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                    RÉGIS PENET
Beethoven
LE PRIX DE LA LIBERTÉ
Préface de François-Frédéric Guy

RÉGIS PENET Beethoven LE PRIX DE LA LIBERTÉ Préface de François-Frédéric Guy La Boîte à Bulles
Du même auteur (bibliographie sélective) Lorenzaccio (d'après Alfred de Musset) 12bis-Glénat Antigone (d'après Sophocle) Glénat La tomate (Scénario Anne-Laure Reboul) Glénat La Marche (Scénario Anne-Laure Reboul) Vents d’Ouest À Hauteur d’Homme Les enfants rouges À mes parents La Boîte à Bulles 93 avenue Henri Adam 37550 Saint-Avertin Éditeur : Vincent Henry Dépôt légal : mai 2021 Isbn : 978-2-84953-401-4 © 2021 Régis Penet & La Boîte à Bulles Design de la couverture : Morgane Jandot La police de caractère du livre a été créée par Philippe Marlu pour Étienne Appert, d'après son écriture. Tous droits de reproduction réservés. Achevé d'imprimer en avril 2021 par les imprimeries TNM print s.r.o (République tchèque). www.la-boite-a-bulles.com vincent@la-boite-a-bulles.com U Boite i Bulles bénéficié du soutien de la Région Centre-Val de Loire, de l’État IDRAC Centre-Val de Loire) et de Cklk dent le cadre de l'aide au* entreprise» d édition imprimée ou numérique SH S®
Préface de François-Frédéric Guy* Quelle œuvre mieux que la 9G Symphonie de Beethoven symbolise le génie humain dans toute sa diversité, ainsi que l’histoire de l’Humanité ? Depuis le chaos originel du début du premier mouvement d’où émerge la vie, jusqu’au célèbre final qui chante la fraternité à travers VOde an die Freude, cette fresque humaniste décrit, à la manière d’un Michel-Ange sur les plafonds de la chapelle Sixtine, l’ensemble des émotions, des caractères, qui constituent notre Être profond individuellement et collectivement, grâce à de simples notes couchées sur du papier à musique. C’est tout le paradoxe de Beethoven, qui vou- lait s’affranchir du Paraître pour atteindre l’Être et qui, pour ce faire, devait se placer sous la pro- tection des puissants dont il dépendait maté- riellement pour s’assurer une existence décente - grâce aux commandes que ces princes lui adressaient - mais qu’il méprisait profondément. Qui ne se souvient de cette phrase célèbre que Beethoven, dans un ultime accès de colère, adressa à son protecteur, le prince de Lichnowshy : « Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance, ce que je suis, je le suis par moi. Des princes ily en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven ! » Paradoxe encore, au moins en apparence, lorsque lui, l’Allemand né à Bonn en 1770 et installé à Vienne, en Autriche, admire le Premier Consul des Français, Bonaparte, au point de lui dédier sa 3e Symphonie, dite Héroïque en hommage au génie qui incarne les idéaux révolutionnaires ayant aboli la royauté en France, et qui se proposait de les exporter dans toute l’Europe au grand dam de ses protecteurs viennois. Bonaparte, en se couronnant empereur et en devenant « Napoléon », fait revenir l’humaniste Beethoven sur sa décision, qui décide de biffer rageusement la dédicace au Premier Consul. Au même moment, l’Empereur envahit l’Autriche sous le soleil d’Austerlitz. Ces deux épisodes montrent à quel point l’instinct de Beethoven est guidé par ses idéaux de liberté, sur le plan individuel comme sur le plan collectif. Finalement, Napoléon tout autant que le prince Lichnowshy le déçoivent profondément. Il veut, en tant que compositeur, contribuer à libérer l’humanité de son asservissement aux puissants, la rassembler au-delà des classes sociales grâce à une musique qui parle au cœur de chacun comme à l’humanité tout entière, et non pas à quelques- uns à travers la religion...
