Text
                    n°3761 Du 3 au 9 JuiN 2021. fraNce MétropoLitaiNe 3,20 € / a : 5 € / aND : 3,30 € / BeL : 3,40 € / caN : 6,80 $ caN / ch : 5,60 chf / D : 4,80 € / DoM : 4,50 € / eSp : 4,20 € / gr : 4,20 € / it : 4,20 € / Lux : 3,40 € / Mar : 38 MaD / NL : 4,90 € / port. coNt : 4,20 € / toM a : 1 000 xpf / toM S : 430 xpf / tuN : 6 tND. photo chriStophe hatiLip

Syrie
LesenfanTs
escLaves
deL’ornoir

reportage choc

JeNNiferLopezet
BeNaffLeck
reToUr defLaMMe

M 02533 - 3761 - F: 3,20 E

w w w . p a r i s m a t c h . c o m

Tapie
LeTesTaMenT

ilseconfiedansunlivre
defranz-oliviergiesbert

extraitS excLuSifS

NoSarchiveS
eLizabeThii
eTphiLip
aMoUreUXàparis




la semaine de personnalités 6 Ophélie Winter : ses grandes désillusions l’air du temps 12 Les Verts au ras des pâquerettes l’entretien 14 Géraldine Nakache tellement proche Culture 20 Films. Aretha Franklin et Billie Holiday crèvent l’écran 22 Cinéma. Nine Antico laisse parler les filles 24 Livres. Ian Manook : il était une fois en Arménie 26 Expo. Sebastião Salgado : splendeurs et misères de l’Amazonie 28 Musique. Exclusif : dans les coulisses du concert test d’Indochine 30 Shirley Manson : béni soit le punk ! 32 Dans le bureau de Jean-Michel Blanquer GÉraldinenakache lameilleurecopineducinÉma entre deux films, la comédienne et réalisatrice a pris le temps de doubler Sisu, le dragon du prochain disney. et en profite pour revenir sur une période tourmentée pour le cinéma. Tout en envisageant une renaissance rapide. (Pages 14 à 18) Crédits photo : P. 4 : P. Fouque. P. 6 et 7 : JLPPA/Bestimage, DR, Sipa, Bestimage. P. 9 : J.C. Marmara/ Figarophoto, C. Chevalin/TF1. P. 10 : DR, G. Vidal, Bestimage. P. 14 à 18 : P. Fouque, Disney, DR. P. 20 : Getty Images, Disney, Paramount pictures, DR. P. 22 : H. Pambrun, DR. P. 24 et 25 : J. Faure, V. Capman, DR. P. 26 et 27 : S. Salgado, DR. P. 28 et 29 : H. Pambrun. P. 30 : DR. P. 32 : B. Giroudon. paris matCH Du 3 Au 9 JuIn 2021 4 pouvoirs 34 Élections régionales. Bataille écolo dans les Pays de la Loire 36 Sondage 38 Économie. L’Oréal Paris dévoile sa nouvelle égérie 40 Société. Descartes, les diapos de l’horreur dessin 42 Joann Sfar

PERSONNALITÉS La star des années 1990 sur le plateau de « On est en direct » sur France 2, samedi 29 mai. OPHÉLIE WINTER SES GRANDES DÉSILLUSIONS La chanteuse se livre dans une autobiographie sans filtre. Par Clémence Duranton La vie de l’interprète de « Dieu m’a donné la foi » est rocambolesque. Voici donc pour commencer les jeunes années d’une Ophélie Winter qui grandit pauvre à Neuilly-sur-Seine, abandonnée par un père coureur, élevée par une mère qui trouve normal d’offrir une rhinoplastie à son adolescente comme cadeau d’anniversaire. C’est elle qui a voulu que sa petite Ophélie soit une pop star, elle aussi qui a mis dehors sa fille trop ingrate à 16 ans, l’obligeant à vivre dans sa voiture et à se laver dans des toilettes de McDonald’s. Alors, Ophélie a tracé sa route, entourée d’hommes essentiellement. À commencer par Prince, dont elle a été la chérie pendant quatre ans. Une relation qu’elle décrit comme « littéralement déchirante » puisque l’homme, « jaloux et possessif », mentor de la chanteuse, lui laissait en gage, avant chaque séparation, un bout de tissu découpé dans sa tenue du jour. Dans sa vie amoureuse, il y a aussi, évidemment, Mc Solaar, nommé à demimot, amant aux multiples accès de colère. Et puis les Bernard, Tapie et Le Coq, pour qui elle a le béguin sur des tournages, ou un autre prince, celui de Monaco, qui la demande en mariage... par fax. Le sujet rebattu du féminisme, les travers peu glamour de la vie de mannequin, la production prétendument odieuse de « Danse avec les stars », les vilains médias… Tout est dézingué sans vergogne. « Résilience », au titre mièvre et trompeur, fait sourire ou grincer des dents. Et laisse de son auteure l’image ambiguë d’une femme déterminée mais aussi d’une diva autoproclamée. Le prix à payer quand la vie ne nous fait pas de cadeau. « Résilience », éd. HarperCollins, 173 pages, 19 euros. PARIS MATCH DU 3 AU 9 JUIN 2021 6
LA SEMAINE dE KevinSpacey RetouRengRâce…àl’italienne il était devenu le paria de Hollywood. Mais, quatre ans après avoir été accusé d’agressions sexuelles par une vingtaine d’hommes, le comédien a été choisi pour jouer un détective dans « l’uomo che disegno Dio » (« l’homme qui dessinait Dieu »). un retour quasi inespéré quand on sait qu’en 2017 son rôle dans la série « House of cards » avait été abrégé. et que Ridley Scott avait choisi de retourner « tout l’argent du monde » avec christopher plummer plutôt que d’avoir Kevin Spacey en tête d’affiche. « en italie nous ne parlons pas de choses dont nous ne savons rien, justifie le réalisateur Francesco nero. Je sais que Kevin est un grand acteur. c’est tout ce qui m’intéresse ! » Margaret Macdonald KateMiDDleton unecouRSeFollecontReWilliaM Le duc et la duchesse de Cambridge se sont rendus à St Andrews. C’est ici que, jeunes étudiants, ils s’étaient rencontrés pour la première fois. Un retour aux prémices de leur couple, au cours duquel ils se sont défiés sur le sable à bord de chars à voile. Toujours prompts à la compétition, les amoureux se sont livré un duel acharné sous le regard amusé des curieux. William a remporté la victoire de peu… Contre toute attente, l’honneur de la duchesse est sauf : quelques minutes après avoir jubilé, le prince a embourbé les roues dans le sable… de quoi se faire taquiner par Kate, trop heureuse de ce revirement de situation. Méliné Ristiguian KaRine Jean-pieRRe pRocHaine voix De la MaiSon-BlancHe «Je suis tout ce que Donald Trump déteste.» Femme noire et homosexuelle, Karine Jean-Pierre s’est hissée à l’un des poste clés de l’administration de Joe Biden en devenant porte-parole adjointe de la Maison-Blanche. Elle qui d’ordinaire seconde Jen Psaki a dû prendre sa place au pupitre pour le «briefing» quotidien face aux journalistes. Une façon de se préparer à ses futures obligations puisque, d’ici un an, elle se verra confier ce prestigieux poste. Pur exemple de méritocratie, cette francophone native de la Martinique n’a jamais caché ses origines modestes. Figure du milieu associatif, elle s’était investie dans les campagnes d’Obama avant de rejoindre l’équipe de Joe Biden. Mariée à une journaliste de CNN et mère adoptive d’une petite fille, Karine Jean-Pierre confie : «Mes parents sont venus ici pour le rêve américain.» À 43 ans, elle a réalisé les siens. M.R. BoRiSJoHnSon&caRRieSyMonDS noceSetpoléMiqueS BoJo s’est marié… pour la troisième fois. Lui et Carrie Symonds se sont dit «oui» samedi lors d’une cérémonie intimiste dans les jardins du 10 Downing Street. Si l’heure est à la fête pour le parti conservateur, la colère gronde chez les travaillistes. Cette semaine, un ex-conseiller du Premier ministre, Dominic Cummings, fustigeait sa gestion de la pandémie, affirmant que Boris Johnson était distrait par – entre autres – «la signature de son divorce, l’annonce de la grossesse de sa compagne et ses fiançailles». Il accuse aussi Carrie Symonds de l’avoir fait évincer de son poste. Margaret Macdonald du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 7

