 f, 316 ff. Zu den S. 325 genannten sieben Einschüben aus jüngeren Hss müssen trotz der Versicherung von Marinkovic, dass es weitere in den alten Hss nicht gebe, noch folgende neun gezâhlt werden, die mindestens die Hs Nr. 772 nicht enthâlt (in Klammern die Stelle, wo in 772 die Lücke ist) : fol. 143 v. 18 -144 v. 12 (94 r. - v. : leer); 145 r. 12-13 (95 r. 15); 146 v. 12-13 (96 r. 14); 151 r. 13-17 (99 r. 19); 155 r. 13-17 (loir. 6) 174 v. 19-175 r. 2(111 v. 18); 183 v. 9-11 (116 v. 3); 183 v. 20-184 r. 2 (116 v. 9); 184 r. 13-14(116 v. 14).
DIE SPRACHE DES ALEXANDERROMANS DER NAT. BIBL. IN SOFIA 387 Deklinationstypen) ; j nach Demonstrativpronomina ; neue syntaktische Wendungen (S. 325). Sie deutet also eine Serbisierung des ksi. Textes an, geht aber auf die Frage weiter nicht ein. Eine vollstândige Übersicht über die sprachlichen Merkmale soll einer spâteren Arbeit vorbehalten, hier nur einige Dialekteigenheiten erwâhnt werden, auf die noch nicht hingewiesen wurde. 2 Die sog. volkssprachlichen Merkmale sind in der Hs 771 viel stârker vertreten als in 772, dem besten Zeugen der Redaktion B, der lautlich und morphologisch im ganzen archaisch ksi. gehalten ist und nur eine schwache Serbisierung aufweist. Wegen der grossen Verwandtschaft beider Hss werden hier in Klammern immer die Belege aus 772 hinzugefügt. Die Grundlage der Sprache in beiden Hss ist die Ersetzung des ë durch e. Aber es gibt einige Fâlle mit ja : 37 v. 3 : jazdese (jezde) ; 22 r. 11 : poveljava (povelevaete) ; 55 v. 8 : 3.sg.aor. povelja (keine Entsprechung), vgl. v. lo : povele ; 73 r. 3 : jadese (ebenso) ; 74 v. 9 : jazdestu (jezd-) ; 97 v. 15 : jasti (esti) ; loo r. 2 ; jadechu (jadut) ; 117 r. 11 : jasti (izëdati) ; 132 v. 2 : poveljavaesi (povelëvaesi) ; 186 r. 11 : jada (eda), vgl. aber r. 6 : edb (eda). Es ist damit ein Merkmal des Ostbulg., das jedoch auch in westbulg. Dia- lekten vorkommt, vorhanden7. Die Yertretung alter rt>, tb, etc. ist immer auch so wiedergegeben, also immer dligu, srbdbce, sl’bnce, stlipi etc. Doch gibt es vereinzelte Ausnah- men. Fol. 60 r. 17 : sblnbcnaa (slbn-) und 158 r. 4 : dbrzesta (drbz) gegenüber r. 6 : drbzbstu. Demgegenüber findet sich nur einmal 106 v. 5 : dugu (dlbgu), sonst immer dlbbokb 113 r. 8, (glbboku) dlbga 136 r. 17. In diesem wegen der starken Lautabweichung wichtigen Merkmal gibt es also zwar wenige, aber doch nicht zu übersehende Belege, die entweder bulg. sind, eher aber noch auf das Nordmaz. weisen, wo ’br für rb zu belegen ist, für II aber neben serb. u auch bulg./maz. ’bl8. Einige vereinzelte Belege müssen festgehalten werden, 115 r. 20 : glbboke (so 772) und 190 r. 3 : glbbinu (fehlt in 772 mit dem ganzen SchluP). Ob sie 7. Vgl. St. Mladenov, in « Roczn. Slaw. » V 1912 S. 191, 197 f. - Ders., Gesch. d. bulg. Sprache (Slavischer Grundriss 6), Bln. Lpz. 1929 S. 98 f. 8. B. Conev, Uvod v istorijata na bâlgarski ezik, in « SbNU » xvm 1901 345-425, hier : 411 ff. — Mladenov, in « Roczn. Slaw. » V 1912 S. 205.
388 MÉLANGES IVAN DUJCEV die sonst nur im nôrdlichen Cakav. belegte Wurzel gltb- reflektieren oder bulg. glob-, ist unklar9. Recht zahlreich sind Fâlle einer Vokalkontraktion in den Kasusendungen der neutralen und femininen Deklinationstypen auf -ije, -ija, die wiederum für das Neubulg. charakteristisch ist10 ; : 46 v. 7 : o razoreni (-nii) ; 55 r. 16: vb poslanich (po epitsolijach) ; 55 v. 17 : pisane (epistoliju) ; 59 v. 3 : o vbzvrastenny (-nii) ; 90 r. 17 : instr. sg. veselym (-liem) ; 90 r. 14 : podslB- nbcne (-nie); 97 r. 15: instr. sg. videnym (-niem) ; 105 v. 3: o izbgnani (-nii); 111 v. 1 : instr. sg. povelënym (-niem); 120 v. 9: o sbgrëseni (-nii); 144 r. 20 und v. 3: vb nedoumëni (keine Entsprechung), und dieselbe Wendung 166 r. 19, 167 v. 13 und 171 r. 18 (immer ebenso). In einigen Fâllen kann man Reduktion unbetonter Vokale belegen, die aus dem bulg. expiratorischen Akzent statt der serbokroat. Intonationen erklârt wird, die aber auch im Maz., im nôrdllich daran anschliessenden Sopluk (Torlakischen) und z.T. auch in dem dann nordwestlich sich an- schliessenden serb. Kosovo-Resavadialekt vorkommt11. Danach kann unbetontes e zu i oder gar zu b, unbetontes o zu u, unbetontes i zu b und unbetontes a zu b werden. Hierher wâren zu stellen 67 v. 6 : uruzati (or-) ; 101 r. 5: utesbt (-sitb) ; 146 v. 15: temilija (temelija). Bei Namen kann natürlich willkürliche Entstehung schon im Vorbild erfolgt sein. Doch sollen immerhin erwâhnt werden 135 v. 7: vb Indijupolb neben 136 r. 11 : Iliopolb für dieselbe Stadt (beidemal so auch 772) ; 142 r. 4 und 6: zugraf (so 772) kann ebenso schon aus dem Griech. kommen wie 57 v. ff sechsmal Jerimia (immer Jeremia), doch vgl. 57 v. 9, 70 v. 4 und 77 v. 20 : Ijeremija (so immer 772). Ob hierher auch 146 r. 1 : imbm (imam) und 72 r. 13 : talbnbtb (talanbtb) zu stellen sind, muss offen bleiben, da hier b auch die Wiedergabe für serbokroat. a aus b sein kann. Immerhin wâren es die einzigen Belege überhaupt in 771 für die Wiedergabe eines ursprünglichen a durch b, und deshalb ist eine bulg./maz./sop. Reduktion wahrscheinlicher. Noch weniger eindeutig ist 148 r. 6 : mnbsi (mansi) 'weniger’, doch auch dies der einzige Beleg dieser Art. Schon ait im Bulg. und môglicherweise aus dem Griech. 9. Vgl. Skok (wie Anm. 17) I 450 f. 10. Vgl. W. Vondrâk, Vergl. Slav. Gram., 2. Aufl. von O. Grünenthal, Gôtt. 1928 il 28. — H. Brâuer, Slav. Sprachwiss. li : Formenlehre, i. Teil (Sammlung Gôschen 1192), Bln. 1969 S. 95. 11. Dazu O, Broch, in « Roczn. Slaw. » IV 1911 S. 54. — Mladenov, ib. V 1912 S. 196. — Ders., Geschichte (wie Anm. 7) S. 81, 83, 85 f, 87. — Iv. Popovic, Gesch. d. ser- bokroat. Sprache, Wiesb. 1960 S. 244 f.
DIE SPRACHE DES ALEXANDERROMANS DER NAT. BIBL. IN SOFIA 389 beeinflusst ist dagegen trbpeza (trapeza) : 82 v. 17; 153 v. 17; 172 r. 9, vgl. aber umgekehrt 72 v. 20 : trapezu (trupezu). In Anlehnung an die Reduktion von unbetontem o zu u kann unbetontes u auch als o wiedergegeben werden12, 26 r. 9 : o desnuju i o levoju stranu (levuju) ; 185 v. 12: PN Vrionosb (-nusb aus -nus), sonst immer (über ein Dutzendmal) -nust. Von der Auflôsung der Deklination, die gleichfalls neben dem Bulg. auch im Maz., im Sop. und im Kosovo-Resavadialekt (z.T.) vorkommt13, kônnen Fâlle iwtbedingt sein, in denen die Endung verândert ist, 60 v. 9 : kb aleksandruvu vracju (aleksandrovu) ; 93 v. 7 : sb Roksanduju (-doju) ; 99 r. 6 : vb zemlju nekoju (neku) ; 146 v. 18 : i vb vojsko svoju otide (vojsku). Eindeutig ist der Kasusverfall bei dem promiscue-Gebrauch von acc. und loc. sg., wie er gleichfalls bis hin zum Kosovo-Resavadialekt vor- kommt, 114 r. 17: u ezeru utekose (ezero) ; 144 v. 1 : u jezeru skociti, neben v. 6 : u jezero skoci (beidemal keine Entsprechung) ; 146 r. 13: vb lugb sbkrise (lugu) ; 146 r. 2 : u poklisarstvu tebe pustit (poklisarstvo), sonst immer hier poklisarstvo. In einigen Fâllen werden die Endungen -(i)i und -(i)ju promiscue ge- braucht, 93 v. 10 : loc. sg. vb Makedoniju (-nii) ; 96 r. 10 : loc.sg. vb zemlu (-li), ebenso 105 r. 14; 112 r. 18: vu oruziju stojutb (-zii); 134 r. 13: u vsem oruziju (-zii). Auch die gelegentliche Verwechslung von gen. und instr.sg.f. gehôrt hierher, vgl. 26 r. 13 : jarostiju isplimiv së i gnëva (jarosti i gneva) mit 32 r. 15 : jarosti i gneva (so 772) und mit 46 v. 11 : radostiju i zalostiju isplimiv se (radosti i zalosti). Vielleicht gehôrt hierher auch 137 v. 19: vb epistolie siei (keine Entsprechung). Die Fâlle einer Ver- wechslung von i, ju und je kônnen auf Vereinheitlichung des Gebrauches nach v und na zurückgehen, aber auch einfache Schreibfehler sein, viel- leicht sogar die dialektische ost- und westbulg. Verwandlung von u, ju in i.14 Jedenfalls sind derartige Abweichungen, auch als Abschreibefehler, im Bulg. sehr ait und bei sich auflôsendem Kasussystem kaum zufallig. In einzelnen Fâllen sind Pronomina von dieser Erscheinung erfasst, 114 i. 20 : u ezeru tomui okupati se (vb ezerë tom) ; 154 v. 4 : uleze u toi polatu (keine Entsprechung). Einmal kommt als instr.sg. des pers. pron. azfa/ja vor: mnomb 79 r. 11, 12. Mladenov, Geschichte (wie Anm. 7) S. 87. 13. Dazu P. Ivic, Die serbokroat. Dialekte. Ihre Struktur und Entwicklung. I : Allge- meines und die stokavische Dialektgruppe (Slavistic Printings and Reprintings 13), Mouton 1958 S. 238. 14. Mladenov, Geschichte (wie Anm. 7) S. 89.
390 MÉLANGES IVAN DUJCEV was heute im Resavadialekt ôstlich Belgrad gesprochen wird, früher weiter südôstlich verbreitet gewesen sein kann15. Bemerkenswert sind schliesslich noch zwei Fâlle, in denen eine Vokal- reduktion nur in der sonst archaischen Hs 772 vorzuliegen scheint, dort 43 r. 15 : eziro für 771 60 r. 18 : jezoro (!) und wohl Ibze für 771 89 v. 5 korrekt leze. Das würden demnach auch in dieser sonst eindeutig ksl.- serb. Hs der (âltesten) Redaktion (B) Spuren sein, die in das sop./maz./ bulg. Sprachgebiet führen. Es sind damit eine Reihe von sprachlichen Merkmalen in dieser Hs nachzuweisen, die, zusammen genommen, auf das Nordmaz., das Sopische, ja z.T. darüber hinaus auf das Bulg. verweisen. Bemerkenswert scheint dabei die Beobachtung zu sein, dass aile diese Merkmale in denjenigen Textteilen enthalten sind, die nicht (nach Marinkovic) aus jüngeren Hss stammen. Diese « jüngeren » Entlehnungen enthalten tatsâchlich charakte- ristisch serbische Abweichungen in grosser Zahl, so dass hier die Feststel- lung « halbvolkssprachlich » im Sinne einer serb. Stilisierung berechtigt ist. Wenn diese Beobachtung auch sonst bestâtigt werden kônnte, so würde sie den Schluss zulassen, dass die bulg./maz./sop. Abweichungen vor den typisch (d.h. ausschliesslich und allgemein) serb. Abweichungen erfolgt sein müssen, da die Hs 771 aus dem 15. Jh. stammt und alter ist als die archaische Hs 772, da überdies die « jüngeren » Hss aus denen sie serbisie- rend ergânzte, eben jünger gewesen sein werden als die Vorlage nach der Redaktion B, die diese Zusâtze noch nicht enthielt. Es ist vielleicht auch die Frage, ob nicht eben diese knappere Vorlage diese « bulgarisierenden » Elemente enthielt, vielleicht sogar gleichermassen für den ersten wie für den zweiten Teil nach den Redaktionen A und B. 3 Damit bestâtigt sich die Kompliziertheit der Grundfrage dieses Textes : wo liegt sein Ursprung im südslav. Raum? Es geht bei der Beantwortung dieser Frage nicht darum, westbulg., maz. und ostserb. Züge festzustellen und zu sondern, denn der Beweis für das intensive Leben des Romans an der Sprachgrenze zwischen dem ôstlichen und dem westlichen Teil des Südslav. kann als erbracht gelten. Mit dem relativ hohen Alter von bulg./ maz./sop. Merkmalen muss vielmehr die gleichzeitige Existenz von Ele- menten weit auseinander liegender Sprachgebiete erklârt werden. 15. Ivic (wie Anm. 13) S. 236 und 239.
DIE SPRACHE DES ALEXANDERROMANS DER NAT. BIBL. IN SOFIA 391 Die Lexik bestâtigt das Problem. So ist das bisher nur zweimal in Dubrov- nik im 17. Jh. belegte Wort usto 'bis, wâhrend’16 hier einmal vorhanden, 118 v. 17, und zwar ebenso in 772. Das bisher nur in Dubrovnik nach 1420 belegte, serbokroat. allein dort auch noch existierende Wort korda 'Schwert’ (heute in Dubrovnik 'Schlachtmesser’) ist auch hier belegt, 158 v. 9. Es ist ein altes turktatarisches Lehnwort schon im Urslav., das im Russ. und (aus dem Ungarischen?) auch westslav. belegt ist, auffalligerweise aber nicht im Bulg. Doch schreibt Skok dem neueren türkischen Einfluss seine « Wiederbelebung » im Serbokroat. zu, also doch wohl nach 1400 und zuerst im Osten17. Daneben kommt — und zwar allein in den Hss des südslav. Alexanderromans — das türk.pers. Lehnwort chonkijar (oder chonciar) 'Kaiser, Kônig’ in der auf Alexander angewendeten Formel veliki nasar i ch. vor, 129 v. 9, 132 v. 6, 159 v. 15 (so immer 772)18. Es deutet doch wohl cher auf ôstlichen als auf dalmatinischen Einfluss. Auf das ôstliche Sprachgebiet deuten ferner opasa 'Schwanz’, 116 r. 16 (so 772), das sop. und bulg. ist19, weiter sbdi ’jetzt’ 86 r. 13 (nynja), 89 v. 14.17.18 (so 772) ; kbdbkbda 'wenn, wann’, 138 r. 10.19, 139 r. 1, 154 v. 4 (keine Entsprechung) ; vbzda 'immer’: 110 v. 8 (vsegda) ; kakono'. 87 r. 14 (kak) und 122 v. 14 (keine Entsprechung). Aber dalmatinisch cakavisch ist sikoi, sikov statt sice : 64 v. 5.6 (sice seze) und 156 v. 7 (ebenso)20. Schliesslich noch zu der deiktischen Partikel —zi nach Demonstrativ- pronomina. Sie fehlt in 772: dat./loc.sg.f. tojzi\ 95 v. 10, 106 v. 4, 113 r. 12, 136 v. 5, 149 v. 7 ; instr.sg./dat.pl.m. témbzi : 94 v. 12, 116 r. 15 ; ferner 98 v. 1 : takovbzi. 140 r. 19: ovechzi (sich), 98 v. 2 : tizi, 138 r. 1 : onbzi potokb und 154 v. 1 instr.sg.f. tombzi (ohne Entsprechung) kommen hinzu. Marinkovic hat bereits vermerkt, dass dieses Merkmal nur im zweiten Teil der Hs, die auf die Redaktion B zurückgeht, vorkommt (S. 326). Dieses Elément ist bulg., maz., kommt früh auch schon (seit dem 13. Jh.) im Kosovo vor, ist aber auch, wohl seit dem 15. Jh. in Dubrovnik belegt, im 16. Jh. auch in einer Dubrovniker Alexanderabschrift21. Das ist nicht zu über- 16. Vgl. Akad. Rjecnik xx 1971-72 S. 70. 17. Vasmer, Russ. etym. IVôrterb. I 1953 S. 624. — P. Skok, Dictionnaire étymologique de la langue croate ou serbe, Zagreb i 1971 S. 360. 18. Vgl. Skok, ib. S. 679 nach Akad. Rjecn. m 1887-91 S. 650. 19. Vgl. Popovic (wie Anm. 11) S. 279 und 539. 20. Vgl. Skok (wie Anm. 17) m 1973 S. 232. 21. A. Leskien, Gram. d. serbo-kroat. Sprache, Heidelbg. 1914 S. 457. — Gl. Elezovic, Recnik kosovo-metohiskog dijalekta i (Srpski dijal. sb. 4), Belgr. 1932 S. 209. — Skok, (wie Anm. 17) m 653. — R. Marinkovic, Srpska Aleksandrida u Dubronviku, in « Anali FiloIoSkog Fakulteta», xn, Belgr. 1976 23-59, hier : S. 43.
392 MÉLANGES IVAN DUJCEV sehen, obwohl doch sein Auftauchen im Alexanderroman eher im Osten begonnen haben wird. So stellen Vokalismus, Morphologie, Prâpositionen und Wortschatz der historisch-kritischen Herstellung des Grundtextes die âusserst kompli- zierte Aufgabe, zur Lôsung der Frage beizutragen, an welcher Stelle zwischen der südlichen Adria und dem westlich-nordwestlichen Bulgarien die ser- bische Alexandreis entstanden ist.
UN MANUSCRITO DEL STOGLAV EN LA BIBLIOTECA NACIONAL DE MADRID (Ms. Res. 260) Aurelio DE SANTOS OTERO Sobre la existencia de manuscrites eslavos en Espana no hay apenas constancia en la literatura cienti'fica, y desde luego no existe description alguna de estos côdices1. Uno de ellos se encuentra en la Biblioteca Nacional de Madrid, con la signatura Res. 260. Se trata de un manuscrite ruso de finales del s. xvi o principios del xvn, que contiene las actas del famoso concilie celebrado en Moscû el ano 1551 por iniciativa de Ivan el Terrible. En consonancia con les 100 capitules en que estân divididas dichas actas, ha venido en llamarse GTOIMdBTs. o (zTOIMdBHHKTs. al libre en que estân contenidas, del mismo modo que el citado concilie es también conocido como el de les «tien capitules»2. 1. La alusiôn general de N.F. Bel’cikov - Ju. K. Begunov en su CnpaBOHHHK- yKaaarejib neuaTHbix onncannü cjiaBHHo-pyccKnx pyKonnceü, M.-JI. 1963, p. 275 es falsa en cuanto a la localizaciôn del côdice aludido por M. Richard en su trabajo Les manuscrits grecs de Madrid, de l'Escorial et de Salamanque, en « Bulletin d’information de l’institut de recherche et d’histoire des textes », Nr. 2, Paris 1954, p. 65. Este manuscrite no se encuentra en el Escorial, como parecen indicar los autores del CnpaaoUHHK, sino que forma parte ya de antiguo de la colecciôn de côdices griegos de la Biblioteca Nacional de Madrid con la signatura 4696. Se trata de un Salterio serbio y sera objeto de una descripciôn pormenorizada por mi parte en fecha prôxima. 2. Sobre la importancia de este concilie en la historia de Rusia y sobre los problemas que présenta la transmisiôn de sus actas véase el documentado trabajo de E. Duchesne, Le Stoglav ou les cent chapitres. Traduction avec introduction et commentaire, Paris 1920.
394 MÉLANGES IVAN DUJCEV Del Stoglav se conocen mâs de doscientos manuscrites3, la mayoria de ellos del s. xvm y posteriores. Solo una parte casi insignificante de este material documentai ha servido de base para las ediciones aparecidas hasta el présente, desde la editio princeps impresa en Londres el ano 18604, cuyo valor critico es prâcticamente nulo, hasta el trabajo mâs concienzudo — pero no définitive — publicado por Stefanovic en 19095. Junto a los cien capitules del Stoglav (fol. 10-196) el codice de Madrid contiene otro documente importante : una carta de Ivan el Terrible al monasterio Kirillo-Belozerskij [IIoCAdHHÊ FOCy^dÇJEBO R KM0MAOB /HOHdCTKl^K (fol. 196v-234)], escrita el ano 1573. También este documente esta conservado en numerosos manuscritos. D. S. Lichacev en su ediciôn de las cartas de Ivan el Terrible enumera hasta 28 6. El côdice de Madrid no ha sido hasta ahora objeto de ningûn estudio, ni existe de él description alguna. Segûn una nota inserta en la parte interior de la cubierta, ingresô en la Biblioteca Nacional el 5 de diciembre de 1946. Su procedencia es evidentemente rusa. Mâs concretamente se le puede asignar como lugar de origen la zona de interferencia de los dialectos rusos del Norte con los del Sur, es decir : la région central de Moscù. Prueba de ello son los repetidos casos de akanje que se observan en la escritura, p. e. d ... ÇdnOH'k (fol. 67 1. 2), a ... HHHy (fol. 47 1. 6), O ... nOHd/Md^'k\ (fol. lv 1. 18), asi como la terminaciôn dura -tt>. en la conjugaciôn del verbo (tercera persona) en lugar de tk. En el aspecto morfolôgico el côdice de Madrid refleja el estadio de transiciôn caracteristico de la lengua rusa durante el s. xvi y xvn. Los dos tipos de déclination para sustantivos masculinos — tan diferenciados en el antiguo ruso — se mezclan entre si con cierta frecuencia, p. e. w BçjdKy (fol. 55 1. 6, fol. 55v 1. 18) en lugar de 0 BÇJdU'k (fol. 54v 1. 8), 0 ... 8qEHMK0\ [< SMEHHKTs.)(Ts.] (fol. 27v 1. 20) en lugar de SMEHHtck^Ts. etc. La llamada se- gunda palatalizaciôn, comun en el antiguo ruso y en pleno vigor en los dialectos 3. AI numéro considérable de éstos que consignô D. Stefanovic en su obra O CTorjiaee. Ero nponcxomaemie, peaaKimn n coeTaB, Cn6 1909, hay que anadir los indicados por G. Z. Kuncevic en su recension del trabajo precedente publicada en UsBecTHH Otrcjichhh Pyccitaro Hsbina n CjioBecHOCTii IlMiiep. AKaneMim Hayn t. 15, Cn6 1910, kh. 4 c. 317-348. 4. Coôop ôbiBmnü b Mockbë npn BeJinKOM Tocynape, Ifape h BejiHKOM Khhsc Iliiane Bacujibesnne b jiëto 7059, edited with a Préfacé by LA., London, 1860. 5. Op. cit., v. nota 3. 6. D.S. Lichaôev - Ja.S. Lur’e, flocJiaHHH Plsana TpoaHoro, M.-JI. 1951, c. 562-564. Texto de la carta, ib. p. 162-192.
UN MANUSCRITO DEL STOGLAV EN MADRID 395 del Sur, va perdiendo terreno, dando lugar a formas como 0 (fol. 56v 1. 20), w rçyktE (fol. 66 1. 11), 0 HHOp'k^Ts. (fol. 28v 1. 3), 0 ?dTKOÇJHHHE\ (fol. 168v 1. "17-18) por una parte, y 0 (fol. 34v 1. 2), 0 n040HAHHK1kxrh (fol. 29v 1. 10), 0 CKAipEHHHK'k^Ts. (fol. 59v 1. 19), 0 çjSre (fol. 18 1. 15) etc. por otra. El corpus del codice (fol. 10-234) esta escrito en skoropis’ (cursiva) por una sola mano, con la caligrafla de ra, 10 y a corriente en documentes moscovitas de finales del s. xvi y principios del xvn. A este nùcleo fonda- mental hay que anadir un detallado indice (fol. 1-10) escrito en poluustav (semiuncial) por una segunda mano y encuadernado juntamente con el corpus. Cabe suponer que el autor de este indice ha sido un copista distinto del anterior. No solo la caligrafia de ambas partes difiere sensiblemente entre si, aun teniendo en cuenta la diversa forma de escritura que las caracte- riza. Las diferencias atanen incluse a la misma lengua. Asi p. e. las formas arcaizantesdelnom.pl. B0nç)0CH, ©TK'ÙTH (fol. 101. 2, fol. 38v 1. 17), co- rrientes a lo largo del manuscrite, estân sustituidas en el indice por las co- rrespondientes R0n^0CKI, ©TK'kTbl (fol. 1). Mas afin, el autor de este indice ha corregido a lo largo del codice la numération de capitules, que originariamente iba del 1 al 100 de acuerdo con la estructura y el nombre mismo del Stoglav. Esta segunda numération, que en gran parte ha suplan- tado a la original, llega a la disparatada suma de 174 capitules, por consi- derar como taies muchos incises que en el texte y en la numération original son solamente partes de un capitule, p. e. las 37 preguntas del capitulo 5 (fol. 26v-38v). En el codice se notan ademâs huellas recientes de lectores, indicando en notas marginales lagunas del texto y anadiendo incluso el titulo bajo el que este libre es conocido en la época moderna : CTorJiaBHMKb CHpeub neHHHH CTornaBHaro HMenyeMaro coôopa ObiBinaro Bb jiero 7059 P. X. 1551 Bb Mockbc (fol. 1). La numération en folios viene indicada en el anverso de cada hoja en cifras, llegando hasta el numéro 235 (en blanco). En realidad consta el codice de 234 folios, ya que, si bien la numération salta del 8 al 10 y del 50 al 52, entre el 147 y 148 falta un folio por numerar. En la description que acompana me atengo a dicha numération a pesar de los defectos indicados. DESCRIPCION DEL CODICE Cubierta, parte interior: n,açtKH£ aonpotH H tOEHKlt «TB'kTH h notddHHt roty- AdÇERO B KHÇHdOB AtOHdCTM0K. Signaturas : Nro. 47, Nro. 814 (tachadas), Nro. 129.
