Author: Gerondeau C.  

Tags: chimie   industrie pétrolière  

ISBN: 978-2-81000-371-6

Year: 2009

Text
                    CHRISTIAN
GERONDEAU


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UN MYTHE
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PLANETAIRE


Preface de Valery Giscard d'Estaing


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c. Gerondeau CO 2 un my the planetaire editionS du Toucan 
ISBN: 978-2-81000-371-6 Tirage N° 1 (NED) @ 2009 TFl Entreprises/Les editions du Toucan Le Code de la propriete inteHectueHe interdit les copies ou reproductions destinees a une utilisation collective. T oute representation ou reproduction integrale ou partieHe faite par quelques procedes que ce soit, sans Ie consentement de I'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefac;on sanctionnee par les articles L 335-2 et sui- vants du code de la propriete inteHectueHe, 
Preface L'interet de la pensee d'un esprit scientifique, c' est qu' elle est a la fois objective et inventive. C' est le cas pour Christian Gerondeau, Ingenieur de grand renom, qui applique sa reflexion a run des dossiers qui preoccupe le plus notre epoque, celui des changements climatiques. Christian Gerondeau prend pour point de depart une reflexion originale et qui debouche sur des interrogations fondamentales. Il pense que nous faisons fausse route en cherchant a reduire nos emissions de gaz carbonique, car ce n' est pas realiste. Pour y parvenir, la seule solution, selon lui, serait de cesser d'extraire du sol de la planete les energies fossiles ou du moins de plafonner leur extraction. Or, nous faisons exactement Ie contraire en encourageant la recher- che petroliere, en developpant des reseaux de transport de gaz naturel, et en ouvrant de nouvelles mines de charbon. Des lors que ces energies fossiles sont sorties du sol, elles seront de toute maniere consommees, et produiront des emissions de gaz carbonique. Si ce n'est pas fait par nous, ce sera fait par d'autres et les emissions de gaz carbonique res- teront au me me volume. La seule solution serait de limiter I' extraction du petrole, du gaz naturel, et du charbon, mais i l n'existe aucun consensus mondial pour le proposer. Christian Gerondeau avance d'un autre cote une pensee ori- ginale en indiquant qu'iI en resultera probablement peu de mal pour la planete car il montre, comme d'autres scienti- fiques, qu'iI n' existe pas de lien etabli de fac;on certaine entre la concentration de gaz carbonique dans ['atmosphere et d' eventuels changements climatiques. Ceux-ci resultent 5 
CO 2 un my the planetaire d' evolutions beaucoup plus complexes qui trouvent, sans doute, leur origine bien au-dela de I'atmosphere. Christian Gerondeau en deduit egalement que les sommes considerables que les differents pays du monde consacrent a ce qu'i Is croient etre la «sauvegarde de la planete» sont depensees en pure perte, teUes que ceUes qui servent en France, a couvrir notre territoire d'eoliennes qui defigurent nos paysages et dont nous n'avons aucun besoin pour assurer notre approvisionnement energetique. Mauvais usage de cre- dits publics pour une production d'electricite inefficace. Ce livre a le merite de nous conduire a nous interroger sur les idees rec;ues, et peut-etre a decouvrir des voies d'avenir plus realistes. Valery Giscard d'Estaing 
Copenhague, un echec programme Le 12 Decembre 1997, une ambiance de liesse regnait a Kyoto. Apres des annees de reunions tenues aux quatre coins du monde, de discussions serrees, de negociations ardues regroupant des milliers de participants, un accord etait trouve et la planete allait etre sauvee. Le « protocole de Kyoto» allait maitriser les emis- sions du gaz carbonique, Ie CO 2 , run des plus dangereux gaz a effet de serre. Certes, Ie document etait imparfait, car iI ne concernait que les pays developpes dont chacun se voyait fixer un volume d' emissions a ne pas depasser en 2012, mais les pays riches etaient alors a l' origine de la majorite des emissions de la pla- nete. Disposant des ressources techniques et financieres necessaires, it leur reviendrait de mettre au point des solutions permettant de maitriser les rejets et de montrer ainsi la voie au reste du monde pour qu'iI ne reproduise pas les errements passes. La planete serait alors engagee sur la voie du developpement durable et les genera- tions a venir se trouveraient a l'abri d'un rechauffement climatique dont les consequences auraient ete dramatiques. Douze ans plus tard, la realite apparait bien differente. Jamais les emissions planetaires ne se sont aussi rapidement accrues que depuis les debuts de I' elaboration du protocole de Kyoto sous l'egide de I'UNFCCC, l'organisme des Nations unies qui en a la charge. Elles ont augmente de 43 % depuis 1990 ! 7 
CO 2 un my the p I an eta ire Que s' est-i I done passe pour qu' en fait rien ne soit change? Le regard se tourne d'abord vers les pays developpes auxquels Ie protocole eta it cense s'appliquer. Certains, au premier rang desquels les Etats-Unis, ont refuse de Ie ratifier bien que I'ayant initialement approuve. D'autres, comme Ie Canada, r ont fait mais leurs emissions se sont litteralement envolees. La Russie a traine les pieds et n'a finalement ratifie Ie traite que tres tardivement, sans vraiment I'approuver et uniquement sur I'insistance de I'Union europeenne. En definitive, seule ceUe-ci s' est precipitee avec enthousiasme pour signer les engagements qu'impliquait Ie protocole pour chaque pays. Mais tout ceci n'a eu en definitive guere d'importance, car ce n' est pas parce qu' un texte est ratifie, ou qu'il ne I' est pas, qu'il se passe quelque chose. Les habitants des pays developpes ont continue comme si de rien n'etait ou presque, a se deplacer, a se chauffer, a s' eclairer et a faire fonctionner leurs industries, tout simplement parce que leur vie Ie voulait, et I' on serait bien en peine de mettre en evidence un impact significatif du protocole de Kyoto sur leurs emissions, que celui-ci ait ete ratifie ou non. Au total du monde developpe, ceUes-ci ont d'ailleurs peu varie au cours des annees recentes comme si un plateau etait atteint, Ie progres technique ayant com pense spontanement la crois- sance de I' economie. Si les emissions planetaires ont cru a un rythme sans precedent au cours des annees recentes, c' est a une toute autre cause qu' elles Ie doivent, qui tient a I' expansion inattendue des pays 8 
Copen hague, un echec programme emergents au premier rang desquels se trouve la Chine. Alors qu'iI etait clair aux yeux des redacteurs du protocole de Kyoto que c' eta it aux pays riches qu'il appartenait de fa ire l' effort, Ie pro- bleme s' est deplace et ce sont desormais les pays emergents qui sont a l' origine de la majorite des emissions planetaires alors meme qu'ils n'en sont encore qu'au debut de leur developpe- mente II est done apparu tres vite qu'il etait necessaire, si ('on voulait que les efforts demandes aux pays riches soient d'une quelcon- que utilite, de tenter de donner une suite au protocole de Kyoto en reunissant autour de la table I'ensemble des pays du globe, y compris les geants tels que la Chine et l'lnde, afin, cette fois- ci, de trouver de vraies solutions pour maitriser les emissions de la planete. II fut decide que cette reunion se tiendrait a Copenhague, du 7 au 18 decembre 2009, et les pronostics les plus divers sur son issue ont alors circule. Mais, s'il y avait encore un doute, celui-ci a ete leve par les declarations faites a New York par Ie president de la RepubUque chinoise, Hu Jintao, le 22 septembre 2009 a I'occasion de la reunion des Nations unies sur Ie climat qui a precede celie du G20 a Pittsburgh. Certes, les propos du president chinois ont ete plutot bien accueillis. N' a-t-i I pas d it qu'il s' engageait «a ameliorer de maniere notable l' efficacite energetique de son pays, et de tout mettre en CEuvre pour que la part des energies renouvelables - nucleaire compris - atteigne 15 % en 2020 » ? 9 
CO 2 un my the planetaire Chacun a loue ce temoignage de bonne volonte. Mais, au- del de la formulation, iI n' est pas difficile de voir la realite. si la Chine arrive a produire 15 % de I'energie dont elle aura besoin en 2020 a l'aide de sources renouvelables, de grands calculs ne sont pas necessaires pour comprendre que 85 % de celle-ci continuera a provenir du charbon, du gaz naturel et du petrole, tous produits grands emetteurs de gaz carbonique, Ie CO 2 dont la reunion de Copenhague etait censee reduire les emissions. Et si « I' efficacite energetique » du pays s'ameliore« de maniere notable », cela signifie sans doute qu'avec un taux annuel de progression de l'economie de 8 a 10 %, les emissions n'augmen- teront « que» de 5 a 6 % par an, et doubleront done ou presque d'ici 2020 1 Des besoins incompressibles C'est ce qui va se passer. La Chine met en service chaque semaine une ou deux centrales a charbon de la puissance d'une centrale nucleaire et a annonce qu' elle continuerait a Ie faire au cours des annees prochaines. Est-ce pour les laisser inutilisees ? De meme, la Chine est devenue en 2005 Ie premier producteur de camions du monde et depuis 2008, Ie premier constructeur mondial d'automobiles. Est-ce pour laisser ces camions et ces voitures au garage, alors que la Chine prevoit de doubler a court terme leur production, qu'elle construit 5 000 kilometres d'auto- routes par an et que son reseau autoroutier, parti de rien i I y a 15 ans, compte aujourd'hui plus de 50 000 kilometres et depas- 10 
Copen hague, un echec programme sera bientot celui des Etats-Unis ? si eUe se dote d'une industrie aeronautique, est-ce pour laisser les avions au sol ? Les emissions de CO 2 de la Chine qui representent aujourd'hui pres du quart de ceUes de la planete vont done ineluctablement continuer a s' accroitre a vive allure car Ie recours au charbon, au petrole et au gaz naturel est la condition de la sortie de la pauvrete du milliard de Chinois qui sont encore confrontes a ceUe-ci. Mais les dirigeants chinois sont habiles. Pour masquer cette rea- lite incontournable, ils ont adopte une strategie efficace. En meme temps qu'its construisent les centrales a charbon qui leur sont indispensables et qui seules peuvent vraiment fournir I' electricite dont ils ont besoin, its se sont fixes com me objectif de devenir les premiers producteurs mondiaux des energies « renouvelables » actueUement en vogue. Des aujourd'hui, plus de la moitie des pan- neaux photovoltaIques du monde se trouvent en Chine, de meme que les plus grands champs d'eoliennes de la planete. Peu importe que les uns com me les autres fournissent une electricite aleatoire sur laqueUe it est impossible de compter, et que leur production soit souvent incompatible avec Ie reseau electrique existant. Le but n' est en rien de satisfaire des besoins qui seront couverts par les centrales a charbon dont Ie rythme de construction reste inchange, mais de donner une bonne image du pays et de se procurer des possibitites d' exportation vers les pays qui subven- tionnent massivement ces « energies renouvelables » aux frais de leurs contribuables. 11 
CO 2 un my the planetaire II est impossible de comprendre ce qui se passe en Chine si I'on ne sait pas que Ie Parti communiste qui y tient tous les leviers est entre les mains d'ingenieurs, ce qui est I'une des causes majeures de la reussite economique exceptionneUe du pays. C'est Ie cas du president de la RepubUque, du Premier ministre et de leurs prin- cipaux coUaborateurs qui savent compter et ne sont pas prets a sacrifier leur developpement national aux modes occidentales ambiantes. Maitrisant les chiffres et les ordres de grandeur, ils savent que ce n' est pas Ie cas de la plupart des dirigeants occi- dentaux, ni celui des apotres des croyances en vogue sur Ie chan- gement climatique, et qu'iI est facile de les leurrer. L' experience leur donne raison, et ron ne compte plus ceux qui, tels que I'eco- nomiste anglais Nicholas Stern connu dans son pays sous I'appel- lation de «Lord vert», reviennent de Chine en tressant des louanges a un pays qui n'a jamais construit autant de centrales electriques, d'usines, de camions et de voitures et dont les rejets dans I'atmosphere vont necessairement continuer a s'accroitre. II n'y a guere que I' Agence internationale de I' energie (AlE), ayant desormais perdu toute independance d' esprit, pour oser prevoir que les rejets des pays emergents stagneront sans chan- gement d'ici 2030 a un niveau dramatiquement faible (1,4 tonne de CO 2 par an et par habitant), ce qui voudrait dire que ceux-ci ne se developperaient pas et resteraient dans l' etat de misere qui est aujourd'hui Ie leur (AlE: Wortd Energy Outtook 2009). Mais, fort heureusement, ce n'est pas cet organisme qui decide, et iI suffit d'additionner les projets de construction de centrales electriques des pays qui composent cette grande majo- 12 
Copen hague, un echec programme rite de I'humanite pour mesurer I'inanite de telles perspectives, d'autant plus que beaucoup d'entre eux disposent dans leur sous sol de reserves abondantes de charbon accessibles a faible couto II nous faut done regarder la realite en face: les emissions dues aux pays dits « emergents », c' est-a-dire aux quatre cinquiemes de I'humanite si on y inclut la Chine, vont continuer pendant tres longtemps encore a s'accroitre a tres vive allure comme elles Ie font deja depuis plusieurs decennies, car c' est la condition de la sortie de la misere et du denuement de leurs populations. Au nom de quoi Ie monde developpe, qui emet en moyenne 15 tonnes de CO 2 par habitant, aurait-il Ie droit d'imposer aux pays pauvres de n'en emettre que dix fois moins ? Comment ne pas voir que 1'« exemple »que nous pouvons leur donner en reduisant un peu nos propres emissions ne s'applique pas a eux ? L'impuissance du monde developpe Face a cette realite, que peuvent faire les pays developpes, qui ne representent plus guere qu'une petite moitie des emis- sions mondiales ? Passons rapidement d'abord sur I'Europe. Avec environ un hui- tieme des emissions planetaires, proportion sans cesse en regres- sion, elle ne peut avoir aucun impact significatif sur les rejets de la planete. Meme si elle atteint son objectif officiel de reduction 13 
CO 2 un my the planetai re de 20 % de ses emissions de CO 2 d'ici 2020, ce qui est sans doute inaccessible et lui couterait en tout etat de cause des fortunes au detriment de son economie et du niveau de vie de ses habi- tants, I' effet sera it imperceptible au niveau mondial. Quant au poids de la France, avec moins de 1 % des emissions globales, iI se passe de commentaires. si l' on excepte Ie Japon et la Russie, iI reste les Etats-Unis, cou- ramment montres du doigt pour etre conjointement avec la Chine les plus gros emetteurs de la planete, ce qui est vrai. Chaque Americain rejette annuellement dans I'atmosphere une vingtaine de tonnes de CO 2 contre 10 pour chaque Europeen, France excep- tee ou les rejets individuels n' excedent pas 6 tonnes. Au total, comme les Chinois, les Americains sont a I' origine de pres du quart des emissions de la planete. Mais, contrairement a ce qu'a cru Ie president Obama lui-meme, la marge de manCEuvre des Etats-Unis est tres reduite pour des raisons factuelles, ne serait-ce que parce que les logements y sont en moyenne deux fois plus vastes qu'en Europe, les distances a parcourir deux fois plus grandes, et Ie cUmat bien plus rude, ce qui rend indispensable Ie recours a une forte cUmatisation en ete et a un chauffage puissant en hiver. Qui pour- rait imaginer de ne chauffer qu'une piece sur deux? Certes, les voitures americaines consomment trop, et c' est a juste titre qu'un vaste mouvement de reconversion de I'industrie automobile est engage pour mettre fin a cette absurdite. Mais ne nous faisons pas d'illusions. Au total, la marge de manCEuvre est faible et les emissions americaines ne peuvent guere regresser, ne serait-ce que parce que plus de la moitie de l' electricite est pro- 14 
Copen hague, un echec programme duite outre-Atlantique par des centrales a charbon auxquelles il sera impossible de substituer d'autres sources avant tres long- temps. Le debat n'est done pas politique comme on Ie croit Ie plus souvent. si Ie president Obama court a un echec certain alors qu'iI a pris I' engagement de reduire les emissions de son pays, c'est parce qu'iI s'est laisse circonvenir par des conseillers irresponsables, au premier rang desquels figure l'ancien vice- president AI Gore qui n'a pas craint de declarer contre toute vraisemblance qu'i I etait possible de supprimer les emissions de CO 2 des Etats-Unis d'ici dix ans, alors que la marge de reduction ne peut exceder au mieux que quelques points! Des rideaux de fumee Les Etats-Unis en sont done reduits, comme la Chine, a masquer la rea lite. C' est ainsi que Steven Chu, ministre de I' energie du presi- dent Obama, a annonce en octobre 2009 a Paris lors d'une reunion de I' Agence internationale de I' energie que les Etats-Unis avaient I'intention d'investir 80 milliards de dollars dans les energies vertes, mais s' est bien garde de prendre Ie moindre engagement quant a une quelconque reduction des rejets de son pays. Au total, iI serait done illusoire de croire que Ie monde deve- loppe puisse dans un avenir previsible reduire drastiquement ses emissions. II peut les maitriser, et sans doute les diminuer mar- ginalement. Mais ceci n'aura aucune influence significative sur les 15 
CO 2 un my the planetaire emissions planetaires, compte tenu de I'acceleration des besoins des pays emergents qui regroupent I' essentiel de I'humanite et dont les habitants aspirent legitimement a sortir de la pauvrete et de la misere comme nous I'avons fait nous-memes avant eux grace aux energies fossiles que nous avons consommees. Et leurs besoins sont immenses. II est pour Ie moins etonnant que cette verite d' evidence et de bon sens soit ignoree par ceux qui nous gouvernent et qui ne cessent d'etablir des plans pour reduire les emissions de CO 2 , en meme temps qu'ils encouragent les forages destines a trouver du petrole et du gaz naturel, et constatent sans reagir I'ouverture de mines de charbon un peu partout sur la planete. La confusion qui regne dans les esprits ne saurait etre mieux illustree que par Ie cas de la Norvege. Ce sympathique pays nor- dique s'est fixe comme objectif d'etre exemplaire et de reduire drastiquement ses emissions de CO 2 , et chacun I' en felicite. Mais chacun sait aussi que la Norvege est I'un des grands producteurs mondiaux de petrole et de gaz naturel, et elle n'a nullement I'inten- tion de reduire leur extraction, mais de I'accroitre dans to ute la mesure du possible. Or la combustion de ce petrole et de ce gaz naturel degage ailleurs sur la planete bien plus de CO 2 que tout ce que la Norvege emet sur son territoire 1 si les Norvegiens vou- laient vraiment lutter contre les emissions de CO 2 , iI n'y aurait qu'une solution: fermer leurs puits de petrole et de gaz naturel... Mais iI n'en est evidemment pas question. A lui seul, cet exemple dit tout. On ne peut pas en meme temps vouloir reduire les emis- sions de CO 2 et extraire du sol en quantites sans cesse croissantes 16 
Copen hague, un echec programme les produits qui en sont a I' origine. La Palice en eut dit autant. Le monde n'est qu'une grande Norvege... La hausse du cours du baril a d'ailleurs entraine depuis 2007 une frenesie de forages qui se sont traduits par plus de 200 decouvertes de gisements de gaz et de petrole. En definitive, il est clair que les rejets de CO 2 de la planete d' origine humaine vont ineluctablement continuer a s'accroitre, et que les pays develop pes, contrairement a ce qu'ils croient, ne peuvent avoir d'influence significative sur Ie volume des emissions pla- netai res. La verite que nous nous refusons a voir, c'est que nous n'y pouvons rien! Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que ceux qui dirigent notre planete reconnaissent cette verite de bon sens et abandonnent I' objectif utopique de reduction des rejets pla- netaires qu'ils se sont fixes? N'y aurait-il vraiment parmi eux personne qui sache compter et soit capable d'additionner les productions previsibles de I'lnde, de la Chine, du reste de I' Asie, de I' Afrique et de l' Amerique latine pour s'en rendre compte? Les chiffres ne constituent-ils pas Ie seul moyen avere de contrer le« politiquement correct» ? Le bon sens aurait-il definitivement disparu ? 17 
CO 2 un my the planetai re A partir du moment ou Ie caractere ineluctable de I'evolution des emissions sera enfin admis, les debats sur leur role a I' egard des variations climatiques perdront evidemment beaucoup de leur acuite. Mais ce n' est pas une raison pour ne pas s'interroger et se poser une question qui figure depuis de nombreuses annees aux premiers rangs de I' actualite. * * * Le changement climatique est-il d'origine humaine ? Les emissions mondiales vont done continuer a s'accroitre rapidement et la concentration de CO 2 dans I'atmosphere tres probablement doubler au cours du siecle qui s' ouvre. En resul- tera-t-i I alors les catastrophes que I' on nous annonce chaque jour? Le climat va-t-il en etre deregle, la Terre se rechauffer dan- gereusement, les glaciers fondre, la mer monter et submerger des pays entiers comme on nous Ie repete a satiete ? Le mythe de l'unanimite Nous devrions Ie croire sans hesitation s'iI n' existait un fait troublant. Ceux qui nous annoncent I'apocalypse nous affirment 18 
Copen hague, un echec programme pour lever toute reticence que « la communaute scientifique est unanime ». Or c' est inexact et ce constat jette a lui seulle doute sur tout Ie reste. La communaute scientifique est profondement divisee. II existe de par Ie monde des milliers de scientifiques qui affirment que rien n' est prouve quant a I'influence du CO 2 sur Ie climat, et ils ont pour cela des arguments frappants. J'ai assiste en mars 2009 a un congres mondial qui s'est tenu a New York, au cours duquel plus de 50 scientifiques de haut niveau en provenance des meilleures universites du monde sont tous venus dire qu'il n'y avait aucune preuve qu'il y ait un lien significatif entre Ie CO 2 et Ie climat (voir sur Internet: Climate Change Conference, New York, March 2009). Une petition en ce sens a meme ete signee par plus de 30 000 scientifiques americains (Oregon Petition). Le site Internet franc;ais « pen see unique» recense plus d'une douzaine d'autres demarches ana- logues dans differents pays, cautionnees par des centaines de scientifiques. II existe d'ailleurs dans Ie monde des dizaines d' ouvrages qui denoncent les certitudes officielles et montrent q'ue I'influence de I'activite humaine sur la determination du climat n' est en rien une certitude, fort heureusement pour notre avenir et celui de nos enfants. L'un des plus recents d'entre eux (Nouveau voyage au centre de ta Terre, Odile Jacob 2009) vient de paraitre en France sous la plume 19 
CO 2 un my the planetaire de Vincent Courtillot, directeur de I'Institut de physique du globe, membre de plusieurs academies des sciences, dont iI est difficile de contester la competence scientifique. II y montre que rien n' est prouve, et met en evidence Ie mur auquel se heurtent tous ceux qui osent mettre en doute les theses officielles. II rappelle surtout dans ses recentes interviews quelques faits surprenants : « Pour verifier que la temperature moyenne du globe baisse depuis 1988, iI suffit d'aller sur Ie site web de I'agence meteo britannique (MET) et des autres laboratoires qui fournissent les principaux indicateurs utilises par Ie GIEC des Nations unies. Au- dela d'une importante variabilite naturelle, on constate que la temperature baisse bien depuis dix ans... 5' agissant de I' evolution depuis 1900, on s' aperc;oit aussi que I' evo- lution de la temperature n' est pas exponentielle, et ne ressemble en rien a la courbe du CO 2 . En revanche, on peut penser que Ie soleil joue un role majeur que nous avons tous sous-estime. Qu'a fait Ie Soleil au cours du XIX e siecle ? Son activite a monte de 1900 a 1930, descendu de 1930 a 1970, monte a nouveau de 1970 a 1998, et regresse depuis dix ans, et notre astre semble aujourd'hui ren- tre dans une periode de calme extraordinaire... Nous savons qu'une correlation ne demontre rien, mais Ie fait est que la courbe des temperatures ressemble plus a la variation du Soleil qu'a celie du CO 2 . » 20 
Copen hague, un echec programme Lorsqu' on lit ces declarations d'un de nos scientifiques les plus reconnus, on peut, sans prendre parti, en conclure que Ie debat sur les causes des modifications du climat est loin d' etre clos contrairement a ce que nous entendons partout, et surtout qu'iI n'y a aucune unanimite des scientifiques. On oublie I' essentiel Mais, si ce debat a pris la virulence qu' on lui connait aujourd'hui, c' est qu'iI s'inscrit dans un contexte beaucoup plus large, celui de la responsabilite de l'homme a l' egard de l' evolu- tion de notre monde qui est uniformement presentee comme etant dramatique et devant nous mener a la catastrophe si rien ne change. Cette maniere de voir est entretenue par d'innombrables livres, films, articles, de'clarations qui jettent sur notre humanite un regard de plus en plus sombre, incitent au pessimisme notre jeunesse, et nous predisent I'apocalypse pour les generations futu res. Je ne partage en rien cette maniere de voir qui fait soigneu- sement Ie tri entre les faits pour ne retenir que ceux qui ignorent I' essentiel. De 1900 a 2000, en un seul siecle, l' esperance de vie dans les pays pauvres, c'est-a-dire pour les quatre cinquiemes de l'humanite, a presque triple, passant de 27 a 65 ans. Derriere la froideur de ces chiffres se cache un bouleversement sans prece- dent dans I'histoire car la majeure part de cet incroyable progres 21 
CO 2 un my the planetaire tient a la chute de la mortalite infantile. Alors que deux enfants sur trois mourraient autrefois en bas age, iI s'agit aujourd'hui de beaucoup moins de un sur dix. Les chiffres prennent alors une tout autre signification lorsqu' on sait les lire. lis signifient tout simplement qu'au cours du xx e siecle, ptus d'un mittiard de meres n'ont pas connu la dou- leur de devoir porter en terre leur bebe, leur petit garc;on ou leur petite fille. Ptus d'un mittiard de mamans et autant de papas. Et Ie progres continue a une allure a peine croyable du fait notamment de la fondation de Bill Gates qui contribue a gene- raliser la vaccination infantile, a tel point que la rougeole est tout simplement en train de disparaitre en quelques annees de la sur- face du globe. Depuis I'an 2000, Ie nombre des enfants qui dece- dent chaque annee avant I'age de 5 ans a regresse a nouveau de quatre millions 1 Je veux bien ensuite qu'on m'explique que nous vivons dans un monde qui va de mal en pis, et que nous laisserons a nos enfants - qui incidemment vivront au lieu d'etre morts - un uni- vers catastrophique. Je ne veux evidemment aucun mal aux plan- tes, aux baleines, aux oiseaux, ou aux ours blancs qui d'ailleurs se multiplient a vive allure depuis que leur chasse a ete interdite, leur nombre etant passe de 8 000 a plus de 20 000 depuis vingt ans contrairement a ce qu'on lit partout. Mais personne ne me fera croire que c' est la I' essentiel a cote de la douleur de parents qui perdent leurs enfants. Aurions-nous, habitants des pays riches, Ie monopole de I'amour maternel et de la souffrance ? 22 
Copen hague, un echec programme Un cercle vertueux La chute de la mortalite des enfants nous entraine par ailleurs dans un cercle vertueux. Dans tous les pays du monde, des qu'elles se rendent compte que leurs enfants ne meurent plus, les femmes reduisent massi- vement Ie nombre des naissances. L'evolution est Ie plus souvent brutale. II y a trois decennies, les Marocaines avaient pres de sept enfants en moyenne. Elles en ont aujourd'hui a peine plus de deux. Quant aux Tunisiennes, eUes ont maintenant moins d'enfants que les Franc;aises. Et Ie mouvement est mondial. Contrairement aux idees rec;ues, nous assistons a un effondre- ment demographique a I' echelle de la planete. La seule exception significative est encore r Afrique « subsa- harienne », mais la aussi I' evolution vers la maitrise des naissances est engagee et s'accelere en commenc;ant par les pays cotiers. La fondation Bill Gates y contribue. Celui-ci a reuni au debut de 2009 Ie cercle des milliardaires qui I'accompagnent dans son CEuvre humanitaire mondiale, et les a convaincus d' etendre Ie champ d'action de sa fondation a la maitrise de la demographie dans les pays qui en ont encore besoin. II est en effet inutile d' esperer sortir de la pauvrete si Ie taux de natalite demeure voi- sin de six ou sept enfants par femme alors que la mortalite infan- tile est jugulee. Adeptes de Malthus, ceux qui agitent Ie spectre d'une planete surpeuplee et incapable de nourrir ses habitants sont done contredits par les faits. 23 
CO 2 un my the pianeta i re Mais Ie progres ne se manifeste pas seulement en termes de demographie. II touche aussi notre environnement, les forets, les rivieres, l'air que nous respirons, ce que nous mangeons, avec les consequences que l' on connait sur la longevite. Certes, les ame- liorations de l'environnement concernent d'abord les pays riches. C' est ainsi qu' en France les mers qui nous entourent et qui etaient souvent plus que douteuses. II y a quelques decennies sont desormais depolluees et ont retrouve une purete qu'elles avaient perdue. II en est de meme de plus en plus pour nos lacs et nos rivieres. Les saumons remontent la Loire et la Seine et trente especes de poissons ont ete recensees a Paris contre quatre ou cinq iI y a cinquante ans. Mais tout ceci coute tres cher et ne pourra etre accessible que bien plus tard aux pays les plus pauvres, qui ont aujourd'hui comme priorite la sortie de la misere de leurs peuples, comme ce fut Ie cas pour nous autrefois. Mais, lorsque leur niveau de vie Ie permettra, iI n'y a aucune raison pour qu'ils ne suivent pas la meme voie. Bien sur, tout ne peut etre acquis en un jour, ni meme en une generation, encore que la Chine, l'lnde, I'lndo- nesie, Ie Bresil et de multiples pays connaissent des evolutions d'une rapidite que nul n'aurait pense possible et commencent eux aussi a agir dans Ie sens voulu pour ameliorer leur environ- nement local. Quant aux ressources de la planete, leur epuisement n'est pas pour demain. Le chapitre III de ce livre montrera comment la consommation moyenne des voitures est en train de passer de 24 
Copen hague, un echec programme 10 litres a 1 litre aux cent kilometres de telle sorte que les Chinois - et les autres - pourront en beneficier. Alors pourquoi ne parler sans cesse que de ce qui ne va pas, et jamais de ce qui va bien et l' emporte de beaucoup ? Les sources de la desinformation Pour revenir a I' evolution du climat, que faut-il en definitive penser de la responsabilite des emissions de CO 2 a son egard dont on nous dit partout qu' elle est etablie et que nous courons a la catastrophe si rien ne change? Serons-nous victimes des dra- mes qui nous sont quotidiennement annonces ? A priori, Ie doute n'est pas permis, puisque cette affirmation trouve sa source dans les plus hautes autorites politiques et morales de la planete. Elle emane tout d'abord des Nations unies, et plus precisement de trois organismes qui leur sont rat- taches : - l'lntergovernemental Panel on Climate Change (IPCC) connu en franc;ais sous Ie nom de Groupe d'experts intergouvernemen- tal sur l' evolution du climat (GIEC) aujourd'hui dirige par un Indien, Rajendra Pachauri ; - la convention-cadre (UNFCCC), responsable du pro- tocole de Kyoto et de la reunion de Copenhague censee lui donner une suite, et que dirige un diplomate hollandais, Yvo de Boer; 25 
CO 2 un my the planetaire - Ie United Nations Environment Programme (UNEP), qui est en quelque sorte Ie ministere de I'Environnement des Nations unies, et dont Ie responsable est actuellement Achim Steiner, un diplomate allemand. Ce sont ces trois organismes qui, travaillant de concert sous (' egide du secretaire general des Nations unies, actuellement Ie sud-Coreen Ban Ki-moon, forgent ('opinion mondiale. Le plus connu d' entre eux, Ie GIEC, a rec;u Ie prix Nobel de la paix, conjoin- tement avec ('ancien vice-president des Etats-Unis AI Gore. sous I'influence des messages identiques transmis par ces organismes et leurs responsables, les chefs d'Etat de la planete, unanimes, ont a leur tour adopte la vision catastrophiste de I'evolution a venir de la planete que nous connaissons. lis I' ont d'abord fait dans Ie cadre du G8 qui reunit les huit pays developpes les plus puissants de la planete, puis du G20 qui compte notamment parmi ses membres la Chine, ('Inde et les autres grands pays emergents. Tout Ie monde est done d' accord : la planete est en tres grave danger. Face a une telle unanimite, une question vient alors a ('esprit. Est-il possible que les Nations un is et leurs emanations qui se targuent de I'accord unanime de mUliers d'experts et sont hono- rees d'un prix Nobel aient tort? Est-it possible que les chefs d'Etat de tous les pays de la planete ou presque et les milliers de conseUlers qui entourent ceux ci se trompent ? A ('evidence, ce n' est pas credible. 26 
Copen hague, un echec programme Ce n'est pas credible, mais c'est pourtant vrai. Pour s'en per- suader et comprendre comment nous avons pu en arriver la, iI faut se reporter au document de base qui fonde les croyances mondiales en vogue et qui est Ie rapport d'evaluation ou « Assessment Report» publie tous les cinq ou six ans par Ie GIEC (en 1990, 1995,2001 et 2007) et plus precisement de son« Resume a ('intention des decideurs » qui est Ie seul texte qui soit lu en pratique. On s'aperc;oit alors qu'j( s'agit de documents qu'j( ne faut pas hesiter a qualifier de mensongers. Ceux-ci sont tout d'abord presentes comme etant Ie resultat des travaux de 2 500 experts unanimes, de telle sorte que seuls des irresponsables peuvent les mettre en doute. Or c'est dou- blement faux. Tout d'abord, comme on I'a vu, j( n'y a aucune unanimite. On ne compte plus les dizaines de scientifiques qui ont demissionne des groupes de travail du GIEC lorsqu'ils ont constate qu'j( n'etait tenu aucun compte de leurs conclusions dans Ie « Resume a I'intention des decideurs» et qu' on leur faisait cautionner Ie contraire de ce qu'ils disaient. On peut par exemple en trouver une liste de plus de cinquante noms sur Ie site Internet franc;ais « Le changement climatique est-il d' origine humaine ? ». Parmi eux figure par exemple Richard Lindzen, I'un des meilleurs climatologues mondiaux, titulaire de la chaire de cli- matologie du prestigieux MIT et qui clame depuis des annees que Ie CO 2 n'a aucunement ('influence qu'on lui prete et I'a 27 
CO 2 un my the planetaire encore affirme avec des arguments nouveaux dans des publi- cations recentes. Mais i I y en a beaucoup d' autres, parmi les- quels figurait un eminent professeur franc;ais, Marcel Leroux, titulaire de la chaire de climatologie de I'universite de Lyon III, directeur du laboratoire de climatologie du CNRs, malheureu- sement decede recemment, mais dont I'ouvrage Gtobat War- ming, Myth or Reatity reste d'actualite et fait toujours reference. Le climat et les moustiques Une anecdote peut illustrer Ie mode de fonctionnement du GIEC. II y a quelques annees, I'hypothese fut emise que Ie rechauffement climatique ne pouvait manquer d'avoir une influence nefaste sur I' expansion du paludisme en favorisant la multiplication des moustiques qui Ie transmettent. C' etait la un argument nouveau pour les tenants de la vision officielle et nega- tive des choses, sur lequel les responsables du GIEC se precipi- terent done avec enthousiasme. Pour conduire les travaux correspondants ils chercherent un specialiste inconteste, et Ie senat americain leur proposa Ie nom de Paul Reiter. Paul Reiter, de nationalite britannique, est Ie chef du departement « Insectes et Maladies infectieuses » a I'lnstitut Pasteur a Paris, et a etudie pendant des dizaines d'annees Ie palu- disme auquel il a consacre pres d'une centaine d'articles qui font reference dans Ie monde entier. 28 
Copen hague, un echec programme Paul Reiter fut done contacte jusqu'au moment ou iI n' entendit plus parler de rien, avant de decouvrir que Ie GIEC avait choisi pour traiter de ('influence eventuelle du rechauffement climati- que sur Ie paludisme deux« experts» inconnus qui n'avaient pra- tiquement rien publie sur Ie sujet. Que s' etait-il done passe? L' explication est simple. Les mem- bres du comite de direction du GIEC s'etaient rendu compte en parcourant les articles de Paul Reiter que celui-ci avait montre que Ie paludisme n' etait en rien lie a la temperature mais a la presence de marais, celle-ci entrainant la proliferation des mous- tiques. Au x,x e siecle comme au cours des siecles precedents, Ie paludisme etait tres repandu en Angleterre ou i I constituait un veritable fleau dans les zones humides qui ne manquent pas Outre-Manche, alors qu' evidemment la temperature n'y a rien de tropical 1 Telle a ete la cause de I'eviction des travaux du GIEC du meilleur specialiste mondial de cette maladie au profit des deux inconnus a (' echine sans doute plus souple. Et iI ne faut pas s'etonner de voir dans Ie film d'AI Gore qui lui a valu d' etre co-laureat du prix Nobel une sequence ou ('on voit des nuees de moustiques repandre Ie paludisme dans Ie monde, consequence supposee parmi d'autres du rechauffement climatique. L'histoire ne s'arrete pas la. La reputation internationale de Paul Reiter est telle que Ie GIEC continua a Ie faire figurer sur la 29 
CO 2 un my the planetaire liste des experts censes cautionner ses points de vue 1 II a fallu que ('interesse menace d'attaquer les Nations unies en justice pour qu'enfin son nom soit retire de celle-ci. Tout ceci pourrait paraitre invente si chacun ne pouvait consulter sur Internet les depositions sous serment de Paul Reiter devant les Parlements britannique et americain ou iI relate en detail Ie comportement du GIEC. II est egalement possible de ('interroger directement puisqu'iI habite et travaille a Paris. Un processus verrouille Des anecdotes teHes que celles-ci abondent et iI ne faudrait pas croire que Paul Reiter soit une exception. Ceci ne fait qu'illus- trer Ie processus de fonctionnement du GIEC tel qu'iI a ete conc;u des I'origine pour que tout soit maitrise d'une maniere qu'on peut qualifier de professionnelle. II faut dire que Ie GIEC resulte a I' ori- gine d'une initiative commune du departement de I'Environne- ment des Nations unies qui cherchait une raison d'etre, et de Greenpeace dont chacun connait ('engagement. Ceux-ci ne lais- serent rien au hasard, et continuent encore aujourd'hui de tout verrouiller, comme en temoigne Ie processus d'elaboration des rapports d' evaluation qui forgent ('opinion mondiale et dont cha- cun peut consulter Ie mecanisme sur Ie site Internet de I'orga- nisme. On y voit que les responsables des instances dirigeantes du GIEC commencent par se reunir pour definir les outtines, c'est- a-dire les « conclusions» du rapport qui sera publie cinq au six 30 
Copen hague, un echec programme ans plus tarde Les experts sont ensuite soigneusement selection- nes en fonction de leur adhesion aux conclusions predetermi- nees, et ceux qui ne les approuvent pas - tels que Paul Reiter ou Richard Lindzen - sont evinces, ce qui veut dire incidemment qu'ils ne beneficient pas des multiples et volumineux credits d'etude que distribue genereusement Ie GIEC a tous ceux qui par- tagent ses vues. Puis, tout au long de son elaboration, Ie rapport est sans cesse controle pour aboutir a un document pleinement conforme a ce qui avait ete decide quelques annees plus tot, quitte a ce qu'iI travestisse la realite comme en temoigne par exemple Ie dernier d' entre eux. La montee des eaux, danger imaginaire Celui-ci (Assessment Report N° 4) publie en 2007 place I'ele- vation du niveau de la mer au premier rang des arguments sus- ceptibles de frapper I'opinion mondiale et de conforter celle-ci dans une vision catastrophique des choses. Or, quand on prend connaissance des chiffres, iI apparait immediatement que cet argument n' aurait jamais figure dans un rapport honnete. L' ele- vation du niveau des mers n'a pas de passe 18 centimetres au cours du xx e siecle, et Ie GIEC lui-meme prevoit que Ie rythme sera sans doute du meme ordre de grandeur au xx Ie, la hausse se chiffrant par exemple a 3 millimetres par an, c' est-a-dire 3 cen- timetres tous les dix ans ou 10 centimetres en trente ans. Et une elevation aussi faible ne peut avoir aucune consequence grave. 31 
CO 2 un my the planetaire Car, a I'evidence, aucune terre n'a comme altitude zero 1 Les pays les plus plats eux-memes dominent la mer d'au moins 4 a 5 metres, sinon ils seraient balayes a la premiere tempete, les vagues de forte amplitude etant frequentes sur tous les oceans du monde ! Autrement dit, une hausse de quelques centimetres tous les dix ans du niveau moyen de la mer ne peut avoir aucun effet perceptible. Et bien entendu, aucune lie, aucun delta, aucune terre, n' a jamais disparu et ne disparaitra du globe du fait d'une- elevation du niveau des eaux aussi derisoire en comparaison des 120 metres de hausse enregistres a la fin de la derniere ere glaciaire. II n'empeche. Le my the antique du deluge fait toujours recette. Le document de base du GIEC consacre des pages entieres a repandre la terreur en faisant croire a des pays entiers qu'ils sont menaces. II n'y a plus alors aucune limite a la desinformation. Dans une interview d'anthologie dont cha- que ligne est une contreverite, a commencer par ('affirmation de l'unanimite de la communaute scientifique, Ie president du GIEC, Rajendra Pachauri, n'hesite pas a affirmer que les «megadeltas ou se trouvent des vi lies com me Shanghai, Calcutta et Dacca et les petits etats insulaires sont extreme- ment vulnerables a la montee du niveau de la mer» (Le Figaro du 29 juin 2009) 1 II faut dire qu'iI est modere a cote du secretaire general des Nations unies Ban Ki-moon, qui, lors d'une visite en Arctique en octobre 2009, a tellement agite Ie spectre des inondations dues 32 
Copenhague, un echec programme a la fonte des glaces que la presse a relate qu'un quart de la popu- lation mondiale eta it menace par celles-ci. Pourquoi pas la moi- tie ou les trois quarts alors que la verite, c' est que personne n' est menace de rien ? Les deux autres responsables du quatuor de choc de la desin- formation onusienne, Yvo de Boer et Achim Steiner en rajoutent chaque fois qu'ils peuvent. Et c;a marche 1 Cela marche si bien qu'une quarantaine d'Etats, se croyant sous la menace d'une disparition imminente du fait de la montee des eaux se sont associes pour creer l' AOsis (Association of Small Island States). L' AOSIS regroupe 43 Etats et pays observateurs, issus de tous les oceans et regions du monde : Afrique, Carai"bes, ocean Indien, Mediterranee, Pacifique et mer de Chine du Sud. Trente-sept sont membres des Nations unies dont ils represen- tent 20 % de I' effectif. Comme toutes les autres instances CEuvrant dans Ie domaine de l' ecologie, ils se reunissent regulie- rement aux quatre coins du monde et emettent alors des sup- pliques aux grands de la planete afin que ceux-ci changent leur comportement pour leur epargner une montee des eaux qui ne manquerait pas de les submerger. Lorsqu' on lit ces declarations, on est stupefait de constater que, selon toute probabilite, les representants de ces lies sont vraiment convaincus de l' existence de ce risque imaginaire. II y a mieux. Chacun a pu lire que Ie mouvement etait en mar- che et qu'une lie du Pacifique repondant au nom de Tuvalu avait deja disparu de la carte. On ne compte plus ceux qui en sont 33 
CO 2 un my the planetaire certains. Or iI suffit de consulter Internet pour constater que I'ile de Tuvalu - qui existe bien - se porte comme un charme, son principal souci etant la proliferation des rats noirs qui I' envahis- sent, et nullement une quelconque variation du niveau de I' ocean. Le my the est si bien etabli que I'ADEME, organisme officiel du ministere de I'Environnement franc;ais fonctionnant sur fonds publics, distribue dans notre pays aux enfants des ecoles des depliants ou I' on voit les pauvres habitants de Tuvalu accroches a des palmiers avec de l'eau jusqu'a la ceinture ce qui, au rythme actuel de montee des eaux, ne pourrait se produire avant plu- sieurs milUers d' annees. Et ce qui est vrai pour Tuvalu I' est tout autant pour les Maldives, la Barbade et tous les autres membres de I'AOSIS. Les Nations unies ont ainsi reussi a transformer en peur planetaire un danger imaginaire. Les consequences en sont parfois cocasses. Le 18 octobre 2009, Ie president des Maldives mettait en CEuvre une premiere incon- testee. Apres six mois d' entrainement, iI reunissait devant les representants de la presse mondiale et au milieu des poissons son Conseil des ministres au grand complet a plusieurs metres de pro- fondeur, chacun etant equipe d'un scaphandre et de bouteilles de plongee. II entendait ainsi illustrer Ie danger de submersion dont etait menace son pays, en omettant toutefois de preciser qu'au rythme actuel de montee des eaux, celui-ci ne pourrait se materialiser avant plusieurs millenaires 1 Mais les images firent Ie tour du monde, et I' on ne peut que s'incliner devant Ie sens de la communication de ce chef d'Etat original, qui en profita acces- 34 
Copen hague, un echec programme soirement pour demander que ('aide internationale dont benefice son pays soit dOment accrue pour fa ire face au danger... Les croyants On ne pourrait comprendre de telles aberrations si ('on ne savait que ceux qui font ('opinion publique et dont les noms sont cites ci-dessus reunissent deux caracteristiques majeures: ils sont pour la plupart aussi incompetents que persuades de ce qu'Hs disent. Les Anglo-Saxons les appellent des betievers. Qu'ils n'aient pas de competence scientifique ne fait aucun doute ! Aucun d'eux n'a de pres ou de loin la moindre reference dans Ie domaine du climat. Ban Ki-moon, Ivo de Boer et Achim Steiner sont des diplomates et Rajendra Pachauri se proclame eco- nomiste. Comme beaucoup d'autres, its itlustrent la citation de Montaigne : « Moins une chose est connue, plus on y croit avec ferveur. » La seule chose qu'its puissent faire, c' est alors de repeter ce qu'its entendent en provenance notamment des instances diri- geantes du GIEC. Or les organes dirigeants du GIEC ne sont pas majoritairement composes d'experts, contrairement a ce que chacun croit, mais de representants des gouvernements. Comme son nom I'indique, H ne s'agit pas d'une instance « internationale », mais « intergou- vernementale », c' est-a-dire chargee de representer la position des 180 gouvernements qui la composent et non d'etablir une verite scientifique. Nous vivons done une epoque curieuse, ou ce sont 35 
CO 2 un my the planetaire de faux scientifiques qui forgent ('opinion d'a-scientifiques qui n'y comprennent rien. II ne faut pas alors s' etonner si ces derniers confondent allegrement les kilowatts et les kilowattheures, ou les centimetres et les metres quand ils parlent du niveau de la mer. D'ailleurs, si Ie GIEC a rec;u un prix Nobel, celui-ci n'a pas la moindre valeur scientifique, contrairement aux prix Nobel de chimie, de physique, de medecine ou d'economie. II s'agit d'un Prix Nobel de la paix, identique a celui qui vient d'etre decerne au president Obama avant meme d'ailleurs que celui- ci ait fait ses preuves. Les membres du jury du prix Nobel de la paix veulent sans doute bien faire, ou peut-etre tout sim- plement faire parler d'eux. Mais iI n'y en a evidemment pas un seul qui ait la moindre competence en matiere de chan- gement climatique. La certitude de bien faire de la part de ceux qui n'y connais- sent rien est alors repandue dans tous les pays. II suffit de lire les declarations de Michel Rocard, charge par Ie gouvernement franc;ais de faire des recommandations sur Ie niveau souhaitable de la taxe carbone qui est d'ailleurs parfaitement incapable en tout etat de cause d'avoir la moindre influence sur les ema- nations de la planete. L'ancien Premier ministre de Franc;ois Mitterrand n'a-t-il pas declare: « Quand on emet du gaz car- bonique, on diminue la protection de l' effet de serre, et la pla- nete se transforme en poele a frire. C' est terrifiant.» II confondait ainsi CO 2 et ozone. Or la couche d'ozone, epaisse de quelques centaines de metres et dont la disparition tempo- 36 
Copenhague, un echec programme raire inquiete - c' est Ie fameux « trou » - n'a rien a voir avec Ie CO 2 , present partout dans I'atmosphere et dont c'est au contraire I'abondance qui suscite les craintes. Confondre Ie CO 2 et I'ozone (0 3 ) vaudrait un zero a un eleve de troisieme et pre- terait a sourire s'il ne s'agissait de taxer nos compatriotes et nos entreprises a hauteur de plusieurs milliards d'euros par an qui viendront entraver notre economie. II est vrai qu'iI y a plus ridicule encore. L'un des conseillers d'une des fondations ecologiques les plus mediatiques de notre pays n'a-t-il pas declare: « Pretendre que les activites humaines n'ont aucune responsabilite dans I'actuel rechauffement clima- tique est une absurdite. Alors que la concentration atmospheri- que de CO 2 augmente, celie de O 2 diminue, c;a s'appelle une combustion et c;a s'apprend au lycee.» Autrement dit, nous allons mourir asphyxies, faute d' oxygene 1 II faut nous rendre a I' evidence. Nous vivons dans un monde ou ce sont les incompetents qui ont aujourd'hui la parole alors que les veritables scientifiques n'arrivent pas a se faire entendre. Les travestissements des Nations unies Mais Ie GIEC ne travestit pas seulement la verite quand iI parle de I'ocean. Aussi invraisemblable que cela paraisse, il n'hesite pas a aller encore plus loin dans la voie de la desinformation. 37 
CO 2 un my the planetaire Chacun sait que Ie climat terrestre a connu des fluctuations sensibles au cours du dernier millenaire. Aux alentours de I'an mille, notre planete etait plus temperee qu'aujourd'hui a tel point que les Vikings qui decouvrirent Ie Groenland y trouverent des paysages verdoyants qui lui donnerent son nom (Green tand). lis y vecurent ensuite trois siecles, y semant du ble, y elevant du betail, et y laissant des ruines encore visibles de nos jours. Cette periode qui nous permit aussi de construire nos cathedrales est connue des specialistes du climat sous Ie nom «d'optimum medieval ». Les choses changerent ensuite a partir du xv e siecle et Ie climat devint beaucoup plus ingrat pendant plusieurs siecles. La mer gelait a l' epoque de Louis XIV et il fut possible de traverser la Seine sur des blocs de glace chaque hiver ou presque jusqu'au milieu du XIX e siecle. Cette periode difficile est connue sous Ie nom de « petit age glaciaire ». Bien entendu, Ie GIEC connait par- faitement cette evolution qui est confirmee par des dizaines d' etudes concord antes, et iI publia a juste titre en 1990 en tete de son premier « Assessment Report» la courbe de variation de la temperature terrestre au cours du dernier millenaire qui recueille ('accord de tous les scientifiques et est confirmee par une centaine d' etudes distinctes. Mais cette courbe presentait aux yeux de ceux qui veulent demontrer que c'est I'activite humaine qui determine Ie climat et non la nature un inconvenient majeur: iI est evidemment impossible d'attribuer aux hommes Ie rechauffement survenu aux 38 
Copenhague, un echec programme alentours de I'an mille. Les responsables du GIEC chercherent alors, selon I' expression de I'un d' entre eux, « comment se debar- rasser de I' optimum medieval ». Apres de longues recherches, ils trouverent une etude qui ana- Iysait, non pas I' evolution de la temperature, mais la croissance des anneaux d'une espece d'arbres de 1'0uest americain, et qui ne mettait pas en evidence de variation particuliere aux alentours de I'an mille, mais, en revanche, une acceleration depuis une cin- quantaine d'annees. II n'y a la rien d' etonnant puisque la crois- sance des arbres depend beaucoup plus de la teneur en gaz carbonique de I'atmosphere que de la temperature. Les responsables du GIEC firent semblant de ne pas Ie savoir et publierent alors en 2001 dans leur troisieme « Assessment Report» une courbe de la variation supposee de la tempera- ture terrestre depuis miUe ans uniquement fondee sur cette seule etude, et ou ne figurait plus I'optimum medieval. Contre to ute decence, ils ont ose dire qu'iI n'y avait pas eu de rechauf- fement aux alentours de I'an mille (fig. B). Disparu aussi, Ie petit age glaciaire 1 La courbe de I' evolution supposee de la tem- perature terrestre mettait au contraire en evidence un rechauf- fement brutal depuis cinquante ans, en plein accord avec la theorie de I'influence de l'homme sur Ie climat. Connue sous Ie nom de « hockey cross» du fait de sa forme evoquant une crosse de hockey, cette courbe suffit a eUe seule a prouver jusqu'ou peut aUer I'ideologie. Elle fut immediatement quali- fiee par tous les scientifiques serieux de« courbe de la honte ». Ce faisant, Ie GIEC contredisait d'ailleurs entierement la 39 
CO 2 un my the pianetaire courbe, exacte quant a elle, qu'iI avait publie dans son premier rapport. Fig. A -  Q)  ::J ...... "'  'Q) Q.. E Q) ...... Q) ""0 ...... c:: Q) E Q) 00 c:: "' .£. U ""0 o z Q)  IQ) .£. Q.. I/') Eo 'Q) Q'\ .£.Q'\ Q):; c:: c::r- Q)'"  o Q) E""O Q) 10.- ::J ...... "'  'Q) Q.. E  Voriotion de 10 temperature terrestre depuis I'on 7000 d'opris 10 GIEC Version 1990 (premier rapport) (c) Petit age de glace Rechauffement medieval 1000 1500 ANNEES 1900 Fig. B Version 2001 (troisieme rapport) 1,0 0,5 - 0,5 o ................. ...................................... ......... .................. ............... .................. ............ .............. ........... ...... n.... ............................ ........... -1,0 1000 1200 1400 ' 5 1600 ANNEE 1800 2000 40 
Copenhague, un echec programme La nouvelle courbe eut deux consequences. Elle servit d'argu- ment majeur aux partisans de la responsabilite de I'humanite dans I' evolution du climat, ce qui etait I' objectif recherche. Elle est notamment I'element central « du film d'AI Gore Une verite qui derange dont Ie chapitre II de ce livre montrera a quel point iI est un tissu de contreverites. Mais eUe suscita aussi des reactions scandalisees de la part de multiples scientifiques honnetes. Com- ment un organisme emanant des Nations unies pouvait-il mentir au point de travestir grossierement la verite et de publier une courbe invraisemblable ? Tout au plus peut-on constater que Ie quatrieme rapport du GIEC publie en 2007 n'en fait plus mention tant Ie mensonge etait enorme. Les trois mensonges s'iI en etait besoin, voici done une troisieme preuve de la nature du GIEC. Alors que ses responsables affirment sans cesse que la communaute scientifique est unanime, c' est faux. Alors que la montee - derisoire - du niveau de la mer est presentee comme presentant des risques majeurs, iI n' en est rien. Enfin, cet organisme place sous I' egide des Nations unies n'a pas hesite a falsifier les faits les plus fondamentaux de I' evolution du climat de maniere grossiere. C'est que Ie GIEC est entre les mains d'une poignee de res- ponsables qui n' ont pas de legitimite scientifique ou qui I' ont perdu, et qui sont des proselytes qu'aucun exces n'arrete. Le pre- 41 
CO 2 un my the planetaire mier president du GIEC, John Houghton, ne deciara-t-il pas « Untess we announce disasters, nobody witt tis ten » ? Autrement dit, nous pouvons mentir, c' est pour la bonne cause. Et si les desastres n' existent pas, inventons-Ies. Or John Houghton a regne en maitre sur les travaux du GIEC pen- dant plus de dix ans. II a ete notamment « ('auteur en chef» (tead author) des trois premiers « Assessment Reports» de 1990, 1995 et 2001. Personnage mystique et charismatique inconnu en France, c' est largement lui qui a forge I' opinion mondiale. Pour savoir qui est John Houghton, it suffit de consulter sa biographie sur Internet, et I' on va alors de surprise en surprise en decouvrant un incroyable melange des genres. Certes, iI a dirige pendant plusieurs annees I'office meteorologique britannique, Ie « MET », mais il est aussi Ie president de la «John Ray Initiative », organisation ayant pour but de « connecter l' environnement, la science et Ie christianisme » et dans Ie cadre de laquelle it a compare la gouvernance de la Terre a celie du Paradis terrestre du temps d'Adam et Eve. II est egalement fondateur de ('International Society for Science and Religion. Membre militant de I' eglise presbyterienne, iI n'hesite pas a commencer ses interventions dans les congres scientifiques en affirmant que la maitrise du climat releve de la volonte divine, rappelant ainsi Ie « Dieu Ie Veut » des premieres croisades. s'iI y avait encore un doute, celui-ci serait enfin leve par la photographie qui illustre ['article de Wikipedia qui lui est consacre. Lors d'une conference sur Ie changement climatique, on y voit Ie principal responsable des premiers rapports du GIEC sur une estrade derriere laquelle figurent cote a cote un gigan- 42 
Copenhague, un echec programme tesque crucifix et la projection de la courbe truquee de l' evolu- tion de la temperature terrestre depuis l'an mille. Bien entendu, toute foi est respectable. Mais la confusion de la religion, queUe qu' eUe soit, et de la science - ou plutot de la pseudoscience - est inacceptable et rappeUe certains des epi- sodes sombres de I'histoire de l'humanite. Or Ie militantisme de ceux qui sont convaincus de la responsabilite de l'homme a l' egard du climat revet trop souvent un caractere quasi religieux, avec ce que cela suppose d'intransigeance sinon de fanatisme pouvant conduire a tous les exces. C' est ainsi que Ie president actuel du GIEC, Rajendra Pachauri, n'a pas hesite a comparer ceux qui ne sont pas de son avis a Hitler. La chose pourrait paraitre incroyable si chacun ne pouvait taper sur son ordinateur les deux mots IPCC et Hitler et voir apparaitre les propos invraisemblables tenus par Ie president du GIEC a l' egard de Bjorn Lomborg, respectable statisticien danois connu dans Ie monde entier et auteur de nombreux ouvrages traduits dans plus d'une vingtaine de langues, parce qu'il avait ose dire qu'il fallait mieux consacrer l' argent public et prive a lutter contre la pauvrete qu'a chercher en vain a influer sur Ie climat. Le green business : tout le corps de ballet Ce sont pourtant ces personnages qui ont rec;u Ie prix Nobel en compagnie d' Al Gore auquel son film a rapporte des millions 43 
CO 2 un my the planetaire de dollars. Car il ne faut pas se leurrer. Pour beaucoup, I'ecologie est aussi une affaire d'argent, Ie « green business ». C' est d'abord la justification de depenses publiques sans fin mais qui ne sont pas perdues pour tout Ie monde. Que ne ferait- on pas pour « sauver la planete » ? L'Union europeenne s'est ainsi engagee a reduire de 20 % ses rejets de CO 2 d'ici 2020, ce qui est physiquement impossible sauf a handicaper lourdement son economie dans la competition mondiale sans aucun impact signi- ficatif sur les emissions planetaires. Le quatrieme chapitre de ce livre detaille la liste sans fin des depenses prevues dans notre pays pour tenter d'atteindre cet objectif dans Ie cadre du Grenelle de I'Environnement. Selon les chiffrages officiels, Ie total des depenses a engager s' eleverait au montant astronomique de 440 milliards d' euros sur dix ans, la grande majorite de cette somme n'etant justifiee par aucun retour qui soit a la hauteur des depenses et constituant Ie plus souvent une perte pure et simple pour I'economie nationale, meme si Ie complexe « ecolo-industriel » en tirera pleinement profit. Eoliennes, panneaux photovoltaIques, milliers de kilometres de lignes de TGV ou de metros, isolation excessive des batiments neufs et de tout Ie pare immobilier existant, remplacement de toutes les ampoules d'eclairage, voitures electriques non com- petitives, biocarburants de premiere generation, taxations sans fin, chacun de ces postes de depenses se chiffre en milliards ou en dizaines de milliards d' euros. Et ces sommes devront etre pri- 44 
Copen hague, un echec programme ses en charge par des subventions qui rendront impossible tout retour a l'equilibre des comptes publics, ou etre imposees cOQtre sa volonte au consommateur qui verra son pouvoir d'achat reduit d'autant. II faut vraiment que nous soyons un pays riche, ou plu- tot que nous croyons l' etre. Peut-etre pourrions-nous nous payer rune de ces danseuses, mais pas tout Ie corps de ballet 1 ....... A quand Ie retour sur terre ? Combien de temps cette psychose va-t-elle durer ? Sans doute moins d'annees qu'on Ie pense en general. L'echec de Copenhague ne pourra manquer tout d'abord d'avoir une vertu pedagogique certaine. La difference entre l'objectif affiche par les dirigeants mondiaux, c' est-a-dire la division par deux des emissions planetaires de CO 2 d'ici 2050, et la rea lite, c' est-a-dire leur probable multiplication par deux a la me me date du fait de la sortie de la pauvrete des pays emergents, est telle que Ie rideau de fumee Ie plus epais ne pourra la masquer. Le facteur deux est exact, mais pas dans Ie sens prevu. Et face a cette rea lite, c' est- a-dire a la perspective ineluctable de la poursuite de l'accrois- sement des emissions planetaires, on peut compter sur les mouvements ecologistes pour ne pas rester muets et vehemen- tement protester. D'autres forces sont en marche qui vont dans Ie meme sense La plupart des pays ont creuse a juste titre des deficits budge- taires sans precedent pour faire face a la grande crise engendree en 2008 par les « subprimes », et de tels deficits ne pourront 45 
CO 2 un my the planetaire perdurer longtemps. II faudra done necessairement, non seule- ment relever un jour prochain les imp6ts, mais aussi reduire dras- tiquement les depenses. Dans un tel contexte, ceUes dont la justification n'apparaitra pas evidente figureront en tete de liste, ce qui signifiera ainsi pour notre pays la remise en cause de l'essentiel du GreneUe Environnement que no us serions d'ailleurs incapables de financer. Ces remises en cause s'imposeront d'autant plus que les idees evoluent, et que ce sont eUes qui menent Ie monde. La voix des scientifiques qui affir.ment que rien n' est prouve quant a l'influence sur Ie climat des activites humaines et notamment des rejets de CO 2 est de plus en plus audible. Le fait que la Terre ne se rechauffe plus depuis dix ans est de plus en plus difficile a passer sous silence. Les multiples contreverites des « prophetes de l'apocalypse » sont de plus en plus souvent denoncees. Jusqu'a present unanimes ou presque, les medias eux-memes com men cent a evoluer, y compris dans Ie monde anglo-saxon ou ils avaient plus encore qu'ailleurs adopte aveuglement les theses officieUes. Pour un Franc;ais, iI est en effet etonnant de constater que les plus grands organes de presse de langue anglaise, ceux qui forgent l'opinion mondiale, y compris les plus liberaux, ont epouse les theses en vigueur et que leurs rubriques traitant de l' ecologie sont entre les mains de journalistes qui leur sont entierement acquis. C' est Ie cas du Time Magazine, de Newsweek, de The Economist et de bien d'autres. Time Magazine decerne ainsi chaque an nee Ie titre de « Heros de l' environne- ment » a une trentaine de personnes parmi lesquelles figurent 46 
Copenhague, un echec programme les plus ardents propagandistes de la vision catastrophiste de I' evolution du climat et de la planete. Mais la muraille des certitudes commence a se fissurer. Le 10 octobre 2009, pour la premiere fois, la BBC dont chacun connait Ie poids emettait un communique reconnaissant que la planete ne se rechauffait plus depuis une decennie, exposant Ie point de vue des scientifiques « sceptiques » et constatant qu'ils etaient de plus en plus nombreux. Les quotidiens anglais ont abondamment rendu compte de ce revirement. Abraham Lincoln ne disait-il pas qu'on peut mentir a une personne longtemps, a beaucoup de monde quelque temps, mais pas a beaucoup de monde longtemps ? Internet joue aussi un role essentieL Dans tous les pays, y com- pris Ie notre, on ne compte plus les sites qui denoncent les contreverites officielles. Outres par celles-ci et plus encore par leurs consequences, de plus en plus d'individus s' engagent main- tenant pour faire connaitre la verite. Les « moines soldats » com- mencent a ne plus etre I'apanage d'un seul camp. Notre pays compte ainsi des sites remarquables, CEuvres de scientifiques qui y travail lent benevolement sans relache et il est possible d'en mentionner deux au moins, deja cites, « pensee unique» et « Ie changement climatique est-il d'origine humaine ? »auxquels cha- cun peut se referer pour se forger sa propre opinion. En Angleterre, c' est un professeur de I'universite de Liverpool, Benny Peiser, qui se leve tous les matins de l'annee a quatre heu- res pour analyser la presse mondiale de langue anglaise, afin de 47 
CO 2 un my the planetaire publier quotidiennement une fascinante revue de presse plane- taire dont la lecture met en evidence l'impasse dans laquelle se trouvent les tenants des positions officielles, et les arguments multiples de ceux qui les mettent en doute. Cette revue de presse compte plus de 6 000 abonnes dans Ie monde, et chacun peut s'y abonner gratuitement (Cambridge Conference Network - CC Net). Benny Peiser est ainsi devenu Ie point de rencontre incontournable du reseau mondial des « sceptiques » avec I' appui de personnalites telles que Nigel Lawson, ancien Chancellier de l'Echiquier. Des films enfin commencent a etre produits, non pour accroitre la longue liste de ceux qui affolent sans raison nos contemporains, mais pour denoncer les mensonges et expliquer pourquoi rien n' est sur. Pour l'instant, ces films sont uniquement anglo-saxons tels que The Great gtobat warming swindte ou Not Evil just Wrong, mais iI n'est pas interdit d'esperer en voir naitre un jour en France, sans doute a l'initiative d'une de nos chaines de television. Le titre du deuxieme film cite ci-dessus, que I' on pourrait tra- duire par « L' enfer est pave de bonnes intentions », donne a lui seul a reflechir. La plupart de ceux qui militent pour la defense de l'environnement ne veulent evidemment pas faire Ie mal. L'une des sequences les plus dramatiques de Not Evit just Wrong est celie qui rappelle la tragedie de l'interdiction du DDT, consecutive a la parution en 1962 du livre Sitent Spring. CEuvre de Rachel Carson, Americaine illuminee, cet ouvrage predisait sans Ie moindre debut de preuve la mort des oiseaux du fait de l'usage croissant du DDT utilise pour tuer les moustiques. L'emo- 48 
Copenhague, un echec programme tion provoquee par ce livre fut telle que I'usage de ce pesticide fut alors interdit sur la planete, et qu'il fallut attendre 2006 pour que 1'0rganisation mondiale de la sante reconnaisse enfin qu'il ne presentait aucun danger et I' autorise a nouveau. Mais, entre-temps, on a calcule que 30 millions de bebes et d'enfants africains etaient morts du paludisme que Ie DDT aurait eradique, comme H I'avait fait par exemple chez nous pour les moustiques du Languedoc. Sans doute n'y a-t-il pas eu dans I'his- toire de I'humanite de plus terrifiant genocide, ce qui n' empeche pas quelqu'un comme AI Gore de continuer a plaider pour I'inter- diction du DDT, en meme temps qu'iI milite dans Ie domaine du changement climatique avec la meme inconscience des conse- quences de ce qu'il demande. Qu'ajouter d'autre ? Quant a ceux qui ont pu voir ce film sans avoir les larmes aux yeux devant Ie spectacle d' enfants pleurant avant de mourir et celui du desespoir de leur mere, qu' ont-ils a la place du CCEur ? Ecoutons a nouveau Vincent Courtillot : «La discussion sur Ie rechauffement climatique a aujourd'hui completement echappe aux scientifiques. T outefois les scientifiques nous presentent une oreille de plus en plus attentive depuis trois ans. II existe des dizaines d'eminents climatologues dans Ie monde entier, qui pensent la me me chose que nous. Mais it existe aussi une telle chape de plomb au-dessus de la tete de ceux qui osent defen- dre cette these que beaucoup de scientifiques ont peur d' en parler. 49 
CO 2 un my the planetaire Pourtant, une des vertus essentielles de la science doit etre la tole- rance. II faut accepter la diversite des idees car les debats sont tou- jours fructueux. Je crois ainsi bien connaitre Claude AHegre qui est un scientifi- que extraordinaire et une fontaine d'idees dans un tas de domaine, au-dela de la geochimie qui est sa discipline d' origine. Et sur Ie changement climatique, je pense qu'H a globalement raison... » Le 21 octobre 2009 enfin, se produisait un evenement mar- quant dans I'univers mediatique franc;ais. Apres des annees de plaidoyer quotidien et inconditionnel en faveur de la theorie officieUe du rechauffement climatique, Le Monde s'interrogeait soudain en titrant en premiere page: « Climat : et si Ie rechauf- fement faisait une pause? » Quelques jours apres la BBC, H revelait a son tour une serie d' evenements troublants survenus depuis dix ans et jusqu' alors passes sous si lence : « Entre 1998 et 2008, i I est vrai que la ten- dance moyenne de-la temperature terrestre a ete d'une crois- sance quasiment nulle... ; la verite des faits impose Ie dire: entre debut 2005 et fin 2008, Ie niveau moyen des oceans n'a presque pas evolue... ; en 2008, Ie SoieH a ete plonge dans un minimum profond, inedit depuis 1913... » Le journal aurait pu ajouter d' autre faits surprenants. C' est ainsi que Ie Sahara occidental reverdit depuis plusieurs annees. La ban- quise arctique, apres avoir recule pendant deux decennies, a pour I'instant cesse de Ie fa ire. Au cours de I' ete 2009, les satellites 50 
Copenhague, un echec programme ont revele qu' elle avait COnSerVe une superficie de 5,1 millions de kilometres carres contre 4,1 deux ans plus tot. Quant a l' Antarctique, qui represente plus des neuf dixiemes de la masse des glaces polaires, iI ne cesse de s' epaissir. Le Monde a aussi fait part de la perplexite des climatologues et des divergences de point de vue en leur seine L'un des plus connus d'entre eux, Mojib Latif, de l'universite de Kiel et membre important du GIEC, n'a-t-il pas recemment declare a Geneve, contrairement a ses affirmations anterieures, « qu'iI est possible que nous entrions dans une decennie, voire deux, ou la tempe- rature baissera ». D'autres ne sont pas du meme avis et prevoient la reprise du mouvement de hausse des 2010 ou 2011. Le moins que l' on puisse dire, c' est que la lecture de cet article ne peut conduire qu'a une conclusion: la climatologie n' est pas une science exacte, et la nature est sans doute maitresse du jeu. II ne reste plus grand-chose des certitudes de ceux qui nous affirmaient iI y a peu de temps encore que I'homme etait res- ponsable et que la planete allait ineluctablement se rechauffer de maniere continue au cours du siecle a venir comme l'indi- quaient tous les modeles des Nations unies des aujourd'hui dementis par les faits. L'arret de la hausse des temperatures survenue depuis dix ans constitue-t-il une simple pause, ou est-ce Ie debut d'un retour- nement vers un climat plus froid ? La verite, c' est que nul n' en 51 
CO 2 un my the planetaire sait rien. Avec ou sans I'homme, Ie climat a toujours change, et souvent beaucoup plus qu'aujourd'hui. Peut-etre sommes-nous arrives a un tournant et allons-nous pouvoir enfin consacrer nos efforts aux vrais problemes auxquels est confrontee l'humanite : la lutte contre la maladie, la faim, I'ignorance et la pauvrete, au lieu de gaspiller en vain nos res- sources dans I'illusion de « sauver la planete ». De nombreuses raisons miUtent pour penser que Ie vent va tourner, et que nous allons un jour prochain revenir a la raison, mettant fin a un my the planetaire qui n'a eu d' egal dans I'histoire que celui que denonc;a en 1609, il y a quatre siecles tres exacte- ment, un certain Galilee. * * * Mais i I y a quelque chose de sur, et c' est la I' essentiel : les emis- sions de CO 2 dues a I'activite humaine vont ineluctablement continuer a s'accroitre a vive allure du fait du developpement des pays emergents, et Ie congres de Copenhague cense les mai- ., . tnser n y peut nen. Jamais la communaute mondiale ne se sera trouvee dans une telle situation. Elle a ete trompee par ceux qui lui ont fait croire, contre tout bon sens, que I'humanite pourrait reduire ses emis- sions, c' est-a-dire laisser dans Ie sous-sol de la planete sans s' en servir Ie petrole, Ie gaz naturel et Ie charbon qu'il contient, et sans preciser d'ailleurs par quoi les remplacer pour faire face aux besoins. C'est que ceux qui ont forge I'opinion mondiale ont 52 
Copenhague, un echec programme oublie les pays emergents. Comment demander au milliard et demi d' etres humains qui n' ont toujours pas (' electricite de reduire les emissions qu'ils ne font pas? Comment demander aux autres mi II iards qu i vi vent dans la pauvrete de ne pas accroitre fortement les leurs pour s'en echapper ? A vrai dire, la seule question importante du congres de Copenhague est alors d'ordre cosmetique. Comment tenter de cacher la realite, c' est-a-dire ('impossibilite de reduire les rejets et Ie caractere ineluctable de leur accroissement ? Sans doute, pour sauver la face, pourra-t-on parler comme ('on fait les Chinois, d'amelioration de ('« efficacite energetique». Sans doute annoncera-t-on de vastes programmes d'investisse- ment dans les « energies renouvelables » (eoliennes, panneaux volta'iques) qui coutent tres cher tout en ne se substituant que marginalement aux energies fossiles. Peut-etre sera-t-H aussi question de promouvoir des vehicules electriques qui ne peuvent a coup de subventions massives, occuper qu'une tres faible part du marche. Peut-etre aussi abandonnera-t-on ('idee d' objectifs chiffres pour chaque pays, et se contentera-t-on de vagues orien- tations ? Sans doute renverra-t-on surtout les decisions a des reunions ulterieures. Pour sa part, ('Union europeenne s'est enfermee dans des dis- cussions au caractere irreel. La question qu' elle se pose est de savoir quelles sommes degager pour aider les pays emergents a reduire leurs emissions, alors que les pays europeens n' ont pas d'argent et qu'aucune solution technique permettant de reduire 53 
CO 2 un my the planetaire significativement les emissions n' est actuellement disponible ni envisageable a echeance humaine. Visible ou non, I' echec sera a la hauteur de I'inconscience qui s'est empare depuis deux decennies de la planete dont les res- ponsables ont ete doublement trompes 1 On leur a fait croire qu'iI existait un lien certain entre les emissions de CO 2 et Ie climat du globe. On leur a fait croire aussi qu'iI serait possible de reduire les emissions de CO 2 tout en poursuivant Ie developpement de la planete. Or, ces deux assertions etaient fausses, et I' edifice s' est ecroule. 