LA SEMAINE dE Laurencedescars auLouvre,présidente deLadernièreheure Cela faisait des semaines qu’on attendait la nouvelle : qui succéderait à Jean-Luc Martinez, dont les derniers mois à la tête du Louvre avaient été marqués par plusieurs polémiques et dont le mandat avait été prolongé par intérim ? La raison de ce suspense, des divergences entre le ministère de la Culture et l’Élysée qui ont conduit le président de la République à demander lui-même à Laurence des Cars de se présenter, alors qu’elle ne figurait pas parmi les candidats déclarés. À 54 ans, celle-ci devient donc la première présidente-directrice du Louvre, une mission à hauts risques, l’une des plus importantes du paysage culturel. Les enjeux sont évidemment artistiques mais aussi diplomatiques et politiques. Fille du journaliste Jean des Cars et petite-fille du romancier Guy des Cars, Laurence des Cars est à la fois classique et moderne, manie la retenue et la fermeté. Elle fait ses armes de jeune conservatrice au musée d’Orsay à partir de 1994, avant de s’engager dans l’aventure du Louvre Abu Dhabi à la tête du conseil scientifique de l’agence France muséums : en dépit des complexités du projet, elle réalise un certain nombre d’acquisitions remarquables pour la collection du musée. Revenir au musée d’Orsay comme présidente en 2017 a été l’occasion de faire ses preuves à la tête d’une grande institution. L’un de ses succès, l’exposition «Le modèle noir, de Géricault à Matisse» (2019), est déjà devenu un jalon de l’histoire de l’art. Au Louvre, elle aura à faire face à la crise mondiale, et à la difficulté de faire circuler les visiteurs et les œuvres. Parmi ses premiers chantiers, elle annonce une réflexion sur le découpage des collections et la création d’un département des chrétientés d’Orient, un hommage à Henri Loyrette dont c’était l’un des projets pendant sa présidence. Son ambition : poursuivre la vocation universelle du musée, et offrir à un public rajeuni une vision du monde contemporain. Rendezvous très attendu le 1er septembre. anaëlpigeat camiLLecombaL seLancedansLaprod Il ne tient pas en place. Lui qui d’habitude est si relax… Le concept de «Camille & images», c’estsonbébé.«Pendantleconfinement,j’aipassé un temps fou devant la télé. Cette émission, c’est un condensé de ce qui a fait rire les gens », racontet-il dans sa loge, à quelques minutes du début du tournage. C’est évidemment à TF1 que l’animateur a vendu l’idée de ce zapping animé par des personnalités. Clara Luciani, dont Camille chante à tue-tête les tubes dans les coulisses, Philippe Lellouche, Artus, Lola Dubini et Hakim Jemili pour la première. Un deuxième volet a aussi été tourné. «Je n’ai invité que des gens que je connais et que j’adore. C’est comme au karaoké, on est toujours plus rassuré quand nos potes sont là.» Le plateau spacieux fait très cinéma ; il rappelle celui de «Burgerquiz»,avecunvéritablevidéo-clubvintage, des bornes d’arcades et même des Chesterfield pourinstallerlepublic.«Je voulais que ça ressemble au décor de la série “Ricky ou la belle vie”. Ça me faisait rêver quand j’étais petit. J’ai prévu des jeux aussi, des happenings.Espérons qu’on ne s’ennuie pas trop…» Une fois en piste, le stress de Camille est invisible. Sans prompteur et avec humour, il réussit à faire vivre son show. D’ici quelques semaines,ilretrouvera«MaskSinger»,puis«Danse avec les stars» à la rentrée et espère pouvoir refaire son «Plan C» à Marseille quand la crise sanitaire aura mis les voiles. « Avoir arrêté la matinale de Virgin m’a libéré du temps, je peux lancer de nouveaux formats.» Quelque chose nous dit qu’il n’est pas près de s’arrêter. clémence duranton « Camille & images », le 19 juin à 21 h 5 sur TF1. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 9
LA SEMAINE dE Janebirkin&étienneDaho,l’accorDparfait Gibrat, l’éléGanceàlafrançaise Il est le dessinateur français numéro deux du marché de la BD, derrière Enki Bilal. Le 12 juin, 17 œuvres de Jean-Pierre Gibrat seront mises en vente aux enchères à la Maison de l’Amérique latine. « Il y a dans son travail une grâce, une élégance, une beauté françaises. Quand je vois ses planches, je pense à Catherine Deneuve dans “Le dernier métro”, le film de Truffaut », juge le galeriste d’œuvres de bandes dessinées Daniel Maghen, qui organise la vente. Il décrit Gibrat comme le descendant des grands peintres, tels Vermeer ou le Caravage : « Il partage avec eux cette recherche de la lumière, une qualité de son dessin et des expressions des personnages. » À 67 ans, Gibrat, qui a réalisé seulement neuf albums, a accepté de céder une pièce historique : la dernière couverture originale qu’il possède, celle du premier volet du « Sursis », paru en 1997 ; l’album qui l’a rendu célèbre, vendu à 500 000 exemplaires. Ses œuvres intéressent les collectionneurs du monde entier. Le réalisateur Guillermo del Toro et le milliardaire François Pinault ont acheté des pièces lors de la précédente vente, en 2016, chez Christie’s. Les 121 lots présentés cette année font l’objet d’une exposition publique à la galerie Daniel Maghen du 8 au 12 juin et ont des allures de musée éphémère de la BD. Sont exposés également des classiques – une couverture originale d’Hergé, les deux crayonnés d’Uderzo pour « Astérix », avant qu’il ne passe la main – et des dessinateurs comme Grzegorz Rosinski avec une planche de « Thorgal », Jean Giraud (plus connu sous les pseudonymes Moebius et Gir), Milo Manara ou Franck Bonnet. Mariana Grépinet « Je tenais à porter le projet jusqu’au bout. » Ce samedi 24 mai, Étienne Daho est soulagé. Jane Birkin vient de donner le premier concert de sa nouvelle tournée à Vannes. Daho a produit et composé en partie « Oh ! Pardon tu dormais… », le dernier disque de l’icône des seventies, joli succès critique. Pour entourer la chanteuse sur scène, il a convoqué quatre musiciens, dont son complice Jean-Louis Piérot, et créé des arrangements contemporains au plus près des chansons originales. Si le répertoire est principalement consacré aux titres les plus récents, Daho a eu la riche idée de reprendre en partie l’album « Histoire de Melody Nelson », le disque mythique de Serge Gainsbourg qui n’a quasiment jamais été joué en public. En fin de concert, Birkin interprète ses tubes dans des versions revisitées : « Baby Alone in Babylone », « Ex-fan des sixties » ou « Quoi » n’ont rien perdu de leur beauté originelle, mais gagnent en majestuosité. Au final, Daho se révèle le partenaire parfait pour la plus française des chanteuses anglaises. Chic ! benjamin locoge / photo Gilles Vidal eMManuelMacron, preMierprésiDentauxîlesMarquises Avant le concert au Palais des arts et des congrès de Vannes. Les dates ne sont pas encore fixées mais le principe d’une tournée présidentielle en Polynésie est acté pour la fin du mois de juillet. Ce sera, du reste, le dernier grand voyage du quinquennat d’Emmanuel Macron, qui aura visité tous les territoires d’outremer (ci-contre : en mai 2018 en Nouvelle-Calédonie), à l’exception de Saint-Pierre-etMiquelon. Après Tahiti, le chef de l’État doit se rendre dans les îles voisines de Wallis et Futuna. Mais il a surtout prévu d’innover en visitant les Marquises, où sont enterrés le chanteur Jacques Brel et le peintre Paul Gauguin. Ce voyage très symbolique sera une première pour un président de la République dans cet archipel volcanique situé à plus de plus de 14 000 kilomètres de Paris, soit l’un des territoires les plus éloignés de la métropole. Ce déplacement devrait être précédé d’une halte, le 23 juillet, à Tokyo afin qu’il assiste à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. bruno Jeudy PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 10