396 MÉLANGES IVAN DUJCEV Nota al pie : Ingresô el 5 die. 1946, 237 fol. R. P. Fol. 1 : Titulo (ortografia moderna) : CTorJiaBHHKT> cupe'ib ueHHiiH CTor.iau- naro HMeHyewaro coôopa ôMBinaro bt> jiëto 7059 a ott> P. X. 1551 bt> MocKBe. Fol. 1-10 (poluustav) : GKd3dHÏ£ rddBddi HdCTOAipEii ceü KHH^E. BÇdÇCKfA ao- HÇOCKI H COROÇHKfA WTR'kTKf 0 diHOrOfldÇdHHHKtX IVflKOBHMX HHH'kxX. Fol. 10 : FddBd d. E d'ÉTO dfkCAl^d -Q-EB^ddld K Tl KÊ Ae,,K BKfLLId CHU 80- npOCH H WTB'kTH dIHOÇH 0 ÇdÇdHVHKJX l^EÇKOBHMX’K VHH'kX’B. Fol. 11 : FddBd B. [...] n^E^HtdOBHE CEPO COEOÇd HdVktd HdHHCdHHE CHU,E. ÜÇE- /HHdOCTHBMH H dtHdOCK0Ah,H Eorh. Fol. 14 : FddBd r. H Hd TOAVh ?KE COBOÇE B^dCTTi U,dÇK CBOEIO p8KH HdHHCdHHE ; ROrO^SXHOKtH'hHKfAt'h HdKdÇdHHEdt H ^SUJtnOdt^HKfdFh HORdraHHEdEB ÇEdO H0- dEÇHO CdKILLIdtpHdt'K H RHEdtdlOt|lH di CHI3 HdlSlJJE CHU,E. Fol. 23 : FddBd Â- H nOTOdEh U,dÇK BAdCTTi Hd COBO^E HHdA HdHHCdHHA 0 HOBKIX MIOAOTBOÇUEX H 0 diHOPHX 8 fldÇdHVHKlX 4EÇK0BHKJX VHHEX H BOHÇOCEX H/H8l|Jd CHU,E. Fol. 26v : FddBd É. Eonpot d. W TÇHAECI3T CEAdtH l^d^CKHX KOnpOfkx'K 0 4E$- KOBHO/H CTÇOEHHH. Fol. 27 : EOHÇOCTi B. W dHTHdtHCEX- Fol. 27 : EOHÇOCTi P. O CRATKIX H HECTHK1X IKOHdX. Fol. 27v : EOHÇOC À- O ÇHddIEHdX B'kHEVHMX* Fol. 27v : Eonpoc É. O bojkectbehmx KHHPdX- Fol. 27v : Eonpoc s. O Svehhkox- Fol. 28 : Eonpot ?. O CBATHTEdKCKHX CYAraX- Fo1’ 28v : Eon^OCTi H. O diOHdCTMÇEX I HHOn'kx'h- Fol. 29 : Eonpoc O HHtjjEnHTdTEdCTB'k. Fol. 29v : Eonpoc 1. O nodo- HAHHK'fcx'h- Fo1- 30 Eonpoc di. O npocKYÇHHu.dX'K. Fol. 30 : Eonpoc si. O AiHdocTKtHH. Fol. 30v : Eonpoc ri. O veçhkh^ex h o ve^nhi^x hjke beçtiVhctbSiot. Fol. 31 : Eonpoc AÎ- 0 hecyahaikix rçddiOTdx. Fol. 31 : Eonçoc tt. 0 diOHdCTMÇ’kx'B HJKE nYCTKl OT HEBÇEJKEHHA. Fol. 31v : EOHÇOC SÏ. O 4EÇK0BHBJX H 0 /HOHdCTMÇ- CKHX Kd^H'kAEHPdX- Fol‘ 32 : Eonpoc ?L 0 HHAHCTBEHOdiTi RHTHH. Fol. 32 : Eo- npoc ni. O baobmx hohexti. Fol. 32v : Eonçoc g.i. O BMtTdBKdx h o hobmx nStTKiHiax- F°l- 33 : Eonpoc k. 0 non'kx'B « « A8AK0H'^X'k H HrY^^X- F°l- 33v : Eonpoc Kd. O hjke b 4EpKBdx ctoat b TdBTiiax h b wdnKdXTi. Fol. 33v ; Eonpoc kb. 0 non'kx 1 AHlaK0HeX HJKe 8 Ue9K8dX ooiot becvhhho. Fol. 34 : Eonpoc kë. G3 hohex h AH'f'K0H'kx «?ke he OBddVdiOTCia bo cbai|jehhma çh^ki. Fol. 34v ; Eonpoc kâ- G3 4Eçkobhmx noHOdidp'kx 8 AH'flK'kX- Fo1 34v : Éonpoc ké. H?ke B0IOTT1 EddBM H BÇdAKl. Fol. 34v : EonflOC KS. H?KE XflUCTHAHE 98KOIO KÇECTK- ATCA HE no CYUJECTBS. Fol. 34v : Eonpot K?. HjKE KÇECTKAHE KdEHSTtra H ddlOTCA. Fol. 35 ; Eonpoc K’9’. 0 HEROKdAHHH rp'fcx- Fo1- 35v : Bonnot d. 0 PY’881^ nonsx. Fol. 36 : Eonpoc dd. 0 pY^n^'X Ue9K8{X H 0 diOHdtTKj^Ex. Fol. 36v : Eonpoc dB. H?ke x^hcthahe AdBdEHHHY MAiaTii. Fol. 36v : Eonçoc dr. G3 e?ke Hd revenurax CRATKfra CddBKI HE HOIOT H Hd 3dYT$EHIdX CddBOCdOBHId. Fol. 37 : EOHÇOC dÂ,. G3 HJKE Hd dHTOÇPHiaX WTU,d H CMHd H CBATdPO A^Xd CBATSiO TÇOHl^S [...]. Fol. 37v : Eonçoc di. G3 jkhbotroçauiea K^EtT'k. Fol. 37v : Eonpoc ds. 0 hjke he aôhocht 80 OdTdfl nHAHCTBEHHdPO RHTHA. Fol. 38 : EonflOC dÇ. H?KE HEÇHl^M H tHOKHHH BTi EAHHOdl /HOHdCTMÇ'k JKHBYT. Fol. 38v : FddBd S. Ao ?Ae Ud9CKHE BOnÇOCH H 0 T'kx 9 BC'kx’B 4d$CKHX BO- npot'kx COBOpHOH OTB'kT. Fol. 41 : FddBd ÛYKd^Ti o ?boh8 h o i^kobhoai n'knHH. Fol. 42v : FddBd H. 0 BOJKECTBEHHMX CdY?KBdX. Fol. 44 : FddBd Ô'. OyKd? BOJKECTBEHHMA CdY?KBM. Fol. 47 : FddBd i. 0 4d^tKHX ABe9£X’ Fol. 47v : FddBd di. OTB'kT COBOQHOH d (o) ÇdHOH'k CBATdPO OdTd^td.
UN MANUSCR1TO DEL STOGLAV EN MADRID 397 Fol. 48 : FddBd BÎ. CaTB'kT'h W CBAipEHHOAVh OdTd^E. Fol. 48v : FddBd ri. OtE^T OT CRAt|lEHHKIX npdBHd. Fol. 49v : FddBd 3J. O CBAtlIEHHHHECKOdi VHHy no CBAl|JEHHMdI npdBHdOdITi. OtB'ÈT cokoçhoh. Fol. 49v : FddBd EÎ. ÜÇdRHdO SÎ HEpEOdl HJKE HE OBddHdIOTCld BO CBAljJEHHMA ÇHÇKf. Fol. 50 : FddBd SÎ. ÜÇdBHdO CE3,dIOHd3,ECiaT [...] CBATdPO lOdHHd diHdOCTH- Bdro b roSvehhe nonodt. Fol. 52v : FddBd ?î. 0 A'kTHHOdi KpEtjJEHHH. Fol. 53v : FddBd HÎ. CSTB'kT'h 0 OB^yVEHHH t 0 B'kHVdHHH. Fol. 53v : FddBd ^.î. Vhhti h SKdç dqje oohath sy^ET BA0BUV A'^BHlAÏ- Fol. 54 : FddBd (k). ÜOCd'kAOBdHHE HHO KdKO RO^OBdET BddrOCdOBHTH H COBO- KynHTH dtyjKECKdro nody h iKEHCKdro obohaui cytjjHdi ao b^obctb'Is. Fol. 54v : FddBd (Kd). 0 BTO^Odl KÇdl^'k. Fol. 54v : FddBd (KB). 63 TOdi ?KE HhKHTKI EddJKEHHdPO dIHTponOdHTd H0d- KdHHCKdPO. Fol. 55 : FddBd (kÉ). 63 BTOpOdVh JKE BfldKy 1 0 TÇHJKEHl^EX. Fol. 55v : FddBd (KÂ>. 0 VETBEpTOdVh JKE OTÇEVEHHOdiTi BÇdKy. Fol. 56v : FddBd (ké). 0 AHAU'^X'k X0T'f'4JHX 811 Ah'f'K0Hh, H B nonhl CTdBH- THCia. Fol. 57v : FddBd (ks). 0 yVHdHipdx khhjkhkix'k no nufadi r^d^Odi. Fol. 58v : FddBd (K?). 0 CBAThtX HKOHdX H 0 HCRÇdBdEHHH KHHJKHOdl. Fol. 59 : FddBd (kh). 0 khhjkhkix nnci|EX. Fol. 59v : FddBd (k^). 0 bc^x11 n^OTOnonEx h o cobo^hmx h o w?khkix h o RÇHA'kdHKlX CBAqjEHHHK'kX'R 8 AHAK0HeX- Fol. 61 : FddBd (d). 0 98?khmx non'kx H AHiaK0HeX- Fol. 62 : FddBd (dd). 63 K^ECTHOdi ÇHddIEHHH. Fol. 64v : FddBd (dB). 0 KÇEtTAt|iHXcra he no VHHy. Fol. 66 : FddBd (dr). 63 co^OdicKOdi r^'kc'k. Fol. 67 : FddBd (dÂ>. (0) 4E^K0BH0di VHHy. Fol. 68v : FddBd (dÊ). OyKd? COBO^HMdi CTdflOCTddVh nOnOBCKHdVh Hd ÆotKB'k no BcfediTi rpd^Odi. Fol. 70v : FddBd (dS). 0 HdKd^dHHH Md^ CBOHX- Fol. 71v : FddBd (d?). G3 TOdi HTOBM HddJKHBE K^ECTd HE lyfcdOBddH. Fol. 72 : FddBd (dis). Ot BOKECTBEHHKIX n^dBHdTi 0 TOdi IRE KÇECTHOdl HEdO- BdHHH. Fol. 73v : FddBd (d’Q-). 0 Td^iaXTi BE^BOIKHdrO EdXdIETd. Fol. 74 : FddBd (di). G3t CBAljJEHHKlX n^dBHd 0 CTÇ(h)?KEHHH BÇdA- Fol. 76 : FddBd (did). 0 T^H^EtiaT h 3,ay l^ckhx'k borçocex h coboçhkie otb'ètm no rddBddi. Fol. 76-95 : Eonpoc d-dà. Fol. 95 : FddBd (dIB). G3 T^EryBOH ddHdSHH. Fol. 96 : FddBd (dir). Goboçhoh wtb'ètti o asHBonnci^EX h o vecthmx’k hko- HdXTi. Fol. 100 : FddBd (dSA). 69 dHTHdiHC'kx'k- Fol. 101 : FddBd (dû). Toro ?KE nÇdBHdd TOdKOBdHÏE. Fol. 101 : FddBd (dis). 0 B'kHEVHOdi nOUJdHH'k. Fol. 101v : FddBd (di?). 0 VECTHMX CRATMX diOHdCTMÇ'kX’8- Fol. 108 : FddBd (dl^). 0 CBAt|JEHHVECKOdI t HHOHECKOdl HHH8. Fol. HD : FddBd (H). 0 n^HX0AA41HX CBAt|lEHHK,kx h 3,HiaK0HEX. Fol. 112 : FddBd (Hd). G3 RHiaHCTBEHOdi RHTHI.
398 MÉLANGES IVAN DUJCEV Fol. 116 : FddBd (HB). GO CBATHTEdKCKOATi Fol. 117 : FddBd (HP). 0 TOA JKE CBATHTEdKCKOA CYA'k- Fol. 118v ; FddBd <HÂ>. GO TOATi JKE CBATHTEdKCKOA CYA'k- Fol. 119v : FddBd (hé). O toati jke CBATHTEdKCKOA cyA'k’ Fol. 120 : FddBd (Hs). O TOATi JKE OT KHHPT1 H8CTHHHiaHd l^d^ld. Fol. 120v : FddBd (H?). O TOATi JKE 0 fldÇdHVHKtX’K THTdEX HStTHHIdHd UdÇA. Fol. 121 : FddBd (H^). GO toati jke nçdRHdO nç. Fol. 121 : FddBd (3). GO T0AT1 JKE CBATdPO H ÇdBHOdnOCTOdKHdrO U,dÇA Koh- CTdHTHHd. Fol. 123v : FddBd (gà). ^dnos'kA'h BddponECTHBdro u,dpra AlduSHdd KodiHHHd. Fol. 125v : FddBd (3b). GO TOATi JKE BddPOVECTHBdPO 4d$ia BtëCTHHHiaHd. Fol. 126 : FddBd (gr). 0 TOATi JKE CBATdPO H ÇdRHOdnOCTOdKHdPO REdHKdPO KHAÇA KddAHAMÇd KHEBCKdPO. Fol. 129 ; FddRd (3Â). o TOATi JKE HOCddHHE Kun^HAHd AHTÇOHOdHTd KHER- CKdro [...] Fol. 130 : FddBd (gé). A CE VtO CSAATTi nOnORTi AHÇAHE H KdÇHATTi HXTï h OCyjKdlOT. Fol. 131v : FddBd (gs). GOTB'kT'K 0 CBATHTEdKCKOA'h CYAe- Fol. 132 : FddBd (3|). GO hecyahamx rÇdAOTdX- Fol. 133 : FddBd (gH). GOBO^HOH OTE^T 0 dÇXHAdHApHT'kX'k H 0 HrydiEHEX H 0 CBAljJEHHHKEX H 0 AHAK0,,eX- Fol. 139 : FddBd (3^). GO BEHEVHOH ROlUdHHE l^dÇlEB'K SKd?% H COBO0HOH 8dO- JKEHHE. Fol. 147v : FddBd (ô). GOtb^tti o nycTBix HE^KBdX- Fol. 148 : FddBd (Od). 0 HHljJEnHTdTEdCTB'k. Fol. 149v : FddBd (OB). 0 HCKyndEHHH ndEHEHHMX- Fol. 150v : FddBd (or). GOTB'kT'K o sordAEdHiax h o npoKdJKEHHKtx- Fol. 151 : FddBd (OÂ). GOTB'kT'K 0 CBATMX'K HECTHMX HKOHdX'K. Fol. 152 : FddBd (OÉ). GOTB'kT 0 BOTVHHdX H o RyndiaxTi. Fol. 155 : FddBd (os). GOTB'kT'K 0 CBATHTEdKCKHX'K H 0 AOHdCTKtflCKHX AeHrdX- Fol. 156 : FddBd (0?). 0 TOATi ?KE nOCddHHE REdHKdrO EdCHdHId F^HPO^HIO n^ECBHTE^Y- Fol. 156 : FddBd (oii). G3 toatr ?ke ot nocddHHia ^OT'kia AHTponodHTd accd P8CHH. Fol. 157 : FddBd (o^). G3 T'kx'a >ke BAoatTBStonjHX non’kx'11- Fol. 157v : FddBd (n). ÜOBEdEBdET ERHCKOnS B^dKd H MAC H BHHd HE PHSlSdTHCA. Fol. 165 : FddBd (nd). GOth^t'e o baobmx non'kx h ahi3K0hex. Fol. 166v : FddBd (nÈ). OTB'kTTi 0 T0AT1 VTO BnÇEA VE^HHHOATi h ve^hh- HddVh B OAHOA AOHdCTht0 HE JKHTH. Fol. 167 : FddBd (nr). Hil TOdETi ?KE COBOÇE HÇE?K(e) HdCTi WTU,KI OYdOJKHd(H). Fol. 167v : FddBd (nÂ). GOTB'kT'h O HO(BO)nOCTdBdEHMX l^KBdXTï H 0 HOBKIX nScTKiHiax. Fol. 168v : FddBd (ni). G3 ^dTBO^HHi^Ex h 6 hyctmhhhex. Fol. 169v : FddBd (ns). GaTB'kT 0 H?B^dHHH H 0 HOCTdBdEHHH d$XH‘HAHA0HT®B H HryAEHOB. Fol. 170 : FddBd (n?). 0 n^OTO^E (Hd) HOBOCTdBdEHHE AHIdKOHd H nOHd. Fol. 171 : FddBd (nii). GO TOATi IRE BddrOHECTHBdrO Hd^A H8CTHHHAHd. Fol. 172 : FddBd (nî>). 0 TOATi JK£ HOCTdBdEHHH H 0 n^OTO^XTi. Fol. 175v : FddBd (V). GOTB'kTTi 0 TOATi KOASjKA® OOAOBdETTi CBOH VhH X?d- HHTH.
UN MANUSCRITO DEL STOGLAV EN MADRID 399 Fol. 177v FddBd (Vd). GOTB'kT'K 0 KÇOBOAAEHHI H SAdBdEHHHH. Fol. 178 : FddBd (VB). GOTB'kT'K 0 HrpHtjJdX EdHHCKdPO E'ktORdHHA. Fol. 181 : FddBd (VF). GOTB'kT'K 0 TOATi JKE ïddHHCKO/HTi BECORdHHH. Fol. 184v : FddBd (VÂ). OTB'kT b KOTOÇOA'K AHH tV^ Ht CYAraTCIa H nô?OÇHl|lE H£ BKtBdET. Fol. 185 : FddBd (VÉ). GO T0AT1 JKE dl|J£ nÇHCn'kET'K n^d^'h^HHK'h Hd^CKÏH B HEA'kaio. Fol. 185v : FddBd (VS). GOTB'kT'K KdKO n«AÔBd£T'8 npdBOCddBHMA Flpd^AHO- BdTH. Fol. 187 : FddBd (V;). GO EnHtKonEX h o npHVETHHi^X- Fol. 187 : FddBd (VH). GOTB'kT'K 0 AHdOCTKtHH H 0 ÇSrE HO AHOrHA'h AOHd- CTKt^SA'K. Fol. 188v : FddBd (V^). A'kTd [7059=1551] CEHTiasçia BTi eÎ ae(hk). . . Fol. 189v : FddBd (9). n,dÇCKO£ H COBOÇHOE nôtddHHE K BMBIUEAY AHTÇOnO- dHT8 H«dCd^.(8) H DK£ C HHA'h. Fol. 193v : FddBd (pd). A'kTd AdHia BTi df A£Hh • • • Fol. 196v-234 : (UocddHHE rôCYAd9£BÔ 8 KH^HdOB diOHdCTKfpK). Incipit (fol. 196v) : E n^EVECTHYW H BEdHKYHJ WBHTEd(K) H^ECBATMA H RÇEHHCTKfA BddAHVHt^KI HdiufA EoropoA81!81 vetTHdro h tddBHdro sia YtfiEHHia h np£noA®8HdE9 « Roro- HOCHdr© 0T4d HdlUEPO KHÇHdd V8A0TB«94d EJKE 0 X^HCT'k BOJKErô HOdKd HdCTdB- HHKY H BOJKY H ÇSKOKOAHTEdW K nÇEHEEECHOAY CEdEHHIO n^EnOA^KHdAY HrYAEHY Ko^dvk EJKE 0 XçHCT'k BÇdTHElO U,dÇK H BEdHKHH KHA^K IsdH EdCHdKEBHVK BCEd PYCHH VEdOdETi BKET. Desinit (fol. 234) : Eom jke diHfld H npsVHCTKtA EorO9«AHUhl dtOdHTBKi H Vio- AOTBOptljd KHÇHdd AOdHTBM KYAH c0 RCkAH BdAH H HddiH. AaHHK. d AKI Bd(A'K) rocnoAHE aoh h othki vsd© eheati a® d<i4d ^EAHdro. Fol. 234v - 235 : En blanco.
OMPHALION UND ROTA PORPHYRETICA. ZUM KAISERZEREMONIELL IN KONSTANTINOPEL UND ROM Peter SCHREINER Jedem Besucher der Hagia Sophia fallt in der rechten Seite des Haupt- schiffes ein besonders charakteristischer Teil des alten FuBbodenschmuckes auf: ein groBer runder Kreis, dem weitere 15 verschieden groBe Kreise anlie- gen, denen wiederum insgesamt einQuadrat umschrieben ist1. Die kleineren Scheiben bestehen aus roten, grünen und schwarzen Steinarten, die Zen- tralplatte aus grauem Granit. Es herrscht heute Einhelligkeit in der Forschung, daB jene Stelle mit dem ôp.cptxXtov rropcpupouv identisch ist, das in verschiedenen âlteren Quellen genannt ist2. Wesentlich weniger Einhelligkeit besteht allerdings darüber, welchem Zweck jener Platz in der Hagia Sophia diente. Der Begriff des omphalion, welches mit dem omphalos (Mittelpunkt) nicht identisch ist, soll in einem Anhang nâher untersucht werden. Das 1. Die kreisrunde Scheibe hat einen Durchmesser von 3,15 m. Die Seitenlânge des Quadrats betragt 6,3 m, was eine Gesamtflâche von knapp 40 qm ergibt. 2. E.M. Antoniades, ’'Ez<ppaaiç -rfjç 'Ayiaç Sotpiaç, Bd. 2, Athen 1908, 38-39. Solange die Hagia Sophia als Moschee diente, war jene Stelle vom Teppichbelag über- deckt. Es ist daher einem Zufall zu verdanken, daB sie W. Salzenbero sehen kônnte und in seinen « Altchristlichen Baudenkmalen von Constantinopel» (Berlin 1854) erstmals erwâhnte und abbildete (Tafel 22).
402 MÉLANGES IVAN DUJCEV omphalion muB sich demnach von seiner Wortbedeutung her keineswegs in der Mitte befunden haben3. Die zentrale omphalion-Platte in der Hagia Sophia besteht allerdings, wie bereits erwâhnt, heute nicht mehr aus Porphyr. Der Einsturz des ôstlichen Teiles der Hagia Sophia, bei dem nachweislich auch Ikonostase und Ambo zerstôrt wurden, zog sicherlich auch das nahegelegene omphalion in Mitleidenschaft4. Im 14. Jahrhundert war es wohl unmôglich, eine so groBe Flâche aus Porphyr zu ergânzen. Die Anbringung des omphalion im rechten Teil des Schiffes, von dem aus sich der Zugang zum Kaiserpalast befand, und die Verwendung von Porphyr sprechen für eine besondere Bedeutung innerhalb des Kaiser- zeremonielles. Dies ist in der Forschung auch nicht bezweifelt worden, zumal einer wohl âhnlichen Porphyrscheibe im Consistorium des Kaiser- palastes ebenfalls zeremonielle Bedeutung zukam5. Da bisher Entstehungs- zeit und Rolle des omphalion nie zusammenfassend untersucht wurden, lohnt es sich, dieser Frage einige Aufmerksamkeit zu widmen. A.M. Schneider, der, soweit ich sehe, erstmals auf die Bedeutung des omphalion im Rahmen des kirchlichen Kaiserzeremonielles zu sprechen kommt, sieht es in Verbindung mit der Kaiserkrônung, und dies auf Grund einer Stelle in einem Pilgerbericht, der unten noch zu behandeln ist6. Ein weitverbreitetes, gerade in den Details aber oft unzuverlâssiges Hand- buch stellt demzufolge die Behauptung auf, Schneider « habe nachge- wiesen », daB das omphalion der Krônungsplatz der byzantinischen Kaiser 3. Die Vermutung von A.M. Schneider, Byzanz. Vorarbeiten zur Topographie und Archâologie der Stadt (= Istanbuler Forschungen 8), Berlin 1936, 36, in der Hagia Sophia sei dies nicht môglich gewesen, weil der Platz zwischen Ambo und Altarraum zu klein war, ist in dieser Form nicht stichhaltig. Das omphalion stand auch nicht, wie Schneider a.o. vermutet, mit der p.eyâXï) eïaoSoç in Verbindung ; siehe F. Taft, The great entrance (= Orientalia Christ. Analecta, 200), Rom 1975. 4. Zusammenfassung der Daten und Quellen bei P. Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken, Bd. 2, Wien 1977, 265. In den verschiedenen Quellen über den Einsturz ist allerdings das omphalion nie ausdrücklich genannt. 5. De cerem. I 23 = I 130,8 (Reiske). Siehe auch unten S. 409. In diesemZusammenhang wâre auf die Verwendung der Purpurrota im rômischen Kaiserzeremoniell zu verweisen, über die meines Wissens keine zusammenfassende Untersuchung existiert. Einige Hin- weise bei R. Delbrueck, Antike Porphyr*erke, Berlin-Leipzig 1932, S. XXI, 27, 28, 32, 148. Umstritten ist weiterhin die Bedeutung der Porphyrrota in der Villa von Piazza Armerina ; siehe dazu C. Ampolo u.a., La villa del Casale a Piazza Armerina, « Mélanges Ec. Fr. de Rome », Ant. 83 (1971) 141-281, bes. 223-224, und S. Settis, Perl'interpretazione di Piazza Armerina, « ibid. » 87 (1975) 873-994, bes. 901-903 (mit Abb.). Ich verdanke den Hinweis auf den letzgenannten Aufsatz R. Stichel, Rom. 6. Schneider, op. cit., S. 36-37.
KAISERZEREMONIELL IN KONSTANTINOPEL UND ROM 403 gewesen sei7. Auch die Feststellungen von Mamboury tragen kaum zur Klarlegung bei ; er sieht zwar eine Verbindung mit dem liturgischen Kaiser- zeremoniell an bestimmten Festtagen8, legt sich schlieBlich aber doch auf das Krônungszeremoniell fest : « Was die quadratische Mosaikplatte anbelangt, die sich an der rechten Seite des Schiffes findet, so muB sie dem Kaiserzeremoniell des 13. und der folgenden Jahrhunderte angehôren. Sie markierte wohl den Platz des kaiserlichen Thrones. Die runde Zentral- 'platte mit ihren 3,15 m Durchmesser ist wohl jene, die sich vor dem Mita- torion befunden haben muBte und die man unter den Palâologen im Mosaik- quadrat unterbringen lieB»9. Das omphalion war jedoch in der Regel nie etwas anderes als die Stelle, an welcher der Kaiser, gegebenenfalls in Begleitung der Mitkaiser, stand, ehe er beim Gottesdienst in den Altarraum eintrat10. Freilich ist nur einmal in diesem Zusammenhang ausdrücklich der Name « Porphyr- platte » genannt, nâmlich bei der allgemeinen Schilderung der kaiserlichen Prozession in der Hagia Sophia11 : « Und sobald die Kaiser zu den heiligen Toren gelangt sind, am purpurnen omphalion, tritt allein der Patriarch innerhalb die Schranken, indem er sich neben die linke, heilige Tür stellt. Indem die Kaiser sich dreimal mit den Kerzen verneigen, danken sie Gott und treten ein mit einer nochmaligen Verneigung vor der heiligen Tür, an der der Patriarch steht». Das Warten des Kaisers vor dem Altarraum ist im Zeremonienbuch genannt beim Pfingstgottesdienst12, beim Oster- montagsgottesdienst13, beim Fest der Kreuzerhôhung14, an Epiphanie15 und am Karsamstag16. 7. W. Hotz, Byzanz-Konstantinopel-Istanbul. Handbuch der Kunstdenkmàler, Darm- stadt 1971, 141. 8. E. Mamboury, Topographie de Ste-Sophie, in « Atti del V Congresso Intern. di Studi Bizantini », Rom 1936, Bd. 2 (= « Studi bizantini e neoellenici » 6). Rom 1940, 202. 9. Ibid., 207 ; so auch die Unterschrift zu Abb. 1. Eine Purpurscheibe vor dem Mita- torion ist nirgends nachweisbar. Den hier postulierten Verânderungen in der Palâolo- genzeit fehlt jeder Anhaltspunkt. 10. Belege dazu sind, allerdings bisher kaum beachtet, zusammengestellt bei J. Eber- solt, Sainte-Sophie de Constantinople. Étude de topographie d'après les cérémonies, Paris 1910, 10 und A.I. 11. De cerem. I 1, 10 = I 15, 10-17 (Reiske). Siehe auch H. Kahler, Die Hagia Sophia, Berlin 1967, 68. 12. De cerem. I 9, 5 = I 64, 15-22 (Reiske). 13. De cerem. I 10, 2 = I 74, 3-6 (Reiske). 14. Ibid., I 22, 1 = I 126. 12-17 (Reiske). 15. Ibid., 1 26,2 = 1 145, 4-12 (Reiske). 16. Ibid., I 35, 2 = I 182, 4-7 (Reiske).