Chapitre I La fin du bon sens Le ctimat change. Les gtaciers fondent Les ours btancs dispa- raissent It faut agir d'urgence pour eviter une catastrophe d'ampteur mondiate. Chacun doit se mobitiser et apporter sa pierre a I'edifice. It n'est que temps de changer nos compor- tements pour sauver ta ptanete. Attons-nous sacrifier nos enfants a notre egolsme ? Nous sommes d'autant ptus cou- pabtes que ta sotution est entre nos mains. Priorite des prio- rites, it faut reduire nos emissions de C02... Tel est Ie message mille fois repete qui a fini par etre universel- lement admis au sein des pays developpes et tout particuUere- ment de I'Europe et de la France. Ceux qui tiennent ce langage rec;oivent I'hommage unanime de nos contemporains et des grands de ce monde au point d'inspirer les instances les plus importantes de la planete. La lutte contre Ie changement climatique figure desormais en tete de I'ordre du jour, non seulement de chaque reunion des dirigeants de ('Union europeenne, mais aussi de celles qui regroupent les chefs d'Etat des plus grands pays du globe au sein du «G8» (Etats-Unis, Canada, Japon, Russie, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie). 55 
CO 2 un my the planetaire C' est ainsi qu' AI Gore, ancien vice-president des Etats-Unis et rea- lisateur du film Une verite qui derange et Ie Groupe d'experts inter- gouvernemental sur I' evolution du climat (Giec) des Nations unies ont rec;u conjointement Ie prix Nobel de la Paix a Oslo Ie 10 decembre 2007. Au Japon, Ie 8 juillet 2008, les membres du G8 ont pour leur part adopte dans (,ile d'Hokkaido un objectif de reduction des emis- sions de gaz a effet de serre de la planete de 50 % au moins d'ici a I'an 2050. Le lendemain, les grands pays en voie de developpement composant ce qu'on a appele en la circonstance Ie G5 (Chine, Inde, Bresil, Mexique et Afrique du sud) ont pour la premiere fois exprime une « vision partagee » pour des actions concer- tees en faveur de « reductions a long terme des emissions ». La cause parait done entendue. Pourtant, elle ne ('est pas. La verite, c' est que nous sommes vic- times d'une intoxication intellectuelle d' echelle mondiale, une mystification planetaire, comme il en a deja existe a plusieurs reprises dans Ie passe. Nos ancetres n' etaient-ils pas persuades que la Terre ne tournait pas, et prets a brOler ceux qui soute- naient Ie contraire ? En ('occurrence, ('erreur n'est pas d'affirmer que les activites humaines ont une influence sur ('atmosphere du globe. Le fait n' est pas niable, meme si les consequences des modifications produites sont sujettes a discussion. Ce n' est pas la que reside 56 
La fin du bon sens la faille. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, celle-ci tient au fait que personne n'ait pose la simple question suivante : « y pouvons-nous quetque chose? » Certes, ['instinct nous conduit a repondre positivement, car nous pensons a ce que nous pouvons - ou pourrions - faire pour limiter notre propre consommation d' energie et nos emis- sions, que ce soit individuellement ou au niveau du pays auquel nous appartenons. Et il est vrai qu'il existe des marges d'action parfois considerables. Nous pensons done que, si les aut res agissaient comme nous, et en conjuguant les efforts de tous, nous reglerions la question. Mais cette approche n' est pas la bonne. Elle est trompeuse. II est une autre maniere de voir les choses. II suffit pour cela de se demander comment peuvent evoluer les emissions liees a chacune des principales sources de gaz a effet de serre dues aux activites humaines. Si I'on excepte la deforestation, phenomene important mais par nature temporaire, la liste en est vite etablie puisqu' elles sont au nombre de quatre qui, ensemble, sont a I'origine des trois quarts des rejets. S'agissant du gaz carbonique qui represente a lui seul la grande majorite des gaz a effet de serre d' origine humaine, celui-ci emane pour (' essentiel de la combustion de trois produits : Ie petro Ie, Ie gaz naturel et Ie charbon. 5' agissant du methane qui constitue une part importante du solde, celui-ci provient avant tout des activites d' elevage et en particulier de celui des ruminants. Si nous voulons lutter contre les emissions de gaz a effet de serre liees a ('homme, il nous faut done reduire les rejets dus au 57 
CO 2 un my the planetaire petrole, au gaz naturel, au charbon ainsi qu'a I' elevage des bovins. Et pour savoir si cet objectif est accessible, iI nous faut commencer par poser deux questions: Est-it reatiste d'imaginer que t'humanite taisse inutitisee dans te sous-sot de ta ptanete une partie du petrote, du gaz naturet et du charbon que cetui-ci contient ? Est-it egatement envisageabte d'empecher tes habi- tants du tiers-monde qui sortent de ta pauvrete d'adopter notre regime atimentaire ? A vrai dire, poser ces questions est presque y repondre, et per- met de comprendre pourquoi les emissions de gaz a effet de serre n' ont jamais augmente autant qu'a I'heure actuelle alors que les discours n'ont jamais ete aussi nombreux pour les denoncer. Depuis 2000, les rejets ont cru en moyenne de 3,5 % par an, contre 0,9 % annuellement entre 1990 et 2000. Les pays developpes ont a peu pres maitrise leurs emissions, mais celles du reste du monde ont augmente beaucoup plus rapidement que prevu. II ne faut pas chercher ailleurs la source de la confusion qui a suivi la reunion du G8 au Japon. Certes, les pays du G5 ne se sont pas opposes a I'idee que Ie changement climatique etait I'un des defis de notre temps et ont joint sur ce point leurs voix a celles des nations riches du G8. Mais ils ont refuse d' aller plus loin, d'endosser I'objectif d'une division par deux au moins des emis- sions planetaires en 2050, et de s' engager comme il leur etait demande en direction d'un monde « sans carbone» ou presque. Aucun chiffrage de reduction des emissions planetaires n'a rec;u leur aval. Les cinq pays emergents ont refuse d'aller au-dela d'une declaration de principe tant que les nations developpees reste- 58 
La fin du bon sens raient incoherentes et ne s'engageraient pas, d'une part a se fixer un objectif de reduction de leurs propres emissions de 80 % au moins en 2050 car elles polluent actuellement beaucoup plus que Ie reste du monde en regard de leur population, d'autre part a reduire leurs rejets sans plus attendre de 25 % au moins en 2020 par rapport a 1990 pour temoigner de la realite de leur volonte d'agir. Or, les membres du G8 leur ont repondu negativement. Les cinq pays du sud ont ajoute d'une meme voix que Ie probleme actuel resultait avant tout de la consommation pas see des nations developpees, et que c' etait done aces dernieres d' en payer Ie prix, et non a eux, car ils avaient un besoin vital des energies fossiles (petrole, gaz naturel et charbon) pour leur developpement. Certes, les pays riches ont laisse entendre qu'ils supporteraient I' essentiel de I' effort necessaire pour obtenir une division par deux des emissions planetaires en 2050. Mais comme celles-ci se partagent aujourd'hui par moitie entre pays developpes et pays emergents, iI faudrait aussi que ces derniers restreignent forte- ment les leurs, ce que personne de cense ne peut serieusement envisager 1 Lorsque I' on sait que la population du tiers-monde va encore s'accroitre, que la majorite de I'humanite se debat aujourd'hui dans la pauvrete sinon la misere, et que plus d'un mil- liard et demi d'habitants n'ont tout simplement pas acces a I' electricite, iI faut etre inconscient ou depourvu de tout CCEur pour demander aux pays emergents de reduire encore leurs emis- sions, c' est-a-dire en fait leur consommation d' energie, avec ce que cela supposerait comme consequences dramatiques pour leurs habitants. C' est evidemment Ie contraire qui va se passer. 59 
CO 2 un my the planetaire Le tout a laisse un sentiment de profond malaise, et Ie dossier a ete renvoye a la fin de 2009, date a laquelle il est prevu que se tienne a Copenhague une reunion mondiale pour arreter un nouveau programme de lutte contre I' effet de serre, qui prenne la suite de celui de Kyoto dont la date d'achevement est fixee a 2012. C' est alors que viendra I'heure de verite, quand i I appa- raitra que les objectifs fixes par les grands de ce monde sont impossibles a atteindre car ils supposeraient non seulement un effort irrealiste de leur part, mais aussi un accord des pays en voie de developpement que ceux-ci ne leur donneront a aucun prix. Kyoto n'aura donc pas de suite. Pour Ie comprendre, il est necessaire de prendre connaissance de quelques donnees. Notre planete a la chance que son atmosphere comprenne divers produits qui la rechauffent en evitant a une partie des rayonnements solaires qu' elle rec;oit de repartir dans I'espace. Ce sont les fameux gaz «a effet de serre» sans lesquels la temperature moyenne a la surface du globe serait plus faible d'une trentaine de degres que ce qu' elle est, et sans lesquels nous grelotterions de froid, a supposer que nous soyons la. Parmi ceux-ci figure Ie gaz carbonique ou CO 2 , dont la masse dans I' atmosphere atteignait il y a deux siecles 2 000 mittiards de tonnes, cette quantite n'ayant guere varie depuis des millenaires. Mais les choses ont commence a changer avec I'avenement de I' ere industrielle lorsque les hommes ont exploite a grande echelle Ie charbon, puis Ie petrole et Ie gaz naturel accumules il 60 
La fin du bon sens y a des centaines de millions d'annees dans Ie sous-sol de la planete. Les emissions de gaz carbonique liees a ['usage de ces trois produits atteignent aujourd'hui 30 mittiards de tonnes par an et ne cessent de s'accroitre annee apres annee. L'origine de ces emissions est bien connue. Elles sont dues au charbon pour 13 milliards de tonnes et au petrole pour 11 milliards, Ie gaz nature I fournissant Ie solde, soit 6 miUiards 1 . Comme la duree de vie du gaz carbonique dans I'atmosphere est de I'ordre de deux cents ans, iI ne faut pas s' etonner que Ie stock autour du globe se so it considerablement accru depuis les debuts de I' ere industrielle et s'eleve aujourd'hui a 2 800 milliards de tonnes, soit 800 de plus qu'i I y a deux siecles. II s' est done accru de 40 %. Le gaz carbonique issu de la combustion du charbon, du petrole ou du gaz n'est d'ailleurs pas Ie seul a prendre en compte. II s'y ajoute celui qui est degage par la deforestation qui regne actueUement dans differentes parties du monde, ainsi que par diverses activites agricoles. Enfin, si Ie gaz carbonique est, de loin, Ie plus important des gaz a effet de serre en dehors de la vapeur d' eau, iI n' est pas Ie seul. Le tableau ne serait done pas complet s'i I omettait d' autres gaz qui concourent au phenomene, et notamment Ie methane. Quand on en tient compte, on estime au total a ['equivalent d'une vingtaine de milliards de tonnes de gaz carbonique la contribution annuelle a I'effet de serre des sources aut res que 1. Agence internationale de t'energie (Key World Energy Statistics), 61 
CO 2 un my the planetaire Ie petrole, Ie gaz naturel et Ie charbon, de telle sorte que la totalite des rejets dans I'atmosphere d'origine humaine s'eleve actuellement chaque annee a une cinquantaine de mittiards de « tonnes-equivatent » de gaz carbonique. Pour savoir comment les choses vont evoluer a I'avenir, iI faut maintenant passer en revue les principaux protagonistes. Le petrole Rien ne peut mieux illustrer les contradictions qui saisissent parfois les esprits les mieux informes que ce qui s' est passe a Hokkaid6 Ie 7 juillet 2008. Au cours de cette journee, les parti- cipants au sommet du G8 se sont interroges dans la matinee avec anxiete sur les moyens d' obtenir plus de petrole et ont supplie les pays producteurs d'accroitre leur production pour faire baisser les prix. L'apres-midi, au sein d'une autre reunion, ils ont envisage I'imposition de taxes pour decourager l'usage des carburants fossiles, sans apparemment se rendre compte de ce que la presse anglo-saxonne a qualifie de « glorieuse incohe- rence » (Internationat Heratd Tribune, 10 juillet 2008). D'un cote, nous demandons a cor et a cri plus de petrole pour faire baisser les prix, de I'autre, nous affirmons qu'il ne faut pas l'utiliser, et qu'iI faut Ie taxer pour en accroitre Ie cout pour I'usager 1 Que voulons-nous vraiment, une chose ou son contraire ? A vrai dire, la reponse ne fait aucun doute. Le petrole joue un role tellement fondamental pour I'economie du monde qu'iI 62 
La fin du bon sens n'est pas possible de s'en passer dans I'etat actuel des choses, meme si nous savons tous qu'iI viendra un jour a epuisement. 5i I' on excepte la part minoritaire qui est necessaire a I'industrie chimique et en particulier a la fabrication de matieres plasti- ques, Ie petrole sert avant tout aujourd'hui a assurer les echanges physiques qui sont indispensables a toute activite economique et humaine. La totalite du transport aerien, celie du transport maritime, et plus des neuf dixiemes des transports terrestres ne sont possi- bles qu'avec Ie recours a des carburants liquides, c' est-a-dire aujourd'hui aux produits petroliers. La chose est evidente pour les avions et les bateaux. Mais si I' on veut bien reflechir, elle I'est tout autant pour la tres grande majorite des deplacements quotidiens de personnes et des acheminements terrestres de marchandises, car les modes de transport ne sont pas des vases communicants. Comment pourrait-on desservir nos commerces, nos supermarches, la plupart de nos ateliers ou me me de nos usines, autrement que par camion ou camionnette ? Qui pour- rait serieusement imaginer un instant que Ie train ou les peni- ches puissent les remplacer? Comment aller commodement d'une banlieue a une autre autrement qu' en vehicule individuel, compte tenu des faibles densites qui sont de regie en dehors des centres-villes qui ne regroupent qu'une minorite des habi- tants et des emplois ? s'i( fallait une preuve du caractere marginal des possibilites de substitution entre modes de transport, it suffirait de constater que les tres fortes hausses du prix a la pompe des carburants 63 
CO 2 un my the planetaire survenues jusqu'au milieu de 2008 n'ont guere change les com- portements. Aux Etats-Unis, alors que celui-ci etait passe en trois ans de 1,3 a plus de 4 dollars Ie gallon (3,8 litres) et avait done augmente de 200 %, Ie volume de la circulation n'avait diminue que de 3 % ! II est difficile d'imaginer elasticite imme- diate plus faible. En Europe, ou la hausse relative a ete plus moderee du fait du poids des taxes, Ie phenomene a ete Ie meme. Contrairement a ce que pourrait laisser penser la description mediatisee de cas isoles de renoncement a la voiture au profit des transports en commun ou de la bicyclette, rien n'a vraiment change, et Ie volume de la circulation n'a enregistre aucune reduction vrai- ment significative. Pour 90 % des Europeens - ceux qui n'habi- tent pas ou ne travaillent pas au centre des grandes villes -, la voiture est indispensable pour rejoindre son emploi, faire ses courses, rendre visite a sa famille et a ses amis, aller faire du sport ou partir en week-end et en vacances. s'ille faut, ce sont alors d' autres postes de depenses qui font les frais de la hausse du prix des carburants, mais guere Ie recours a I' automobile puisque celle-ci est intrinsequement liee a I' exercice de la vie quotidienne, pour ne pas dire de la vie tout court, du fait de I'evolution de la geographie de notre habitat. Sans doute parce qu'ils habitent eux-memes Ie plus souvent en centre-ville, ceux qui preconisent un « changement de compor- tement » en la matiere et affirment que ce dernier est possible ignorent comment vit aujourd'hui la tres grande majorite des Franc;ais et plus generalement des habitants de ('ensemble des 64 
La fin du bon sens pays developpes. En leur repetant qu'ils pourraient changer leur mode de vie et avoir moins recours a leur voiture, ce qui leur est tout simplement impossible, ils n'obtiennent com me resul- tat que de les culpabi liser. Pour leur part, les Chinois et les Indiens n' ont pas d' etats d'ame. Le « miracle chinois » a repose ainsi sur deux fondements : la construction de centrales electriques fonctionnant au charbon et de la puissance d'une tranche nucleaire au rythme effrene d'une par semaine, et la creation ex nihito d'un reseau autorou- tier qui surpassera d'ici peu celui des Etats-Unis. Alors que la Chine ne comptait il y a vingt ans aucun kilometre d'autoroute, elle en recense aujourd'hui 50 000 et en construit 5 000 de plus chaque annee comme en temoignent les cartes routieres de ce pays qui ne sont jamais a jour. Pekin est en train de boucler sa septieme rocade autoroutiere alors que Paris n'a toujours pas acheve sa seconde quarante ans apres Ie debut des travaux. Quant a l'lnde, elle s' efforce de suivre la reference chinoise avec une ou deux decennies de decalage. II est done inutile d' essayer de convaincre les Chinois, les Indiens, et les autres, de renoncer au camion et a la voiture sur lesquels ils ont claire- ment mise pour assurer I' essentiel de leurs transports internes. Quant aux echanges economiques et humains entre pays et entre continents, que deviendraient-i Is sans Ie recours a l' avion et au bateau ? Ces reflexions conduisent inevitablement a une evidence: Ie petrole que les eres precedentes ont accumule dans Ie sous-sol de la planete sera utilise jusqu'a la derniere goutte pour per- 65 
CO 2 un my the planetaire mettre les echanges indispensables a la vie de la planete. Qui pourrait serieusement en douter? La frenesie des forages d' exploration qui s' est manifestee depuis 2007 a la suite de la flambee des cours du baril nous donne ('assurance que toutes les reserves conventionnelles seront un jour exploitees, fussent- elles a tres grande profondeur sous les mers ou sous les poles dans des terrains qui etaient consideres jusqu'a une date recente comme inaccessibles. De meme, les gisements deja decouverts donneront- ils lieu a de nouvelles exploitations puisqu' en moyenne les deux tiers de leurs reserves restent aujourd'hui dans Ie sous-sol et que de nouvelles techniques d'extraction permettent d'accroitre quelque peu cette proportion. De surcroit, Ie petro Ie conventionnel n' est pas Ie seul. Des reserves considerables existent sous la forme de schistes ou de sables bitumineux, notamment au Canada et au Venezuela. Leur exploitation devient rentable des que Ie cours du petrole excede 60 a 80 dollars par baril. II ne faut done pas s'etonner que les grands groupes petroliers se soient precipites vers ces « nouveaux petroles» qui peuvent etre transformes sans diffi- culte majeure en carburant, it est vrai au prix d' operations elles- memes emettrices de quantites substantielles de gaz carboni- que. La chute des cours survenue au deuxieme semestre de 2008 a certes bloque beaucoup de projets, mais ceux-ci repren- dront vie plus tarde Finalement, une conclusion s'impose. L'utilite des produits petroliers pour Ie transport des hommes et des marchandises est telle que to utes les quantites disponibles seront utilisees. Et 66 
La fin du bon sens elles donneront ineluctablement cours a des emissions de gaz a effet de serre puisqu'iI n'existe aucune technique envisageable pour les eviter a partir du moment ou les carburants sont par nature utilises pendant que les vehicules se deplacent, ce qui implique que les rejets ne peuvent aller que dans I'atmosphere. La quasi-totalite du petro Ie servira done au transport, et Ie car- bone qu'il contient sera transforme en gaz carbonique et ira peu ou prou contribuer a I'effet de serre. Cela ne signifie evidemment pas qu'il ne faille pas chercher a economiser I' or noir, bien au contraire. Pour plusieurs raisons concordantes, il est imperatif de tout faire pour restreindre notre consommation de produits petroliers autant que faire se peut a un cout raisonnable. Moins nous en consommerons, moins notre facture energetique sera lourde, meme si cet objectif ne justifie pas n'importe quelle depense. Moins nous en consommerons, moins la tension sera grande sur Ie marche mon- dial, et moins les prix auront tendance a s'accroitre, meme si nous savons que la loi de I'offre et de la demande est loin de jouer de fac;on parfaite dans ce domaine. Moins nous en consommerons, et plus faci lement nous nous preparerons a « I' apres-petrole », comme I'evoquera un chapitre ulterieur de cet ouvrage. Enfin, moins nous en consommerons, plus nous en laisserons pour les pays en voie de developpement qui pourront alors disposer de cette ressource indispensable a la lutte contre la pauvrete et a I'amelioration du sort de leurs habitants. Mais tout ceta n'aura aucun effet sur ta eonsommation ptanetaire de petrote et done sur tes emissions de gaz a effet de serre qui tui 67 
CO 2 un my the planetaire sont liees. Ce que nous n'utiliserons pas Ie sera par les Chinois, les Indiens, et les autres. Au-deta des variations conjoncturelles, cest I'offre qui timite tes emissions, et non ta demande. II est alors relativement facile d' evaluer Ie volume des emis- sions de gaz carbonique qui decouleront au cours des decen- nies a venir de I' epuisement du petrole qui subsiste dans Ie sous-sol de la planete. Les ouvrages qui font reference (BP Statisticat Review) estiment que les reserves de petrole aujourd'hui prouvees representent quarante ans de production au rythme actuel qui s'etablit a un peu plus de quatre milliards de tonnes par an. si I' on ajoute aux reserves prouvees celles qui sont probables, ainsi que les petro- les non conventionnels issus des sables et des schistes bitumi- neux non encore pris en compte, on peut penser que ('ensemble du petrole encore disponible represente ('equivalent d'un peu moins d'une centaine d'annees de production au rythme present. Lorsque I' on sait que la combustion annuelle de ces quelque 4 milliards de tonnes de petrole produit 11 milliards de tonnes de gaz carbonique, iI est facile de voir que ('utilisation de ('ensemble du petrole disponible generera des rejets dans I'atmosphere de ('ordre de 1 000 milliards de tonnes de gaz car- bonique. II faut ajouter que la plus grande partie de ces rejets prendra place avant 2050. Certains experts annoncent meme que la pro- 68 
La fin du bon sens duction de petrole a deja atteint un pic et qu'elle va dorena- vant decroitre progressivement. C'est la theorie du peak oit. D'autres prevoient que la pointe de production ne surviendra pas avant deux ou trois decennies. Certains (' envisagent meme pour plus tarde Mais tous s'accordent a dire que Ie petrole ne sera pas eternel et que la majeure part de celui qui subsiste sera consommee au cours des decennies proches. A vrai dire, s'agis- sant des emissions de gaz carbonique, ('incertitude sur Ie rythme exact de leur production est sans grande consequence puisque la duree de vie de ce produit dans I'atmosphere avoi- sine deux siecles. Qu'iI soit emis un peu plus tot ou un peu plus tard est sans importance sur Ie stock de gaz carbonique qui vogue au-dessus de nos tetes. L 'essentie!, c'est de comprendre que tout te petrote que tes centaines de miltions d'annees pas- sees ont accumute sera epuise au cours des quetques decennies a venir et que les emissions correspondantes de gaz corbonique dans t'atmosphere terrestre avoisineront inetuctabtement un miltier de mittiards de tonnes. II se produit a cet egard un phenomene curieux. Lorsqu'on les interroge, nos contemporains manifestent deux certitudes: les gisements de petrole seront epuises un jour prochain, et iI nous faut reduire les emissions dues a ('usage de celui-ci. lis ne se rendent pas compte que les deux affirmations sont parfaite- ment contradictoires. L'epuisement des gisements implique que nous ne laisserons pas de petrole exploitable dans Ie sous-sol de la planete, alors que la seule maniere de reduire les emis- sions serait d' en laisser... La situation est-elle differente pour Ie gaz naturel et Ie char- bon? 69 
CO 2 un my the planetaire Le gaz naturel : un autre petrole Le gaz naturel est un produit presque aussi precleux que Ie petrole, meme s'H n'a pas aujourd'hui les memes usages que lui. Pour la moitie environ, iI sert au chauffage des immeubles ou a la cuisson des aliments. Une autre part importante est consa- cree a la fabrication d' electricite, alors que Ie role du gaz natu- rei au sein des transports est encore limite puisque seuls 5 % de son emploi y sont aujourd'hui affectes. II existe pourtant deja des vehicules routiers qui fonctionnent au gaz natureL C' est Ie cas de certains des autobus qui si 1I0nnent sans qu'on les remarque nos grandes villes telles que Paris, avec la reputation d' etre ecologiques car ils rejettent peu de polluants. D'autres sont des voitures que chacun peut se procurer sur Ie mar- che. Mais iI faut reconnaitre que, dans I'un comme ('autre cas, les vehicules au gaz naturel ne sont pas veritablement competitifs dans les conditions actuelles. lis requierent des installations speci- fiques de compression du gaz, necessairement couteuses, et leur rayon d'action est relativement limite. Enfin, quelles que soient les garanties donnees, la pensee de circuler avec une bonbonne rem- plie de gaz comprime peut refroidir les enthousiasmes. Mais Ie jour ou Ie petrole ne sera plus la, Ie gaz naturel pourra prendre sans difficulte Ie relais, tout au moins pour les transports terres- tres, et pour autant qu'iI ne soit pas lui-meme epuise. Quoi qu'iI en soit, si I' on excepte la part minoritaire qui est consacree a des emplois non energetiques, c'est-a-dire chimi- 70 
La fin du bon sens ques, la totalite du gaz naturel utilise chaque an nee est actuel- lement brulee comme c' est Ie cas pour Ie petrole, et cette combustion donne lieu comme les autres a des emissions de gaz carbonique qui contribuent a I'effet de serre. On peut cer- tes remarquer que Ie gaz naturel est moins emetteur de ce point de vue que Ie charbon. A quantite de chaleur produite egale, il rejette pres de deux fois moins de gaz carbonique que la houille, et c'est pourquoi la production d'electricite par des centrales a gaz constitue un progres relatif par rapport a celles qui ont recours au charbon. II n' empeche. Le gaz naturel est aujourd'hui a I' origine chaque an nee de I'emission dans I'atmosphere de I'ordre de 6 mittiards de tonnes de gaz carbonique, ce qui represente 20 % de la tren- taine de milliards de tonnes emises par la combustion des trois categories d'hydrocarbures : charbon, petrole et gaz naturel. On peut imaginer que Ie gaz naturel jouera a I'avenir un role croissant pour les transports au fur et a mesure de I' epuisement des reserves de petrole, mais i I n' existe pour ce type d' emploi aucun moyen d'eviter Ie rejet dans I'atmosphere du gaz carbo- nique produit, dans la mesure ou iI provient par definition de sources mobiles. La fabrication d' electricite constitue I'usage majeur du gaz natu- rei pour lequel on pourrait envisager qu'iI soit un jour possible d'eviter Ie rejet dans I'atmosphere du gaz carbonique produit par sa combustion. Mais cette eventualite suppose que soient mises au point et appliquees des techniques de captation du 71 
CO 2 un my the planetaire gaz carbonique produit dans les centrales, puis d' enfouissement de celui-ci dans Ie sous-sol, et que Ie considerable surcout cor- respondant soit degage. Connues sous les initiales de CCS (Carbon Capture and Storage ou capture du carbone et sequestration), ces techniques en sont encore au stade du prototype, et c'est surtout pour les centrales a charbon qu' elles sont evoquees, comme Ie preciseront les pages suivantes qui en montreront les limites. En definitive, it faut retenir pour te gaz naturet ta meme conctusion que pour te petrote : it s'agit d'un produit trop pre- cieux pour imaginer que t'humanite te taisse inemptoye dans te sous-sot de ta ptanete. It sera donc utitise en totatite, au fur et a mesure que tes decouvertes de gisements nouveaux te permet- tront et que tes moyens de transport necessaires pour I'achemi- ner vers ses tieux d'emptoi seront devetoppes. Et ta presque totatite de son usage donnera tieu a des rejets de gaz carboni- que dans t'atmosphere. selon les estimations en vigueur, les reserves prouvees de gaz representent actuellement soixante ans au rythme de la consommation actuelle. Mais, comme c'est Ie cas pour Ie petrole, on sait que les reserves prouvees ne representent pas la totalite de ce que no us ont legue les eres geologiques anciennes, et iI est raisonnable d' estimer la aussi a I' equivalent d'une centaine d'annees au moins au rythme de la consomma- tion actuelle Ie volume des reserves reelles, qui produiront done de t'ordre de 600 mittiards de tonnes de gaz carbonique. si les techniques de captation et de sequestration viennent un 72 
La fin du bon sens jour a etre mises au point et mises en CEuvre, elles ne reduiront guere cet ordre de grandeur puisqu'elles ne pourront s'appli- quer qu'a une pa minoritaire des emissions, et pas avant plu- sieurs decennies. Les rejets seront au mieux reduits de quelques dizaines de milliards de tonnes. De surcroit, com me c'est Ie cas pour Ie petrole, cette consom- mation prendra place pour I'essentiel en peu de temps, et exclusivement au cours du present siecle. Le rythme du recours au gaz naturel s'accroit en effet annee apres an nee, la consom- mation mondiale etant pas see de 2 245 milliards de metres cubes en 1997 a 2 921 en 2007, soit une augmentation de 30 % en dix ans 1 . Le charbon Alors qu'iI se situe deja au premier rang du point de vue des rejets annuels de gaz carbonique dans l'atmosphere, Ie charbon constituera de plus en plus la source majeure des emissions. C'est lui dont la consommation se developpe Ie plus rapide- me nt, et c' est l'hydrocarbure fossile dont les reserves sont les plus importantes. En 1973, la production mondiale de charbon s' elevait a 3 miUiards de tonnes' alors qu'eUe atteint 6 milliards aujourd'hui, l'acceleration ayant ete particulierement brutale depuis ('an 2000 ou elle se situait encore a 4,5 milliards 1. Agence internationale de I' energie, op. cit 73 
CO 2 un my the planetaire de tonnes. La consommation a done double en trente-cinq ans, alors que celie du petrole ne s' est accrue que de moitie. De sur- croit, les reserves connues de charbon sont plus considerables que celles de petrole et de gaz naturel puisqu' elles represen- tent 130 annees d' extraction au rythme actuel. II Y a peu de temps encore, la duree de vie des reserves mon- diales etait d'ailleurs estimee a deux ou trois siecles, et Ie char- bon etait considere com me inepuisable a I'echelle humaine. L'acceleration tres recente du rythme d'extraction nous oblige a abandonner cette vision des choses, d' autant plus qu' elle est appelee a se poursuivre, les previsions les plus recentes faisant etat d'un volume d'extraction de 8 milliards de tonnes annuel- les a breve echeance pour repondre aux besoins des nouvelles centrales electriques qui se multiplient en Chine et ailleurs dans Ie monde. Et tout conduit a penser que les choses ne s'arrete- ront pas la, compte tenu des besoins d'electricite des differents pays qui emergent les uns apres les autres de la pauvrete. A ce rythme, tes reserves connues dureront moins d'une centaine d'annees, ce qui conduit a une conctusion entierement nouvette et fondamentate : comme te petrote et te gaz naturell'essentiet du charbon que recete te sous-sot de ta ptanete sera consomme au cours du xxf siecte, qui sera done cetui de I'epuisement de I'ensembte des hydrocarbures fossites du gtobe. Lorsque l' on sait que les emissions de gaz carbonique imputa- bles a la combustion du charbon s' elevent actuellement a 13 milliards de tonnes par an, it apparait que si ta totatite des 74 
La fin du bon sens reserves devait etre utitisee seton tes modatites actuettes, les rejets correspond ants dans ['atmosphere pourraient atteindre sensiblement plus de 2 000 milliards de tonnes, compte tenu des gisements non encore decouverts. Or c' est ce qui va se passer, car Ie rythme de construction des centrales a charbon dans Ie monde ne cesse de s'accelerer. Plus encore que Ie petrole et Ie gaz naturel, c'est bien Ie charbon qui constitue ainsi la grande cause d'accroissement des emissions. N'est-il done pas possible de faire quelque chose pour eviter Ie rejet dans I'atmosphere de quantites aussi impressionnantes de gaz carbonique dues au charbon? Pour repondre a la question, H faut d'abord savoir que les trois quarts du charbon utHise dans Ie monde servent a la fabrication d' electricite. si I' on tient compte en outre du gaz naturel et du petro Ie, ce sont d'ailleurs au total les deux tiers de I'electricite mondiale qui sont aujourd'hui produits par Ie recours aux hydro- carbures fossiles et qui donnent done lieu a des emissions de gaz carbonique dans des centrales thermiques, l'hydraulique et Ie nucleaire qui n' en emettent pas se partageant Ie tiers restant. II ne faut done pas s'etonner que la production d'electricite a base de combustibles fossiles soit a I'origine de pres de la moitie (42 %) des emissions de gaz carbonique de la planete d' origine energetique et en constitue de loin la premiere cause. Tenter de s'attaquer au rejet dans I'atmosphere du gaz carbonique produit dans les centra- les electriques revet done un caractere prioritaire. 75 
CO 2 un my the planetaire Pour lutter contre ces emissions, deux voies peuvent etre envi- sagees : produire a l'avenir l'electricite sans rejets de gaz carbo- nique, ou faire en sorte que Ie gaz carbonique emis dans les centrales thermiques classiques lors de la production d' electri- cite n'aboutisse pas dans ('atmosphere. Malheureusement, ces deux voies se heurtent a des obstacles majeurs. Le nuc/eoire A priori, Ie nucleaire parait etre la solution ideale, puisque les centrales qui ont recours a l' atome selon les techniques occi- dentales sont fiables, economiques et ne rejettent pratique- ment pas de gaz a effet de serre. Pourtant, la construction de centrales nucleaires a connu un arret presque total depuis trente ans dans Ie monde, et ce n'est qu'aujourd'hui que de nouvelles installations commencent a etre envisagees ou mises en chantier dans un nombre croissant de pays. Cette longue desaffection, alors me me que la construction de centrales a charbon ou a gaz connaissait pendant cette periode une expansion sans precedent, s'explique par deux causes de nature differente. La premiere est d'ordre economique. Certes, tout compte fait, Ie cout de revient de I' electricite d' origine nucleaire est competitif, quand Ie prix des hydrocarbures s' eleve. Mais, contrairement aux previsions, celui-ci a ete tres faible pendant Ie quart de siecle qui a suivi Ie deuxieme choc petrolier de 1981. De surcroit, les cen- trales nucleaires sont tres lourdes en investissements et necessi- tent de longs delais de realisation, alors que c' est l'inverse pour les 76 
La fin du bon sens centrales a charbon et surtout a gaz. Le depassement des coOts prevus pour la premiere centrale de la nouvelle generation EPR construite en Finlande par la firme franc;aise Areva temoigne s'iI en etait besoin de la difficulte de la tache 10rsqu'iI s'agit de construire un prototype, puisqu'iI excede 50 %. Mais il existe un second obstacle, plus lourd encore dans les pays occidentaux: I'opposition des ecologistes qui, dans beaucoup de pays, ont convaincu une grande partie de I' opinion de s' opposer a tout projet de centrale nucleaire. Meme si l' on assiste aujourd'hui a un certain retournement des esprits, tout au moins au niveau des responsables politiques, iI ne faut pas se nourrir d'illusions. Sauf miracle, Ie nucleaire ne jouera longtemps encore qu'un role tres minoritaire au sein de la production mondiale d' electricite, meme si la France a montre depuis trois decennies qu'iI etait possible de produire l'essentiel de son electricite en misant sur l'atome et en evitant tout rejet de I' essentiel de gaz a effet de serre. L'opposition aux centrales nucleaires laisse sans voix lorsqu'elle provient de ceux qui affirment que la concentration de gaz a effet de serre dans ['atmosphere est une catastrophe pour la planete. Entre deux maux reels ou supposes, il faut savoir choisir Ie moindre, d'autant qu'aucun des arguments dresses a I'encontre des centrales nucleaires ne resiste a une analyse un tant soit peu serieuse. Les centrales nucleaires occi- dentales ont prouve depuis longtemps leur fiabilite dans des pays aussi divers que ['Afrique du sud ou la Chine et n' ont jamais provoque une seule mort d'homme contrairement a tou- tes les autres sources d' energie, et en particulier au charbon qui, 77 
CO 2 un my the planetaire dans un pays comme la Chine, est chaque annee directement responsable de plusieurs milliers de morts dans les mines, et de centaines de milliers d'autres par la pollution de I'air engendree. Le recours a I' energie nucleaire pour produire de I' electricite est d'aiHeurs reconnu par les instances internationales com me etant un droit pour tous les pays, alors que la fabrication d'armes nucleaires est reglementee par les traites de non-proliferation. D'aiHeurs, plus de 30 pays exploitent depuis des decennies des centrales nucleai- res, sans heureusement que la plupart d' entre eux disposent d'armes atomiques. II n'empeche: la plupart des ecologistes ne veulent pas admettre cette distinction fondamentale et entretien- nent sciemment une peur irraisonnee inspiree par les spectres de Nagasaki et d'Hiroshima, comme I'a encore fait Daniel Cohn-Bend it en juiHet 2007, quand la France a envisage de vendre une centrale nucleaire a la Libye. selon Eurobarometre, 61 % des Europeens ne souhaitent-ils pas, pour des raisons supposees de securite, que la part de I' electricite d' origine nucleaire diminue ? Les autres arguments avances a l'encontre de l'usage pacifique de I' atome ne resistent pas plus a I' analyse. II en est ainsi du traitement des sous-produits du fonctionnement des centrales, pejorative- ment qualifies de dechets. On sait pourtant traiter ceux-ci en les vitrifiant et en les rendant inertes pour des millenaires, et il est possible de les enfouir ensuite a grande profondeur ou, quoi qu'on en dise, Us ne presentent aucun risque pour les generations futures. II en va de meme du demantelement des centrales apres leur fin de vie. L' operation est couteuse, mais eHe ne presente aucune urgence 78 
La fin du bon sens et peut etre etalee sur des decennies en fonction des finance- ments disponibles. La duree de vie des centrales ne cesse d'aiHeurs de s' ace roit re. Alors qu' eHe etait estimee a trente ans il y a peu, il est maintenant couramment question de soixante annees et rien ne dit qu' eHe ne sera pas prolongee au-dela. II n'y a la rien d' eton- nant puisque leur structure est constituee de beton fortement arme et surdimensionne pour resister a tout incident eventuel. Enfin, Ie risque d' epuisement des ressources en uranium n' est pas pour demain, comme l'a constate I'Agence internationale de I'energie dans son rapport annuel de 2006. La seule Australie a identifie 85 gisements, dont 3 seulement sont en exploitation et de nombreux autres pays en disposent. Face a la hausse des cours survenue avant l'ete 2008, les projets d'ouverture ont abonde. A plus long terme, la surgeneration repoussera definiti- vement la date d' epuisement des ressources. Mais I'energie nucleaire constitue l'un des symboles de notre epoque, et c'est peut-etre pour cela que les ecologistes la com- battent sans craindre d' etre incoherents. si les arguments qu'ils avancent aujourd'hui a son encontre, concernant par exemple Ie traitement des dechets, venaient un jour a tomber, ils en trouveraient d'autres car nous sommes dans l'irrationnel. Le nucleaire ne joue done aujourd'hui qu'un role marginal dans la satisfaction des besoins nouveaux d' electricite. Certes, un pays comme la Chine a recemment lance la construction de centrales nucleaires nouvelles. Mais l' objectif affiche jusqu'a present est modeste: porter de 1 a 4 % la part de l'atome au sein de la pro- 79 
CO 2 un my the planetaire duction electrique nationale. Tout laisse a penser que les respon- sables chinois veulent surtout se tenir informes des technologies disponibles puisqu'ils ont reparti leurs commandes entre les dif- ferents constructeurs mondiaux, dont Ie franc;ais Areva, les Ame- ricains et les Russes. lis savent qu'Hs devront un jour prochain changer leur fusH d'epaule et se lancer dans une production nucleaire de grande serie. Les reserves de charbon dont ils dispo- sent ne representent en effet que quarante ans de leur consom- mation nationale au rythme actuel, et celle-ci s' accroit a vive allure d' annee en annee, de telle sorte qu'il est probable qu' elles seront epuisees dans trois decennies au plus. Bien que disposant de reserves tres importantes de charbon, un pays comme l'Afrique du sud a declare envisager de construire a breve echeance une dizaine de centrales nucleaires pour repondre a 30 % de ses besoins d' electricite avant de renoncer pour l'instant a ce projet lorsque les cours du petrole se sont effondres. Les energies renouvelobles Contrairement a line opinion repandue, il n'est pas possible d' etre plus optimiste quant aux potentialites des energies renouvelables pour la production d' electricite. C' est surtout sur I' energie eolienne que comptent leurs partisans. Des progres techniques reels ont ete accomplis et Ie cout de revient du kilowattheure eolien produit devient parfois competitif sur Ie papier avec celui du courant d' autres origines. Mais il ne s' agit la que d'une apparence car l'energie eolienne souffre d'un handicap peu connu, majeur et redhibitoire. Les eoliennes sont par nature 80 
La fin du bon sens soumises aux caprices du vent et ne fournissent de I' electricite qu'un quart du temps environ, meme si elles tournent presque en permanence, ce qui entretient une fausse illusion d' efficacite. II faut en effet que Ie vent excede une trentaine de kilometres par heure pour que debute une production significative, et celle-ci n'atteint son optimum qu'au-dela d'une vitesse de cinquante kilo- metres par heure. s'iI souffle trop fort, iI faut enfin tout arreter pour ne pas mettre en danger les installations. Les trois quarts du temps, tes eotiennes ne produisent done pas de courant, et doivent etre suppteees par des centrates ctassi- ques a charbon ou a gaz, emettrices massives de gaz a effet de serre, ce qui exptique que tes pays qui ont te ptus recours aux eotiennes figurent parmi tes ptus grands emetteurs de CO z Le chapitre IV exposera plus en detai I Ie desastre que constitue ('implantation d'eoliennes dans notre pays qui n'en a aucun besoin puisqu'il produit deja la quasi-totalite de son electricite sans rejet de gaz a effet de serre grace a son programme nucleaire. Un livre remarquable de Jean-Louis Butre 1 denonce nos pratiques nationales dans ce domaine. Quant au solaire, meme si ron ne peut qu'esperer que les cho- ses changent, son prix de revient est pour ('instant prohibitif et iI ne survit qu'au prix de subventions encore plus ruineuses pour Ie consommateur qui doit en definitive en acquitter Ie couto 1. L'lmposture. Pourquoi /'eolien est un danger pour la France, editions du Toucan, 81 
CO 2 un my the planetaire Capture du carbone et sequestration fCCS) II ne faut done pas se nourrir d'illusion : la grande majorite de l'electricite dont la planete a un besoin vital pour sortir de la pauvrete et se developper continuera longtemps encore a pro- venir de centrales thermiques classiques, a charbon, au gaz naturel ou plus rarement au fioul, et celles-ci produiront du gaz carbonique en quantites massives. La question se pose alors de savoir s'iI ne serait pas possible de capter Ie CO 2 au sein des centrales, puis de Ie convoyer en des lieux ou iI serait possible de l'injecter dans Ie sous-sol pour qu'iI y reste definitivement ou tres longtemps. Sur Ie papier, la solu- tion est seduisante. EUe se heurte pourtant a de tels obstacles techniques et financiers que personne ne peut raisonnablement parier sur sa mise en CEuvre a echeUe significative. Sur Ie plan technique, les procedes de captation en sont a un stade exploratoire. De surcroit, nul ne peut garantir qu'iI exis- tera suffisamment de gisements etanches a proximite des cen- trales concernees pour sequestrer Ie gaz carbonique produit. II y a actueUement quatre projets partiels de « CCS » en opera- tion dans Ie monde, chacun evitant Ie rejet dans l'atmosphere d'environ 1 million de tonnes de CO 2 par an. Le projet norvegien sleipner reinjecte Ie CO 2 dans une couche saline aquifere, apres qu'iI ait ete separe du gaz naturel emis par un gisement en exploitation. Le deuxieme, situe a Weyburn dans Ie Dakota du Nord, transporte par un gazoduc de 330 kilometres Ie CO 2 emis dans une centrale de gazeification du charbon, et I'injecte dans un gisement petroUer dont iI accroit Ie rendement. Le troi- 82 
La fin du bon sens sieme, a In Salah en Algerie, reinjecte dans Ie sous-sol une par- tie du CO 2 excess if provenant d'un gisement de gaz naturel, comme c'est Ie cas a sleipner. Le quatrieme, en AUemagne, a ete inaugure en grande pompe par Ie groupe suedois VattenfaU, Ie 9 septembre 2008, dans la petite vUle de spremberg. II s'agit d'une centrale a charbon de faible puissance, mais qui met en CEuvre toute la chaine des techniques de capture et de stockage du carbone. Apres son extraction, Ie CO 2 sera convoye sur 350 kilometres pour etre enfoui par un systeme de compression dans un ancien reservoir souterrain. si l' experience est concluante, l' entreprise passera a la grandeur reelle et construi ra en 2013 deux centrales de 500 megawatts dans Ie Brandebourg et au Danemark. En cas de succes, Ie cout par tonne de CO 2 dont Ie rejet sera evite dans l'atmosphere est estime a 60 euros, dont 85 % relevent des operations de capture et de compression, tres energivores. Tout cela reste bien entendu anecdotique a l'egard des rejets- mondiaux de gaz carbonique d'origine energetique qui s'elevent a 30 mi II iards de tonnes par an. II est done impossible aujourd'hui de savoir quel est Ie potentiel technique du CCs. Mais H est possible de savoir que celui-ci est pour I' essentiel voue a I' echec pour un autre motif, qui tient a son couto si des solutions techniques sont trouvees, elles couteront tres cher. Les donnees disponibles font en effet fremir. selon l'Agence internationale de l'energie (Wortd Energy Outtook 2007), Ie cout typique d'une installation de capture et de compression du gaz carbonique dans une centrale thermique varie de 30 a 90 dol- 83 
CO 2 un my the planetaire lars par tonne de gaz carbonique, mais peut etre beaucoup plus eleve en fonction de la technologie utilisee, de la concentration du gaz carbonique et du site. Encore s'agit-il d'hypotheses, aucune centrale importante equipee d'un tel dispositif n'ayant encore ete construite meme si de nombreux projets sont envisages. Les couts seraient evidemment bien plus eleves encore s'H s'agissait d'equiper a posteriori des centrales existantes. II faudrait ensuite transporter Ie gaz carbonique jusqu'aux lieux d'enfouissement, en general eloi- gnes de plusieurs centaines de. kHometres. Pour une distance de 250 ki lometres, on parle alors de 1,5 a 4 dollars par tonne. Enfin, it serait necessaire de com presser Ie gaz, de l'injecter et de surveiller Ie site pendant des decennies pour etre certain qu'iI ne s' echappe pas du sous-sol, ce qui annulerait l'interet de l' operation. Au total, selon l' AlE, les couts possibles les plus fai- bles s' etablissent a 50 dollars par tonne de gaz carbonique evi- tee, et ce n' est qu' a long terme, apres 2030, qu' on pourrait envisager, sans aucune certitude, qu'ils decroissent a 25 dollars par tonne. Mais, quel que soit Ie cout futur, une chose est cer- taine : iI sera considerable. Le montant de I'investissement par centrate serait ptus que doubte. C' est ainsi que Ie projet pilote « FutureGen » dans I'lilinois, massivement subventionne par Ie departement americain de l'Energie, a ete abandonne quand ses promoteurs, pourtant remplis de bonnes intentions, se sont aperc;us que Ie montant necessaire pour l'investissement devrait passer de 830 a 1 800 millions de dollars. Au niveau mondial' la production d' electricite dans les centrales thermiques a charbon, au gaz naturel, ou au fioul rejette des 84 
La fin du bon sens aujourd'hui plus de 12 milliards de tonnes de gaz carbonique par an dans ('atmosphere, et cette quantite ne cesse de s'accroitre au fur et a mesure que leur nombre augmente. Les sommes donnent alors Ie vertige. si les obstacles. techniques sont vain- cus, et meme si Ie surcout necessaire pour eviter Ie rejet dans ('atmosphere d'une tonne de gaz carbonique n'excede pas 30 dollars en moyenne, ce qui est tres optimiste, ce sont ptus de 360 mittiards de dottars qu'it faudrait trouver chaque annee dans I'etat actuet des choses pour mettre fin aux emissions et enterrer te CO) produit Autant dire que c' est exclu. Encore faut-il ajouter que la majorite de cette somme devrait etre depensee en Chine, en Inde et dans les autres pays en voie de developpement, qui ont fait savoir qu'ils avaient quant a eux d'autres priorites et que ('argent necessaire pour de telles ope- rations devrait done provenir des pays riches, ce que ceux-ci ne sont evidemment pas prets a faire compte tenu des sommes astronomiques en cause! Faut-ille rappeler, chaque fois que les membres du G8 se rencontrent, ils constatent que leurs engage- ments en faveur du tiers-monde ne sont pas tenus, et ils discu- tent pour quelques dizaines ou centaines de mittions de dollars qu'ils n'arrivent pas a trouver. Lors de la reunion de juillet 2008 au Japon, les dirigeants africains presents ont releve 'que seul un quart des engagements pris par les pays riches pour ('aide au developpement des pays pauvres lors du sommet de 2005 a Gleneagles avait ete debloque. Qui pourrait croire qu'il en aille differemment au cours des annees a venir apres la crise finan- ciere de 2008 ? 85 
CO 2 un my the planetaire De surcroit, la mise en service de centrales thermiques classi- ques atteint aujourd'hui un rythme sans precedent, et iI faut s'attendre a ce que Ie volume annuel des emissions de gaz car- bonique passe d'une douzaine a une vingtaine de milliards de tonnes a echeance proche, ce qui viendrait encore accroitre Ie montant des sommes necessaires pour en eviter Ie rejet, en les portant bien au-dela de 500 milliards de dollars par an. II faut done rester realiste, et ne pas escompter qu'iI soit possi- ble de miser sur les techniques de capture du carbone et de sa sequestration pour changer significativement Ie volume des rejets imputables a I'usage du charbon, du gaz naturel ou du petrole aux fins de production d' electricite ou de tout autre usage industrieL Pour que cessent les emissions imputables au charbon, il n'y aurait qu'une solution: interdire son extraction et fermer les centrales electriques qui y ont recours. Qui pour- rait y croire ? Un doublement ineluctable En conclusion, H faut se rendre a I' evidence. Le petrole, Ie gaz natu- rei et Ie charbon presents dans Ie sous-sol ont vocation a etre uti- lises par l'humanite pour lui fournir l' energie indispensable a son developpement, et Ie gaz carbonique produit a cette occasion ira dans l'atmosphere. Au total des trois produits, la combustion cor- respondant a l' epuisement des gisements degagera environ 4 000 milliards de tonnes de gaz carbonique, dont une partie majoritaire au cours du demi-siecle a venire II convient d'ajouter a 86 
La fin du bon sens cette masse deja impressionnante environ 500 milliards de tonnes d'origine non energetique, provenant notamment de la deforesta- tion et des activites d'elevage. Quant aux techniques de capture et de sequestration du carbone, meme si les obstacles techniques sont vaincus, elles ne seront pas en mesure de modifier significati- vement Ie panorama d' ensemble. Ces 4 500 milliards de tonnes supplementaires sont a comparer aux 2 800 aujourd'hui presents dans l'atmosphere, avec to ute- fois une consideration positive. L'experience des decennies ecoulees a montre en effet que la totalite des volumes de gaz carbonique emis au cours d'une annee donnee ne se retrouvait pas l'annee suivante dans l'atmosphere car la moitie environ etait absorbee par la nature et notamment par les oceans. selon Ie Gtobat Carbon Project, cette regulation natureUe a concerne 55 % des emissions au cours des dernieres annees. Si rien ne change, les quelque 4 500 milliards de tonnes d'emissions au x- queUes il faut s'attendre se retrouveront done pour moitie « seulement » dans ('atmosphere, ce qui portera neanmoins la quantite presente autour de la Terre aux alentours de 5 000 milliards de tonnes. Quettes que soient tes incantations, it faut done s'attendre a ce que te stock de gaz carboni que tournant au-dessus de nos tetes doubte a peu pres au cours du siecte present Exprimees en « parties par million» (ppm), unite traditionneUe des specialis- tes de la composition de l'atmosphere, les concentrations du gaz carbonique dans l'atmosphere atteindront alors pres de 750 ppm au lieu de 380 a l'heure actueUe. Bien entendu, it ne 87 
CO 2 un my the planetaire faut pas se leurrer sur I' exactitude de previsions a si long terme, et seul I'avenir permettra de preciser les chiffres. Mais la ten- dance ne fait pas de doute. Toutefois les choses n'ont pas qu'un cote negatif. Dans ta me sure ou ce sont tes trois hydrocarbures fossites qui sont a I'origine de ta grande majorite des emissions de gaz a effet de serre d'origine humaine, cettes-ci sont appetees a ptafonner, puis a diminuer torsque tes gisements de petrote, de gaz naturet et de charbon viendront a epuisement, avant de cesser quand its seront vides. Les emissions de gaz a effet de serre d'origine humaine vont done continuer a croitre pendant les premieres decennies du XX Ie siecle. Mais a la fin de celui-ci, eUes auront disparu. Le petrole, Ie gaz naturel et I' essentiel du charbon seront taris. La deforestation aura cesse depuis longtemps. D' ou vien- draient alors les rejets du gaz carbonique? Les emissions passeront necessairement par un pic, sans doute aux alen- tours du milieu du siecle, avant de decroitre ensuite. II est done certain que l' objectif fixe par Ie G8 - la division par deux des emissions - sera un jour atteint. Mais il Ie sera vers 2100, pas en 2050 1 II est inutile de souligner com bien ce constat est fondamental. On ne peut pas dire a la fois que I'on va manquer bientot de petrole, de gaz naturel, voire de charbon, et que les emissions de gaz a effet de serre vont continuer indefiniment a s'accroi- tre ! Le sort des uns et celui des autres sont indissociablement 88 
La fin du bon sens lies et les prevIsions a caractere catastrophique d'accroisse- ment sans fin des rejets sont absurdes. Notre atmosphere n'accueillera pas plus de carbone d'origine fossile que ce que contiennent les gisements enfouis dans Ie sous-sol de la pla- nete 1 Elle en accueillera meme beaucoup moins du fait de la regulation naturelle precedemment decrite qui absorbe la moi- tie des emissions. Le moment est venu de regarder la realite en face, sous ses dif- ferents aspects. En trois siecles, Ie XIX e , Ie xx e , et Ie XXl e , l'huma- nite aura utilise la quasi-totalite des energies fossiles - petrole, gaz naturel et charbon - que des centaines de millions d'annees avaient accumulees dans son sous-sol. II en decoule une double consequence. Le stock dans l'atmosphere du gaz carbonique, contributeur a l' effet de serre, va plus que doubler, passant de 2 000 milliards de tonnes avant l'ere industrielle a 5 000 envi- ron a la fin du xx,e siecle, mais il cessera ensuite de croitre. Les deux courbes qui accompagnent cet ouvrage eclairent done d'un jour entierement nouveau Ie siecle a venir (figures A et B). Si I' on s'interesse au sort des etres humains, it ne faut pas Ie regret- ter. C'est Ie prix a payer pour que I'essentiel de I'humanite emerge en quelques generations, comme nous l'avons fait nous-memes, de la pauvrete, de la misere, de la maladie et de la mort elle-meme, et que grace a l'utilisation des energies fossiles elle connaisse des conditions de vie dont les siecles passes n' auraient jamais pu rever. Avant d'aHer plus loin, une question ne peut toutefois manquer de venir a l' esprit. Comment se fait-il que les donnees immediatement 89 
CO 2 un my the planetaire FIGURE A volution des emissions de gaz carbonique d'origine energetique Milliards de tonnes de C02 par an 60 Evolution passee . .. Evolution future 40 - - . Objectif du G8 20 Annee 1900 1950 2000 2050 2100 2150 Selon Ie scenario de reference de [' Agence internationale de I' energie, les emissions de gaz carbonique (C0 2 ) resultant de ['usage du charbon, du petrole et du gaz naturel doubleront d'ici Ie milieu du XXl e siecle du fait des projets en cours de realisation et previsibles dans les pays emergents. Mais tout changera ensuite, au fur et a mesure que Ie petrole, Ie gaz naturel, puis Ie charbon seront successivement epuises. A la fin du siecle, les emissions auront disparu. L'irrealisme de [' objectif adopte pour 2050 par les dirigeants des grands pays du monde (G8), qui consiste a diviser par deux les emissions par rapport a leur niveau actuel, apparait clairement. Pour I' atteindre, it faudrait non seulement imposer des depenses considerables aux pays developpes, mais surtout freiner Ie developpement de la Chine, de I'Inde et plus generalement du tiers-monde. La courbe de la page suivante se deduit logiquement de celie qui figure ci-dessus. 90 
La fin du bon sens FIGURE B Presence du gaz carbonique dans I'atmosphere Milliards de tonnes de C02 Parties par million (ppm) 5000 2800 2000 , 0 Annee 1900 750 -----.-7 . 380 280 2008 Evolution passee . .. Evolution future - - . Objectif du G8 1950 2000 2050 2100 2150 La Terre a la chance de beneficier d'un effet de serre qui la rechauffe d'une trentaine de degres. Une partie minoritaire de celui-ci est imputable au gaz carbonique. La quantite de ce produit presente dans I'atmosphere eta it relativement stable avant I' ere industrielle, au x alentours de 2 000 milliards de tonnes, ce qui correspondait a une concentration de 280 parties par million (ppm). Elle s' accroit maintenant du fait de la combustion du charbon, du petrole et du gaz naturel qui sont aujourd'hui indispensables au progres economique et a la lutte contre la pauvrete. Lorsque la totalite des hydrocarbures presents dans Ie sous-sol de la planete aura ete epuisee, la concentration se trouvera stabHisee avant de decroitre lentement au cours des prochains siecles. A nouveau, I' objectif affiche du G8 de maintenir celle-ci a son niveau actuel apparait deconnecte de toute realite. 91 
CO 2 un my the planetaire accessibles a tous qui figurent dans les pages precedentes ne puis- sent etre trouvees nuHe part? Aucun des organismes internatio- naux qui sont censes eclairer les decisions des responsables politiques et administratifs, et au-dela ['opinion mondiale eHe- meme, ne les mentionne alors qu' eHes permettent d' eclairer Ie debat d'un jour nouveau et de Ie rendre comprehensible. Une explication partielle de ce mystere est simple. Les climatolo- gues qui s'interessent a la composition de ['atmosphere et a son evolution ne s'expriment pas en tonnes, mais en concentrations. Us utilisent pour caracteriser la presence du gaz carbonique dans ['atmosphere des unites qui repondent au sigle esoterique deja cite de « ppm » (parties par million) incomprehensibles pour Ie non- specialiste. De leur cote, les experts du domaine de I' energie par- lent en « GT » (gigatonnes) lorsqu'ils chiffrent les emissions de CO 2 imputables aux activites humaines, unites tout aussi esoteriques pour Ie commun des mortels. La conversion d'une unite a ('autre n' est pourtant guere difficile puisqu'il est etabli qu'une «ppm» equivaut a 7,3 milliards de tonnes dans ['atmosphere. Lorsqu'on exprime la meme chose, d'une part en « ppm», d'autre part en « GT », qui peut y comprendre quelque chose? si ['on voulait ren- dre les choses incomprehensibles, on ne s'y prendrait pas autre- ment. Faute de recourir a une meme unite - Ie milliard de tonnes en ['occurrence - pour caracteriser d'une part les emissions dans ['atmosphere, d'autre part les quantites presentes en son sein, personne n' explique correctement les choses. Peut-etre faut-il voir la un exemple de ('incommunicabilite entre des professions differentes, en ['occurrence les climatologues et 92 
La fin du bon sens les experts energetiques, dont aucune n' a fait l' effort d' explication necessaire. Pourtant, l'Agence internationale de l'energie corrobore les conclusions dressees ci-dessus quant a l' evolution des emis- sions et celie des concentrations. Elle les a retenues dans son « scenario de reference» avant d' etre amenee, sur injonction poli- tique du G8, a elaborer des hypotheses conformes aux objectifs irrealistes de reduction des emissions rappeles au debut de cet ouvrage. Le scenario de reference de ('AlE prevoit en effet a juste titre que les emissions planetaires annuelles de gaz carbonique d'origine energetique passeront de 30 milliards de tonnes aujourd'hui a 62 milliards en 2050 (lEA Work for the GB - 2008 Messages) et que la concentration de gaz carbonique dans l'atmos- phere terrestre atteindra de l' ordre de 600 « ppm » a cette date. si I' on se souvient que les objectifs retenus a Hokkaido par Ie G8 sont, d'une part, la division par deux des emissions de gaz carbonique en 2050 par rapport a leur niveau actuel (soit 15 milliards de tonnes par an et non 62) et, d'autre part la sta- bilisation a 380 ppm de la concentration du gaz carbonique dans ['atmosphere a partir de 2015, ce qui correspond au niveau atteint aujourd'hui, on mesure I'ampleur de la tache a accomplir, ou plutot son total irrealisme. Pour qu'it en aitte ainsi, it faudrait arreter tout de suite te devetoppement du tiers-monde, consentir a des depenses insupportabtes et ittu- soires dans tes pays devetoppes et que t'humanite decide de taisser inutitisees dans son sous-sot tes ressources que tes eres geotogiques y ont accumutees. Qui pourrait croire un instant qu'it en ira ainsi ? 93 
CO 2 un my the planetaire Un tel raisonnement que les scientifiques qualifient de « par l'absurde » suffit a reduire a neant les objectifs affiches aux plus hauts niveaux. Raisonner par l'absurde est l'une des expressions les plus caracteristiques du bon sens, mais chacun sait depuis Descartes que ce dernier n' est guere repandu. Le mode de raisonnement par l'absurde (apagogie negative) consiste, selon Ie dictionnaire, « a demontrer ta faussete d'une proposition, non pas directement, mais en en deduisant togique- ment des consequences absurdes ». Puisqu'il est illusoire de pen- ser que l'humanite laissera inutilisee dans Ie sous-sol de la planete une quelconque partie des hydrocarbures que celui-ci recele, il en decoule qu'il n' est pas possible de reduire les emis- sions qu' engendre leur usage. C' est l' CEuf de Christophe Colomb. Pour qu'il n'y ait plus d' emissions, ou qu'il y en ait moins, il n'y aurait qu'une solution: fermer la majorite des puits de petrole ou de gaz naturel et les laisser volontairement inex- ploites, de meme que la plupart des mines de charbon, alors qu'on est en train d'en ouvrir de nouvelles en Australie, en Indonesie, en Ecosse et ailleurs. L'irrealisme de cette hypothese se passe de commentaires. Le petrole, Ie gaz naturel, Ie charbon sont trop precieux, et trop indispensables a la sortie de la misere de l' essentiel des hom- mes, des femmes et des enfants qui peuplent notre globe pour qu'ils ne soient pas exploites en totaUte, et il est inutile de nous interroger sur ce que nous pourrions faire nous-memes dans Ie but de « sauver la planete » en reduisant les emissions des gaz qui peuvent lui nuire. Nos efforts ne serviront a rien sur ce plan 94 
La fin du bon sens puisque ce que nous n'utiliserons pas Ie sera par les autres, et que les emissions prendront place en tout etat de cause et res- teront inchangees au niveau de la planete. On pourrait tout au plus esperer qu' eUes soient quelque peu deca- lees dans Ie temps, mais, meme si c' eta it Ie cas, I' ordre de grandeur des phenomenes est tel qu'iI n' en resulterait aucun effete L'Europe emet ainsi 4 milliards de tonnes de CO 2 par an alors que Ie stock present dans ('atmosphere atteint deja 2 800 milliards de tonnes et s'accroit de 15 milliards par an. Meme si nous arrivions a reduire nos emissions de 20 % d'ici a 2020, objectif officiel de ('Union euro- peenne, rien ne serait change pour Ie bilan planetaire, d'autant plus que l'essentiel des hydrocarbures que nous aurions reussi a ne pas consommer Ie serait par d'autres 1 Ceux qui nous demandent d'« agir » a tout prix pour reduire les emissions du globe - y compris les chefs d'Etat des plus grands pays du monde - ont-ils reflechi un instant a la signification concrete d'un VCEU aussi contraignant ? Faudrait-H pour Ie satis- faire que de grandes parts de I'humanite continuent a etre pri- vees d' electricite et restent plongees dans I' obscurite et la misere? A quel niveau - 500 dollars par barH ? - faudrait-H porter Ie prix du petrole pour etre coherent avec leurs inten- tions? QueUes en seraient les consequences pour notre vie quotidienne et particulierement pour ceux qui ne pourront jamais acquitter de tels tarifs, c' est-a-dire les plus modestes ? Quant a nous, Franc;ais, pourquoi depensons-nous des dizaines de miUiards d'euros par an pour« sauver la planete » puisque, pas plus 95 
CO 2 un my the planetai re que les autres et meme beaucoup moins car nous sommes les plus faibles emetteurs parmi les grands pays developpes, nous n'y pou- vons rien ? Face a une telle incoherence, pour ne pas dire une telle absurdite, une question s'impose en definitive, qui merite reponse. Comment est-il possible que la planete entiere ait ete ainsi trompee au point que Ie bon sens Ie plus elementaire ait disparu ? Kyoto, protocole inutile En 1997, pas moins de 188 pays se sont reunis a Kyoto pour ela- borer un protocole desormais celebre. Parmi les pays signatai- res, 38 nations industrialisees (dites de l'annexe 1) se sont engagees a reduire en 2008 ou 2012 au plus tard leurs emissions de CO 2 de 5,2 % par rapport a leur niveau de 1990. Pour sa part, l'Union europeenne a promis de diminuer ses propres rejets de 8 %, la France devant maintenir les siens a leur niveau anterieur deja tres faible, ce qu' elle a d'ailleurs fait. Le protocole n'est devenu officiellement effectif qu'en 2005, apres sa ratification par la Russie. Mais tout cela n' a servi rigou- reusement a rien. Certes, lespays europeens qui sont a l' origine du huitieme environ des emissions du globe ont a peu pres tenu leurs engagements. Mais au niveau mondial, les emissions de gaz carbonique d' origine energetique sont passees de 21 a 30 milliards de tonnes entre 1990 et 2008 (+ 43 %) 1 96 
La fin du bon sens C' est que des nations telles que Ie Canada ou l' Australie, mais surtout les pays du tiers-monde qui ne sont pas parties prenan- tes au protocole de Kyoto, ont accru leurs emissions dans des proportions considerables, ceUes de la Chine ayant meme plus que double pour leur part. Jamais les emissions planetaires ne se sont accrues aussi vite. Decrit par Claude AUegre comme etant « l'un des traites internationaux les plus absurdes qui aient jamais vu Ie jour », Ie protocole de Kyoto n'a servi a rien et ne pouvait servir a rien car H reposait sur une erreur fondamentale. Les engagements ne concernaient que les pays developpes et, dans l' esprit de ses concepteurs, ceux-ci donneraient l'exemple au reste du monde qui ne manquerait pas ensuite de les suivre sur la voie de la reduction des emissions. Le raisonnement pouvait paraitre logique, mais H etait faux. II s' agis- sait d'un sophisme. Certes, au prix d'efforts tres couteux, les pays developpes peuvent envisager de maitriser, voire de reduire - un peu - leurs rejets de gaz a effet de serre. Mais cela n'aura aucun effet sur Ie volume global des emissions de la planete qui restera inchange car Ie petrole, Ie gaz naturel, ou Ie charbon que ne consommeront pas les pays developpes Ie seront par Ie reste du monde. Pour l'lnde, la Chine, et Ie tiers-monde en general, il ne s'agit pas d'une question de mode de vie, mais de vie ou de mort de leurs habitants. Comme l' a declare l' expert chinois qui participe aux travaux des Nations unies, M. Qin Dahe, directeur de l'adminis- tration meteorologique de son pays: « Nous n'avons ni la techno- logie ni les moyens financiers necessaires. Nous convertir a des sources d' energie moins poUuantes necessiterait des sommes pro- 97 
CO 2 un my the planetaire hibitives que nous n'avons pas. Nous avons besoin du charbon pour nous developper. Nous sommes conscients du probleme et preoccupes par les risques, mais nous n' avons pas Ie choix » (Inter- nationat Heratd Tribune, 7 fevrier 2007). Le 9 janvier 2009, I'agence France-Presse communiquait que la Chine avait decide d'augmenter de 30 % d'ici 2015 sa produc- tion de charbon pour faire face a ses besoins, ce qui accroitra les rejets de CO 2 pour ce seul pays et pour ce seul motif de 1,6 milliard de tonnes par an, soit pres de deux fois plus que l'ensemble des reductions d'emission que l'Union europeenne s' est fixe comme objectif pour 2020. L'lnde ne dit pas autre chose. Apres la publication du rapport « Stern» dont iI sera question au chapitre suivant, elle fit repondre par un groupe officiel d' economistes qu'« il n' eta it pas possible pour l'lnde de s' engager sur un plafond d' emissions a respecter, et que sa priorite devait etre accordee a des objectifs nationaux au premier rang desquels figure I' eradication de la pauvrete» (The Indian Express, 3 fevrier 2007). Qui ne les comprendrait quand on sait que 400 millions d'indiens n' ont tout simplement pas d' electri- cite et que chaque annee 500 000 femmes et enfants meurent d'un cancer du poumon engendre par les fumees du foyer de la piece unique ou ils vivent en permanence? Pendant sept ans, George Bush a repete que les Etats-Unis n'appU- queraient pas Ie protocole de Kyoto tant que I'lnde et la Chine n' en feraient pas autant. II avait a la fois raison sur Ie fond et tort dans l' explication. II avait raison de refuser d' engager les Etats-Unis sur la voie de depenses dont l' essentiel aurait ete parfaitement inu- 98 
La fin du bon sens tile. Mais Ie motif avance n' etait pas Ie bon. Au lieu de dire que les Etats-Unis s' engageraient sur la voie de la reduction de leurs emis- sions quand la Chine et l'lnde en feraient autant, il aurait du expli- quer que ceHes-ci ne pouvaient pas Ie fa ire, et que vouloir lutter contre les emissions de gaz a effet de serre de la planete etait en consequence tout simplement du domaine de l'impossible. Faute de l'avoir fait, l'heure de verite a ete reportee. EHe sonnera au plus tard a la fin de 2009 quand la communaute mondiale s' efforcera - en vain - de donner une suite au protocole de Kyoto avec cette fois-ci la participation des pays emergents, et que les yeux s' ouvri- ront alors. Tous vegetariens ? Faudra-t-i I arreter un jour de manger de la viande ? La question peut paraitre saugrenue. Mais consommer de la viande nuit gra- vement a I'environnement pour deux raisons qui s'additionnent. II faut tout d'abord de cinq a dix kilos de cereales pour produire un seul kilo de viande, et c'est done la un tres mauvais usage des ressources de la planete. II y a plus. Les ruminants constituent une veritable catastrophe ecologique, comme I'a constate en novembre 2006 dans un rap- port qui a defraye la chronique l' organisme des Nations unies en charge des questions d'alimentation, la FAO. Ce rapport a revele que I' elevage produisait sur la planete plus de gaz a effet de serre que l'ensemble des transports, avec 18 % d'equivalent CO 2 contre 16 % 1 De surcroit, la production mondiale de viande devrait dou- 99 
CO 2 un my the planetaire bier d'ici a 2050 selon les tendances actuelles, avec pour conse- quence des projections extremement preoccupantes. Les bovins sont les principaux responsables de cette situation, car ils emettent notamment de grandes quantites de methane, gaz qui a un pouvoir de rechauffement vingt-trois fois plus eleve que Ie gaz carbonique. C' est ainsi qu' en France, aussi surprenant que cela paraisse, une vache emet en moyenne chaque annee plus de gaz a effet de serre qu'une voiture. Plus precisement, elle produit, d'apres les calculs des experts des Nations unies, 106 kilos de methane en ruminant, ainsi que du gaz carbonique et du protoxyde d'azote, ce qui correspond au total a 2,5 tonnes de CO 2 . Pour sa part, une voi- ture moyenne parcourt en France 14 000 kilometres chaque an nee, au cours desquels eUe emet 165 grammes de CO 2 par kilometre, ce qui aboutit a 2,3 tonnes, quantite en decroissance reguUere annee apres annee. Lorsqu' on sait qu'il y a en France 21 millions de bovins et 30 mil- lions de voitures, une question moins saugrenue qu'il n'y parait vient immediatement a I' esprit. s'il fallait absolument reduire nos emissions de gaz a effet de serre comme on nous l'assure, nous serait-il plus facile de nous passer de voitures, ou de ces- ser de manger du bCEuf ? La reponse est evidente tant la voiture est devenue necessaire a la vie quotidienne. Interroges par l'institut Ipsos en janvier 2007, une majorite de Franc;ais (55 %) ont estime a juste titre que la voiture etait plus indispensable a leur vie quotidienne que Ie bifteck, qui est pourtant notre plat national ! s'ils etaient logiques, les ecologis- 100 
La fin du bon sens tes devraient mettre en tete des demandes qu'ils adressent a nos concitoyens de renoncer a la viande de bCEuf, dont ils peuvent se passer, et non de se priver de leur voiture, presque toujours indis- pensable a leur vie quotidienne. Mais sans doute ont-Hs compris que ce ne serait guere popu lai reo si nous devenions tous vegetariens, la contribution de ('agri- culture a la production de gaz a effet de serre chuterait done brutalement. Mais comme cette hypothese n'est guere credi- ble, c' est a un accroissement des emissions atmospheriques correspondantes qu'il faut s'attendre au fur et a mesure du recul de la faim dans Ie monde et du developpement de (' ele- vage qui, sauf chez les vegetariens, accompagne toujours (' ele- vation du niveau de vie. Ces perspectives sont d'autant plus probables que la tendance mondiale est a ('accroissement du poids moyen des bovins et done a celui du volume de leurs emissions unitaires, contrairement a ce qui se passe pour les voitures dont la consommation moyenne diminue... Vouloir reduire les emanations liees a (' elevage ne parait done pas plus realiste que de s'attaquer a ceUes qui resultent du recours aux hydrocarbures. * * * En definitive, une remise en cause totale de nos jugements s'impose. C' est une veritable revolution de nos idees a laquelle nous sommes confrontes. Car, apres la lecture des pages preceden- tes, une serie de questions ne peut en effet manquer de se poser: 101 
CO 2 un my the planetaire Du point de vue de la lutte contre I'effet de serre, preoccupa- tion quasi obsessionnelle en ce debut de siecle, a quoi servent : - I'isolation des logements, - la taxation des carburants terrestres, aeriens, ou maritimes, - les investissements dans les energies renouvelables, - Ie marche des permis d'emission du CO 2 , - la taxation du transport routier, - les investissements ferroviaires, - Ie freinage des investissements routiers, - les efforts de report modal, - Ie recours aux velos, - les diverses taxes carbone, - les biocarburants, - I'abaissement des normes de consommation des automobiles, - Ie protocole de Kyoto, - la fixation par l'Union europeenne d' objectifs drastiques de reduction de ses emissions de CO 2 , - les programmes de grands travaux, - les divers marches du carbone, - les .. plans climat .. nationaux, regionaux ou municipaux, - la recherche des economies individuelles, - les eoliennes, - les panneaux solaires, - les ampoules .. basse consommation .., - les innombrables subventions dediees a la reduction des emissions, -I'essentiel des propositions du .. Grenelle de I'environne- ment .. 1 102 
La fin du bon sens ... A quoi servent toutes ces mesures du point de vue de la lutte ... contre I'effet de serre? Une seule reponse s'impose: ARlEN. ARlEN du point de vue des emissions planetaires de gaz a effet de serre et done d'un eventuel impact sur Ie climat, absolument a rien puisque ce que les uns n'emettront pas Ie sera par les autres. C'est la une revolution copernicienne de notre percep- tion de I'un des phenomenes planetaires majeurs de notre epo- que. Nous avons raisonne comme s'il y avait dans Ie sous-sol de la planete un stock infini d'hydrocarbures, ce qui aurait peut- etre justifie que nous cherchions a reduire nos emissions. A par- tir du moment ou ce n'est pas Ie cas et ou les gisements sont limites et seront de to ute maniere exploites en totalite, nos efforts n' ont plus de sense Tout au plus permettraient-i Is de decaler de quelques mois ou de quelques annees certaines emissions, ce qui sera it sans Ie moindre effet perceptible, s'agis- sant du gaz carbonique dont Ie stock dans l'atmosphere est considerable et dont la duree de vie est de I' ordre de deux sie- cles. Le decalage atteindrait-it dix ans ou plus, ce qui n' est pas possible, cela ne changerait rigoureusement rien a l'affaire. Bien entendu, cela ne signifie pas que certaines des actions enume- rees au sein de la liste ci-dessus ne soient pas justifiees. Mais eUes Ie sont alors pour d'autres motifs que celui de vouloir en vain lutter contre les gaz a effet de serre. Acheter une voiture qui consomme moins ou faire isoler certaines parties de sa maison peut se reveler un bon placement. Vouloir preparer «I'apres- petrole » est egalement necessaire, et it est justifie d'investir dans les depenses de recherche correspondantes. Mais n'ayons pas d'illusion. Parmi la liste sans fin des depenses qui sont censees « sauver la planete », iI s'agit la d'une petite minorite car iI ne faut 103 
CO 2 un my the planetaire pas confondre deux choses qui n'ont rien a voir: la necessite de limiter nos depenses energetiques et de preparer I'avenir d'une part, et I'impact de nos actions sur les emissions de gaz carbonique de l' autre. Economiser pour reduire nos depenses et ne pas gaspiller tes res- sources du gtobe oui, bien sur,. preparer par ailleurs t'apres-petrote, evidemment Mais s'imaginer que te CO 2 eventuellement epargne a cette occasion puisse contribuer a « sauver ta ptanete » reteve de ta science-fidion puisqu'it sera emis par quetquun d'autre, en Chine ou ailleurs. Oitapider t'argent du contribuabte ou du consommateur dans cette illusion est ators coupabte. II faut bien reconnaitre que tout ceci s'apparente a un paradoxe, que certains ont meme baptise «paradoxe Gerondeau». Com- prendre, lorsque I' on reduit ses emissions de CO 2 , que I' on ne reduit en fait rien du tout n' est pas evident. Pour reprendre la for- mule celebre du grand economiste franc;ais Frederic Bastiat, tres connu a I'etranger a defaut de l'etre en France, il y a ce qu'on voit, et ce qu'on ne voit pas. Ce qu'on voit, c'est Ie volume de ses pro- pres emissions, qui diminue effectivement. Ce qu' on ne voit pas, c' est celui des emissions des autres qui augmente d' autant, de telle sorte que Ie total reste inchange puisque c'est un jeu a somme constante, la totalite des hydrocarbures fossiles de la planete etant appelee a etre utilisee et Ie carbone qu'ils contiennent a engendrer du CO 2 . Sans doute Rene Descartes avait-il raison 10rsqu'iI ecrivait dans Ie Oiscours de ta methode: «La pluralite des voix n' est pas une preuve qui vail Ie. Car, lorsqu'une verite est quelque peu difficile a 104 
La fin du bon sens decouvrir, iI serait etonnant que tout un peuple l'ait rencontree plutot qu'un homme seul.». Curieusement, on s'est interesse jusqu'a present aux consequences, c'est-a-dire aux emissions de CO 2 , et non aux causes, c' est-a-dire a l' extraction du petrole, du gaz naturel et du charbon. On a meme fait Ie contraire : tous les gouvernements encouragent les efforts pour decouvrir et exploiter de nouveaux gisements, ce qui condamne evidemment a l' echec leurs velleites de reduction mondiale des emissions. C' est la fin du bon sense Tous les efforts aujourd'hui consentis pour tenter - en vain - de lutter contre les emissions de CO 2 sont enfin presentes com me une contribution des generations presentes a I'amelio- ration du sort des generations futures, comme un « pacte de solidarite » entre elles. Or, c' est I'inverse. Depenser inutilement notre argent ne peut que retarder les progres de l'economie et avoir un impact negatif sur Ie niveau de vie de nos successeurs et la sortie de la misere de la majorite de I'humanite. A bien y reflechir, I'impossibilite de lutter contre les emissions de CO 2 comporte en revanche un aspect eminemment positif, susceptible d' eviter aux particuliers, aux entreprises et aux finances publiques des depenses considerables. Le chapitre IV de cet ouvrage montrera, pour la France seule, ('ampleur a pro- prement parler gigantesque des depenses publiques aujourd'hui consenties ou prevues dans Ie but de contribuer a un illusoire effort mondial de reduction des emissions. Subventions pour les eoliennes, les panneaux solaires, les biocarburants, les trans- ports ferres et publics, ('isolation des batiments, etc. se chif- 105 
CO 2 un my the planetaire frent au total en dizaines de mittiards d'euros par an et vont continuer a croitre sans fin si les orientations du « Grenelle de ('environnement» sont mises en CEuvre. Quant aux particuliers et aux entreprises, ce sont d'autres dizaines de milliards d' euros qu'Hs doivent deja ou devront plus tard prendre en charge au travers de I'accroissement de leurs factures, de taxations ou de normes sans cesse plus nombreuses et plus lourdes au pretexte du sauvetage de la planete et au benefice d'interets particuUers. A la lumiere du constat dresse dans cet ouvrage, des economies massives sont done possibles, aussi bien pour les finances publi- ques que pour les personnes ou les entreprises. Au lieu d'etre gaspiUe dans ('illusion d'influer sur ('evolution du climat plane- taire, ('argent degage pourrait alors servir a accroitre Ie pouvoir d'achat de nos compatriotes au lieu de Ie reduire, ou venir reet- tement en aide aux plus demunis de la planete. s'agissant d'un dossier majeur et qui figure au premier rang des pre- occupations de ce debut de siecle, il reste a comprendre pourquoi Ie monde entier s' est fourvoye a un tel point. Mais it reste surtout a repondre a une question lancinante qui ne peut manquer de se poser. Puisque nous ne pouvons rien aux rejets planetaires de CO 2 et que leur concentration dans I'atmosphere est ineluctablement appelee a doubler, allons-nous a la catastrophe? 