LA SEMAINE DE L’AIRDUTEMPS GILLES MARTIN-CHAUFFIER LES VERTS AU RAS DES PÂQUERETTES J’adore le vert. La couleur de l’espoir, du gazon, des tilleuls, des tapis de jeu… Même en politique, cette teinte me plaît. Juchés sur les cimes de leur élévation morale, les écolos se prennent un peu pour notre conscience, mais je leur pardonne : le cerveau irrigué au jus de carotte, ils regardent la France avec des yeux de missionnaires. Un métier dangereux ! On n’a jamais vu un loup se transformer en chien après de beaux discours au Parlement. Convaincre les pollueurs, c’est comme caresser le nez d’un lion : les résultats sont longs à venir. Pas facile de remiser ses mauvaises habitudes comme des draps dans une armoire. Et la tâche est immense. D’autant qu’ils sont un peu contre tout. Les éoliennes et les barrages, les OGM et le gluten, le chauffage des terrasses et les vacances aux Maldives, la pâte à papier canadienne et le nucléaire, patati et patata… Parfois, leur paradis ressemble au mariage de la faim et de la soif. Une fois soulevé le couvercle des catastrophes environnementales, ils n’en finissent jamais de vider le réservoir. Juger et interdire, leur programme tient parfois en deux mots. Ils se croient infaillibles parce qu’ils sont honnêtes. Attention, je répète que je ne leur en veux pas. Au contraire. Moi aussi, j’ai envie de rendre ses couleurs à la planète. Il y a vingt-cinq ans que je cotise chaque mois à Greenpeace. Mais quand même. À Lyon, le maire médit du Tour de France, qu’il juge machiste. À Bordeaux, il supprime le sapin de Noël municipal. À Colombes, il compare la police aux forces de l’ordre de Vichy. Il faudrait se calmer. J’aimerais mieux des réformateurs qui ne nous réforment pas, moi et mes vieilles fantaisies. Incroyable d’extraire autant de cailloux d’un filon aussi prometteur. Les verts pâturages de l’écologie se transforment en prairie grisonnante. Le pompon, c’est à Poitiers. Asservie jusqu’à l’ivresse par sa passion pour la couche d’ozone, la maire a décidé que « l’aérien ne devait plus faire partie des rêves d’enfant ». Allons bon ! Quel plaisir peut-on trouver à priver de plaisir un enfant ? Les rêves donnent à la vie un air de fête. C’est du bonheur garanti. Jusqu’à nouvel ordre, les espoirs ne polluent pas et l’imagination donne des ailes. L’existence du petit garçon qui voulait s’inscrire à un aéroclub se chargera vite de ne pas remplir ses promesses. Inutile que la maire s’en mêle. Elle ferait mieux de commander pour les bibliothèques municipales le premier roman de Saint-Exupéry, « Courrier Sud ». Les éditions des Saints Pères publient le fac-similé du manuscrit offert en 1929 à Louise de Vilmorin, la première fiancée de l’écrivain. Il l’a rédigé à Cap-Juby, un vieux fort perdu dans le Sahara espagnol, où il était chef de station sur la ligne de l’Aéropostale Toulouse-Dakar. Ses seules compagnes étaient la solitude et ces 171 feuillets parfois sur papier pelure, parfois sur des lettres à l’enseigne d’un hôtel ou de la Compagnie Latécoère. Dans la cellule vide peinte à la chaux de sa cahute récupérée à Verdun, il écrit à l’encre bleue, à la noire, au crayon ou à la machine. C’est plein de ratures, de biffures, de commentaires, de jolis dessins et de croquis. Un vrai fouillis. Là où, sur les manuscrits de Camus, l’intelligence mène les paragraphes au doigt et à la plume sans correction ou presque, c’est l’émotion qui dicte ses phrases à Saint-Ex. Malheureux en amour et triste à mourir, il ne retrouve qu’en vol la nostalgie du bonheur et de l’enfance. Ce qui donne une ode à l’aviation pleine de miracles et de drames. La nuit a peut-être des profondeurs de gouffre scintillant au-dessus des tentes de caravanes mais, de jour, le ciel est en embuscade. Sous le soleil brûlant, le sable monte en tourbillons, les soupapes grillent, le radiateur vaporise, le compte-tours déraille. Il faut piquer, se cabrer, trembler… Quand le désert se déplie dune par dune, là-haut avec chandail, foulards, combinaison de cuir et bottes fourrées, c’est un Esquimau transi de froid qui consulte ses cartes avec des gants épais et surveille la boussole avec les yeux mouillés. Enfin l’avion se pose, la terre se rhabille et retrouve des couleurs d’étoffe. Saint-Ex, lui, replonge dans son spleen et se vautre dans le souvenir de son amour perdu. Ne reste qu’à redécoller pour quitter le tumulte du monde et sa mélancolie. Et à retrouver le ciel qui fait l’étoffe de ses rêves. Un peu la même que celle des petits garçons mal vus par les autorités de Poitiers. À Poitiers, même Saint-Ex devrait suspendre son vol. L’aérien ne doit plus faire décoller les rêves d’enfant PARIS MATCH DU 3 AU 9 JUIN 2021 12