404 MÉLANGES IVAN DUJCEV Der Pilgerbericht des Antonios von Novgorod (um 1200) hat hinsicht- lich der Interprétation des omphalion erhebliche Verwirrung gestiftet17. Es heiBt dort : « In der Hagia Sophia, nahe dem Altar, an der rechten Seite, ist ein purpurnes Marmorstück, auf das man einen goldenen Thron setzt und auf dem man den Kaiser krônt. Diese Stelle ist von einem Metallgitter umge- ben,damit niemanddarauftretenkann. Das Volk aber küBt diese Stelle». Es ist in jedem Fall unzutreffend, daB der Kaiser auf dem omphalion gekrônt wurde. Nach dem im Zeremonienbuch überlieferten mittelbyzanti- nischen Zeremoniell tritt der Kaiser aus dem Mitatorion in das Kirchen- schiff, verrichtet vor den heiligen Türen ein Gebet, besteigt den Ambo und wird dort vom Patriarchen gekrônt18. Die Krônung auf dem Ambo wird auch die gesamte spâtbyzantinische Zeit über gewahrt. Der Bericht über die Krônung Andronikos’ III. (1326), die Schilderung bei Ps.-Kodin und ein russicher Pilgerbericht über die Krônung Manuels IL (1392) sprechen nun von einem kleinen Aufbau, zu dem Stufen hinaufführten und auf welchen sich der oder die Thronsessel befanden, von denen aus der Kaiser zur Krônung auf dem Ambo schritt19. Die Traktate geben keinerlei Hinweis darauf, daB die Throne über dem omphalion errichtet wurden. Der russische Bericht des Jahres 1392 erwâhnt das Podium « unter dem Chor », auf der rechten Seite, doch ist auch diese Angabe nicht genügend prâzise. Keinesfalls besteht, wie mir scheint, ein zwingender Grund, das omphalion mit der Krônung des Kaisers in Verbindung zu bringen. Anto- nios von Novgorod, der selbst keiner Krônung beiwohnte, hat hier mit groBer Wahrscheinlichkeit ungenaue Fremdenführerberichte wieder- gegeben. Selbst wenn in spâtbyzantinischer Zeit das Podium für den Thron über dem omphalion errichtet worden sein sollte, so lag darin nicht der ursprüngliche Zweck. Nicht minder unsicher gestaltet sich die chronologische Festlegung für die Anbringung des omphalion. Der justinianeische Bau kennt ihn 17. Antonij Norgorodskij, Kniga palomnik, hrsg. Chr. M. Loparev. St-Petersburg 1899, 15. 18. De cerem. I 38 = I 192, 16-193, 4 (Reiske). Die hier geschilderte Krônung haben G. Ostrogorsky und E. Stein, Die KrônungsOrdnungen des Zeremonienbuches. Chrono- logische und verfassungsgeschichtliche Bemerkungen, in « Byz. » 7 (1932) 185-233 mit derjenigen Michaëls I. (811), Leos V. (813) oder Michaëls II. (820) in Verbindung gebracht. 19. Johannes Kantakuzenos I 41 = I 196, 7-204, 3 (ed. Bonn) : Andronikos III. ", J. Verpeaux, Ps.-Kodinos. Traité des offices, Paris 1966, 252-273 ; P. Schreiner, Hochzeit und Krônung Kaiser Manuels II. im Jahr 1392, in « B.Z. » 60 (1967) 70-85.
KAISERZEREMONIELL IN KONSTANTINOPEL UND ROM 405 noch nicht, da es sich Paulos Silentiarios sicher nicht hatte entgehen lassen, ihn zu beschreiben20. Erster literarischer Beleg istdie oben (S. 403) übersetzte Stelle aus dem Zeremonienbuch, welche um 945 anzusetzen ist, da von beiden Kaisern, also Konstantin und Romanos, die Rede ist21. Angesichts des Mitwirkens des Kaisers in Teilen der Liturgie an bestimmten Festtagen kann es jedoch als sicher angesehen werden, daB das omphalion schon lange vor Konstantin VIL in der Hagia Sophia angebracht wurde. Jede weitere zeitliche Festlegung erscheint aber zu gewagt. War eingangs davon die Rede, daB das omphalion zu den unüberseh- baren Denkmâlern in der Hagia Sophia zâhlt, lâBt sich gleiches nicht behaupten von der Porphyrscheibe, die heute nahe dem Haupteingang von S. Pietro in Rom in den von Bernini gestalteten MarmorfuBboden eingelassen ist22. Altéré Zeichnungen und Quellenangaben weisen aller- dings darauf hin, daB sich die Porphyrrota einst am Ende des ersten Drittels, gegenüber dem Altar der Hll. Simon und Judas befand23. Innerhalb des Zeremoniells der Kaiserkrônung kam dieser Stelle eine ganz besondere Bedeutung zu. Ehe der Kaiser, von der porta argentea her kommend, zur Confessio vorangeschritten war, machte er auf der Rota hait und der Bischof von Porto sprach über ihn ein Gebet24. Der Ordo Cencius II aus der 1. Hâlfte des 12. Jh. berichtet, daB auf der rechten Seite der Rota für den Kaiser ein Sessel errichtet war, auf welchem er dem Papst beim Scru- tinium gegenübersaB25. Bei der Kaiserkrônung Heinrichs IV. (1111) fand auf der Rota die Diskussion mit Paschalis IL über die Investitur 20. P. Friedlànder, Johannes von Gaza und Paulus Silentiarius. Kunstbeschreibungen justinianischer Zeit, Leipzig 1912. Jetzt griechischer Text mit deutscher Übersetzung bei O. Veh, Prokop, Bauten, München 1977, 306-358. 21. Natürlich ist hiermit nur ein terminus post quem non gegeben, da sich das ent- sprechende Kapitel auch auf frühere Haupt-und Mitkaiser beziehen kann, vgl. A. 18. 22. Mit 2,635 m Durchmesser steht sie der konstantinopolitanischen Porphyrscheibe nicht allzu viel nach. Die archaologischen Details und zeremoniellen Verwendungs- weisen dieses Monumentes sind ausführlich untersucht bei M. Andrieu, La rota porphy- retica de la Basilique Vaticane, in « Mélanges d’Archéologie et d’Histoire de l’École Française de Rome» 66 (1954) 189-218. Da die rota bei der Umsetzung an den heutigen Platz zerbrach und dann neu gefaBt wurde (Andrieu 218), dürften die ursprünglichen MaBe noch etwas grôBer gewesen sein. 23. Dazu ausführlich Andrieu. 24. Siehe R. Elze, Die ordines für die Weihe und Krônung des Kaisers und der Kaiserin (= Fontes iuris Germanici in usum scholarum ex monumentis Germaniae historicis separatim editi, 9), Hannover 1960, index s.v. ecclesia beati Pétri, rota. 25. Elze, op. cit., 38, 4-40, 15.
406 MÉLANGES IVAN DUJCEV statt26. Es braucht in unserem Zusammenhang nicht auf die stets gleich- bleibende Funktion der Rota bei den weiteren Kaiserkrônungen einge- gangen zu werden und ebenso wenig auf ihre Rolle bei der Papstordination2 7 Bisher wenig beachtet war die Frage nach der zeitlichen Fixierung dieses Zeremoniells in Rom. Erstmals erwâhnt ist die Rota im « Roma- nischen Ordo im Ottonischen Pontificale»28. Die zeitliche Entstehung dieser Krônungsordnung ist in der Forschung allerdings erheblich umstrit- ten, zwischen 878 und 924, zwischen 891 und 924 oder «vor 962»29. Die chronologische Festlegung ist auch dadurch erschwert, daB Kaiser- krônungen in anderen Quellen nicht oder nur summarisch geschildert werden30. VerhâltnismâBig viele Quellen stehen für die Krônung Karls d.Gr. zur Verfügung, doch war hier, trotz einer spâtmittelalterlichen Tradition, die Rota noch nicht vorhanden31. Omphalion und Rota sind in der bisherigen Forschung stets getrennt voneinander behandelt worden, von manchen Autoren vielleicht auch ohne wechselseitige Kenntnis32. Sie sind jedoch in einem Zusammenhang zu sehen, der vielleicht auch die Frage nach der zeitlichen Entstehung im Westen einer Klârung nâher bringen kann. Die Verbindung liegt freilich nicht im Krônungszeremoniell, sondern in der Tatsache, daB omphalion- rota den Warteplatz des Kaisers wâhrend einer liturgischen Handlung 26. Liber Pontificalis, ed. L. Duchesne, Bd. Il, Paris 21955, 340. Vgl. Andrieu 198. 27. Andrieu 199-208. Bemerkenswert ist in jedem Fall, daB es auch bei der Krônung Karls V. in Bologna 1530 an einer Nachbildung dieser rota nicht fehlte : in medio eccle- siae, ubi est rota porphyrea, erit aliud faldistorium cum coperta aurea, cussino et scabel- letto vel tapete cum cussino tantum, super quod genuflectit electus, supra quem alius episcopus cardinalis senior dicit orationem Deus inenarrabilis (nach J.B. Gattico, Acta Caeremonialia Sanctae Romanae ecclesiae... I, pars 2, Rom 1753, S. 108, zitiert bei An- drieu 205). Diese « Ersatzrota » erinnert auffâllig an den Orlec in der Bischofsliturgie der russischen Kirche (vgl. unten Anm. 53). 28. M. Andrieu, Les ordines Romani du haut moyen âge, Bd. 4, Lôwen 1956, 437-471. 29. Die Argumente sind zusammengestellt bei C.A. Bouman, Sacring and Crowning. The development of the Latin ritual for the anointing of kings and the coronation of an emperor before the eleventh century (= Bijdragen van het Instituât voor Middeleewse Geschidenes der Rijks-Universiteit te Utrecht, 30), Groningen 1957, 45-49. Ich danke R. Elze, Rom, der mich auf die Arbeit aufmerksam machte. — Die Spâtdatierung vertreten Elze op. cit. und E. Erdmann, Die Kaiserkronung im Abendland, Bd. 1, Würzburg 1942, 64. 30. Eichmann, op. cit. 31. Miniatur des Jean Fouquet im Par., Bibl. Nat., fr. 6425, f. 89. 32. Ein zeremonieller Zusammenhang wird erstmals von Reiske im Kommentar zum Zeremonienbuch (S. 606-607) angedeutet, doch ist diese Verbindung bisher unbeach- tet geblieben. Reiske scheint auch eher von der Bedeutung omphalos (Mittelpunkt) auszugehen und diese mit omphalion gleichzusetzen (vgl. dagegen Anhang unten S. 407).
KAISERZEREMONIELL IN KONSTANTINOPEL UND ROM 407 darstellen. In der 2. Hâlfte des 9. Jh. und den ersten Jahrzehnten des 10. Jahrhunderts hat man aus Byzanz keine nachweisbaren zeremoniellen Anleihen genommen. Es scheint mir wenig wahrscheinlich anzunehmen, daB man für die Krônung von Kônigen, denen auch in den Augen der Zeitgenossen keine besondere Bedeutung zukam, auf das Porphyrreservat des byzantinischen Kaisers zurückgegriffen hatte. Anders bei Otto d.Gr., dessen Politik in vielfacher Weise das byzantinische Vorbild wenigstens nachzuahmen suchte33. Ich môchte daher am ehesten annehmen, daB die Porphyrrota für die Krônung Ottos I. errichtet wurde34. In Byzanz war sie zu diesem Zeitpunkt jedenfalls schon lângst in Gebrauch. Ivan Dujcev hat sich in Rom die Grundlagen seiner wissenschaftlichen Ausbildung erworben. Trotz vieler offener Problème soll daher dieser kleine Beitrag ein Dank an den Jubilar sein, der die Verbindungen zwischen Osten und Westen im Mittelalter zu einem seiner Forschungsanliegen gemacht hat. ANHANG Zur Wortbedeutung « omphalion » und « omphalos » Die zeremonielle Funktion des omphalion ist zu sehen vor dem Hinter- grund der Wortbedeutung, die bisher nicht untersucht wurde35. Omphalion ist nicht gleichbedeutend mit omphalos. Letzterem kommt vor allem in den Mittelmeerkulturen eine besondere Bedeutung zu, insofern damit ein zentraler Punkt(Mittelpunkt) bezeichnet wird der auch durch eine auffallende Gestaltung sichtbar zum Ausdruck gebracht ist36. Spâtestens im 6. Jahr- 33. Ausführlich P.E. Schramm, Kaiser, Rom und Renovatio, Darmstadt 31962, 68- 86, sowie Ders., Kaiser, Basileus und Papst in der Zeit der Ottonen, in P.E. Schramm, Kaiser, Kdnige und Papste, Bd. 3, Stuttgart 1969, 200-245. 34. Die rota wurde bei der Datierung des Krônungsordo bisher nicht herangezogen. Unsere Hypothèse stimmt mit der von Elze vorgeschlagenen Datierung « vor 962» überein. Schon Eichmann hat den ordo mit Otto I. in Verbindung gebracht, doch lehnte Andrieu, Les ordines Romani 450, diese Datierung ab. Die Verwendung des Porphyr ist in jedem Fall ein bewuBter Rückgriff auf das byzantinische Zeremoniell, ebenso wie der Gebrauch von Purpurpergament und Goldbuchstaben im Pactum Ottonianum. 35. Die hier vorgebrachten Wortbelege sind sicher nicht vollstândig, zeigen aber genügend klar den Weg. Er ist bereits vorgezeichnet durch die Hinweise von Ducange, Glossarium ad scriptores mediae et infimae graecitatis, Lyon 1688, s.v. 36. W.H. Roscher, Omphalos (= Abhandlung der Sâchsischen Gesellschaft der Wissenschaften. Phil-Hist. Kl. 29, Heft 9), Leipzig 1913, bes. 26-28 (Jérusalem), Ders., Neue Omphalosstudien (= Abhandlungen usw. 31, Heft 1), Leipzig 1915, bes. 15-18 (Jérusalem) und Ders., Der Omphalosgedanke bei verschiedenen Vblkern (= Verhand- lungen der k. sâchsischen Akad. d. Wiss. zu Leipzig, Bd. 70), Leipzig 1918.
408 MÉLANGES IVAN DUJCEV hundert heiBt omphalos auch einfach « Mitte », ohne daB diese besonders charakteristisch gekennzeichnet sein müBte : Paulos Silentarios nennt die Mitte des Atriums der Hagia Sophia «omphalos»37. Gregorios Pres- byter (9. Jh.) spricht in einem sonst unbedeutenden Bericht über die Synode von Nikaia vom « ptecroptcpaXoç » im Kaiserpalast von Nikaia38. Omphalion bedeutet wôrtlich « kleiner omphalos », ist aber in dieser konkreten Weise nur für die Schildmitte belegt39. Aus einer Reihe von Beispielen zeigt sich jedoch, daB omphalion identisch ist mit àcrrrlç (Rund- schild) oder einem Gegenstand, der rund ist wie ein Schild. Paulos Silen- tiarios verwendet es in der übertragenen Bedeutung für runde Platten40. Runde Scheiben dieser Art waren beispielsweise auch vor der Confessio von Alt-St. Peter angebracht. Auf ihnen war das Glaubensbekenntnis in lateinischer und griechischer Sprache aufgezeichnet ; der Liber Ponti- ficalis bezeichnet sie als scuta, Photios als àomScç41. Eine solche kreis- runde Platte mit dem Kreuzesmonogramm hat man in Palâstina auch Johannes Phokas (1185) auf dem Berg Tabor gezeigt ; sie bezeichnet dort eine Stelle, wohin Christus wâhrend der Verklârung seinen FuB gesetzt hat42. Demselben Autor zufolge ist jener Ort, an dem Maria im Hause des Johannes entschlief, durch zwei omphalia gekennzeichnet43. Diese Beispielreihe macht es deutlich, daB die Bezeichnung omphalion nicht in Bezug steht zu einer bestimmten, den Mittelpunkt andeutenden Stelle, sondern sich allein auf die kreisrunde Form bezieht. Allenfalls der dem « omphalos » eigene mythische Gedanke kann dabei im Hinter- grund mitspielen, jedoch in einer Art, die sich an Hand der Quellen nicht ermessen lâBt. 37. Paulos Silentiarios, ed. Friedlander (oben A. 20) v. 594. 38. Migne, PG 111, 436 B. 39. Suda, ed. Adler, Bd. 3, Leipzig 1935, 536, s.v.: ô ôp.<paXèç -rfjç àarriSoç. So auch Anthologia Graeca, Buch 6, Nr. 84 (Paulos Silentiarios). 40. Beschreibung der Hagia Sophia, ed. Friedlander (oben A. 20) vv. 715-718. 41. Liber Pontificalis, ed. L. Duchesne, Bd. 2, Paris 21955, 26, 18-19. Die Photios- stelle in De S. Spiritus mystagogia, Migne. PG 102, 380 A. 42. Johannes Phokas, ’'Ex<ppaaiç èv auvô^ei tù>v art’ ’Av-no/elaç [zéxplS *Iepo<J°- Xôfjuov xâarpwv xal /ù>p<ôv Suplaq, Ooivixi)? xal tcôv xaTà HaXaiaTiv^v àyitùv tôkcov, hrsg. J. Trojckij, in « Pravoslavnij Palest. Sbornik» 8, 2 (Heft 23), St. Petersburg 1889, 9 ; übers. A. Stewart, The Pilgritnage of Joannes Phokas in the Holy Land, London 1896, 14. Die Stelle war, wie das omphalion in der Hagia Sophia (nach der Beschreibung des Antonios von Novgorod), von Metallschranken (ùtto xaXxelcov xiyxXISwv) umgeben, damit niemand es betreten kônne ; zu solchen Schranken siehe Antoniadis, Ekphrasis, Bd. 2 (wie oben A. 2) S. 83. 43. Griech. Text bei Trouckij S. 12 und Übersetzung S. 18.
KAISERZEREMONIELL IN KONSTANTINOPEL UND ROM 409 Somit sind auch die Voraussetzungen gegeben, wieder auf den zeremo- niellen Ausgangspunkt zurückzukommen. Das omphalion in der Hagia Sophia war nâmlich keineswegs das einzige seiner Art in Konstantinopel. In einem Triklinium des Kaiserpalastes, dem sog. Justinianos Triklinos, errichtet 694, waren runde Marmorplatten eingelassen, die das Zeremo- nienbuch als pteyàXa ôpupàXia bezeichnet44. Die Tatsache, daB man sich vor ihnen verneigte (Kpooxuve tv ) spricht dafür, daB sie ebenfalls aus Por- phyr waren und somit in unmittelbarer Verbindung zum Kaiserkult standen. Ein Kopcpupoüç XtOoç, auf dem der Kaiser stand, ist aus dem Consisto- rium des Kaiserpalastes bekannt, doch sagt das Zeremonienbuch nichts über die Form45. Vielfach erwâhnt ist die Porphyrscheibe vor dem Eingang zur Chalke46. Erstmals taucht sie als rcopcpupoüv ôpcpàXtov unter Maurikics 602 auf47. Kaiser Léo V. verrichtet (813) dort nach seiner Krônung ein Gebet vor der Christusikone48. Ohne den Namen omphalion zu erwâhnen, berichtet davon auch Theophanes Continuatus, mit der Variante, daB Léo dabei den Feldherrnmantel (das Kolobion) getragen habe49 ; Ps.- Symeon Magistros spricht in diesem Zusammenhang vom xuxXtxôp xai Kop<pupoüç ptapptapop50. Romanos I. schlieBlich verbrennt auf dem Koptpupoüv opcpàXtov der Chalke die Schuldverschreibungen der konstan- tinopolitanischen Bürger51. Aus dieser zweiten Beispielreihe wird ersichtlich, daB ôpcpàXtov mit dem Zusatz Kopcpupoüv allein auf den Kaiserkult bezogen ist, in dessen Zusammenhang auch die Bodenplatte in der Hagia Sophia zu sehen ist. 44. De cerem. II 2 = I 524, 6 (Reiske). Siehe auch J. Ebersolt, Le Grand Palais de Constantinople, Paris 1910, 96, — Zu einer âhnlichen Stelle im Katepanatspalast in Bari, heute noch in der Apsis von San Nicola erhalten, siehe F. Schettini, La Basilica di San Nicola di Bari, Bari 1967, 51-53. 45. De cerem, I. 23 = I 130, 8 (Reiske). 46. Dazu C. Mango, The Brazen House. A study of the Vestibule of the Impérial Palace of Constantinople (= Arkaelogiskkunsthistoriske Meddelelser utgivet af det kon. Danske Videnskabernes Selskab IV, 4), Kopenhagen 1959, 84 (dort irrtümlich immer « omphalos », statt, wie in den Quellen selbst, « omphalion » bezeichnet). 47. Theophanes, Chronographia, ed. C. de Boor, Bd. 1 285, 10-11. 48. Johannes Genesios, ed. Bonn, 6, 20-22. 49. Theophanes Continuatus, ed. Bonn, 19, 1-5. Dies ist das einzige Beispiel, bei welchem die Bedeutung ôpipaXiov = iamç (wie bei der Schilderhebung) auch im Hin- blick auf das Kaiserzeremoniell deutlich hervorzutreten scheint. 50. Ps.-Symeon Magistros, ed. Bonn, 604, 8. 51. Johannes Skylitzes, ed. Thurn, 231, 50.
410 MÉLANGES IVAN DUJ&EV In sicherlich nicht ursâchlicher Verbindung damit steht die Verwendung kreisrunder Scheiben in der Liturgie der orthodoxen Kirche, wie sie spâ- testens seit der Palâologenzeit anzunehmen sind52. Diese Frage bedarf einer eigenen Untersuchung, zu der im vorliegenden Beitrag einige Voraus- setzungen geschaffen sein kônnen53. 52. Symeon von Thessalonike, De sacris ordinationibus, cap. 200, Migne, PG 155, 408-409. Siehe auch L. Allacci, De rebus ecelesiasticis Graecorum observationes variae, S. 118-119, in : Ders., De libris et rebus ecelesiasticis Graecorum dissertationes et observationes variae, Paris 1646. Allacci zitiert dabei eine Stelle aus « Marcus Hieromo- nachus» (Markos Eugenikos), die ich nicht zu identifizieren vermag. 53. Verschiedene Beispiele siehe bei H. Kier, Der mittelalterliche SchmuckfuBboden unter besonderer Berücksichtigung des Rheinlands, Düsseldorf 1970, 25-26 ; Die Autorin betrachtet das omphalion allerdings unter ausschlieBlich dekorativen Gesichtspunkten ohne Berücksichtigung der zeremoniellen Funktion ; die Arbeit, deren Schwerpunkte auf anderen Aspekten liegen, ist als Materialsammlung auch in unserem Zusammenhang nützlich. Zum liturgischen Fortbestand in der russischen Kirche siehe den Beitrag von A. Golubcov, O miré sredi cerkvi v svjazi s voprosom o prouschozdenii orleca (Über den Raum mitten in der Kirche in Verbindung mit der Frage nach der Herkunft des orlec), in « Bogoslovskij Vëstnik» 12, Bd. 2 (Mai 1903) 46-64. Ich verdanke den Hinweis auf diesen seltenen Aufsatz R. Stichel, Rom.
QUELQUES MOTS SUR LA LITURGIE SLAVE EN POLOGNE ET L’ÉVÊCHÉ RULGARE A CRACOVIE Wincenty SWOBODA La christianisation du Sud de la Pologne dans la deuxième moitié du ixe siècle par la mission de Méthode et la persistance de la liturgie appelée slave jusqu’au xie siècle peut être considérée comme un des problèmes les plus instructifs de la méthode de l’historiographie polonaise. Cette appré- ciation résulte surtout de l’absence dans la littérature savante d’un accord sur le sens de l’expression « liturgie slave » malgré les controverses et les discussions approfondies ; en d’autres termes, on ne sait pas de quoi il s’agit pour les divers chercheurs : est-ce de l’organisation ecclésiastique d’un type particulier résultant génétiquement de la métropole de Méthode en Grande Moravie, ou bien de la langue liturgique ou d’une liturgie slave particulière, ou bien enfin est-ce l’influence de l’organisation ecclésiastique byzantine selon la forme observée en Bulgarie et en Russie ainsi que de la langue vieille-slave de la rédaction bulgare ou russe. Chacune de ces inter- prétations exige à notre avis une analyse séparée1. Confondre le tout sous la rubrique « liturgie slave » a, bien entendu, une influence sur le choix et le caractère des arguments. En second lieu, il n’y a pas beaucoup de sujets d’observation si souvent soulevés qui aient une base fondamentale si fragile. Cette base est le renseignement qui se trouve dans le XIe chapitre de la Vita 1. Nous consacrons à ce problème plus de place dans « Istota obrzqdku slowianskiego i jego zasiçg », Roczniki Historyczne (sous presse).