Chapitre II Les activistes Ce livre ne peut se comprendre que si I' on connait Ie role joue par les multiples acteurs de cette comedie humaine planetaire : climatologues, economistes, specialistes de I' ener- gie, ecologistes, responsables politiques des pays developpes et en voie de developpement, agences internationales offi- cielles, groupes de pression multiples, sans oublier I' omni- presence des alarmistes de tout genre. Les climatologues : Ie Giec C'est en 1988 que 1'0rganisation meteorologiste mondiale (WMO) et Ie Programme pour I'environnement des Nations unies (Unep) deciderent conjointement d'etablir un nouvel organisme intitule Intergovernementat Panet on Ctimate Change (IPCC), connu en franc;ais sous I'appellation Groupe d'experts intergou- vernementat sur I'evotution du ctimat (Giec). Ce nouvel orga- nisme avait pour mission de recueillir I'information scientifique, technique et socio-economique permettant de comprendre Ie changement climatique et ses impacts potentiels, et d'identifier les actions possibles pour s'y adapter et Ie reduire. 107 
CO 2 un my the planetaire Le Giec a etabli a cette fin trois groupes de travail respectivement consacres a la connaissance du phenomene, aux moyens de s'y adapter, et aux actions destinees a Ie combattre, ainsi qu'une autre entite ayant pour but de mettre sur pied les outHs permettant de mesurer les emissions de gaz a effet de serre de chaque pays. Ces differentes instances sont composees de membres nommes par les gouvernements nationaux ainsi que par diverses organisations scien- tifiques et des ONG. Le tout est gere par un bureau elu et beneficie en outre du support d'un secretariat permanent et de celui des uni- tes de support technique des differents groupes de travail. Le Giec se reunit en session pleniere sur un rythme annuel afin d'arreter son programme de travail et d'approuver les rapports deja elabores. Mais l'une des activites principales du Giec, la plus media- tisee, consiste a fournir au monde, a intervalles reguliers, un rap- port d'evaluation (assessment report) sur I'etat des connaissances sur Ie changement climatique. Les plus recents travaux publies des trois groupes de travail datent de novembre 2007. Ensemble, ils ont servi de base au quatrieme rapport d'evaluation du Giec (AR4). Un fascicule de synthese a ete rendu public a la meme date, sous la forme d'un Resume a t'intention des decideurs, document fonda- mental accessible a chacun sur Internet a I'instar de la majorite des autres rapports qui Ie sont en anglais et parfois en franc;ais comme c'est ici Ie cas. A vrai dire, c'est Ie seul document qui soit destine a etre lu par les non-specialistes. La simple description des mecanismes de fonctionnement du Giec laisse entrevoir leur extreme lourdeur. Les rapports fournis par les groupes de travail contiennent des milliers de pages. Des milliers d' experts y participent. Les conclusions sont adoptees 108 
Les act;vistes par des processus de vote, ce qui a conduit un certain nombre de scientifiques a cesser d'y apporter leur concours, conside- rant qu'ils n'avaient pas la possibilite d'etre entendus. II en a resulte une pen see unique qu'iI est possible de decouvrir en prenant connaissance du document de synthese cite ci- dessus. Ce Resume a t'intention des decideurs, egalement inti- tule Bitan 2007 des changements ctimatiques, comprend plu- sieurs parties. La premiere traite de ce que I' on sait des changements passes du climat et de ce que l' on prevoit de leur avenir. La suite, d'une autre nature, s'interesse a leurs conse- quences possibles pour la planete et pour l'humanite. Changement climatique : Ie passe selon les membres du Giec, « Ie rechauffement climatique est sans equivoque comme Ie prouve ('observation des accroisse- ments des temperatures moyennes mondiales de ('air et de I' ocean, de la fonte largement repandue de la neige et de la glace et de la montee du niveau moyen mondial de la mer ». Un tel verdict est exprime en termes sans appel, mais sa tonalite alarmiste ne correspond guere aux donnees chiffrees qui l'accom- pagnent. Celles-ci indiquent, par exemple, que « Ie niveau de la mer a augmente depuis 1961 au rythme moyen de 1,8 mHlimetre par an, et depuis 1993 a celui de 3,1 mm, sans que ('on sache si la vitesse accrue de 1993 a 2003 refletait une variation decennale ou une ten- dance a long terme ». Au ptus, I'etevation du niveau des eaux connajtrait done actuellement un rythme de ),1 centimetres par decennie, qu'it parait difficite de quatifier de catastrophique ! A tors que beaucoup nous annoncent que ta catotte gtaciaire se desa- _ 109 
CO 2 un my the planetaire grege, te rythme de hausse du niveau de ta mer a d'ailleurs recem- ment ratenti, s'etabtissant a 2,3 millimetres par an depuis 2003. s'agissant de la temperature moyenne du globe, Ie document indique que « t'etevation au cours des cent dernieres annees a ete de 0,74 degre ». A nouveau, queUe que soit la maniere dont on presente les choses, moins d'un degre en cent ans est tres eloigne de I'image plus communement repandue du change- ment climatique. Plus loin, Ie meme rapport indique que, de 1900 a 2005, les sur- faces affectees par la secheresse ont «probablement» cru depuis les annees 1979. L'emploi de l'adverbe « probablement » ne doit pas surprendre. II s'agit du resultat des deliberations du Giec, dont les membres sont appeles a voter a chaque fois pour I'un des termes sui- vants: «moins que probabte», «moyennement probabte», « probabte », « tres probabte », ou d'exprimer selon les cas une «confiance moyenne », une «confiance », ou une «grande confiance » envers les appreciations qui leur sont soumises. II s'agit la d'une demarche qui se situe a I'oppose de ce que devrait etre une approche scientifique. CeUe-ci voudrait que les differents points de vue soient confrontes entre eux jusqu'a ce que se degage la verite. Si la demarche du Giec avait ete adop- tee, les contemporains de Galilee auraient vote que la Terre ne tournait « certainement pas », ceux de Pasteur que la generation spontanee des microbes etait «tres probabte» et ceux d'Einstein que la theorie de la relativite etait « moins que pro- babte » I II Y a la quelque chose de choquant car I' opinion et les 110 
Les activistes dirigeants font confiance a ce qu'ils croient etre une demarche scientifique, alors qu' elle ne I' est pas 1. Par aiHeurs, Ie Giec reprend la description de l'accroissement des rejets de gaz a effet de serre relates au precedent chapitre et confirme que leur composante d'origine energetique est passee de 15 milliards de tonnes de CO 2 en 1970 a 30 milliards a l'heure actuelle. Rapprochant I' elevation des temperatures constatee au cours des deux dernieres decennies du xx e siecle et l'accroissement de la concentration du CO 2 dans I'atmosphere, Ie Giec en deduit alors que « la plus grande part de I'accroissement observe dans les temperatures moyennes mondiales depuis 1950 est tres probabte- ment due a I' accroissement observe de la concentration des gaz a effet de serre d' origine humaine ». Une mystification organisee Tout est ta et te point merite qu'on sy arrete car it est a ta base de tout S'agissant du tien entre I'accroissement de ta concentra- tion des gaz a effet de serre dans I'atmosphere et t'etevation de ta temperature moyenne du gtobe, te Giec n'affirme pas qu'it est certain, contrairement a ce qui est partout repete a son initia- tive, mais seutement qu'it est « tres probable ». Comme on comprend tes doutes de ceux de ses membres qui ont refuse de voter pour te terme« certain» ! La reatite, c'est au contraire que ce tien est « tres peu probable» car ta comparai- son de I'evotution des deux phenomenes n'est pas du tout ce qu'on serait en droit d'attendre (figures C et OJ. 1. Serge Galam, Les scientifiques ont perdu Ie nord, Pion. 111 
CO 2 un my the planetaire FIGURE C Evolution de la concentration de gaz carbonique dans I'atmosphere Parties par million (ppm) 380 360 340 320 Niveau preindustriel 280 1960 2008 Annee 1850 1900 Source: Giec La hausse progressive de la concentration de gaz carbonique dans ['atmosphere est connue avec une grande precision, notamment depuis 1960 grace a [' observatoire de Mauna Loa, situe dans les iles Hawa"i. L' evolution est caracterisee par une tres grande regularite. 112 
Les activistes FIGURE D volution de la temperature moyenne du globe Temperature mondiale moyenne (O() 14,5 <9 14,0 13,5 Annee 1850 2000 o Moyennes annuelles -' Intervalle de confiance (95 %) Un regard a la courbe d' evolution de la temperature moyenne du globe depuis 1850 suffit pour constater qu'eUe n'a pas de rapport avec ceUe de la concentration de gaz carbonique. Au lieu d' etre reguliere, eUe est chaotique : periodes de stabHisation, de baisse et de hausse se succedent. La periode de refroidissement notamment, survenue entre 1945 et 1978 n'a pas d'explication. En tout etat de cause, les variations sont tres faibles : moins d'un degre en plus de cent cinquante ans, c'est-a-dire incomparablement moins qu'a d'autres epoques. Source: Giec 113 
CO 2 un my the planetaire FIGURE E Evolution de la temperature moyenne du globe depuis 10 ans °c 0,5 . . . . 0,4 . . . . 0,3 . . . 0,2 0,1 Moyenne sur 150 ans 1998 2000 2002 2004 2006 2008 Source: Hadley Center/Meteorological Office Apres une peri ode de rechauffement qui a dure une vingtaine d'annees, de 1975 a 1998, la temperature moyenne du globe a cesse de s' accroitre depuis une decennie, com me chacun peut Ie constater en visitant les differents sites Internet qui traitent du sujet, com me celui de l' office meteorologique britannique cite ci-dessus, qui fait reference pour Ie Giec. Elle est actuellement stabilisee aux alentours de 0,4 °C au-dela de la moyenne enregistree depuis cent cinquante ans, et a meme plut6t tendance a decroitre. Alors que jamais les concentrations de CO 2 n' ont ete aussi abondantes, cette evolution s'inscrit en complete contradiction avec les idees qui ont cours.n s'agit la reellement d'une« Verite qui derange». 114 
Les activistes L'evolution de la concentration du gaz carbonique dans ('atmosphere, connue avec grande precision, a ete d'une extreme regularite au cours des siecles passes, passant de 280 ppm avant I' ere industrielle a 320 en 1960, puis a 380 a (,heure actuelle. En regard, ('evolution de la temperature moyenne du globe depuis 1850 a manifeste une evolution chao- tique : legere croissance de 1850 a 1895 ; chute de 1895 a 1910 ; fort accroissement de 1910 a 1945 ; baisse de 1945 a 1978 ; nou- velle hausse de 1975 a 1998, et stabilite depuis cette date contrairement aux idees rec;ues (figure E). Autrement dit, it est difficite d'imaginer courbes ptus differentes que cette qui retrace I'evotution des concentrations de CO 2 dans I'atmosphere et cette qui traduit tes fluctuations de ta tempera- ture. Personne n'a pu notamment expliquer la decroissance des temperatures sur venue de 1945 a 1975 alors que la concentra- tion du gaz carbonique s'accroissait Souvenons-nous. A (' epo- que, la majorite des climatologues predisaient l'avenement d' une nouvelle ere froide 1 Comment Ie Giec peut-il, dans ces conditions, affirmer qu'iI est «tres probable» que I' accroissement de la concentration des gaz a effet de serre soit a (' origine des variations du climat depuis la seconde moitie du xx e siecle, alors meme que la tem- perature a decru pendant les vingt-cinq premieres annees de cette seconde moitie ? Personne ne peut non plus expliquer pourquoi, depuis 1998, les temperatures ne s'accroissent plus alors que les concentrations de CO 2 n'ont jamais autant progresse qu'a I'heure actuelle. 115 
CO 2 un my the planetaire Le fait que Ie Giec ne considere que la seconde moitie du xx e siecle et qu'il fasse silence sur ce qui s' est passe auparavant est d' ai Heurs revelateur. Si I' accroissement de la concentration du gaz carbonique etait vraiment responsable des variations cli- matiques comme I'affirme Ie Giec, comment expliquer les fluc- tuations marquees de la temperature survenues au cours de la premiere moitie du xx e siecle, alors meme que la quantite de CO 2 presente dans I'atmosphere etait presque stable? Ce n'est evidemment pas par hasard si Ie Giec a pris 1950 comme point de depart de ses « deductions» et ne mentionne jamais ce qui s' est passe auparavant. S'il avait seulement choisi 1940 au lieu de 1950, tout son raisonnement serait tombe puisque les temperatu- res des annees 1940 ont ete superieures a ceHes de la decennie 1950. S'il faHait une preuve de mauvaise foi, eHe serait la. En travestissant la realite, les experts des Nations unies ont reussi a convaincre I'opinion mondiale et les decideurs, y com- pris les dirigeants des pays les plus puissants du monde, d'une contreverite flagrante - la certitude du lien entre I' accroisse- ment de la concentration des gaz a effet de serre et I'evolution du climat - et de son coroHaire implicite : I'homme serait res- ponsable des changements climatiques et done coupable, et devrait en consequence changer son mode de vie. Chacun sait pourtant qu'il y a eu de multiples changements clima- tiques dans Ie passe, et que I'action de I'homme n'y etalt pour rien. Sinon, comment expliquer que les Vikings aient cultive Ie Groen land pendant trois siecles, preuve d'un rechauffement cli- matique sans rapport avec Ie notre? Comment expliquer que 116 
Les activistes ('Europe ait connu un « petit age glaciaire » de 1650 a 1850 puisqu'iI etait possible de traverser la Seine sur les glaces chaque hiver ? On entend souvent dire qu'une elevation de moins de 1 degre est quelque chose de considerable. II n' en est que plus surprenant de lire sous la plume de Jean Jouzel, Ie plus connu de nos climatologues, que « Les gtaces du Groentand ont ete a t'origine de ta decouverte de 25 variations ctima- tiques extremement rapides et importantes durant ta der- niere periode gtaciaire et tors de ta degtaciation qui t'a sui vie, avec des rechauffements pouvant atteindre 16 degrls, surve- nus en quelques dlcennies, et sui vis de refroidissement ptus tents »1. II est pour Ie moins difficile de deduire de ce cons- tat que nous connaissons actueHement un episode de rechauffement marque. Tout semble indiquer au contraire que nous vivons une periode de stabilite de la tempera- ture terrestre, puisque les variations se comptent en dixiemes de degree II y a plus etonnant encore, com me en temoigne un communi- que du CNRS en date du 19 juin 2008. Les recherches conduites en 2007 par une equipe internationale sur les calottes glaciaires du Groenland ont mis en evidence, grace au recours a de nou- velles techniques, que « Ie basculement d'un episode climatique a un autre pouvait se produire en une seule annee. II y a 14 700 ans, un rechauffement a ainsi eu lieu avec une augmen- tation de la temperature de l'air de plus de 10 degres... ». 1. Le Monde Diplomatique, Atlas Environnement. 117 
CO 2 un my the planetaire On comprend alors ceux qui, tel Claude AHegre, affirment que Ie Giec a perdu toute legitimite et a ete pris en main par les proselytes d'une pensee unique ecologique ayant abandonne to ute approche scientifique. La concentration de gaz carboni- que dans I'atmosphere s'est accrue de 40 % depuis Ie debut de I'ere industrielle. Si elle avait une influence majeure sur I'elevation des temperatures comme Ie soutient Ie Giec, Ie climat aurait de. etre bouleverse et iI n' en a heureusement rien ete. La verite, c' est qu'il y a toujours eu des changements climatiques, que ceux que nous connaissons sont plus faibles que ceux des episodes passes, et qu'il n'y a aucune preuve que l'homme y soit pour quelque chose. La concentration du gaz carbonique dans l'atmosphere est d'aiHeurs extremement faible, 380 ppm ne representent que 0,038 % de sa composition. II existe de multiples autres composants qui jouent sans doute un role tres superieur, a commencer par la vapeur d' eau et les nua- ges dont l'influence, selon les specialistes, est 40 fois superieure aux variations attribuees aux gaz a effet de serre 1 . Certes, on peut lire dans les publications recentes de la Nasa que «ta catotte gtaciaire austrate a regresse ces dernieres annees, preuve d'un changement ctimatique certain». Mais que ceux qui verraient dans ce constat la confirmation du caractere nefaste de I'action de l'homme ne se rejouissent pas trop vite. Cette citation concerne... ta ptanete Mars, preuve s'il en etait besoin de l' existence permanente de fluctuations natureHes des climats au sein du systeme solaire 2 (Figure F) 1 1. Claude Allegre, Ma verite sur 10 planete, Pion, 2, Giles Sparrow, Planetes, Hachette, 118 
Les activistes FIGURE F La calotte glaciaire australa de Mars ....1 - t · \ f , ". \ . .\ h_ \, h. - ,_ .....,.  '1. '" a __. ' , ' ,' "....... '\ \ (\ . > '. , { \ r' ...... . , t - \, &., " I ") '" "'"" '" '" -.. A" i IfF Credit Photo: NASA/JPL-Caltech Le survol de la planete Mars par les satellites americains et europeens a revele deux surprises. Ces derniers ont tout d' abord montre que Mars possedait des calottes glaciaires comme la Terre. Mais ils ont surtout mis en evidence que celles-ci se modifiaient dans le temps. C' est ainsi que la calotte glaciaire australe de Mars a regresse ces dernieres annees, preuve selon la Nasa« d'un rechauffement climatique certain» qu'il est evidemment impossible d'attribuer a une quelconque activite humaine I 119 
CO 2 un my the planetaire A ce point du recit, une question ne peut manquer de se poser. Est-il possible que des organismes officiels, aureoles de surcroit de la plus haute des distinctions mondiales avec Ie prix Nobel, diffusent des contreverites ? A-t-on Ie droit de les mettre en doute et de se faire sa propre opinion? Une premiere reponse a ete donnee it y a plus de trois sie- cles dans Ie Oiscours de ta methode par Rene Descartes, dont Ie premier precepte etait de «ne recevoir jamais aucune chose pour vraie sans la connaitre evidemment etre telle », ce qui, en franc;ais de notre epoque, veut dire de ne jamais rien croire sans l'avoir verifie soi-meme. Au siecle actuel comme au cours des precedents, ce n' est pas parce que tout Ie monde ou presque repete la meme chose qu'iI s'agit necessai rement d' une verite. En I'occurrence, it n'y a pas besoin d'etre un expert scientifique pour voir que la courbe d'evolution de la concentration de CO 2 dans I'atmosphere et celie de la temperature du globe n'ont aucun rapport et qu'iI serait surprenant qu'iI y ait un lien entre les deux phenomenes, contrairement aux affirmations sens cesse repetees. Pourtant, c' est sur I'hypothese que l' evolution du climat est directement fonction de la teneur en gaz carbonique de ('atmosphere que sont fondees to utes les previsions des Nations unies pour I'avenir, qui pourront done se trouver entie- rement dementies par les faits. 120 
Les activistes Mais, meme si ce postulat se revelait un jour exact, les travaux du Giec lui-meme montrent que les consequences des change- ments climatiques ne revetiraient pas Ie caractere dramatique que I' on imagine Ie plus souvent. Les previsions officielles Changement c/imatique : /'avenir Pour tenter de cerner I'avenir, les experts du Giec font appel aux ordinateurs les plus puissants qui utilisent des centaines de modeles reposant sur des dizaines de milliers de donnees. II n' est done pas etonnant que, selon les hypotheses de depart et selon les modeles, les resultats soient caracterises par une tres large dispersion et de grandes incertitudes. Dans Ie document de synthese destine aux decideurs, Ie Giec retient, parmi des centaines de scenarios, six d' entre eux qui se differencient notamment par I'ampleur que pourraient revetir les emissions de gaz a effet de serre d' origine humaine a la fin du xx( siecle au sein d'une fourchette qui s'etage de 20 milliards a 130 milliards de tonnes par an de « CO 2 equivalent» en regard du niveau actuel de 50 milliards. Meme si ('on entre dans Ie jeu du Giec qui postule sans preuve que Ie climat est fonction de la concentration de gaz carbonique dans ('atmosphere, ('extreme dispersion des hypotheses retenues ne peut manquer d'interpeller, en particulier en ce qui concerne les plus elevees d' entre elles. On a vu que, non seulement Ie petrole, 121 
CO 2 un my the planetaire mais aussi Ie gaz naturel et me me Ie charbon seront epuises a la fin du xx( siecle. D' OU viendraient alors les 130 milliards de tonnes de rejets annuels de gaz carbonique envisages? Pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que les volumes d' extraction de ces trois produits soient presque triples par rapport a leur niveau actuel, alors meme qu'iI n'y aura plus rien ou presque dans Ie sous-soll Manifestement, les climatologues qui ont retenu ces hypotheses irrealistes n' ont pas consulte les experts du secteur de I' energie. A moins qu'ils ne soient conscients de I'impossibilite physique de ce qu'ils avancent, et n'agissent ainsi que pour noircir Ie tableau et accrediter I'idee que nous allons vers une catastrophe ineluctable. A moins enfin que les deux explications ne se conjuguent... Quoi qu'iI en soit, ces hypotheses extremes doivent etre ecartees, ce qui restreint I' eventail des emissions possibles a la fin du XXl e sie- cle et Ie limite a une fourchette qui va de 25 milliards de tonnes - la plus plausible, compte tenu de l' epuisement previsible des hydrocarbures fossiles a cette date - a 65 milliards de tonnes de « CO 2 equivalent ». II est particuUerement interessant de voir quel- les seraient alors, selon Ie Giec, les consequences des emissions correspondantes. Chacun des scenarios retenus aboutit en effet a des previsions relatives, d'une part a I'elevation du niveau des oceans, d'autre part au rechauffement de la planete. L 'elevation du niveau de la mer S'agissant de I'elevation du niveau de la mer, les estimations s' etagent pour leur part de 18 a 48 centimetres, la majorite se situant aux alentours d' une trentaine de centimetres pour te siecte a venir. 122 
Les activistes TABLEAU 1 Augmentation du niveau de la mer et rechauffement mondial moyen a la fin du XXI- siecle selon differents scenarios (extrait du Rlsuml Q Ilint.nt/on d.s dlcid.uTS du Giec) Changement Emissions Montee de temperature(3) Scenario du niveau en 2100(1) de la mer(2) Valeur la plus Plage de probable vraisemblance Scenario B1 25 0,18-0,38 1,8 1,1- 2,9 Scenario A 1 T 30 0,20-0,45 2,4 1,4-3,8 Scenario B2 70 0,20-0,43 2,4 1,4- 3,8 Scenario A1B 65 0,21-0,48 2,8 1,7-4,4 (1) Milliards de tonnes de « CO 2 equivalent ». (2) Metres en 2099 par rapport a 1999. (3) Degres centigrades en 2099 par rapport a 1999. Le Giec precise a cette occasion qu'H n'a pas retenu ['hypothese avancee par certains d'une rupture brutale qui engendrerait des elevations tres superieures par suite notamment d'une fusion soudaine des calottes arctiques et antarctiques. L 'accroissement des temperatures Pour sa part, la valeur moyenne « la plus probable» de l' eleva- tion de temperature a la fin du siecle se situe selon les memes travaux aux alentours de 2 et 3 degres, avec a chaque fois de grandes plages de dispersion possibles autour de ces valeurs « probables ». 123 
CO 2 un my the planetaire T eUes sont done les previsions du Giec. Faut-H Ie rappeler, iI ne s'agit en aucun cas de certitudes puisque rien ne prouve Ie lien entre les concentrations de gaz carbonique et Ie climat. Mais, si elles se revelent exactes, H reste a imaginer quelles pourraient en etre les consequences pour la planete et pour I'humanite, et it est difficHe de croire qu' elles pourraient etre celles que ce que l' on entend le plus souvent. Comme on vient de Ie voir, les propres travaux du Giec abou- tissent a deux conclusions principales : au cours du XXl e siecle, Ie niveau de la mer monterait de 30 centimetres environ et la temperature moyenne du globe s'eleverait de 2 a 3 degres. Dans la suite du meme Resume a t'ii1tention des decideurs, et pour que les responsables politiques soient sensibilises, Ie Giec donne trente-deux exemples de ce que pourraient etre les consequen- ces de ces deux phenomenes. Or ces trente-deux exemples sont uniformement negatifs et apocalyptiques. Il serait pourtant etonnant, si les modifications annoncees se produisent, qu' eUes n'aient nutte part sur le globe aucune consequence positive. II existe des pays froids qui ne devraient pas se plaindre de connaitre quelques degres de plus et quelques regions du globe heureuses de recevoir plus ou moins d'eau selon les cas 1 Comment serait-il possible que tout soit negatif? Mais iI y a plus revelateur encore. Le relevement du niveau de 10 mer et ses consequences supposees Lorsque ron prend connaissance des effets supposes du releve- ment annonce du niveau de la mer de 30 centimetres dans un 124 
Les activistes siecle, soit de 3 mHlimetres par an, ('enumeration des catastro- phes annoncees laisse pantois. II faut les citer ici pour que cha- cun puisse se faire sa propre opinion sur Ie « politiquement correct» regnant au sein du Giec : Afrique: Vers ta fin du xxf siecte, ta montee estimee du niveau de ta mer affectera des zones cotieres de basse attitude tres peuptees. Le cout de (adaptation pourrait representer au moins 5 a 10 % du produit interieur brut (PIB). Asie : Les regions cotieres, particutierement tes regions des mega- dettas de (Asie du Sud, de (Est, et du Sud-Est seront soumises a un grand risque d'accroissement des inondations par ta mer. Australie: Vers 2050, on anticipe que te devetoppement conti- nuet des zones cotieres augmentera tes risques ties a t'etevation du niveau de ta mer et a (accroissement de ta seve rite et de ta frequence des tempetes et des inondations cotieres. Europe: Les impacts negatifs incturont (augmentation des ris- ques d'inondation ectair dans (interieur des terres, des inonda- tions cotieres ptus frequentes, une augmentation de (erosion due aux tempetes et a t'etevation du niveau de ta mer. Amerique du Nord: Les communautes et habitats tittoraux seront soumis a un stress croissant en raison des impacts du changement ctimatique. Petites iles : La hausse du niveau de ta mer devrait aggra"ver tes inondations, (effet des tempetes, t'erosion et d'autres risques co tiers... Lorsqu'on se souvient que cette Utanie de catastrophes corres- pond a des previsions de hausse du niveau de la mer de 30 cen- timetres en un siecte, c'est a dire de 3 centimetres par decennie, 125 
CO 2 un my the planetaire une seule reaction vient a ('esprit: de qui se moque-t-on? D'apres les informations que Ie CNRs fournit sur Internet, une elevation d'un metre fait regresser le rivage de cent metres. Pour trente centimetres Ie recul serait done le plus souvent de trente metres ! Comment peut-on serieusement avancer que le cout d'une ele- vation aussi modeste representerait «5 a 10 % du PIB », sans d'ailleurs que ('on precise a quel territoire s'applique ce pourcen- tage : Ie continent africain tout entier, un pays ou une region? D'ou sortent ces chiffres ? Comment est-il possible de savoir ce que sera it Ie cout de construction d'une digue de 30 centimetres de haut dans un siecle, s'il Ie faUait? Les Pays-Bas ne vivent-Hs pas pour une grande part avec de nombreux metres de denivelee sous la mer? A-t-on oublie que dans beaucoup de pays I'ampli- tude des marees depasse plusieurs metres et parfois une dizaine ? A-t-on oublie que les continents s'elevent ou s'abaissent souvent actueUement de quelques decimetres ? A-t-on aussi oublie qu'une grotte - la grotte Cosquer - a ete decouverte il y a quelques annees en France sur la Cote d' Azur, dont I' entree est desormais situee a 37 metres de profondeur sous la Mediterranee alors qu' eUe etait autrefois au-dessus du niveau des eaux ? Pourquoi affoler ainsi les populations sans Ie moindre motif serieux ? Il y a 12 000 ans, c'est de 100 metres que Ie niveau de la mer est monte en quelques siecles lors de la fonte de la calotte glaciere qui recouvrait alors plus de la moi- tie de ('Europe 1 Qui peut croire un instant que Ie relevement eventuel du niveau de la mer de 3 centimetres par decennie 126 
Les activistes puisse entrainer la serie de catastrophes decrites ? Si telle eta it l' evolution, qui peut croire que l'humanite ne prendrait pas d'ici l'an 2100 les mesures necessaires pour y faire face, telles que le rehaussement ou la construction de digues d'une hauteur aussi faible, pour ne pas dire derisoire ? La lecture de ces preVISions ne laisse ouverte qu'une seule conclusion possible: Ie Giec a perdu la neutralite qui devrait etre la sienne et figure desormais au premier rang des alarmistes qui, volontairement, noircissent systematiquement la situation. C' est a une manipulation planetaire de l' opinion que no us assis- tons par la creation de peurs infondees dont la responsabHite incombe a un organisme dependant des Nations unies et cense eclairer I' opinion mondiale et les dirigeants de la planete. Car aujourd'hui c' est a coup sur le Giec qui est Ie premier res- ponsable de la grande peur cUmatique qui deferle sur Ie monde. A priori, chacun aurait pourtant tendance a faire confiance a un organisme qui fonctionne sous l'egide des Nations unies, se pre- sente comme regroupant des mHliers d'experts et a rec;u Ie prix Nobel. Il n' en est que plus regrettable que l' examen des documents qu'H publie et auxquels chacun peut se referer ne puisse que conduire a une conclusion opposee. Le Giec vehicule aujourd'hui une vision orientee du monde, sys- tematiquement negative et faisant fi de la rea lite. Relayee par des climatologues et de multiples autres personnes qui en vivent, cette vision est directement inspiree par les mouvements ecolo- gistes qui sont omnipresents a ses cotes et me me en son sein : 127 
CO 2 un my the planetai re Greenpeace, WWF, Friends of the Earth et de nombreux autres organismes qui ne manquent jamais de participer a rune de ses reunions, me me lorsqu'elles se tiennent au bout du monde, aucune depense ne les rebutant puisqu'ils sont largement sub- ventionnes. On comprend mieux alors les experts qui ont arrete de cooperer avec Ie Giec en denonc;ant ses derives. L'impact suppose du relevement des temperatures Le contenu des autres « exemples d'impacts regionaux » decrits par Ie Giec dans Ie Resume a t'lntention des decideurs ne peut que conforter ce sentiment. A les lire, nous allons vers la fin du monde ou presque. II n' est question que de famines, de secheresses, d'inondations, de cyclones, de chutes de recoltes, de vagues de chaleur. Certains des exemples cites sont tellement excessifs qu'ils sombrent dans le ridicule. On lit ainsi, parmi les illustrations des catastrophes annoncees pour la fin du siecle que « la mortalite due aux maladies diarrheiques associees aux inonda- tions et aux secheresses devrait augmenter dans l'est, le sud et le sud-est de I'Asie en raison des modifications prevues du cycle hydrologique » 1 Prevoir I'accroissement du nombre de diarrhees a la fin du XXl e siecle preterait a rire si Ie sujet n' etait serieux. C' est ignorer de surcroit I'action conduite de nos jours sous I'egide des Nations unies pour enrayer ce veritable fleau qui aura selon toute probabilite disparu bien avant le milieu de ce siecle grace aux progres de I'hygiene qui s' etendent fort heureusement sur 128 
Les activistes la planete. Chaque semaine, 100 000 foyers nouveaux ne sont- ils pas raccordes a des systemes d'epuration efficaces selon les publications de la Banque mondiale qui font reference 1 ? Les aut res «exemples » des impacts regionaux des modifica- tions climatiques sont marques de la meme vision noire et sys- tematique des choses. On lit ainsi qu' en Afrique « entre 75 et 200 millions de personnes seront exposees en 2020 a un stress hydrique du au changement climatique », la notion de « stress hydrique » restant pour Ie moins a expliciter. En 2080 (pourquoi cette date?) Ie Giec prevoit de meme une croissance de « 5 a 8 % des terres arides et semi-arides sur Ie continent africain pour une large gamme de scenarios climati- ques », et en deduit que la production agricole pourrait etre severement compromise dans de nombreux pays, ce qui reduirait la securite alimentaire et exacerberait la malnutrition. Prevoir avec une telle precision l' evolution de I'aridite des terres en Afrique dans plus de sept decennies laisse pour le moins songeur. Les prevIsions ne sont pas plus gaies pour l' Asie, l' Australie, I'Europe, l' Amerique du Nord ou l' Amerique latine. Bien entendu, iI n' est fait nulle part mention des recherches partout en cours pour developper la productivite agricole, mettre au point de nouveaux vegetaux plus resistants et demandant moins d'eau, ni de quelque autre information qui pourrait met- tre en cause un tableau aussi sombre. 1. Programme des Nations unies pour Ie Developpement, Rapport mondial sur Ie deve- loppement humain, Economica, 129 
CO 2 un my the planetaire On pourrait poursuivre ainsi la litanie. Le Resume a I'intention des decideurs ne fait etat que de catastrophes, sans qu'une seule fois le Giec emette alors Ie moindre doute sur elles alors qu'il ne peut en aucun cas s'agir de certitudes. Les quaU- ficatifs « probable» ou « tres probable» qui sont employes par Ie Giec lui-meme dans ses conclusions concernant I'evolution du niveau de la mer ou des temperatures sont oublies. Lorsqu'on passe aux exemples concrets des consequences possibles des changements climatiques, Ie tableau devient uniformement apo- calyptique comme si Ie but recherche etait de provoquer I'affo- lement. La culpabilisation Le role du Giec ne s'arrete pas la. Apres avoir explique que nous allons a la catastrophe, il passe a la culpabilisation. II explique que, si I'avenir se presente aussi mal, c'est que nous ne faisons pas ce qu'il faut pour remedier a la situation, alors que ce serait pourtant tout a fait possible et meme facile. C'est ainsi qu'apres avoir procede a une description dramatique des consequences supposees de I'inaction, le rapport du groupe des experts des Nations unies reunis a Bangkok en mai 2007 a affirme qu'iI suffirait de reduire le rythme de croissance de I' eco- nomie mondiale de 0,12 % par an tout au plus, c'est-a-dire de 3 % en vingt-cinq ans, pour maitriser I' evolution des emissions, stabi- liser a un niveau acceptable les concentrations dans I'atmos- phere, et limiter Ie rechauffement climatique a partir de 2050. 130 
Les activistes Empreinte cette fois-ci d'un optimisme systematique, cette pre- sentation des choses donne a croire que la solution du pro- bleme est aisee, et eUe justifie de multiples declarations dont la tonalite culpabilisante est toujours la meme: «Puisque les remedes sont a portee de main, et que beaucoup couteraient meme peu de chose, qu'attendez-vous pour agir ? » Les journaux ont alors titre « Le cout de ta tutte contre te chan- gement cfimatique est fimite 1 », et Ie commissaire a I'Environne- ment de la Commission europeenne, M. Stavros Dimas, a immediatement declare: « Nous n'avons ptus d'excuses a t'inac- tion. » Le secretaire general des Nations unies lui-meme, M. Ban Ki-moon, a rencheri de toute bonne foi : «Nous pouvons combattre te changement ctimatique,o tes desastres se muttiptient et nous avons fa preuve scientifique que t'humanite en est responsabte... » Quant au president du Giec, un Indien repondant au nom de Rajendra Pachauri, il n' a pas hesite a declarer, aureole par son recent prix Nobel: «It nous reste sept ans pour inverser ta courbe des emissions de CO 2 », contredisant ainsi toutes les previsions de son propre pays qui multiplie la creation de cen- trales a charbon sur son territoire, et avanc;ant un delai ridicule pour qui connait I'inertie des phenomenes. A I'issue de la reunion de Bangkok, I'un des principaux redac- teurs des conclusions du Giec, M. Bill Hare, par ailleurs 1. Le Monde, 5 mai 2007, 131 
CO 2 un my the planetaire conseiller de Greenpeace, s' est ainsi rejoui du consensus obtenu. Pour sa part, Hans Verolme, membre de WWF Interna- tional, a affirme : « Les scientifiques ont transmis aux responsa- btes potitiques te message fondamentat que des technotogies propres etaient disponibtes pour regter tes probtemes, et ceta a un tres faibte cout pour nos economies 1 . » Peut etre la plupart de ceux qui tiennent ce discours sont-its de bonne foi. 5' etant collectivement convaincus que la croissance de la teneur en CO 2 conduisait a la catastrophe, ils en deduisent qu'il doit necessairement y avoir des solutions techniques pour [' eviter, alors que Ie premier chapitre de ce livre a montre qu'il , . n y en avalt pas. Us proferent en consequence des « II n'y a qu'a... ». Les voix de ceux des experts qui estimaient que les conclusions annoncees etaient exagerement optimistes et qu'une lutte effi- cace contre les emissions couterait beaucoup plus cher qu'annonce ont ete etouffees. selon ces derniers, les hypothe- ses retenues dans le rapport ont ete systematiquement biaisees. Irrealistes, elles visent seulement a habiller de la maniere la plus positive possible le cout d'une hypothetique transition vers la maitrise des emissions alors que celle-ci necessiterait que trois conditions soient reunies: ['adoption d'une politique interna- tionale universelle, ['afflux immediat et massif de capitaux en faveur de technologies nouvelles et ['absence de toute resis- tance au changement de la part des consommateurs. 1. International Herald Tribune, 5-6 mai 2007. 132 
Les activistes Bien entendu, ce n' est pas ainsi que les choses se passeront. Contrairement a ce que voudraient nous faire croire ceux qui cherchent a nous culpabiliser, iI n' existe pas de solutions econo- miques et aisees a mettre en CEuvre pour reduire les emis- sions, auxquelles s'opposeraient des groupes de pression caches et mus par Ie seul souci de leurs interets, indifferents au sort de la planete, et que les gouvernements n'oseraient pas combattre. La verite est tout autre. S'it est impossibte de combattre t'accroissement des emissions des gaz a effet de serre, c'est que tes quatre cinquiemes de t'humanite ont un besoin aigu et incontournabte de recourir aux hydrocarbures enfouis dans te sous-sot de ta ptanete pour emerger de ta misere et acceder a un niveau de vie decent, et qu'its ny renonceront pas. Avant de conclure sur Ie Giec, il faut reveler ce qu' est reelle- ment cet organisme, qui n'a guere de rapport avec l'idee que I' on s' en fait en general. Dans l'imaginaire collectif, Ie Giec est Ie rassemblement de 2500 experts independants, et c' est cette vision des choses qui lui donne sa credibilite. Or, il n' en est rien. II faut tout d'abord commencer par un constat qui n'est pas neutre : Ie titre franc;ais « Groupe d' experts intergouvernemen- tal sur I' evolution du climat » (Giec) ne correspond pas au veritable intitule de I' organisme (IPCC), qui signifie « Intergovernmental Panel on Climate Change ». On chercherait en vain dans la ver- sion anglaise Ie terme « Experts» qui figure dans la version fran- c;aise, et cette absence n' est pas un hasard. 133 
CO 2 un my the planetaire C' est que, malgre sa denomination franc;aise, Ie Giec n' est pas conc;u comme un rassemblement d' experts, mais de represen- tants des gouvernements des pays membres, dont certains sont des scientifiques mais dont d'autres sont des fonctionnaires, par exemple des directeurs de ministere, et d'autres des membres d'ONG ecologistes. Tous sont necessairement plus ou moins dans la dependance des administrations qui les designent et qu'its ne peuvent contredire, c' est-a-dire qu'ils ne sont pas inde- pendants. En pratique, tes membres du Giec sont choisis par tes minis- teres de t'Ecotogie des differents pays membres. Or, dans tous tes pays du monde, tes ministeres de t'Ecotogie sont par nature entre tes mains d'ecotogistes convaincus. On cherche- rait en vain en leur sein quiconque mettrait en cause les dogmes en vigueur sur revolution de la planete et la respon- sabilite de l'homme a son egard. II n'y a aucun risque de trouver parmi les representants que designent les pays mem- bres du Giec une seule personne doutant de la « pen see uni- que» regnante. Autant chercher un anticlerical au sein d'une Eglise. Et c'est ce qui se passe pour la France comme pour les autres. Certes, it existe bien un reseau de 2 500 experts independants qui publient des etudes scientifiques sur Ie sujet, mais ce ne sont pas eux qui elaborent la doctrine et les documents du Giec. Ceux-ci sont entierement entre les mains d'un nombre limite de representants des ignes par les differents pays mem- bres comme I'indique Ie terme « intergouvernemental » et non « international ». 134 
Les activistes La se trouve la source d' un veritable cercle vicieux. Les conclu- sions et recommandations du Giec ne sont pas Ie reflet du tra- vail de 2 500 experts independants comme on Ie lit partout, mais emanent d'un noyau de quelques dizaines de represen- tants des ministeres de l'Ecologie des pays membres, choisis en fonction de leurs prises de position anterieures et de leurs orientations, et qui sont tout sauf neutres et independants 1 . C'est notamment ce petit groupe qui elabore Ie seul docu- ment lisible par les non-specialistes, Ie « resume a ('intention des decideurs». Chaque paragraphe, chaque ligne, chaque mot y sont longuement discutes, et Ie resultat contredit souvent les travaux des « 2 500 experts» qui n' ont alors pas voix au chapitre. Sinon, comment expliquer les absurdites et les outrances precedemment relevees dans ce document? Les plus activistes des representants gouvernementaux, les plus catastrophistes, constituent au sein du Giec un « bureau» elu et compose de trente membres persuades de detenir la verite et partageant les memes certitudes. Ce sont des true betievers, de veritables croyants, adeptes de la « vraie foi ». puisqu'ils sont elus par leurs pairs et tous convaincus de l'influence de I'homme sur Ie changement climatique, il n'y a pas la moindre chance que Ie bureau du Giec, qui en est r organe essentiel, comprenne un seul « sceptique ». Pour sa part, la France est representee au Giec par Ie glaciolo- gue de reputation mondiale, Jean Jouzel, deja cite. Celui-ci, run des vingt (I) vice-presidents de l' organisme intergouvernemen- 1. Lire a ce sujet Climate Change Policy, Challenging the activists, Institute of Economic Affairs, Londres. 135 