MK541 vA Voir que le temps passe et que la beauté reste HYDRA TOUCH® CRÈME HYDRATANTE INTENSE Par les pionniers de l’acide hyaluronique injectable. Disponible sur vivacybeauty.com
l’entretien LA SEMAINE dE Géraldine nakache tellement proche L’actrice et réalisatrice de « Tout ce qui brille » prête sa voix au nouveau Disney, « Raya et le dernier dragon ». Rencontre avec une femme qui veut retrouver les plaisirs de la vie d’avant. interview Fabrice leclerc / photos patrick Fouque Dans les couloirs d’un hôtel Bristol fantomatique en plein Paris encore confiné, les éclats de rire et la gouaille de Géraldine Nakache réveilleraient presque le paquebot endormi. Nous sommes sa seule rencontre réelle dans une série d’interviews virtuelles pour la promotion de « Raya et le dernier dragon », dernier-né des studios Disney à qui elle prête sa voix pour la France, même si elle ne résonnera pas dans les salles obscures mais sur une plateforme. Un dessin animé épique où la guerrière Raya tente de ramener l’harmonie chez un peuple divisé. Un propos qui touche cette actrice et réalisatrice, un cadeau aussi à sa petite fille. La meilleure copine du cinéma français depuis « Tout ce qui brille » a mûri, ces quinze derniers mois l’ont clairement marquée. Et nous raconte pourquoi. Paris Match. Vous n’êtes pas frustrée de voir “Raya et le dernier dragon” sortir directement sur la plateforme Disney+, alors que les salles viennent de rouvrir ? Géraldine Nakache. À qui le dites-vous ! La frustration est à tous les étages. J’aurais aimé voir le film avec ma fille dans une salle, pour qu’elle entende sa maman incarner le personnage principal. Et en même temps, quand on regarde la période qu’on vient de vivre, je dois dire merci à Disney+, Netflix ou Canal+ de nous avoir quand même permis un peu d’évasion quand les lieux de culture étaient fermés. Ils ont laissé ouverte une petite fenêtre sur le monde. Quand je vois le succès qu’a eu “La flamme” sur Canal+, je me rends compte qu’on a un tout petit peu aidé les gens. Les acteurs qui s’adonnent au doublage de dessins animés disent souvent que c’est l’exercice le plus difficile à mener, car tout doit passer par la voix. Vous confirmez ? Pas tant que cela. Alors oui, sur un plateau de cinéma, un acteur peut utiliser son corps, son regard pour nourrir son jeu. Et dans l’animation, c’est encore plus le cas. Le lâcher-prise est nécessaire. Tout d’abord parce PARIS MATCH dU 3 AU 9 jUIn 2021 14 que le temps est compté. Sur “Raya”, je n’ai eu que cinq jours de travail quand, sur un film classique, vous en avez au minimum une vingtaine. Il faut être dans le bain immédiatement. Je pense que le corps devient un outil dans le doublage car il permet à la voix de jouer. Quand on double un film d’animation, la gestuelle devient presque exagérée. Mais c’est un catalyseur pour trouver le bon ton, la bonne intonation, la respiration la plus proche du personnage. Il y a aussi les acteurs qui cèdent au doublage quand ils deviennent parents, pour faire plaisir à leur progéniture. Faire un film que ses enfants même petits pourront voir… C’est évident, presque une sorte de Graal. Comme je suis maman d’une fille de 4 ans et demi, je gagne des miles comme jamais depuis qu’elle a vu le film. Je suis devenue une reine, je peux même lui demander de se laver les dents à heure fixe. [Elle rit.] Plus sérieusement, je me rends compte aussi que ces films nous aident à appréhender des sujets essentiels. 1980 Après avoir vu “Raya”, j’ai pu évoquer avec elle le Naissance le 22 février concept de confiance, en soi mais aussi en l’autre. Si à Suresnes. cela m’aide à donner une bonne éducation à ma fille, 2009 je suis aux anges. Elle réalise avec Hervé Mimran « Tout ce qui Ce sont des films qui parlent également aux adultes, brille ». Immense succès. d’ailleurs… pRofiL 2012 « Nous York », son deuxième long-métrage, connaît un échec relatif. 2016 Naissance de sa fille, issue d’un second mariage, après une union avec Manu Payet. 2018 Elle étoffe son jeu avec la série « Hippocrate » sur Canal+. Et retrouve Leïla Bekhti pour son troisième film, « J’irai où tu iras ». C’est pour cela que Disney a toujours eu un temps d’avance sur ce que l’on voyait au cinéma. On pleure au même moment ma fille et moi quand on regarde un dessin animé. Parce que l’animation permet aussi d’avoir des personnages qui peuvent véhiculer un propos simple sans peur du ridicule. Beaucoup de leurs films traitent de sujets graves, comme le deuil, le manque ou le temps qui passe. “Raya et le dernier dragon” parle de l’Asie, de l’écologie et de l’influence des femmes. Et aussi d’une envie de concorde et d’unité. Le film en prend presque involontairement un propos nouveau avec ce que le monde vient de vivre… Sous cloche pendant plus d’un an, on a vu à quel point la solitude pouvait peser. “Raya” parle [SUITEPAGE16]