Le destin unique et émouvant de Beethoven, de par cette surdité ressentie dès l’âge de trente ans, lui offre une trajectoire humaniste absolument bouleversante. Si le jeune pianiste Ludwig a voulu conquérir Vienne, l’incontournable et l’incontestable capitale des arts, grâce à des œuvres virtuoses que lui seul était capable de jouer, Beethoven, le compositeur de la maturité, de plus en plus isolé des bruits, des paroles et de la musique de ses contemporains, a fini par élever un monument non pas à sa propre gloire - encore qu’il fût très imbu de son talent de compositeur - mais à celle de l’Être humain et de l’Humanité, grâce à l’audace de compositions inouïes pour son époque, révolutionnant tour à tour le piano, la quatuor à cordes, la symphonie, à laquelle il adjoint un chœur pour la première fois et fait ainsi fusionner la Terre et le Ciel... Plus qu’aucun autre artiste, Beethoven a su incarner - par ses phrases musicales, son harmonie, son orchestration - tour à tour les splendeurs et misères de tout un chacun, comme celles conceptualisées de l’Humanité. Il a décrit l’orgueil, la révolte, l’énergie, l’amour, le désespoir, l’humour, la réflexion et les tourments intérieurs, l’aspiration à la nature, à la grandeur, au génie, à l’universalité, à la quête de l’Absolu ; en un mot, ce qui est constitutif de l’Être. Cette liberté, Beethoven l’a gagnée au prix de la révolte contre les puissants qui l’obligent à jouer devant la soldatesque comme on présente un animal de foire, contre les usurpateurs de révolutions, contre les misérables notes de musique de salon, contre Diabelli1, contre la musique facile et factice de Rossini devenue à la mode après Austerlitz, contre la surdité et l’absurdité qui en découle, fatalité imposée à quelqu’un qui, plus que quiconque, avait besoin d’entendre ! C’est pourtant dans cette adversité, dans l’isolement dû à son handicap que Beethoven a trouvé les ressources pour changer l’art et la musique à tout jamais, et devenir ce compositeur dont la NASA a choisi en 1977 d’envoyer les œuvres dans l’espace, enfermées dans la sonde Voyager, à la rencontre de civilisations extra- terrestres, aux côtés de celles de Bach et de Mozart mais aussi de Chuch Berry, inventeur du rock’n’roll au XXe siècle... Pour terminer, je ne peux manquer de vous faire part de mon admiration pour le travail de Régis Penet qui restitue à merveille et avec une préci- sion historique sans faille les petites histoires de Ludwig qui font la grande Histoire de Beethoven et de son humanisme sans équivalent. *Né en 1969, François-Frédéric Guy est un pianiste classique considéré comme un spécialiste de la musique allemande. Depuis 2008, il se consacre avant tout à ce qu’il appelle un Beethoven Project, compositeur dont il a enregistré et interprété sur scène l’intégrale des concertos, des sonates pour piano ainsi que de la musique de chambre pour piano et cordes. 1 Anton Diabelli (1781-1858) est un pianiste, compositeur et éditeur autrichien, élève de Haydn. Sa musique est emblématique de la culture Biedermeier (art bourgeois du début du XIXe siècle).



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Savez-vous, mon cher Ludwig, que d’après mes omis, je devrais me méfier de vous ? Encore que tout le monde ignore jusqu’où va le vôtre ! C'est que votre musique serait dangereuse pour les femmes ! je serais très imprudent de laisser vos partitions entre les mains de mon épouse I Même pas ! Le libéralisme se porte assez bien jusqua la cour. Ce mot est revenu plusieurs dlors mon cher, pensez-vous que je doive m inquiéter ? C’est à votre épouse qu’il faut poser la question. Hé Hé ! ’Z-vous une princesse Lichnowsky »( un vulqaire van Beethoven ? le crois que je ne vous ai jamais connu sans un amour en tête, mon cher. Ça n’a pas retenu une certaine comtesse GuicciardL îli certaines comtesses Brunswick. 25

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il lui semblait Que tout un monde s'eflaçait... “Un monde dont il était l’héritier...” 29
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lt je pouvais me Jire qu'il ne jouait que pour moi. 54
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]’oi hôte de voir leurs uniformes ! 31
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Von Koubiny... Veuillez, je vous prie, élever lo voix, nous oimerions tous profiter Je cette conversation.