CO 2 un my the planetaire tal, est aussi l'un des plus pessimistes, et ses multiples declara- tions dans les medias comme ses ecrits accreditent sans cesse dans notre pays l'idee que nous allons a la catastrophe 1 . Ses propres travaux sur les glaces du Groenland ont pourtant mon- tre comme on I'a vu que Ie climat avait parfois connu des haus- ses brutales de 16°C, et surtout que les elevations de temperature avaient toujours precede les evolutions du CO 2 et non l'inverse ! Cela ne l'empeche pas d'affirmer que les rechauf- fements passes « sont pertinents vis-a-vis de l' evolution future de notre climat» (op. cit), alors que nous n'avons enregistre qu'une hausse de 0,7 °C en un siecle et demi ! Nomme plus tard par Jean-Louis Bortoo copresident du Gre- neUe de I'environnement, Jean Jouzel a joue un role majeur dans la diffusion d'une vision tres noire de I'avenir et dans I'adoption par notre pays de mesures dont on verra qu' elles sont aussi rui- neuses qu'inefficaces. Et la meme histoire se repete peu ou prou dans tous les pays, OU ce sont aussi des alarmistes convaincus qui detiennent la parole officieUe. Rien ne s' oppose done a eux, et tout est verrouiUe. II faut dire que, des la creation du Giec, l'avenir etait sceUe puisque la mission officieUe de l' organisme est la suivante selon ses statuts: «Le role du Giec est d' evaluer les informations relatives a la comprehension des bases scientifiques du risque resultant du changement climatique d'origine humaine, de ses impacts potentiels et des options possibles pour s'y adapter ou les attenuer. » Autrement dit, des Ie depart, Ie doute sur la res- ponsabilite humaine etait exclu. 1. Cf. notamment Le Climat : jeu dangereux dernieres nouvelles de la planete, Jean Jou- zet, Anne Debroise, Dunod, 2007. 136 
Les activistes Dans son proselytisme, Ie Giec peut en outre compter sur I'appui sans faille de deux autres entites qui jouent un role essentiel dans la communication mondiale. II s'agit de deux organismes des Nations unies. CeUes-ci s'expriment d'abord sur Ie sujet par la voie de I'Unep (United Nations Environment Programme), c' est-a-dire leur ministere de l'Environnement qui est, comme les autres, une citadelle d' ecologistes. Les Nations unies s' expriment aussi par Ie canal d'un organisme cree en 1992 et qui porte Ie titre de «United Nations Fra- mework Convention on Climate Change» (UNFCCC), du nom d'un texte signe en 1992 par 192 pays, c' est-a-dire par la quasi- totaUte des pays membres des Nations unies. L'objet de ce der- nier organisme est explicitement de lutter contre Ie change- ment cUmatique, ce qui ne laisse evidemment aucune place au doute sur la responsabHite humaine a I' egard de celui-ci. En definitive, ce sont ces trois entites qui creent I' opinion mon- diale et ceUe des dirigeants de la planete, et H ne faut pas s'etonner que leurs responsables soient omnipresents dans les medias, meme si leurs noms sont Ie plus souvent inconnus du public franc;ais. II s'agit respectivement de Rajendra Pachauri, president du Giec (IPCC), d' Achim Steiner, directeur general de I'Unep, et d'Yvo de Boer, secretaire executif de I'UNFCCC. II serait d'autant plus dif- ficHe de trouver la moindre divergence entre leurs declarations que les responsables passent souvent d'un organisme a I'autre. Ces trois personnages vehiculent tous I'annonce d'un avenir 137 
CO 2 un my the planetaire catastrophique pour la planete, ('affirmation de la responsabi- lite de I'humanite, et celie de I'urgence d'une action immediate. Rajendra Pachauri (320 000 citations dans Google) declare ainsi: «j'espere que nos rapports vont choquer I'opinion et conduire tes gouvernements a s'engager ptus severement dans I'action. » II est relaye par Achim Steiner (641 000 citations) : «A ta tumiere de nos travaux, it serait irresponsabte de resister ou de chercher a retarder tes actions necessaires pour imposer des reductions des emissions. » Yvo de Boer (241 000 citations) ne dit pas autre chose: «Les conctusions ne taissent aucun doute sur tes dangers auxquets t'humanite est confrontee, et it est imperatif d'agir sans detai » (Financiat Times, 3 fevrier 2007). Comme dans les livres de cape et d'epee, ces trois mousquetai- res de la pen see unique peuvent compter en outre sur Ie ren- fort d'un quatrieme partenaire dont Ie role est essentiel. II s'agit d'un Britannique, exalte et mystique, tres connu dans son pays OU it a ete couvert de decorations et anobli par la reine. Sir John Houghton a dirige Ie Meteorological Institute qui joue un role essentiel dans la mesure de I' evolution de la tem- perature du globe. Mais it a surtout ete I'un des premiers presi- dents et ideologues du Giec dont it a fixe la ligne d'action en quelques mots: « Unless we announce disasters, no one will listen. » (si nous n' annonc;ons pas des desastres, personne ne nous ecoutera.) Autrement dit, la fin justifie les moyens, et peu importe la verite. Tout est dit. Appliquant lui-meme ce precepte, iI declara aussi- tot que « Ie rechauffement climatique est une arme de destruc- 138 
Les activistes tion massive de I'humanite» et fit tout son possible pendant ses annees de presidence du Giec pour accrediter I'idee que Ie monde courait a la catastrophe du fait du comportement humain. Le moins que I' on puisse dire est qu'iI a parfaitement reussi. Avec une telle approche, John Houghton a reussi a faire d'un theme qui ne preoccupait que de rares specialistes - les variations du climat, qui ont toujours existe - I'un des sujets majeurs de preoccupation de la planete 1 Puisque la demarche avait ete couronnee de succes, ses suc- cesseurs sont restes sur la meme ligne, et I' on comprend mieux par exemple pourquoi its osent affirmer contre toute evidence qu'une elevation potentielle - et nullement certaine - de trois mitlimetres du niveau de la mer par an ne manque- rait pas de submerger des pays entiers. La recette ayant remarquablement fonctionne, il n'y avait aucune raison d'en changer. Et it faut bien constater que, conformement au dic- ton populaire, « plus c' est gros, mieux c;a passe ». Arriver a faire croire au monde entier qu'une elevation de trois cen- timetres du niveau des eaux par decennie, c'est-a-dire de la hauteur d'une vaguelette, pouvait conduire a I'evacuation des iles du Pacifique et d'autres parties du globe en est la preuve indeniable, en meme temps qu'un exploit. L'affole- ment provoque par les affirmations du Giec porte pleinement ses fruits. Le delegue au x Nations unies des Hes Barbades, dont Ie point culminant atteint 336 metres, n'a-t-it pas recemment declare: « It est vitat de renforcer ta tutte contre te change- ment ctimatique. je ne signerai jamais un accord suicidaire qui condamnerait mon pays a disparaitre» (Time Magazine, 15 decembre 2008) ? 139 
CO 2 un my the planetaire II ne faudrait pas croire pourtant que tous les scientifiques soient d' accord avec les derives du Giec. C' est ainsi que 31 000 d' entre eux ont signe aux Etats-Unis une petition initiee par l'universite de l'Oregon et stipulant qu'« it n'existe pas d'evidence scientifique convaincante que tes rejets d'origine humaine de CO 2 puissent cau- ser dans un avenir previsibte un rechauffement catastrophique de t'atmosphere et un bouteversement du ctimat de ta ptanete ». II faut aussi signaler dans la meme ligne la creation en 2007 d'une nouvelle structure que ses auteurs ont malicieusement intitulee «Non-governmental International Panel on Climate Change» (NIPCC). Parrainee par un ancien president de l'Acade- mie nationale des sciences des Etats-Unis et de la Societe de physique americaine, celle-ci est Ie fruit de l'initiative de scien- tifiques de premier plan qui refutent entierement les theses officielles sur Ie rechauffement climatique. Cette nouvelle asso- ciation a publie un ouvrage recemment traduit en franc;ais et dont Ie titre indique clairement Ie contenu : « C'est ta nature et non I'activite humaine qui determine te ctimar. » La lecture de ce rapport ne permet certes pas au non-specialiste de trancher definitivement. Mais it contient suffisamment d'arguments pour semer a tout Ie moins Ie doute lorsqu'it mentionne, par exem- pie, que de nombreux indicateurs mettent en evidence que la peri ode de I' optimum medieval, aux alentours de l'an mille, etait nettement plus chaude que I' epoque actuelle, ce qui est coherent avec Ie fait que les Vikings aient vecu pendant trois siecles au Groenland ou its cultivaient des cereales et elevaient du betai L selon les auteurs de ce rapport, ce seraient les varia- 1. T elechargeable sur Ie site internet de la Federation de I' environnement durable, 140 
Les activistes tions de I'activite solaire, bien plus que ceUes des gaz a effet de serre, qui se trouveraient responsables des changements clima- tiques. A vrai dire, cet ouvrage, comprenant des contributions d'une trentaine de savants emanant d'une quinzaine de pays, inspire nettement plus confiance que les documents officiels du Giec avec leur cortege d' outrances et d'invraisemblances. Mais Ie Giec et les autres emanations des Nations unies ne sont pas les seuls a faire appel a la peur et a la culpabilisation. lis peuvent compter sur d'innombrables renforts. « L 'alarmiste en chef » Le premier d'entre eux est un climatologue americain du nom de James Hansen, aujourd'hui directeur du « Goddard Institute for Space Studies» de la NASA, qui defraya la chronique il y a vingt ans et continue a Ie fa ire. Le 23 juin 1988, qui se trouvait etre un jour de canicule exceptionneUe, it fit etat devant Ie Congres des Etats-Unis de previsions catastrophiques pour l'avnir de la planete, affirmant que ceUe-ci etait entree dans une phase de rechauffement accelere provoque par les activi- tes humaines et dont nul ne pouvait prevoir l'issue. Deux decennies plus tard, tres exactement, Ie 23 juin 2008, it aUa plus loin. Reprenant l'hypothese que la machine climatique etait proche d'un dangereux point de bascule, it predit une elevation d'environ deux metres du niveau des mers a la fin du siecle, c' est-a-dire tres superieure aux estimations du Giec lui- meme. 141 
CO 2 un my the planetaire En consequence, it faut, dit-il, reformer les pratiques agricoles et forestieres mondiales, taxer Ie carbone, etablir un moratoire sur la construction des centrales a charbon et les bannir com- pletement sur I' ensemble de la planete d'ici a 2030 1 A ses yeux, les responsables de la catastrophe ne font aucun doute. Les dirigeants des entreprises du secteur de l'energie devraient etre « poursuivis pour crime contre l'humanite et la nature », car ils sont coupables de tout faire pour cacher la verite comme l'avaient fait en leur temps les fabricants de cigarettes. AUant plus loin encore, celui que ses detracteurs qualifient d'« alar- miste en chef» n'a pas hesite a comparer les trains transportant Ie charbon vers les centrales electriques aux «trains de la mort» de sinistre memoire qui ont siUonne l'Europe pendant la seconde Guerre mondiale 1 Manifestement, Ie fait que Ie petrole, Ie gaz naturel et Ie char- bon extraits du sous-sol aient permis un developpement sans precedent de l'humanite depuis un siecle, la sortie de la pau- vrete de centaines de millions d' etres humains et la survie d'autres centaines de millions n'a pas d'importance aux yeux de James Hansen. Car, sans Ie recours aux energies fossiles que la nature a accumulees dans Ie sous-sol de la planete, il ne faut pas se leurrer : la situation de I'humanite serait aujourd'hui dra- matique. si l' esperance de vie dans les pays du tiers-monde est passee de 27 a 65 ans au cours du xx e siecle, si Ie nombre d'etres humains correctement nourris s' est accru de plus de 2 milliards depuis trente ans, si Ie niveau de vie de la majorite des habi- tants des pays pauvres a double et si la planete compte aujourd'hui plus d'un milliard et demi d'internautes, to utes ces 142 
Les activistes donnees officielles emanant des Nations unies, c' est d' abord a la disponibilite d'une energie abondante et bon marche que no us Ie devons. Et si tes responsabtes des societes petrotieres, gazieres ou houitteres avaient refuse d'extraire cette energie du sous-sot de ta ptanete, c'est ators qu'on aurait pu tes accuser de crime contre t'humanite. AI Gore, charlatan planetaire Mais James Hansen n'a ete que Ie premier d'une innombrable lignee dont Ie representant Ie plus emblematique est a coup sur ('ancien vice-president des Etats-Unis AI Gore, qui, apres son echec electoral de I'an 2000 qui n'a tenu qu'a un fil en Floride face a George W. Bush, a trouve la un nouveau fonds de com- merce. L' expression peut choquer, mais elle correspond a la verite quand on sait que (' essentiel des affirmations d' AI Gore releve du mensonge. La seule partie veridique de son film Une verite qui derange, qui lui a valu Ie prix Nobel, reside dans ('introduction qui relate (' accroissement des emissions de gaz a effet de serre d'origine humaine au cours des decennies recen- tes. Tout Ie reste n'est que fiction: changements brutaux de temperature, elevation soudaine de plusieurs metres de la mer submergeant des villes et des regions entieres, multiplication des cyclones et des autres desastres naturels, generalisation des secheresses et des fam i nes, etc. On pourrait encore s'interroger sur Ie bien-fonde des affirmations d'AI Gore sans I'initiative d'un pere de famille britannique qui n'a pas hesite a deposer plainte devant un tribunal de son pays, car Ie gouvernement anglais avait decide de diffuser Ie film dans 3 500 ecoles. Assurant que celui-ci contenait de graves inexacti- 143 
CO 2 un my the planetaire tudes et constituait un veritable outil d' endoctrinement des enfants, iI a demande au tribunal d'interdire sa diffusion. Le jugement rendu en octobre 2007 par la Haute Cour de Londres a denonce neuf erreurs majeures, qui meritent d'etre citees tant elles sont des preuves de mauvaise foi flagrante, tel- les que les relate Serge Galam dans son recent ouvrage 1 . 1 - AFFIRMATION D' AL GORE: Certains atolls du Pacifique au niveau de la mer ont ete evacues. REPONSE DU JUGE : Aucune preuve. 2 - AFFIRMATION D'AL GORE: Le Gulf Stream, qui rechauffe I' Atlantique, pourrait disparaitre. REPONSE DU JUGE : C'est tres peu probabte. 3 - AFFIRMATION D'AL GORE: Des graphiques font co'incider exactement la hausse du CO 2 et celie des temperatures sur 650 000 ans. REPONSE DU JUGE: Les deux graphiques n'etabtissent pas ce qu'affirme M. Gore. 4 - AFFIRMATION D'AL GORE: Le rechauffement climatique est responsable de la fonte des neiges au sommet du Ki limandjaro, en Afrique de rEst. REPONSE DU JUGE : Ce phenomene ne peut etre principatement attribue a I'impact des activites humaines. 1. Gp. cit 144 
Les activistes 5 - AFFIRMATION D'AL GORE: L'assechement du lac Tchad est du au rechauffement climatique REPONSE DU JUGE : La cause exacte n'est pas etabtie. 6 - AFFIRMATION D'AL GORE: Le rechauffement planetaire est a I' origine de I' ouragan Katrina. REPONSE DU jUGE : Pas de preuve. 7 - AFFIRMATION D' AL GORE: Les coraux blanchissent du fait du rechauffement climatique et d'autres facteurs. REPONSE DU jUGE : It est difficite de separer I'impact du chan- gement ctimatique des autres impacts. 8 - AFFIRMATION D'AL GORE: La fonte des glaces dans I'ouest de I' Antarctique et Ie Groenland provoquera une montee des eaux d' environ 6 metres « dans un futur proche ». REPONsE DU jUGE : Affirmation exageree. 9 - AFFIRMATION D'AL GORE: Des ours se sont noyes apres avoir parcouru a la nage de longues distances pour trouver de la glace. REPONSE DU JUGE : La seute etude scientifique trouvee indique que quatre ours potaires ont recemment ete retrouves noyes a 10 suite d'une tempete. En conclusion, Ie tribunal a releve que « ta science avait ete uti- tisee par un homme potitique et un communicant de vateur pour soutenir un programme de nature potitique », et a demande que Ie film ne soit pas projete dans les ecoles sans etre accompagne 145 
CO 2 un my the planetaire d'une brochure «destinee a eviter I'endoctrinement des ele- yes ». La difference avec ce qui s'est passe a la meme epoque en France n' en est que plus regrettable et frappante, puisque Ie film a ete parraine dans notre pays par Ie ministere de l'Environ- nement, et que Ie ministere de l'Education nationale a diffuse des milliers de copies d'un DVD « pedagogique » base sur Une verite qui derange, qui n'est pas une verite mais une accumula- tion de mensonges. II est vrai que l'un des principaux conseillers du gouvernement, Ie climatologue Jean Jouzel deja cite, n'a pas craint d'affirmer : « Tout ce que dit AI Gore est exact », alors que tout ou presque est faux. Pour sa part, I'interesse s' est bien garde d'attaquer Ie jugement rendu par la Haute Cour de Londres car il savait qu'iI n'aurait eu aucune chance de I'emporter en appel. II s'est contente de dire que les neuf erreurs relevees etaient peu de choses a cote des milliers d'autres affirmations contenues dans son film, ce qui est a nouveau une contreverite manifeste, puisque ces neuf erreurs sont tres precisement celles qui ont marque I'imaginaire mondial. Affirmer que I' ocean va brutalement monter de 6 metres au lieu de 3 centimetres par decennie n' est pas un detail 1 AI Gore ment, mais cela ne I' empeche pas de continuer a faire fortune en parcourant Ie monde, et l' on comprend que Claude Allegre Ie qualifie de « truand ». 146 
Les activistes Seuls peuvent prendre au serieux les exhortations d' AI Gore ceux qui ne connaissent pas Ie mode de vie de celui qui les pre- conise. Le lendemain du jour ou iI rec;ut a Hollywood sous les acclamations deux Oscars pour son film, la presse americaine revelait qu'iI habitait une maison digne de Scarlett O'Hara dont Ie budget d' electricite s' elevait a 25 000 dollars, soit vingt fois celui de I' Americain moyen ! Sa seule piscine consomme plus qu'un pavilion standard... Al Gore aurait voulu montrer I'irrea- lisme de ses demandes qu'iI n'aurait pas fait mieux. Bien entendu, comme beaucoup de proselytes du « developpement durable », i I parcourt tout au long de I' annee Ie monde en avion et en helicoptere et personne ne I'a jamais rencontre dans Ie metro ou I'autobus ni sans doute a velo. II est vrai qu'il se fait payer 200 000 dollars pour chacune de ses conferences, plus les frais d'hotel et trois places en avion en premiere classe. Qu'un tel irresponsable ait pu recevoir Ie prix Nobel en dit long sur Ie poids de la pensee unique a notre epoque. S'iI subsistait un doute sur I'amateurisme de I'ancien vice- president des Etats-Unis, celui-ci a ete leve par ses declarations du 17 juillet 2008. En ce jour, AI Gore a fait connaitre son « plan pour la survie des Etats-Unis ». Puisque Ie futur de I'humanite est en jeu, iI faut que I'Amerique renonce d'ici a dix ans a tout usage du petrole, du gaz naturel et du charbon, et se procure uniquement I' energie qui lui est necessaire a partir du soleil, du vent et des autres sources « vertes ». II n'a pas craint d'ajouter contre I' evidence la plus elementaire qu'un tel objectif etait physiquement possible et financierement accessible, et meme qu'iI creerait des millions d' emplois alors qu'iI ne manquerait 147 
CO 2 un my the planetaire evidemment pas d' engendrer a lui seul une recession massive. Avec Ie sens de la mesure qui Ie caracterise, iI a enfin ajoute qu'iI s'agissait d'eviter que les Etats-Unis soient envahis de cen- taines de millions de « refugies climatiques ». Autrement dit, on retrouve la toute la « vulgate» du « politique- ment correct» ecologiste, qui ne craint pas de faire appel a la peur ancestrale de I'envahissement par des hordes etrangeres qui engendra en un autre temps la crainte du « peril jaune ». Certes, les pays riches ont de tout temps exerce un pouvoir d'attraction considerable sur les habitants des pays pauvres comme chacun Ie constate encore de nos jours. Mais ces migrations sont de plus en plus contra lees et Ie seront encore plus a I'avenir. La crainte de voir les pays developpes envahis par « des centaines de millions de refugies climatiques» releve de la fiction. Comme chacun Ie sait, c'est en favorisant Ie developpement des pays pauvres, ce qui suppose notamment qu'ils puissent avoir recours aux energies fos- siles et que la natalite y decroisse lorsque ce n' est pas deja fait, que I' on pourra Ie mieux aider leurs habitants a sortir de la misere qui est la leur. Qu'iI faille se preparer a la fin du XXl e siecle a un monde sans car- bone ou presque ne fait pas de doute puisque l' essentiel des res- sources fossiles sera alors epuise. Mais se fixer comme but d' atteindre cet objectif en 2018 releve de la plus haute fantaisie et devrait disqualifier definitivement celui qui Ie propose et ose affir- mer contre toute evidence que cet objectif est accessible, en fai- sant semblant d'y croire de surcroit. Bush n'a certes pas ete un bon president, mais on peut se demander si AI Gore aurait ete meilleur. 148 
Les activistes Les economistes: Sir Nicholas Stern Face a des perspectives aussi noires, on comprend mieux alors la reaction d'autres acteurs essentiels du dossier. C'est ainsi qu'un economiste anglais de grand renom, Sir Nicholas Stern, a defraye la chronique 10rsqu'iI a publie en 2006 a la demande du gouvernement britannique un rapport retentissant sur les consequences potentielles du changement climatique. Avec un sens aigu de la communication, et pour illustrer les previsions catastrophiques du Giec qu'iI a reprises a son compte sans les discuter, iI a declare que Ie cout imputable au rechauffement climatique auquel iI fallait s'attendre serait superieur a celui des deux conflits mondiaux du xx e siecle, et iI a avance a cette fin Ie chiffre de 5 500 milliards de dollars 1 Cette comparaison qui ne repose evidemment sur aucun chiffrage serieux lui a valu imme- diatement une notoriete mondiale. C'est sur la base de ce cout hypothetique que Ie rapport Stern a ensuite recommande que la collectivite mondiale consacre chaque annee de 1 a 3 % de son PIB aux depenses destinees a lutter contre Ie changement climatique. Depenser peu tout de suite pour eviter d'avoir a payer plus beaucoup plus tarde En somme, une assurance. L'idee est tout aussi seduisante qu'irrea- liste, car Ie « peu » est en fait gigantesque : 1 % a 3 % du PIB mondial represente a l'heure actuelle de 400 a 1 200 milliards de dollars, et ne peut que s' accroitre ensuite. A l' epoque de sa publication, Ie rapport Stern a ete salue par tous - y compris par l'auteur de cet ouvrage - comme un document remarquable, destine a faire reference. Quoi de plus 149 
CO 2 un my the planetaire tentant que I'idee d'avoir a payer peu maintenant pour eviter d'avoir a acquitter beaucoup plus ulterieurement ? Avec Ie recul du temps, Ie jugement est different. Le raisonne- ment est sans doute logique, mais iI ne resiste pas a la lumiere des faits. La premiere erreur a consiste a adopter comme verite d' evangile les affirmations du Giec selon lesquelles Ie monde court a I'apocalypse, et la facture a payer est necessairement gigantesque. On a vu ce qu'i I en est. Rien ne prouve qu'i I existe un lien entre les concentrations de gaz carbonique et Ie climat. Et meme si c'etait Ie cas, soutenir qu'une elevation de 3 centi- metres du niveau de la mer par decennie serait une catastrophe et que I'humanite ne saurait pas faire face a un accroissement possible - mais nullement certain - de 2 a 3 degres de la tem- perature moyenne du globe n' est pas serieux. Annoncer que Ie coat de ces eventuels phenomenes excederait celui des deux conflits mondiaux du xx e siecle I'est encore moins. C'est la un moyen certain d'attirer I'attention des medias, mais qui suscite la peur et accredite sans preuve une vision eminemment nega- tive de I'avenir. II y a plus grave. L'affirmation selon laquelle les depenses a consentir pour maitriser les emissions de gaz a effet de serre n'excederaient pas de I'ordre de 1 % a 3 % du PIB de la planete repose sur une hypothese egalement dementie par les faits. Elle suppose implicitement que la depense a consentir pour reduire les rejets de gaz carbonique serait modeste, reprenant en cela les recommandations de I'Agence internationale de I'energie qui stipulent: «Aucune des technologies necessaires pour 150 
Les activistes diminuer les emissions ne devrait, au stade industriel, entrainer une majoration des coOts superieure a 25 dollars par tonne d'emission evitee de CO 2 dans tous les pays, y compris les pays en voie de developpement. » Or, si cela peut etre Ie cas dans certaines circonstances, iI s'agit Ie plus souvent d'un VCEU pieux, com me I'a montre I'absence presque totale d'effet de I'accroissement du cours du petrole entre 2005 et Ie milieu de 2008 sur la consommation. La hausse a avoisine 100 dollars par baril, ce qui correspond a une taxa- tion de I'ordre de 250 dottors par tonne de gaz carbonique emise puisque la combustion d'un baril degage 400 kilos de CO 2 . Or I'impact sur la consommation mondiale de petrole de cette hausse, dix fois superieure aux hypotheses de I'AIE et du rapport Stern, a ete marginaL La consommation petroliere mon- diale a continue pendant cette periode a croitre a un rythme a peine ralenti. Pour reduire les emissions de gaz carbonique liees a I'usage du petrole, iI faudrait sans doute porter Ie cours du baril a 500 dollars ou plus et paralyser alors I' economie mon- diale. Ce constat ne fait que confirmer que Ie monde, dans I' etat actuel des choses, ne peut se passer de petrole et que sa demande est pour I' essentiel incompressible. II en est de me me, a des degres voisins, pour Ie gaz naturel et Ie charbon. Cela change tout. Alors que Ie rapport Stern faisait implicitement ('hypothese qu'un surcout de 25 dollars par tonne de gaz carboni- que epargnee suffirait pour reduire les emissions mondiales, iI s' agit la d'une illusion. Pour etre efficace, Ie surcout devrait etre incom- parablement plus eleve. II ne faudrait pas depenser 25 dollars pour 151 
CO 2 un my the planetaire eviter Ie rejet d'une tonne de CO 2 , mais plusieurs centaines, c' est- a-dire que Ie cout de ('operation ne serait pas de 1 % a 3 % du PIB mondial annuel, mais de 10 % ou 20 % de celui-ci. La depense serait tres superieure au benefice possible 1 Autrement dit, Ie jeu n' en vaut pas la chandelle. II faut ajouter que, pour etayer son rai- sonnement, Nicholas Stern a adopte un taux d' actualisation faible, sans lequel ses conclusions auraient ete tres differentes. Nicholas Stern est un economiste. Ce n'est ni un climatologue ni un specialiste de (' energie. La theorie qu'iI a mise en avant ne resiste pas a ('analyse des faits, et son rapport a induit la planete en erreur. II n'a pas su resister au pouvoir de conviction des tres nom- breux alarmistes de son pays, tels que John Houghton, et est devenu I'un des leurs. L'auteur a simplement oublie de confronter la theorie economique a quelques questions de bon sense Les chif- frages du cout du rechauffement climatique avances par Ie Giec sont-ils fondes ? Est-il realiste d'imaginer que ('on puisse reduire massivement la consommation de petrole, de gaz naturel, et de charbon de la planete, et que I' on laisse inutilisees dans Ie sous-sol des quantites notables de ces produits ? Quelles taxes exorbitantes sur les produits energetiques faudrait-il infliger pour obtenir un tel resultat ? S'iI s' etait pose ces questions, Sir Nicholas Stern aurait sans nul doute produit un tout autre rapport. L 'Agence internationa/e de /'energie Composee de dizaines d'experts en provenance des pays develop- pes, I' Agence internationale de I' energie est un organisme auto- nome fonctionnant dans Ie cadre de ('OCDE qui regroupe r ensemble des pays developpes de la planete. Son siege est a Paris, 152 
Les activistes et elle est reconnue com me etant I'organisation la plus compe- tente dans Ie domaine de I'energie. Elle publie chaque annee un document (Wortd Energy Outtook) qui dresse I' etat de la planete dans ce domaine et constitue une reference incontestee. C'est a ce titre que ('AlE a ete invitee en 2005 par les dirigeants des huit grands pays de la planete lors de leur reunion de Gleneagles en Ecosse a contribuer a leur plan d'action sur « Ie changement climatique, (' energie propre et Ie developpement durable ». Le G8 a demande a ('AlE de Ie conseiller sur les sce- narios et les strategies a suivre en vue d'un avenir disposant d'une energie «propre, intelligente, et competitive ». C' est dans ce cadre que ('AlE a ete amenee a faire un certain nombre de recom- mandations aux pays du G8 lors de leur session d'Hokkaid6 de juin 2008 (lEA Work for the G8 - 2008 messages). La lecture de ces recommandations laisse toutefois un sentiment de grand malaise. Precedemment, I' AlE avait etudie deux scenarios. L'un, dit « de reference », prevoyait avec realisme la poursuite au cours des decennies a venir de I'accroissement des emissions de gaz carbonique dues a I'usage des combustibles fossiles, dont les rejets seraient passes de 30 milliards de tonnes a I'heure actuelle a 42 en 2030 et a 62 en 2050, compte tenu des projets en cours de realisation ou previsibles dans Ie tiers-monde. Le second scenario, dit alternatif, envisageait, au prix d' efforts considerables et a vrai dire irrealistes, une maitrise des emis- sions mondiales permettant de les limiter a 32 milliards de ton- nes en 2015 et a 34 en 2030. 153 
CO 2 un my the planetaire Mais, a la demande des pays du G8, ('AlE s'est vue chargee d'une mission impossible, c' est-a-dire d' elaborer conformement aux requetes du Giec un scenario divisant en 2050 par deux au moins les emissions de gaz carbonique de la planete par rapport a leur niveau actuel et en les ramenant done pour leur compo- sante energetique a 15 milliards de tonnes au milieu du siecle, c' est-a-dire quatre fois moins que dans Ie scenario de reference. L' AlE s' est alors trouvee confrontee a un choix: critiquer Ie Giec et dire la verite, c' est-a-dire qu'un tel scenario est totale- ment irrealisable, ou enoncer les conditions a remplir pour I' obtenir en faisant semblant d'y croire. EHe a choisi la seconde voie, tout en dressant la liste des conditions a remplir pour atteindre Ie but fixe par Ie G8, de telle sorte que chacun peut constater qu'it est inaccessible. Qu' on en juge un peu. Pour diviser par deux les emissions d'ici a 2050 au lieu qu' elles doublent, it faudrait, selon I' AlE: - Commencer a agir vigoureusement des 2008 (ce qui n'a pas ete Ie cas) ; - Stabiliser les emissions au plus tard en 2015, nul ne sait com- ment ; - Generaliser des 2012 les techniques de capture et de stockage du gaz carbonique (CCS) dans les centrales electriques thermiques nouvelles, alors qu'un autre document de ('AlE (Wortd Energy Out- took 2006) affirme que ces techniques ne seront pas pretes avant 2020 au mieux, et cela sans la moindre certitude; 154 
Les activistes - Fermer alors 15 % des centrales thermiques existantes non equipees de ces dispositifs ; - Doubler Ie pare de centrales nucleaires en 2030 par rapport au scenario de reference (833 GW contre 415), alors que I'AIE affirme par ailleurs que les obstacles politiques rendent illusoi- res cet objectif ; - Doubler egalement la production d' electricite a partir des energies renouvelables malgre Ie surcout qu' elles impliquent; - Investir 7 400 milliards de dollars dans de nouvelles installations du secteur de I' energie, avec comme consequence des accroisse- ments considerables du prix de I' electricite pour Ie consomma- teur ; - Diminuer drastiquement au niveau mondial la consommation d' essence, de gaz naturel et de charbon malgre la pression de la demande, etc. On ne saurait mieux dire que (' objectif fixe sous la pression du Giec et imprudemment adopte en juillet 2008 par les chefs d'Etat du G8 est entierement utopique. II ('est deja pour les pays developpes. Et comment contraindre Ie reste du monde qui consomme cinq fois moins d'energie par habitant a se res- treindre encore? II faut ajouter qu'iI s'agirait de stabiliser a 450 ppm les concentrations de «gaz carbonique equivalent» dans ('atmosphere, soit 360 ppm en gaz carbonique, c'est-a-dire plutot moins qu' aujourd'hui ! L'AIE conclut en attirant I'attention sur les couts astronomi- ques qu'impliquerait la satisfaction de la demande formulee. Jusqu'a 15 milliards de tonnes de rejet de gaz carbonique de 155 
CO 2 un my the planetai re moins que dans Ie scenario de reference, les couts par tonne de CO 2 evitee seraient relativement abordables. De 15 a 30 milliards de reduction, ils atteindraient 50 dollars par tonne de gaz carbonique epargnee. Au-dela de 30 milliards, Ie cout par tonne epargnee s'envolerait vers 100, 200, 500 dol- lars ou plus encore, entrainant des depenses de milliers de milliards de dollars chaque an nee, d'autant plus invraisembla- bles qu' elles devraient en majorite etre effectuees dans les pays en voie de developpement et payees par les pays deve- loppes. Pour qu' elles soient efficaces, rappelons-Ie enfin, ces depenses devraient avoir pour but final de laisser inemployee dans Ie sous-sol de la planete une grande partie des reserves de petrole, de gaz naturel et de charbon qu'iI contient. Mais, sans doute effrayes par les previsions apocalyptiques du Giec en cas de poursuite de I'accroissement de la teneur en CO 2 de I'atmosphere, les responsables de I'AIE, qui ne sont pas des clima- tologues, ne se sont pas crus autorises ales mettre en doute, et ils y ont meme adhere. Le cercle vicieux etait ainsi enclenche. Autrement dit, I' AlE a failli a sa mission. Elle n'a pas dit aux chefs d'Etat du G8 la verite, c'est-a-dire que leurs de man des, basees sur celles du Giec, etaient impossibles a satisfaire. De surcroit, elle n'a pas clarifie les choses. En utilisant dans ses rap- ports des unites esoteriques telles que les « ppm » et les « GT », elle a rendu ceux-ci incomprehensibles au commun des mor- tels, ainsi qu'aux responsables politiques eux-memes. 156 
Les activistes LeG8 II ne faut pas en vouloir aux chefs d'Etat du G8. Pour les com- prendre, iI faut se mettre a leur place. Les dirigeants des huit pays concernes rec;oivent d'une part des previsions apocalyptiques emanant du Giec qui vient de recevoir Ie Prix Nobel, d'autre part des rapports issus de I' Agence internationale de I' energie dont une lecture rapide peut laisser croire qu'iI serait possible de mai- triser les emissions de la planete alors qu'il n' en est rien. Le rap- port Stern leur dit la meme chose. En leur ame et conscience, ils croient done bien faire en fixant au monde des objectifs ambi- tieux, sans se rendre compte que ceux-ci sont absurdes puisqu'ils supposeraient que I' on arrete ou presque I' extraction du petrole, du gaz naturel et du charbon. II ne faut done pas s'etonner des « decisions» du G8 prises a Hokkaid6 qui prevoient contre tout bon sens de diviser par deux les emissions planetaires de gaz a effet de serre en 2050 par rapport a leur niveau actuel (sans d'ailleurs que I'annee de reference soit specifiee). C' est ce qu' ont bien compris les pays du G5 (Chine, Inde, Bresil, Mexique et Afrique du sud) qui ont refuse de souscrire a un tel objectif qui briserait de maniere intolerable leur developpement. Ce dernier necessite au contraire qu'ils accroissent fortement leur consommation d' energie ce qui, pour de nombreuses decennies encore, implique que leurs emissions de gaz a effet de serre conti- nuent de s' accroitre au lieu d' etre reduites. A yant lu quant a eux les rapports de ('AlE qui montrent Ie caractere irrealiste de I'objectif fixe a la planete pour Ie milieu du siecle, on comprend qu'ils aient mis les pays developpes au pied du mur en leur demandant de commencer par s'engager, non pas pour un horizon aussi lointain, 157 
CO 2 un my the planetaire mais deja pour (' annee 2020. Pour atteindre Ie resultat ambitieux affiche pour 2050, iI faudrait en effet qu'une inflexion brutale soit don nee tout de suite, et qu'une premiere etape soit franchie, qui se traduise par une reduction immediate des emissions et tout particulierement par celles des pays riches. L'argumentation des pays en voie de developpement est egale- ment d'ordre moral. Meme s'ils representent desormais un peu moins de la moitie des emissions mondiales annuelles, ce sont les pays riches qui, dans Ie passe, ont contribue a (' essentiel de ('accroissement du stock de gaz a effet de serre de la planete. De plus, ils continuent a emettre cinq fois plus de CO 2 par habitant en moyenne que les pays pauvres. C'est done a eux d'agir au lieu de se contenter d' annoncer des objectifs tres lointains qui ne les engagent en rien. Or les pays riches ont refuse de s' engager sur quelque objectif que ce soit pour 2020, et notamment sur la reduction de leurs emissions de 25 % au moins par rapport a 1990 que leur a demandee Ie G5. lis ont eu en ('occurrence raison, car une telle diminution est inconcevable, sauf dans ('hypothese d'un cataclysme mondial que personne ne peut souhaiter. Le probleme a done ete renvoye a la fin de 2009, date a laquelle il est prevu de donner a Copenhague une suite au pro- tocole de Tokyo. Mais la verite, c' est qu'il est insoluble car iI part d'une idee fausse, celie qu'iI serait possible de reduire au niveau planetaire les emissions alors qu'iI n' en est rien puisque les travaux se poursuivent partout pour accroitre la production d'hydrocarbures et que les energies fossiles qui ne seront pas consommees par les uns Ie seront par les autres. 158 
Les activistes Les groupes de pression II faut enfin parler de I'une des causes majeures de I'aberration actuelle des idees qui ont cours au sujet du changement climati- que et de la responsabHite supposee de I'homme. II s'agit du poids des groupes de pression, qui sont essentiellement au nom- bre de deux: les mouvements ecologistes d'une part, et les industriels dont tout ou partie de I'activite depend des fonds publics censes participer au « sauvetage de la planete » de I'autre. Dans notre pays, Ie « Grenelle de I' environnement » a fourni un exemple frappant des causes de la desinformation, dans la mesure ou H a mis en evidence la mainmise complete des grou- pes de pression sur I' elaboration des decisions gouvernementa- lese Celles-ci ont ete preparees dans Ie courant de I' ete 2007 par un groupe de travail de 50 personnes preside par Nicholas Stern et par Jean Jouzel. La composition de ce groupe de travail merite qu'on s'y arrete car elle explique tout. II est possible d'y distinguer plusieurs ensembles: les mouvements ecologistes, des asso- ciations proches d' eux, les organisations syndicales, des enti- tes publiques ayant des interets specifiques a defendre, Ie Medef enfin, qui a delegue pour Ie representer ses grandes federations: batiment, travaux publics, industrie ferroviaire, industrie eolienne, construction automobile, etc. Tous ceux qui auraient pu s'opposer a I'etaboration dun consensus ont ete systematiquement ecartes, tets que tes associations anti- eotiennes, tes representants des usagers de ta route, et bien d'autres 159 
CO 2 un my the planetaire encore qui avaient pourtant demande a participer aux debats. II ne faut done pas s'etonner que les travaux du Grenelle de I'environne- ment aient debouche sur des recommandations unanimes, ce qui a permis a Nicolas Hulot de celebrer I'alliance « inattendue» des mouvements ecologistes et du Medef. II n'y ava"it pourtant la rien d'inattendu, les interets des uns et des autres se rejoignant sur Ie dos du consommateur, du contribuable, et de I'interet general. Construire a coup de dizaines de milliards d' euros des milliers de kilometres de voies ferrees et de metro, iso- ler tous les batiments, couvrir la France d'eoliennes ou de pan- neaux photovolta'iques, etc., ne pouvait que rejouir profondement les grandes federations qui composent Ie Medef et qui ont tout interet a voir leur chiffre d'affaires se developper sans fin. II n'y a qu'un probleme, c' est qu'iI sera impossible a notre pays de payer la facture ahurissante qui decoule des decisions prises et qui atteint comme on Ie verra dans un chapitre ulterieur de ce livre une ving- taine de milliards d' euros par an pour Ie contribuable, auxquels s'ajoutera une somme equivalente au titre des depenses que Ie consommateur devra prendre directement en charge, Ie tout venant done reduire son pouvoir d'achat de 40 milliards d'euros par an, Ie plus souvent sans justification puisque l'impact sur les emissions de gaz a effet de serre de la planete sera en tout etat de cause inexistant pour les raisons precedemment exposees qui tien- nent au caractere planetaire du phenomene. Est-ce a dire qu'iI faille ne rien faire face aux peurs qui hantent notre epoque ? 