LA SEMAINE dE « Raya ou le dernier dragon », disponible le 4 juin sur Disney+ . « Depuis que j’ai fait la voix du dragon de “Raya”, je suis devenue une reine pour ma fille. Je peux même lui demander de se laver les dents à heure fixe ! » Géraldine Nakache de la nécessité du clan et de sa solidarité, quand on a passé des mois à voir sa famille sur une appli vidéo. Mais j’ai bon espoir que ce petit virus impalpable au-dessus de nos têtes nous ait au moins permis d’arrêter un certain entre-soi. On a tous mis un genou à terre. Dans le film, Raya part en guerre mais pour une bonne guerre, celle qui bénéficiera à l’autre. Alors, je sais qu’en France on est tous un peu “gilets jaunes” mais quand on voit le retournement de l’opinion sur la vaccination, ça donne de l’espoir. Je n’ai rien contre ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, mais les trois quarts des gens ont compris que cela aidait autant à se protéger qu’à protéger l’autre. Et ça vous a permis de travailler quand le monde de la culture vivait au ralenti… C’est la raison pour laquelle je dis que je ne suis pas à plaindre. J’ai tourné avec Thomas Lilti dans la saison 2 d’“Hippocrate” et dans “Vacances” de Béatrice de Staël et Léo Wolfenstein, un film à petit budget qui a lui aussi souffert de la précarité de la production actuelle. Mais ce qui est flippant, c’est la suite. Combien de films vont rester sur les étagères ? Tout le monde a malgré tout compris que la culture était essentielle au moral d’un pays. Vous avez mis à profit la crise pour réaliser deux spots longs pour La Redoute, qui racontent la fraternité ou la famille recomposée. Qu’est-ce qui vous a attirée dans ces projets ? Je n’avais jamais tourné dans des pubs de ma vie, mais c’est la PARIS MATCH DU 3 AU 9 JUIN 2021 16 Ce long-métrage, réalisé par Don Hall et Carlos Lopez Estrada, met en scène une jeune femme qui part retrouver le dernier dragon pour ramener l’équilibre au royaume de Kumandra. proposition d’un producteur, Quad, qui m’a séduite. Je n’ai rien contre la pub mais je leur ai dit que je ne pouvais le faire qu’en racontant une histoire, en parlant des gens, en ayant une totale liberté dans l’écriture et le choix des acteurs. Ce sont des projets atypiques en effet, deux petits films de plus de deux minutes. En tant que réalisatrice, je ne serais pas bonne à filmer un parfum ou un fromage. La mise en scène, c’est un bouclier pour raconter les gens. J’avais besoin à ce moment-là d’évoquer la famille au sens large. Et je suis très étonnée que ce soit la pub qui m’ait permis de le faire. Je pouvais entrer dans le salon des gens et leur délivrer un autre petit moment d’espoir et de chaleur. Vous avez débuté jeune dans la réalisation quand le féminisme dans le cinéma n’était pas encore d’actualité. Vous en avez souffert ? Pour être franche, pas au quotidien sur un plateau. Ce n’était effectivement pas un sujet à la mode. Avec le temps, si je ne me sens pas féministe, je pense aussi que mon cinéma coche toutes les cases d’une affirmation de la femme. On me pose la question sur le fait que je fasse des films de femmes, mais on ne demande pas à mon frère s’il fait des films de mecs ! Mes personnages féminins existent en tant que tels, ne se battent pas sur des sujets liés au masculin. Ce n’est pas un féminisme poing levé mais inhérent à qui je suis profondément. Raya est une guerrière ? Mais on n’est jamais plus princesse que quand on est une guerrière aujourd’hui. Pour les plus jeunes, il n’y a plus aucun débat là-dessus. Le champ lexical a évolué. Et regardez les personnages Disney : les femmes sont souvent les héroïnes. Et les méchantes aussi ! Vous évoquez souvent sur les réseaux sociaux vos proches, que ce soit Leïla Bekhti, Tahar Rahim ou même votre frère Olivier, coréalisateur avec Éric Toledano d’“Intouchables” ou du “Sens de la fête”. Il y a eu dans la famille Nakache un chaudron cinéma dans [SUITEPAGE18] lequel vous êtes tombés quand vous étiez jeunes ?
ISLANDE LE RÉVEIL DU VOLCAN RENDEZ-VOUS AU FAGRADALSFJALL 5 JOURS AU COEUR DU PAYS DE GLACES ET DE FEU EN JUIN ET JUILLET AVEC NOTRE ÉQUIPE D’EXPERTS À partir de 2550 € (Code promotionnel : PMGE -150 €) - Vol depuis Paris info@grands-espaces.com / www.grands-espaces.com / Tél. : 0351 251 251 L’Islande est ouverte en toute sécurité depuis le 6 avril aux personnes vaccinées ou immunisées Licence France IM 021170002. Garantie financière APST. © Post Asia VOYAGES AU CENTRE DE LA TERRE
LA SEMAINE dE Un chaudron, pas forcément. Nous ne sommes pas des enfants de la balle, nos parents n’ont rien à voir avec ce milieu. Mais oui il y avait du cinéma à la maison. Celui qu’on regardait à la télé et aussi le rituel du dimanche dans une salle pour voir n’importe quel film. On a toujours eu chez nous l’envie de regarder le monde, d’avoir un point de vue et d’aimer rire. Je me souviens de mon père qui ne reculait devant rien, jusqu’à entrer dans une boutique en faisant croire qu’il était bègue, juste pour nous faire rigoler. Ou échanger ma calculatrice par une télécommande, juste avant que j’aille en cours de maths. Il est aussi là le cinéma. Rigoler pour adoucir la vie. Vous avez dit un jour que faire du cinéma, c’était aussi pour que le nom de vos parents “soit inscrit ailleurs que sur leur boîte aux lettres”… C’était une façon de leur rendre hommage, oui. Comme ce jour sur les Champs-Élysées où dans deux cinémas qui se font face, il y avait d’un côté l’affiche de “Tout ce qui brille” et de l’autre celle de “Nos jours heureux”. Jusqu’au cinéma Le Central, à Puteaux où ils vivent depuis plus de cinquante ans, et où une salle porte notre nom à Olivier et moi. Ils s’en foutent des Oscars mais ça, je sais qu’ils en sont fiers. Il y a aussi d’autres points communs : vous avez chacun développé un binôme (vous avez coréalisé vos deux premiers films avec Hervé Mimran) ou même une bande de cinéma (avec Leïla Bekhti, Manu Payet et d’autres)… Par envie d’être moins exposés ? Une peur de dire “je” alors qu’on est plus forts avec le “nous”. L’idée du clan que l’on reconstitue aussi. Il y a peut-être des réminiscences de déracinement, celui de mes parents quand ils sont arrivés d’Algérie avec la nécessité de reconstruire