412 MÉLANGES IVAN DUJÊEV Methodii : la prophétie prononcée devant le puissant prince « na Wislech », qui insultait les chrétiens et leur faisait tort2. L’interprétation de toutes les données qui subsistent dépend de la relation de ce renseignement. Le résultat est que les partisans de l’examen positif du problème (de la liaison du commencement du christianisme en Petite Pologne avec cette prophétie de Méthode) se servent depuis un temps immémorial de cet argument et ne prennent pas en considération les réserves de leurs adversaires. Pour constater cela il suffit de passer en revue les plus importantes publications, qui représentent 1 ’opinion négative, par exemple un fragment de monographie de W. Abraham concernant l’Eglise polonaise jusqu’au xne siècle3, le livre de l’abbé W. Szczçsniak4, les œuvres de T. Lehr-Splawinski5 et enfin l’exposé d’E. Dqbrowska et T. Poklewski en 1965 au Ier Congrès International d’archéologie slave à Varsovie6. Toutes ces publications reflètent les étapes successives de la discussion, depuis l’argumentation de M. Gumplowicz7 jusqu’à l’essai d’adaptation dans la discussion (par W. Antoniewicz, Z. Wartolowska et J. Kramarek) des preuves, qui étaient fondées sur des dé- couvertes archéologiques8. L’étude de H. Lanckoronska9 a inauguré la dernière phase de la discussion ; mais cette discussion n’est pas close. La reprise récente de ce problème a certainement été influencée par le 1 100e anniversaire de la mission cyrillo-méthodienne en Moravie (1963) et de la mort de Constantin-Cyrille (1969), aussi par le 1 000e anniversaire de l’introduction du christianisme en Pologne (1966). Mais il faut tout de même souligner que les nombreuses publications relatives10 à tous ces anni- 2. zyw°ty Konstantyna i Metodego (obszerne), éd. T. Lehr-Splawinski, Poznan 1959, pp. 114-5. 3. Organizacja kosciola w Polsce dopolowy Xllwieku, III' éd., Poznan 1962, pp. 156-61. 4. Obrzqdek slowianski w Polsce pierwotnej, Varsovie 1904. 5. Réédition de ces œuvres se trouve en : Rozprawy i szkice z dziejôw Slowian, Var- sovie 1954, pp. 182-9, et aussi dans Od piçtnastu wiekôw, Varsovie 1961, pp. 34 et suiv. 6. E. D^browska, La Pologne du Sud et l'état de Grande-Moravie au IXe siècle, « I Miçdzynarodowy Kongres Ârcheologii Slowianskiej », Varsovie, t. 3, 1970, p. 180-4 et T. Poklewski, A propos des opinions plus récentes sur l'origine méthodienne du chris- tianisme en Pologne méridionale, ibidem, t. 5, 1970, pp. 414-21. 7. Zur Geschichte Polens im Mittelalter, Innsbruck 1898. 8. W. Antoniewicz, Recenti scoperte d’arte preromanica e romanica a Wiilica in Polonia, Rome 1961 ; Z. Wartolowska, Wislica - urbs famosissima..., « Z Otchlani Wiekôw », 34 (1968) nr 3, pp. 184-7 ; J. Kramarek, Ze studiôw nad problematykq archeo- logicznq zwiqzanq z dzialalnosciq Konstantyna (Cyryla) i Metodego, « Munera Archaedo- logica Josepho Kostrzewski... oblata», Poznan 1963, pp. 397-417. Voir aussi Odkrycia w Wislicy, Varsovie 1963. 9. Studies on the Roman-Slavic Rite in Poland, Rome 1961. 10. Voir par exemple, M. Rechowicz, Sprawa obrzqdku slowianskiego cyryllometo- dianskiego w Polsce. Przeglqd dyskusji, « Pastori et magistri ». Praca zbiorowa dla uczcze-
LA « LITURGIE SLAVE » EN POLOGNE 413 versaires n’ont pas apporté à la discussion d’éléments nouveaux11 (en comparaison des étapes précédentes). De plus, en accord avec la base mise en valeur par nous ci-dessus, on s’appuyait plus d’une fois sur les renseigne- ments rassemblés par Lanckororiska, qui prouvaient, on le pensait, l’im- portante floraison de la liturgie slave en Pologne ; or ces renseignements ont été reconnus sans valeur aucune, par la critique objective et compétente12. Enfin H. Lowmianski a fait la somme de toutes ces discussions dans son œuvre monumentale sur les débuts de l’Etat polonais13. Ce savant a de nouveau et résolument réfuté la plupart des preuves avancées par les parti- sans de l’existence dans la seconde moitié du xc siècle (c’est-à-dire autour des années 972-999) à Cracovie, d’un évêché dépendant juridiquement de l’Eglise bulgare. Cette hypothèse a été examinée par quelques chercheurs14, mais n’a jamais fait l’objet d’un examen critique. Cet examen est le but fondamental de cet article. L’hypothèse de Lowmianski se fonde avant tout sur l’acceptation de la prophétie de saint Méthode comme un fait prouvant la christianisation du Sud de la Pologne grâce aux missionnaires de la Grande Moravie. La pré- misse suivante est l’acceptation des informations fournies par le « Récit des lettres slaves» à savoir : que le christianisme selon la liturgie slave a formé en Petite Pologne une organisation ecclésiastique et une hiérarchie qui, dans la seconde moitié du Xe siècle, était combattues par saint Adalbert. nia jubileuszu J.E. Ks. Biskupa P. Kalwy, Lublin 1966, pp. 73-85 et aussi L. Moszyn- ski, Liturgia slowianska a glagolickie zabytki w Polsce, « SIovo », 21 (1971) pp. 255-73. 11. Dans l’appréciation nous ne sommes pas d’accord par exemple avec W. Hensel, Uz.rôdelPolski sredniowiecznej, Wroclaw 1974, pp. 227-9, qui se référé à H. Lanckoronska. 12. F. Dvornik, Byzantské misie u Slovanu, Prague 1970, pp. 204-14 (traduction tchèque du travail : Byzantine Missions among the Slavs. SS. Constantine-Cyril and Methodius, New Brunswick N.J. : Rutgers University Press 1970). Voir aussi compte-rendu du travail H. Lanckoronska - J. Szymanski, « Revue d’histoire ecclésiastique», 58 (1963) pp. 911-20 ainsi que W. Dziewulski, Pràba regeneracji teorii o obrzqdku slowianskim, «Kwartalnik Historyczny », 72 (1965) pp. 39-46. 13. Poczqtki Polski, Varsovie, t. 4, 1970, pp. 493 et suiv. et de même, The Slavic Rite in Poland and St. Adalbert, « Acta Poloniae Historica», 24 (1971), pp. 5-21. 14. Par exemple, J. Szafranski, Przyjçcie chrzescijanstwa przez Slowian, Katoli- cyzm wczesnosredniowieczny, Varsovie 1973, pp. 207-44 et aussi J. Boba, Methodian and Moravian Continuity and Tradition in Poland, « VII Miçdzynarodowy Kongres Slawistôw». Streszczenie referatôw i komunikatôw, Varsovie 1973, p. 970. Tandis que cet article est sous presse, l’étude de O. Kralik, Pfedmëskovské krestanstvi a ceskÿ podil na christianizaci Polska, « Z tradic slowanské kultury v Cechâch », Prague 1975, pp. 41-49, nous parvient. C’est le premier auteur qui apprécie de façon très critique la base de l’hypothèse de Lowmianski. Avant tout il met en valeur le « Récit des lettres slaves », et l’interprétation fausse du caractère du christianisme oriental et occidental, au Xe siècle. Cela coïncide partiellement avec notre argumentation.
414 MÉLANGES IVAN DUJCEV Le troisième anneau est l’explication du texte de la bulle du Pape Jean XIII de l’année 973, qui interdit l’ordination sur le nouveau siège épiscopal à Prague d’un représentant de la « secte bulgare», ce qui témoigne des appré- hensions de Rome devant l’extension aux Tchèques de l’Eglise bulgare, à laquelle était déjà soumis l’évêché de Cracovie. Des arguments supplé- mentaires sont invoqués : reconstitution, d’après diverses traditions locales qui parlent du séjour de saint Adalbert, de l’itinéraire de sa pérégrination en Pologne, rôle capital tenu par Cracovie, situation de cette ville sur la route marchande reliant Kiev à Prague, d’après cela devait résulter la médiation des marchands varègues (participant à l’expédition du prince russe Sviatoslav Igorevic contre la Bulgarie en l’an 968) en organisation de l’église slave en Petite Pologne, et enfin le patronage de la première cathé- drale Saint Michel à Cracovie. (le culte de saint Michel avait été importé de Byzance par les Normands et saint Michel avait ses églises sur les coteaux, comme le Wawel à Cracovie)15 16. Il n’est pas possible d’accepter les éléments de l’hypothèse de Lowmianski ni d’être convaincu par son argumentation. Il y a trop de questions, qui restent sans réponse. Nous commencerons par la prophétie de Méthode. La minutieuse analyse, faite à plusieurs reprises par les chercheurs, de cette information de la Vita Methodii nous libère ; mais à cet égard nous devons encore une fois affirmer que ce renseignement ne donne pas aux interprétateurs exempts de préjugés des preuves même indirectes de la christianisation du territoire des Vislanes. Même si parmi ceux-ci agissait une mission chrétienne, — en faisant abstrac- tion de sa qualité slave ou méthodienne bien fondée par la situation ecclé- siastique dans le pays de la Grande Moravie— pour l’estimation de son efficacité, il faudrait prendre en considération la très courte période où fut possible l’activité de cette mission. Il est incroyable que pendant les quelques années, qui se sont écoulées entre la soumission de la terre de Vislanes (vers 875) et l’expulsion des disciples de Méthode de la Moravie (886), le christianisme soit devenu solide en Petite Pologne. Les arguments ci-dessus sont réduits à néant non seulement par l’information citée par Lowmianski du paganisme des Croates au milieu du Xe siècle17, mais aussi par les exemples d’une très lente réception du christianisme dans différents 15. Lowmianski, Poczqtki Polski, pp. 493-515. 16. Voir J. Dabrowski, Studia nad poczqtkami panstwa polskiego, Wroclaw 1958, pp. 20 et suiv. 17. Lowmianski, Poczqtki Polski, p. 493, voir aussi Constantine Porphyrogenitus, De administrando imperia, éd. Gy. Moravcsik, Budapest 1949, pp. 146-7 et Commentary Londres 1962, p. 124. Le résumé de toute la discussion au sujet des Croates païens : N. Klaic, Povijest Hrvata u ranom srednjem vijeku, Zagreb 1975, pp. 61 et suiv., 138 et suiv.
LA « LITURGIE SLAVE » EN POLOGNE 415 pays slaves et non slaves18. Il faut ajouter un élément supplémentaire, c’est- à-dire, que les effets du travail de la mission ne pouvaient pas être en grand nombre, si l’on prend en considération les conditions prouvées par Low- mianski disant que les Vislanes avaient l’indépendance dans le cadre du système politique de l’Etat grand-morave. Converti malgré lui le prince n’exerçait pas de pression sur ses sujets. En conclusion de tout cela on ne peut accorder que la Vita Methodii soit un témoignage positif pour l’hypo- thèse que nous étudions. Et il n’y a aucun autre fait supplémentaire qui appuierait cette interprétation de la prophétie de Méthode19 20. En conséquence de tout cela, un obstacle se rencontre : le problème de la persistance de l’organisation et de la hiérarchie de la liturgie slave en Petite Pologne jusqu’à la deuxième moitié du Xe siècle. L’élimination — avec raison par Lowmianski entre toutes les preuves citées habituellement, de la théorie de l’existence en Pologne, au temps de Boleslav le Brave, d’une autre métropole slave (dit-on!), et aussi l’attribution d’une faible autorité à la découverte par J. Zathey des fragments du calendrier polonais daté du xive siècle avec le prénom de S. Gorazd qui devait après son expul- sion de Moravie venir sur la Vistule21, cette élimination et cette faible attribution font que l’hypothèse étudiée ci-dessus n’est apparemment pas 18. Cette question a une littérature très riche. On peut indiquer par exemple des œuvres polonaises : W. Dziewulski, Postçpy chrystianizacji i procès likwidacji poganstwa w Polsce wczesnofeudalnej, Varsovie 1964 et S. Piekarczyk, Barbarzyncy i chrze'sci- janstwo, Varsovie 1968. 19. Lowmianski, Poczqtki Polski, pp. 499 et 504, il est avec les partisans de l’activité de la mission méthodienne en Petite Pologne. Il faut donc rappeler aussi l’opinion scep- tique sur cette question de G. Labuda, Nowa synteza dziejôw spolecznych ko'sciola pols- kiego w sredniowieczu, « Przeglqd Historyczny », 60 (1969) p. 377 et dernièrement de J. LeSny, Uwagi o podstawach chronologicznych misy chrzcielnej w Wiilicy, « Slavia Antiqua», 23 (1976), pp. 193-209. 20. Lowmianski, Poczqtki Polski, p. 496. Il place la deuxième métropole de Gallus l’Ano- nyme, lib. I, c. 11 (éd. K. Maleczynski, MPH NS, t. 2,1952, p. 30) en Russie, par rapport à l’expédition de Kiev faite par Boleslas le Brave (1018). Malgré la tradition conservée dans la ci-devant chronique, effectivement la Russie n’était pas rattachée à la Pologne. D’après cela vraisemblablement et au moins égale nous semble la localisation de cette deuxième métropole en Moravie, qui appartenait à la Pologne aux temps de Boleslas le Brave. Cela ne veut pas dire que cette métropole existait vraiment. La tradition de celle-ci dure, ce qu’on voit du ci-dit Privilegium ecclesiae Moraviensis - Kosmas, lib. I, c. 15 (éd. B. Bretholz, MGH SrG, t. 2, 1923, p. 25). Boleslas le Brave pouvait prendre en considération cette tradition dans ses projets politiques. 21. Lowmianski, Poczqtki Polski, p. 504. Résumé des informations relatives à saint Gorazd dans Magnae Moraviae jontes historici, Brno, t. 3 1969, pp. 440-1. Voir aussi l’article de A. Frinta, Kdé skoncil Gorazd zak Metodéjuv 1, « Slovacko», Uherské Hradiste 1968, pp. 119-23; idem, Prtspévek ke Goradzové ikonografii, «Umëni», 17 (1969) pp. 383-4.
416 MÉLANGES IVAN DUJCEV justifiée par les sources, ces sources étant faibles et incertaines. A leur place pourtant a été cité le renseignement du « Récit des Lettres russes ». Cette œuvre est aussi connue dans la littérature savante sous le nom mal précisé du « Chronograf » écrit par Samuel de Dubkovo. La date de la rédaction du « Récit » n’est pas connue. Ce monument se conserve seulement en manus- crits provenant des xv-xvne siècles et, à cause de son caractère confus, il n’a pas bonne réputation parmi les chercheurs213. Lowmianski a tenté un essai de réhabilitation du «Récit». D’après lui c’est un document authentique qui tire son origine, vraisemblablement au xie siècle, d’une tra- dition du monde slave oriental relative à la persécution du clergé slave par saint Adalbert. L’ample analyse de l’information du « Récit » réalisée par Lowmianski ne répond pas à la question fondamentale, où a eu lieu la persécution. Lowmianski suggère qu’il s’agit du Sud de la Pologne, ou bien de la Moravie22. D’après nous, il n’y a pas de preuves convain- cantes. Si nous laissons de côté le problème ci-dessus mentionné de la sur- vivance douteuse d’une hiérarchie slave en Petite Pologne, il faut dire que cela a un rapport avec l’appartenance politique de ce pays aux Tchèques. D’après une mention de Kosmas cette appartenance devait durer jusqu’à l’année 99923. Mais c’est cependant une opinion contestable. En dehors d’antagonistes résolus, il y a aussi des adeptes de la thèse qui affirme la réalité de cette situation politique dans la deuxième moitié du Xe siècle, cependant ils inclinent à rejeter la date de l’annexion de Cracovie par les Piasts dès avant le règne de Boleslas le Brave24. Après tout il n’est pas certain que pendant le ministère de saint Adalbert à Prague dans les années 21a. MPH, t. 1, p. 90. Le deuxième fragment de ce monument renseigne sur l’activité de saint Adalbert contre la liturgie slave. Dans l’historiographie tchèque, V. Chalou- peckÿ, Svatÿ Vojtéch a slovanskà liturgie, « Bratislava », 8 (1934) pp. 37-47 soulignait très fort les embrouillements de cette information, et dans l’historiographie polonaise T. Lehr-Splawinski, Rozprawy i szkice, p. 185. Le point de vue contraire chez A.W. Fto- rowsku, Cechi i wostocznye slawjane, Prague, t. 1, 1935, pp. 146-82. Voir aussi W.F. Mares, Skazane o slawjanskoj pismennosti, Trudy Otdela Drewnerusskoj Literatury », 19 (1963), pp. 169-76 et O. Kralik, Powest wremennych let i legenda Kristiana o swjatych Wjaceslawe i Ljudmile, ibidem, pp. 177-207 ; idem, Pfedmëskovské kfestanstvl, p. 41 et suiv. 22. Lowmianski, Poczqtki Polski, p. 430 et suiv., 509, mais de même s’il s’agit de la Moravie, il existe differents points de vue sur leur appartenance politique pendant la deuxième moitié du Xe siècle. A ce propos voir G. Labuda, Morawy, « Slownik Starozyt- noSci Slowianskich », t. 3, p. 298. 23. Kosmas, lib. I, c. 34 (éd. B. Bretholz, MGH SrG, t. 2, 1923, p. 60). 24. G. Labuda, O rzekomej utracie Krakowa przez Czechôw w r. 999, « Slavia Occi- dentalis », 20 (1960) fasc. 2, pp. 79-93. Voir aussi, P. Bogdanowicz, Przynaleznosc polityczna Slqska w X wieku, Wroclaw 1968, passim.
LA « LITURGIE SLAVE » EN POLOGNE 417 982-995 (exception faite de son séjour en Italie entre 986-992) Cracovie ait été soumise à la juridiction de l’évêque de Prague. En outre saint Adalbert n’a jamais été un adversaire de la liturgie slave, cela est reconnu unani- mement dans la littérature savante25. Alors on est intrigué par la naissance de la tradition de la persécution de la liturgie slave par saint Adalbert et par la persistance de cette tradition en Russie. Les hagiographes de saint Adalbert qui étaient bien renseignés sur la situation en Pologne et chez les Tchèques, ne savent rien de cette persécution26. Mais on n’a pas conservé non plus de tradition analogue sur leur activité en Hongrie, pays qui, d’après certaines preuves, se trouvait aussi dans la sphère d’influence de l’Eglise byzantine27. Il faudrait aussi se demander si, dans la situation poli- tique compliquée qui entourait saint Adalbert pendant ses deux courts séjours à Prague dans les années 982-88 et 992-95, le saint avait la possibilité de renouveler personnellement une quelconque action répressive sur un lointain territoire de son diocèse, qui de plus était un membre indépendant du système politique des Prémyslides. Très douteuse est aussi la conjecture situant cette hypothétique persécution au temps de son séjour en Pologne, qui avait lieu avant la mission prussienne. Pourtant saint Adalbert n’avait jamais reçu mission d’évêque sur la Pologne même d’après l’interprétation d’Abraham : d’après ce dernier, il partageait son travail pastoral avec l’évê- que missionnaire polonais Unger28. D’après cela, saint Adalbert pouvait enseigner, baptiser, construire des églises et fonder des monastères. H n’avait pas le pouvoir de prononcer un jugement dans les affaires de disci- pline. La reconstitution de l’itinéraire de sa pérégrination dans le Sud ou l’Ouest de la Pologne, d’après des traditions locales ci-dessus mentionnées, (jusqu’à présent non encore entièrement rédigées et pas toujours vérifiées), n’aide pas, selon nous, à résoudre cette question. Dans ces circonstances, le fait que le « Récit » se rapporte à l’extermination de la hiérarchie slave par saint Adalbert ne peut être tenu pour preuve principale de l’hypothèse 25. Lowmianski, Poczqtki Polski, p. 509. s’accorde aussi avec cela, mais il n’aperçoit pas la contradiction de son point de vue .Mais si l’on prouve la vérité de tout le texte on ne peut pas l’accepter seulement dans la partie concernant la lutte de saint Adalbert contre la hiérarchie slave en mettant à part les autres informations. 26. S. Adalberti Vita prior, éd. J. Karwasinska, MPH NS, t. 4, fasc. 1, 1968 et S. Adalberti Vita altéra, éd. J. Karwasinska, ibidem, fasc. 2, 1969. 27. Gy. Moravcsik, Studia Byzantina, Budapest 1967, pp. 245-59, 326-40 ; idem, Byzantium and the Magyars, Budapest 1970, pp. 102 et suiv. Voir aussi, Gy. Gyôrffy, Rôle de Byzance dans la conversion des Hongrois, Cultus et Cognitio. Studia z dziejôw àredniowiecznej kultury, Varsovie 1976, pp. 169-80. 28. W. Abraham, Organizacja kosciola, p. 121.
418 MÉLANGES IVAN DUJCEV de Lowmianski. En dépit des traits archaïques caractéristiques et de l’appa- rence d’authenticité qu’offrent les données du « Récit», c’est sans aucun doute la confusion. Il y a ici probablement l’amalgame des événements liés à l’action de l’évêque missionnaire Adalbert à Rome en 962 et de ses éventuelles querelles avec les missions byzantines ou bulgares avant la conversion officielle de la Russie29. Il faut compter avec des missions sem- blables et prendre bien-entendu en considération les renseignements concer- nant les rapports bulgaro-russes du Xe siècle, et aussi les faits très bien connus de la pénétration du christianisme byzantin en Russie30. Le dernier argument important en faveur de l’existence de l’évêché bulgare à Cracovie est l’information notée par Kosmas de l’interdiction d’ordination sur le nouveau siège épiscopal à Prague d’un représentant de la secte bulgare31. Lowmianski croit que la teneur de la bulle entière de 973 a été transcrite fidèlement par Kosmas. D’après lui, l’obstacle le plus sérieux est seulement la mention de la secte russe32 : à notre avis, c’est une interprétation qui va bien trop loin. On peut accorder que le texte de la bulle est fondé sur des faits historiques, à savoir : l’érection de l’évêché de Prague et l’intercession dans cette affaire, auprès du pape, de la Mlada. Par contre, la formulation « sectes bulgare et russe » ne pouvait pas se trouver dans la bulle. Et surtout on ne peut pas passer sur la principale objection à son authenticité faite autrefois par Dvorak. D’après ce savant, la chancellerie papale se servit de ces « termini technici » (sectes grecque, bulgare, etc.) en connexion avec les églises orientales pendant la deuxième moitié du xie siècle33. Il faut ajouter, que cela s’accorde avec ce que l’on sait des relations entre la papauté et la Bulgarie qui appartient, par l’aspect théologique, au monde byzantin. Alors la papauté ne pouvait pas au Xe siècle se servir du terme « de secte » ni pour la Bulgarie ni pour Byzance. La situation changea après l’année 1054, par suite du schisme entre la papauté et le patriarcat de 29. C’est l’idée de J. Birkenmajer, Zagadnienie autorstwa Bogurodzicy, Gniezno 1935 pp. 97-8. W.F. Mares, Skazane o slawjanskojpismennosti, p. 172 a ramassé les autres possibilités de l’identification. 30. I. Snegarov, Duchovno-kulturni vràzki mezdu Bàlgarija i Rusija prez srednite vekove, Sofia 1950, pp. 11 et suiv. Voir aussi A. Poppe, Panstwo i ko'sciôl na Rusi w XI wieku, Varsovie 1968, pp. 20-1 et M.N. Tichomirow, Drewnjaja Rus, Moscou 1975, pp. 261-73. 31. Kosmas, lib. I, c. 15 (éd. B. Bretholz, MGH SrG, t. 2, 1923, p. 43). Cette bulle est depuis longtemps reconnue comme un faux notoire, voir Magnae Moraviae fontes historici, t. 3, 1969, pp. 272-3. 32. Lowmianski, Poczqtki Polski, pp 509-10. 33. M. Dvorak, O listine papëze Jana XIII. v kronice Kosmové, « Vëstnik Kralovské Ceské Spoleénosti Nauk », R. 1899, Prague 1900, pp. 1-5.
LA « LITURGIE SLAVE » EN POLOGNE 419 Constantinople34. Sans doute la polémique doctrinale de l’église byzantine avec des « latinistes » avait alors de l’influence pour la rédaction de la phraséologie diplomatique de la curie papale. A cette polémique participa aussi Léon, l’archevêque d’Ohrid (1037-1056), qui conformément au droit ecclésiastique, se proclamait officiellement « l’archevêque de toute la Bulgarie »35. Ce fait devait être bien connu à Rome, ce qui explique l’appa- rition du terme « secte bulgare ». Cela empêche de façon évidente, de consi- dérer la bulle de l’année 973 comme une manifestation des craintes de la papauté devant l’expansion de l’organisation ecclésiastique bulgare, et de même aussi comme indiquant sa persistance en Petite Pologne36. Et, de plus, il faudrait encore prouver que l’Eglise bulgare avant l’année 972 (c’est-à-dire la chute du susdit premier Royaume bulgare) développait son expansion en dehors du territoire de l’Etat. A ce sujet on ne nous donne pas de renseigne- ment. On pense que la réponse négative à cette question est fondée par le rejet répété des « preuves » qui attribuent l’obéissance ecclésiastique de la Russie à l’Eglise bulgare37. Il n’y a pas non plus de trace de l’existence de l’organisation ecclésiastique bulgare en Transylvanie, proche de la Bulgarie. L’information conservée du baptême d’un des chefs locaux transylvain dans la ville bulgare de Vidin, et de la fondation par lui « in Morissena urbs»38 du monastère Saint Jean Prodrome prouve seulement l’infiltration dans cette région du christianisme bulgare. On n’avait même pas entendu parler de cela pour les autres territoires de l’Etat hongrois, pénétré au Xe siècle par les missionnaires byzantins et par les missionnaires bavarois de Passau39. Encore plus incertaine à notre avis est la possibilité de rapports ecclésiastiques entre la Bulgarie et la Petite Pologne. Pendant la deuxième moitié du Xe siècle, ces pays se trouvaient séparés par des territoires domi- nés par l’expansion hongroise. 34. W. Swoboda, Schizma a Slowianie, « Slownik Starozytnosci Slowiarskich », t. 5, p. 94. 35. V. Mosin, Poslane russkogo mitropolita Leona ob opresnokach, « Byzantinosla- vica», 24 (1963) fasc. 1, p. 87-105 et A. Poppe, Traité des Azymes, « Byz.», 25 (1965) pp. 504-27. 36. L’interpolation de Kosmas au texte de la bulle de l’a. 973 doit être liée à sa relation (et certainement de tout le clergé latin dans l’Etat tchèque) à Sazave slave, ou bien d’après nous est encore plus véritable avec le projet manqué d’effet de Vratislav II (1061-1092) de la propagation de liturgie slave dans l’état tchèque. 37. A. Poppe, Panstwo i kosciôl na Rusi, pp. 19-21. 38. Vita S. Gerardi, Scriptores rerum Hungaricarum, t. 2, 1938, pp. 489-90. Voir aussi G. Feher, Bulgarisch-ungarische Beziehungen in den V.-Xl. Jahrhunderten, Budapest 1921, pp. 472 et suiv. 39. Gy. Gyôrffy, Rôle, pp. 169 et suiv. A propos des missions bavaroises en Hongrie voir Lowmianski, Poczqtki Polski, pp. 435-6.
420 MÉLANGES IVAN DUJCEV En résumé nous estimons que l’hypothèse de l’existence à Cracovie d’un évêché d’obédience bulgare entre 972-999 environ n’est pas nécessaire. Le rôle de Cracovie est ainsi clair, comme localité de grande importance et milieu culturel en Petite Pologne dans le Haut Moyen Age. Traduit par Krystyna Brodowska
RECHERCHES SUR LE NOMRRE DES “ LATINS ” IMMIGRÉS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE AUX XIIIe-XIVe SIÈCLES A Ivan Dujcev, au Confrère et à l’Ami Freddy THIRIET Il est étonnant que la République de Venise, pourtant très soucieuse de connaître les moyens dont elle pouvait disposer, ait été si peu attentive aux problèmes démographiques, au moins pendant la période médiévale. Ce n’est pas que les dénombrements de population fussent si rares : dès qu’une zone se trouvait soumise à l’autorité de la Commune, certains officiers avaient pour mission de contrôler la population rurale, de la compter et d’évaluer ses possibilités de travail. Ces recensements portaient le nom grec d’anagraphe (àvaypacpy; ) et se déroulaient tous les deux ou trois ans ; toutefois, les comptes ainsi dressés ne semblent pas avoir été très sérieux. De fait, une délibération du Grand Conseil vénitien nous apprend qu’une « anagraphe» générale sera effectuée en Messénie véni- tienne (Coron et Modon), où aucun dénombrement n’a été opéré depuis plus de trente ans, alors que les coutumes de Romanie imposent un recense- ment trentenaire1. Afin de donner à ce dénombrement toute sa valeur et sa pleine efficacité, les conseillers en confient l’exécution aux châtelains 1. Le texte complet de cette délibération se trouve dans F. Thiriet, Délibérations des Assemblées vénitiennes concernant la Romanie, Paris-La Haye, 1966, t. I, p. 292 (22 février 1312).