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Hmm... L’oudoce Je s’oFFronchif des contraintes... 59

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Gr si vous vous obstinez, croyant montrer votre indépendance, vous ne manifesterez que votre ingratitude. 68
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il s'installa à Vienne. Vienne dont tout musicien se devait Je foire lo conquête. 88
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l’ai bien sûr énormément entendu parler de lui. éprouvais d’ailleurs le besoin. il eut certes des mécènes prestigieux l’archiduc Rodolphe, le prince Kinsky.. Nais il n’entra jamais à leur service et réussit à les tenir en respect. il se devait d'être libre pour que sa musique le soit aussi. lonie Pastorale, De 1806, l’année où il nous quitta, jusqu’en 1814, l’année où toute l’iurope se retrouva à Vienne pour organiser la paix après la chute de Napoléon, il réussit à imposer l’héroïsme de sa musique. lois mon père eut raison sur un point Beethoven ne quitta jamais Vienne. 119
Je crois qu’il resta dans cette ville par goût de lo lutte. 120
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Bande-son de l’ouvrage Écoute possible sur : www.deezer.com/fr/playlist/8774737662 ou en scannant le QR code ci'contre : L'Association Beethoven France et Francophonie a souhaité privilégier des interprétations valorisant des artistes vivants (et, dans la mesure du possible, français), sans renoncer à la qualité des versions proposées. ŒUVRES EN RELATION AVEC LA BD 1 - Symphonie n° 9, Op. 21, 4e mouvement (dit Ode à la joie) Wiener Philharmoniker et City of Birmingham Symphony Chorus dirigés par Simon RATTLE > en lien avec la page 9 2 - Sonate pour piano n° 21, Op. 53 (dite Waldstein), 3e mouvement Piano François Frédéric GUY > en lien avec la page 20 3 - Fidelio, Op. 72, Acte 2 n° 14 Christa LUDWIG, Jon VICKERS, Gottlob FRICK, Walter BERRY et le Philharmonia Chorus & Orchestra dirigés par Otto KLEMPERER* > en lien avec la page 28 4 - Sonate pour piano n° 23, Op. 57 (dite Appassionata) 1er mouvement Piano France CLIDAT > en lien avec la page 32 5 - Concerto pour violon, Op. 61,1er mouvement Violon Isabelle FAUST, Orchestra Mozart dirigé par Claudio ABBADO > en lien avec la page 37 6 - Symphonie n° 3, Op. 55, 2e mouvement Ensemble Orchestral de Paris dirigé par John NELSON > en lien avec la page 63 7 - Sonate pour piano n° 8, Op. 13 (dite Pathétique) 2e mouvement Piano François-René DUCHÂBLE > en lien avec la page 92 8 - Sonate pour piano n° 14, Op. 27n°2 (dite Clair de lune), 3e mouvement Piano Daniel BARENBOIM > en lien avec la page 94 9 - Symphonie n° 6, Op. 68 (dite La Pastorale), 4e mouvement (dit L'orage) Orchestre National de France dirigé par Kurt MASUR > en lien avec la page 123 10 - Symphonie n° 6, Op. 68 (dite La Pastorale), 5e mouvement Orchestre National de France dirigé par Kurt MASUR > en lien avec la page 123 11 - Concerto pour piano n° 5, Op. 73, 2e mouvement Piano Hélène GRIMAUD, Staatkapelle Dresden dirigé par Vladimir JUROWSKI > en lien avec la page 123 12 - Fantaisie chorale, Op. 80, 2e mouvement Accentus & Insula Orchestra dirigés par Laurence EQUILBEY > en lien avec la page 124