Chapitre III Les trois peurs Ce debut de siecle est celui de progres sans precedent de I'humanite. La croissance de I' economie mondiale s' est eta- blie jusqu'aux evenements de 2008 aux alentours de 5 % par an, niveau inconnu jusqu'alors, et des centaines de millions d'etres humains sont sortis de la pauvrete. Mais notre epo- que est aussi celie de grandes peurs planetaires. Trois d' entre eUes dominent aujourd'hui les esprits. Face a I'epuisement annonce du petrole, l'expansion mondiale pourra-t-elle perdurer, les nations riches maintenir leur mode de vie et leurs habitants continuer a se deplacer ? Les pays pauvres, dont la population represente les quatre cinquiemes de I'huma- nite, pourront-ils acceder un jour a un mode de vie meilleur, ce qui suppose notamment qu'ils aient acces a I' electricite ? QueUes seront enfin les consequences des changements de I'atmosphere terrestre, dont iI apparait qu'ils sont ineluctables au-del a des dis- cours qui laissent croire Ie contraire ? L'apres-petrole La certitude de I' epuisement du petrole doit-elle conduire au pessimisme ? Allons-nous devoir laisser nos voitures au garage, 161 
CO 2 un my the planetaire nos avions sur les aeroports et nos bateaux dans les ports comme Ie craint la majorite de nos compatriotes ? selon I'insti- tut de sondage Ipsos, pres de deux tiers des Franc;ais (65 % contre 35 %) pensent que nODS allons bientot manquer de car- burant pour nos voitures 1 . lis auraient a coup sur raison si rien ne changeait jamais, tant les produits petroliers jouent un role essentiel au sein de I' econo- mie mondiale, et particulierement pour les transports qui en sont I'un des fondements. Mais heureusement, les perspectives ouvertes par Ie progres technique sont si vastes qu'iI n'en est rien comme Ie montre I'inventaire des differents modes de transport, en commenc;ant par I'automobile devenue en un demi-siecle I'un des acteurs majeurs de la prosperite des eco- nomies modernes par les gains de temps considerables qu'elle permet et I'ouverture des marches qui en decoule. L 'automobile s'iI est une crainte que chacun ou presque a eprouvee un jour, c' est de se trouver prive de voiture. La peur de manquer de car- burant est I'une de celles qui preoccupent Ie plus les esprits en ce debut de siecle. Que se passera-t-il quand les Chinois, les Indiens, et plus generalement les habitants du reste de la pla- nete voudront avoir chacun leur automobile, comme c'est Ie cas dans les pays developpes OU Ie nombre de vehicules depasse desormais largement celui des foyers? 1. Ipsos/FFAC, juiltet 2006. 162 
Les trois peurs Ceux qui se posent cette question s'imaginent souvent que nous ne connaitrons jamais une telle situation car iI faudrait ('equivalent de trois ou quatre planetes pour satisfaire alors les besoins de tous. Pourtant, les choses ne se passeront pas ainsi. N' en doutons pas, les Chinois, les Indiens et les autres auront un jour leur voiture comme c'est aujourd'hui Ie cas pour no us. Ceux qui nous annoncent que nous irions alors « dans Ie mur» n'oublient qu'une chose: ('existence et la rapidite du progres. Celui-ci va nous permettre de disposer de voitures qui consom- meront de moins en moins, puis qui utiliseront plus tard des carburants ou des energies qui viendront se substituer au petrole quand i I sera epuise. De 10 iJ 5 litres oux 100 kilometres La premiere etape est la plus facile a franchir et elle est deja engagee. Au niveau mondial, la consommation moyenne des voitures particulieres est aujourd'hui proche de 10 litres aux 100 kilometres alors que ceUes qui sont vendues aujourd'hui en France n'en necessitent que la moitie. Ce sont les Americains et a un moindre titre les Allemands qui sont les principaux coupa- bles d'une consommation mondiale moyenne aussi elevee. Les SUV, defi au bon sens Jusqu'a une date tres recente, les Nord-Americains jetaient Ie plus souvent leur devolu sur de veritables monstres, propulses par des moteurs de 8, 10, ou 12 cylindres, et consommant entre 15 et 20 litres aux 100 kilometres et parfois plus encore. II s'agit des « sUV » a quatre roues motrices (sport utitity vehicte), par- fois necessaires en zone rurale, mais servant Ie plus souvent a 163 
CO 2 un my the planetaire transporter une ou deux personnes au sein de banlieues dispo- sant d' excellents reseaux routiers. Autant dire qu' elles rendent Ie meme service que n'importe quelle voiture vendue en Europe, y compris celles de petite cylindree qui ne necessitent aujourd'hui qu'aux alentours de 4 ou 5 litres aux 100 kilometres, voire moins ! Mais les choses sont en train de changer outre-Atlantique a tres vive allure depuis Ie grand traumatisme de 2008. L'achat de vehicules aussi inutilement gourmands etait la consequence d'un prix a la pompe reste longtemps tres faible du fait de ('absence de taxes specifiques telles que nous les connaissons en Europe. Le carburant etant presque gratuit, la consommation n' etait pas un critere de choix, ce qui explique que les achats se portaient sur des vehicules qui auraient ete invendables sur Ie Vieux Continent. Les soubresauts du prix a la pompe aux Etats-Unis, consequence des fluctuations brutales qu'a connues Ie cours international du baril exprime en dollars, ont bouleverse la donne. Au debut de 2008, les sUV sont devenus invendables outre-Atlantique, qu'Hs soient neufs ou d' occasion, alors que les ventes des vehicules peu consommateurs se sont brutalement envolees au sein d'un marche globalement tres morose. Meme si Ie baril a connu depuis Ie pic du milieu de 2008, une chute encore plus brutale que sa hausse et que nul ne puisse prevoir les fluctuations futu- res, les esprits ont ete profondement traumatises et tout laisse penser que rien ne sera plus comme avant. La Smart elle-meme, vehicule a deux places, unique en son genre, n'a-t-eUe pas vu 164 
Les trois peurs ses ventes brusquement decoUer dans un pays auquel elle n' eta it initialement pas destinee ? En juillet 2008, Ie president de la societe Ford, jusqu'alors championne des grosses cylindrees qui constituaient I' essentiel de ses ventes et de ses benefices, annonc;ait qu'iI allait cesser la production de ce type de vehicule dans trois de ses usines et reconvertir celles-ci pour qu' elles fabriquent a l'avenir des voi- tures de type europeen conc;ues par ses filiales du Vieux Continent. A la fin de 2008, ('octroi d'une aide federale massive aux trois constructeurs nationaux americains fut assorti de la meme exigence. L'hypocrisie allemande Bien qu'a un moindre degre, l'AUemagne est ('autre responsable de la forte consommation moyenne du pare automobile mon- dial. L' economie allemande repose tres largement sur la prospe- rite de son industrie automobile, beaucoup plus importante que la notre. Or les constructeurs automobiles aUemands ont jusqu'a present tenu en leur pouvoir leurs gouvernements suc- cessifs, queUes que soient leurs orientations politiques, y com- pris lorsqu'ils incluaient des ministres Verts. C'est ainsi que l'AUemagne est Ie seul pays au monde a mainte- nir des sections d'autoroute sans limitation de vitesse malgre les taux d'accident tres eleves que ceUes-ci connaissent et qui sont soigneusement caches a l'opinion afin de permettre a ses constructeurs d' en faire un argument publicitaire. lis ont long- temps produit en consequence des vehicules de plus en plus 165 
CO 2 un my the planetaire puissants et de plus en plus rapides dont ils se sont fait une speciaUte et qu'Hs exportent dans Ie monde entier alors que la vitesse est. limitee partout ai lleurs, ce qui y cree une situation a ('evidence incoherente. Veritable defi au bon sens, la moyenne des vitesses maximales de la production de BMW, de Mercedes et d'Audi n'etait-elle pas encore en 2008 de 235 kilometres a l'heure ? Mais chaque fois qu'un gouvernement franc;ais a cherche a convaincre son homologue allemand de s'aligner sur la pratique que j'avais fait introduire en France et aHleurs, et qui veut que la vitesse soit partout limitee pour d' evidentes raisons de secu- rite et d' economie d' energie, ou qu'H a suggere d'imposer par construction une vitesse maximale aux voitures comme c'est Ie cas en Europe pour les camions, les visages se sont figes et Ie message rec;u a ete toujours Ie meme et depourvu de la moin- dre ambigu"ite : si la France met ce sujet sur la table, ce sera un casus betti entre les deux pays. C' est done ('opposition inflexible de l' Allemagne qui explique qu'il ait ete impossible dans Ie passe d'aligner la production europeenne d'automobiles sur celles qui consomment Ie moins, et que se soit poursuivie jusqu'a une date recente une course sans fin a la puissance qui se traduit de surcroit par des milUers de drames et de morts inutiles sur les routes du monde entier. A quoi cela rime-t-il de produire des vehicules qui sont optimi- ses pour rouler a 200 ou 250 kHometres a l'heure, quand la vitesse est limitee partout ailleurs dans Ie monde aux alentours de 120 ou 130 kilometres a l'heure et que Ie petrole devient rare? Cela n'a pas empeche nos voisins allemands d'affirmer 166 
Les trois peurs depuis des annees avec la plus grande hypocrisie com bien ils etaient attaches a la protection de I' environnement ainsi qu'a la cause de la securite routiere. Mais les choses changent. Dans sa croisade contre les emissions de CO 2 , I'Union europeenne est en train d'imposer aux construc- teurs du continent des normes draconiennes qui font ('objet de combats de retardement, mais dont chacun a compris qu' elles s'imposeront bientat a tous. Les emissions moyennes des vehicu- les mis sur Ie marche par chaque constructeur ne devront pas depasser d'ici peu 120 ou 130 grammes de CO 2 par kilometre par- couru, ce qui correspond a 4 ou 5 litres aux 100 kHometres. Or, iI s' agit la d' un objectif tres contraignant lorsqu' on sait que les emissions moyennes des voitures vendues en Europe se sont ele- vees en 2006 a 164 grammes de CO 2 par kilometre. III' est tout par- ticulierement pour les constructeurs aUemands, specialistes des fortes cylindrees, dont la production emet en moyenne 180 gram- mes contre moins de 150 pour les deux groupes franc;ais. Les constructeurs aUemands se sont done battus - avec succes - pour obtenir que les objectifs a atteindre tiennent compte du poids des vehicules. Mais ne nous trompons pas. Meme si c' est avec retard, I' Allemagne a desormais fait volte-face et d'ici peu de temps, tous ses constructeurs produiront des vehicules beaucoup plus sobres. En voulant lutter contre les emissions de CO 2 de la planete, objectif illusoire, ('Europe aura neanmoins reussi quelque chose d'utile : diminuer sa consommation de petrole et epargner ainsi une denree rare. 167 
CO 2 un my the planetaire Bien sur, comme it faHait s'y attendre, l' Allemagne a formeHe- ment ecarte l'idee de mettre en CEuvre chez elle Ie dispositif du « bonus-malus» qui a fait en France preuve d'une indeniable efficacite puisqu'iI a oriente les acheteurs de voitures neuves vers les modeles economiques et les a largement detournes des plus consommateurs d'entre eux. Au cours des quatre premiers mois de 2008, la part des vehicules economes (moins de 130 grammes de rejet de CO 2 par kitometre) s'est accrue d'un tiers dans l'Hexagone, alors que celie des moins sobres (plus de 160 grammes) a chute de 40 % par rapport a 2007 1 La France est done desormais en ce domaine Ie bon eleve de la planete, grace notamment a cette mesure, sans doute seul succes de la politique ecologique nationale. Une conclusion simple se degage de la comparaison des Etats- Unis, de I'Aliemagne et de la France. A partir du moment ou un pays, Ie natre en I' occurrence, montre qu'iI est possible de satisfaire des aujourd'hui sans restriction les besoins de mobilite individueHe avec des voitures qui ne necessitent que 5 litres aux 100 kilometres sinon moins, et ou la consommation moyenne actueHe du pare mondial est proche du double, les gains potentiels a breve echeance sont aussi considerables que faci- les a evaluer. Avec la me me quantite de carburant, il sera pos- sible de faire circuler d'ici peu sur les routes du globe deux fois plus de voitures qu'aujourd'hui, c' est-a-dire deux milliards au lieu d'un, ou d'en faire rouler autant en consommant deux fois moins. 168 
Les trois peurs II n' est besoin la d' aucune revolution technique car les construc- teurs d'automobiles ont fait au cours des annees recentes des progres etonnants dont l'opinion n'est pas toujours consciente, et leurs fruits commencent seulement a apparaitre sur Ie mar- che. Des vehicules europeens familiaux de dimension moyenne ont maintenant couramment des autonomies de plus de 1 000 kilometres, performance inimaginable iI y a peu. Tout dependra done de la politique suivie par les differents pays du globe. Avec la conjugaison de taxes sur les carburants qui sont a la limite du supportable pour les foyers modestes, et du systeme de « bonus-malus », la France a montre la voie aux autres. Mais tous ne la suivent pas. Jusqu'a une date recente, la Chine, l'lnde, l'lndonesie et bien d'autres nations asiatiques, non seule- ment ne taxaient pas les carburants routiers, mais les subven- tionnaient massivement, ayant juge avec raison que la voiture et Ie camion avaient un role essentiel a remplir pour leur deve- loppement economique. II est vrai que, dans l' ensemble, la modicite du niveau de vie y a spontanement limite I'achat de vehicules inutilement consommateurs. Au niveau mondial, beaucoup dependra en definitive des Etats- Unis qui utilisent a eux seuls un quart des carburants routiers de la planete alors qu'ils representent moins de 5 % de sa popula- tion. A defaut d'instaurer une taxation significative des produits petroliers comme en Europe, on peut esperer que Ie president Obama imposera aux constructeurs, com me ce fut Ie cas dans Ie passe, de mettre sur Ie marche des vehicules offrant une 169 
CO 2 un my the planetaire consommation beaucoup plus faible qu'a I'heure actuelle. II est d'ailleurs symptomatique que la premiere decision du nouveau president, au lendemain meme de son election, ait ete d'annon- cer qu'il aiderait I'industrie automobile americaine a se reconver- tir massivement en ce sense Lorsqu'on sait que la duree de renouvellement du pare n'excede pas six a quinze ans selon les pays, on voit combien les marges de reduction de la consommation moyenne des automobiles sont considerables a court terme sur Ie plan mondial sans meme qu'intervienne aucun bouleversement technique. Mais iI sera possible de faire beaucoup mieux d'ici peu. De 5 iJ 3 litres oux 100 kilometres Compte tenu des progres recents en matiere de consommation, on aurait pu penser qu'il ne serait pas possible d'aller plus loin. Mais iI n' en est rie, comme Ie met en evidence un rapport officiel de grande qualite, connu sous Ie nom de son coordinateur,Jean syrota. Realise sous I' egide de l' ancien «Commissariat au Plan» devenu Centre d'analyse strategique, et du Conseil general des mines, ce document tres complet a pour titre « Perspectives concernant te vehicute grand pubtic d'ici 2030 ». Elabore en liaison avec l'indus- trie automobile, ce rapport montre que les vehicules thermiques actuels a essence ou diesel peuvent encore reduire tres forte- ment leur consommation moyennant une optimisation de leurs per- formances. Des progres tres importants sont en effet envisageables dans de nombreux domaines, et tout d'abord celui des moteurs. En outre, les voitures actuelles sont surpuissantes par rapport aux besoins et 170 
Les trois peurs ramener leur vitesse maximale aux alentours de 140 kilometres/ heure reduirait leur consommation d'ensemble de 15 % 1 Enfin de nombreuses ameliorations peuvent etre apportees au vehicule lui- mme : allegement, meilleure aerodynamique, pneumatiques, etc. Le rapport syrota en deduit que: « La propulsion par moteur thermique alimente par des carburants liquides dans les conditions usuelles restera largement majoritaire d'ici 2030, d' autant plus que leurs substituts ne presentent pas, a performances comparables, d'avantages significatifs en termes de cout, de bilan energetique et d'emission globale de gaz a effet de serre, ni actuellement, ni a terme. Les vehicules actuels disposent d'une marge de progres considerable, une reduction de consomma- tion de moitie etant targement envisageabte. En particulier, des vehicules thermiques de petite tail Ie, ayant une puissance faible (c'est-a-dire des performances routieres comparables a celles des vehicules electriques) et done de consommation tres reduite, peu- vent prendre une part significative du marche. » Alors que les vehicules mis a l'heure actuelle sur Ie marche en France consomment en moyenne 5 litres aux cent kHometres, les evolutions techniques permettront done que celle-ci soit abaissee a 3 litres environ d'ici une ou deux decennies, sans bouleversement majeur, mais simplement en engrangeant Ie fruit des recherches menees par les milliers d'ingenieurs et de techniciens des construc- teurs automobiles, et en adaptant Ie pare a la realite des besoins comme ont commence a Ie faire les automobilistes en achetant des voitures plus sobres et moins puissantes. Mais Ie progres ne s' arretera pas la. 171 
CO 2 un my the planetaire De 3 a 1 litre aux 100 kilometres La hausse brutale des cours du baril survenue entre 2006 et Ie milieu de 2008, jointe a la certitude de voir les gisements 5' epuiser dans les decennies a venir, a donne une acceleration foudroyante aux recherches de toute nature destinees a dimi- nuer la consommation unitaire des voitures ou a les doter de motorisations qui ne fassent pas appel aux produits petroliers. Mais il ne s'agit pas la d'un long fleuve tranquHle. Les piles a hydrogene : une solution d'avenir destinee a Ie rester On pourrait croire que les modes epargnent les secteurs indus- triels, reputes etre Ie fief d' esprits supposes rationnels, mais ce n' est aucunement Ie cas. II y a trois ou quatre decennies, iI existait une quasi-unanimite pour affirmer que, si Ie moteur a explosion devait un jour etre remplace par quelque chose de « propre », ce serait par une pile a combustible. Une pile a combustible permet de faire reagir d'une maniere contr61ee I'hydrogene et I'oxygene pour produire de l'electricite et de la vapeur d'eau. Et ce devait etre alors I'avenement d'une nouvelle economie OU I'hydrogene remplacerait les hydrocarbures fossi les. Mais, a supposer que I' on puisse un jour stocker et transporter un gaz aussi dangereux que I'hydrogene, I'engouement pour ce dernier laissait entiere une question fondamentale qui n'a tou- jours pas de reponse. D' ou viendrait celui-ci ? II n'y aurait guere eu que deux solutions. II aurait fallu, soit extraire I'hydrogene des hydrocarbures fossiles, ce qui n'aurait fait que deplacer Ie probleme, soit I' obtenir par electrolyse de I' eau, operation lour- 172 
Les trois peurs dement consommatrice d'electricite, alors qu'on a vu que cette derniere provenait aujourd'hui tres majoritairement de centra- les fonctionnant au charbon et done emettrices massives de gaz carbonique. Comprenne qui pourra. Mais les modes passent. Trente ans plus tard, et meme si cer- tains constructeurs font rouler des prototypes tres couteux, plus personne ne soutient qu'il puisse s'agir la d'une solution realiste avant de nombreuses decennies dans Ie meilleur des cas, tant les obstacles physiques et economiques sont conside- rabies. La voiture electrique : reve ou rea lite ? A la me me epoque, la motorisation electrique faisait deja ('objet d'un engouement comparable. Les constructeurs franc;ais ont meme commence a produire en serie des voitures electri- ques sur les memes chaines de montage que les vehicules a essence ou diesel. Mais Ie marche n'a pas suivi pour des raisons faciles a comprendre, qui ne tiennent pas aux moteurs eux- memes, economiques, fiables et compacts, mais a la diffi- culte de stocker l'electricite. A poids ega/, un kito de batterie contient cinquante fois moins d'energie qu'un kito d'essence. Apres deux decennies d'abandon, la hausse des cours du petrole des annees recentes a remis a l' ordre du jour la voiture electrique et donne Ie signal d'une nouvelle frenesie de recherches pour met- tre au point des batteries plus performantes, disposant a poids egal d'une meiUeure capacite energetique, et pouvant etre rechargees en quelques minutes au lieu de quelques heures. La mise au point 173 
CO 2 un my the planetaire de batteries compactes, rapidement rechargeables et economiques constitue ['un des defis majeurs auxquels est confrontee [,humanite au XXl e siecle, que ['on a pu parfois comparer a celui qu' ont vaincu les Americains lorsqu'ils ont conquis [' espace et debarque sur la Lune au xx e siecle. Mais rien ne dit qu'iI sera gagne Contrairement a ce qu'affirment souvent les ecologistes, ce n'est pas la mauvaise volonte qui a empeche les scientifiques et les industriels, qui cherchent depuis ['invention de la pile elec- trique par Volta en 1800 a mettre au point des batteries perfor- mantes, de connaitre Ie succes, mais ce sont les lois de la physique qui s'y sont opposees jusqu'a present. Tous les constructeurs du monde cherchent pourtant actuelle- ment la meilleure solution. Les trois «grands» americains (General Motors, Ford et Chrysler) ont recemment supplie Ie gouvernement federal de leur accorder des credits massifs de recherche pour mettre enfin au point des batteries performan- tes, affirmant que c'etait vital pour l'economie americaine en vue de reduire sa dependance petroliere. Pour l'instant, ce sont les batteries « lithium-ion» qui focalisent [' attention car elles permettent de stocker deux ou trois fois plus d' electricite que les autres. Les batteries « lithium-ion» ne sont d'ailleurs pas les seules possibles. Un laboratoire de General Motors explore actuellement par ordinateur la structure des 30 000 composes mineraux decouverts par les chimistes au cours des deux siecles passes, pour detecter et tester ceux qui pourraient presenter des caracteres favorables a la creation de batteries ultra- 174 
Les trois peurs performantes, susceptibles d'etre rechargees en quelques minutes ou me me quelques secondes, et d' emmagasiner sous un faible volume de grandes quantites d' energie. Le programme correspon- dant a ete baptise « genome des materiaux ». A la fin de 2008, une societe chinoise, BYD, a annonce avoir mis au point une batterie « lithium-phosphate» qui pourrait procu- rer une autonomie de 400 kilometres et etre rechargee en 3 heures. Ce serait une revolution, mais la plupart des specialis- tes sont sceptiques. Ces batteries de l'avenir n'auront evidemment jamais la me me capacite de concentrer l' energie que les carburants liquides et nul ne peut garantir Ie succes des recherches entreprises. Mais iI est possible d' envisager que celles qui sont proches du mar- che, telles les « lithium-ion », soient utilisees pour deux catego- ries bien distinctes de vehicules, les uns purement electriques, et les autres « hybrides rechargeables », que l' on pourrait quali- fier de « semi-electriques ». Les vehicules « tout electriques » Les voitures purement electriques constituent la premiere voie de recherche, et plusieurs constructeurs mondiaux, au premier rang desquels Renault, ont annonce qu'ils avaient l'intention de mettre massivement sur Ie marche de tels vehicules d'ici a deux ou trois ans avec en vue deux marches distincts. 175 
CO 2 un my the planetaire Les petits pays Dans les pays aux dimensions reduites, les parcours de longue distance sont par nature peu nombreux sinon physiquement impossibles. C' est Ie cas par exemple d'israel, de l'lriande et plus generalement de ceux qui sont insulaires, ainsi qu'a un moindre titre du Portugal ou d'autres. Dans ces pays, des autonomies reduites suffisent Ie plus souvent, et it est plus aise qu'ailleurs d'y envisager l'implantation d'un reseau dense de bornes de rechargement ou d' echange des batteries. C'est ainsi qu'un accord a ete conclu entre Renault et une firme israelienne pour la commercialisation future de vehicules « tout electriques » dans ce pays aux dimensions restreintes, et l' equi- pement de celui-ci d'un reseau de bornes OU chacun pourrait echanger une batterie vide contre une autre qui soit rechargee. Mais, face a la concurrence des voitures traditionnelles a essence ou diesel, une telle solution sera-t-elle viable tant que Ie petrole n'atteindra pas durablement des niveaux prohibitifs ? On peut pour Ie moins en douter quand on sait que les batteries qu'H faudrait « echanger » peseront sans doute de I' ordre de 200 kilos. Les vehicu/es urbains II existe dans tous les pays des vehicules qui n' ont pas vocation a parcourir de grandes distances parce que leur usage se passe exclu- sivement au sein d'une zone urbaine OU les parcours se comptent en dizaines et non en centaines de kilometres, et OU Ie recharge- ment des batteries peut se faire chaque nuit. II peut s'agir, non seu- 176 
Les trois peurs lement de vehicules de livraison, mais aussi de voitures particulieres lorsque leur proprietaire possede par ail leurs un vehi- cule classique apte a parcourir de longues distances. Certes, c' est la ce qu' on appelle un marche « de niche », mais celui-ci interesse beaucoup de constructeurs qui y voient une occasion de defricher des techniques nouvelles. II ne faut toutefois pas se leurrer. Le maximum de ce que l' on peut esperer aujourd'hui, c'est une autonomie de l'ordre d'une centaine de kilometres, avec de surcroit des performances mod estes, et si Ie relief ne presente aucune difficulte notable. Encore Ie coOt des batteries necessaires pour ces performances restreintes est-il considerable en l' etat actuel des choses, au point de doubler Ie prix du vehicule. Beaucoup s'illusionnent done sur la probabilite d'un marche significatif. Mais, iI faut Ie repeter, dans ce domaine comme dans les autres, la rationalite n'est pas toujours de mise et les emballements des dirigeants sont plus frequents qu'on serait tente de Ie croire. On comprend done Ie rapport syrota 10rsqu'iI declare que « Ie vehicule electrique, qui a l'avantage de ne pas emettre directe- ment de gaz polluants (mais qui peut en emettre indirectement beaucoup plus qu'un vehicule thermique si l'electricite est pro- duite dans une centrale thermique classique), souffre de trop de handicaps pour pouvoir se substituer massivement au vehicule a essence ou diesel ». Mais cette affirmation de bon sens n'a sans doute pas plu a tout Ie monde, en particulier aux ecologistes qui veulent a tout prix 177 
CO 2 un my the planetai re faire croire que Ie vehicule electrique est «I'avenir », ainsi qu'aux industriels qui ont mise a tort sur lui. Sinon, comment expliquer que Ie rapport syrota n'ait toujours pas rec;u au debut de 2009 I'autorisation officielle d'etre diffuse, alors qu'il est partout dans la presse, et que chacun peut d'ailleurs Ie consul- ter par exemple sur Ie site Internet de I'hebdomadaire Le Point? Le moins que ['on puisse dire, c'est que ceux qui s'oppo- sent a la publication d'un rapport technique elabore par des instances officielles parce que son contenu leur deplait ont une singuliere conception de la transparence. Les hybrides rechargeables, au « semi-electriques " C' est pourquoi I'utilisation de [' electricite pour la propulsion des automobiles prendra sans doute d'abord une autre voie. Chacun a entendu parler des voitures hybrides, mais il regne beaucoup de confusion a leur sujet. Les « hybrides » sont des vehicules qui ont deux motorisations, I'une classique a essence, ['autre electrique. Mais, contrairement a une opinion repandue, les hybrides actuels ne peuvent pas rouler avec leur seul moteur electrique. Compte tenu des batteries dont ils sont aujourd'hui dotes, leur autonomie en mode « tout electrique » n'est que d'un ou deux kitometres tout au plus, et leur batterie doit etre rechargee sans cesse par Ie moteur a essence qui tourne en permanence. L'interet de la formule n' est done pas ce que ['on croit Ie plus souvent. II tient seulement au fait que Ie fonctionnement du moteur a essence est optimise. En cas d' acceleration brutale, i I continue a tourner au me me rythme, Ie moteur electrique prenant temporairement Ie relais pour pro- 178 
Les trois peurs pulser Ie vehicule. La consommation moyenne s' en trouve done reduite quelque peu, notamment en milieu urbain, mais Ie gain est en definitive modeste. Tout change avec les «hybrides rechargeables» qui apparai- tront prochainement sur Ie marche. A partir du moment ou les voitures hybrides comportent a cote du moteur classique a explosion un moteur electrique ou meme plusieurs, rien n'empeche d'imaginer qu'elles puissent etre dotees de batteries plus performantes qu'a l'heure actuelle et qu'iI soit possible de recharger a partir de simples prises electriques, par exemple la nuit, en vue de leur procurer une autonomie de quetques dizai- nes de kilometres en fonctionnant uniquement a l' electricite. Or la plupart des voitures ne circulent pas plus chaque jour. Les parcours quotidiens pourront de la sorte etre effectues sans consommer de carburant liquide, celui-ci etant reserve aux seuls trajets longs, et la consommation moyenne annuelle s'abaissera alors a 2 litres aux 100 kilometres ou moins. II ne faut done pas s'etonner que Ie rapport syrota affirme que « Ie vehicule hybride rechargeable, qui cumule les avantages du thermique et de l' electricite sans en avoir les inconvenients les plus importants, a to utes les chances d'etre Ie vehicule d'avenir ». Les premiers prototypes de ces vehicules hybrides rechar- geables (dits « ptug-in » en anglais) roulent aux Etats-Unis et en Europe. General Motors a annonce qu'elle mettrait sur Ie marche un tel vehicule en 2010. Baptise «Volt », celui-ci pourra parcourir 40 miles par gallon en usage moyen, ce qui correspond a moins de 2 litres aux 100 kilometres, perfor- 179 
CO 2 un my the planetaire mance etonnante quand on sait que Ie vehicule americain moyen en necessite aujourd'hui plus de 10. Toyota, pionnier des vehicules hybrides de premiere generation, entend sans doute etre egalement present sur Ie marche des « ptug-in », comme la plupart des constructeurs mondiaux. L'arrivee sur Ie marche de ces vehicules « semi-electriques » ne fait done pas de doute. En revanche, Ie calendrier de leur mise en CEuvre a grande echelle reste une interrogation depuis la chute du prix des hydrocarbures en 2008, et la part de marche qu'ils occuperont au cours des annees a venir dependra directe- ment des fluctuations du cours du bari l, ('important surcout qu'ils impliquent n' etant justifie que si Ie petrole reste durable- ment cher, ce qui risque de ne pas se produire avant un bon nombre d'annees. Le jour sans doute lointain ou Ie recours a l' electricite aura pris son essor, encore faudra-t-il que la production de cou- rant suive, ce qui conduira a revoir alors a la hausse les pro- grammes de construction de centrales electriques nouvelles. Quoi qu'il en soit, une conclusion s'impose, qui bouleverse la vision que nous pouvons avoir de l'avenir de l'automobile. A long terme, celles-ci ne consommeront guere plus d'un litre aux cent kilometres contre pres de dix en moyenne mon- diale a I'heure actuelle, ce qui veut dire que tous les habi- tants de I' ensemble du globe pourront y avoir acces, contrairement aux previsions de ceux qui nous affirment qu'il faudrait plusieurs planetes pour faire face a la demande, en oubliant I' existence du progres technique. 180 
Les trois peurs Camions, bateaux et avions Alors que I'on peut s'attendre a de veritables revolutions techni- ques pour la motorisation des automobiles particulieres, rien de semblable ne se profile aujourd'hui pour les camions, les bateau x, et les avions. Certes, Ie progres va se poursuivre et les reductions des consommations unitaires vont continuer. Des taux de I'ordre de 20 % sont generalement annonces pour chacun de ces modes de transport, a echeance d'une ou deux decennies. Mais la progres- sion des echanges, notamment internationaux, est en moyenne beaucoup plus rapide. N'avoisine-t-elle pas souvent 5 % par an pour Ie transport aerien ? Peut-etre verra-t-on se developper pour les petits parcours des avions a helice, moins consommateurs que les reacteurs? Peut- etre verra-t-on circuler sur nos routes des camions plus lourds sans etre plus dangereux, comme c' est Ie cas aux Etats-Unis ? Peut-etre verra-t-on apparaitre des navires de commerce a propulsion nucleaire ? Mais tout cela ne changera guere les ordres de grandeur des besoins. Quels que soient les efforts des ingenieurs, il faut s'attendre a une demande accrue et incompressible de carburants necessaires pour repondre a la demande des transports aeriens, maritimes, ou d'acheminement terrestre des marchandises, ce qui conduit a s'interroger sur les moyens de faire face aux besoins lors- que Ie petrole sera epuise. Les carburants de synthese Au-dela du petrole conventionnel ou issu de sources telles que les schistes ou les sables bitumineux, differentes matieres pre- 181 
CO 2 un my the planetaire mieres peuvent etre utilisees pour fabriquer des carburants liquides de synthese. II en est ainsi du charbon et du gaz naturel, celui-ci pouvant etre egalement utilise sous forme gazeuse comprimee. La voie actueHe- ment privilegiee pour obtenir des carburants liquides est ceHe de la synthese Fischer- Tropsch, du nom des chimistes aHemands qui ont ete les premiers a obtenir une telle production a partir du charbon. C'est cette methode qu'ont utilisee a grande echelle les AHemands pendant Ie second conflit mondial pour fournir du carburant aux chars et aux avions des armees hitleriennes. Plus recemment, l'Afrique du sud, objet d'un embargo mondial a l'epoque de l'apar- theid, a eu recours a la meme technique pour fabriquer les carbu- rants liquides qui lui etaient necessaires, d' abord a partir du charbon, puis en utilisant du gaz naturel, de telle sorte que ce pays est aujourd'hui Ie premier producteur mondial de carburant de synthese, avec 10 millions de tonnes par an 1 . A terme, si Ie prix du petrole redevient durablement eleve, la production de carburants de synthese a partir de charbon (filiere CTL, pour Coat To Liquids) va se developper, et la Chine s' est des a present fortement engagee dans cette voie. La plus grande compagnie miniere du pays, shenhua, a prevu de fabri- quer 30 millions de tonnes de carburants de synthese par an a partir du charbon d'ici a 2020. D'autres projets sont en cours d' examen et, si tous se realisent, la Chine produira d'ici a quinze ans plus de 70 millions de tonnes de carburants liquides chaque an nee a partir de 210 millions de tonnes de charbon. 1. Alexandre Rojey, Energie et Climat, Reussir la transition energetique, Editions Techniques. 182 
Les trois peurs D'autres acteurs ont developpe des technologies differentes et Ie debut des annees 2000 a marque un tournant important avec l'annonce de grands projets au Qatar, destines a fabriquer du petrole de synthese a partir du gisement de gaz naturel du North Dome qui est Ie plus grand du monde (filiere dite GTL, pour Gas To Liquids). Le projet a ete engage avec la partici- pation de Qatar Petroleum, du sud-africain Sasol et de l'ame- ricain Chevron. Une premiere unite de 34 000 barils par jour (soit environ 1,7 million de tonnes par an), a vu Ie jour en 2006. D'autres projets, en cours d'examen, representent pour Ie seul Qatar une capacite de I'ordre de 40 millions de ton- nes par an. Mais, au total, H ne faut toutefois pas surestimer les possibHites de fabrication de carburants de synthese a partir des autres hydrocar- bures. CeUes-ci sont certes reeUes, mais, confrontees a l' extinction progressive des reserves de gaz naturel et meme de charbon, eUes ne pourront faire durablement face a eUes seules aux besoins de l'humanite pour assurer ses transports lorsque Ie petrole classique viendra a epuisement. En outre, la chute brutale des cours du petrole survenue en 2008 freinera sans doute bien des projets. Les biocarburants Comme les carburants de synthese, les biocarburants, c'est-a-dire ceux qui sont extra its de vegetaux, presentent l'avantage conside- rable de .ressembler au petrole et de ne pas necessiter de transfor- mation significative de la chaine d'approvisionnement ni de bouleversement des moteurs qui les utilisent. Mais, pour qu'Hs 183 
CO 2 un my the planetaire puissent jouer un role majeur, encore faut-il qu'ils soient produits en grandes quantites, ce qui amene a distinguer la situation actuelle d'une part, et les perspectives plus lointaines de ['autre. La situation actuelle: la charrue avant les bCEUfs Sous la pression des ecologistes, Ie monde s' est engage dans une impasse. Les techniques actuettes de production de biocar- burants routiers dans les pays temperes presentent en effet plusieurs inconvenients majeurs, qu'il s'agisse de I'alcool baptise ethanol, obtenu a partir du sucre contenu dans les betteraves ou les cereales, ou d'un « ester» baptise EMHV obtenu notam- ment a partir d'huile de colza ou de tournesol, qui peut etre incorpore au carburant diesel jusqu'a un taux de 5 % sans neces- siter d'adaptation du moteur. La production mondiale d'etha- not produit voisin de I' essence mais d'une puissance energetique sensiblement plus faible, a atteint 45 millions de tonnes en 2007, principalement au Bresil et aux Etats-Unis, et ceUe d'EMHV 4 millions de tonnes, essentieUement en Europe. Les quantites en cause sont done marginales par rapport aux 4 milliards de tonnes de la production petroliere mondiale. Dans un pays com me Ie notre, les inconvenients de la produc- tion des biocarburants actuels sont majeurs. Leur rendement est tout d'abord tres faible et ne depasse pas au mieux une tonne d'« equivalent petrole » a l'hectare, contre quatre par exemple au Bresil pour la canne a sucre. Les surfaces necessaires pour obtenir des quantites significatives de carburant sont alors pro- hibitives. Pour atteindre avec tes techniques actuettement dispo- nibtes un niveau de production representant 10 % de ta 184 
Les trois peurs consommation des seuts carburants routiers, it faudrait, en Europe comme aux Etats-Unis, exptoiter une surface equivotant a 30 a 40 % de ta superficie agricote ! Le conflit avec les besoins alimentaires est done dramatique- ment patent comme en temoigne un recent constat de la FAO : Ie nombre d'etres humains souffrant de malnutrition est bruta- lement passe de 850 a 925 millions entre 2006 et 2007, conse- quence directe de la hausse du prix des produits agricoles engendree en bonne partie par ('affectation de terres agricoles a la production de biocarburants. Le phenomene a ete particu- lierement marquant aux Etats-Unis, Ie gouvernement americain ayant decide de subventionner massivement la production de bioethanol a base de ma'is, operation d'autant plus critiquable que son rendement est desastreux. Certaines etudes ont meme montre que te resuttat etait negatif sur te ptan energetique, to quantite de petrote necessaire pour tabourer, ptanter tes semen- ces, fabriquer tes engrais, recotter et traiter te maTs etant du meme ordre de grandeur sur te ptan energetique que t'ethanot produit ! Le tres faible rendement des biocarburants de premiere generation dans les pays temperes n'a pas empeche l'Union europeenne de se fixer en 2006 un niveau d'incorporation de biocarburants dans les carburants routiers de 5,7 % pour 2010 et de 10 % pour 2020. Fixes com me tous les autres objectifs ecologiques de l'Union europeenne sans la moindre etude economique ou de faisabilite, ces taux d'incorporation n'ont aucune chance d'etre atteints et doivent d'autant plus 185 
CO 2 un my the planetaire etre remis en cause que chacun est maintenant conscient des consequences dramatiques qu' engendre la concurrence entre production alimentaire et production energetique. Com me c'est Ie cas pour beaucoup d'autres, la principale consequence de ces decisions europeennes est en definitive d' ordre financier. Ayant tente sans reflechir de suivre les injonctions rec;ues de BruxeUes, notre pays a ainsi decide de subventionner massivement la production de bioethanol sur notre territoire, et Ie cout correspondant a excede un mil- liard d' euros par an pour Ie budget, s'ajoutant a la longue litanie des depenses inutHes consenties dans Ie but iUusoire de «sauver la planete ». Ce n' est que tardivement que BruxeUes com me Paris ont revise leurs positions a la fin de 2008, reconnaissant ainsi les erreurs commises. La seconde generation Les vegetaux dont sont issus les biocarburants actuels n' ont pas ete selectionnes par nos ancetres pour propulser des vehicules. lis l' ont ete a des fins alimentaires, qu'il s'agisse des cereales, du tournesol, du colza ou des betteraves, et ne sont done nulle- ment optimises pour produire des carburants, ce qui explique les faibles rendements de la plupart d' entre eux lorsqu' on les utilise a cette fin. II en irait tout autrement avec des vegetaux selectionnes en vertu de leur capacite a la production massive de substituts au petrole, et c' est pourquoi beaucoup de recherches sont aujourd'hui en cours pour mettre au point ou meme creer des 186 
Les trois peurs plantes susceptibles de produire en grande quantite des biocar- burants dits de « seconde generation ». Les firmes qui ont investi dans ce domaine se comptent par dizaines sinon par centaines, et sont reparties sur tous les continents. Tant que les cours du petrole etaient stabilises a quelques dizaines de dollars par baril, Ie jeu n' en valait pas la chandelle. Mais tout change des lors qu'ils approchent ou, a fortiori, excedent 100 dollars, et Ie premier qui trouvera des vegetaux et des processus de traitement permettant de pro- duire des biocarburants en grande quantite a un prix inferieur a une centaine de dollars par baril est assure de faire fortune, sinon immediatement, du moins a moyen terme. s'agissant des produits de base, trois pistes de recherche sont actuellement explorees : les herbes, les arbres et les algues. Les deux premieres families de vegetaux fourniraient de ['ethanol convenant aux moteurs a essence, et les dernieres de I'huile convenant aux moteurs dieseL Quatre plantes herbacees font aujourd'hui I'objet du plus grand nombre de recherches: Ie sorgho, la canne a sucre, Ie swit- chgrass, grande herbe des prairies americaines, et Ie miscanthus dit « herbe a elephant ». Quant aux arbres, ce sont ('eucalyptus, Ie peuplier et les pins «radiata» et « taeda» (tobtotly) a la croissance exceptionnellement rapide qui portent les espoirs. s'agissant des procedes techniques susceptibles d' extraire Ie biocarburant de la plante sans que cela necessite des depenses 187 
CO 2 un my the planetaire et une consommation d'energie qui annuleraient les benefices de l' operation, plusieurs voies sont explorees. Certaines rele- vent de la thermochimie et consistent a transformer sous l'influence de la chaleur la biomasse, c' est-a-dire I' ensemble du vegetal, en gaz ou en Uquide. D'autres font appel a la biochimie, c'est-a-dire a des enzymes, avec pour objectif Ie fractionne- ment de l' ensemble des composants de la plante en glucose. Personne ne peut dire aujourd'hui si ces recherches aboutiront ni quando Mais avec les cours qu'a connus Ie petrole au debut de 2008, it n'y a aucune raison de ne pas etre optimiste puisque certains biocarburants sont deja rentables ou proches de I' etre avec les faibles productivites actuelles. Le prix de revient par titre n'excede pas des aujourd'hui 20 a 40 centimes d'euros pour I' ethanol a base de canne a sucre, et 50 a 70 pour Ie bio- diesel issu d'huiles vegetales. L'interet de la mise au point de plantes et de procedes a haut rendement serait double: prendre Ie relais des petroles conventionnels, mais aussi ne pas concurrencer les produc- tions agricoles a usage alimentaire. Une etude du ministere americain de I'Energie et de l' Agriculture 1 a ainsi mis en evi- dence qu'it devrait etre possibte de produire aux Etats-Unis 1,3 mittiord de tonnes de vegetaux a vocation energetique sans affecter to production atimentaire, et de fabriquer ators 350 mittiords de titres de biocarburants, permettant de cou- vrir 65 % de to consommation actuette de produits petro- 1. The Economist, 21 juin 2008, 188 
Les trois peurs tiers... et meme 100 % si tes Americains voutaient bien acheter des voitures ptus sobres. Meme si ce n' est pas pour demain, on ne voit pas pourquoi les perspectives lointaines devraient etre tres differentes pour la France en cas de succes des recherches. Avec les biocarburants, nous n'en sommes qu'au tout debut d'une page nouvelle de l'histoire energetique du globe pour laquelle iI est raisonnable d' etre optimiste. Meme si c' est sans enthousiasme, les automo- bilistes europeens acceptent bien quand c'est Ie cas de payer leur carburant 1,50 euro Ie litre a la pompe, ce qui correspond a 300 dollars Ie baril de petrole. Or iI ne fait guere de doute, avec de tels niveaux de prix, que les chercheurs mettront un jour au point des biocarburants de seconde generation rentables. si les biocarburants de seconde generation pouvaient offrir des rendements de 5 tonnes d'« equivalent petrole » a I'hectare, ce qui est I'objet des recherches en cours, 5 millions d'hectares, soit moins de 10 % du territoire de l'Hexagone, suffiraient a repondre aux besoins nationaux futurs. Certes, cela represente encore des superficies considerables, mais n'est plus completement impen- sable, surtout si I' operation peut s' envisager sur des terres qui ne sont pas aujourd'hui affectees a des cultures alimentaires. Le futur est deja la Mais peut-etre cherchons-nous tout simptement au mauvais endroit et ta sotution est-ette deja entre nos mains. Les potenti- atites des biocarburants n'ont en effet rien a voir seton qu'its proviennent des tropiques ou des pays temperes. La canne a 189 
CO 2 un my the planetaire sucre assure des aujourd'hui des rendements de quatre tonnes d'« equivalent petrole» a I'hectare, contre peniblement une tonne pour la betterave. 5' agissant d'huiles, la difference est plus forte encore. Les palmiers a huile permettent des produc- tions qui approchent parfois sept tonnes a I'hectare, soit dix fois plus que Ie colza de nos pays. Le Sahel commence pour sa part a cultiver a grande echelle une plante qui repond au nom de jatropha et qui peut produire deux tonnes a I'hectare sur des sols arides et impropres a toute autre culture. En resume, et comme il fallait s'y attendre, les rendements n'ont rien de com- parable si l' on considere les pays inondes de soleil et les natres. C'est pourquoi, face a I'inevitable epuisement du petrole, la solution de remplacement existe peut-etre deja, la canne a sucre et l'huile de palme en constituant les elements majeurs. Le Bresil produit deja a partir de la canne a sucre 25 millions de tonnes d' ethanol, soit l' equivalent de 19 millions de tonnes de petrole, et il Ie fait sur 7 millions d'hectares, c' est-a-dire 70 000 kilometres carres. Or, sans meme toucher a la foret amazonienne, Ie Bresil dispose de pres de 100 millions d'hecta- res de terres non exploitees auxquelles s'ajoutent 60 autres mil- lions d'hectares aujourd'hui utilises comme paturages extensifs. Avec un rendement de 4 tonnes d'« equivalent petrole» a l'hectare, susceptible d' etre ameliore par les recherches geneti- ques dont Ie Bresil s' est fait une specialite, il est facile de voir que la production du pays pourrait en cas de besoin atteindre ou exceder celie de l' Arabie Saoudite qui est de I' ordre de 500 millions de tonnes de petrole par an. 190 
Les trois peurs A I'autre bout du monde, c'est l'huile de palme qUI regne. L'lndonesie et la Malaisie sont en train de transformer leurs forets equatoriales en gigantesques plantations de palmiers a huile. Leur superficie atteint deja 4,3 millions d'hectares en Malaisie et il est question de porter ceUe-ci a 8 millions d'hec- tares, soit 80 000 kilometres carres, ce qui representait alors pres du quart d'un territoire national dont la surface avoisine 350 000 kilometres carres. Si ce pays a adopte cette politique, c' est qu' eUe est financierement rentable des que Ie cours du baril s' envole. Lorsque ces plantations produiront a plein rende- ment, eUes ne fourniront pas loin de 40 millions de tonnes d'huile de palme, produit susceptible d' alimenter apres trans- formation les moteurs dieseL Clin d' CEil de l'histoire, Rudolf Diesel avait d'ailleurs fait tourner en 1890 les premiers moteurs qui portent son nom avec des huiles vegetales et declare des 1912, de maniere premonitoire : « L'utilisation des huiles d' ori- gine vegetale pour les moteurs peut sembler negligeable aujourd'hui. Mais ces carburants pourraient etre a l'avenir aussi importants que Ie sont aujourd'hui Ie petrole et Ie charbon. » Si /'on se ptace maintenant au niveau de ta ptanete, te rempta- cement du petrote n'apparait done ptus comme une tache insurmontabte. Les terres emergees comptent 135 miUions de kilometres carres, et si 10 % de ceUes-ci pouvaient etre consa- crees a la production de carburant avec un rendement moyen de 5 tonnes d'« equivalent petrole » a I'hectare, un calcul sim- ple montre que la production annueUe mondiale excederait 6 milliards de tonnes par an, soit moitie plus que celie du petrole « naturel » actueL A titre anecdotique, on peut obser- 191 
CO 2 un my the planetai re ver que notre Guyane, avec ses 90 000 kilometres carres, pour- rait no us assurer I'autosuffisance en carburant. Nul ne peut dire si ['affectation des terres tropicales ou equato- riales aujourd'hui inexploitees apportera la solution quand Ie petrole sera epuise. Peut-etre n' est-ce pas souhaitable. Peut- etre nos successeurs auront-ils trouve autre chose. Mais iI est rassurant de savoir qu'il existe a tout Ie moins une solution a notre portee. Ce n'est pas par hasard que Ie milliardaire George Soros a decide d'investir un milliard de dollars dans la fabrica- tion d' ethanol de canne a sucre au Bresil, et si la plus grande usine de biodiesel au monde est en construction a singapour pour transformer en carburant l'huHe de palme produite en Malai- sie et en Indonesie, meme s'il est vrai que la chute du cours du petrole en reportera a plus long terme la rentabilite. L' electricite pour taus Pour un quart de I'humanite, soit 1,6 milliard d' etres humains, ta preoccupation premiere n'est pas de savoir s'H y aura assez de car- burant pour des vehicules qu'Hs n'ont pas, mais simplement quand ils pourront avoir acces a l' electricite. D'autres, plus nombreux encore, n' ont aujourd'hui a leur disposition que des puissances electriques tres limitees, sinon aleatoires. Pour nous, habitants des pays developpes, les bienfaits de l' electricite font partie des acquis qui vont de soi comme I'eau que I'on boit ou ('air qu'on res- pire. Nous avons oublie l' extraordinaire revolution qu' ont consti- tue Ie fait de pouvoir s' eclairer en pleine nuit, la possibilite de 192 
Les trois peurs faire cuire ses aliments ou de fa ire fonctionner les multiples appa- reils qui simplifient les taches quotidiennes et, plus recemment, celie de communiquer avec Ie monde entier grace aux progres de I'informatique, sans omettre enfin Ie bouleversement de la vie apporte dans les pays tropicaux par I'air conditionne. Comme chacun Ie sait, une electricite abondante est de surcroit indispensable a toute activite industrielle. Lenine ne deciarait-il pas que « Ie communisme, c' est les Soviets plus I' electricite » ? Sans electricite, Ie developpement economique est impossible et la qualite de vie d'une extreme mediocrite quand la sante elle-meme ne se trouve pas mise en danger. selon la Banque mon- diale, 500 000 Indiens, Ie plus souvent des femmes et des enfants, meurent chaque an nee de cancers parce qu'ils respirent en permanence dans leur piece unique les emanations de foyers alimentes en bois ou en charbon qui leur servent a la fois a se chauffer et a faire cuire les aliments. On comprend done que les pays en voie de developpement placent en tete de leurs priorites, avant toute autre chose, la production d' electricite en grande quantite et sa diffusion sur I' ensemble de leur territoire. C'est ce qu'a compris et mis en CEuvre la Chine au cours des annees recentes quand elle s' est engagee dans un gigantesque programme d'equipement sans lequel son developpement recent n'aurait pu avoir lieu. Les chiffres donnent en effet Ie vertige. La Republique populaire a adopte un plan visant a mettre en service chaque semaine pendant vingt ans une centrate au charbon de 1 000 megawatts, c'est-a-dire d'une puissance digne d'une tranche nucleaire afin que, chaque annee, elle puisse disposer 193 
CO 2 un my the planetaire d'un supplement de 52 000 megawatts, equivalant a 40 tranches nucleaires de 1 300 megawatts. En rea lite, elle a fait plus encore puisque la puissance supplementaire creee a ete de 50 000 megawatts en 2004, 70 000 en 2005, et 102 000 en 2006, soit plus au cours de cette seule an nee que la totaUte de la puis- sance installee depuis plus d'un siecle dans notre pays qui dispose pourtant d'un pare de centrales qui fait reference en Europe 1 Dans ces conditions, il ne faut pas s'etonner que la consomma- tion de charbon chinoise ait double de 2000 a 2006 et repre- sente desormais 40 % de celle de la planete. II ne faut pas s'etonner non plus que Ie resultat ait ete a la hauteur des efforts et que r electrification de la Chine ait pu etre qualifiee par I' Agence internationale de I' energie de « success story» sans equivalent a ce jour ni probablement jamais 1 . En 1990, la majo- rite des Chinois vivait encore sans electricite. En 2005, Ie taux de raccordement atteignait 99 %, meme s'iI est vrai que la puis- sance disponible etait parfois encore modeste. A titre de com- paraison, ce taux n'est que de 62 % en Inde ou la population non encore desservie excede 400 millions d'habitants. II faut dire que la coherence de la politique de developpement de la Chine decoule du fait que tous ses cadres dirigeants sont des ingenieurs, a commencer par Ie president de la Republique et Ie Premier ministre. L'une des caracteristiques remarquables de ce qui constitue, avec la construction de son reseau autoroutier, I'une des deux 1. World Energy Outlook 2007. 194 
Les trois peurs bases de I' expansion chinoise recente tient au fait que ce gigan- tesque effort a ete accompli pour I' essentiel sans recours a I' etranger. Centrales, turbines, reseaux a haute et basse tensions, appareHs electriques, moteurs divers, ampoules eUes-memes, tout ou presque a ete fabrique en Chine. Cet effort sans precedent repose presque exclusivement sur Ie charbon puisque les centrales qui y ont recours fournissent plus de 85 % de I' electricite chinoise, avec les consequences que I' on connait sur les rejets mondiaux de gaz a effet de serre. Plus de la moitie de I'accroissement des emissions planetaires de CO 2 enregistre au cours de la decennie ecoulee est imputable aux seules centrales electriques chi noises a charbon 1 Une question vient alors a ['esprit. Pourquoi ta Chine, t'lnde, t'lndonesie, te Vietnam, te Bresit et tes autres ont-its tous recours a une energie si pottuante pour produire teur cou- rant? La reponse est simpte: its n'ont aujourd'hui pas te choix. Certes, les barrages peuvent produire de (' electricite sans provoquer aucun rejet dans I'atmosphere. Mais les sites potentiels sont limites. Le fameux ouvrage chinois des Trois Gorges lui-meme, pourtant Ie plus puissant au monde a ce jour, ne fournit que quelques pour cent de (' electricite dont Ie pays a besoin. A puissance egale, Ie nucleaire necessite pour sa part des inves- tissements doubles au moins de ceux que requierent les centra- les a charbon, et triples de ceux des turbines de gaz. De surcroit, les delais de construction sont deux fois plus longs, et 195 
CO 2 un my the planetaire apres trois decennies d'interruption, la nouvelle generation des centrales nucleaires commence seulement a voir Ie jour. si I' on ajoute que la Chine et I'lnde disposent sur leur territoire de reserves de charbon relativement abondantes, avec respecti- vement 114 et 56 milliards de tonnes selon les donnees officieHes sur un total mondial de 850 milliards, on comprend que ces deux pays, et bien d' autres, aient tout mise ou presque sur cette res- source facilement accessible et relativement bon marche pour produire I' electricite indispensable au developpement de leur economie et a la sortie de la pauvrete de leur population. Une remarque toutefois s'impose pour moderer Ie propos: iI ne faut pas escompter que les reserves de charbon puissent durer tres longtemps au rythme OU se developpe la consommation de ces pays. Des a present, des pays comme la Chine et I'lnde sont devenus importateurs, en provenance notamment d' Australie et d'indonesie. Et I' ete 2008 a connu en Chine les premieres diffi- cultes d'approvisionnement, les stocks etant au plus bas. La decision recente d'accroitre la production nationale de charbon de 30 % d'ici 2015 reduira encore la duree de vie des gisements. Est-it alors possible d' envisager d'autres solutions pour I'avenir ? Le mirage des sources alternatives Les energies renouvelables autres que I'hydraulique suscitent parfois beaucoup d' espoir. Mais, pour les raisons deja decrites et qu'iI faut rapidement rappeller, elles connaissent de telles limitations qu' elles ne peuvent aujourd'hui jouer qu'un role tres restreint. 196 
Les trois peurs Comme Ie montrera Ie chapitre suivant de ce livre, il en va ainsi des eoliennes qui ne peuvent utitement fonctionner qu'un quart du temps environ, c' est-a-dire lorsque Ie vent souffle suffisamment, mais pas trop fort. C' est pourquoi i I faut, si I' on peut dire, les « completer» les trois quarts du temps par une autre source de production d'electricite, ce qui reduit a peu de chose leur utitite. Pour remedier a ce handicap majeur, it faudrait pouvoir disposer de solutions techniques permettant de stocker directement ou indirectement I'electri- cite produite quand Ie vent souffle pour la restituer quand ce n' est pas Ie cas. Au Quebec par exemple, iI suffirait, lorsque les eoliennes tournent, de freiner la production d' electricite par les nombreux barrages que compte la « belle province », et de reserver I' eau ainsi epargnee pour les periodes depour- vues de vent. On peut imaginer dans un futur lointain que d'autres pays se dotent a grande echelle, dans Ie meme but, de reservoirs artificiels situes a quelques dizaines ou centaines de metres d' altitude, OU I' eau de mer ou de riviere serait refoulee quand Ie vent souffle afin que I' energie soit restituee en fonction des besoins. Mais it s'agit la pour l'instant de reve plut6t que de realite. Quant a I' electricite d' origine solaire, tout dependra de son cout de revient futuro Pour l'instant, celui-ci est extremement eleve et les solutions techniques existantes ne sont competiti- yes que pour des installations isolees qu'it serait trop couteux de desservir par un reseau electrique general. 197 