422 MÉLANGES IVAN DUJ&V et à leurs collaborateurs les plus immédiats2. C’est assez dire que la Commu- ne n’avait aucune confiance dans les officiers chargés de surveiller les mouvements de la population paysanne et, par cela même, leur puissance de travail et plus encore, leur capacité fiscale. L’économie des colonies romaniotes était surtout agricole ; il convenait donc de disposer d’une main d’œuvre suffisante. Malgré tout, il est très difficile de connaître le nombre exact des parèques, dont nous connaissons parfaitement, par ailleurs, les occupations et, même, la mentalité3. On devrait mieux savoir les chiffres relatifs au nombre des « Latins» venus s’installer dans l'Empire colonial fondé en Romanie. L’enquête que nous avons tentée à ce propos apporte certaines données intéressantes qui, cependant, demeurent insuffisantes pour connaître la population « latine» avec certitude4. Que l’on nous permette de montrer les résultats acquis, si incertains soient-ils ; ils font progresser la question. Nous étudierons donc trois aspects essentiels : la forte immigration au lendemain du succès occidental que représente la conquête de Constanti- nople, en 1204 ; les différentes catégories de ces immigrants, des feudataires aux officiers les plus humbles ; enfin, nous rassemblerons toutes les données numériques que nous avons pu glaner dans nos documents comme dans les travaux complémentaires, notamment ceux de Silvano Borsari et de Georges Ploumidis5. * * * Au lendemain de la quatrième croisade, le flot migratoire atteignit un niveau relativement très élevé. En effet, aux marchands vénitiens et pi sans déjà nombreux avant 1204, vinrent s’ajouter des groupes importants de « Francs », champenois et bourguignons en Morée et en Attique, lombards et piémontais dans l’île d’Eubée et en Macédoine, vénitiens en Thrace 2. Ibid., quod ipsa anagraffi generalis fiat per castellanos, redores et alios... non faciendo oblivionem alicui persone. 3. F. Thiriet, Romanie vénitienne, 2e éd., Paris, 1975, p. 259-266 et, plus approfondi, F. Thiriet, La condition paysanne et les problèmes de /’exploitation rurale en Romanie gréco-vénitienne, « Studi veneziani », IX, (1967), pp. 35-69 et, à présent réimpr. in Variorum Reprints, étude XIII. 4. Nous utiliserons également les données plus tardives, mais aussi plus précises, de l’époque moderne. 5. S. Borsari, Studi suite colonie veneziane in Romania del XIII secolo, Napoli, 1966, — G.S. Ploumidis, Ol BeveroxÿaTovpeve; éXXrjnxèç /(bqe; peragv tov Sevrépov xai tov tqItov TovQxofieveTixov jiot.éiiov (1503-1537), publications de l’Université de Janina, lôannina (1974), cités désormais ainsi : Borsari, Studi colon., et G. Ploumidis, Pays gréco-vénit.
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 423 et à Constantinople, ainsi que dans l’Archipel et en Crète, après 1210. Il est évident que les barons francs sont venus avec leurs mesnies et la plu- part de leurs fidèles : ainsi plusieurs milliers d’hommes ont accompagné Baudouin de Flandre, Boniface de Montferrat et Guillaume de Villehar- douin et, si quelques-uns sont revenus au pays, la plupart se sont installés dans les fiefs qui leur furent attribués par leurs « seigneurs » en Thrace, en Macédoine, en Thessalie, en Eubée et en Attique comme au Péloponèse des,Villehardouin. Quant aux Vénitiens qui accompagnèrent le doge Enrico Dandolo, on sait que beaucoup restèrent à Constantinople, leur grand nom- bre venant s’ajouter aux marchands déjà installés et, partiellement tout au moins, fortement hellénisés6. La cohésion des groupes, ceux installés depuis longtemps et ceux arrivés avec les croisés occidentaux, fut rapide- ment assurée, au point de développer, au sein de cette nombreuse commu- nauté un sentiment d’autonomie très puissant que nous avons analysé ailleurs7. D’autres Vénitiens suivirent leurs chefs dans leurs aventures insulaires au cœur du monde égéen : ainsi firent les compagnons de Marco Sanudo8. Combien étaient-ils ? On ne peut le savoir au juste ; toutefois, l’activité même de ces hommes, leur dynamisme prouvent qu’ils se sen- taient forts, donc nombreux et capables d’exercer leur autorité sur les autochtones grecs, traumatisés par leur défaite. Prenons un exemple d’ins- tallation bien connu, celui de la colonie de Lampsaque qui, en face de Gallipoli où Marco Dandolo, petit-neveu du doge, s’est établi vers 1206 ou 1207, permet aux Vénitiens de verrouiller le détroit des Dardanelles et, du même coup, d’interdire l’accès à Constantinople et à la Mer Noire. A dire vrai, ce document important n’est pas des plus clairs et, bien que daté de 1219 par ses éditeurs9, ne laisse pas de poser des problèmes. Mais voyons le texte d’après le Liber pactorum I, nettement meilleur que celui publié par Tafel et Thomas, comme le dit, à juste titre, S. Borsari10. Il s’agit, précisément, d’une sorte d’inventaire fiscal analogue au katastichon byzantin : « Anno Domini ( ?) inveni in Lapsaco homines LX (50 chez 6. F. Thiriet, Romanie vénit., pp. 40-49. 7. Ibid., pp. 74-88. 8. Ibid., pp. 83-85 ; et John K. Fotheringham ; Marco Sanudo the conqueror of the Arcipelago, Oxford, 1915, notamment, pp. 52-62. 9. Tafel et Thomas, Urkunden zur âlteren Handels - und Staatengeschichte der Republik Venedig, Fontes rerum austriacarum, II, Vienne, 1856-57, vol. Il, pp. 208-209 (d’après le Liber Albus, IT. 50-51, sous le titre de Tributa Lampsacenorum et la date de 1219, obtenue par une simple référence aux documents qui encadrent celui qui nous intéresse). 10. De fait, le Liber Albus et le Liber Pactorum II, ff. 169-170 v, dérivent l’un et l’autre du Liber Pactorum I, ff. 157-158, comme le dit Borsari, Studi colon., cit. p. 114 ; il est donc préférable de l’utiliser.
424 MÉLANGES IVAN DUJCEV Tafel/Thomas) ; et reddent perpera LI et karatos. VI... » ; suivent les caté- gories des paysans, zeugarates (21 qui rapportent 208 hyperpères), boïdates (52; rapport = 251 hyp.), aktèmones (18; rapport = 48 hyp), apori (22 aKopoi ; rapport = 22 hyperpères) ; la somme globale s’établit ainsi à 681 hyperpères et 6 carats. Le vérificateur est sûrement un agent du Podestat vénitien de Constantinople, d’où le texte en latin et la transcription de tous les termes techniques grecs en langue latine. On distingue bien les soixante « hommes » des parèques de la campagne ; que représentent-ils ? Des habi- tants de la cité de Lampsaque, évidemment, mais déjà accoutumés à la présence vénitienne. Pourquoi ne seraient-ils pas, ces homines, des Vénitiens issus des nombreux mariages mixtes qui irritaient si fort les chroniqueurs byzantins contemporains?11. A ce titre, ils paient un impôt moins élevé, un peu moins d’un hyperpère par tête, que ce soit au titre du kapnikàn ou d’une autre taxe personnelle. Les autorités de la Commune à Constanti- nople les considèrent, en tout cas, avec faveur et comptent sur eux pour encadrer les autochtones. Au demeurant, le terme d'homo est souvent employé dans les documents vénitiens de la haute époque pour désigner des popolani, le terme de civis se trouvant réservé aux membres des grandes familles ou, à tout le moins, aux popolani de souche intégralement vénitienne. Ce n’était évidemment pas le cas des homines de Lampsaque qui préfigurent les gasmules de la période suivante. La situation paraissant très favorable aux Vénitiens, beaucoup de mar- chands s’établirent en Romanie pour y développer leur trafic au plus près des nouveaux marchés d’où se trouvèrent évincés les rivaux génois, au moins au cours des vingt ans qui séparèrent la victoire de 1204 des traités vénéto-génois de 1218-1223. Dans les documents publiés par Morozzo délia Rocca et Ant. Lombarde on trouve, pour le xme siècle, environ 500 noms de marchands vénitiens installés en Romanie vénéto-franque, de Durazzo à la Mer Noire12. Parmi eux un Matteo di Manzolo opère depuis Négrepont et de Candie13 et un Paolo Greco, Candiote décédé en 1225 qui laissa des affaires embrouillées ; c’est du moins ce que paraissent montrer les écritures de son cahier de Comptes examinées très attentivement par les autorités de la Commune. Ce cahier fait apparaître une sorte de 11. Et notamment, Kinnamos et Nicétas Choniate. V. Romanie véttit. cit., pp. 41-43. 12. Morozzo Della Rocca et A. Lomdardo, Document! del commercio veneziano dei secoli XI-XIII, Turin, 1940, vol. Il, passim ; aussi les Nuovi doeumenti commerciali del commercio veneziano, 1953, passim. 13. L’activité de Matteo di Manzolo est bien retracée dans le travail de Borsari, Studi colon., cit. pp. 108-109 (d’après les documents commerciaux publiés par Morozzo della Rocca et Ant. Lombardo).
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 425 spécialisation dans le transport de la laine entre la Crète et Venise ; en effet, sur les six débiteurs mentionnés dans les comptes de Paolo Greco, quatre lui doivent une somme de 49 hyperpères et 14 carats pour des avances consenties par le marchand candiote afin d’acquitter sans retard les frets dus pour des transports de laine. Les six débiteurs de Paolo Greco portent des noms illustres : Pietro Querini, Leone Deno, Marco Zeno, Angelo Gradenigo, Giovanni da Canal et Giovanni Foscolo14. Le réseau écono- mique est déjà bien en place, moins de quinze ans après l’occupation effec- tive de la Crète par des feudataires vénitiens15. La Commune ne se montre pas chiche et accorde assez libéralement le statut de Vénitien, et à parts entières, à des « Latins » et, même, à certains Grecs : le 12 mai 1248, Pietro da Milano, déjà bourgeois vénitien dans la seule cité de Négrepont, où il réside, est fait citoyen vénitien sans aucune restriction (et sit venetus in omnibus partibus...) : il pourra donc exercer le commerce par terre et par mer, avec tous les privilèges accordés aux citoyens de Venise16. Le 27 sep- tembre 1254, un décret analogue confère le statut de Vénitien à Filippo Vistariti, probablement un Vénéto-grec établi à Constantinople ; toutefois, avec prudence, la Commune assortit sa libéralité de deux conditions restric- tives : le privilège n’est attribué que pour la Romanie et Filippo Vistariti devra épouser une citoyenne vénitienne17. Les témoignages ne manquent pas, qui mentionnent des attributions de terres à des colons vénitiens, patriciens et simples citoyens. Ainsi, en 1256, un bien foncier est donné à Donato Moro, de la paroisse vénitienne de San Gervasio, et à ses héritiers pour une durée de 29 ans (24 mai 1256)18 ; le 18 mars 1258, la Commune concède à Aliodano Vital et à ses héritiers une terre vacante, située près du port de Négrepont ; cette fois la concession est déclarée perpétuelle et, le 4 juillet 1258, un décret complémentaire fixe le loyer annuel à un hyperpère19. Nouvelle concession, le 23 août, d’une 14. Ces documents sont empruntés au Liber comunis sive plegiorum (plegius = garant, celui qui verse une caution pour un autre), le premier livre conservé des délibérations du Grand Conseil, publiées par R Cessi, Deliberazioni del Maggior Consiglio di Venezia, Bologne, 3 vol. in-4°, ici t. I, n" 140 à 148 ; cf. aussi nos Délib. Ass. vénit., rubriques, n» XIII-XV. 15. Thiriet, ibid., rubrique n" XXV. 16. Sur cet apport massif d’éléments « latins», v. infra. 17. Thiriet, ibid., rubr. n° XXIX. 18. Ibid., rubr. n" XXXI (1256). 19. Ibid., rubr. n" XXXII (1258). On trouvera les textes complets de ces délibérations dans l’ouvrage signalé plus haut, de Cessi, auquel je renvoie toujours le lecteur dans mon édition des Délibérations des Assemblées vénit., cit. (avec le sigle Délib. Ass. vénit. et le n° de la rubrique ou du regeste.
426 MÉLANGES IVAN DUJCEV maison sise à Négrepont en faveur d’Enrico Trevisan, pour une durée de 29 ans et pour un loyer annuel de trois hyperpères20. Tous ces Vénitiens installés en Romanie sont riches ou, du moins, fort aisés. Deux exemples seulement : le 24 janvier 1256, un décret du Grand Conseil impose à tous les citoyens vénitiens installés en Romanie le prélèvement de 1 % récemment décidé sur le capital déclaré des Vénitiens ; il est précisé que les Vénitiens de Romanie seront assujettis à tous les emprunts publics (imprestiti) que la Commune se verrait contrainte de lever à l’avenir21. Cet additif permet de supposer le grand profit que comptait retirer la Commune de tous ses fils lotis en Romanie. Autre exemple, peut-être plus éclairant encore : le 25 septembre 1268, le Grand Conseil reconnaît une dette de 500 hyperpères souscrite par le prince d’Achaïe en faveur du noble Albertino Morosini ; trois mois plus tard, le 31 décembre 1268, Leonardo Venier, Procurateur de Saint-Marc, est autorisé à détenir une somme de mille livres, provenant de la succession de Pietro Marino de Crète22. Ajoutons que la plupart de ces Vénitiens ont pénétré profondément dans le monde féodal romaniote et ils l’ont fait grâce à un seul moyen : l’argent qu’ils gagnent, détiennent et prêtent à qui ils veulent. Ce n’est pas sans péril, car les débiteurs sont souvent récalcitrants. A preuve cette délibération du 28 mars 1272 qui envisage des moyens de pression, ou de rétorsion, à l’égard du prince d’Achaïe (Guillaume de Villehardouin) et du duc d’Athènes (Jean de la Roche), qui refusent à des nobles de la Cà Beligno la restitution de biens, à Marino Morosini et à ses frères, ainsi qu’à Gabriele Querini les dédommagements qui leur sont duspro debitis et rebus captis23. Le rôle commercial et financier des Vénitiens est tel qu’il suffit à la Commune d’interdire à ses ressortis- sants de trafiquer en un lieu donné, l’Empire byzantin en 1282-85, le Despotat d’Epire en 1284, pour y déclencher une certaine panique, en tout cas y créer de graves difficultés24. Tous ces documents témoignent d’une remarquable vigueur vénitienne en Romanie au cours du xme siècle, mais ils ne permettent pas de préciser leur nombre, de l’ordre de quelques milliers, sans aucun doute. Un seul 20. Ibid., rubr. n° XXXVII. 21. Ibid., rubr. nû XXXI. 22. Ibid., rubr. n° XXXVIII (1268). 23. Ibid., rubr. n" XLII (1272). 24. Ibid., rubr. n° LV, LXVI, LXXVI (1283), LXXXVI (17 juin 1284), et LXXXXI (17 août 1284 : Ordre est donné à Bono Grioni, consul vénitien à Corfou et Arta, d’inter- dire à tous les Vénitiens établis dans le Despotat de continuer leur trafic ou toute autre activité ; ceux qui résident dans le territoire soumis au despote (Nicéphore Ier Ange Comnène, 1271-1296) devront quitter ce pays au plus tôt.
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 427 territoire autorise plus de certitude, la Crète, où les difficultés de la conquête ont amené la Commune à pratiquer un système de colonisation militaire. Militaire est bien le mot qui convient puisque, dès 1211, les régions occupées par les Vénitiens furent réparties en milices (miliciaé), confiées à des Véni- tiens de souche, les morceaux les plus vastes à des patriciens, les plus petits à des popolani ; les premiers prirent le nom de chevaleries (cavalleriaé), les seconds, plus modestes, furent appelés sergenteries (seruenteriae)25. Observons bien ici qu’il s’agit d’un véritable transfert de population, puisque les partants furent désignés dans leur sestier d’origine, puis réins- tallés en Crète par groupements analogues aux sestiers vénitiens. A ces « feudataires » (feudati, aussi jeudatariï) furent confiées deux tâches prin- cipales ; tenir le pays conquis en encadrant les autochtones, d’autre part exploiter les terres concédées pour eux-mêmes et, surtout, pour leur mère- patrie26. Le plus intéressant est que nous avons des chiffres. En 1211, date de la première transplantation, on distribua 132 lots de chevalier et 48 lots de sergent, donc 180 en tout, chiffre auquel il faut ajouter les membres de la familia, parents et domestiques, au moins cinq par feudataire, soit IcO x 6 = 1 080. En 1222, nouveau flot de cent feudataires, tous lotis dans la région de Réthimo, soit 600 Vénitiens; un faible envoi en 1233, de 9 feudataires, soit 54 personnes; dernière concession importante en 1252 (le 29 avril) dans la région de La Canée, gravement dépeuplée par un violent séisme : 45 chevaliers et 6 sergents s’installent alors dans 75 milices réparties le long de la Côte NO. de l’île, soit environ 320 personnes. Au total, si l’on s’en tient à ces chiffres, un peu plus de 2 000 Vénitiens de pure souche (les fa- meux ossa de ossibus nostris...) vinrent habiter la Crète, afin d’y faire la police ; toutefois, sous certaines conditions, les feudataires étaient admis à faire du commerce27. De toute façon, ils participaient pleinement à la gestion de la grande île, comme le montrent bien tous les docu- ments, alors que les archontes grecs ralliés n’obtinrent jamais ce droit, sauf les Kalergis demeurés fidèles à Venise pendant la grande insur- rection de 1363-65, fomentée — oh douleur et dérision — par les plus 25. Sur tout cela, v. notre Romanie vénit., pp. 95-98 et 124-133. 26. D’où, à la longue, une grande amertume chez beaucoup de feudataires : sur ce point outre Romanie vénit., v. F. Thiriet, Sui dissidi sorti tra il Comune di Venezia e i suoi jeudatari di Creta nel Trecento, à consulter à présent dans le volume de Variorum Reprints, Londres, 1977 (étude n° VI, de nos Recherches sur la Romanie gréco-vénitienne). 27. Romanie vénit., pp. 133-139. Je réduis un peu le chiffre de 3 500 feudataires que j’ai donné dans cet ouvrage p. 131 ; il me semble un peu excessif en des temps où Venise ne dépassait pas 60 000/75 000 habitants.
428 MÉLANGES IVAN DUJCEV illustres des feudataires, les Venier et les Gradenigo en premier lieu28. Aux côtés des feudataires qui, participant tous aux Conseils de la Commune en Crète, résident la plus grande partie de l’année en ville, on rencontre beaucoup d’autres Vénitiens et des « Latini », nantis du statut de bourgeois (burgensis venetus noster), ou non. S’y ajoutent des « latins » étrangers ou habitatores, s’ils sont installés à demeure, ou forenses, s’ils ne font que des séjours, même prolongés29. Combien étaient-ils ? Aucun document ne nous le dit avec précision ; cependant, en retenant tous les noms de consonance « latine », c’est-à-dire italiens ou « francs », et en les affectant d’un coeffi- cient 4 pour tenir compte de leurs familles et des factores30, on aboutit à une dizaine de milliers de personnes, dont les trois-quarts sont Vénitiens ou naturalisés. Sur ce chiffre, 8000 demeurent en Crète, notamment à Candie, Réthimo et La Canée, ports actifs et fréquentés sur la route du Levant où l’on peut multiplier ses profits grâce au trafic lointain ; environ un millier d’autres résident à Négrepont ou à Oréos, face à l’active colonie vénitienne d’Halmyros et proche du château de Phtéléon, qui défend l’entrée du golfe de Volos31. Enfin, de 1 000 à 1 500 «latins» se trouvent répartis entre l’Archipel et Corfou ; les citoyens vénitiens représentent la moitié de ce chiffre car, sauf à Coron et Modon, ils ne sont plus chez eux. A ces quelques 10 000, plutôt plus que moins de ce nombre, il convient d’adjoindre les 2 000 habitants vénitiens ou protégés par la Commune qui ont leur principal établissement à Constantinople, et environ 800, répartis entre Trébizonde et le comptoir de La Tana, qui devient un centre commercial important, précisément vers la fin du xnie siècle. La fortune de ces bourgeois peut atteindre de jolies sommes. Après 150 ans de dimora stabile de sa famille, le Vénéto-Candiote Graziadeo da Benedetto lègue à ses héritiers, par testa- ment établi le 5 novembre 1390 par son notaire Angelo Traversario une somme globale de près de 10 000 hyperpères, plus des maisons et terrains fort appréciés, l’un d’eux étant situé en bordure de la rue principale de Candie (la ruga maistra)32. 28. Pour cette insurrection, v. notre Romanie vénit., pp. 174-176, et, pour en compren- dre la genèse, notre art. cit., Sui dissidi sorti... in Variorum Reprints, étude VL 29. Thiriet, Romanie vénit., pp. 268-271. 30. Je retiens le relevé établi à partir des index de mes Régestes, des Délib. Ass. vénit., et de certains notaires, publiés ou non (Pietro Scardon, da Brixano, Ang. Traversario, etc.). J’adopte un coefficient 4, plus faible que pour les feudataires (= 6), parce que, et les documents le montrent bien, la moitié des marchands sont célibataires ; d’autre part, ils ne disposent pas, ou très peu, de domestiques attachés à leur personne. 31. V. la carte in Romanie vénit., p. 94. 32. Romanie vénit., cit., pp. 282-3, et le plan de Candie, p. 267.
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 429 La fortune de Graziadeo da Benedetto apparaît déjà considérable ; bien entendu, il s’agit d’un marchand. Une foule de petits commerçants et plus encore, d’artisans avaient, de leur côté, gagné les terres de Romanie où l’existence devait sembler plus facile. Au reste, la Commune elle-même envoyait en Crète et à Négrepont des artisans tels que maréchaux-ferrants, calfats, charpentiers, tonneliers33 qui, une fois leur temps obligatoire de service passé, demeuraient dans la colonie, en Crète notamment où ils étaient assurés de conserver une clientèle. Il faut y ajouter ce que l’on peut appeler les techniciens : d’abord les médecins, physiciens et chirurgiens, qui sont envoyés de Venise ou recrutés sur place, pour les besoins des seuls Vénitiens, tel ce maître Bonazunta, physicien originaire de l’Eubée, que nous voyons au service des feudataires en 134734. Les amiraux (admirait) étaient les capitaines chargés de la police des ports et de la bonne conser- vation des arsenaux locaux : leur importance explique l’élection faite par les assemblées vénitiennes de la métropole35. Moins reluisants mais égale- ment nécessaires étaient les métiers du bâtiment, zapatores et cabavolizatores, souvent confiés aux seuls Vénitiens36. Enfin, il convient de tenir compte des officia, en grande partie liés à l’économie et à la fiscalité ou, encore, à la justice : des agents des Camériers ou des Avocats publics (Avvogadori di Comun) sont, en Crète, une bonne centaine à laquelle il faut ajouter un millier de petits officiales comunis, la plupart élus sur place et qui sont chargés de surveiller le trafic et les transactions, en compagnie des missetarii ou courtiers37 38 ; de même, les nombreuses charges d’avocats sont distribuées à Candie, à La Canée et dans les châteaux de Crète, où ils assistent les castellani3S. D’autres aident à la sécurité publique, en tant que capitanei pro furtis (en Crète, les vols étaient fréquents à la campagne), ou seigneurs de nuit (signori di notte). Inutile d’allonger cette liste déjà longue : on sait avec quelle minutie la Commune, la « Dominante » surveillait les hommes, 33. Nombreux témoignages dans nos Régestes du Sénat et nos Délibérations Ass. vénit., I, cit., not. n" 511 (19 juin 1345), texte p. 311 (aussi à propos de la nomination d’un maître d’école pour les jeunes Vénitiens de Candie), n° 550 (30 juillet 1348) et 572 (10 mars 1350). 34. Délib. Ass. vénit., I, n° 537 (31 mai 1347), 545 et 550 (février-juillet 1348) : alors, il est vrai, agit Vingens mortalitas, la Peste. 35. Ibid., n° 556 (4 janvier 1349 : commissio pour l’amiral de La Canée). 36. Ibid., n° 591 (9 janvier 1352). 37. Romanie vénit., cit., pp. 230-1 et 420, 433. 38. On sait que le Vénéto-Crétois Leonardo della Porta occupa cette charge (officium) d’Avocat à Candie, par décret du 10 mai 1389. V. l’étude de M.I. Manoussakas, Le poète Leonardo della Porta, in « Ep. de la Société des Etudes byzantines », Athènes, 1957, pp. 340-348 (en grec).
430 MÉLANGES IVAN DUJCEV leurs biens et leurs trafics39. Ajoutons, cependant, les troupes en garnison outre-mer, presque totalement constituées de soldats « latins » ou réputés tels40. Près de 1 500 hommes assuraient la garde en Crète, quantité bien insuffisante puisque, lors du soulèvement des feudataires candiotes, en 1363-64, il fallut engager 1 000 cavaliers et 2 000 fantassins et, en outre, 300 soldats anglais (Anglicï) pour les placer à la disposition de Luchino dal Verme, capitaine général des troupes envoyées contre les rebelles41. Soixante-dix ans auparavant, en 1294, alors qu’il fallait soutenir un pénible combat contre Alexis Kalergis, on s’était contenté d’envoyer 230 arbalètes, dont deux cents en bois « pour être distribuées aux feudataires et bourgeois de l’île » ; un peu plus tard, le 31 décembre 1298, un envoi de 500 cuirasses, 500 gants de maille, 500 casques, plus deux cents arbalètes à deux pieds et deux cents arbalètes à crochets, avec les munitions nécessaires42. Nous citons tous ces chiffres parce qu’ils renforcent notre opinion : il y avait, à la fin du xiiic siècle, 500 milites, au moins, donc en ajoutant les membres de leur famille et leurs valets d’armes (écuyers, etc.), environ de 2 000 à 2 500 feudataires, 3 000 au plus; j’entends bien 3 000 feudataires et leurs attinentes (membres de leur famille et domestiques). Tout cela prouve une légère progression sur les chiffres concernant les éléments envoyés de 1211 à 1252, progression due à la natalité et à la venue de parents autorisés à rejoindre leurs proches en Romanie, et surtout en Crète, où la Commune régnait sans aucun partage. Que la Commune de Venise s’occupât de ses feudataires de Crète est un fait bien connu et illustré par de fort nombreux documents43. Toutefois, ceux-ci ne sauraient faire illusion, car ces textes concernent, assez souvent, les mêmes personnes. Il faut donc prendre garde à ne les comptabiliser qu’une fois, sous peine de dénombrement trop généreux, donc faux. En second lieu, il convient de prendre garde qu’il existait aussi un clergé latin, Venise ayant introduit dans tous les territoires occupés l’Eglise catholique 39. Sur la Dominante , v. Romanie vénit., pp. 215-6, 305, 419-420. 40. Ibid., pp. 254-6 ; et dans nos Régestes Sénat, passim, notamment ce n° 492 p. 125, où les sénateurs enjoignent au Capitaine de Crète de licencier sans retard les soldats de souche grecque et, même, les soldats « latins » qui auraient épousé des Crétoises (10 février 1371). 41. Nos Délibérations Ass., t. II, n° 736 (29 janvier 1364) et 740 (11 février 1364), et l’appendice p. 273 (avec photographie du texte). 42. Délib. Ass., t. I, rubr. n° CLXXXV (28 janvier 1294) et CCXVI (31 décembre 1298). 43. Ibid., rég. n° 370 et p. 303 (15 mars 1317) et n° 392 et p. 304-5 (10 décembre 1317), et l’index s.v. « feudataires».