un cercle. Et puis, Olivier et moi avons passé notre enfance dans les colonies de vacances. Où l’on rencontre des gens très différents. Je me faisais récemment la réflexion : il existe quand même peu d’endroits autres qu’un plateau de cinéma où travaillent des menuisiers, des comptables, des artistes, des coiffeurs, des chauffeurs. Cette idée de collectif demeure. Vous avez des envies artistiques nouvelles aujourd’hui ? Enregistrer un album. Nan, je rigole… Je ne suis pas sûre d’avoir d’autres prétentions artistiques. Peut-être jouer au théâtre. J’y ai eu une seule expérience avec Danièle Thompson et c’était compliqué. « Le cinéma Le Central, à Puteaux où vivent mes parents, a une salle qui porte notre nom à Olivier et moi. ça, je sais qu’ils en sont fiers » ! Géraldine Nakache PARIS MATCH du 3 au 9 juiN2021 18 Mais j’ai l’impression que, tant qu’on n’a pas donné tout ce que l’on a à un public, sans le filtre de la caméra, on n’est pas vraiment actrice. Cela tient peut-être du complexe, je ne sais pas. Dix ans après la sortie de “Tout ce qui brille”, votre premier film, il demeure culte pour une génération de spectateurs. Comment l’analysez-vous avec le recul ? Je n’y crois toujours pas ! À chaque fois qu’on se balade dehors avec Leïla, et cela nous arrive souvent, les gens viennent nous voir, nous parlent de notre chanson [celle de Véronique Sanson, “Drôle de vie”, NDLR], se demandent si on est toujours amies ! J’ai l’impression d’avoir tourné un “Enquête exclusive” sur Leïla et moi alors que tout ou presque est inventé dans le film. Celle que vous appelez votre sœur… Comment voyez-vous vos parcours respectifs ? Je ne suis pas forte pour tirer des bilans, pour regarder en arrière. Je pense qu’on est bien élevées et qu’on essaie de rester telles que nous sommes. On se conseille sur le travail, on a une exigence l’une envers l’autre, on évolue aussi, comme je l’ai un peu évoqué dans “J’irai où tu iras”. Vous n’attendrez pas dix ans pour refaire un film ensemble ? Très clairement, non. J’ai quelques idées en tête. Et la période actuelle m’a fait comprendre qu’il ne faut plus attendre, qu’il faut faire ce qu’on a envie de faire sans se poser de questions. Interview Fabrice Leclerc
COLLECTION TATTOO - OR, TITANE & DIAMANTS BOUTIQUE 354 RUE SAINT-HONORÉ PARIS +33 1 40 13 64 04 - AKILLIS.COM
culture LA SEMAINE dE « Genius : Aretha », Disney+, à partir du 4 juin cynthiAerivo ArethA,lABAttAnte Cynthia Erivo (Aretha Franklin). ArethA FrAnklin et Billie holidAy crèvent l’écrAn L’une incarne pour Disney+ la Queen of soul, l’autre la chanteuse de jazz au cinéma. Paroles des actrices, Cynthia Erivo et Andra Day. AndrAdAy BillielArévoltée Du mythe, on croit tout connaître, mais de la femme on sait peu. «Or Aretha Franklin était un modèle de volonté qui s’est construit sur des failles, explique Cynthia Erivo, qui l’incarne aujourd’hui. Elle a surtout su s’imposer à la seule force du gospel, qu’elle a fait sortir de l’église, et de son incroyable Son histoire méritait d’être racontée avec pudeur et subtilité. sériE voix. J’espère y être parvenue.» Plutôt que de miser sur une superstar du R’n’B américain, la showrunneuse de «Genius: Aretha», Suzan-Lori Parks, a préféré écrire la partition pour la Britannique. Cynthia Erivo n’en est certes plus à son coup d’essai. à 34 ans, l’actrice et chanteuse s’est déjà imposée, pluie de récompenses prestigieuses à la clé, en incarnant la militante abolitionniste Harriett Tubman au cinéma («Harriett»,2019) et,à Broadway,dans «La couleur pourpre». Plus récemment, elle prêtait ses traits à l’inspectrice autiste de la série «The Outsider». Elle joue ici avec la même retenue. Maltraitée par la vie, les hommes, la ségrégation : la vie d’Aretha, aussi extraordinaire que dramatique, aurait pu virer au mélo larmoyant à l’écran. S’il n’en est rien, c’est surtout à son interprète principale qu’on le doit: «J’aurais détestélacaricaturer.Elleasutransformerlesvicissitudesdesonexistence,ses combats,en tremplins.Ce qui la rend,au-delà du génie musical, profondément humaineetinspirante,particulièrementpourlesfemmesnoiresd’aujourd’hui.» Figure de proue d’un féminisme ancré dans le XXIe siècle, Erivo fait de cette Aretha une «self-made-woman» à la pugnacité implacable, diva sur le fil du rasoir rongée par le doute et les excès. Respect. claire Stevens Andra Day (Billie Holiday). à ses débuts, son nom de scène se voulait un hommage direct à Billie Holiday, surnomméeLadyDay.Incarnerdixansplustardl’icônedubluesetracontersaviemeurtrie paraissait donc logique pour Andra Day. Comme Diana Ross l’avait fait avant elle. Une évidence qui lui a valu un Golden Globe et une nomination à l’Oscar. Une incroyable pour ses premiers pas au cinéma. «Ce rôle m’a vidée, nous explique fiLm performance l’actrice.Mais en même temps enrichie.La vie de Billie est comme un maelström,de son génie d’artiste à ses addictions, sa bisexualité ou la persécution que le FBI lui a fait vivre dans sa défense des droits civiques. Billie, c’est un peu l’ADN de la résistante, de la révoltée.»LeportraitqueLeeDaniels(«Precious»,lasérie«Empire»)faitdeBillieHoliday Billie Holiday, une affaire d’état est une longue descente aux enfers, bercée par «Strange Fruit», sa chanson manifeste, son cri du cœur pour les siens. «Billie disait qu’à chaque fois qu’elle interprétait cette de Lee Daniels. chanson elle prenait le risque de mourir», enrage presque Andra, qui se qualifie elle aussi En salle de rebelle. Celle qu’on surnomme souvent la Amy Winehouse de la soul, découverte en actuellement. 2015 par Stevie Wonder, se veut «un électron libre dans l’industrie. Je sais quand dire non, croyez-moi!». Elle a chanté devant Barack Obama, travaillé, pour ses clips, avec Spike Lee et Night Shyamalan. Elle défend la communauté afro-américaine (elle est la deuxième actrice noire à avoir reçu un Golden Globe) mais ne veut pas être résumée à un porte-drapeau: «Je défends la liberté des minorités. Comme je me bats pour garder la mienne», sourit-elle. «Phone Dies», le premier single de son nouvel album à paraître, est d’ailleurs une ode pop légère et ensoleillée. Bien loin de Billie… Fabrice leclerc PARIS MATCH Du 3 Au 9 juin 2021 20