13 - Symphonie n° 7, Op. 92, 2e mouvement Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela dirigé par Gustavo DUDAMEL > en lien avec la page 130 14 - Mi s sa Solemnis, Op. 123, Sanctus New Philharmonie Chorus et London Philharmonie Orchestra dirigés par Carlo Maria GIULINI* > en lien avec la page 132 ŒUVRES COMPLÉMENTAIRES : 15 - Sonate pour violon n° 5, Op. 24 (dite Le Printemps), 1er mouvement Violon Monique FRASCA-COLOMBIER, piano Michèle LANGOT 16 - Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano, Op. 56, 3e mouvement Piano Martha ARGERICH, violon Renaud CAPUÇON, violoncelle Mischa MAISKY et l'Orchestre de la Suisse Italienne dirigés par Alexandre RABINOVITCH-BARAKOVSKY 17 - Quatuor à cordes n° 16, Op. 135, 3e mouvement Quartette ITALIANO 18 - Trio avec piano n° 5, Op. 70,1er mouvement Piano Frank BRALEY, violon Renaud CAPUÇON, violoncelle Gautier CAPUÇON 19 - Grande fugue pour quatuor à cordes, Op. 133, Ouverture The LINDSAYS 20 - An die ferne Geliebte, Diese Wolken in den Hôhen Chant Dietrich FISCHER-DIESKAU, piano Jorg DEMUS L'Association Beethoven France et Francophonie a été fondée en 1969. L'ABF accueille toutes les personnes qui apprécient l'œuvre du compositeur Ludwig van Beethoven : musicien, instrumentiste ou non, passionné par Beethoven, auditeur ou professionnel de la musique, chacun trouve sa place au sein de l'association. Parmi ses diverses activités, l'Association Beethoven France et Francophonie : - réalise une revue, intitulée Beethoven, qui paraît depuis 2003 ; elle regroupe des articles concernant la vie du compositeur, sa musique ; - organise depuis 2007, des Beethovéniades, rencontres musicales de présentation d'œuvres du compositeur ; - organise des voyages sur les traces de Ludwig van Beethoven, à Bonn, Vienne et autres lieux où sa mémoire et celle de sa famille sont présentes ; - anime le site internet www.beethoven-france.org, et une page Facebook Ludwig van Beethoven en Français : n'hésitez à visiter ce site et cette page ; - propose une exposition concernant la vie et l'œuvre de Ludwig van Beethoven, qui peut accompagner les événements musicaux. Elle s'adresse au public des festivals, des médiathèques, ou des salles de concert. N'hésitez pas à adhérer pour bénéficier des réalisations, pour participer aux activités et pour aider à la concrétisation de projets développés par l'ABF - Association Beethoven France et Francophonie. L'association se développera d'autant plus et sera à l'initiative de plus nombreux projets si le nombre d'adhérents est plus élevé. Quel que soit le temps dont vous disposez, vous êtes la et le bienvenu(e). Contact : association@beethoven-france.org Le choix des versions de Fidelio et de la Missa Solemnis correspond aux conclusions des écoutes comparées réalisées dans notre revue "Beethoven, sa vie, son œuvre" (respectivement les n‘ 7 et 18).
Je tiens à remercier mon épouse, Anne-Laure, et mon éditeur, Vincent, pour leurs nombreuses relectures, leurs précieux conseils et leurs pertinentes suggestions. Régis Penet BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE Ludwig van Beethoven Jean et Brigitte MASSIN (Fayard, 1955) Vie de Beethoven Romain ROLLAND (Hachette, 1903) Beethoven, les grandes époques créatrices édition définitive de Romain ROLLAND (Albin Michel, 1966) Beethoven, la force de l'absolu Philippe AUTEXIER (Découvertes Gallimard, 2010) Beethoven par lui-même, la correspondance d'une vie Nathalie KRAFT (Buchet Chastel, 2019)