CO 2 un my the planetaire Au-dela de ces solutions actuellement marginales, seul Ie nucleaire apparait comme etant une valeur sure pour produire massivement du courant. C'est bien pourquoi la Chine a com- mande aupres des fournisseurs occidentaux et russes quelques reacteurs de chaque modele pour en maitriser la technologie en vue de la copier ensuite, car it s'agit la d'une energie prati- quement inepuisable. II faut savoir que les reacteurs actuels utilisent seulement ceUe qui provient de la fission induite par des neutrons thermiques (neutrons lents) et consomment essentiellement de ('uranium 235, de teUe sorte qu'ils ne recu- perent qu'environ 0,6 % de I'energie potentieUement conte- nue dans ('uranium naturel. Mais a plus long terme, des reacteurs a neutrons rapides utilisant ('uranium 238 verront Ie jour (generation IV). Fonctionnant en «surgenerateurs », i Is recupereront alors de 70 a 90 % de (' energie de ('uranium ini- tial et non plus 0,6 %. Les ressources d'uranium se trouveront ators muttiptiees de fait par un facteur d'au moins cinquante par rapport a ta situation actuette. L'investissement necessaire pour un reacteur a neutrons rapides (RNR) sera sans doute plus eleve que pour un reacteur actuel a eau pressurisee, mais Ie cout du kWh produit sera alors independant du prix de I'uranium naturel. Nombre de problemes techniques restent a etudier et la fiabilite de la filiere devra etre demontree avant un deploiement industriel a grande echeUe, sans doute au milieu du siecle actuel. Lorsque ce sera Ie cas, ('uranium deviendra alors une ressource pratiquement inepuisable a I'echelle humaine. On comprend alors d'autant moins ('opposition des ecologistes au nucleaire que ceux-ci rejettent egalement les centrales a 198 
Les trois peurs charbon, et que ce sont les deux seules solutions realistes pour produire massivement I' electricite. La gran de peur climatique II reste la troisieme grande peur de ce debut de siecle, ceUe qui hante les esprits de nos compatriotes car eUe leur est sans cesse ressassee, et que quelques questions lancinantes peuvent resumer. Le climat va-t-il changer? QueUes en seront les conse- quences pour nous et pour les autres habitants de la planete ? Que devons-nous faire ? Comme nous I'avons vu, la reponse a la premiere de ces questions ne fait pas de doute. Oui, Ie climat va changer au cours des decen- nies a venir, ainsi qu'ill'a toujours fait sur la Terre comme sur les aut res planetes, les periodes de refroidissement et de rechauffe- ment se succedant sans que les climatologues soient aujourd'hui d' accord sur les causes de ces fluctuations. Ainsi que nous (' avons vu egalement, iI est tres peu probable que Ie gaz carbonique y soit pour quelque chose puisqu'iI n'y a pas de lien visible entre (' evolu- tion de sa concentration dans ('atmosphere et les fluctuations de la temperature moyenne du globe. Rien ne peut done etre exclu pour I'avenir, et pas meme I'hypothese de nouveaux episodes de refroidissement puisque la temperature de la planete ne s'accroit plus depuis I'an 2000. II faut done rester modeste, et ceux qui font des previsions alarmantes sur ('evolution du climat d'ici a la fin du XXl e siecle ne doivent pas etre pris au serieux. De surcroit, meme si elles se realisaient, I'humanite saurait y faire face en mettant a 199 
CO 2 un my the planetaire profit les potentialites du progres technique pour faire face aux variations climatiques. II en est ainsi de I' elevation possible du niveau de la mer, dont Ie Giec no us a dit qu' eUe pourrait atteindre 30 centimetres en un siecle. II va de soi que si cette prevision vena it a se realiser, nous n'aurions rien a craindre. Le niveau de la mer a toujours varie, et dans des proportions infiniment plus importantes. A l' epoque des croisades, Saint Louis embarqua pour la Palestine a Aigues-Mortes, ville dont Ie nom actuel indique clairement qu' eUe est desormais situee a I'interieur des terres. si I' on remonte a quelques miUenaires en arriere, c'etait bien autre chose. II y a douze mille ans, la Manche n' existait pas. La Grande-Bretagne et la France etaient reunies par un isthme qui aurait change Ie cours de I'histoire du monde s'iI avait subsiste. Quel incroyable bouleversement, auquel I'homme etait evidem- ment etranger, dut-il se produire iI y a doule mille ans pour que la glace qui recouvrait alors la moitie nord de I'Europe et de I'Amerique fonde, et que Ie niveau des mers s'eleve de 100 metres en quetques siectes ? Notre rechauffement est a cote une aimable plaisanterie. Au plus fort du dernier age polaire, la calotte glaciaire ne recouvrait-elle pas 28 millions de kilometres carres, soit quatorze fois la superficie du Groenland actuel ? De multiples preuves des amples fluctuations passees du niveau des mers existent partout de par Ie monde en regard desquelles une elevation de 30 centimetres est insignifiante. si celle-ci survient, il suffira de surelever les digues existantes de la hauteur correspondante, ou de les construire si eHes 200 
Les trois peurs n' existent pas. Quelles que soient les circonstances, la crea- tion de digues pour proteger les zones cotieres situees au voi- sinage du niveau de la mer s'imposera d'ailleurs en de nombreux endroits du monde. Les Pays-Bas dont une partie du territoire est situee en dessous du niveau de la mer du Nord ont montre de longue date comment securiser les regions menacees, et, grace aux moyens techniques modernes, c'est la solution qui commence a etre mise en CEuvre en d'autres endroits du globe, tels que Ie Bangladesh, ou les iles Maldives qui accroissent meme a cette occasion leur territoire. Que les digues dont la construction sera de toute fac;on necessaire pour proteger les zones menacees par les marees, les tempetes ou les cyclones aient 30 centimetres de hauteur de plus ou de moins ne changera rien a I'affaire. Comme nous I'evoquions dans Ie premier chapitre, ce n'est que dans ('hypothese evoquee par certains, tel James Hansen, d'un relevement de plusieurs metres du niveau des mers et des oceans que les choses deviendraient plus serieuses. Mais cette hypothese n'est pas retenue par les experts des Nations unies qui ne sont pourtant guere enclins a I'optimisme. Meme si elle surve- nait, tout conduit a penser que l'humanite saurait progressive- ment y faire face d'ici a la fin du siecle au fur et a mesure des besoins, par la mise en CEuvre d'un programme mondial de tra- vaux publics destines a proteger tout ou partie des zones basses du globe, et tout d'abord les viUes qui y sont implantees, comme I' ont deja fait les Neerlandais. Mais, i I faut Ie repeter, cette hypo- these extreme est exclue par la grande majorite des scientifiques. 201 
CO 2 un my the planetai re Deux autres consequences souvent evoquees du changement en cours de la composition de l'atmosphere meritent en revan- che de retenir l'attention : l'elevation possible des temperatu- res, et l'accroissement eventuel du nombre et de la gravite des cyclones, ouragans, et autres manifestations climatiques d' exception. Le my the des refugies climatiques Com me on Ie sait, les modeles des experts reunis sous I'egide des Nations unies indiquent que la temperature moyenne du globe pourrait s'accroitre de 2 a 3 degres au cours du siecle en cours. Certes, it ne s'agit aucunement de certitude puisque ces modeles reposent sur un postulat infonde, mais l'hypothese merite d' etre prise en compte. En resulterait-il pour autant une catastrophe comme beaucoup Ie laissent entendre? Le moins que l' on puisse dire, c' est qu'iI n'y a la rien d' evident tant la capacite d'adaptation de l'espece humaine est remar- quable, contrairement a celie des autres composantes du monde vegetal ou animaL II y a de longue date des hommes qui vivent a Abidjan (temperature moyenne 29 degres) et d'autres a Stockholm (temperature moyenne 6 degres), sans me me parler des Esquimaux qui connaissent des circonstances climatiques plus rudes encore. Au sein d'un meme pays, les differences peu- vent etre considerables. Chicago est en moyenne plus froid que Houston d'une dizaine de degres. Le climat des contreforts de l'Himalaya n'a rien a voir avec celui du sud de l'lnde. En France meme, comme I'a rappele avec humour Ie film Bienvenue chez tes Ch'tis, Ie climat n'est pas Ie meme sur les bords de la Medi- 202 
Les trois peurs terranee et sur les rivages de la mer du Nord et la difference des temperatures moyennes entre les deux extremites de l'Hexagone depasse plusieurs degres. Pourtant, personne n'a jamais entendu dire que les habitants du sud des Etats-Unis, de l'lnde, ou de la France, aient envahi Ie nord de leur pays respectif, ou l'inverse. Lorsqu'iI y a des migra- tions, celles-ci sont dues a bien d'autres causes 1 La notion de « refugies climatiques» est pourtant desormais presente dans de multiples rapports officiels, a commencer par ceux des Nations unies. Ales croire, les pays developpes seraient pro- chainement menaces par l'arrivee de centaines de millions de «refugies climatiques », comme s'il etait possible de classer ceux qui cherchent a fuir la misere de leur pays en deux catego- ries : les climatiques et ceux qui ne Ie sont pas! Ce n' est pas la difference de climat qui engendre les flux de Mexicains vers les Etats-Unis, ou d' Africains vers I'Europe, mais Ie sous-developpement et la pauvrete. Et c' est en luttant contre ceux-ci dans leur pays d' origine, quels que soient les eventuels changements du climat, que ces flux seront a terme taris. Fort heureusement, Ie developpement de la planete a un rythme accelere depuis de nombreuses annees montre qu'il ne s'agit pas la d'un objectif inaccessible, meme s'il est clair qu'il sera plus long et plus difficile a atteindre dans certaines parties du globe que dans d' autres, surtout lorsque la natalite n' est pas encore maitrisee. Certes, l' evolution est Ie plus souvent tres rapide dans ce domaine, et l' on assiste a un veritable effondre- ment des naissances dans les pays emergents lorsqu'ils sortent de la pauvrete. Qui sait que les Tunisiennes, les Algeriennes et 203 
CO 2 un my the planetaire les Marocaines ont desormais moins d'enfants que les Franc;ai- ses, alors qu' elles en comptaient six en moyenne il y a peu ? La Coree du Sud, Taiwan, Singapour, ['Iran meme tentent aujourd'hui sans succes d'inciter leurs habitantes a avoir plus d' enfants. Malheureusement i I y a des exceptions, et tout parti- culierement en Afrique subsaharienne ou la decroissance de la natalite est a peine entamee, puisque les femmes ont encore six enfants ou plus, ce qui est Ie principal obstacle a la sortie de la pauvrete des 200 millions d'habitants qu'y comptent notam- ment les pays francophones. C'est la Ie vrai probleme auquel il faudrait s' attaquer. II faut ajouter que les pays developpes, ayant compris qu'ils ne pouvaient « accueiUir to ute la misere du monde », met- tent progressivement en place des mecanismes de contrale de ('immigration clandestine de plus en plus efficaces, qui rendent physiquement irrealiste I'hypothese de leur envahis- sement par des flux incontralables de «centaines de mil- lions de refugies climatiques». C' est notamment ainsi que vient de proceder ('Union europeenne a ('instigation de la France. Ceux qui habitent dans les regions desheritees de la planete reste- ront done sur place pour la plupart et, comme ill'a toujours fait, l'homme s'adaptera aux temperatures futures, fussent-elles plus elevees de quelques degres que dans Ie passe. C' est done a com- battre la misere et a favoriser Ie developpement des plus pauvres que les pays riches devraient affecter les sommes considerables qu'ils gaspillent aujourd'hui dans Ie but illusoire de « sauver la pla- nete ». 204 
Les trois peurs Les cyclones Mais les consequences possibles de la modification de I'atmos- phere ne sont pas limitees a l' elevation des temperatures. Faut-il, comme beaucoup l'apprehendent, s'attendre a la multi- plication des phenomenes atmospheriques tels que les tempe- tes, tornades ou cyclones qui ravagent periodiquement certaines parties de la planete ? Sur ce point, Ie Giec constate que les cyclones tropicaux ne sont pas plus nombreux qu' autrefois, « mais pourraient etre plus graves ». Dans ce domaine comme dans bien d'autres, les faits ne confirment heureusement pas ces declarations, comme Ie montrent les releves de l'universite de Floride qui fait reference (figure G). Tempetes, tornades ou cyclones ont eu lieu de tout temps et n'ont rien de nouveau. II s'en produit en moyenne 90 par an sur Ie globe. Les chroniques relatent qu'un ouragan d'une extreme violence laissa derriere lui 8 000 morts en Angleterre en 1703. En 1881, un cyclone ravage a Ie Vietnam au prix de 300 000 victimes. L'lnde fut frappee a de multiples reprises au cours des siecles, avec a chaque fois des dizaines de miUiers de morts. II y a pire. En 1932, des pluies diluviennes firent sortir de leur lit les trois grands fleuves de Chine, et Ie total des disparus fut estime a 3 millions sans que personne ait jamais pu etre plus precis. Plus pres de nous, chacun se souvient des evenements dramatiques qui frapperent la Birmanie en 2008 et dont Ie bilan a excede 100 000 morts. 205 
CO 2 un my the planetaire FIGURE G 41 Evolution de I'activite des cyclones tropicaux Indice 800 - - - - - - - -  880 1 200 o 181 Annees 400 190 100 108 Indice ACE: Universite de Floride. L'organisme qui fait reference pour l'activite des cyclones tropicaux est l'universite de l'Etat de Floride, et plus precisement son « Center for Ocean-Atmospheric Prediction Studies» (COAPS) . L'universite de Floride suit depuis 1981 un indice representatif de l'activite des cyclones, intitule « Accumulated Cyclone Energy» (ACE), qui prend en compte Ie nombre, la force et la duree de tous les orages tropicaux, hurricanes, typhons et cyclones qui se produisent dans l'hemisphere Nord. Les fluctuations de cet indice ne mettent en evidence aucune aggravation des phenomenes. Bien au contraire, les annees 2007 et 2008 ont ete les plus inactives jamais enregistrees depuis Ie calcul de l'indice, 206 
Les trois peurs Cette liste interminable ne pourrait que conduire au pessi- misme si deux circonstances nouvelles, fruits du progres techni- que, n'etaient en train de bouleverser la donne. Chaque saison ou presque, les medias relatent la noria plus ou moins intense des cyclones tropicaux qui parcourent Ie golfe du Mexique et qui, certaines annees, sont d'une extreme vio- lence. Mais jamais Ie nombre de leurs victimes n'a ete aussi fai- ble. Alors qu' elles se comptaient autrefois par dizaines de milliers, iI n' en est plus rien, et ce constat n' est pas circonscrit a cette seule region. En 2006, un cyclone d'une force inou'ie, voi- sine de celie de 1881, traversa Ie Vietnam en son milieu, occa- sionnant des degats materiels considerables. Mais il n'y eut pratiquement pas de morts a deplorer et nous n' en avons pas entendu parler. C'est que les satellites meteorologiques ont tout change. Preve- nues plusieurs jours a I'avance, les populations sont desormais en mesure de prendre les precautions necessaires, consolider les constructions et surtout se mettre a l'abri. Elles peuvent d'autant plus se proteger que l'elevation de leur niveau de vie rend possible la mise en CEuvre de mesures qui n'etaient pas envisageables auparavant. C' est ainsi que les villageois du Bangladesh batissent des colUnes artificielles sur lesquelles la population peut se refugier en cas de necessite. Le recours au beton arme permet pour sa part la construction de batiments aptes a resister aux vents les plus violents- et aux pluies qui les accompagnent. 207 
CO 2 un my the planetaire Les choses vont plus loin encore aux Etats-Unis, ou ('impor- tance du pare automobile permet d' evacuer en quelques dizai- nes d'heures des centaines de milliers sinon des millions de personnes pour les eloigner des zones susceptibles d' etre frap- pees. Les pertes en vies humaines se comptent alors sur les doigts d'une ou deux mains. La seule exception recente fut imputable a (' ouragan Katrina qui fit plus d'un millier de victi- mes en 2005. Mais si la Nouvelle Orleans fut inondee, c'est ('imperitie des autorites locales qui n'avaient pas entretenu les digues de protection de la ville qui en fut la cause, et non pas Ie cyclone lui-meme. Partout dans Ie monde, les victimes des cyclones deviennent ('exception quand deux conditions sont remplies. Les popula- tions menacees doivent tout d'abord etre correctement infor- mees. La chose peut paraitre aller de soi, et elle ('est fort heureusement de plus en plus a ('ere de la diffusion de la tele- vision, de la radio et peut-etre plus encore du telephone porta- ble. Si les evenements recemment survenus en Birmanie ont eu des consequences aussi terribles, c' est parce que ce pays est ('une des dictatures les plus retrogrades de notre epoque, qui n'a rien fait pour prevenir les habitants de la puissance et de la gravite du cyclone qui allait les frapper. Le bilan aurait ete mineur s'il s'etait agi d'une democratie, ou meme d'un pays sou- cieux de la vie de ses habitants tel que la Chine. Mais, meme si c' est (' essentiel, informer ne suffit pas, comme Ha'iti vient d' en apporter la preuve lorsque (,ile fut frappee a trois reprises en 2008 par des cyclones ravageurs qui laisserent derriere eux des centaines de morts. L' extreme pauvrete de ce 208 
Les trois peurs pays desherite ne lui a pas permis de prendre jusqu'a present les mesures de protection qu'ont mises en CEuvre les autres lies des Cara'ibes et qui permettent aces dernieres d'affronter sans pertes humaines notables les phenomenes meteorologiques violents qui ont de tout temps frappe Ie golfe du Mexique. Mais au total, te sens de I'evotution ne fait aucun doute. Les cyctones, tornades et autres ouragans tropicaux ne feront a t'avenir ptus de victimes ou presque, et tes grands desastres seront de ce point de vue de ptus en ptus rares, meme si teur cout materiet pourra s'accroitre. II n'existe done pas de motif de voir de ce point de vue l'avenir en noire sous ses divers aspects, Ie progres continuera a faire CEuvre utile, et c' est a l'accelerer et a Ie diffuser que nous devrions nous consacrer. Prevention au adaptation? Que faut-il done faire? Puisqu'iI est illusoire d'escompter influer sur les emissions de gaz a effet de serre qui decoulent des activites humaines et encore moins sur les eventuels chan- gements climatiques de la planete, la solidarite humaine com- mande de chercher a limiter les consequences de ces derniers. Nul ne peut dire en effet que des modifications du climat ne se produiront pas au cours du xx( siecle puisqu' elles ont toujours existe au cours des temps. En d'autres termes, puisque la pre- vention de phenomenes que nous ne pouvons maitriser est 209 . 
CO 2 un my the planetaire exclue, aidons ceux qui pourraient en etre victimes a s' en pre- munir par des politiques d'adaptation aux risques potentiels. Face a la secheresse, construisons des puits, developpons l'irri- gation et mettons au point des semences adaptees au manque d' eau. Face aux risques d'inondations, construisons des barrages. Face aux dangers des cyclones, developpons l'alerte aux popu- lations et construisons des refuges. Les besoins d'une politique coherente d'adaptation aux risques cli- matiques ont ete evalues a l'echelle du globe a des dizaines de mil- liards de dollars par an par la Banque mondiale ou par les Nations unies, les estimations tournant autour d'une moyenne de I'ordre de 50 milliards 1 . Un tel montant parait evidemment considerable. Mais a bien y reflechir, ill' est beaucoup moins que les centaines de mil- liards depenses aujourd'hui en pure perte par les pays riches dans I'illusion de reduire les emissions planetaires de gaz a effet de serre. Personne n'imagine cependant qu'une telle masse d'argent puisse etre degagee d'un seul coup, et ce n'est que progressive- ment qu'il faudrait alimenter un «fonds mondial d'adaptation aux changements climatiques », que ces derniers soient d'ori- gine humaine ou non. Un premier dispositif de cette nature a ete recemment cree par les Nations unies, mais il a ete dote de 300 millions de dollars, dont 10 % seulement ont ete depenses, chiffres derisoires s'il en est. Face a une teUe situation, la Chine a suggere que les pays riches affectent 0,5 % de leur PIB a l'adaptation des pays pau- 1. The Economist, 13 septembre 2008, 210 
Les trois peurs vres aux risques decoulant des changements climatiques, ce qui representerait une centaine de milliards de dollars par an. Ne revons pas. Un tel montant est inenvisageable, ne serait-ce que parce qu'il serait difficile, sinon impossible, de distinguer au sein des actions de lutte contre la pauvrete celles qui auraient pour objet ['adaptation aux changements climatiques et les autres. La plupart des depenses d'« adaptation aux risques cli- matiques» devraient aller en direction de ce que les pays concernes doivent faire en tout etat de cause, qu'il y ait chan- gement climatique ou non: travaux d'irrigation, construction de digues, mise au point de semences resistant a la secheresse, etc. Autrement dit, consacrer de ['argent a ['adaptation aux even- tuels changements climatiques reviendrait en definitive a accroitre ['aide au tiers-monde, et I' on sait combien celle-ci est parcimonieuse. Le paradoxe veut que les pays riches soient capables de depenser aujourd'hui en pure perte des centaines de milliards de dollars par an au nom d'une hypothetique reduction des emissions de gaz a effet de serre d' origine humaine, mais qu'il ne faille pas se nourrir d'illusions sur leur capacite a degager des sommes significatives - mais bien moin- dres - pour aider les pays pauvres a s'adapter aux consequen- ces des changements climatiques possibles. Le paradoxe n' est qu'apparent. Dans Ie premier cas, les depenses sont effectuees chez ceux qui les financent, et les puissants lobbies qui y ont interet ont convaincu I' opinion et les dirigeants qu'il fallait y consentir pour « sauver la planete », alors que la seule maniere de sauver, non pas la planete, mais ceux qui l'habitent, consiste 211 
CO 2 un my the planetaire a aider les plus demunis d' entre eux a sortir de la pauvrete. Qu' on Ie fasse alors au nom de la lutte contre les risques clima- tiques ou dans. Ie cadre d'une action generale en faveur du tiers-monde est d'une importance tres secondaire. Ce qui vaut pour les pays I' est tout autant pour les individus. La plupart de ceux qui souhaitent agir pour ameliorer Ie sort du globe sont sinceres et veulent a coup sur aider ses habitants actuels ou futurs a connaitre une vie meilleure. si tel est bien leur but, ils ont a leur disposition de multiples moyens d'agir en aidant les nombreuses fondations qui se con sac rent a l'amelio- ration du sort des plus demunis. A son echelle, c' est ce que fait Bill Gates. II ne cherche pas a «sauver la planete », mais les enfants qui y habitent. Son immense fortune, renforcee par celie de Warren Buffett, est en grande partie consacree a gene- raliser la vaccination des enfants du tiers-monde, avec des resultats stupefiants. Le nombre de ceux qui mouraient avant l'age de cinq ans s' elevait il y a peu au total effroyable de 12 millions chaque annee. En 2006, il est passe pour la premiere fois sous la barre de 10 millions, avec un total de 9 700 000 environ. Pour 2007, les Nations unies viennent d'annoncer une nouvelle decroissance, Ie bilan s'etablissant a 9 300 000. Autre- ment dit, et quelle que soit I'ampleur insupportable de tels chiffres avec ce qu'ils supposent de douleur pour les meres et les peres, les progres sont fulgurants. Si quelqu'un merite un prix Nobel de la paix, c' est sans nul doute Ie milliardaire ameri- cain, et non I'imposteur du meme pays qui I'a recemment rec;u. 
Chapitre IV La decroissance verte Dans un petit livre celebre outre-Atlantique, intitule Economics in one tesson, Ie journaliste economique Henry Hazlitt a defini ce qui lui paraissait etre la source majeure des dysfonction- nements du monde moderne. Cette « lec;on d' economie » tient en deux paragraphes : « A tors que certaines potitiques pubtiques beneficient 0 tous, d'autres ne beneficient qua un seut groupe au detriment de tous tes autres. Le groupe beneficiaire ayant un interet direct o teur maintien ptaidera pour elles avec des arguments ptau- sibtes et de maniere persistante. /I recrutera tes mei/teurs esprits afin qu'its se consacrent 0 ptein temps 0 defendre sa cause. Et i/ reussira finatement 0 convaincre I'opinion que sa cause est bonne, ou 0 rendre tes choses si confuses qu'i/ deviendra pratiquement impossibte 0 quiconque d'avoir des idees ctaires sur te sujet » La citation est americaine, mais trois exemples montrent a quel point, plus que partout ailleurs, les groupes de pression ont pris Ie pouvoir dans notre pays car nos pouvoirs publics n' ont pas su s' organiser pour leur faire face. 213 
CO 2 un my the planetaire '" Eoliennes, la grande arnaque selon la legende, ('Ouest americain etait autrefois parcouru de chasseurs de primes. C' est desormais la France qui est sillonnee de chasseurs d'un tout autre genre. Ceux-ci ne font pas metier de la poursuite de bandits, mais de signatures. Le jeu consiste a obtenir de la part des 36 000 maires que compte notre pays I'autorisation de construire des eoliennes sur leur territoire. La recherche est sans aucun risque, Ie profit est garanti par I'Etat et paye par EDF, et la recompense d'une ampleur a laquelle n'auraient jamais ose rever les desperados du Far West. Une transaction a defraye la chronique financiere a la fin de 2007. Le groupe Suez a rachete 50,1 % de la Compagnie du Vent pour un montant de 321 millions d'euros, valorisant cette entre- prise a quelque 640 millions d' euros. Ce serait la une transac- tion banale, si la Compagnie du Vent, specialisee dans la promotion d'eoliennes, n'avait ete alors une PME de 60 salaries dont Ie chiffre d'affaires n' excedait pas 11 millions! Bien entendu, ce n' est pas I' activite de I' entreprise a I' epoque qui a pu justifier un seul instant Ie montant mirobolant paye par Suez. Ce que celui-ci a valorise a un tel niveau, c' est Ie porte- feuille des accords obtenus aupres de maires ruraux par Ie pro- moteur et fondateur de la Compagnie du Vent, un certain Jean- Michel Germa. Le nombre de signatures recueillies par ('interesse est confiden- tiel, mais la presse s' accorde generalement a estimer que les 214 
La decro;ssance verte accords obtenus portent sur un total de 2 000 megawatts, ce qui valorise chaque megawatt a plus de 300 000 euros. Une « ferme » eolienne (belle appellation qui temoigne de ['art eco- logiste de la communication) comprend d'habitude de 6 a 10 eoliennes, et sa puissance totale varie de 12 a 30 megawatts. Le calcul est done vite fait. La valeur de chaque signature obtenue au pres d'un maire varie de plus de 3 mil- lions d'euros pour les projets .. modestes .. a pres de 10 mil- lions pour les plus grands, Ie tout en toute legalite et sans Ie moindre risque. On comprend que les « chasseurs de signatures» se comptent desormais a foison, et que I' on commence a parler des fortunes ainsi baties en quelques annees, pour ne pas dire en quelques mois. Le magazine Chattenges cite ainsi M. Paris Mouratoglou, desormais 56 e fortune nationale, dont Ie portefeuille atteint 683 millions d' euros, M. Franc;ois Pelissier, qui s' est lance dans Ie « business» eolien iI y a quatre ans seulement et dont la fortune atteindrait a ce jour 125 millions, etc. Tous jusqu'alors d'Hlustres inconnus, dont les gains outrepassent aujourd'hui, dans des proportions qui defient ['imagination, les salaires et les stock-options des dirigeants de nos grandes entreprises. Rien a voir avec les parachutes dores de quelques pauvres millions de dollars qui focalisent aujourd'hui les reprobations et defraient la chronique. Par dizaines voire par centaines, pharmaciens, dentistes, ingenieurs, artisans, agriculteurs, etc., ont tout aban- donne pour participer a cette ruee vers I' or « des temps moder- nes », et on les comprend. Comme Ie declare ['un de ces heureux promoteurs : « II s'agit d'un « business modet» parfait: 215 
CO 2 un my the ptanetaire un contrat de quinze ans avec un client unique qui paye a 30 jours : EDF. » Ce que I' on comprend moins en revanche, c' est comment un pays tel que Ie notre, repute civHise et developpe, a pu mettre en place les conditions d'une aussi grande arnaque sur Ie dos du consomma- teur d'electricite qui devra en definitive payer I'addition. Pour comprendre comment nous avons pu arriver a une telle aberration, un retour en arriere est necessaire. Tout a com- mence it y a trois decennies en Allemagne, lorsque Ie mouve- ment vert a pris son essor. Anciens rouges, les « Grunen » ont une obsession: la phobie du nucleaire. Etant parvenus au pou- voir, its ont impose a leur pays Ie renoncement aux centrales atomiques. Non seulement it n' est plus question d' en construire outre-Rhin, mais celles qui existent doivent etre progressive- ment demantelees de telle sorte que nos voisins ont desormais une poUtique energetique a deux faces. Parce qu'ils ont besoin d' electricite, its construisent, en toute discretion, des centrales a gaz et a charbon, emettrices massives de gaz a effet de serre. Mais pour Ie masquer, ils ont couvert leur territoire d' eoliennes qui sont essentiellement des leurres. En Allemagne comme ailleurs, les eoliennes sont des sources intermittentes qui ne fonctionnent que 10rsqu'iI y a du vent, c' est-a-dire au plus un quart du temps. II faut done, I' essentiel du temps, avoir recours a des centrales thermiques polluantes. Comme I'a declare a propos du Danemark Anne Lauvergeon, la presidente d' Areva : «L 'hydrautique et te nucteaire sont des 216 
La decroissance verte energies qui fonctionnent en base, c'est-a-dire par tous tes temps. L 'eotien et te sotaire sont des energies d'appoint Ettes ne produisent que quand it y a du vent et du soteit. Ettes neces- sitent done ta mise en ptace de « back-up ». Le pays qui a te ptus devetoppe t'eotien est te Danemark avec 73 % d'eotien dans son bitan energetique. It y a ainsi 73 % de centrates au fuet qui demarrent quand te vent ne souffle pas. Ce n'est pas une faon efficace d'eviter ta pottution de t'atmosphere.» (Revue Defense, septembre-octobre 2005, n° 117.) II ne faut done pas s'etonner que les Allemands, avec 10 tonnes de gaz carbonique emises par habitant et par an contre 6 ton- nes pour nous, soient les plus grands pollueurs d'Europe pour avoir applique la politique de leurs ecologistes. Les eoliennes apparaissent alors clairement pour ce qu' elles sont : a la fois la consequence et I'alibi du refus du nucleaire. La verite, c'est que nucleaire et eoliennes sont antinomiques. Avec une dizaine d'annees de decalage, les Verts franc;ais ont suivi leurs homologues germaniques et sont devenus les ardents propagandistes du my the des energies renouvela- bles. Mais notre situation n' est pas du tout celie de (' AUema- gne. Grace a une generation de grands ingenleurs precurseurs, pres de 80 % de notre electricite est produite par un pare nucleaire tres largement dimensionne et 12 % par nos equipements hydrauliques de telle sorte que seul un dixieme environ de notre production emet des rejets de gaz a effet de serre. 217 
CO 2 un my the planetaire De plus, nous n'avons aucun besoin de capacite supplementaire. Bien au contraire, avec un surplus d'environ 50 megawatt- heures sur 550, nous sommes de tres loin Ie premier exporta- teur mondial d' electricite, avec 359 jours de balance positive sur 365 en 2008, contre 6 de balance negative. Enfin, fait sans precedent, notre consommation d' electricite a pratiquement cesse de s'accroitre depuis quatre ans. Elle s'est chiffree a 480 terawattheures en 2007, soit au me me niveau qu' en 2004, ce n' est pas la crise actuelle qui va renverser la ten- dance, bien au contraire. T outes les previsions officielles mon- trent que, quoi qu'il arrive, nous resterons tres excedentaires a l'avenir. Quant aux pointes de la demande qui surviennent quel- ques jours par an et qui ont tendance a s'accroitre, les eoliennes constituent d'autant moins la reponse appropriee qu'on ne peut pas compter sur elles, Ie vent s' arretant parfois de souffler sur I'ensemble du territoire en periode anticyclonique et leur pro- duction etant alors strictement nulle. Contrairement a ce qui peut eventuellement se passer ailleurs, la construction d'eoliennes est done inutile dans notre pays puisqu'elles ne repondent a aucun besoin. II n'empeche. Aveu- gles par leur ideologie, les Verts franc;ais ont repris sans sour- ciller les arguments de leurs homologues etrangers. Leur comportement est d'autant plus illogique qu'ils preconisent par ailleurs une reduction de notre consommation d'electricite de I'ordre de 20 % en 2020 (hypothese negaWatt), ce qui accroi- trait encore notre excedent et rendrait plus inutile encore la creation de capacites nouvelles de production electrique, 218 
La decroissance verte d'autant plus que la duree de vie de nos centrales nucleaires est en voie d' etre prolongee de plusieurs decennies. Mais leur objectif reel est d'obtenir la fermeture de celles-ci. Ceux qui militent pour les eoliennes Ie font parce qu'ils veulent fa ire croire que celles-ci pourraient remplacer un jour (' electri- cite d'origine atomique, contrairement a toute evidence puisqu'elles ne fonctionnent qu'un quart du temps. Les Verts n' ont pas ete seuls, et I'invraisemblable situation qui est aujourd'hui la notre ne pourrait se comprendre si r on ne prenait en compte ('action - ou ('inaction - d'autres parties prenantes dont Ie role a ete majeur. Au premier rang de ceux-ci figurent les promoteurs d' eoliennes. Membre du syndicat des energies renouvelables (sER), ('associa- tion France Energie eolienne » (FEE) fait ce qu'iI faut pour defen- dre sa cause. Disposant de moyens considerables, rarement lobby aura ete aussi bien organise. Mais rarement lobby aura autant travesti la rea lite, comme chacun peut s' en rendre compte en consultant son site Internet. Des la premiere page, (' electricite eolienne est presentee comme permettant de « preserver nos ressources fossiles et d' eviter ('emission de gaz a effet de serre, responsables du dere- glement climatique qui a deja commence a alterer certains pay- sages de maniere irreversible, a menacer diverses especes de la faune et de la flore mondiale, et a entrainer des modifications climatiques qui vont impliquer des exodes massifs de popula- tion ». Omnipresent, ('argument de la lutte contre Ie rechauffe- 219 
CO 2 un my the planetaire ment climatique est done Ie mensonge fondateur, puisque I' essentiel de notre electricite est d' ores et deja produit sans aucun rejet de gaz a effet de serre. II s'agit d'autant plus d'un mensonge que, si Ie pare se developpe, iI faudra construire des centrales thermiques a gaz supplementaires pour accompagner la multiplication des eoliennes. RTE (Reseau de transport d'electricite), I'organisme en charge du reseau de trans- port de I' electricite, precise dans son rapport annuel de 2007 sur Ie bilan previsionnel electrique que « tes pointes de ta demande 0 satisfaire par tes equipements thermiques sont accrues de maniere negtigeabte pour un pare eotien de petite taille, mais de maniere de ptus en ptus consequente quand te pare eotien s'etoffe » (page 49). Plus celui-ci se developpe, plus iI faut done creer des centrales thermiques qui vont emettre du gaz carbonique 1 L'argument infonde de la lutte contre I'effet de serre n'est pas Ie seuL Comble de I'impudence, on apprend aussi sur Ie site internet des promoteurs que I' electricite eolienne nous garantit une «securite d' approvisionnement» alors que les eoliennes fonctionnent - rappelons-le - ('equivalent d'un quart du temps et de maniere aleatoire ! On lit encore sur Ie me me site que les eoliennes sont un succes au Danemark, alors que ce pays vient d' en arreter I'implantation en 2006 car iI n'arrivait plus a gerer une energie aussi intermittente. Qu'un organisme de lobbying puisse mentir autant n'etonnera peut-etre pas grand monde. Mais que la structure officielle en charge de guider les pouvoirs publics et I' opinion reprenne a son 220 
La decroissance verte compte ces contreverites et les amplifie au lieu de les contrer est beaucoup plus grave. On peut lire en effet dans les publications a en-tete du drapeau tricolore de I'Ademe (Agence de I'environne- ment et de la maitrise de I' energie) diffusees dans toute la France par dizaines de milliers d' exemplaires aux frais du contribuable, que « de nombreuses especes animales et vegetales vont disparaitre. II est primordial de ralentir et d' attenuer les perturbations liees a I'effet de serre. II faut done diminuer notre production de gaz car- bonique. L'utilisation des energies renouvelables va dans ce sens. L' energie eolienne est dans ce domaine tres prometteuse». En d'autres termes, iI s'agit d'un « copie-colle » des affirmations falla- cieuses du lobby cite plus haut. Emporte par son militantisme, l'organisme public affirme meme que chaque eolienne de 2 megawatts «alimente 2 000 foyers» en « oubliant » de dire qu' elle ne fonctionne qu'un quart du temps. Un recent sondage 1 a d'ailleurs mis en evidence que la majorite des Franc;ais pensaient que les eoliennes fonctionnaient presque toujours. Seuts 74 % savent qu'ettes ne produisent de t'etectricite qu'un quart du temps. Pres de 9 Franais sur 70 sont done maintenus dans t'erreur, ce qui n'a rien d'etonnant puisque tes organismes officiets teur cachent ta verite 1 L'Ademe va me me plus loin lorsqu'elle se place sur Ie plan esthetique, ne craignant pas d'affirmer que «Ies eoliennes offrent la possibiUte de creer de nouveaux paysages comme 1. Ipsos, decembre 2007, 221 
CO 2 un my the planetaire dans les siecles passes les aqueducs [Ie pont du Gard sans doute ?], les viaducs ferroviaires ou les moulins a vent ». La comparaison preterait a sourire si Ie sujet n' etait tres grave. H y a peu de temps encore, I'automobiliste qui traversait Ie Massif central entre Clermont-Ferrand et la Mediterranee par I'autoroute A 75 pouvait voir I'un des plus beaux paysages d'Europe. Cama'ieux ininterrompus de pres, de forets et de lan- des parsemes de rares habitations, les panoramas successifs se deroulaient, plus seduisants les uns que les autres, fac;onnes par Ie travail des generations qui no us ont precedes. Helas, iI faut maintenant parler au passe! De part et d'autre du parcours, de gigantesques eoliennes commencent a agiter leurs bras monstrueux et a rendre impossible la contemplation des paysages que nous ont legues nos predecesseurs. II faut savoir que les installations recentes, hautes comme des immeubles de 40 etages, ont 150 a 180 metres de haut et sont visibles a 10 kilometres a la ronde, hors de toute proportion avec nos vil- lages, nos monuments et nos sites (figure H). Chacune de ces eoUennes necessite des fondations de beton arme de plus de 1 000 tonnes et il faut des convois speciaux pour transporter leurs mats et parfois rectifier les routes pour qu'ils puissent y passer! La densite des implantations prevues est teUe que leur presence dans nos paysages va devenir la regie. si rien ne change, nous sommes au debut d'une catastrophe pour notre patrimoine sans precedent dans notre histoire. 222 
La decroissance verte FIGURE H Les eoliennes et Ie paysage traditionnel Metres 190 180 170 160 150 140 130 120 110 100 90 ---------------- 80 70 60 50 40 30 20 10 Source: Rapport de I'academie des Beaux-Arts sur les eoliennes La disproportion des eoliennes et des elements traditionnels du paysage franc;ais, reproduits ici a la me me echelle, explique que celles-ci constituent la plus grande menace qu'ait jamais connue notre patrimoine. 223 
CO 2 un my the planetaire L' Ademe participant ainsi activement a la desinformation, on aurait pu croire que les entreprises publiques du secteur de I' energie allaient se mobiliser pour contrer celle-ci, faire connai- tre la verite, et epargner a notre pays des depenses inutHes massives. Aucun de ceux qui travail lent dans ces grandes mai- sons ne croit en effet un instant aux contreverites enoncees ci- dessus. Comme Anne Lauvergeon, tous savent que Ie nucleaire est la seule source qui puisse produire massivement du courant sans rejeter de gaz a effet de serre et que, hors de I'hydroelec- tricite dont les ressources sont pratiquement to utes exploitees dans notre pays, les energies renouvelables ne peuvent jouer qu'un role marginal. Mais les choses ne se sont pas pas sees ainsi. Face au totalita- risme vert, les dirigeants de ces grandes entreprises ont oublie qu' elles etaient publiques et ont prefere abonder dans Ie sens des ecologistes, esperant peut-etre ainsi acquerir la paix pour leurs activites nucleaires. Nos journaux sont aujourd'hui remplis de publicites « pleine page» d'EDF, de GDF, et d'autres encore, illustrees d' eoliennes destinees a montrer a quel point ces gran- des entites sont « citoyennes ». Grace a elles, les eoliennes sont devenues a bien des egards Ie symbole meme de I'ecologie et iI ne faut pas s'etonner qu'ainsi desinformee, une majorite de nos concitoyens s'y declare favorable, inconsciente de ce qui est en marche. L'administration a encore aggrave les choses. Rares en son sein sont ceux qui sont conscients de la reaUte et ils n' ont de toute 224 
La decroissance verte fac;on pas VOIX au chapitre, ce qui explique I'adoption de trois textes successifs qui ont jete les bases du desastre. Une loi du 13 juillet 2005 a tout d'abord stipule que la part de notre electricite provenant des energies renouvelables devrait s'elever a 21 % en 2010, c'est-a-dire s'accroitre de moitie en cinq ans, objectif inaccessible lorsqu' on sait que la seule maniere de I'atteindre serait d'accroitre massivement et bruta- lement notre production hydroelectrique, ce qui est evidem- ment impossible 1 Le meme texte a surtout prevu la creation de Zones de developpement de I'eolien (ZDE), ce qui pouvait lais- ser croire que les eoliennes seraient dorenavant implantees dans Ie cadre d'un plan national et en certains points du terri- toire seulement. Les parlementaires qui ont vote la loi I'ont cru. Une circulaire catastrophique du 19 juin 2006 est venue lever cette illusion. Apres avoir loue a nouveau leurs imaginaires ver- tus, celle-ci instaure la quasi-liberte d'implantation des eolien- nes sur I' essentiel du territoire. Adressee aux prefets de la totalite de nos 100 departements, elle leur accorde Ie pouvoir de decider de la creation des ZDE sur proposition des maires, avec pour seule consigne claire de «veiller a la coherence departementale de celles-ci », ce qui suppose implicitement que chaque departement en comptera un grand nombre. On s' est ainsi oriente vers la creation anarchique de centaines, voire de milliers, de ZDE, ce qui vide la loi de toute significa- tion. Au lieu d' etre des exceptions, les ZDE sont devenues la regie. 225 
CO 2 un my the planetaire Autrement dit, Ie feu vert a ete donne aux chasseurs de signa- tures pour qu'ils puissent demarcher les maires en leur faisant notamment miroiter les retombees futures de la taxe profession- neUe, afin que ceux-ci leur confient I' equipement de leur terri- toire en eoliennes et obtiennent du prefet Ie classement de leur commune en ZDE. Pourquoi celui-ci Ie refuserait-il puisqu'iI rec;oit des instructions officieUes vantant les merites de r eolien ? II faut en venir enfin a I'aspect financier des choses. Le site internet de France Energie eolienne deja cite proclame fiere- ment que « Ie cout moyen de I' electricite d' origine eolienne est passe a environ 4,4 centimes d'euro par kilowattheure pour une machine de 2 megawatts », ce qui est une dimension desormais courante en France. Quelles pressions a-t-il fallu pour qu'un arrete ministeriel du 26 juillet 2006 garantisse aux promoteurs d'eoliennes pendant quinze ans un prix d'achat indexe de 8,2 centimes d'euro, c'est-a-dire presque te doubte du prix de revient, EDF ayant I'obtigation d'acquerir Ie courant a ce prix, meme si elle dispose au meme moment d'electricite nucleaire dont Ie cout de revient marginal n'excede pas d'apres I'Agence internationale de I' energie 0,7 centime d' euro par kilowat- theure, c'est-a-dire douze fois moins 1 L'argument avance par les promoteurs des eoliennes selon lequel un prix d'achat aussi eleve aurait ete necessaire pour favoriser la naissance dans notre pays d'une industrie nouvelle ne tient pas, puisque la technique des eoliennes est aujourd'hui tout a fait mature, les pays etrangers ayant cede a la pression des Verts I'ayant deve- loppee et mise au point depuis dix ans. 226 
La decroissance verte Chaque eolienne de 2 megawatts garantit done a son promoteur 360 000 euros de revenu annuel pour un temps de fonctionne- ment moyen annuel de 2 200 heures. Dans Ie seul departement de la somme, 144 communes ont depose des demandes de permis de construire des eoliennes. 60 avaient obtenu une reponse positive a la date du 30 octobre 2007 pour la construction de plus de 500 eoliennes delivrant une puissance totale de 496 megawatts. Si tes autres demandes obtiennent satisfaction, ta depense annuelle correspondante pour EDF sera de t'ordre de 240 millions d'euros pour te seut departement de ta Somme ! Au niveau national, les chiffres font encore plus fremir. Les objectifs officiels fixes par I'arrete du 7 juillet 2006 etaient d'une puissance installee de 17 500 megawatts en 2015. La loi du Grenelle de I'environnement, fruit de ('alliance contre nature des ecologistes et des lobbies industriels, les ont por- tes a 25 000 megawatts. Quant a I'Europe, dont Ie role est en I' occurrence desastreux, elle vient de fixer a la France I'objectif de porter de 10,3 % a 23 % de sa consommation totale d' energie la part des energies renouvelables, au sein desquelles elle refuse, sous la pression des ecologistes, d'integrer l' electricite d' origine nucleaire. Le lobby des eoliennes a done gagne. Et quand on voit ce qui se passe dans Ie seul departement de la somme, rien ne permet de dire que ces chiffres ne seront pas atteints, voire depasses si rien ne change. Lorsqu' on a Ie sens du bien public, on pourrait croire qu'iI s'agit d'un cauchemar. Mais la lecture du journat officiet confirme 227 
CO 2 un my the planetaire qu'iI n'en est rien. Dimanche 13 decembre 2008, dans une demarche surrealiste qui constitue sans doute une premiere, celui-ci a publie deux textes parfaitement contradictoires. Le premier est un avis tres documente de la Commission de regulation de I' energie, organisme officiel constitue de per- sonnalites independantes et reconnues pour leur expertise, que Ie gouvernement est oblige de consulter. Cet avis est sans appel. II confirme tout d'abord que notre pays produit 88 % de son electricite sans rejets de gaz a effet de serre, et que Ie recours aux eoliennes ne peut done etre justifie pour ce motif. II precise qu'iI en resulte « un cout de la tonne de CO 2 evitee compris entre 230 et 280 euros, et meme 490 euros pour les eoliennes implantees en mer, alors que Ie cout budgetaire de ('intervention publique ne depasse pas 2 euros par tonne de CO 2 evitee pour ('isolation thermique des murs, et 31 euros pour la mise en place de chaudieres a condensation... ». Quant au bilan pour les finances publiques, iI s' etablit ainsi : «Le surcout de production lie a I'introduction d'un pare de 17 000 megawatts d' eoliennes dans Ie systeme electrique fran- c;ais a ('horizon 2015 est estime entre 1,7 et 2,1 milliards d' euros par an, en comparaison d'une situation de reference OU la pro- duction d' electricite serait assuree par des moyens convention- nels. Ce surcout est hors de proportion avec les benefices resultant de la contribution de la production eolienne aux objectifs definis par la 10L. » 228 
La decroissance verte De surcroit : « Plus la penetration de I' eolien s' accroit, plus la production eolienne se substitue a du nucleaire, et plus iI devient necessaire en contrepartie de developper Ie pare des centrales thermiques a flamme, mieux adapte aux variations de charge. II en resulte que les couts induits par (' eolien s'accroi- tront encore lorsque I' on passera de 17 000 megawatts a 25 000, ce qui est desormais (' objectif officiel. ». II en decoule que, lorsque ce dernier sera atteint, Ie surcout imputable a I'eolien s'elevera a 3 milliards d'euros par an au moins, soit 115 euros par foyer, en pure perte. Apres de teUes considerations, iI ne faut pas s' etonner de la conclusion depourvue de toute ambigu'ite qui figure au journat officiet du 13 decembre: «La Commission de regulation de (' energie formule un avis defavorable au projet d'arrete fixant les conditions d'achat de I'electricite produite par les installa- tions utilisant I' energie mecanique du vent. ». On se demande parfois a quoi servent les commissions. En ('occurrence, la reponse est claire: a rien. Le meme journat offi- ciet publie en effet, strictement inchange, ('arrete sur lequel la Commission de regulation de (' energie a emis un avis totale- ment negatif. Tout au plus peut-on noter que les ministres qui ont pris la decision de maintenir Ie tarif de rachat de (' electri- cite au niveau qui est Ie sien ne devaient pas etre tres fiers d' eux. lis n' ont pas en effet voulu associer leur nom a un texte aussi scandaleux, et ont fait signer a leur place par delegation des fonctionnaires au patronyme strictement inconnu du grand public. 229 
CO 2 un my the planetaire II n'empeche, Ie mal est fait. Ce n'est pourtant pas que de mul- tiples voix ne se soient elevees pour mettre en garde les res- ponsables et denoncer les aberrations qui caracterisent dans notre pays Ie dossier des eoliennes. Personnellement, j'avais consacre a celles-ci un chapitre de mon precedent Iivre 1 , montrant notamment que, plus eUes se developperaient, plus iI faudrait multiplier les centrales ther- miques a gaz ou a charbon pour compenser les variations bru- tales et imprevisibles de leur production. J'avais aussi souligne combien les eoliennes etaient inadaptees pour faire face aux besoins des periodes de pointe, contrairement a ce qu'affir- ment leurs promoteurs. La grande vague de froid du debut 2009, consecutive comme souvent en pareil cas a la presence d'un anticyclone au-dessus de notre pays, en a apporte a nou- veau la preuve: elle a ete caracterisee par une absence totale de vent. Au moment OU on en aurait eu Ie plus besoin, les eoliennes n' ont rien produit ! Pour sa part, une federation nationale, la Federation de I' envi- ronnement durable (FED), regroupant I'essentiel des opposants locaux aux projets eoliens a vu Ie jour sous I'impulsion d'un pre- sident au dynamisme remarquable, Jean-Louis Butre. Celui-ci a publie un livre etonnant qui merite d' etre lu 2 , ou iI decrit et denonce les methodes de toute nature auxquelles ont recours les promoteurs des eoliennes pour convaincre les elus locaux, 1. {cologie, la Grande Arnaque,. editions Albin Michel. 2, L'lmposture. Pourquoi feolien est un danger pour la France, editions du Toucan. 230 
La decroissance verte avec la complicite de services administratifs. Curieuse epoque ou ce sont des benevoles du secteur prive qui doivent defendre I'interet general contre des fonctionnaires qui sont payes pour Ie faire. II faut citer aussi un excellent rapport sur Ie sujet d'un jeune Ingenieur des Mines, Vincent Le Biez, pour Ie compte de I'lnsti- tut Montaigne et a I'instigation de son createur Claude Bebear, qui aboutit rigoureusement au meme chiffrage du cout du pro- gramme eolien que la Commission de regulation de I' energie. Le Parlement a egalement pris conscience de la gravite de la situation. Conscient que les zones de developpement de I'eolien (ZDE) avaient ete detournees de leur vocation en etant multipliees sans contra Ie et que la volonte des elus nationaux avait ete en I' occurrence bafouee, Ie president de la Commis- sion des affaires economiques de I' Assemblee, Patrick Oilier, a fait introduire dans I'article 17 de la premiere loi issue du Gre- neUe de I'environnement un amendement rendant obligatoire I'etablissement dans un delai d'un an de schemas regionaux qui determineront «tes zones dans tesquettes tes pares eotiens seront preferentiettement construits ». Mais iI faudra done attendre au moins un an pour I'etablissement de ces schemas, delai pendant lequel les implantations anarchiques se poursui- vront. C'est pourquoi Patrick Oilier a egalement demande, sans aucun succes a ce jour, que soit decrete un moratoire jusqu'a leur publication. Enfin et surtout, I'ancien president de la Republique, Valery Gis- card d'Estaing, est sorti de son silence, ce qu'iI ne fait que tres 231 
CO 2 un my the planetaire rarement. Dans une correspondance adressee au president de la Federation de I'environnement durable (op. cit.) iI a denonce Ie «scandate financier et environnementat des eotiennes », Ie « manque d'honnetete de toutes tes demonstrations officiettes de promotion des energies renouvetabtes» ainsi qu'« un gas- pittage inacceptabte des fonds pubtics et un business souvent douteux ». S'iI s' est ainsi engage, ('ancien president de la Republique ne cache pas que c'est avant tout parce qu'il estime que nous n'avons pas Ie droit de saccager les paysages de notre pays et Ie patrimoine que nous ont laisse nos ancetres et qui constitue- ront dans quelques decennies notre principal atout dans la competition mondiale. La France n'est-elle pas encore aux yeux du monde « the beautifut country» -, pour combien de temps encore ? Car, com me en a apporte la preuve Ie journat officiet du 13 decembre, tous ces efforts n' ont servi a rien face aux pres- sions des ecologistes. Prisonniers de leur ideologie, ceux-ci se rendent-ils compte qu'ils defigurent notre pays qu'Hs affirment vouloir preserver et qu'ils font la fortune de promoteurs depourvus de scrupules ? Comment, par exemple, un person- nage public tel que Yann Arthus-Bertrand qui gagne sa vie en vendant des photos des plus beaux paysages du monde, peut-H etre un ardent defenseur des eoliennes qui sont Ie meilleur moyen de les saccager ? Y-a-t-il d'ailleurs une seule de ses pri- ses de vues OU figure une eolienne ? 232 
La decroissance verte Le plus navrant de cette histoire enfin, c'est que tout Ie monde est au courant. Au sein me me du gouvernement, et en com- menc;ant par Ie plus haut niveau de l'Etat, il n'est pas un seul ministre qui ne declare en prive a qui veut l' entendre que les eoliennes sont une aberration, quand ce ne n' est pas un vocable beaucoup plus cru qui est employe, et qu'elles sont ruineuses pour notre pays. Mais tous ajoutent qu'i Is ne peuvent fai re autrement que de perseverer. Ou tout au moins Ie croient-ils. T elle est aujourd'hui la force du terrorisme intellectuel ecolo- gique. L' electricite solaire Dans I'imaginaire collectif, l' energie solaire partage avec l' ener- gie eolienne une caracteristique commune. Toutes deux sont gratuites puisque fournies par la nature. Rien n' est malheureusement plus faux, et I' electricite d' origine solaire est au contraire d'un cout de revient astronomique dans I' etat actuel de la technique. Pour qu' elle se developpe dans notre pays, alors que no us n'en avons aucun besoin puisque nous sommes deja en excedent massif d'electricite, iI a fallu mettre en place un incroyable ensemble d'incitations financieres. Le particulier qui veut equiper sa maison de panneaux photo- volta"iques pour fabriquer sa propre electricite beneficie tout d'abord d'un credit d'impot representant 50 % des frais de 233 
CO 2 un my the planetaire materiel necessaires a l'installation. De plus, comme c' est Ie cas pour l' electricite d' origine eolienne ou hydraulique, EDF est obtige de tui acheter Ie courant produit, mais cette fois-ci a un tarif de 55 centimes d' euro Ie kilowattheure s'il s'agit d'une ins- tallation integree a son batiment, et de 30 centimes si ce n' est pas I e cas. Pour comprendre -l'aberration d'une telle situation, Ie rappel de quelques ordres de grandeur s'impose. Le cout de revient mar- ginal du kilowattheure produit par une centrale nucleaire amor- tie est de 0,7 centime par kilowattheure. Le cout moyen de fabrication de l' electricite par EDF, toutes sources confondues, est de l'ordre de 5 centimes par kilowattheure. Le cout d'achat obligatoire de I' electricite d' origine eolienne atteint com me on l'a vu 8,5 centimes par kilowattheure. Sans meme tenir compte du credit d'impot dont beneficie celui qui decide d' equiper sa maison de panneaux solaires et des frais de raccordement que doit integralement supporter EDF, cet heureux proprietaire peut done revendre son surplus d' electricite a EDF quatre-vingt fois ce que coate 0 t'entreprise t'etectricite nucteaire provenant d'une centrate etectrique nucteaire amort ie, et meme plus de six fois ce que lui coute Ie courant d' origine eolienne qu' elle est obligee d'acheter a un tarif deja injustifie 1 Devant une telle invraisemblance, on serait tente de croire que Ie lobby des panneaux photovolta'iques a ete encore plus effi- cace que celui des eoliennes si l' on ne savait qu'ils relevent tous les deux du meme syndicat des energies renouvelables qui a pris Ie pouvoir dans notre pays dans ce domaine et 234 
La decroissance verte dicte desormais sa loi aux administrations supposees excercer leur tutelle sur lui. Ce sont d'ailleurs parfois les memes indivi- dus qui s'impliquent dans l' eolien et dans Ie solaire. C' est ainsi que la meme personne, M. Mouratoglou, apres avoir amasse dans l'eolien une fortune personnelle de 683 millions d'euros au detriment des consommateurs franc;ais et etrangers, est desor- mais un ardent propagandiste du developpement de l'electri- cite solaire pour laquelle il milite au nom de l' entreprise « EDF Energies nouvelles» dont it est devenu de surcroit Ie president- directeur general et possede 25 % du capital ! Peut-etre l'inte- resse espere-t-il renouveler avec les panneaux photovoltaIques l' operation qui lui a si bien reussi avec les eoliennes. Les ambi- tions affichees sont en tout cas a la hauteur des profits escomptes, et les chiffres ont toute raison de faire fremir Ie consommateur d' electricite s'j( pense a l' evolution a venir de ses factures. Alors qu'a la fin de 2007, la puissance de pointe du parc solaire franc;ais ne depassait pas 73 megawatts, elle a atteint 170 a la fin de 2008. Or « EDF Energie Nouvelle », parlant desormais au nom d'EDF, c' est-a-dire de ce que les Franc;ais croient etre un service public et qui se com porte comme une entreprise privee cherchant a maximiser ses gains, fait etat de grandes ambitions. EDF Energies nouvelles a annonce Ie 29 aout 2008 une augmentation de capital de 500 millions d'euros et declare avec fierte que son portefeuille de projets solaires s' elevait deja a plus de 1 500 megawatts, soit la moitie des objectifs du Grenelle de l'environnement chiffres a 3 000 megawatts a moyen terme et a 5 400 pour 2020. si ceux-ci etaient par malheur atteints, Ie surcout supplementaire pour Ie consommateur avoisinerait a 235 
CO 2 un my the planetaire nouveau 3 milliards d'euros par an, puisque Ie cout de revient de l' electricite photovolta'ique produite avec les technologies actuelles est sans commune mesure avec celui du courant qui emane des autres sources d'approvisionnement, et que les som- mes versees aux producteurs Ie sont pratiquement en pure perte. Peut-etre un jour les choses seront-elles differentes si les recherches visant a mettre au point des panneaux ou des reve- tements photovolta'iques economiques debouchent, et il faut evidemment Ie souhaiter. Mais les technologies qui sont aujourd'hui disponibles sont d'un cout disproportionne a leur interet et ne devraient en aucun cas beneficier de I'arsenal d'aides que leurs promoteurs ont reussi a extorquer aux pou- voirs publics. Comme l'a recemment titre un quotidien natio- nal : « Le climat est au beau fixe pour l' electricite solaire. » Jamais sans doute la citation d'Henry Hazlitt qui figure en exer- gue de ce chapitre n' a-t-elle ete autant appropriee. Oui, ce sont bien les lobbies, ecologiques et industriels, qui ont pris Ie pou- voir dans notre pays et reussi a forger I' opinion a tel point qu'ils dictent leurs choix aux responsables politiques qui croient avoir Ie pouvoir de decision, et qui ne I' ont plus. Les eoliennes et les panneaux photovolta'iques ne constituent malheureusement pas des cas isoles. Au nom de la sauvegarde de la planete, les gaspillages d'argent public sont innombrables ailleurs, comme en temoigne Ie secteur des transports OU les choses sont pires encore s'il est possible. 236 