LA SEMAINE dE NiNe ANtico pArLer Les fiLLes LAisse Après une carrière dans la BD, son premier film, « Playlist », raconte les galères sentimentales d’une apprentie artiste incarnée par Sara Forestier. Une comédie qui va réenchanter les salles ! par Karelle fitoussi / photo Hélène pambrun Ils sont peu nombreux les bédéistes à succès à être parvenus dès leur première incursion derrière la caméra à transformer l’essai haut la main. Gérard Lauzier, Marjane Satrapi, Caro, Riad Sattouf… Et désormais Nine Antico, autrice quasi quadra d’une dizaine d’albums, que certains esprits étroits eurent tôt fait d’étiqueter « girly » au prétexte qu’elle faisait disserter les filles. Midinettes chères à Rohmer, post-ados à frange et au langage fleuri, Nine Antico les a toutes croquées, de concert de rock parisien en mythe américain chancelant, décortiquant avec ironie la difficulté d’être à toutes époques et sous toutes les latitudes une femme libérée. «J’ai toujours eu besoin du regard des garçons pour justifier mon existence. À la crèche déjà, j’avais un amoureux. C’est un vrai boulet d’être amoureuse de l’amour ! » déplorait-elle en 2017, tentant d’expliquer sa fascination pour la mythique groupie des sixties Pamela Des Barres, point de départ de sa fresque graphique «Autel California». Quatre ans plus tard. Les temps ont changé, les porcs ont très médiatiquement valsé, on ne dit plus «girly» avec mépris mais «féministe » et « puissante ». Pourtant, il est toujours question de «male gaze » écrasant et d’amours fantasmées dans « Playlist », premier long-métrage pop et caustique sur le délicat âge des possibles, que la désormais Marseillaise a nourri de ses influences cultes («Frances Ha», «Ghost World», Scorsese, «Le rayon vert»…) et saupoudré de tubes intemporels et variés, de Daniel Johnston à Nana Mouskouri. On y suit Sophie, cœur d’artichaut, qui, à chaque rencontre, ne peut s’empêcher de fomenter un tableau de chasse imaginaire (la « Playlist » du titre) tout en rêvant de vivre de ses dessins, alors qu’elle accumule petits boulots et grosses galères. « Mes héroïnes cinéma « petiteMAMAN » De Céline Sciamma Connaît-on jamais vraiment ses parents? Alors qu’elle doit gérer le deuil de sa grand-mère, une fillette esseulée, Nelly, fait la connaissance dans les bois d’une nouvelle amie. Et s’il s’agissait de sa maman redevenue comme par magie une enfant? Après le de trophées récoltés par son «Portrait de la jeune critiquE déluge fille en feu» en 2019, Sciamma a tourné en petit comité, pendant le confinement, ce cinquième film faussement mineur, qui interroge notre lien à la maternité et à la transmission en tendant un miroir aux parents que l’on est – ou non – devenus. Un bouleversant retour aux sources filmé dans son Cergy natal qui fixe dans le rétroviseur l’origine de son désir de création et inverse les archétypes de genre pour mieux absoudre la maman de n’avoirpasétélemodèle célébré par la société patriarcale. Amen. K.f. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 22 En salle actuellement. Sara Forestier, Laetitia Dosch et Jackie Berroyer. sont toujours partagées entre un idéal d’amoureuse romantique et un désir d’agir, de foncer, de croire en leur liberté, de pouvoir se planter, d’avorter, de ne pas se contenter d’une norme… Moi-même, je me sens assez tiraillée. Je pense que ce sera plus simple pour la prochaine génération de filles, départie de l’héritage patriarcal dans lequel ma génération a été élevée.» Faut-il renoncer à son rêve lorsque celui-ci peine à se réaliser ? À quel moment peut-on raisonnablement admettre qu’on a tout raté ? Autant de questions que Nine s’est elle-même posées, alors que, jeune attachée de presse pour une maison d’édition indé, elle tentait de se faire un nom dans l’illustration après un bref passage par une fac de ciné. De syndrome de l’imposteur en complexe de légitimité, elle mettra finalement près d’une décennie à retomber sur ses pieds, envisageant un temps le duo Anaïs Demoustier-Nora Hamzawi comme têtes d’affiche, avant de tout miser sur les géniales Sara Forestier et Laetitia Dosch. «J’ai longtemps eu peur de prendre les rênes. Parce que j’idéalise beaucoup ce métier et que j’avais l’impression qu’on ne s’improvisait pas réalisatrice à 39 ans. Mais j’essaie d’arrêter de me dévaloriser en pensant que je n’ai pas le droit d’ouvrir la bouche si je ne connais pas exactement mon sujet. Les mecs ne se posent pas ce genre de questions! Je vais bientôt m’atteler à un deuxième longmétrage, mais d’abord je dois finir ma prochaine BD. » Le titre de cet ambitieux album graphique inspiré d’Edgar Allan Poe? «Madones et putains». Tout un programme évidemment.