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 431 romaine, afin de mieux l’associer à son destin colonial et de permettre aux Latins immigrés en Romanie orthodoxe de pratiquer leur foi44. Cependant ce clergé latin fut toujours moins nombreux : de plusieurs milliers au lende- main de la victoire vénéto-franque de 1204, le nombre des clercs et religieux latins et catholiques ne cessa de diminuer après 1261, quand le Patriarche latin de Constantinople dut s’enfuir pour, finalement, s’établir à Négrepont, à l’ombre de la puissance vénitienne. Le nombre de ces clercs tomba à quelques centaines lors du Grand Schisme, à la fin du xive siècle45. Encore tous ces religieux et prêtres étaient-ils de souche vénitienne, la Commune désirant utiliser le clergé latin comme l’instrument de sa domination et se souciant assez peu, dans cette perspective, de l’opinion du Siège romain46. Au lendemain de la Peste Noire, donc à la fin de l’année 1348, la popu- lation des terres romaniotes a nettement fléchi ; le fléau n’a toutefois pas frappé partout avec la même vigueur. S’il entraîne des pertes relativement lourdes dans les villes (un sur trois, disent les documents), il a peu touché les campagnes, où les feudataires vénitiens, d’ailleurs astreints à résider au plus près de leurs miliciae, ont trouvé un refuge47 ; de toute façon, la Com- mune s’est préoccupée, en premier lieu, de repeupler les cités crétoises et la ville de Négrepont ; il en fut de même après l’épidémie de 1362 et celle de 139748. Les mesures sont, à chaque fois, en faveur de forenses latini auxquels le décret sénatorial va jusqu’à conférer le statut de citoyens véni- tiens, toujours très envié puisqu’il permettait de pratiquer le grand commerce maritime et, par cela même, pouvait ouvrir aux nouveaux venus la voie du profit49. Mais nous n’avons pas les dénombrements exacts de ces immi- grants et devons procéder, avec prudence, à l’examen des noms cités dans nos textes, parfois avec la mention « novus civis noster », information pré- cieuse mais très rare. Les habitudes médiévales ne portaient pas à recenser les gens, même dans un Etat aussi strict et aussi centralisé que la Commune de Venise. Les difficultés que rencontra la Seigneurie lors du transfert 44. Sur l’Eglise latine en Romanie, v. Romanie vénit., pp. 283-6. 45. Ibid., et F. Thiriet, Le zèle religieux d'un Franciscain crétois et la riposte de Venise, réimpr. in Variorum Reprints, cit. étude n" XII. 46. On sait que la Commune n’accordait aucun privilège fiscal à l’Eglise latine ni à ses membres ; sur le peu de cas que le gouvernement vénitien faisait du Saint Siège, cf. la lettre écrite en 1309, extraite des Commemoriali et publiée par le Diplomatatium veneto-levantinum, T. I, pp. 79-81. 47. Romanie vénit., p. 262 ; et nos Rég. Sénat, I, n° 214 (12 août 1348). 48. Ibid., n» 455 (18 mars 1368) et 555 (27 février 1375). 49. Ibid., n° 106 (27 juin 1340).
432 MÉLANGES IVAN DUJCEV des habitants de la petite île de Ténédos en Eubée et en Crète viennent bien du flou du recensement opéré par les magistrats envoyés là-bas50. Revenons un instant sur la catégorie la mieux définie et la plus connue, les feudataires de Crète. Pour l’évaluer d’une façon sûre, nous disposons, outre des documents déjà cités et relatifs aux grands transferts initiaux du xme siècle, des listes des membres du Grand Conseil de Candie. Ces person- nages étaient choisis, chaque année au mois de décembre, par le duc de Crète, ses deux conseillers, assistés des camériers et, plus tard du capitaine de Crète, soit un Collège de sept membres. Or le registre conservé des Déli- bérations du Grand Conseil candiote fournit les noms des élus, souvent les mêmes car, au moins, après trois années, il fallait bien reprendre les nobles notoirement connus et de souche vraiment vénitienne ; il est vrai que l’on pouvait choisir des nobles vénitiens en résidence provisoire à Candie, comme le prouve la liste que j ’ai publiée, concernant le choix du Regimen pour 1360. Sur les 334 membres élus le 4 décembre 1359, quinze seulement ne sont pas établis dans l’île et sont notés de Venetiis, de Ragusio (deux) ; de Clugia (Chioggia, un) et de Abatia (Abbazia, aujourd’hui Opatija, en Istrie : un), de Mélos (un certain Zanachi Partegon dictus Molinensis) ; tous les autres sont des Vénitiens de Crète, feudataires qui portent les plus grands noms de la noblesse vénitienne, des Querini, des Gradenigo, des Venier, des Corner, des Ghisi (également possessionnés dans l’Archipel)51, des Barbarigo, des Sanudo, des Foscolo, des Badoer, des Trevisan, des Molino ou, mieux, des da Molin, des Dandolo, des Mudazzo (ou Muazzo), des Tron, des Polo, des Giustinian, des Avonal, des Zancaruolo, des Fos- carini, des Gritti, des da Canal, et alii. On peut bien dire que tous les noms des grandes familles figurent sur ces listes, à côté de quelques représentants de maisons moins illustres et même de simples popolani, semble-t-il52. Mais, pour les noms des sénateurs, ces rogati, ces « appelés » ou « convo- qués » pour évoquer les problèmes fondamentaux de la politique insulaire, 50. Cf. F. Thiriet, Venise et l'occupation de Ténédos, à présent réimpr. in Variorum Reprints, étude n° III. Je compte reprendre la question du transfert de populations dans les prochains Mélanges offerts à P. Lemerle. 51. Sur les Ghisi, outre nos Régestes Sénat, index s.v. Ghisi, v. le travail approfondi dû au regretté P. R.J. LoenërTZ, Les Ghisi, dynastes vénitiens dans T Archipel (1207-1390), Florence-Venise, 1975. 52. Ainsi les noms de baptême accompagnés du seul patronyme ( = quondam N...) comme Paolo da Ruggiero, ou encore, les noms de baptême suivis du nom de la ville d’origine et de résidence habituelle, tels ces deux Zanachi, l’un du Grado et l’autre de Clugia (= Chioggia). V. dans nos Délib. Ass. vénit. I, n° 660(4 décembre 1359) et, mieux la liste intégrale p. 315-318.
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 433 en liaison étroite avec les intentions de la métropole53, tous désignés le 31 décembre 1359, c’est-à-dire près d’un mois après le choix des membres du Grand Conseil candiote, nous ne voyons que les noms de la plus pure aristocratie vénitienne : parmi eux, deux Bragadin, trois Corner, quatre Dandolo, deux Contarini, deux Gradenigo, trois Mudazzo, trois da Molin, quatre Querini, deux Pasqualigo, quatre Venier, trois Trevisan, deux Grima- ni et un Zancaruolo54. Cette liste manifeste bien l’influence des case Corner, Dandolo, Mudazzo, Querini, Venier et Trevisan sur la politique générale suivie par le Regimen crétois, influence encore mieux soulignée par les détails des scrutins dans le Sénat de Candie55. Pour notre propos, il y a mieux. En effet, puisque le nombre total des membres du Grand Conseil de l’île est toujours compris entre 330 et 340 par an (en 1359-60, il atteint 334) et que l’on ne retrouve les noms de ces personnages que tous les trois à quatre années, on peut affirmer, avec une marge d’erreur minimale, que le nombre des feudataires atteignait bien le chiffre de 1 000 à 1 200, soit, en multipliant par le coefficient 6, que nous avons retenu plus haut, de 6 000 à 6 500 Vénitiens d’origine noble au lende- main de la grande Peste de 1348. C’est la preuve d’une belle vitalité qu’il faut bien attribuer aux meilleures conditions d’hygiène, aux médecins affectés au service des seuls Vénitiens feudati56 57 et, enfin, aux mérites singu- liers des campagnes crétoises où la plupart des feudataires trouvèrent un sûr refuge pendant le terrible été de l’an 1348. Le grand air, l’altitude et le soleil dissipèrent vite les miasmes sinistres des plaines littorales et de leurs agglomérati ons urbaines5 7. Au quinzième siècle, les chiffres intéressent davantage les autorités véni- tiennes comme les voyageurs. C’est ainsi que le célèbre Emmanuel Piloti, né en Crète et fervent propagandiste pour une croisade destinée, par l’atta- que et la prise d’Alexandrie, à reprendre les Lieux Saints, fait de Palèo- castro le pivot crétois de la flotte chrétienne. Celle-ci, bien entendu, sera 53. Celle-ci est tenue constamment au courant par les informations reçues de Crète (cf. la série Missive e responsive de VArchivio del Duca di Candia, ASV, et la série Ducali e lettere ricevute, du même dépôt, qui contient les mandements adressés par la Commune au Rêgimen crétois). 54. V. cette liste in Délib. Ass. vénit., I, pp. 319-322. 55. Ibid., stt. rég. n° 516, 531, 538, 560, 593, 619, 654-5 et 688. 56. Ibid., notamment les rég. n° 521, 537, 545-6, 550, 589 et 649. 57. Evitons tout triomphalisme : les pertes furent assez lourdes comme le prouvent nos rég. n° 545-6, 550, 553, 562 et 592 (1348- à 1352) ; mais les feudataires ont beaucoup mieux résisté à l’épidémie, en raison des mesures prises pour les soigner (v. stt notre rég. n° 550, qui manifeste parfaitement à la fois l’affolement des feudataires et les grandes précautions qu’ils prennent pour échapper au fléau).
434 MÉLANGES IVAN DUJCEV armée à Palèocastro (proche de la magnifique baie de La Sude) et pourrait se composer de 25 galères et de 10 autres grands vaisseaux ou «naves», chacune montée par 300 hommes. 300 x 10 = 3 000, certainement tous bons latini et désireux d’en découdre avec les Musulmans. Nous sommes en 1420 ; soixante-dix ans après, en 1490, le pèlerin français Philippe de Voisins, qui séjourna en Crète sur la route de la Palestine, évoque les 14 000 casalia et parle des 7 000 Vénitiens de l’île58. Joints aux quelque 3 000 autres Latins, nous pouvons parler d’une dizaine de milliers de résidents d’origine latine, sans doute même un peu plus. Le chiffre a baissé, en raison des épidé- mies et de la grave révolte de Siphi Vlastos qui, en 1453-1454, donna beaucoup de mal à la Seigneurie dans le district de Réthimo, précisément là où une forte concentration de patriciens vénitiens avait été relevée peu d’années auparavant59. Dans son travail sur les pays grecs sous la domination vénitienne60, G. Ploumidis donne quelques statistiques, parfaitement valables pour les quatre premières décennies du xvie siècle, à l’exception, toutefois, du nom- bre concernant la population totale de la Crète en 1510, fourni sur la foi de Marino Sanudo le Jeune61 : il est impensable que la Crète ait atteint, en 1510, les 300 000 habitants ; en revanche, le total donné par un document plus officiel de 175 268 habitants me paraît correct pour 153462 ; de même, le recensement opéré en 1576-77 par le provéditeur Foscarini et qui nous donne, outre une population de 184 000 Grecs, 407 familles vénitiennes établies dans leurs chevaleries ou cavalleriae, soit, si l’on multiplie par six, nous donne le chiffre total de 2442, absolument conforme à ce que l’on sait de l’évolution de la population «noble» dans l’île de Crète, compte tenu de sa stagnation, en raison des tremblements de terre du 29 mai 1508, très meurtrier, et de 1517, infiniment moins grave, mais bien ressenti à Candie; quant aux séismes du 9 avril 1522 et du 6 novembre 1531, s’ils furent sensibles dans l’île entière, ils firent beaucoup moins de dégâts63. Pour l’année 1629, donc peu de temps avant la conquête ottomane, le 58. 14 000 casaux est impossible à admettre ; il convient de ne retenir que le dixième, soit 1 400. Ces données sont rassemblées dans un art. dû à la regrettée D. Iliadou, La Crète sous la domination vénitienne et lors de la conquête turque (1322-1684), « Studi venez ». IX, (1967), pp. 553-623. 59. Cf. F. Thiriet, Réthimo et son district au XVe siècle, maintenant réimpr. in Vario- riunt Reprints, recueil cit., étude n° XVI. 60. In Oi BevEToxqm. é/./. '/fririe;, op. cit., pp. 40-42. 61. Marino Sanudu Le Jeune, Diarii (1496-1533), t. II, p. 349 (éd. de Venise, 1879- 1903). 62. ASV., Collegio, Relazioni, busta 61. 63, Ploumidis, op. cit., p. 43 et la note 1, où l’auteur indique bien ses sources.
IMMIGRÉS LATINS EN ROMANIE GRÉCO-VÉNITIENNE 435 chiffre fourni par Basilicata dans sa description de la Crète est remonté à 479 cavaleriae, soit 2894 feudatarii vénitiens, d’ailleurs en partie fortement hellénisés. Et dans le reste de la Romanie gréco-vénitienne ? Les chiffres donnés par Marino Sanudo le Jeune pour les trois premières décennies du xvie siècle, que reprend G. Ploumidis, sans les critiquer d’ailleurs, sont les suivants : en 1505-1506, Corfou avait 15 700 habitants; en 1510, 30 000, dont 13 200 pour la* cité; ce deuxième chiffre, seul, nous paraît digne de foi, étant donné que celui fourni par C. Sathas pour la ville de Corfou, en 1534, correctement recensé, est de 14 246 (7 421 femmes et 6 825 hommes). Pour Zante, les chiffres indiqués sont plus homogènes, passant de 20 000 habitants en 1515 à 24 700 en 153464, progression acceptable puisque, au cours de ce quart de siècle, il n’y eut pas d’épidémie et que le séisme du 16 août 1521, assez faible, n’entraîna que peu de destruction et de victimes. Pour le territoire de Nauplie, nous ne retiendrons que les chiffres de 1525, soit 8 249 habitants dans la ville, et de 1529, soit 9 431 habitants dans la cité (13 299 dans le territoire entier). Tous ces chiffres, rapportés par C. Sathas d’après les relazioni faites au Sénat, peuvent être acceptés, leur marge d’erreur restant très faible, à tout prendre65. Après 1550, on entre déjà dans Père pré-statistique : les calculs devien- nent plus méthodiques et les dénombrements plus sérieux. Nous avons tenté, pour notre part, d’établir un certain nombre de données à partir de sources incontestables. Or, répétons-le, ces documents restent peu nom- breux pour la haute époque (fin du xne siècle jusqu’au milieu du xve siècle) : non que l’on méprisât absolument les données chiffrées (nous connaissons les recensements périodiques des parèques-t>i7/ani et nous savons combien de prix la Commune attachait au recrutement d’une main-d’œuvre nom- breuse et capable)66. Mais les chiffres fournis par l’anagraphe sont, quand on les connaît, ou relatifs à de petits villages où résident les choriatikoi (/copiomxol), ou bien, au contraire, ils sont donnés pour un territoire assez 64. Ibid., p. 41, et Sanudo, op. cit., t. 5, p. 854 ; t. II, p. 69 ; pour 1534, C. Sathas, MvTipeïa rfjç Ë/./.r/v. îaroplaç, t. 6, p. 296 (à Corfou), t. 6, p. 263 (à Zante), aussi, toujours pour la population de Zante, ASV, Collegio Relazioni, busta 61 (rapport de Matteo Barbarigo au Sénat, fait le 22 décembre 1534). 65. Sathas, op. cit., t. 6, pp. 245-248, et ASV., Relazioni al Collegio, busta 61 (et Sanudo, Diarii, t. 56, 168). 66. Notre art. cit., La condition paysanne..., in Variorum Repeints, notre ét. n" XII ; et la décision du Sénat vénitien du 12 août 1348, in Regestes Sénat., I, n° 214 ; et l’expres- sion « Reduci et populari loca nostra Romanie», afin d’obtenir une main-d’œuvre suffi- sante.
436 MÉLANGES IVAN DUJCEV vaste mais ils sont, dans ce cas, toujours faux puisque beaucoup de parèques s’enfuient dans les montagnes (en Crète) ou dans le territoire voisin (les parèques de Coron-Modon se réfugient dans le pays appartenant au Despote de Morée, ceux de l’Eubée ont le choix entre le Duché d’Athènes et le Duché égéen de l’Archipel). Ces translations sont permanentes, certes, mais se font plus massives à la veille du recensement67. Mais ces données regardent la population paysanne, entièrement grecque. Pour évaluer la population immigrée et, notamment, les éléments « latins » il faut s’en remettre au comptage, patient et méthodique, des noms de conso- nance latino-franque ou italo-franque, en prenant bien garde au nom de baptême (l’actuel « prénom ») et au nom patronymique. La tâche est rela- tivement facile quand il s’agit des noms « nobles » ; elle devient peu commode pour les popolani, artisans de Venise ou du Veneto, marins italiens, et tous ces petits officiales comunis, si nombreux en Crète. Vers 1350-1450, époque de calme relatif (épidémies moins fortes et séismes moins nombreux et, surtout, moins meurtriers)68, on peut évaluer le nombre des Latins catho- liques romains à 20 000 résidents environ, dont une bonne moitié en Crète. Le chiffre peut paraître faible ou médiocre ; c’est cependant le seul qui décou- le d’un comptage sérieux et, croyons-nous, assez complet. Saujon, 31 août 1977. 67. Parfois, Venise réagissait en « naturalisant» les parèques d’autrui (ainsi, in Délib. Ass. vénit., cit., t. Il, n° 935, 1396 : à propos des villani du Prince d’Achaïe qui s’étaient réfugiés à Modon et ont été faits « parèques de la Commune », dont le Prince réclame la restitution). 68. Mais non moins spectaculaires, comme le montre le récit fait par le capitaine du Golfe Zuan Contarini, dans sa lettre du 30 août 1402 (écrite à son cousin Domenico Soranzo, alors à Damas) et dont j’ai donné le texte intégral dans ma Romanie vénit., cit., pp. 5-7.
CATHARES ET MOINES BASILIENS Christine THOUZELLIER Il y a plus d’un siècle (1867), un historien serbe B. Petranovic comparant le rite de profession religieuse pratiqué par les moines orthodoxes avec la cérémonie du consolamentum cathare aux xiie-xme siècles en avait relevé les parallèles'. Faisant les mêmes observations, Mme M. Miletic en dédui- sait plus tard que le rite des hérétiques médiévaux ne serait autre que celui de ces moines slavo-orthodoxes1 2. Tout récemment, Jean Duvernoy, revenant sur le sujet, adopte les thèses de ses prédécesseurs3. Au cours des siècles, la création et l’organisation des ordres monastiques présentent évidemment bien des similitudes entre les règles imposées aux religieux les plus divers : que ce soit en matière de discipline, austérité de vie, liturgie et même hiérarchie. En approfondissant ses investigations, Mme Miletic en arrive à penser que le terme de 'Krstjanï ou 'chrétiens’, donné aux moines basiliens selon la règle de saint Basile — appellation que revendiquent les dualistes albigeois et 'albanenses' d’Italie — confirme cette analogie4. J. Duvernoy reprend ces idées à son compte, en les aggravant par certaines considérations : « Le catharisme, écrit-il, a été organisé sous une forme monastique manifestement basilienne » et, il rapproche les cathares — il s’agit bien sûr des parfaits — «des 'moines origénistes’ 1. B. Petranovic, Bogomili. Crkva bosanska i Krstjani, Zadar 1867, p. 75-78. 2. Maja Miletic, I « Krstjani » di Bosnia alla luce dei loro monumenti di Pietra (Orientalia christiana Analecta 149), Roma, 1957, p. 74-79 et notes, 180. 3. Jean Duvernoy, Le catharisme : la religion des cathares, Toulouse 1976, p. 380-381. Voir notre compte-rendu de cet ouvrage dans la «Revue de l’Histoire des religions, » 193, 2 (1978) pp. 218-225. 4. M. MlLETïé, / ' Krstjani ’, p. 66-82.
438 MÉLANGES IVAN DUJCEV condamnés aux tournants des ive et Ve siècles puis, plus officiellement, par Justinien en 553 »5. Nous avons dernièrement consacré toute une étude à ce soi-disant problème, ignorant encore la position de J. Duvernoy6. Les cathares dénient toute valeur au baptême d’eau, conféré par Jean- Baptiste avec une matière créée par le diable et qui s’oppose au baptême du Christ ou don de l’Esprit-Saint7. Ils administrent ce sacrement au cours d’une cérémonie précédée de nombreuses révérences et oraisons, d’une absolution générale : rites de purification du ministre et de l’assemblée qui vont ensemble procéder au baptême. L’officiant prépare ensuite la table avec le Livre ou Évangile que, s’étant approché, le récipiendaire reçoit de ses mains en faisant trois révérences. Le ministre l’interroge sur son désir de recevoir le baptême spirituel par l’imposition des mains des ’bos homes' ou parfaits et leur intercession ; à l’acquiescement du croyant, il prononce l’homélie. Le célébrant enseigne ensuite au postulant la règle morale qu’il doit s’engager à suivre : amour de Dieu et du prochain, obéissance à Dieu et à l’Eglise, soumission à la loi obligatoire d’abstinence et de chasteté8. Après cette longue exhortation, le ministre prend le Livre des mains du croyant qui, interrogé une seconde fois, réitère son consentement et prie humblement Dieu de lui faire grâce et miséricorde pour ses péchés. Au nom de Dieu, en le sien personnel et celui de l'Église, l’officiant lui accorde le 'perdomtrn, véritable absolution générale donnée au requérant par l’assem- blée des 'chrétiens’ présents9. Ces préambules propitiatoires achevés, le croyant se lève, pose la main sur la table devant le célébrant qui lui impose le Livre sur la tête. A ce moment, les autres clercs et l’assemblée chrétienne (ensemble des parfaits), lui imposent la main droite, tandis que l’officiant prononce les prières rituelles et l’Évangile de Jean (I, 1-17) suivi d’oraisons. Le nouveau 'chrétien’ embrasse le Livre, fait plusieurs révérences, dit des invocations, témoigne sa reconnaissance à l’officiant. Tous les assistants reçoivent le 'service’ ou apparelhamentum, confession générale des parfaits qui, pour finir, se donnent mutuellement le baiser de paix10. 5. J. Duvernoy, Catharisme, p. 387. 6. Ch. Thouzellier, Rituel cathare. Introduction, Texte critique, Traduction et Notes (Sources chrétiennes, 236), Paris, 1977, p. 184-192 ( = Rituel), cf. notre recension op. cit. (n. 3). 7. Moneta de Cremone, Adversus Catharos et Valdenses, éd. Th.-A. Ricchini, Rome 1743 ; rééd. anastatique, Ridgewood (New Jersey, U.S.A.), 1964, p. 278-279. 8. Rituel, § 7-13, p. 222-265 ; et p. 88 sq. et notes correspondant au Rituel provençal. 9. Rituel § 14, 1-25, p. 254-257, et p. 92 et notes. 10. Rituel § 14, 26-54, p. 256-261, et p. 92-95 et notes.
CATHARES ET MOINES BASILIENS 439 D’après le Rituel provençal11 et le récit d’Ermengaud de Béziers12, B. Petranovic déclare que le consolamentum cathare a pour modèle le rite de profession religieuse de l’église orthodoxe13. S’inspirant de Charles Schmidt, il signale l’édition du Rituel provençal de Cunitz et compare le texte d’Ermengaud sur le consolamentum cathare avec le 'Trebnik’, ou rituel de l’église orthodoxe, qui décrit la cérémonie de la prise d’habit dans les monastères orthodoxes14. « Il est évident, écrit-il, que les fondateurs de l’hérésie (cathare), en instaurant le consolamentum (ou cérémonie concernant la réception des néophytes), ont eu sous les yeux le rituel monas- tique à l’usage de l’église orthodoxe»15. L’auteur ne donne aucune précision de date ou de manuscrit sur ce 'Trebnik’ qui peut, aussi bien, être du xive siècle et conçu d’après des modèles bulgare et grec antérieurs. De ce fait, on n’est pas en mesure de le comparer avec les rituels latin et provençal plus anciens des cathares médié- vaux. En outre sauf l’engagement d’une vie plus parfaite dont le célébrant prescrit les règles au postulant et le baiser de paix, rien ne justifie cette hypothèse dans la description que le Pseudo-Denys donne de la profession monacale vers la fin du ve - début du vie siècle : « Debout derrière le prêtre qui récite l’invocation monastique devant l’autel, le postulant ne fléchit aucun genou. A son intention, l’officiant prononce la prière de consécration, mais ne lui impose pas les Écritures sur la tête. Ayant reçu son engagement, il le marque du signe de la croix, lui confère la tonsure en invoquant la Trinité et le revêt (dépouillé de ses vêtements) d’un nouvel habit. Avec la pieuse assemblée, il lui donne le baiser de paix et le fait participer aux mystères divins. »16. La cérémonie du Livre, chère aux dualistes, n’apparaît point, pas plus 11. Rituel provençal, éd. L. ClÉdat, Le Nouveau Testament traduit au xm' siècle en langue provençale, suivi d’un rituel cathare (Photolithographie. Bibliothèque de la Faculté des Lettres de Lyon, IV), Paris 1887 ; rééd. anastatique, Genève 1968, p. 470a s. : consolamentum, p. 475”, 1. 20 - 479b 1. 6 ; consolamentum des mourants, p. 480a- 482b. Voir Rituel, Appendice n° 22, p. 290 s., planche VIL 12. Ermengaud, Contra haereticos cap. 14, Patrologie latine (= PL), 204, 1262 A-B. 13. B. Petranovic, Bogomili, p. 75-78. 14. Ch. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des cathares ou Albigeois, t. Il, Paris-Genève 1849, p. 128. E. Cunitz, Ein Katarisches Rituale (Beitrage zu den theolo- gischen Wissenschaften, IV), léna 1852, p. 59 sq. B. Petranovic, Bogomili, p. 78, n. 2. 15. B. Petranovic, Bogomili, p. 76, I. 3-7. 16. Denys-L’Areopagite, De ecclesiastica hierarchia VI, 3, Patrologie grecque (= PG) 3, 533 A-B. Voir R. Roques, Eléments pour une théologie de l’état monastique selon Denys TAréopagite, dans Théologie de la vie monastique (Théologie 49), Paris 1961, p. 284- 285. M. Wawryk, Initiatio monastica in liturgia byzantina (Orientalia christiana Analecta, 180), Roma 1968, p. 62-63 et commentaires p. 63-68. Rituel cathare, éd. Ch. Thouzellier, p. 188-189.