La decroissance verte Les transports, desastre meconnu Quelques chiffres sont necessaires pour illustrer l'ampleur du desastre financier national meconnu, pour ne pas dire du desas- tre tout court, qui est celui du secteur des transports ferres et publics dans notre pays. Chaque annee, les Franc;ais consacrent en tant qu'usagers 240 milliards d'euros a leurs propres deplacements et au trans- port des marchand ises necessai res au fonctionnement de l' eco- nomie. Sur cette somme, 213 milliards vont au transport routier, c' est-a-dire aux voitures et aux camions, 17,5 milliards au trans- port aerien, 9 milliards au transport ferroviaire, 2 milliards aux transports urbains et 0,5 milliard a la voie d'eau 1 . Ces chiffres qui refletent l'importance des services rendus a la collectivite par chacun des modes peuvent surprendre, mais ils sont corrobores par les donnees physiques. C' est ainsi que 83 % des kilometres parcourus dans notre pays Ie sont en automo- bile contre 8 % par les chemins de fer. Pour les marchandises, la disproportion est plus grande encore. Les wagons de marchan- dises parcourent chaque annee 2 milliards de kilometres contre 35 milliards pour les poids lourds et 93 pour les camionnettes, sans parler de plus de 400 milliards pour les voitures 2 . Quand on sait que la charge moyenne d'un wagon est voisine de celie 1. Source: Rapport sur les infrastructures de transport du ConseH d'analyse economi- que au pres du Premier ministre (M Didier et R Prud'homme). 2, Source: Compte des transports de la Nation, 237 
CO 2 un my the planetaire d'un poids lourd, il faut ouvrir les yeux. Les chemins de fer repon- dent gtobatement 0 moins de 5 % des besoins de transport terres- tre du pays, et ta route 0 I'essentiet du reste. Le comportement des pouvoirs publics a regard des transports ferres n' en est que plus incomprehensible puisque ceux-ci beneficient, au nom notamment de leur contribution supposee a la sauvegarde de la planete, de plus d'argent public que nos universites 1 Les depenses consenties par notre pays en faveur des chemins de fer s'elevent en effet chaque annee a plus de 21 milliards d'euros, alors que les recettes provenant des usagers, c' est-a-dire Ie chiffre d'affaires de l'activite, n'excedent pas 9 milliards et demi. La difference est de 12 milliards, dont les charges de retraite n' expliquent qu'une part mineure. Le deficit est done abyssal. Mais cette situation est totalement meconnue du grand public puisque les autorites nationales n' en parlent pas et que la sNCF affiche chaque an nee, du fait d' artifices comptables, des « benefices» imaginaires car elle integre dans ses recettes les multiples subventions dont sont abreuves les chemins de fer. Un deficit de plus de 12 milliards est ainsi transforme en bene- fice, ce qui manifeste un complet mepris des citoyens, de la part des pouvoirs publics dont rune des missions fondamenta- les est de faire connaitre I'usage de I'argent public. Cette situation aberrante et qui n'est nullement ineluctable s' explique notamment par la puissance du groupe de pression 238 
La decroissance verte que constituent les centaines de milliers de personnes qui vivent de cette manne et qui ont reussi a imposer a I'opinion et aux decideurs une vision des choses deconnectee des faits. Elle s' expUque aussi par I'inexistence de toute force de pression qui agirait en sens contraire, les pouvoirs publics ne rempUssant pas Ie role de contre-pouvoir qui devrait etre Ie leur (cf. tableau n° 2). Pour comprendre comment iI a ete possible d'aboutir a la situation decrite ci-dessus, iI faut savoir que les gouverne- ments successifs ont toujours cache la realite a r opinion. Peut-etre pensaient-ils pouvoir ameliorer les choses en pro- cedant a des reformes discretes pour ne pas heurter les syndi- cats, mais Ie resultat s' est situe a I' oppose du but poursuivi puisque Ie cout des transports ferres et publics pour les finances publ iques n' a cesse de s' accroitre an nee apres an nee. A titre d' exemple, on peut noter que I' attribution aux regions de la res- ponsabilite des TER s'est traduite par un accroissement massif du cout de ces derniers pour les finances pubUques, les depenses supplementaires consenties par celles-ci s'ajoutant aux dotations qu' elles rec;oivent de I'Etat. La creation de Reseau ferre de France (RFF), I' etablissement proprietaire du reseau et cense recevoir un loyer de la SNCF alors qu'j( la subventionne, a egalement abouti a un resultat particulierement negatif en masquant la veritable situation des comptes et permettant ainsi I'accroissement des depenses. 239 
CO 2 un my the planetaire TABLEAU 2 TRANPORTS FERRES ET PUBLICS Rapports des forces en presence Poussent a l' accroissemerit des depenses publiques Cherchent a frei ner l' accroissement des depenses publiques SNCF RATP RFF Union des transports publics de province , plus de 400 000 emplois qui vi vent aux deux tiers de subventions publiques  Federation de l'industrie ferroviaire Federation nationale des travaux publics Syndicats de cheminots Parti communiste Parti socialiste Mouvements et partis ecologistes UMP Consei ls regionaux Elus locaux GART (Groupement des autorites responsables des transports) AFITF (Agence de financement des infrastructures de transports de France) Ministere de l'Ecologie, de I'Energie, du Developpement durable et de l' Amenage- ment du territoire (ADEME, Mission inter- ministerielle de l' effet de serre...), Consei l economique et social Commission europeenne... ? . 240 
La decroissance verte Quant aux transports publics urbains, leur bilan financier est tout aussi catastrophique. Au niveau national, les depenses annuelles en leur faveur - exploitation et investissements- depassent 10 milliards d' euros (banlieue sNCF exclue), alors que les recettes perc;ues directement aupres des usagers ne sont guere superieures a deux, la difference etant comblee par des prelevements fiscaux ou parafiscaux tels que Ie versement transport (VT). Un taux de subvention de 75 % n'existe nulle part ailleurs, et est d'autant plus excess if que la majorite des usagers des transports publics ne releve pas des categories sociales defavorisees, contrairement a I' opinion courante. Mais I'idee que les transports en commun concourent a la sauve- garde de la planete balaie aujourd'hui toute eventuelle remise en cause. Cette situation, qui conduit a I'accroissement indefini des depen- ses, n' est pas Ie fait du hasard. Elle s' explique par I' omnipresence d'un certain nombre d'idees rec;ues qui regnent sans partage. Cinq de celles-ci, sans doute partagees par la grande majorite des lec- teurs de cet ouvrage, seront citees ici car elles montrent I'ampleur de la desinformation regnante et constituent autant d'obstacles a la reduction des depenses publiques qui est pour- tant une priorite majeure et affichee des annees a venir. Le recours aux transports ferres et publics constituerait 10 solution 10 plus economique pour 10 collectivite Cette croyance est profondement ancree. Elle est entretenue par I'affichage par la sNCF de benefices qui ne sont que comptables. La 241 
CO 2 un my the planetaire verite, c'est que dans les conditions geographiques de I'Europe et de notre pays, la solution la plus economique pour la collectivite est Ie plus souvent Ie recours au transport routier, comme en temoigne Ie fait que celui-ci est librement choisi par les individus et les entreprises pour repondre a la tres grande majorite des besoins. II est de surcroit largement beneficiaire pour les finances publiques, ce qui est un indice clair des services qu'iI rend a la col- lectivite, alors que les transports ferres et publics lui coutent tres cher. Bien entendu, ce constat n' enleve rien a ['interet des TGV ou des chemins de fer de banlieue, ni a celui des transports urbains pour les centres-vi lies. Mais iI s'agit la de « niches» minoritaires au sein du panorama d' ensemble des transports du pays, qui reposent avant tout sur la route comme partout ailleurs dans Ie monde developpe. Les transports Ferres et publics occuperaient une place centrale dons notre systeme notional de transport De nombreux sondages (realises notamment par l'institut Ipsos) montrent que les Franc;ais urestiment dans des proportions considerables la place des transports ferres et publics au sein de notre systeme de transport et leur attribuent un role voisin de celui des transports routiers, contrairement a to ute realite. lis estiment ainsi que les chemins de fer repondent dans ['ensemble a 40 % de nos besoins de transport, alors que la veritable propor- tion est inferieure a 5 %. lis pensent de meme que les transports 242 
La decro;ssance verte publics assurent 43 % de nos transports urbains alors que la rea lite avoisine 10 % en moyenne nationale et est inferieure a 30 % dans I'lie-de-France elle-meme. lis estiment meme que 36 % des habi- tants de province de plus de 25 ans sont des usagers reguliers des TER, alors que la proportion exacte est de 1 % 1 1 Autrement dit, ils n' ont aucune idee de la realite de notre systeme de transport. II serait possible de soulager la circulation routiere en developpant les transports Ferres et publics Cette opinion est partagee par la quasi-totalite des Franc;ais. 93 % de nos compatriotes pensent ainsi qu'iI serait possible de soulager Ie trafic routier en developpant Ie fret ferroviaire, alors qu'iI s'agit la d'une impossibilite physique. Les marches ne sont pas les memes et les ordres de grandeur ne Ie permettent pas. Meme si Ie fret ferroviaire doublait, ce qui est une hypothese d' ecole puisqu'iI ne cesse de decroitre, iI n' en resulterait aucun impact visible sur la circulation routiere, compte tenu des par- cours effectues qui ne depassent pas 2 milliards de kilometres annuels pour les wagons de chemin de fer face a une circula- tion routiere de plus de 500 milliards de kilometres, tous vehi- cules confondus. Le phenomene est Ie meme pour les transports urbains. La tres grande majorite des deplacements assures par ('automobile se situe dans des zones peu denses, alors que les transports publics ne sont efficaces que dans celles de forte densite, et que de mul- tiples etudes ont montre que les possibilites de substitution des 1. Sondages FFAC/lpsos. 243 
CO 2 un my the planetaire transports publics a I'automobile etaient en consequence margi- nales queUes que soient les sommes depensees. Ainsi, seuls 2 % des usagers du recent tramway parisien sont d'anciens automobi- listes. Les transports Ferres et publics seraient plus « sociaux » que les transports individuels Une teUe maniere de voir les choses etait exacte iI y a quelques decennies quand la possession d'une voiture etait ('apanage d'une minorite privilegiee. Mais la democratisation de l'automo- bi Ie a change Ie cours des choses. 91 % des Franc;ais declarent en avoir facilement une a leur disposition quand ils ont a s deplacer 1 , les exceptions etant surtout Ie fait de jeunes qui n'ont pas encore leur permis de conduire, de certaines person- nes agees, ou d'habitants privilegies des centres-vi lies. L'auto- mobile est devenue Ie mode de transport social de notre epoque puisqu'elle assure, sauf dans les centres des grandes villes, 90 % des deplacements motorises de la vie quoti- dienne. Pour sa part, selon les donnees de la SNCF eUe-meme, Ie TGV est surtout frequente par les membres des classes aisees, les ressortissants des categories sociales modestes recourant a la voiture lorsqu'ils ont a se deplacer, car un vehicule leur est Ie plus souvent necessaire apres un trajet en train et ils n' ont pas ('argent necessaire pour en louer un. 1. Sondage Ipsos, 244 
La decroissance verte Les transports ferres et publics seraient plus favorables iJ I'environnement que les autres modes de transport La contribution supposee des transports ferres et publics a la defense de I'environnement est devenue I'argument majeur en leur faveur. II ne resiste pourtant pas a I' analyse. 5' agissant des polluants locaux (oxydes d'azote, plomb, monoxyde de car- bone, benzene, particules meme...), les progres techniques per- mis par I'irruption de I'electronique dans les moteurs ont ete tellement rapides que les emissions unitaires des vehicules rou- tiers ont ete divisees depuis vingt ans par des facteurs variant de 10 a 1 000 ou plus selon les produits. Contrairement a une opinion presque unanime, les releves d'organismes tels que AIR- PARIF montrent que I'air que nous respirons dans nos grandes viUes est en consequence plus pur qu'il ne I'a jamais ete depuis Ie ,XIX e siecle, et les fac;ades de nos monuments restent desor- mais claires lorsqu' elles sont ravalees. S'agissant de I'eventuel impact sur I'effet de serre, Ie premier cha- pitre de cet ouvrage a montre I'inanite de nos efforts. Les hydro- carbures contenus dans Ie sous-sol du globe seront de toute maniere utilises, et ce que nous pouvons faire a tres grand prix pour en limiter eventuellement I'usage ne sert a rien de ce point de vue, dans Ie secteur des transports com me dans les autres. Meme si elle peut choquer, iI faut admettre la realite: Ie recours aux transports ferres et publics n' a au total aucun impact particulierement favorable a I' environnement, qu'iI soit local ou planetaire, alors que c'est devenu la I'argument omni- 245 
CO 2 un my the planetaire present mis en avant pour justifier un accroissement sans limite des depenses en leur faveur. * * * Les cinq idees fausses qui viennent d' etre decrites ne sont pas les seules. Si eUes sont partagees par la quasi-totalite de nos compa- triotes, c' est qu' eUes sont entretenues par des groupes de pression A _. . , '" . ,.... ; extremement pUlssants qUI n ont rencontre Jusqu a present aucune opposition dans leur CEuvre de desinformation. Bien au contraire, les gouvernements successifs ont abonde dans leur sens et conti- nuent de Ie faire comme Ie montrent toutes les declarations offi- cieUes, quel que soit Ie bord politique de leurs auteurs. Tant qu'il en sera ainsi, toute tentative de limitation de la charge pour nos finances publiques se heurtera a de tres fortes oppositions de la part des forces en place, et a ('incomprehen- sion de ('opinion. Pour eviter que ('argent public continue a etre gaspille, un prealable est done necessaire. Face aux forces de la desinformation, il faudrait faire connaitre une verite qui se situe a I' oppose des idees rec;ues, et qui repose sur quelques consta-; tations simples : - tes chemins de fer sont en deficit massif et non en benefice; - bien qu'its repondent 0 moins de 5 % de nos besoins natio- naux de transport, its reoivent ptus d'argent pub tic que nos uni- versites ; - dans ta ptupart des cas, tes transports routiers ou aeriens sont ptus economiques pour ta cottectivite que tes transports ferro- 246 
La decroissance verte viaires; tes camions constituent notamment I'un des supports incontournabtes des economies modernes; - tes TER ne transportent de maniere regutiere que 1 % des habi- tants de province et circutent te ptus souvent 0 vide ou presque, ators qu'its constituent tun des premiers postes de depense des rgions ; - it est physiquement impossibte de soutager ta circutation routiere en devetoppant tes transports ferres et pubtics car tes marches sont differents et it ne s'agit pas de vases communicants; - tes deux marches pertinents des chemins de fer sont tes grandes tignes 0 fort debit et tes trains de bantieue dont t'interet est evident, mais tes TER et te fret ferroviaire ne jouent ptus quun rote marginat au sein du paysage nationat des transports sans espoir de retour significatif; - te totat de ta charge des transports ferres et pubtics pour tes finances pubtiques est de I'ordre de 20 mittiards d'euros par an, montant tres superieur au deficit de ta securite sociate, et it n'y a pas to de fatatite comme I'ont montre d'autres pays; - s'agissant enfin de ta tutte contre tes emissions de gaz 0 effet de serre, depenser I'argent public en faveur des transports ferres et pubtics ne peut avoir aucun impact. Pour chacune des affirmations enoncees ci-dessus, iI s'agirait seulement de faire connaitre la verite. Mais leur simple enume- ration montre I'ampleur de la tache a accomplir tant elles se situent a I'oppose de la desinformation dont sont chaque jour victimes nos compatriotes. La question qui se pose done est de savoir si, sur un dossier essentiel du fait de son ampleur pour I' equilibre de nos finances 247 
CO 2 un my the planetaire publiques, les Franc;ais ont droit a la verite, ou si les pouvoirs publics doivent continuer, au nom notamment de la defense de la planete, ales abreuver d'informations qu'il faut bien qualifier de mensongeres, auquel cas les depenses continueront ineluc- tablement a s'accroitre et les discours sur Ie retour a I'equilibre de nos finances ne resteront que des discours comme c'est aujourd'hui Ie cas. Pour I'instant, on est loin d'une operation verite et la politique des pouvoirs publics cherche au contraire depuis des decennies a s' opposer sans succes aux choix des Franc;ais et des entrepri- seSe Ceux-ci plebiscitent I' automobile et Ie camion pour des rai- sons logiques. L'automobile qui assure plus de 80 % des deplacements nationaux de personnes permet de gagner en moyenne 20 minutes par trajet (40 pour un aller-retour), et Ie camion qi assure 97 % des transports de marchandises dessert Ie territoire national et me me europeen en quelques heures alors que les delais avoisinent en moyenne deux semaines pour Ie chemin de fer, trajets terminaux inclus. L'automobile et Ie camion, dont les inconvenients diminuent de surcroit annee apres annee, sont ainsi des facteurs fondamen- taux de I'efficacite des economies modernes, ce qu'ont compris des pays en voie de developpement tels que la Chine et I'lnde. Le nouveau port de ShanghaI, Yangshair, desormais Ie premier du monde, est ainsi desservi par la route a I' exclusion de la voie ferree. Dans notre pays, ce sont les usagers qui choisissent, et leur choix ne changera pas car les vehicules routiers sont dans la majorite des cas plus performants que leurs concurrents. 248 
La decroissance verte La situation actuelle des transports ferres est d' autant plus regrettable que d'autres pays ont montre que des solutions existaient pour mettre fin a ce qu'il faut bien appeler la gabegie des deniers publics. Ces remedes sont decrits en detail dans deux livres recents consacres au sujet 1 , et ne seront done men- tionnes ici que rapidement. Rien ne sera possible tant que la sNCF ne se sera pas recentree sur ses deux activites qui ne pretent pas a discussion: les gran- des lignes et la banlieue des grandes villes, et qu' elle continuera a consacrer la moitie de ses effectifs aux trains regionaux et au fret qui ne jouent plus qu'un role marginal et ruineux dans notre systeme national de transport. Le transfert sur route des TER Les Transports Express Regionaux (TER) figurent au premier ou au deuxieme rang des depenses inscrites au budget des regions, pour un total de l'ordre de 4 milliards d'euros sans doute appele a augmenter encore du fait d'une meilleure evaluation de la redevance d'infrastructure due a RFF. Or des sondages recents (Ipsos 2006) ont mis en evidence que seuls 1 % des habitants de province de plus de 25 ans sont des usagers reguliers des TER (au moins une fois par semaine), et que 97 % ne les utilisent jamais ou presque I Ces proportions 1. 5NCF et Transports Publics, les Danseuses de la Republique, C, Gerondeau, L'harmat- tan, [cologie, la Grande Arnaque, C. Gerondeau, editions Albin Michel. 249 
CO 2 un my the planetaire peuvent surprendre mais elles sont coherentes avec les statisti- ques de la SNCF qui recensent moins de 800 000 trajets par jour pour l'ensemble des TER en regard des 50 millions d'habi- tants de la province, soit guere plus que Ie trafic d'une ou deux lignes de metro parisien. La plupart des lignes de TER ont un trafic si faible qu'iI est mani- festement du ressort de l'autocar et non du train. A I'exception des lignes de banlieue de quelques grandes metropoles de pro- vince qui ne sont pas en cause, les magnifiques trains neufs de centaines de places commandes par les regions circulent Ie plus souvent quasiment a vide, alors qu'il faut maintenir en service pour eux plus de 2 000 gares et points d' arret, ainsi que 15 000 kilometres de voies au trafic derisoire. Cette situation tient d'abord a une cause meconnue : depuis un decret-Ioi de 1934 toujours reconduit, la libre creation de lignes d'autocar est interdite en France «pour proteger te monopote du chemin de fer », ce qui conduit l'opinion publique a confon- dre chemin de fer et service public des transports. C' est notam- ment pour cette raison que nos autoroutes ne sont pas parcourues de lignes regulieres d'autocar comme c'est Ie cas partout a l' etranger OU elles procurent a des tarifs tres faibles des possibilites de deplacement inconnues dans notre pays et accessible aux plus modestes. La premiere etape necessaire pour mettre fin a I'hemorragie annuelle de pres de 4 milliards d'euros imputable aux TER est done claire. II suffirait d'un simple article de loi rendant libre la creation 250 
La decroissance verte de lignes regulieres d' autocars, mettant ainsi fin a une aberration anachronique d' autant plus saugrenue que la creation de lignes aeriennes est quant a elle entierement libre dans notre pays I Mais on attend toujours Ie gouvernement qui aura Ie courage de faire voter cet article de loi malgre I' opposition des syndi- cats de cheminots... Pourtant, consacrer pres de 4 milliards d' euros a transporter 1 % des habitants constitue un defi au bon sens et une provocation a regard des contribuables. Des economies se chiffrant en milliards d'euros sont done facile- ment possibles. Recentree sur ses deux seuls veritables marches - les grandes lignes et la banlieue des grandes villes -, la sNCF pour- rait devenir rentable apres avoir ferme la moitie des lignes existan- tes, et divise ses effectifs par deux. Mais il est vrai que cette incontestable realite ne va guere dans Ie sens du vent actuel, puis- que Ie Grenelle de I'environnement vient de reaffirmer au contraire, sous la pression conjuguee des ecologistes et du lobby ferroviaire, qu'il fallait arreter d'ameliorer Ie reseau routier qui assure 95 % de nos transports, et donner partout la priorite au che- min de fer a coups de dizaines de milliards d'euros de depenses publiques supplementaires, afin de « sauver la planete ». Le cout du Grenelle de l'environnement Les eoliennes, Ie solaire et les transports ne constituent pas des cas isoles. Si elles sont mises en CEuvre, les mesures issues du Grenelle 251 
CO 2 un my the planetaire de I'environnement constitueront au total un handicap irremedia- ble pour I' economie nationale au cours des decennies a venire Elles ponctionneront Ie pouvoir d'achat des Franc;ais dans une propor- tion insoupc;onnee et rendront impossible tout retour a I' equilibre de nos finances publiques. Le tout est d'autant plus deplorable que ces depenses, dont I' essentiel est presente comme devant contri- buer a « sauver la planete », ne serviront a rien de ce point de vue pour deux motifs au moins. Le premier, d' ordre general, a fait I' objet du premier chapitre de ce livre: quoi qu' on fasse, I'humanite aura recours aux sources d' ener- gie que recele Ie sous-sol du globe et qui sont indispensables a son developpement. Le petrole, Ie gaz naturel et Ie charbon que les Franc;ais ne consommeront pas Ie sera par d'autres et Ie bHan res- tera strictement inchange pour la planete en termes d'emissions de gaz a effet de serre et a fortiori d' eventuel impact sur Ie climat. II s'y ajoute, si necessaire, un second motif specifique a notre pays. Nous sommes Ie bon eleve parmi les nations develop- pees. Chaque Franc;ais n'emet en moyenne que 6 tonnes de gaz carbonique par an, contre 10 pour les autres Europeens et 20 pour les Americains. Cette performance remarquable et trop souvent passee sous silence est essentiellement imputable a I'existence de notre pare de centrales nucleaires qui nous per- met, contrairement aux autres, de produire la tres grande majo- rite de notre electricite sans rejets de gaz a effet de serre. Elle est due aussi au fait que les Franc;ais possedent plutot des voi- tures de cylindree modeste et done faibles consommatrices, qui sont une specialite de nos constructeurs nationaux. II n' en est que plus etonnant d'entendre dire que nous devrions appliquer les mesures preconisees par Ie GreneUe de I'environnement pour 252 
La decroissance verte « donner I' exemple ». Cet exemple, nous Ie donnons deja de fort belle maniere au reste de la planete, sans que cela ait d' ail leurs la moindre influence significative puisque les centrales a charbon continuent a etre construites par ailleurs par centaines, y compris par nos proches voisins dont certains, tels r Allemagne, sont tou- jours prets a donner des lec;ons a qui veut les entendre et a se decerner a eux-memes des labels d' excellence ecologiste alors qu'ils sont des pollueurs massifs. En tout etat de cause, s'agissant du phenomene de I'effet de serre a regard duquel personne ne peut rien sauf a arreter Ie develop- pement de la planete, nos depenses sont evidemment sans utilite aucune alors que les besoins sont si considerables ai lIeurs. L' etat de nos prisons est une honte nationale; nos universites crient misere ; des millions de Franc;ais n' ont pas de ressources decentes pour vivre. Mais it n'y a pas de lobby pour les defendre. II n' existe en definitive aucune raison valable pour gaspiller notre argent dans ('illusion que nous pourrions influer sur Ie sort du globe. C'est pourtant ce que nous faisons deja sur une echelle insoupc;onnee, et ce que nous ferons encore plus demain si rien ne change. II est revenu a I'un de nos meilleurs economistes, Ie professeur Remy Prud'homme, de dresser I'inventaire des depenses requises par ('application du Grenelle de I' environnement et que recapitule Ie tableau ci-apres qui dis- tingue I'impact sur les finances publiques et celui sur Ie pouvoir d'achat. Les chiffres sont tout simplement atterrants, puisqu'ils s'elevent respectivement a plus de 20 et 40 milliards d'euros par an, qui s'ajouteront aux 20 milliards deja consacres aux transports ferres et publics. 253 
CO 2 un my the planetaire TABLEAU 3 GRENELLE DE L1ENVIRONNEMENT (out annuel de dix mesures en termes d'accroissement de la depense publique et de perte de pouvoir d'achat (2020, en milliards d' euros) Accroissement de la depense publique Perte de pouvoir d' achat Bitiments : Normes plus severes (construction neuve) Renovation batiments publics Renovation logements sociaux Renovation logements prives Renovation du domaine bati tertiaire et commercial 2,00 3,50 1,00 2,50 2,00 3,50 4,00 11,30 Transports: Nouvelles lignes TGV Canal Seine-Nord Nouvelles lignes ferroviaires fret Nouveaux metros et trams Taxe kilometrique sur les poids lourds Energie : Eolien Photovoltaique Biocarburants 5,75 0,33 0,75 5,00 1,20 5,75 0,33 0,75 5,00 1,60 Total (arrondi) Source : Professeur Remy Prud'homme - 3,00 - 3,00 1,00 1,00 20,50 44,00 II ne faudrait pas croire que ces chiffrages soient fantaisistes. lis sont confirmes par les services officiels eux-memes qui estiment a 440 milliards d' euros d'ici a 2020 les depenses necessaires pour mettre en CEuvre Ie Grenelle de I'environne- mente 254 
La decroissance verte Quelques exemples expliquent I'ampleur des sommes annon- cees. C' est ainsi que la norme « tres basse consommation » qui sera imposee aux batiments neufs en rencherira Ie cout de 5 % a 10 % selon les estimations. Meme si I' on retient I'hypothese basse, Ie surcout annuel pour les acquereurs atteindra au moins 2,5 milliards d' euros sur la base de 500 000 logements par an. Pour les logements sociaux, au nombre de 4,2 millions, une depense de 10 000 euros par unite constitue un minimum pour les ramener a la tres faible consommation energetique prevue, a supposer que ce soit techniquement possible. Le calcul est vite fait: la depense totale atteindra 42 milliards d'euros a repartir sur 12 annees, soit 3,5 milliards par an. S'agissant des logements pnves, Ie plan prevoit la montee en charge progressive d'un programme de renovation lourde afin d'atteindre et de maintenir un volume de 400 000 operations par an a compter de 2012. Sur la base, la aussi minimale, de 10 000 euros par logement, la depense atteindra 4 milliards d'euros par an. S'agissant des batiments tertiaires et commerciaux pour les- quels une reduction d'au moins 20 % des consommations ener- getiques est prevue, la facture sera bien plus lourde encore compte tenu des surfaces en cause. On comprend I'approbation sans faille de la Federation natio- nale du batiment aux conclusions du Grenelle de I'environne- ment auxquelles elle n'a pas manque de faire savoir qu'elle 255 
CO 2 un my the planetaire adherait pleinement, bien que la profession soit sans doute dans ('incapacite de faire face a de telles perspectives. Certes, ('amelioration des performances energetiques des bati- ments engendrera des economies. Mais, au dela d'un certain seuil, ceUes-ci seront sans rapport avec les depenses a engager. Les choses ne se presentent pas mieux pour les transports: Ie Gre- nelle de I' environnement a prevu de couvrir la France de lignes nouvelles de TGV, de. metros et de tramways. S'agissant des lignes de TGV, iI a ete decide d' en construire 2 000 kilometres, c' est-a- dire de doubler Ie reseau existant alors que chacun sait que les lignes justifiees d'un point de vue economique ont d'ores et deja ete toutes construites. Le cout correspondant est donne par Ie plan du Grenelle lui-meme : 69 milliards d' euros, et cette estima- tion est sans doute prudente I La depense est a peine moindre pour les metros, tramways, canal a grand gabarit qui n' ont egale- ment aucun retour financier et que Ie contribuable devra done payer integralement. On comprend la sans difficulte I'enthou- siasme de la Federation nationale des travaux publics. Dans Ie secteur de (' energie, la situation n' est pas differente. On a vu ce qu'iI en etait pour les eoliennes et pour les panneaux photovolta'iques. Pour les uns comme pour les autres, c'est a 3 milliards d'euros de surcroit auquel Ie consommateur doit s'attendre chaque annee. II faut enfin denoncer un my the : celui de la «croissance verte ». T outes les mesures enumerees ci-dessus qui, sauf rares 256 
La decroissance verte exceptions, sont injustifiees d'un point de vue economique, « creeraient des emplois et engendreraient une nouvelle crois- sance », nous affirme-t-on partout. II n' est pas necessaire d' etre grand economiste pour compren- dre que, lorsqu'un pays engage des depenses injustifiees, iI freine sa croissance et, au to tat, detruit necessairement des emplois, meme s'iI en cree dans certains secteurs. Si, pour creer des emplois, la recette consistait a accroitre les depenses publi- ques ou «metapubliques », c' est-a-dire decoulant de normes imposees par les pouvoirs publics, iI y a longtemps que nous n'aurions plus de chomeurs en France I Imposer des depenses injustifiees au nom d'une illusoire lutte pour la sauvegarde de la planete est la plus sOre recette pour engendrer, non pas une croissance, mais une «decroissance verte ». La demarche est suicidaire. 
Chapitre V L' Amerique et l'Europe De part et d'autre de I' Atlantique, des voix s' elevent contre la pensee unique ecologiste, mais elles ne sont pas entendues. Ce sont ceUes des nombreux scientifiques qui contestent formeUe- ment les conclusions du Giec et la dictature inteUectueUe qui regne en son seine Ce sont aussi celles de rares hommes politi- ques qui affirment que I'alarmisme qui entoure Ie rechauffe- ment climatique est Ie fait d'ideologues qui veulent imposer une vision negative et collectiviste de la societe et mettent en danger la liberte eUe-meme. Aux Etats-Unis, les protestations les plus vives emanent de scientifiques reputes qui s' opposent a leurs collegues qui affir- ment que les changements climatiques actuels sont la conse- quence des activites humaines et en particulier des emissions de CO 2 . La plus notable de ces initiatives, datant de 1999, s' est traduite par un manifeste connu sous Ie nom d' Oregon Petition, lance par I'lnstitut des sciences et de la medecine de I'Etat d'Oregon, et signe depuis lors par 31 072 scientifiques dont 259 
CO 2 un my the planetaire notamment 9 992 ingenieurs, 3 697 specialistes des sciences atmospheriques, 5 691 physiciens et 4 796 chimistes. Parmi les signataires figurent 9 021 titulaires de diplomes de doctorat (PhD), la plus haute qualification americaine, et notamment Frederick Seitz, ancien president de I' Academie des sciences des .; Etats-Unis. Cette petition est la suivante : Nous demandons instamment au gouvernement americain de rejeter I'accord sur te rechauffement ctimatique etabore a Kyoto ou toute autre proposition simitaire. Les timita- tions envisagees pour tes emissions de gaz a effet de serre freineraient tes progres des sciences et de ta technotogie et seraient nefastes au progres et au bien-etre de t'humanite. It n'existe pas d'evidence scientifique convaincante que tes rejets d'origine humaine de C0l' de methane ou d'autres gaz a effet de serre causent ou pourraient causer dans un avenir previsibte un rechauffement catastrophique de t'atmosphere terrestre et un bouteversement du ctimat de ta ptanete. Ce texte ne nie pas I' existence de variations naturelles du cli- mat, mais affirme que I'annonce de modifications catastrophiques de celui-ci du fait des activites humaines n'a pas de fondement. II est inutile de dire que ses auteurs, qui ont renouvele cette profession de foi en 2007, se sont vus ecartes des groupes de reflexion du Giec, comme tous ceux qui n'adherent pas au « politiquement correct» ambiant qui postule la responsabilite humaine des changements climatiques. Le nombre impression- 260 
L' Amerique et ('Europe nant des signata ires de cette petition, qui sont sans doute major ita ires au sein de la communaute scientifique americaine, n'a done pas empeche qu'ils n'aient guere eu la parole et que l' on ait pour l' essentiel entendu la voix de ceux qui, tel l' alar- miste James Hansen precedemment cite, ont annonce que nous allions vers l' apocalypse. AI Gore, Bush et Obama II n' est pas possible de comprendre ce qui s' est passe depuis plus d'une decennie aux Etats-Unis, notamment sous les deux mandats de George Bush, si l' on ignore la position du Senat americain. Celui-ci a adopte Ie 25 juillet 1997 une resolution fondamentale qui allait inspirer pendant onze ans au moins la politique des Etats-Unis. Cette resolution, deposee par les sena- teurs Byrd et Hagel et adoptee a I'unanimite des 95 votants, sti- pule: «Les Etats-Unis ne doivent signer aucun protocole qui comprendrait des engagements de limitation ou de reduction des emissions de gaz a effet de serre de la part des pays deve- loppes sans demander egalement des engagements specifiques de limitation ou de reduction de la part des pays en voie de developpement, faute de quoi iI en resulterait des impacts nui- sibles serieux sur l' economie americaine. » II est important de noter que cette resolution fondamentale du Senat americain a ete elaboree et adoptee du temps de la pre- sidence de Bill Clinton, quatre ans avant I'arrivee au pouvoir de George V\t: Bush a qui on impute Ie plus souvent Ie refus ameri- 261 
CO 2 un my the planetaire cain du protocole de Kyoto. II y a plus surprenant encore. Le 12 novembre 1998, Ie vice-president americain de I' epoque, qui n' etait autre qu' AI Gore, a symboliquement signe Ie protocole de Kyoto. Mais iI a indique simultanement que celui-ci ne serait enterine par Ie Parlement americain que lorsque les pays en voie de developpement y seraient inclus. Autrement dit, ta posi- tion d'At Gore etait a t'epoque exactement ta meme que cette qu'it a ensuite reprochee a George W Bush! Celui-ci a en effet constamment affirme que les Etats-Unis n'adhereraient pas au protocole de Kyoto tant que la Chine en serait dispensee, en justifiant ainsi son refus en 2001 : « Le defi auquel nous sommes confrontes demande un effort a 100 %: de notre part, mais aussi du reste du monde. Le second emetteur mondial de gaz a effet de serre est la Republique populaire de Chine. Pourtant la Chine a ete totalement exemptee des exigences du protocole de Kyoto. L'lnde fait aussi partie des emetteurs majeurs. Pourtant, elle aussi a ete exemptee. Notre refus d'adherer a ce traite ne doit pas etre interprete par nos amis et nos allies comme une abdication de nos responsabilites. Mais no us ne pouvons donner notre accord a un traite qui laisse de cote 80 % du monde. » L'avenir a donne raison au president americain. Depuis cette declaration, la Chine est passee du deuxieme au premier rang mondial des emetteurs mondiaux de gaz a effet de serre avec plus de 6 milliards de tonnes de CO 2 par an, et elle accroit cha- que annee ses rejets de plusieurs centaines de millions de ton- nes supplementaires au fur et a mesure que se developpe son programme de centrales electriques a charbon. La position de 262 
L' Amerique et I'Europe George W. Bush se comprend d'autant mleux qu'un rapport conjoint du ministere federal de l'Energie (Department of Energy) et du Bureau du budget du Congres (Congressionat Budget Office) avait montre que I'application du protocole de Kyoto aurait entraine une perte pour l' economie americaine pouvant atteindre 4,2 % du PIB du pays. II reste a voir si Ie president Obama suivra la meme voie que son predecesseur, possibilite qu'iI ne faut pas ecarter meme s'iI a fait des declarations contraires pendant sa campagne electorale comme iI fallait s'y attendre. II lui etait en effet impossible d'adopter une position differente : s'ill'avait fait, iI se serait attire les foudres d' AI Gore alors qu'iI avait besoin de son soutien. II se serait egalement mis ados les tres nombreux elus locaux qui, conquis par la pen see unique, ont engage au niveau de leur terri- toire des politiques « vertes ». II se serait enfin aliene la majorite de I' opinion publique americaine, desormais convaincue de I'hypothetique responsabilite humaine. Des qu'iI a ete elu, Obama a reitere son engagement de rejoindre Ie concert des nations developpees dans la « lutte contre Ie changement climatique » et s'est entoure de conseillers partageant cette conviction. Cepen- dant, des Ie 20 fevrier 2009, la messe etait dite quand Obama, dans une critique a peine voilee du protocole de Kyoto, declara a Ottawa qu'aucune solution ne pourrait etre trouvee si la Chine et I'lnde maintenaient leur position. Face au refus attribue - a tort - a George Bush, six cents mai- res, democrates ou plus rarement republicains, se sont engages au cours des annees recentes a tout faire pour respecter a leur niveau l' objectif de reduction de 7 % des emissions de CO 2 que 263 
CO 2 un my the planetaire Ie protocole de Kyoto avait fixe aux Etats-Unis. Les actions engagees par les vUles participant a ce qui est devenu une croi- sade sont nombreuses et variees. Parmi les propositions en vogue figurent I'achat de vehicules municipaux a gaz, hybrides ou electriques, I'investissement en faveur des energies renouve- lables, la plantation d' arbres, la promotion du covoiturage, I' amelioration des transports publics, la creation de pistes cyclables, etc., toutes actions qui ne surprendront pas les Europeens. Au sein des vi lies concernees figurent New York, Seattle, La Nouvelle-Orleans, Salt Lake City et treize autres grandes agglo- merations qui participent ainsi a ce qui est connu outre- Atlantique comme etant la « Mayors' initiative ». Mais I'engagement Ie plus connu a indiscutablement ete celui du gouverneur de Californie, Ie tres mediatique Arnold schwarzenegger. En 2000, celui-ci a tout d'abord fixe a son Etat des objectifs tres ambitieux pour 2050, promettant de diviser les emissions par cinq a cette date par rapport a leur niveau de 1990. De telles « promesses » engagent evidemment d'autant moins ceux qui les formulent qu'ils seront morts avant cette date et que, parmi ceux qui les ecoutent, les survivants les auront oubliees depuis longtemps. soyons serieux. C' est a plus court terme que les choses se com- pliquent. Arnold schwarzenegger a egalement rendu public un autre engagement: porter la part des energies renouvelables, hors nucleaire et hydroelectricite, a 20 % de la production 264 
L' Amerique et I'Europe d'electricite californienne en 2010. Un an avant cette echeance, iI est desormais patent que cette proportion n'a aucune chance d' etre atteinte, et les compagnies electriques viennent de declarer qu'un tel objectif leur etait inaccessible. II en resulte egalement que Ie but imprudemment affiche de ramener les emissions liees a la production d' electricite a leur niveau de 1990 ne sera pas atteint 1 . Un autre des objectifs du gouverneur est tout aussi mal partie Celui-ci avait prevu de subventionner la production d' electri- cite d' origine solaire en equipant de generateurs les toits d' un mittion de maisons. Ce projet est egalement dans I'impasse du fait de I' envolee du cout des panneaux photovolta'iques, conse- quence des subventions massives dont beneficient leurs com- posants en Allemagne, et surtout parce que les compagnies electriques sont quand meme obligees de desservir les maisons concernees pendant les heures nocturnes, et se trouvent alors dans I' obligation de facturer I' electricite bien plus cher qu' aupa- ravant, de telle sorte qu'iI arrive que la facture globale pour les interesses soit superieure a ce qu' elle etait anterieurement, mal- gre les subventions versees I Tant qu'on ne saura pas stocker I' electricite a bon marche, on voit a quel point les energies renouvelables poseront probleme, meme dans un pays inonde de soleil. Si I'on ajoute que la population californienne s'accroit rapide- ment, et tout particulierement dans les zones de I'interieur de 1. The economist, 23 juin 2007. 265 
CO 2 un my the planetaire l'Etat OU la chaleur est accablante et la consommation d' electri- cite double de ce qu'elle est ailleurs du fait de la necessite de la climatisation, it faut se rendre a l' evidence. Le plan de lutte contre l'effet de serre d'Arnold Schwarzenegger est un grand succes mediatique, mais c'est tout. Son auteur a joint sa voix a celie de ceux qui croient qu' en cedant au « politiquement cor- rect » des energies renouvelables, des solutions aisees peuvent etre trouvees. II a seulement apporte la demonstration que les meilleures intentions ne suffisent pas lorsqu' elles sont confron- tees a la reaUte des faits 1 . En definitive, la situation qui regne au debut de 2009 aux Etats- Unis presente deux faces. Sur Ie plan officiel, elle reste dominee par la resolution adoptee a l'unanimite en 1997 par Ie Senat, qui interdit au gouvernement americain d'accepter Ie protocole de Kyoto ou tout engagement simitaire tant que les pays en deve- loppement, et notamment la Chine et l'lnde, n'y auront pas souscrit. Mais I' opinion, convaincue par les tenants du « poUti- quement correct» et d'abord par AI Gore, a largement bascule et partage desormais la pensee unique regnant en la matiere. Malgre leur nombre, les scientifiques qui ont affirme que les activites humaines ne presentaient pas de danger pour l'evolu- tion du cUmat ont done perdu Ie combat des idees. Chaque annee, Ie magazine americain Time decerne a plusieurs dizaines de proselytes de tous pays Ie titre de « Heros de I'envi- ronnement ». Ce fut a nouveau Ie cas Ie 6 octobre 2008. Tous 1. The Economist, op. cit. 266 
L' Amerique et I'Europe les laureats ou presque n' ont qu'une obsession: reduire les emissions de gaz carbonique, presentees comme source de tout mal. Les uns inventent des voitures electriques, mettent en place des reseaux de location de velos, imaginent des viUes compactes, developpent des eoliennes ou des panneaux photovolta'iques, batissent des immeubles «zero emission », creent des marches du carbone, ecrivent des livres pour inciter chacun a changer de comportement, edictent, tel Arnold Schwarzenegger, des regle- mentations destinees a reduire les emissions carbonees, etc. Pourtant liberal, I'hebdomadaire de reference The Economist lui- meme ne met pas en doute la necessite et la possibilite de lutter contre les rejets de CO 2 . En ce debut de siecle, c' est une vague pla- netaire qui deferle, mais sans le moindre impact sur la realite des choses puisque jamais les emissions ne se sont autant accrues. L'Europe hypnotisee Un meme constat peut etre dresse en Europe, d'autant plus que les oppositions a la pensee dominante y ont ete beau- coup plus faibles qu' outre-Atlantique. Les scientifiques euro- peens qui ont mis en doute les conclusions des experts des Nations unies ont tout d'abord ete moins nombreux, d'autant plus que Ie partage du continent en plus de trente pays n'y a pas permis I'emergence d'un mouvement unifie. Certes, bien des scientifiques se sont eleves pour denoncer la mainmise sur les organismes officiels des tenants d'une meme pensee, mais leurs actions sont Ie plus souvent res- 267 
CO 2 un my the planetaire tees confinees a un seul pays. Deux d'entre elles sortent cependant du lot. La premiere est celie d'un statisticien danois, Bj0rn Lomborg, qui a defraye la chronique it y a une dizaine d'annees avec son livre intitule L 'Ecotogiste sceptique, qui eut un retentissement mondial et fut traduit en de nombreuses langues. Lui-meme ancien ecologiste, it denonc;ait dans cet ouvrage les multiples contreverites repandues par Ie mouvement « vert» en vue de nier Ie progres et de propager une vision negative et Ie plus souvent injustifiee de I' evolution du monde. s'agissant plus pre- cisement de I'effet de serre, Bj0rn Lomborg a montre que Ie protocole de Kyoto ne pouvait avoir aucun effet significatif sur I'evolution de la composition de I'atmosphere et done a for- tiori sur Ie climat. Meme s'it avait ete integralement respecte, y compris par les Etats-Unis, Ie traite aurait eu pour seul resultat de decaler un peu dans Ie temps I'evolution des concentrations, sans apporter de reels changements. Bj0rn Lomborg, que la revue Newsweek a classe parmi les cent personnes les plus influentes de la planete, n'a cesse depuis lors de militer pour que la communaute internationale arrete de dila- pider ses ressources au benefice d'une cause illusoire, et affecte les sommes considerables qu'eUe y consacre aujourd'hui aux veri- tables priorites, c'est-a-dire a I'amelioration du sort des hommes, des femmes et des enfants qui peuplent notre planete. 268 
L' Amerique et I'Europe Oil depenser notre argent ? Pour en savoir plus, Bj0rn Lomborg a reuni en mai 2004 un panel de trente-huit professeurs d' economie en provenance des meilleures universites du monde, dont quatre prix Nobel, et leur a pose la question suivante : « Si vous disposiez de 50 mil- liards de dollars pour ameliorer Ie sort de I'humanite, a quelles fins vaudrait-il mieux les affecter ? » Dix-sept mesures leur furent proposees, et des experts de cha- cune d'entre elles vinrent exposer en detail et objectivement ce qu' elles impliquaient, quel sera it leur coat, et quels resultats iI serait possible d'en esperer. Apres avoir longuement entendu les uns et les autres, les trente-huit economistes sont arrives a un consensus depourvu d'ambigu'ite, intitule depuis lors « consensus de Copenhague » du fait du lieu ou i Is etaient reu- nis. On trouve sans surprise aux premiers rangs de leurs recom- mandations la lutte contre Ie sida, la distribution de complements nutritionnels pour combattre la faim dans Ie tiers- monde, Ie contr61e du paludisme et Ie developpement de nouvel- les techniques agricoles, toutes mesures susceptibles de sauver des millions d' etres humains. Affecter 27 milliards de dollars a la lutte contre Ie sida permettrait ainsi d' eviter de I' ordre de 28 millions de nouveaux cas, et Ie benefice en termes economi- ques serait quarante fois superieur a la depense I Ce n'est qu'aux derniers rangs de leur classement que figu- rent les deux mesures de la liste qui etaient relatives a la lutte contre Ie changement climatique: la creation d'une taxe sur Ie carbone et la mise en CEuvre du protocole de 269 
CO 2 un my the planetaire Kyoto. Les calculs montrerent en effet que, pour seulement appliquer correctement ce traite au niveau de la planete, iI faudrait depenser 725 mittiards d'euros chaque annee pen- dant te siecte actuet, avec pour seul effet de decaler de six ans la concentration des gaz a effet de serre dans I'atmos- phere en reportant a 2106 Ie niveau qui aurait du etre atteint en 2100, ce qui n'aurait bien entendu aucun effet notable sur Ie sort de I'humanite. Y affecter 50 miUiards d'euros de plus ne servirait absolument a rien, alors qu'avec une telle somme, iI serait possible de changer sans tarder Ie sort de miUions d'etres humains et de les faire echapper a la famine, a la maladie et a la mort 1 . II est d'ailleurs interessant de noter que tous ceux, d'origines tres diverses, ecoliers ou chefs d'Etat, a qui ont ete ulterieurement exposees ainsi les donnees du probleme, sont arrives aux memes conclusions, c' est-a-dire a la priorite a donner aux actions humani- taires. Comment serait-il possible d'hesiter ? C' est bien ce qu' ont compris, parmi d'autres, Bill Gates et Warren Buffett, qui tiennent a ce que I'argent de leur fondation soit depense a meilleur escient et done uniquement affecte a des causes humanitaires. C'est egalement ce qu'ont compris les Nations unies, comme I'a rappele la Declaration du Millenaire adoptee par les chefs d'Etat du monde entier a New York en 2000 et dont I' objectif central est de lutter contre la misere dans Ie monde et non de « sauver la planete ». Enfin a titre individuel, Ie choix ne fait guere de doute. si nous souhaitons nous devouer a une cause qui en vaille 1. Bj0rn Lomborg, How to Spend $50 Billion to Make the World a Better Place 270 
L' Amerique et ('Europe la peine, c'est en faveur des nombreuses actions humanitaires qui s'offrent a nous qu'iI faut Ie faire. En France, c'est avant tout Claude Allegre, dans son ouvrage Ma verite sur ta ptanete, qui a denonce avec vigueur I'ambiance d'« hysterie catastrophique et de dictature intel- lectuelle » qui regne des que I' on parle du changement cli- matique, en mettant en doute que « Ie gaz carbonique soit, dans un systeme aussi complexe que I'atmosphere, I'unique responsable de celui-ci qui a de multiples causes dont beau- coup sont naturelles (Ie soleil, Ie cycle de I'eau avec les nua- ges [on] » Meme si les conclusions operationnelles qu'iI en tire sont sujettes a debat, Claude Allegre conforte ceux qui refu- sent d' etre victimes du « politiquement correct» et cher- chent a se faire leur propre opinion. II donne aussi I' une des cles de la situation actuelle quand iI note que les ecologistes franc;ais sont pour la plupart des « pas- teques », verts dehors, rouges dedans. Et un rouge tres vif, car Ie mouvement ecologiste est pour une large part constitue de militants d'extreme gauche ou de sensibilite d'extreme gauche qui ont pris les theses ecologistes pour deguisement. De son cote, Serge Galam, specialiste repute, montre dans son livre Les scientifiques ont perdu te nord 1 comment les organis- mes officiels ont abandonne toute approche scientifique au profit de la recherche de « consensus» qui ne peuvent qu' ente- 1. Op.cit. 271 
CO 2 un my the planetaire riner les idees dominantes, fussent-elles sans Ie moindre fonde- mente Des protestations vehementes contre les derives actuelles ema- nent egalement d'autres pays, et notamment de I'Angleterre OU un film fut tourne pour les denoncer. L'ancien chancelier de l'Echiquier Nigel Lawson a recemment publie outre-Manche un livre retentissant, An Appeat to Reason, pour predire que « la bulle ecologique » allait bientot eclater, apres celie de l'immo- bilier et de la finance. Mais, sans coordination au niveau du continent, tous ces efforts se sont heurtes jusqu'a present au mur du « politiquement cor- rect » etabli par ceux qui tiennent les renes des structures offi- cielles, et ils n' ont pas reussi a ebranler la vision des choses qui veut que Ie changement climatique menace la planete d'une evolution catastrophique, et que l'homme en soit responsable. Au total, qu'i I s' agisse de l'Europe en general ou de la France en particulier, les scientifiques qui s' opposent a la pen see domi- nante ont done, comme aux Etats-Unis, perdu Ie combat des idees pour l'instant. Dans ces conditions, iI ne faut pas s'etonner du quasi- unanimisme a caractere presque hysterique qui regne au sein du monde poUtique europeen des qu'iI est question de CO 2 et de changement climatique. Parmi les vingt-sept chefs d'Etat de l'Union europeenne, iI n'en est qu'un qui ait pris ouvertement position contre la vision « politiquement correcte » des choses. 272 
L' Amerique et I'Europe II s' agit du president de la Republique tcheque Vaclav Klaus qui, tres marque par les annees qu'iI a vecues sous Ie regime com- muniste, n'a de cesse de denoncer une situation qui met en danger selon lui la liberte elle-meme, comme en temoigne Ie discours qu'iI a prononce Ie ler octobre 2008 a Portland OU iI avait ete invite par les auteurs de I'Oregon Petition: Les gens rationnels savent que les changements du climat que nous constatons ne depassent pas les fluctuations naturelles enregistrees au cours des dix mille dernieres annees [...]. Le vrai debat n' est pas celui du changement climatique, mais celui de la liberte et des menaces qui pesent sur elle. Les intentions des activistes du change- ment climatique donnent Ie frisson. lis veulent nous changer, changer I'humanite entiere, changer nos com- portements, la structure et Ie fonctionnement de notre societe, Ie systeme de valeurs que nous avons progressi- vement etabli depuis des siecles. lis veulent no us imposer une ideologie de I' environnement faisant fi de la science, profondement antiliberale, extremement autoritaire, et mettant en danger la liberte et la prosperite. Comme cela a ete du temps de la dictature communiste que j'ai connue, c' est a nouveau Ie vieux debat, celui de la liberte et du marche contre Ie dirigisme, Ie controle politique et la mainmise sans cesse croissante des gouvernements sur Ie comportement humain. L'attaque des ecologistes me rappelle les arguments des communistes: hier iI fallait lutter pour « des lendemains qui chantent » ; aujourd'hui il faut lutter pour « sauver la planete ». [no] 273 
CO 2 un my the planetaire Les alarmistes du rechauffement climatique ont egalement reussi a creer des groupes de pression tres puissants et qui cherchent a maximiser leurs profits dans des domaines tres varies : - la vente de permis d' emission de CO 2 ; - la construction de generateurs d' electricite inefficaces faisant appel au vent ou au solei l et qui n' existent que grace a des subventions massives ; - la culture de plantes qui produisent des biocarburants au detriment de la nourriture dont I'humanite a besoin ; - sans oublier les revenus dont beneficient la multitude de ceux qui font de la recherche, qui ecrivent et qui parlent dans les congres au sujet du rechauffement cli- matique. Tous ces gens ne sont nullement interesses par Ie CO 2 , mais par Ie business dont its vivent et par les profits qui en decoulent avec I'aide des responsables politiques [...] En tant qu' economiste, Vaclav Klaus termine en regrettant que ses collegues europeens et lui-meme aient echoue dans leurs efforts pour ramener la rationalite dans un domaine qui I'a perdue. Bien que ('Union n'emette que Ie huitieme des rejets mondiaux du gaz carbonique, la Commission europeenne et Ie Parlement europeen se livrent en effet a une bataille de surencheres pour imposer au Vieux Continent des contraintes extremement seve- res afin que celui-ci « donne (' exemple au monde ». 274 
L' Amerique et I'Europe Ainsi, I'Europe est en pratique la seule grande partie du globe qui ait adhere au protocole de Kyoto et se soit efforcee d'en respecter les objectifs de reduction des emissions, alors meme qu'ailleurs celles-ci n' ont jamais augmente autant, reduisant a neant ses efforts. Pour I'avenir proche, Ie Vieux Continent s'est impose, a l'initiative de la Commission, des contraintes qui ne reposent sur aucune etude mais seulement sur l'attrait que peu- vent exercer les chiffres ronds. II en est ainsi du programme dit « 20/20/20». II a ete decide qu'en 2020 la consommation energetique de I'Union devrait etre reduite de 20 %, ses emis- sions de CO 2 egalement diminuees de 20 % et que la part des energies dites « renouvelables » au sein de son bilan energeti- que d'ensemble devrait croitre jusqu'a 20 % dans Ie but de reduire les emissions de CO 2 . L'analyse de ce dernier objectif met en evidence a quel point I'influence des mouvements ecologistes au sein des institutions europeennes est desormais dominante. Alors que la diminution des emissions de CO 2 constitue I' objectif affiche et sans cesse rappele par Ie president de la Commission Manuel Barroso lui-meme, les ecologistes ont obtenu que I' electricite d'origine nucleaire, qui n'emet pourtant aucun rejet de CO 2 , soit exctue du decompte lorsqu'il s'agit de porter a 20 % contre 8,5 % a l'heure actuelle la part des energies non emettrices de CO 2 , et que seules soient prises en compte les energies bapti- sees « renouvelables ». Autrement dit, l'energie nucleaire, qui n'emet pas de CO 2 , est classee parmi les energies qui en emettent. Une telle aberration, 275 
CO 2 un my the planetai re fruit de I'hostilite des mouvements ecologistes a I'electricite nucleaire, a des consequences tres graves pour notre pays. D' apres Bruxelles, il faudrait porter la proportion de notre energie « renouvelable » de 10,3 % a 23 % d'ici a 2020, c' est-a- dire en pratique couvrir notre pays, au prix de depenses ruineu- ses pour les consommateurs d' electricite, de dizaines de milliers d' eoliennes destructrices de notre patrimoine paysager et alors fermer plusieurs centrales nucleaires, Ie tout sans Ie moindre alors effet sur nos emissions de CO 2 puisque nous produisons deja la tres grande majorite de notre electricite sans en rejeter. II faut dire que les gouvernements franc;ais successifs portent une lourde part de responsabilite pour avoir accepte, sous la pression des pays ou domine l'ideologie ecologiste, que l' on parle d' energies «renouvelables» lorsqu' on evoque I' objectif europeen de 20 %, ce qui exclut Ie nucleaire, et non d' energies « non carbonees », ce qui l'aurait inclus et correspondrait vrai- ment au but affiche : reduire les emissions de CO 2 . A I'excep- tion de quelques voix courageuses et isolees, telles que celie du depute europeen et ancien champion automobile franco- finlandais Ari Vatanen dans le cadre de son association Mobitity for prosperity in Europe ou il explique que les mesures propo- sees par Bruxelles dans Ie domaine des transports au pretexte de lutter contre l'effet de serre ne pourront que rendre les echanges plus couteux et plus difficiles au detriment de I' emploi et du pouvoir d'achat des plus defavorises, Ie Parlement euro- peen est unanime des qu'il s'agit d'imposer au Vieux Continent des contraintes sans cesse plus seve res dans Ie but illusoire de « sauver la planete ». 276 
L' Amerique et I'Europe Pourtant, a I' echelle du monde, ni la Chine, ni I'lnde, ni les Etats- Un is, ni Ie Canada, ni I' Australie n' envisagent serieusement des mesures analogues qui brideraient leur croissance. Pour- quoi faut-il alors que I'Europe se flagelle? Est-ce, comme I'evoque Pascal Bruckner et comme Ie suggere de son cote Luc Ferry, parce qu' elle cherche eternellement a faire repen- tance ? Quoi qu'iI en soit, un constat sans appel doit etre dresse. Mal- gre les efforts des esprits prestigieux qui viennent d' etre cites, Ie combat des idees a ete jusqu'a present perdu en Europe, peut-etre plus certainement encore qu'aux Etats-Unis. 