440 MÉLANGES IVAN DUJCEV l’imposition de l’Évangile sur la tête du récipiendaire, que la lecture de Jean I, 1-17 ; il en est de même pour l’imposition des mains dont s’abstiennent l’officiant et l’assemblée : deux actes spécifiques du consolamentum cathare. Comparant les rituels cathare et russo-orthodoxe, Mme Miletic en tire, à bon droit, plusieurs parallèles. Mais, si elle se réfère en général à une «antique tradition monastique» et, semble-t-il, plutôt dans l’ordre béné- dictin du Mont-Cassin, elle n’émet pas les hypothèses que, maladroitement, lui prête J. Duvernoy, d’un parallélisme du Rituel cathare avec les pré- tendues règles de saint Basile17. Dans son Asceticon, le saint ne fait jamais mention d’une imposition du Livre sur la tête du néophyte et, selon les enquêtes menées par d’érudits spécialistes, aucun rituel monastique byzantin n’y fait allusion171”5. L’ascèse de vie et les oraisons imposées à quiconque s’incorpore à un ordre religieux et communes à tous les groupements monastiques, chrétiens ou non (même bouddhistes), n’impliquent pas une identité de rite. On peut entrevoir des rapports entre les cérémonies qui inaugurent l’entrée d’un postulant dans un ordre donné, mais les comparaisons, que B. Petranovic et Mme Miletic suggèrent en regard des cathares et des moines orthodoxes, ne font qu’accentuer leurs différences18. Fondateur des premières communautés de moines, S. Pachôme (f 346) a voulu entraîner ses frères à imiter la vie des premiers chrétiens de Jérusalem engagés envers Dieu par Je baptême. La profession religieuse n’est nullement un second baptême et n’offre guère de liturgie : devenir moine c’est prendre l’habit, revêtir le 'schème’. La cérémonie pachômienne se limite pour l’impétrant à une vêture d’habit monacal suivie d’un engagement formel d’obéissance, de pureté, d’interdiction de vol, faux-serment, mensonge, etc. Qu’elle soit de type byzantin, arménien, chaldéen ou syrien oriental, syrien occidental, copte, la profession monacale est, en dehors de la tonsure, centrée sur la vêture19. Quant à Basile, qui n’a jamais fondé de monastère, son idéal le poussait à mener une vie d’ascèse en Cappadoce, dans le sillon d’Eustathe de Sébaste (f 389). Voulant réformer l’Êglise, celui-ci, misérablement vêtu prônait 17. M. Miletic, / ' Krstjani p. 74-78 et p. 81, note. J. Duvernoy, Catharisme, p. 380. I Ibis. P. Raffin, Les rituels orientaux, cf. infra, note 19. Ceci nous a été encore confirmé par MM. J. Gouillard et J. Paramelle, qui font autorité. 18. Rituel, p. 188-189. M. Wawryk, Initiatio monastica, p. 49-54 ; p. 121-126, 187-190. 19. F. Halkin, Sancti Pachomii Vitae Graecae § 24-25 (Subsidia hagiographia 19), Bruxelles 1932, p. 14-16. P. Raffin, Les rituels orientaux de la profession monastique (Spiritualité Orientale 4), ronéot. Abbaye de Bellefontaine 1968, 2' éd. 1974, p. 13-14, 15-16 et passim. Tableau comparatif, p. 143-144, 154-159.
CATHARES ET MOINES BASILIENS 441 le célibat, la pauvreté totale qu’il imposait à ses disciples, recrues de tous genres : gens mariés, débiteurs, esclaves, enclins à s’affranchir du cadre social et à se livrer à des excentricités20. Très vite, Basile en comprit les dangers et se stabilisa dans la voie de l’Évangile qui lui inspira les Règles morales. Visitant les disciples d’Eustathe, il répondait à leurs questions et ses réponses improvisées constituent V Asceticon, dénommé à tort 'Petites et Grandes Règles’21. On devrait donc éviter de parler de 'Règle’ de saint Basile22 qui n’a pas voulu en donner, ni fonder un ordre. L’emploi du terme 'chrétien’ peut susciter aussi des parallélismes entre la dénomination des cathares et celle des moines basiliens23. Les dualistes se désignent souvent ainsi, notamment dans leur Rituel24. D’usage général en Asie Mineure, spécialement en Syrie du Nord, l’expression ^ptoTiavôç, fréquente dans V Asceticon, est conforme à la pensée de son auteur. Bien qu’on lise parfois la mention de « moines », comme dans le sermon sur la renonciation au siècle, ou au hasard de ses recommandations25, saint Basile n’a guère appliqué à ses interlocuteurs le nom de « moines » qu’il a rigoureusement proscrit, en faveur de celui de «chrétiens»26 27, tenus à vivre selon l’Évangile et en esprit de charité. De même, les fratrum societates21, ou communautés auxquelles il s’adresse, n’ont rien d’une ascèse monacale qu’il interdit: ce sont des fraternités de chrétiens intégrés au clergé et pratiquant le renoncement évangélique de pauvreté, obéissance et chasteté : idéal accessible aux chrétiens vivant dans le monde et s’adonnant aux œuvres de charité28. 20. J. Gkibomont, Eustathe de Sébaste, dans Dict. de Spiritualité, IV, 2, Paris 1961, 1708-1712. 21. J. Gribomont, Le monachisme au IVe s. en Asie Mineure: de Gangres au Messa- lianisnie, dans Studia Patristica II (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der Abtchristlichen Literatur, 64), Berlin 1957, p. 400-415. ID, Les Règles Morales de saint Basile et le Nouveau Testament, ibid., p. 416-426. 22. Malgré l’usage fréquent de certains auteurs : M. Miletic, I ' Krstjani ’, p. 58-59 et passim et, à sa suite, J. Duvernoy, Catharisme, p. 380. 23. M. Miletic, I ' Krstjani ’, p. 66 s. 24. Rituel, éd. Ch. Thouzellier, Voir Index, p. 331, Christianus... 25. Basile de Césarée, Sermo de renuntiatione seculi, PG 31, 625 CD : « TrpoaSpapieïv Tùj’aTaupoçopocp [3iù> râv [lova’/côv » Voir aussi Regulae fusius tractatae, ibid., 1003 C : « sive in augendo monachorum numéro » (tcôv àSeXçœv). 26. ID. Morelia, Tàv /g/anaw»', Régula 38, 1 ; 53, 1 ; 59, 1 ; 62,3 ; 63,1 etc. PG 31, 757 C, 780 A, 792 B, 800 C, D. Voir Rituel, p. 186 et notes. 27. Basile de Césarée, Regulae brevius tractatae cap. 85, 94, 102, 106, 181, 284-286, 303-304, 308, etc. PG 31, 1060-1077 passim a8eX<p6r»)ç, 1144-1301. M. Miletiô, I ' Krstjani ’, p. 58, n. 2. 28. J. Gribomont, Obéissance et Evangile selon saint Basile le Grand, dans La vie spirituelle, supplément, t. 20-23, 1952, p. 192-215.
442 MÉLANGES IVAN DUJCEV Le rôle de saint Basile, écrit à bon droit Dom Gribomont « fut de main- tenir pleinement intègre dans la grande Église le radicalisme ascétique des disciples d’Eustathe » condamné au concile de Gangres vers 340, « en mettant en puissant relief les exigences chrétiennes essentielles centrées sur les engagements baptismaux ». « Sa vocation fut de purifier l’enthousiasme eustathien en le ramenant constamment au Nouveau Testament »29. Dans ces conditions, malgré des analogies de termes prêtant à confusion, on ne saurait en rien envisager quelque rapport entre les communautés cathares et les fraternités de saint Basile. Nonobstant l’identité des appella- tions et une forme de vie tendant à certaine perfection, le 'chrétien’ des sectes dualistes ne peut se comparer au 'chrétien’ basilien. On a pu repérer des patarins (ou hérétiques) dans des couvents bosniaques : en 1203, l’inter- vention d’innocent III en fait foi. Le pape envoie son légat Jean de Casamari pour obtenir leur abjuration. Peut-être alors, en Bosnie, le catharisme gravitait-il secrètement dans leurs associations30 ? Ceci, contrairement à l’idéal de saint Basile réfractaire à une telle doctrine. L’évolution du cérémonial avec Théodore Studite (f 826), fidèle aux normes dionysiennes du mystère de la 'perfection monacale’ (Ttjv TeXelwmv)31, l’amplitude du Schème aux siècles suivants, surtout dans l’Église byzantine, n’altèrent pas les trois actes fondamentaux de l’entrée dans l’ordre monastique : profession, tonsure, vêture, et communs à la plupart des rites orientaux: arménien, syrien, chaldéen, copte, etc.32 On est loin de toutes les explications précédemment énoncées sur le consolamentum cathare dont B. Petranovic rappelle le rite essentiel de l’imposition du Livre, inconnue du Pseudo-Denys dans la profession monacale33. Dans cette perspective, il paraît insolite de penser que «le catharisme a été organisé sous une forme monastique manifestement 29. J. Gribomont, Histoire du texte des Ascétiques de S. Basile (Bibliothèque du Muséon, 32), Louvain 1953, p. 307. ID., Saint Basile, dans Théologie de la vie monastique (Théologie 49), Paris 1961, p. 99-113. 30. Innocent III, Epist. VI, 141, PL 315, 153-155, cf. 154 A. A.-T. Smiciklas, Codex diplomaticus regni Croatiae, Daltnatiae et Slavoniae, t. III, Zagreb 1905, p. 24, n. 19. Ch. Thouzellier, Hérésie et Hérétiques (Storia e Letteratura, 116), Roma 1969, p. 216-219. F. Sanjek, Les chrétiens ' bosniaques ’ et le mouvement cathare aux xue-xve siècles (Publicat. Sorbonne, NS. Recherches, 20), Paris 1976, p. 45-52. 31. Théodore Studite, Epistola II, 165 PG 99, 1524 A. M. Wawryk, Initiatio monastica, p. 74-77. 32. Sur l’évolution du Schème, petit et grand habit aux ix'-xme siècles, voir M. Wawryk, Initiatio monastica, p. 84-93 ; 121-126 ; 133-137. R. Raffin, Les rituels orientaux, p. 38-39 ; 154-159. Voir ci-dessus, p. 440, n. 19. 33. Rituel cathare, p. 190. Par suite d’erreurs d’impression, il faut rectifier ainsi les lignes 8-13 de cette page.
CATHARES ET MOINES BASILIENS 443 basilienne », comme l’écrit Jean Duvernoy34. Des parallèles surgissent toujours entre rites liturgiques les plus divers. Néanmoins, non seulement il s’avère exclu que le rite du consolamentum cathare s’inspire de la profes- sion basilienne ; que le terme 'chrétien’ corresponde à des caractères identiques dans les deux ordres ; mais encore que les cathares puissent être comparés aux 'moines’ de saint Basile. L’organisation de l’église cathare, composée d’une hiérarchie ecclésiale : évêque, assisté d’auxiliaires : Fils majeur, Fils mineur et de diacres, n’a rien de commun avec la structure monastique. Il semble enfin aberrant que « le catharisme apparaisse essentiellement origéniste » à cet auteur pour qui, en définitive, les cathares sont à « rappro- cher des moines origénistes condamnés aux ive-ve siècles »35. Jean Duvernoy ignore complètement la véritable doctrine d’Origène qu’il confond avec l’origénisme proprement dit et commet de lamentables confusions. Ancrée sur les normes des cérémonies religieuses établies par l’Église des premiers siècles, la liturgie cathare reflète essentiellement toute l’ordonnance du culte chrétien primitif. Véritable ordination pour accéder à l’état de parfait, puis pour recevoir une charge épiscopale ou, le cas échéant, changer d’appartenance à une église déterminée en faveur d’une autre, comme on le voit en Italie, le baptême de l’Esprit demeure, chez les cathares, totalement distinct de la profession religieuse traditionnelle dans les monastères basiliens, et ses adeptes n’ont rien à voir avec les moines origénistes des tve-ve siècles. 34. J. Duvernoy, Catharisme, p. 387. 35. ID., ibid.
THEODOSIOS PHUDULES Erich TRAPP Der Jubilar, dem dieser kleine Beitrag gewidmet ist, gehôrt bekannter- mapen zu den ganz Wenigen, die in umfassender Weise die byzantinische und slavische Kultur kennen und immer wieder bewiesen haben, dap die verbindende Kenntnis der beiden Disziplinen neue Ergebnisse zu bringen vermag. In diesem Sinn soll nun hier an einem winzigen Beispiel gezeigt werden, wie man durch die Kombination von slavischen und griechischen Quellen für die Prosopographie einen Gewinn ziehen kann. In der Lobrede des Grigorij Camblak auf den Patriarchen Evtimij von Trnovo findet sich eine Stelle1, die in deutscher Übersetzung folgen- dermapen lautet: « Ich werde eines von vielen Ereignissen erzâhlen, das auch vielen dama- ligen Leuten bekannt war. Ein gewisser Piron — ein eifriger Hüter der Hâresie des Akindynos und Barlaam und dabei ein Vorkâmpfer der bilder- feindlichen Lehre— kam aus Konstantinopel und gelangte in die Stadt Trnovo, ein Wolf im Schafspelz. Und als er dort einen falschen Mônch fand, Theodosij mit dem Zunamen Fudul, ihm gleichgesinnt und in allem übereinstimmend, welche Saat des Bôsen sâte da dieses üble Gespann nicht aus, indem sie den Leib der Kirche zersetzten durch ihre umstürzle- rischen Lehren, die Menge spalteten und einen Aufstand vorbereiteten und besonders die GroPen und Vornehmen des Reiches durch die Macht der Zauberei und durch dâmonischen Trug verrückt machten! In gropes 1. P. Rusev - I. Gàlàbov - A. Davidov - G. Dancev, Pochvalno slovo za Evtimij ot Grigorij Camblak, Sofia 197], S. 184 f. (40.1 - 41.3).
446 MÉLANGES IVAN DUJCEV Unglück stiePen sie die Schar der Glâubigen, denn sie war gewohnt, gleich gehorsam im Guten wie im Bôsen den Führern nachzueifern. Was tat nun jener Mann des Himmels ? Als er das erfuhr, machte er seine Kehle den Trompeten jener Priester gleich, durch die die Mauern Jerichos einstürzten und begann mannhaft mit der Vernichtung jenes Unheils. Am Tag versammelte er die Leute in der Kirche und bestârkte sie durch seine Belehrung, lôste ihre Zweifel und legte das bôse Unkraut bloP; in der Nacht aber betete er und rief unter Trânen um Hilfe von oben. Und sofort warf er sie nieder wie Jannes und Jambres, er besiegte sie wie Amalek, wie Priester der Schande zerhieb er sie mit dem Schwert der Rede, sie, die die Ikone dei allehrwiirdigen ewigen Jungfrau mit dem Schwert durchbohrt hatten, und wie arabische Wôlfe vertrieb er sie weit aus den Grenzen der Kirche ». Den einen der beiden genannten Hâretiker (über die die Herausgeber weiter nichts wissen) finden wir in griechischen Quellen wieder und zwar zunâchst in einer Patriarchatsurkunde vom Jahr 13712, in der einige Fâlle von Zauberei in der Hauptstadt behandelt werden. Unter den Angeklagten befand sich ein falschei M ônch (^Eu8ojj.6va/_oç) OouSoùXtjç, von dem es heipt: (S. 543) ’Ev ooco 8e TaÜTa sKpaTTETO, àvTjp tlç èmoraç tcûv yvcoplpicov Toü ^EuSopiovà/ou xal àosPoüç OouSoùXt; xaTTjyopwv îjv, toütov XÉycov twv oaTavixcov è'pywv toÙtcûv 8(.8àcrxaXov xal Tiva koleiv ëpya, â où8è ô SiàpoXoç aÙTÔç koltjosiv Ïo/jjoev, où p.7]v où8è ÈveOuji^Ot] ye kcokote, xal yuvaïxaç aKOKXavav xal Kpôç tov êauToü eXxeiv è'pcoTa, aï xal Toùç ISlouç avSpaç xal Tà TÉxva xaTaXi.|XKàvouc7ai. ^TjToümv èxslvov xal to ptiapov àel toutou ekI yXwTTTjç cpépoumv Ôvopia. Tà yoüv toü àoepoüç toutou OouSouXt], o0£V te <jSpp,TjTo xal tIç t) èvafTjç aùroü xal àxàOapTOÇ KoXiTela, [xaxpov àv eït; Sie^eXOeïv ttoXXcûv xal àmlpcov ovtcov xal 0Ù8È yXdxnrfl <pop7]T<ov È^ELKEÏV, fZTjTOl Y£ Xal àxoÜoai. TCÛV CpiXo^plffTCOV T(.và xal TTTCjTCûV. *Ev 8è toüto KavTaç elSÉvai /p7), wç où8è tcûv àaeficüv tiç xal ttjç 7)p.£T£paç kIotswç àXXoTplcûv y] tcûv vüv 7j xal tcûv ETtl xaxla KaXai kote p.V7)p.ovEUo- pièvcov ToiaÜTa xpa^ew tet6X[X7]XE kcokote. Olxsîv 8è toÜtov toutcû tco TpOKCÛ VÜV èv Tfl KcoVGTaVTlVOUKoXEt. OUVÉp'/], OTOTEp È'<p0aC7£V OUTOÇ TTpà xaipoü TT) ouvoScp KEptcpOelp ptETà xal tcûv aÙTOÜ xaT7]yopi.côV, ôç 8tj xal KapaoTàç tt)v è^op.oX6y7)C7i.v ÙK£xpl07j xal ttjv piETavoiav xal toùç xavùvaç xal Ta £K(.T[p.(.a xaTà ttjv Isoàv èSé^aTO tcûv 0eIcov KaTÉpcov SiaTayiqv. Outoç oûv èv Taïç pxapaïç aÙTOÜ pipXoïç aÙTlxa |X£TaK£p.tp0slç xal, k60ev 2. F. Miklosich - J. Muller, Acta Patriarchatus Constantiiiopolitaiii 1, Wien 1860, S. 541-550.
THEODOSIOS PHUDULES 447 ëo/e TauTaç, èpcoT7]0elç Kap’ laTpoü ti.vo<; toü SupoKoüXou àK£XoyY[<7aTo... Danach ist von drei Mitangeklagten die Rede, deren einem mit Namen Demetrios Chloros übrigens auch vorgeworfen wird, er sei früher ein Anhânger des Barlaam und Akindynos gewesen. Die Strafe für die Übrigen lautet schliepiich : (S. 546) Toùç 8è KpoppvjOévTaç Tpeïç toutouç avSpaç, SupoKouXév ts xai FaPpi.7]X6KouXov xal xal OouSouXïjv tov 'pe’j8otj.6va/ov, tôç KoXXàxf.ç xal toutouç èkI to6to(.ç xal aXXotç àoEpécnv àXôvTaç ToXp.7]p.a<n, xai toutcûv acpeoTavai. xal tov p.£Tap.eXov ÈKiSeï^ai. PouXopévouç p.7)8ÉKOTe xai TaÜTa fzeTà KoXXàç Ttxç UKO<7/é<7ei.ç éxeïvaç xai Tàç ouvOyjxaç, «pOopàv 8è pàXXov toïç âKXou<7TÉpoi.ç xal 'puyixàv Kapé/ovTaç oXeOpov, TÎjç paoù.lSoç TauTTjç è^opiffOTjvai tcov koXecov xal xal Katnjç Tïjç tûv kiotcûv yÿç, èv y xaTocxoüm. /pioTiavol. tà tcûv eùoepûv ëpya 8f.aKpaTT6p.evoi. è^ycploavTo, côç toü XpiffTiavtxoü KavToç yévouç Xûpiyv xal Tà tvjç eùoepelaç àvaTpeKovTàç te xai xaTaXûovTaç àvTi.xpuç Taïç 8af.pov(.xaïç raÔTaiç xal yoyTelatç xal Taïç ptayelaiç. Wir kommen zur zweiten, zeitlich spâteren, Erwâhnung desselben Phu- dules3. Es handelt sich hierbei um ein schriftliches Versprechen, nach mehrfacher Rückfâlligkeit nun endgültig mit Zauberei und Beschwôrungen aufzuhôren. Da dieser Text für uns von noch grôPerer Bedeutung ist als der vorige, sei er in extenso übersetzt : « Nachdem ich oftmals dabei ertappt wurde, wie ich Beschwôrungen und Zaubereien durchführte und nicht bloP meiner Seele schadete und mich vom Glauben an Christus entfernte, indem ich den Werken des Satans folgte, sondern auch die Seelen anderer Menschen vernichtete, die zu mir kamen — deshalb [statt 8ià lies 81.0] ertrug ich Belâstigungen, Schmâ- hungen und Verfolgungen sowohl von Seiten der Kirche Christi als auch von allen Christen —, nun aber das Greisenalter erreicht habe und den Tod vor Augen sehe, habe ich mich an unseren allerheiligsten Herrn, den ôkumenischen Patriarchen, gewandt, den gemeinsamen Hüter der Christen und für die Sünder Führer und Helfer zur Rettung, und ailes in Wahrheit bekannt, was ich getan habe, und Hilfe gesucht, um errettet zu werden. Da er nun, den menschenliebenden Gott nachahmend, mein Bekenntnis und meine Reue angenommen hat — natürlich mit einem Versprechen—, gebe ich hiermit die vorliegende schriftliche Versicherung und verspreche vor seiner gropen Heiligkeit und vor der ganzen Kirche, dap man mich 3. Ib. 11, Wien 1862, S. 84 f.
448 MÉLANGES IVAN DUJCEV niemals mehr, wo immer ich mich befinde, dabei ertappen wird, dap ich eine Zauberei oder eine andere teuflische Tat der Gottlosigkeit vollbringe, und daP ich auch zu niemandem etwas sage, der vielleicht einmal kommt und mich darum ersucht, sondern dap ich mich bis zu meinem letzten Atemzug davor hüte, frei und môglichst auPerhalb jeden Verdachts dieser teuflischen Werke, indem ich in Reue, Trânen und jeglicher Entbehrung verharre, damit ich Gott barmherzig und gnâdig finde an jenem Tag der gerechten Vergeltung. AuPerdem gebe ich auch diese Versicherung, dap ich, falls ich bei so etwas ertappt werde, was ich früher getan habe, nicht zu Verbannung und Gefângnis und auch nicht zu kôrperlicher Verstümme- lung, sondern zur vollstândigen Hinrichtung verurteilt und im Feuer ver- brannt werde. Deshalb nun habe ich dieses schriftliche Versprechen ab- gefapt im Monat Mai der 7. Indiktion. Ich, der armselige Mônch Theodosios Phudules ». Aufgrund dieser zwei griechischen Urkunden und der Erwâhnung bei Camblak wâre der Lebenslauf des Theodosios Phudules etwa folgender- mapen zu zeichnen : Geboren vielleicht in Thrakien oder Makedonien wohl im ersten Drittel des 14. Jahrhunderts, wurde Phudules, als dessen weltlicher Vorname Theodoros anzunehmen ist, Mônch mit Namen Theo- dosios. Schon bald zeigte er hâretische Neigungen, war wahrscheinlich wie Piron und Demetrios Chloros ein Anhânger des Barlaam und Akindy- nos, wandte sich aber dann in besonderem MaPe der schwarzen Magie zu. In der Folge wurde er deswegen mehrmals angeklagt und mupte im Mai 1371 zumindest zum zweiten Mal vor der Synode in Konstantinopel erscheinen, nachdem seine Reue nichts gefruchtet hatte und er wieder rückfâllig geworden war. Damais hatte er mit dem Arzt Syropulos Kontakt, von dem er Zauberbücher erhielt. Er wurde zusammen mit diesem, Gabrielo- pulos und Demetrios Chloros für schuldig befunden und diesmal hârter, nâmlich mit Verbannung bestraft. So mupte er im Jahre 1371 die Haupt- stadt und das gesamte byzantinische Reich verlassen, wandte sich daher nach Bulgarien und lieP sich in Trnovo nieder. Nachdem Evtimij Patriarch geworden war4, traf er hier mit Piron zusammen, der damais gerade aus Konstantinopel kam, ebenfalls wegen hâretischer Lehren verbannt. Nun verbreiteten sie in Trnovo gemeinsam ihre Irrlehren und gewannen viele Anhânger aus allen Volksschichten, bis es schliepiich Evtimij gelang, ihrem Treiben ein Ende zu machen und sie aus Bulgarien zu vertreiben. Danach versuchte Phudules wohl allein sein Glück wieder in Konstantinopel, zu 4. Um 1375, vgl. Camblak S. 177 A. 49.
THEODOSIOS PHUDULES 449 einer Zeit, da Philotheos Kokkinos, der Patriach, von dem er vor einigen Jahren verurteilt worden war, abgesetzt (1376/7)5 oder wahrscheinlich gar nicht mehr am Leben war6. Es ist anzunehmen, dap es ihm in der Hauptstadt wieder gelang, FuP zu fassen und Anhânger für seine Magie zu gewinnen, er dafür aber neuerlich verurteilt wurde und vermutlich ins Gefângnis wanderte, ja vielleicht mit Verstümmelung bestraft wurde, wenn wir seine Worte xaTaSixâ^opiat, oùx elç è^opiav xai. <puXaxï]v ovôè àxoojTr/giMG/j.ov aa>p,miH6v, àXXà OàvaTov KavreX^ xai xaraxaiopai. Ttupi ganz genau nehmen. Schjiepiich gab er aber, vom Alter gezeichnet, vor dem Patriarchen Neilos (1379-88) das Versprechen ab, der schwarzen Kunst endgültig abzuschwôren, und ist wohl bald darauf gestorben. 5. Vgl. P. Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken, 2. Teil, Historischer Kommen- tar, Wien 1977, S. 314 f. 6. Vgl. Miklosich-Müller, ii 13 àoiSifxoç « der un verge Bliche».
CMHAKCAPCKO 5KMTMJE CBETOr KPAJbA (TEOAIIA ftEHAHCKOr ’BOP'BE TPMOyHOBMli Y CKJiony c.no'/KeHiix h oTBopenux nirraiba cpncKe iipKBene noesiije Hajiasn ce n ouhoc ôorocjiyaîôeHor qTennja npeMa cjiyasÔH (aKojiyTiijn) CBeTHTejty. IlocJie inecTe necMe, usa KOHnaKa h HKoca, qHTa.no ce, oôiihho, CBeTHTejteBo cnnaKcapcKO HWTnje. Joui He 3HaMo Kana cy ce jaBJtaua OBa KpaTKa ZKHTHja — na jih npe cnyjKÔe, y coKy ibenor nacTanKa hjih Kacnaje. IJecHHijH cjiyæôii, 3HaaH, Hiicy Mopajin 6mtm m hmcijm ciinaKcapcKor Hmcnja. Morjin cy na « ymianajy » Beh nocrojehe KpacKo îKHTHje hjih na pauynajy na neKor KacHHjer cacTaBJBaua. TanaB je cjiyqaj h ca C.iya;6ovi cbctom apajby CTeiJiany JJeqan- ckom, Kojy je FpnropHje IJaMÔjïaK nanncao 3a BpeMe CBor ôaBJte&a y CpônjH H3Mel)y 1402. n 1406. hjih 1409. connue x. Tauo je IJaMÔjiaKOBa Cjiy;œ6a Bpjio pano ym.ia non 11. y Muneje 3a hobcm- 6ap1 2. PyKonucHa TpanmjHja IJaMÔJiaKOBe CjiyjKÔe, Kao h Behnne cpncKHX cjiyHtôn, joui nnje npoynena, ce ce ne wo®e (1) H. Tpn<j)yHOBHiï, Bejiennte o aeamia y Cp6j&aKy, O Cp6n>aKy. Cry- Hiije. Beorpaa 1970, CTp. 316-317. (2) TpeôaJio 6n non 13. hobcmôpom. Bhh. JI. naBJioBnh, Ky.iTonn .iirpa ko;i Cp6a n MaKeaouapa (IIcTopwjcKo-eTjtorpa<f>CKa pacnpasa), CMeaepeBO 1965, CTp. 99-109.