Conclusion Le plus grand my the # planetaire depuis GALILEE Avec Ie recul du temps, la psychose qui s'est emparee de la pla- nete au debut du XXl e siecle autour du changement climatique apparaitra comme I'une des plus difficiles a comprendre de I'histoire de I'humanite. Comment les chefs d'Etat des pays les plus developpes du monde, entoures chacun de centaines sinon de milliers d' experts ou censes tels, ont-ils pu ne rien comprendre a I' evo- lution des choses au point d'afficher pour la planete des objec- tifs depourvus du realisme Ie plus elementaire, pour ne pas dire absurdes ? Comment les organismes les plus officiels, fonctionnant au nom et sous I' egide des Nations unies ont-ils pu deriver au point d'imposer au monde entier une vision «politiquement cor- recte » de I'avenir, tout aussi apocalyptique que privee de tout bon sens ? Comment la plupart des commentateurs n' ont-ils pas vu et denonce les incoherences qui ont donne naissance a 279 
CO 2 un my the planetaire la version moderne du my the de la fin du monde qui regne en ce debut de siecle? Comment la plus haute distinction du monde - Ie prix Nobel - a-t-elle pu etre decernee a un person- nage qui est au mieux un amateur incompetent et au pire un charlatan, ainsi qu'a un organisme onusien pris en main par des ideologues? Comment l'Europe a-t-elle pu se fixer des objec- tifs aussi arbitraires et ruineux qu'inefficaces et impossibles a atteindre? Comment notre epoque, censee etre celie de la rationalite, peut-elle encore ceder a des peurs venues du fond des ages ? Sans doute ces questions feront-elles avec Ie recul du temps I' objet d' analyses, de rapports et d' etudes. Qu'iI soit permis des a present d' essayer de leur apporter quelques reponses. Celles- ci sont de deux ordres. Les unes tiennent a la complexite des choses et au petit nombre d'esprits capables d'en faire la syn- these; les autres a la naissance d'une quasi-religion nouvelle, celie de I' ecologisme. La disparition de !'honnete homme Chacun peut concevoir que les phenomenes qui ont .fait I' objet de ce livre sont d'une grande complexite. Mais surtout, ils rele- vent de tenants de disciplines qui n'ont aucun point commun : climatologues, specialistes des diverses formes d'energie, eco- nomistes, experts en matiere de transport, d'industrie du bati- ment, etc. Chacun a son propre langage, ses propres unites de 280 
Le plus grand mythe planetaire depuis GALILEE mesure, et ses propres angles de vue. Et chacun se garde bien de s'interesser de trop pres et plus encore de porter un juge- ment sur ce qui n'est pas de son domaine de competence. Ceux qui consacrent leur vie a I' etude du climat ne voient la planete et I'humanite qu'a I'aune de ce critere. Sans doute beaucoup sont-ils de bonne foi lorsqu'ils emettent des cris d' alarme, des souhaits et des recommandations. Mais ce ne sont en rien des specialistes de I' energie, des transports, ou des economistes, et les requetes qu'ils emettent sont physiquement impossibles a realiser ou si couteuses a mettre en CEuvre qu' elles ruine- raient I'economie mondiale et condamneraient les pays emer- gents a stagner dans la misere et Ie sous-developpement si I' on tentait de suivre leurs recommandations. Pour leur part, les specialistes de I' energie n' ont aucune compe- tence climatologique et s'en remettent done aux conclusions des specialistes de cette discipline. T entant de satisfaire des injonctions qu'ils ne remettent pas en cause, ils aboutissent a des impasses pour ne pas voir que Ie probleme qui leur est pose n'a pas de solution. Les economistes, quant a eux, ne sont ni climatologues ni experts en energie ou en transports. lis appliquent la theorie economique a un probleme qui n'a pas de solution physique. Vouloir agir significativement a I' echelle de la planete sur les emissions de gaz a effet de serre en donnant un prix a la tonne de carbone aurait un sens si la valeur a retenir ne devait etre prohibitive pour avoir une quelconque efficacite, com me Ie montre Ie fait qu'une hausse de 300 % du prix du petrole en 281 
CO 2 un my the planetaire quelques annees n'a pratiquement pas fait varier la consomma- tion mondiale avant la crise de 2008. En definitive, Ie bon sens a disparu. Faut-il Ie redire: qui pourrait croire un instant que l'humanite laissera inutHisee dans Ie sous-sol du globe une part significative du petrole, du gaz naturel et du charbon qui lui sont accessibles ? Qui pourrait croire que l' essentiel sinon la quasi-totalite des gisements correspondants ne sera pas epuisee au cours du xx,e siecle ? Les regrets des climatologues, les previsions des specialistes de [' energie, les calculs des economistes n'y changeront rien, la marche du monde ne s'arretera pas, et celle-ci necessite pour ['instant Ie recours aux energies fossiles qui, plus que tout autre vecteur, en sont un support fondamental avant que d'autres sources prennent Ie relais. Tout cela aurait du apparaitre depuis longtemps si notre monde moderne n' etait cloisonne de maniere etanche entre experts de specialites disjointes. Certes, il faut des specialistes. Mais notre epoque souffre de ['absence d'« honnetes hommes » au sens du XVlll e siecle, c' est-a-dire d' esprits capables de s'interesser sans prejuges a de nombreux domaines de I'activite du monde comme Ie faisaient les encyclopedistes, afin d'en degager une synthese et de se faire une opinion personnelle me me si celle- ci doit se situer a ['oppose des vues les plus communement repandues. 282 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE II s'agit en definitive simplement de revenir aux preceptes de Descartes deja cites et qui meritent de I'etre a nouveau, dont Ie premier etait de « ne jamais considerer une chose pour vraie sans avoir verifie soi-meme qu' elle I' etait ». C' est ainsi que nous assistons a la fin du cartesianisme et de I'ere des Lumieres en ce debut de xx,e siecle, en meme temps qu'a I'apparition d'une quasi-religion. Andre Malraux avait bien predit que Ie « xx,e siecle serait religieux ou ne serait pas », mais iI n' avait pas envisage que cette religion serait celie de I' ecolo- gisme. Une quasi-religion Pour donner un sens a sa vie, iI fallait autrefois porter ailleurs la « vraie foi ». De tout temps, it a existe des proselytes, des hom- mes et des femmes qui, au-dela meme de toute rationalite, veu- lent se devouer a une cause qui les de passe. Inchanges a travers les siecles, on les retrouve aujourd'hui autour des croyances ecologiques. Comme toute religion, l' ecologisme a ses pretres et ses fideles. Parmi les premiers figurent ceux qui nous affirment que tout va mal, que nous sommes tous coupables, et que Ie salut de la Terre est entre nos mains. Malheur a celui qui les met en doute et qu'iI faut alors eliminer, sinon physiquement, du moins des debats. Hors de cette Eglise, point de salut I 283 
CO 2 un my the planetaire II ne faudrait pas croire d'ailleurs que seuls les partis ecologistes comptent en leurs rangs des proselytes de la cause. Ceux-ci figurent en bonne place au sein de toutes les composantes de I' echiquier politique national. Quels que soient les partis dont ils se reclament, les nuances qui existent entre les divers mili- tants de I' ecologie sont peu de chose a cote de ce qui les unit. lis partagent tous la meme vision profondement negative de l'homme, la mefiance a I' egard du progres et Ie rejet de I' economie liberale. Pour s' en convaincre, iI suffit de constater que les solutions qu'ils preconisent sont to utes d'inspiration collectiviste, queUe que soit la mouvance a laquelle ils appar- tiennent, et sont toutes les memes. Le plus etonnant est sans doute que certains d' entre eux ou d'entre elles affirment etre « de droite » alors que tout montre qu'ils partagent des valeurs qui sont fondamentalement oppo- sees a celles de leur famille politi que. Tous ensemble, ces « prophetes de l'apocalypse 1 » ont su creer une vision politiquement correcte desormais si presente qu' elle a infiltre I' ensemble des partis a un point tel que certains n' ont pas vu que c' etaient les valeurs de leurs adversaires qui triom- phaient en leur seine « II n'y a pas de plus grand succes que de faire croire a son ennemi tout Ie mal qu' on dit de lui », affirme Ie proverbe, et il parait incomprehensible que ceux qui ont une tout autre vision de I'homme ne se soient pas rendu compte a quel point ils etaient manipules. Mais c' est ainsi. 1. Titre emprunte a I' excellent ouvrage de Jean de Kervasdoue, Les Precheurs de I 'Apocalypse, Pion, 2007. 284 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE Tout ceci est d'ailleurs fait en vain car, a chaque occasion, les ecologistes ne manquent pas de dire que les pouvoirs publics n' en font jamais assez. Rien ne s'oppose done plus dans notre pays et plus generale- ment en Europe a la vision negative de I' evolution du monde et du role de I'homme sur la planete, et personne ou presque n' est la pour la remettre en cause en rappelant les faits qui temoi- gnent a I'evidence que I'humanite est aujourd'hui entree dans une phase de progres sans precedent dans I'Histoire. Combien de Franc;ais savent-ils que I' esperance de vie a la nais- sance dans les pays du tiers-monde a ete multipliee par deux et demi entre 1900 et 2000 ? Aujourd'hui, plus de neuf enfants sur dix survivent contre un sur deux iI y a un siecle, et Ie progres continue a I'aune de la generalisation des cinq vaccinations de base. Combien savent que la rougeole est en voie de quasi- disparition, Ie nombre de ses petites victimes annuelles ayant regresse de 880 000 a 200 000 en huit ans, de 1999 a 2007 ? Combien savent que Ie nombre d'etres humains qui mangent a leur faim s' est accru de 2 milliards depuis trente ans ? Combien savent que Ie rythme d'accroissement du niveau de vie moyen des habitants des pays pauvres a double depuis I'an 2000, pas- sant de 1,5 % par an auparavant a plus de 3 % ? Au-dela des fluctuations conjoncturelles, la Chine n'a-t-:elle pas jusqu'a une date recente delocalise certaines de ses usines vers les pays «a bas salaires » tels que Ie Vietnam ou I'lndonesie, preuve de I'elevation exceptionnellement rapide jusqu'a ce jour 285 
CO 2 un my the planetaire du niveau de vie dans I'empire du Milieu? Qui sait que, meme au Vietnam, Ie niveau de vie a triple depuis 10 ans ? Combien savent qu'au cours des decennies recentes I'lnde et la Chine etaient devenues exportatrices de riz, contrairement a tous les pronostics ? Combien savent que la foret gagne massivement du terrain dans les pays developpes, et meme en Chine, enga- gee dans un vaste programme de replantation? Les superficies boisees n' ont-elles pas double en France en 100 ans et ne se sont-elles pas accrues en Europe au cours des 15 dernieres annees d'une superficie superieure a celie de la Grece ? Combien de Franc;ais savent-ils que I'air de nos villes n'a jamais ete aussi pur depuis Ie XIX e siecle comme en temoignent tous les releves officiels, confortes par la blancheur persistante de nos fac;ades quand elles sont desormais ravalees alors qu' elles etaient noires de suie au bout de quelques mois iI y a peu et qu'j( fallait recommencer I'operation a peine terminee ? Com- ment pourrait-il d'ailleurs en etre autrement puisque les usines, les chauffages, et les vehicules routiers eux-memes dont Ie nombre est desormais stabilise en ville sont depollues ? Pour- tant les sondages les plus recents (Ipsos 2008) montrent que seuls 1 % des Franc;ais savent que la qualite de I'air de nos villes est en amelioration tres rapide; 99 % sont maintenus dans I'erreur par une desinformation permanente qui refuse de faire connaitre cette excellente nouvelle pour notre sante et celie de nos enfants. Combien savent egalement que nos cotes, nos plans d' eau et nos rivieres elles-memes ont pour une large part retrouve leur purete d'antan grace aux efforts de depollution et que les progres se poursuivent ? 286 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE T ous ces evenements positifs, et bien d' autres, sont soigneuse- ment caches par les proselytes de I' ecologie qui, par conviction ou par interet, ne veulent voir qu'une face de la medaille et ont reussi a faire triompher dans notre pays une vision profonde- ment pessimiste de I'homme et un impressionnant corpus d'idees fausses. Car, lorsqu'on procede a des sondages d'opinion, les resul- tats sont sans appel : Ie monde s' enfonce dans la misere ; la faim et la maladie progressent ; la pollution de I'air et celie de I'eau s'accroissent; les forets disparaissent; iI faudrait trois ou quatre globes terrestres pour que les habitants du tiers-monde accedent a notre niveau de vie; les ouvriers chinois et les aut res sont honteusement exploites ; la pla- nete enfin est en danger. C'est sur la base de ce corpus de contreverites qu'iI est ensuite demande aux chefs d'Etat d'engager des politiques qui se reve- lent depourvues de tout effet quant a I' effet de serre, et a cha- cun d'entre nous de modifier son mode de vie dans I'illusion de « sauver la planete ». Les choses ne seraient pas trop graves si, en propageant ces idees fausses, les chantres de I'ecologie n'avaient un role emi- nemment nefaste car ils detournent I'attention des vrais proble- mes auxquels est confrontee I'humanite, quand ils ne les aggravent pas. 287 
CO 2 un my the planetaire L'une des decisions prises sous leur influence a eu ainsi des consequences graves qui sont desormais bien connues. La trans- formation dans les pays temperes de cereales en biocarburants a participe au rencherissement des cours mondiaux du ma'is, du ble et du riz, et entraine dans plusieurs pays des « revoltes de la faim » generatrices de nombreuses morts et aggrave encore la misere des plus demunis. Plus generalement, la mode des pro- duits « bio » et I'abandon des engrais et des pesticides s'accom- pagnent souvent d'une diminution des rendements qui, si elle etait genera lisee, ne pourrait que donner naissance a des fami- nes massives. D'une maniere plus large, Ie detournement des fonds publics au nom de I' ecologisme atteint une ampleur insoupc;onnee alors que ceux-ci pourraient etre utilises a de bien meilleures fins. Dans notre seul pays, on a vu que la gabegie se chiffrait chaque annee en dizaines de milliards d' euros qui ne peuvent plus etre affectes a des causes quant a elles incontestables, telles que la lutte contre la pauvrete ou la maladie, ou ['aide au developpe- ment des pays qui en ont Ie plus besoin pour soulager la misere de leurs populations. Au niveau mondial, iI faut desormais parler de centaines de milliards d'euros de gaspillage en pure perte cha- que an nee. C' est que les tenants de I' ecologisme mettent la sauvegarde de la planete, promue au rang de deite abstraite, avant celie des hommes, des femmes et des enfants qui la peuplent, affirmant agir pour Ie bien-etre des generations futures alors qu'ils leur nuisent en engageant notre epoque sur la voie de depenses 288 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE inefficaces. Tel est Ie veritable fond du debat : donner la prio- rite a une conception abstraite, celie de la planete Terre, et non a I'humanite qui la peuple. Mais, parmi les pretres de la quasi-religion que constitue I' eco- logisme, iI n'y a pas que des esprits plus ou moins sinceres illu- mines par la cause qu'ils croient defendre. II existe une seconde categorie de proselytes, qui sont, quant a eux, tout sauf desin- teresses. II s' agit des acteurs des multiples lobbies qui ont tout interet a faire perdurer les idees fausses ambiantes parce qu'ils en vivent. On trouve parmi eux des representants de profes- sions aussi diverses que les constructeurs d' eoliennes ou de panneaux solaires actuels, certains industriels du batiment, ceux des transports ferres et publics, et bien d' autres encore. T ous ont compris I'interet qu'ils avaient a surfer sur la vague du « politiquement correct» ecologiste et a affirmer qu'ils etaient animes des intentions les plus pures, ne souhaitant que contri- buer a sauver la planete en diminuant ses emissions de CO 2 , lis n'ont besoin pour ce faire que de continuer a recevoir des sub- ventions publiques en quantites massives et sans cesse crois- santes... D'ou la naissance, dans un pays comme Ie notre, de I'union contre nature des mouvements ecologistes et du Medef, les uns comme I'autre ayant oublie ce qu'etait I'interet general qui veut que I'argent public soit sacre et que son mauvais usage ne soit rien d'autre que Ie mepris du travail de ceux qui I' ont verse. Poursuivant une tradition bien etablie, Ie Medef proteste ainsi contre Ie poids des taxes qui pesent sur les entreprises, en 289 
CO 2 un my the planetaire meme temps qu'iI reclame par ailleurs toujours plus de subven- tions publiques en leur faveur, qui ne peuvent que les accroitre. II existe done deux categories de grands pretres de I' ecologie : les ecologistes et les professionnels, dont les motivations sont bien differentes meme si leurs vues sont communes. Quant a la masse des fideles de ce substitut de religion, elle est vaste et diverse. A cote de la foule des suiveurs, intoxiques par I' omnipresente desinformation dont ils sont victimes, certains, veritables croyants, font tout ce qui est en leur pouvoir pour apporter personnellement leur contribution a ce qu'ils pensent etre une cause qui en vaut la peine. lis font isoler toute leur maison, couvrent leur toit de panneaux photovolta'iques, instal- lent des pompes a chaleur, remplacent leurs ampoules classi- ques par d' autres de longue duree, etc. si ces depenses engendrent des economies qui les justifient, ils ont bien raison d'y consentir. Mais s'ils croient contribuer ainsi au sauvetage de la planete, ils se trompent, victimes de ceux qui les induisent en erreur, et les depenses auxquelles ils se livrent Ie sont alors en pure perte au-dela des economies qu' elles peuvent leur apporter. Ce qui est valable pour les individus I'est tout autant pour les entreprises qui ne doivent bien entendu mettre en CEuvre que les mesures qui sont justifiees par leur retour financier. II est vrai que, dans la conjoncture qui sevit depuis la fin de 2008, elles ne sont guere tentees de faire Ie contraire. 290 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE Le meme constat vaut enfin et surtout pour les Etats dont la responsabilite est majeure. Quand ils auront compris que cher- cher a reduire leurs emissions de gaz carbonique dans I'illusion d'agir sur les eventuels changements climatiques de la planete ne peut servir a rien, plusieurs consequences positives s'impose- ront a eux, qui sont d' excellentes nouvelles, tout particuliere- ment en temps de crise et de difficultes. lis pourront en effet proceder a des economies considerables au sein des depenses publiques en mettant fin a I'armee de sub- ventions, detaxes, reductions d'impots, dotations aux entrepri- ses publiques et projets multiples de toute nature qui sont aujourd'hui justifies par la lutte contre les emissions de CO 2 . En France, c' est par milliards que les euros pourraient ainsi etre epargnes chaque annee sans autre difficulte que de ne pas ceder aux protestations des groupes de pression qui en vivent alors que les besoins sont criants dans tant d'autres domaines de ('action publique. Pour ne citer qu'eux, nos universites, nos hopitaux, nos prisons crient misere et souffrent d' etre prives des sommes considerables depensees ailleurs sans autre effet que de profiter a ceux qui en beneficient. Au niveau mondial, la liste est longue des actions qui meritent d' etre soutenues. selon I'universite Cornell, la pollution locale de I'air, de I'eau ou du sol est a I'origine de 40 % des morts dans les pays en voie de developpement. Pour leur part, les acci- dents de la route sont responsables de plus d'un million de morts d'apres les recensements de la Banque mondiale et Ie 291 
CO 2 un my the planetaire nombre des blesses, souvent dramatique, se compte par dizai- nes de millions lOr, aucune nation n'a pris la tete de la lutte contre ce fleau, alors qu'un pays comme Ie notre a montre qu'iI etait possible d'en reduire fortement I'ampleur et fait desormais reference. Au lieu de cela, nous depensons notre argent inutile- mente La ville de Paris n'a-t-elle pas adopte un « plan climat» pour diviser par quatre a grands frais ses emissions de CO 2 , affirmant sans crainte du ridicule que Ie climat de la planete en serait ameliore ? Mais Ie bon emploi des deniers publics n' est pas seul en cause. La charge qui pese sur Ie secteur prive peut egalement etre allegee des reglementations de to ute nature qui lui sont imposees au nom de la lutte illusoire contre I' effet de serre. Car I'Etat impose de plus en plus souvent de proceder a des depenses « metapubliques », c' est-a-dire resultant de decisions publiques auxqueHes ne peuvent se soustraire les acteurs prives. C'est Ie cas des normes excessives dans ['habitat par exemple ou de l' obligation d' achat de l' electricite produite par les eoliennes et les panneaux solaires qui vient accroi- tre la facture d' electricite. L'impact de ces depenses metapubliques n'apparait pas sur les comptes publics mais ampute d'autant Ie pouvoir d'achat des consommateurs, en pleine contradiction avec la priorite declaree des gouvernements. Les ampoules electriques fournissent une illustration de ces depenses «metapubliques ». II est prevu que les versions «basse consommation» soient seules autorisees prochaine- ment a la vente. Or iI existe environ 1 milliard d'ampoules en France, dont Ie remplacement coutera environ 10 milliards 292 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE d' euros aux foyers franc;ais, alors que, trois fois sur quatre, I' eco- nomie procuree ne justifiera pas la depense. Face a I'ampleur des economies possibles, dans la sphere publi- que ou privee, la premiere priorite consistera a en faire Ie recensement. On peut pronostiquer sans difficulte que Ie total obtenu surprendra, degageant ainsi des marges de manCEuvre insoupc;onnees pour nos finances publiques et notre pouvoir d' achat. * * * Chacun I'aura compris, ce livre ne va pas dans Ie sens des idees rec;ues. A I'oppose du pessimisme ambiant, it reflete une vision raisonnee et optimiste des choses. Non, la planete n' est pas en danger. Certes, nous avons besoin pour I'instant des hydrocar- bures (petrole, gaz naturel, charbon), que les eres lointaines ont accumules dans Ie sous-sol du globe, et leur usage degagera du gaz carbonique. Mais it n' existe aucune preuve qu'it en resultera une quelconque evolution catastrophique du climat. En tout etat de cause, soyons realistes. A moins d'arreter Ie developpe- ment du tiers-monde, hypothese d' ecole coupable et dramati- que s'il en est, nous n'avons aucun moyen d'empecher que I'humanite utilise jusqu'a la derniere goutte, au dernier centime- tre cube et au dernier gramme les hydrocarbures fossiles que recele la planete. Lorsque ceux-ci seront epuises, d'autres solutions auront vu Ie jour depuis longtemps. Comme notre pays I'a montre, I'electri- 293 
CO 2 un my the planetaire cite sera pour I' essentiel produite a partir de I'uranium dont les reserves sont en pratique illimitees. Pour sa part, Ie petrole pourra, si necessaire, etre remplace par des biocarburants dont les potentialites sont des a present insoupc;onnees dans les par- ties tropicales ou equatoriales du globe. Enfin, et surtout, fai- sons confiance a I'imagination humaine et au progres. Jamais autant de millions de chercheurs, d'ingenieurs, de techniciens n' ont ete formes sur tous les continents, et ils trouveront des solutions auxquelles nous ne pouvons penser. Qui aurait prevu I' essor de I' aviation de masse iI y a un siecle, ou I'invention d'internet iI y a seulement vingt-cinq ans ? Cessons de tomber dans un pessimisme injustifie. Au CCEur de la crise financiere, un sondage de I'institut LH, conduit en France, a donne en octobre 2008 des resultats revelateurs. A la ques- tion «Lorsque vous pensez a I'avenir, qu'est-ce qui vous inquiete Ie plus? », 22 % ont repondu « les risques de I' environ- nement et du climat », 14 % «la crise financiere », et 60 % « autant t'un que t'autre ». Pour 82 % de nos compatriotes, la crise financiere et economique la plus severe survenue depuis trois quarts de siecle ne fait done pas plus peur que les risques hypothetiques de I'environnement et du climat. Ce sont surtout les jeunes et les cadres qui sont atteints par la psychose ambiante. La proportion de ces derniers qui citent la crise eco- logique comme risque principal pour leur avenir, est la plus fo rte. Revenons a la raison et repetons-Ie. Nous ne pouvons rien aux emissions de CO 2 de la planete, mais cela n' aura, selon toute 294 
Le plus grand my the planetaire depuis GALILEE probabilite, aucune consequence puisque rien ne prouve qu'iI y ait un lien entre elles et Ie climat du globe I Cessons d'avoir peur. II reste a se demander pourquoi ceux qui s'opposent a la vision regnante des choses ont echoue a tel point que I'opinion mon- diale soit aujourd'hui victime dans sa quasi-totalite d'une me me psychose. Ni les arguments de nature scientifique, mettant en evidence que rien ne prouve I' existence d'une relation entre les activites humaines et les variations climatiques, ni ceux d' ordre ethique, montrant que ceux qui veulent nous imposer des contraintes et des depenses sans cesse croissantes au pretexte de « sauver la planete» poursuivent d'autres buts et mettent en danger notre prosperite et notre Ii berte, n' ont reussi a ebranler jusqu'a pre- sent Ie consensus infonde qui regne dans Ie monde developpe des qu'iI s'agit du changement climatique. C' est pourquoi Ie present livre propose une approche nouvelle des (hoses, susceptible de changer les termes du debat et d'y mettre fin. II adopte une demarche que I'on pourrait qualifier d'ingenieur, qui consiste a analyser objectivement les faits et a en tirer des conclusions logiques, independamment de tout a priori. A partir du moment ou Ie bon sens sera revenu et ou chacun admettra la verite d'evidence que I'humanite ne laissera pas inutilises dans Ie sous-sol de la planete les hydrocarbures que 295 
CO 2 un my the planetaire les ereS paSSeeS y ont accumules, Ie debat sur une hypothetique responsabilite de I'homme a I' egard du changement climatique perdra tout interet puisque nous n'y pouvons rien. Quoi que nous fassions, les emissions de la planete resteront les memes. Lorsque cette verite sera admise, nous pourrons alors consacrer nos efforts a la vraie priorite, qui est d'ameliorer Ie sort des etres humains qui peuplent notre globe et dont beaucoup vivent encore dans une extreme misere malgre la rapidite des progres recents, au lieu de gaspiller nos talents et notre argent dans I'illusion de « sauver la planete ». 
Epilogue La seconde moitie de I'annee 2008 a vu se derouler des evene- ments tres particuliers qui justifient que leur soit consacre un epilogue. Sans precedent depuis des decennies, la crise qui a frappe I'economie mondiale constitue evidemment Ie plus mar- quant d'entre eux, et elle a eu dans Ie domaine de I'energie des consequences spectaculai res. II faut dire que I'histoire begaie. En 1981, les commentateurs etaient unanimes : Ie cours du baril de petrole, qui etait passe de 3 a 13 dollars lors du premier choc petrolier en 1973 et qui venait d' atteindre 35 dollars a I' occasion du deuxieme, «ne pouvait que monter », et Ie pronostic Ie plus repandu voulait qu'il atteigne rapidement 60 dollars de I' epoque, soit environ 200 dollars actuels. On sait ce qu'iI en est advenu, conforme- ment d'ailleurs a ce que j'avais annonce dans un livre au titre sans ambigu'ite et qui avait ete accueilli a I' epoque avec scepti- cisme (L tnergie a revendre, J.-C. Lattes). Au lieu de continuer a monter, Ie cours du baril s' est effondre, iI est reste tres faible pendant un quart de siecle, descendant me me parfois au voisi- nage d'une dizaine de dollars. La similitude avec ce qui s'est passe en 2008 est frappante. Lorsque Ie baril de petrole a approche 150 dollars au debut de 297 
CO 2 un my the planetaire I'ete, les voix les plus autorisees n'ont pas manque d'annoncer « qu'iI ne pouvait que monter », et qu'iI allait a coup sur attein- dre et bient6t depasser 200 dollars. Personne n'avait prevu que son cours s' effondrerait avec une brutalite telle que, a la fin de 2008, iI aurait ete divise par plus de quatre ! L' ecart entre la capacite d' extraction du petrole et la demande est par nature tres faible et les cours peuvent done varier brutalement. Bien entendu, la consommation ne peut pas depasser I' offre. Mais elle ne peut guere flechir non plus tant Ie petrole est devenu indispensable au fonctionnement de I'economie mondiale. II est revelateur que la hausse massive des cours survenu jusqu'au milieu de I'annee 2008 n'ait entraine aucune chute de la demande mondiale, mais simplement un leger ralentissement du rythme de sa hausse. II a fallu attendre la crise economique qui a frappe Ie globe depuis I'ete 2008 pour que la consomma- tion petroliere mondiale commence seulement a plafonner sans perspective de diminuer tres significativement. En revanche, it n' est pas exclu que les capacites de production petroliere s'accroissent nettement au cours des annees a venir compte tenu de la frenesie d'investissements d'exploration qu'a suscitee la hausse massive des cours avant I'ete 2008. Dans de telles conditions, et meme si les circonstances sont differentes de celles qui prevalaient en 1981, iI est possible que nous soyons entres a nouveau dans un cycle de petrole a bon marche d'assez longue duree, ce qui serait une excellente nouvelle pour I' economie mondiale, mais prendrait a contre-pied tous ceux qui ont prematurement mise sur I'hypothese opposee. En effet, une telle perspective remet en cause de multiples projets, de I' exploitation des schistes bitumineux du Canada jusqu'au deve- 298 
Epilogue loppement des energies nouvelles en passant par la voiture electrique, et par bien d' autres encore. Les esprits evoluent beaucoup moins vite que la rea lite, comme en temoigne la succession d'evenements survenus a la fin de 2008. En France, ce fut tout d'abord Ie vote par Ie Parlement dans un enthousiasme general et a la quasi-unanimite de la premiere loi faisant suite au Grenelle de I' environnement. Pourtant, rarement texte legislatif fut aussi desastreux. Comme on I' a vu, i I engage Ie pays sur la voie de depenses qui se chiffreront, si rien ne change, a pres de 40 milliards d'euros par an et qui sont pour I'essentiel injustifiees puisque la lutte contre les emissions de CO 2 est leur justification dominante et que celle-ci est impossible pour les rai- sons exposees dans Ie premier chapitre de ce livre. Developpement sans fin des eoliennes et des panneaux solaires alors que nous sommes tres largement excedentaires en electri- cite et que nous n' en avons aucun besoin. Subventions massives a la fabrication de biocarburants dont les rendements actuels sont derisoires sous nos climats, au detriment de la production des aliments dont I'humanite a besoin. Isolation selon des nor- mes ruineuses et Ie plus souvent inapplicables de I' ensemble du patrimoine bati. Doublement du reseau de lignes ferrees a grande vitesse alors que toutes celles qui ont une justification economique sont deja construites. Multiplication des lignes de metro et de tramway au trafic marginal et sans aucune rentabi- lite financiere. Arret des investissements routiers avec pour consequences I'accroissement des encombrements et done des emissions de polluants, des pertes economiques considerables et la degradation de la qualite de vie des 90 % de nos compa- triotes qui se deplacent quotidiennement en voiture. 299 
CO 2 un my the planetaire La litanie des gaspillages pourrait etre ainsi prolongee sans fin. Rarement pays developpe et repute, rationnel se sera engage dans un programme aussi absurde, sous l'egide d'un ministre et d'une secretaire d'Etat ignorant les rea lites economiques, inconscients de I'interet general et motives par la recherche de la popularite ou par I'ideologie. On sait ce que donne I'intelli- gence quand elle ne s'accompagne pas du bon sens : une catas- trophe. II faut dire aussi que I'elimination systematique et recente des ingenieurs, et plus generalement des cadres de formation scien- tifique, des postes a responsabilite de I' administration explique Ie regne sans partage en son sein d'un « politiquement correct» que peuvent seuls contrer les faits et surtout les chiffres. Le monopole de I'ENA, dont les criteres de recrutement sont aujourd'hui exclusivement litteraires et juridiques, est sans doute Ie plus grave de nos problemes nationaux. Pourquoi I'Etat se prive-t-il du concours de ceux qui font la reussite du secteur prive ? Mais I'absurdite ne regne pas seulement au niveau national comme I'a montre I'accord sur Ie « paquet climat » adopte en decembre 2008 a Bruxelles par les 27 pays de I'Union europeenne. II s'agissait de mettre en CEuvre I'accord « 3 fois 20 » : reduire de 20 % les emissions de gaz a effet de serre, porter a 20 % la part des renouvelables dans la consomma- tion energetique et realiser 20 % d' economies d' energie, Ie tout d'ici a 2020. Le premier des objectifs est celui qui a donne lieu aux debats les plus apres, car iI est impossible a atteindre. Tres seduisant sur Ie papier, Ie principe retenu fut celui du developpement du 300 
Epilogue marche des emissions de CO 2 , cense entrainer une reduction de leur volume. Au depart, des « quotas de CO 2 )) gratuits seraient attribues aux differentes sources de gaz a effet de serre, mais ceux-ci diminueraient ensuite progressivement. Or, la plupart des pays europeens fabriquent la majeure partie de leur electricite dans des centrales a charbon et peuvent d'autant moins renoncer d'ici y 2020 que les ecologistes s' opposent a la construction de centrales nucleaires. Quant aux industries lourdes, beaucoup seraient contraintes de se deloca- liser si elles devaient etre trop taxees en fonction de leurs emissions. La prise en compte de ces contraintes, relayees par de nom- breux pays, et notamment par ceux d'Europe centrale, a abouti a la creation d'une gigantesque « usine a gaz », aussi inefficace qu'inutile. Certes, Ie principe du plafonnement des emissions de CO 2 reste la base du dispositif prevu. Mais il compte tellement d'exceptions en faveur des pays qui ont Ie plus proteste que Ie resultat est meconnaissable. L' Allemagne a ainsi obtenu que les secteurs les plus polluants, comme la fabrication de chaux, de ciment et meme d'acier, beneficient de quotas gratuits jusqu'en 2020. La pologne a fait valoir que 94 % de son courant etait fabrique avec du charbon et qu' elle ne pouvait y renoncer : elle a done obtenu un regime derogatoire afin d'eviter que Ie prix de son electricite double ou triple. D'autres pays d'Europe cen- trale se sont vu accorder des facilites analogues en me me temps que I'adoption d'un mecanisme de solidarite qui leur attribuera 12 % des quotas d' emission. Au total, Ie dispositif est done d'une extreme complexite. II sera surtout inefficace du fait du nombre d' exceptions pre- vues. Selon les associations ecologiques, I' accord du Consei I 301 
CO 2 un my the planetaire europeen est un « ecran de fumee » et les lobbies industriels et nationaux ont reduit a neant les ambitions de I'Union car la reduction previsible des emissions sur Ie territoire europeen ne depassera pas 4 % d'ici a 2020 et non 20 %, les 16 % restants etant procures par I' achat de permis d' emission dans Ie tiers- monde. II faut rappeler a nouveau quelques ordres de grandeur. Les emissions europeennes annuelles avoisinent 4 milliards de tonnes de CO 2 en regard d'un total planetaire de 30 mil- liards, et meme de 50 si ('on tient compte des autres gaz a effet de serre. Par aHleurs, la quantite de CO 2 presente aujourd'hui dans ('atmosphere approche 3 000 milliards de tonnes, et nettement plus encore si r on prend en compte les autres gaz a effet de serre. A supposer qu'iI soit possible de redu"ire de 20 % les emissions de CO 2 europeennes annuelles, ('impact serait done insignifiant a (' echelle du phe- nomene puisque les rejets evites chaque annee represente- raient de ('ordre de 2/10 000 du stock present dans ('atmosphere, soit, au bout de dix ans, 2/1000, c' est-a-dire nen. Et ce n'est pas tout. Comme on I'a vu, la reduction des emis- sions a laquelle notre continent pourrait parvenir ne saurait etre qu'illusoire puisqu'elle serait compensee immediatement ou presque par un accroissement des rejets du reste du monde car Ie petrole, Ie gaz naturel ou Ie charbon que no us ne consomme- rions pas Ie serait par d'autres. La gigantesque machinerie mise en place par l'Union europeenne ne sert donc a rien. Malheureusement, ('un des autres volets de ('engagement « 3 fois 20 » risque quant a lui d' etre suivi d' effets, et H va nous couter tres cher. II s'agit de celui qui veut que Ie conti- 302 
Epilogue nent porte a 20 % la proportion de son energie provenant des sources dites «renouvelables», objectif qui, pas plus que les autres, n'a pas la moindre base scientifique ou eco- nomique. Ce resultat est une moyenne puisque certains pays, dont Ie notre, se sont vu attribuer un but encore plus ambi- tieux, qui atteint 23 % en ce qui nous concerne. Celui-ci va nous obliger a defigurer notre pays en multipliant les eolien- nes et a couvrir de tres nombreux batiments de panneaux photovolta'iques alors que nous sommes deja tres largement excedentaires en electricite et n'avons aucun besoin de capacites nouvelles. Selon les estimations les plus officielles, la depense correspondante, parfaitement inutile, atteindra 6 milliards d'euros par an et rencherira sans raison d'un quart la facture d'electricite de nos concitoyens a un moment OU chacun affirme que la sauvegarde du pouvoir d'achat est une priorite nationale I Les seuls beneficiaires seront les promo- teurs de ces energies qui pourront continuer a se constituer en quelques annees, en toute legalite et en toute impunite, des fortunes personnelles de centaines de millions d'euros sur Ie dos des consommateurs. Loin de se cantonner a ('Europe, ('ideologie ecologique a conquis Ie monde entier. Mais les choses pourraient changer tres vite car, selon toute probabilite, la confrontation de tous les acteurs planetaires mettra fin au cours de I'annee 2009 aux fantasmes qui sevissent aujourd'hui. En effet, celle-ci doit voir en principe I' elaboration d'un accord mondial destine a prendre la suite du protocole de Kyoto. Or, la reunion preparatoire tenue a Poznan en decembre 2008 en presence de 9 500 parti- 303 
CO 2 un my the planetaire cipants de tous pays s'est conclue par un echec total, comme iI fallait s'y attendre car la mission est impossible. L' essentiel du probleme ne se situe plus dorenavant au sein des pays developpes. Pour reduire les emissions de CO 2 de la planete, iI faudrait avant tout que les pays emergents diminuent a l' avenir les leurs, ce qui les condamnerait a stagner dans I' extreme pau- vrete. Bien entendu, ceux-ci en ont conscience et savent qu'iI n' existe pour eux aucun moyen de se developper sans accroitre leur consommation d' energies fossiles, et done leurs rejets de CO 2 . C'est pour cela que la conference de Poznan n'a debouche sur rien, car elle a bute sur une question simple: « Qui paierait ? » Les pays du Sud ont fait valoir a nouveau que les pays deve- loppes etaient responsables de la majorite de I'accroissement passe des concentrations de gaz a effet de serre dans I'atmos- phere et que c'etait a eux de payer les sommes necessaires pour reduire les emissions des pays emergents, a supposer que ce soit possible. Les pays developpes ont certes propose aces derniers d'avoir acces a un « fonds d'adaptation » finance par un prelevement de 2 % sur les recettes du mecanisme de developpement propre (MDP), dispositif permettant a une entreprise d'un pays du Nord de gagner des « credits d' emis- sion » de CO 2 en realisant dans un pays du Sud un projet reduisant les emissions de gaz a effet de serre. Mais ce prele- vement degagerait au mieux quelques centaines de millions d' euros par an. Les pays en developpement ont demande pour leur part une aide se chiffrant a plusieurs dizaines ou centai- nes de milliards d' euros par an, plaidant a juste titre que c' etait la l' ordre de grandeur necessaire pour eventuellement influer significativement sur leurs emissions. Encore faut-il remarquer que, dans I'hypothese OU i Is auraient satisfaction, nul ne sait comment ils pourraient utiliser de telles sommes 304 
Epilogue avec une quelconque efficacite de ce point de vue car aucune solution technique realiste n' est en vue, contrairement aux affirmations des activistes de I' environnement. Mais la question ne se posera pas, car iI est evidemment inenvi- sageable que les pays developpes s' engagent sur cette voie qui reviendrait a doubler ou a tripler I'aide apportee au tiers- monde. Les reunions qui sont programmees tout au long de I'annee 2009 pour preparer celie de Copenhague ne debouche- ront done sur rien puisque Ie probleme pose - reduire les emis- sions planetaires de CO 2 - n'a pas de solution. II n' en est que plus choquant de prendre connaissance des declarations du president du Giec, M. Rajendra Pachauri, qui, aureole de son prix Nobel, ecrit dans la presse mondiale : « II y a 400 millions de personnes en Inde qui n'ont pas acces a I' electricite, et les emissions de CO 2 de mon pays n' excedent pas une tonne par an et par habitant contre 20 aux Etats-Unis. C' est pourquoi les pays developpes doivent prouver qu'ils ont la volonte de reduire leurs emissions comme ils s'y sont enga- ges. S'its te font, it y aura une reponse tres positive des pays en voie de devetoppement» (Time, 24 novembre 2008). Comment peut-on ecrire une telle ineptie ? Comment les centai- nes de millions d'indiens qui n'ont meme pas I'electricite et qui n' emettent pratiquement rien pourraient-ils reduire leurs emis- sions ? Bien entendu, c' est I'inverse qui va se passer. Plus ils sorti- ront de la pauvrete, plus les Indiens et les quatre aut res milliards d' etres humains qui vivent aujourd'hui dans la misere accroitront leurs emissions, de telle sorte que celles de la planete continue- ront ineluctablement a s' elever au cours des decennies a venir. Faudrait-il, pour satisfaire les fantasmes de M. Pachauri, que ses compatriotes n'emettent plus qu'une demi-tonne de CO 2 par 305 
CO 2 un my the planetaire habitant et par an, c' est-a-dire qu'ils se privent de tout alors qu'ils n' ont deja rien? Faudrait-il qu'ils renoncent definitivement a (' electricite ? La frequentation tout au long de (' annee des avions de ligne en premiere classe lui a-t-elle, comme aux autres ideolo- gues qui font ('opinion, fait perdre tout sens humain ? Tel est pourtant I'absurde sophisme sur lequel est fondee la pensee unique qui regne aujourd'hui sur Ie monde: les pays riches doivent montrer I'exemple, et les autres donneront alors une « very positive response »... en reduisant les emissions qu'ils ne font pas. Ideologie, quand tu nous tiens... Dans un domaine tres different, I'annee 2008 fut egalement remarquable: elle a ete la plus fro ide depuis I'an 2000, confirmant que la temperature du globe ne s'accroit plus pour ['instant depuis dix ans, contrairement aux idees par- tout colportees (cf. figure E, p. 72). Mais comment presenter les choses sans mettre en evidence cette realite genante ? L'Office meteorologique britannique (MET), qui est la princi- pale reference mondiale dans ce domaine et figure aux pre- miers rangs des adeptes de la pensee dominante, a trouve la solution: chacun a pu lire, a son initiative, dans la presse mondiale que ('an 2008 avait ete «Ia 10e annee la plus chaude du siecle ». Transformer ainsi un refroidissement en rechauffement temoigne d'une science poussee de la com- munication, sinon du mensonge. II est vrai que I' on peut lire sur Ie site internet du meme orga- nisme: « Au cours des peri odes glaciaires, les changements de temperature ont entraine (did drive) les changements de concentration de CO 2 . » L' elevation des temperatures a done precede celie des concentrations de CO 2 et non ('inverse, ce qui n'empeche pas Ie meme site internet d'en deduire sans hesi- 306 
Epilogue tation que c'est dorenavant I'accroissement de la concentration de CO 2 qui entraine celui de la temperature I Tout cela preterait a sourire si Ie sujet n' etait pas grave, tout particulierement pour notre pays. Les consequences de la pen- see unique ecologique sont d'abord dramatiques sur Ie plan eco- nomique. Les dizaines de milliards d' euros gaspilles chaque annee au nom d'une illusoire defense de la planete manquent et manqueront cruellement a notre societe. L'etat de nos prisons est une honte nationale. Nos universites sont les plus pauvres du continent. Faute de logements, Ie nombre des sans-abri aug- mente annee apres annee. Pour toutes ces causes indeniables, on nous repete qu'iI n'y a pas d'argent, alors que celui du contribua- ble et du consommateur est dilapide au profit des multiples lob- bies qui CEuvrent pour profiter de la peur qu'inspire aujourd'hui I'avenir de la planete et qu'ils entretiennent soigneusement. Qu'ils Ie veuillent ou non, ceux qui nous font gaspiller notre argent sont nuisibles a notre societe et aggravent la misere des hommes lorsqu'ils detournent I' attention et les ressources des vrais problemes. II y a plus grave encore peut etre : plus que tout autre pays, Ie France est devenue la proie du pessimisme. En nous repetant que tout va mal, qu'iI faudrait trois ou quatre planetes pour satisfaire nos besoins, que notre monde se degrade, que Ie sort de I'humanite empire sans cesse alors qu'iI n'a jamais autant progresse, que nous allons a la catastrophe et que tout cela est notre faute, les «prophetes de I' apocalypse» savent-i Is ce qu'ils font? Ont-ils conscience qu'ils culpabilisent sans cesse nos concitoyens, et tout particulierement les jeunes, a qui ils transmettent I'image d'un monde ego'iste et sans espoir, puis- 307 
CO 2 un my the planetaire que ce qu'ils leur demandent de faire est aussi impossible qu'inutile ? Savent-ils qu'ils contribuent a faire de notre pays, heureux et fier autrefois, et ayant de multiples raisons de I'etre encore aujourd'hui, I'un des plus moroses et des plus tristes du monde comme Ie revelent les sondages? II est etonnant que Ie president de la Republique actuel, que son temperament naturel aurait tendance a porter dans la direction opposee, ne se soit pas aperc;u qu'H etait victime d'une exceptionnelle desinformation alors qu'iI a su par aHleurs resister au « politiquement correct» qui sevit dans d'autres domaines. II faut dire que Ie consensus qui regne aujourd'hui est planetaire et qu'iI est presque impossible d'y echapper. Qui pourrait croire que Ie monde entier se trompe alors qu'H s'agit d'un sujet de preoccupation devenu majeur ? Telle est aujourd'hui la desinformation dont cet ouvrage a voulu rendre compte et qu'iI s'est efforce de denoncer, en apportant des arguments nouveaux a ceux qui n' ont pas peur de mettre en cause la pensee unique ecologique qui regne aujourd'hui sans partage. II n'est pas possible en effet de s'attaquer a celle-ci en mettant directement en doute I'influence du CO 2 sur Ie climat de la pla- nete. Tous ceux qui ont essaye ont echoue car les activistes de I' ecologie tiennent en main tous les organismes officiels qui font I' opinion. En revanche, expliquer que I'humanite a trop besoin du petrole, du gaz naturel et du charbon pour les laisser inutilises dans Ie sous-sol est comprehensible pas tous, parce 308 
Epilogue que marque au coin du bon sens. Et iI resulte que nous ne pou- vons rien sur I'evolution des emissions et des concentrations de CO 2 dans I'atmosphere. Tous les efforts consentis dans ce but sont inutiles. A partir du moment ou cette verite sera admise, iI deviendra possible de mettre en doute les previsions apocalyptiques de ceux qui font aujourd'hui I' opinion, car la nature humaine est ainsi faite que personne ou presque ne peut envisager un avenir sans espoir. II deviendra aussi possible d'arreter les gaspillages. Un my the planetaire comme iI n'y en a pas eu depuis Galilee pourra alors prendre fin. 
Table des matieres PREAM BU LE............ ................ ........ .......... ........... ........ ........ ......... ........ ....... 7 CHAPITRE I La fin du bon sens ......................................................... 55 CHAPITRE II Les activistes ................................................................... 107 CHAPITRE III Les trois peurs ............................................................... 161 CHAPITRE IV La decroissance verte ............................................... 213 CHAPITRE V L' Amerique et I'Europe .............................................. 259 C ONCLU 5 I ON ........ ............... ........ .... ..................... ....... ........... ....... ........... 279 EPI LOG U E..... ............................... ..... ................ ............ ............ ......... ........... 297