452 MÉLANGES IVAN DUJCEV noysnano nparaTH nojaBa CHnancapcKor œnTnja y oKBHpy Tpn- ropnjeBor flena. CjiyMîfia ce y Behnnn cjiynajeBa jaBJta 6es cimaKcapcKor iKirrnja, Kao iiiTo je to, na npuMep, y MimejuMa 3a HOBeMÔap BnOnnoTene Marnue cpncKe (6p. 289, 1550. ronnne), Myseja CpncKe npaBo- cJiaBHe npKBe y Beorpajiy (6p. 174, 1561. ronnne; 6p. 170, xvn bck) mjih aônpne PagocjiaBa rpyjnha ncTora Myseja (6p. 225, xvn bck) 3. OBa nojaBa je nocJienno cnpoBejieHa npos CBe nperaenane Mnneje, jep nu jeana CJiynrôa ou 1. no 30. HoBeMÔpa neMa cnnaKcapcKo jKnrnje hjih nTennje. HaMÔJianoBa CjiyiKÔa ca cnnaKcapCKHM JKHTnjeM, Me^yTHM, jaBJta ce y oKBnpy Mnneja hjih 36opnnKa y nojnMa n cjiymôe HpyrnM CBeTUTejtnMa canp>Ke cnnaKcapcKo HŒTnje. JejiaH oh najcTapnjnx TaKBnx npennca najiasn ce Hanac y 36opnMKy 6poj 306 cpneKe penaniinje y Apxnsy PyMyncKe ana- HeMnje nayna y ByKypeniTy. A. II. JannMnpcKM pynonnc CTaBJta y xv, a II. ITananTecKy y noneTan xvi Bena4. Pynonncy PyMyncKe aKaneimije BpeMencKn je ÔJinsan npaannnnn Mnnej BojKnjiapa ByKOBMha, niTaMnan y Mjiennwa n3Mel)y 1536. h 1538. Fournie (ITM). lia noannjer BpeMena je 36opnnK ca naa- ôpannM cJiyiKÔaMa CBeTHTeJtMMa, Kojn je Knnpnjan Panannn npenncao 1692. n 1694. ronnne (KP)5. J^BaneeeTaK ronnna nocjie Knnpnjana Monax MaKCHM je y Manacmpy PanoBiiy y Cpewy aaBpniMo (1714) npenncnBaite npsor noTnynor CpÔJtana, y KojeMy je ônjia h IJaMÔJiaKOBa ûiyjKfia. Ha ocnoBy obof Hanac M3ry6ji>eHor pynonnca apancnn enncnon Cnnecnje JKnBanoBnh npnnpeMno je 1761. y PnMnnny npso nanaite CpÔJtana na pycno- (3) Obom npajWKOM cnoMHiteMo cawo Mimeje Koje cmo HenocpejiHO nperjieaajin. JI. IlaBJioBnh, MeljyTHM, Hasoan n «pyre npennce UaM6.ua- Kone CaysKfie (KyjiTOBH flrnna, 102). Uperjiejiajin cmo n MUHeje aa HoseM6ap Kojn ne cajipjKe Uaw6jjaK0By Cjiy®6y : VHHBepaHTeTcKa 6H6jinoTeKa y Beorpany Pc 14 («pyra HeTBpTHHa xv Beica); Pc 7 (HeTBpTa neTBpTUHa xvi BeKa); Myaej CpncKe npanocjiaBHe npKBe 6p. 21 (xvi bck). (4) A. U. HiiHMnpcKiii, (jibbhiickIc h pyeeuie pyitonnen pyMi.iiieKnxi. 6n6.lioTein», CaHKT-neTep6ypri> 1905, 151; P. P. Panaitescu, Manuscriaele slave din Biblioteca Academiei RPR, vol. I. Bucuresti 1959, 306. (5) Jb. CrojaHOBHh, Karajior pyKonnea h CTapnx niTaMnaniix K».nra. 36npaa CpncKe KpaAeseae aKa;(CMnje. Eeorpaji 1901, 6poj 28 (142).
RÉCIT BREF DE LA VIE DE SAINT STEFAN DECANSKI 453 cjiobchckom (C). Phmhhhkh CpôJtaK je totobo Ses n3Mena npe- nrraMnaH y MneiiiiMa 1765. routine6. CBe naBenene nature h pynonncn HMajy cnnaKcapcKo JKHTnje y oKBiipy LJaMÔJiaKOBe Civiniie. IIpenucH ce, yrjiaBHOM, cnamy Meïjycoôno. OncTynarta cy nesnaTna, Kao iiito ce Monte Biinera H3 nanoMena y3 iisnaae. Hene paannne nnan nonasyjy usa TOKa pyKonncHe Tpanniinje. JennoMe Tony npiinana npennc PyMyncne aKaneMnje, a npyroMe — npenncn Hpasnnmor Müneja n Knnpiijana Panannna. O panoBannoM npenncy, nan, tciuko je noysnano saKJtyHMBaTii na ocnoBy PiiMniiiKor CpôJtaKa, jep ce ne 3na kojihko je eau Cnneciije JKnBanoBnh irpujniKOM iiiTaMnaiba Morao MeitaTM cpncKOCJiOBencKH npejiJioîKaK. Cbh npenncn ce, yi jiaBHOM, cnanty y nojiontajy Tanne. y Ilpa- 3HH1H0M MHnejy ii ko;i Knnpnjana Panannna, MeïjyTiiM, mia nennx sajenHHHKHx MHTepnyHKUHjcKMx oncrynaita ou TencTa PyMyncne aKageMiije. To cy naj^enihe 3ape3n, KojHMa ce neno- TpeÔHo npennna nsBopnn cnHraKCMTOU tok osnanen TannaMa. Y norjieny niiTepnyHKHiije tckct PyMyncne ananeMnje nysa H3Bopiinje CTaite. KpaTKo HtHTHje CTecjiaHa JXenancnor npnnana jnanpy Tai-to- 3BaHHX « CTHIIIHHX » IIJIH CTHXOBHHX CHIiaKCapCKMX ÎKHTllja7. Ilocjie naTyMa n HMena CBeTHTejta, a npe noneTKa caMora ntnTnja, cpncKii nnciiH cy, no yraeny na BusanrnjcHe Ctiixobhc cnnancape, cacTaBJtajin uBa-Tpn CTnxa, a nonenan n BHine. y Ben ce naraa- (6) 3a oBy npnjiHKy hhcmo ôiijih y MoryiïHocTn na HenocpenHo nperjie- HaMo n npyre pynonnce nojn 6h caHpwaBaJin CmiaKeapcKo iKHTnje Ctc- 4>ana JleHaHCKor. TanaB je, Ha npnMep, jenan MnHej sa HOBeMBap xvi BeKa HapojjHe 6n6jinoTeKe y Co<f>njn (B. IJoHeB'b, Onnci> na p;Ki;onncHT'Ii n CTapoiiC'iaTriHT'h kiiiitii na HapoQHaTa 6n6.niOTCKa bt> Co<(ihh, Co<[ihh 1910, 139/252); CüHaKcap ctiixobhh aa cenTeMÔap-neneMOap, npaj xv hjih noierait xvi BeKa, ManacTHpa Tleiana, 6poj 59, Kojn canpani Cima- Kcapeiso aïiiTHje CTeÿaiia JlenaHeKor (X(. BomaHOBHh, JJae penaititnje eTHxoBHor npo.iora y pyKonncnoj afinpnw ManacTHpa Teiaiia, Niiopeana HCTpaiKHBaiba, 1, Eeorpan 1976, CTp. 45). (7) H. TpinjiyHOBHiï, AaGymnK epncKirx epe;iH>oBCKOBHWX i.H>w;KCBnnx nojMoaa, Beorpan 1974, CTp. 296-298; JI. EornaHOBnh, JjBe penauiinje, 37-72; JH. EoruaHOBnh, üpojiouiKo sKHTnje cbctot CnMeona, IIpHJioBH sa KH>HH<eBH0CT, jeaHK, HCTopujy H $ojiKJiop, XLII, 1-4, BeorpaH 1976, CTp. 9-19.
454 MÉLANGES IVAN DUJCEV maBa yoÔHHajenoM CKpahennnoM na ce pann o cTMxy. Tano je nocTynno n nain nucaij. Hcnesao je nBa npaBnjina HeTpnaecrepna ca ueaypoM nocne niecTor cjiora. Ctiixobh ce Ha KpajeBHMa n pHMyjy. Y $oHeTCKoj TpancKpnnnnjn (no nuTainy) n ca anne- naTCKoM BpenHoinhy oKCnje — npBa usa crnxa rnace8. Hé™ y6o Cré^an no CnMeôny CpncKOMy Janome npéBJte Jôb no AspaâMy BépnoMy CnnaKcapcKO îKMTnje, nnane, n no crnjiy n no canpJKnnn sasncn on IJaMÔjiaKoBor npocTpanor SRimija cbctof Kpajta CTeipana jJeqaHCKor (îk)9. Hckojihko caMo cjiiihhhx hjim jennaKnx MecTa nena noKa;i:e oBy saBncnocr — « laine ot Tyny Ba KoncranTHH rpan nocnnajer ce aaroneH 6hb» (îk. 50) : « Ta;i:e n Ba napnrpan nocnjiajeT ce aaTonen 6hb» (c>k); « jano n nacrojeniToMy caMOMy h bccm ôparajaM hhbh™ ce» (>k. 50) : « jano nryMeny oôhtcjbm n BceM OpaTnjaM hhbhth ce» (cîk); nap « necro Ka ceôe Toro npii3HBa™» (>k. 51) : nap « Toro necro npii3HBa™ na ceôe» (cjk); « nsnece aKHHnnnaTCKHje jepecn Hanennnna» (jk. 51) : « aKHHHHHaTCKHje jepecn Hanennnnn nporna» (cm); « yroroBH ce nponeje cre^ane» (jk. 77) : « yroTOBii ce rnarojte cre^ane» (cjk) n np. Tenino je pehn nana je mof.ho na ôyne cacTaBÆeno CnHaKcapcKO JKMTHje Cre^ana ftenancKor. Onnnienna cnnnnocr naMeljy npo- CTpaHor n KpaTKor jKHTnja npyjna use Moryhnoc™ : nnn na je LlaMÔjïaK caM nanncao CnnaKcapcKO JKMTnje hjih na je to nenn nenoana™ nncan ycnopo ynnnno npeMa L(aM6jiaKoBOM SKnTiijy Cre^ana ftenaHCKor. Heii3Becna je n npBoônTna naMena Cnna- KeapcKor ii.HTnja. J],a nn je ne.no npBoônTno nncano 3a CnnaKcap, onnocno npojior, na onaTJie npeneceno y Mnnej 3a HOBeMÔap, hjiii je onMax yrpaïjeno y CaysKôy. Obo nirraifce noônja n innpii ananaj, jep ôynyha ncTpamnBaiba ren Tpeôa na noKawy : nano (8) y npenncy PyMyHCKe aKaneMnje usa «CTe$aH» n «Job» newa « no», iiito je onnraienna npenncUBaneBa owaniKa, KaKO cBenone npyrn npenncn. (9) IKhboti, Kpa.in CTWpana HenancKon». [Upnpenno] Hpi H. IHa$a- Phkt>, rjiacmiK’b HpyinTBa cpôcKe cjioBeCHocra, KHBnra XI, Y Beorpajiy 1859, cïp. 35-94.
RÉCIT BREF DE LA VIE DE SAINT STEFAN DECANSKI 455 cy ce CBa HSBopna cpncKa cnnaKcapcKa jKHTnja oHHocinia npewa CnnaKcapy (Ilponory) n MwHejy. y npiiJiory hohochmo CnnaKcapcKo iKUTiije npeMa npenncy PyMyncKe aKajieMnje nayna y ByKypeniTy. IlaocTaBJteHH cy HaupejiHH 3Haiin. Sanpacann cy ii3BopHH anaiin HHTepnyHKijnje. CKpaheHHije osnaneHe thtjiom paapewyjy ce y noJiyKpyiKHHM 3arpanaMa. Paspemeiba y yrnacTHM 3arpanaMa noKaayjy na cKpahemiiie y HSBopmiKy neMajy Timiy. BemiKa iipBena (« khho- Bapna») caoBa niTaMnajy ce Kao Bepaanna. /H('k)c(E)nd Torw • ai • naaieTK c(ee)t(a)f0 kmhkoai(0Y)“ h(é)hHKA BK CTE0AHA, CÇJbSCKAAFO, HJKE Bb ^EHAX c[th]x ’ HETÏH OyEO CTE0AHK CV/HEWH8 CÇJbECK0/H8 ' C[th]x ' IdKOÎKE ^'kEAie IWEb AEÇJAAAI8 B'feçJHO/HS : Bb Al ’ Oy^ABAieHÏEAI CTE(<|)A)H(b) BbCT(e)qE Kb r(ocnOA)8 : GbH c(EE)Tbl H nçj(H)CH0n<MIHHAIH CTEE^ANb, c(bl)Hb E^UIE AIHAOYTHHA h(a)ç|A CÇJbfibCKAFO ’ EA(A)rOH(b)CTHBAA COyqiAA H c(EE)TA AlOyjKA ’ Kb 16410^ JKE WKAEBETAHb EHBb ’ IAK0 4(A)çj(b)CTE0 tero xoqiETb chaoio wtigth 1 • ieTb SHEAieTb • h nçjbE'kie oyso TO/HOy H3EAAAKJTb OHH ’ TAJKE H Bb ^A^HFÇJA^ POCHAAieT CE Bb 3AT0MEHÏE 2 ’ H TAAI0 C£I/lIAI0A,kT(b)H0 n^PÇIOEO^ÏH ’ Eb WEHT'kAH CHUE HApHMEÆI'k nAHTOKÇJATOÇJOE'k ’ CAb3A/HH /MHO- PblM/HH H EbS^HXAHAIH ’ H MECTHAIH /M(o)a(h)tEAAIH, E(or)oy OyTAÎKAAtE ’ IAK0 HrOy/MEHOy WEHT'feAH H BCfeai EÇJATÏA/Hb 3,HEHTH CE, H WEÇJA3b nOAb3E T0F0 HÆI'kTH ’ Hb H CAAI0AI8 H(A)çj0y TOPO ME CTO nÇIHSHEATH Kb CEE*k C AHUJABUJAA IdîKE W HIEÆIK H?KE H WT H16FO HAOyHEHb EHBb ' AKÏH^ÏHATCKblE EÇIECH HAHEAHHKbl IlÇJOrHA 3 ’ H Cb/MHÇPkHÏE 4 WTC[oy]AOï nÇJÏETb 4Ç>(b)K0Eb ’ TAÎKE WT 3AT0HEHÏA s(o)«ÏEAIb CO^O/Mb nÇJH3BAHb EHBb, OHH/HA BH1â,,k IAK0 H nçFkjK^E • H Oy w(Tb)4A EHBb A0K3AK>Tb A00yT(b) AP°Y" FA ’ H nÇJOipEHÏE AIE«3,0Y C0E0I0 IlÇJÏEAIdl0Tb ’ TAJKE /HAAO H'kHTO T0F0 WT(b)4b nOJKHBb Kb rfoCnO^OY WTH^E ’ TbîKE Al(0)4(H)TE,k KOynHO H 4(A)çj(b)CTE0y PÇJ'kieAlHHKb Sblc(Tb), EJKE H OyflÇJABH 1 nôJÇHTHTH C 2T<DKE H BK n(d)0Hr0d3,K nOCHMET CE SdTOMEHK BK1BK IIM, Kp ’ nÇOCHdBK HM, Kp, C 1 /HHÇ'K C
456 MÉLANGES IVAN DUJCEV ’ B(é)?KÏE/Hb WKÇJb/HdhH6 5 CTÇMXO/Mb ’ TOAHKO /KE Bblc(Tb) /H(H)4(0)CTblBb ’ 14 K O HE 1âI0B4'fcTH HHbfX ÇJOyKd/HH Kb ÇM3A4HÏK5 HHLjlHX Hb H Cd/Hb HO BCE HO1J1H XO^HTH H CH/Hb CB0I6W ÇJOyKOlô llO^dldTH 6 ’ CbS^A ?KE H WBHT'fcdb nÇJ'ÙKpdCHOY Bb MdKOV BbCE- AflbîKHTEdra x(çjHCT)d H BAH3b IGE AY^Y'^Y10 WFÇJd^OIf ‘ H Td/HÔ /HHOJKbCTBO /MHOTO HÎKE c(BE)l|JEHHdrO HE^Oyrd 7 CbBÇJd 8 HÔTÇJ'k- BHbl/HH H BbUk/HH T'fcx OyT'klUdlG ’ T0AHK0 /KE Bb Ai(o)/l(H)TB,k n^HCirksb, TdKOBbIHX nOnEMEHÏH CH IdKOTKE WT BEAHKhlXb WH'kx I10C(Tb)HHKb ’ H/HJKE OBl|JE HHHT0 >KE WT /HHÇJbCKhlHX B’fclHE ’ H/H'klUE JKE H C/tbSHhl AdYK5 CbFddCH'feHUlE /KE Æl(o)/l(H)TBbl A't^O ' CHU,E A0K0<1Ndd d^Td nÇJ'kBHBb H BbÇJOVM£NNdd ^OY WT B(or)d AOBÇjdk OyCTÇJOHBb, IdBdldlGT CE I6/H8 TÇJETÏE BEAHKbl HHKOddlE • OyTOTHBH CE 9 r(ddro)/H6 CTE0dHE ’ HE nO /HHOS'k BO K/l(â)r\(bl)H'k np'kACT^TH HAIdLUH ’ WH JKE ÆIHO/KdlG IIÇH/tOÎKH H Kb /H(H)d(o)- CT(bl)HH, H HHbl/Hb A^BY°A^T£/Ue/H ’ TdTKE HE HO /HHOFbfHX A(l\)HEXb BbU,(d)çiHB CE c(bl)Hb I6FO, H/HEHE/Hb OyBO w(Tb)nS nOA[°]KNK ’ A'kdH JKE HHKdKO 7KE H HdW[b]Ab BbHESdnôy, H IG/H/HETb b(o)?KÏ<1FO HdfôB^Kd • Kb BHWHIE/HOY WbCTBÏK» r0T0Bdl01|UU nOTÇVkBHdd ’ H Bb EAHHb, FÇJdA 10 HOCddBb OVAdK0W WT JKHTÏd HS/M'kllHTH HOBEd'kBdieTb ' H TdKO /H(0Y)m(e)hÎA B'kHUb BbCnÇJÏETb C(be)tôI6 «E tero T'kdO • Bb CBOie/Hb E/HOy /HÔH4CTHÇ>H IIOdOa<EHHO Eblc(Tb) • HA^HCE H A° A(k)NWCK CTOHTb ’ TBOÇJE MI<Ja[e]C4 np'fcC/ldBHdd H HCH'kdKHÏd, B'kçJOKJ nÇJHXOAELPH'Mb 11 RÉSUMÉ DE L’ARTICLE Djordje Trifunovic pose le problème général du récit bref de la vie du saint du jour et celui concernant le roi Stefan en particulier. Deux questions principales se posent : 1° La place de cette vie par rapport à l’office proprement dit ; le synaxa- rion étant un prologue à l’office lui-même devait généralement la contenir et c’est ainsi qu’est née l’expression sinaksarsko zitije. 6 WKÇSAMMKAI I1M, Kp, C 6 CBOHAM nOAdATH UM, Kp, C 7 COBO^A C 8 C'KKÇdB'h Kp 9 SPOTOBH C£ Kp, C 19 WT CÇA^OBTiC 11 H HCq'kdEHÏA no,a,Arrii B'kçoio npnxoAA4lhl‘M'H w X^(H)tT,k lHc(oy)t'k . ü/HHHik. c
1. Bn6jinoieKa PyMyHCKe aKajjeMJije HayKa, 6p. 306, CTp. 271 6-272 a.
1. BnGjinoTeKa PyMyncKe aKa«eMnje HayKa, 6p. 306, CTp. 272 6-273 a.
RÉCIT BREF DE LA VIE DE SAINT STEFAN DECANSKI 457 2° La date d’apparition dans l’office et en conséquence l’identité du rédacteur. La discussion se fonde sur l’analyse de différents manuscrits issus de Camblak et la tradition qu’ils révèlent. Deux courants se font jour : d) manuscrit de Bucarest b) manuscrit de Kiprijan Racanin. Les deux familles se rejoignent sur des points de détail. C’est ainsi qu’il est possible de rapprocher le sinaksarsko zitije de Stefan du Récit de la Vie du Saint Roi Stefan Decanski que donne Camblak au début du 15e siècle. Les ressemblances sont telles que l’on peut conclure : 1° soit que Camblak lui-même a rédigé le sinaksarsko zitije de Stefan, 2° soit qu’un auteur inconnu s’est servi du texte de Camblak. D’autre part demeure incertaine la première destination du sinaksarsko zitije de Stefan. 1° Fut-il écrit, comme son nom d’indique pour être intégré au synaxarion de l’office ? 2° Fut-il inclus dès l’origine, comme nous le connaissons aujourd’hui, directement dans l’Office de Stefan ? La réponse est d’importance : elle montrera si tous les sinaksarska zitija originaux entretiennent des rapports avec le synaxarion et lesquels. En annexe on trouvera le texte du manuscrit de Bucarest.
TABLE DES MATIÈRES Tabula gratulatoria .......................................................... VII Suzy Dufrenne (Paris), Un historien entre le monde slave, l’Occident et Byzance XI Bibliographie d’Ivan Dujcev (suite : années 1976-1978) ........................ XVII Abréviations utilisées ....................................................... XXI Gordana Babic (Belgrade), Les croix à cryptogrammes, peintes dans les églises serbes des XIIIe et XIVe siècles................................................. 1 Franjo BariSic (Belgrade), Autour du chrysobulle d’Andronic II pour Chilandar, de mars 1319 ................................................................... 15 Roger Bernard (Paris), La prise de Târnovo par les Turcs et l’exil du patriarche Euthyme ........................................................................ 27 Silvio Bernardinello (Padoue), Oriente e Occidente in tre momenti di cultura bizantina a Padova ............................................................. 41 Dimitrije Bogdanovic (Belgrade), L’évolution des genres dans la littérature serbe du XIIIe siècle ................................................................ 49 Jacques Bompaire (Paris), Les catalogues de livres-manuscrits d’époque byzan- tine (XIe-XVe s.) .............................................................. 59 Ursula Victoria Bosch (Münster), Einige Bemerkungen zum Kanzleiwesen der byzantinischen Kaiserin ........................................................ 83 Peter Charanis (New Brunswick), John Lydus and the Question of the Origin of the Vlachs in the Greek Lands .............................................. 103 Carolina Cupane (Palerme), Note di iconografia tardo-bizantina : Tyche, Bios e Thanatos in Teodoro Meliteniotes .............................................. 109 Paul Devos (Bruxelles), « Ayant ajouté la lumière à la lumière ». Une expression de la Vie de Constantin-Cyrille (ch. 18)....................................... 121 Suzy Dufrenne (Paris), L’insensé dans l’illustration des psautiers byzantins et slaves ..................................................................... 129 Halina Evert-Kappesowa (Lôdz), The Social Rank of a Physician in the Early Byzantine Empire (TVth-VIIth Centuries A.D.) .................................. 139 Jadran Ferluga (Münster), Serben, Türken und Byzantiner von der türkischen Eroberung Kallipolis’(1354) bis zur Schlacht an der Marica (1371) .......... 165 Antonio Garzya (Naples), Capovolgimenti semantici e trasmissione dell’ antico . 175 Paul Gautier (Paris), Mœurs populaires bulgares au tournant des 12/13e siècles . 181 Francesco Giunta (Palerme), Giovanni Villani e la leggenda guelfa di Roberto il Guiscardo ............................................................... 191 Biserka Grabar (Zagreb), Über das Problem der lângeren Fassung des Nikodemusevangeliums in der âlteren slavischen Literatur ...................... 201 André Guillou (Paris), Deux ivoires constantinopolitains datés du IXe et Xe siècle ..................................................................... 207
460 TABLE DES MATIÈRES François Halkin (Bruxelles), Saint Alexandre, martyr de Thessalonique ...... 213 Helmut Keipert (Bonn), Ein weiterer Paralleltext zu den slavischen Versionen der « Legende von den vierzig Mârtyrern in Sebasteia» (BHG 31201)............ 217 Edmond-Rene Labande (Poitiers), Des manuscrits grecs à Poitiers au XVe siècle. A propos de deux lettres d’Erasmo Brasca .................................... 227 Bruno Lavagnini (Palerme), Qualche relitto di età bizantina nella toponomastica e nella onomastica della Sicilia ............................................ 243 Dimitrij Lichacev (Leningrad), Katarsis v « Slove o Polku Igoreve » ........ 249 Frantisek Vâclav Mares (Vienne), Textgeschichtliche Erwâgungen zur I. kirchen- slavischen Wenzelslegende im Lichte einer dunklen Stelle..................... 253 Ante Marinovic (Dubrovnik), Règles sur les actions de sauvetage et d’assistance sur mer dans les statuts médiévaux de Dalmatie .............................. 259 Dejan Medakovic (Belgrade). Genesis der barock-byzantinischen Stilsymbiose in der serbischen Kunst des XVIII. Jahrhunderts ............................. 269 Ann Moffatt (Canberra), Early Byzantine School Curricula and a Liberal Education ................................................................... 275 Petre ?. Nàsturel (Paris), Autour de saint Spyridon le Jeune de Tàrnovo... 289 Dimitri Obolensky (Oxford), A Late Fourteenth-Century Byzantine Diplomat : Michael, Archbishop of Bethlehem............................................. 299 Joseph Paramelle (Paris), Pornikè è ton Boulgarôn basileia.................. 317 Anne E. Pennington (Oxford), South Slavs in Malta .......................... 333 Agostino Pertusi)* (Milan), Lasituazio ne dell’Europa orientale dopo la caduta di Smederevo (1439) in una lettera inedita di fra Bartolomeo di Giano..... 337 Günter Prinzing (Münster), Zur historischen Relevanz der « Memoiren eines Janitscharen oder türkischen Chronik» des Konstantin Mihajlovic aus Ostrovica.................................................................... 373 Hans Rothe (Bonn), Über die Sprache des Alexanderromans in der Hs.Nr.771 der bulgaiischen Nationalbibliothek « Kiril i Method » in Sofia.............. 385 Aurelio De Santos Otero (Bonn), Un manuscrite del Stoglav en la biblioteca nacional de Madrid (Ms.Res.260).............................................. 393 Peter Schreiner (Berlin), Omphalion und Rota Porphyretica. Zum Kaiser- zeremoniell in Konstantinopel und Rom........................................ 401 Wincenty Swoboda (Poznan), Quelques mots sur la liturgie slave en Pologne et l’évêché bulgare à Cracovie ................................................. 411 Freddy Thiriet (Strasbourg), Recherches sur le nombre des « Latins » immigrés en Romanie gréco-vénitienne aux XIIIe-XIVe siècles .......................... 421 Christine Thouzellier (Paris), Cathares et moines basiliens ................ 437 Erich Trapp (Bonn), Theodosios Phudules .................................... 445 Djordje Trifunovic (Belgrade), Sinaksarsko zitije svetog krajla Stefana Decanskog................................................................... 451
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