LA SEMAINE dE Ian Manook IlAvec étaIt une foIs en arMénIe « L’oiseau bleu d’Erzeroum », l’auteur signe un grand roman d’aventures doublé d’un récit poignant sur les survivants du génocide arménien. contre les bourreaux ont servi de ballons aux cavaliers kurdes, ottomans. « Comme et une autre où je décrivais comment les je m’attaquais à un tueurs égorgeaient à l’arme blanche jusqu’à roman sur la dias- mille personnes par jour, sous les ponts, pora arménienne, comme du bétail. J’ai compris le point de une des conditions vue d’Albin Michel : j’ai tellement ces hisque j’ai données à toires de carnage dans la tête depuis que Albin Michel, c’est de je suis gamin que je les ai assimilées, mais consacrer entre 50 et pour le lecteur, c’est différent. » Le conteur100 pages à la dépor- né sait que, pour ne pas le rebuter, rien ne tation, explique Ian vaut une saga palpitante. Sa plume vireManook. Je ne vou- volte sans retenue au rythme des meilleurs « L’oiseau bleu lais pas faire de belles romans-feuilletons. d’erzeroum », de ian On croise au fil des pages Mustafa Kemal Manook, éd. albin Michel, phrases en 10 pages pour éluder ce drame. à Smyrne, avant de tomber à Berlin sur 544 pages, 21,90 euros. La déportation, un certain caporal nommé… Adolf ça a duré des mois et c’était au moins Hitler. Comme dans un roman un malheur par jour. Pratiquement toujours d’espionnage, Manook nous invite même pire que celui de la veille… » à participer à l’opération Némésis, qui traLes premiers chapitres sont effectivement qua les responsables du génocide réfugiés glaçants. Notamment lorsque hommes, à l’étranger où ils vivaient comme des femmes et enfants sont obligés d’escalader pachas. Qu’ils soient grand vizir, ministres les montagnes de cadavres sous les rires ou collabos, tous reçurent la sentence de de leurs assassins. Des victimes si nom- mort à laquelle ils avaient échappé. breuses qu’elles vont finir par engorger La justice n’étant pas toujours de ce les rivières dans lesquelles on les jette. monde, en 2021, Erdogan, pas plus que Parfrançoislestavel/PhotoJulienfaure C’est une histoire où l’on retrouve Et décider les génocidaires à se débar- ses prédécesseurs, n’est disposé à admettre tous les ingrédients qui ont fait le succès rasser plus discrètement des survivants, l’ampleur du crime commis en 1915. « La de « Yeruldelgger », la trilogie mongole de condamnés à périr par la faim et la soif Turquie aura réussi quelque chose de très Ian Manook : des rebondissements à gogo, dans le désert syrien. « Pour la première subtil, conclut Ian Manook : nier le génodes méchants impitoyables, des scènes fois dans ma vie d’écrivain, à la demande cide, jusqu’à la mort du dernier témoin. cocasses et coquines. Pourtant, sa nou- de l’éditeur j’ai censuré deux scènes, pré- C’est pour cela que j’ai écrit ce livre. Pour velle saga se nourrit de nombreux témoi- cise Manook. Celle où des nourrissons restituer des témoignages vivants. » gnages bien réels, recueillis au fil du temps, et embrasse le destin de personnages qui lui sont familiers. Et pour cause, l’héroïne, c’est sa grand-mère, Araxie, qui, avec sa petite sœur Haïganouch, a vécu la sinistre déportation de sa communauté, organisée Étudiant à Poitiers, Simon dégotte un stage au quotidien local. Mais il est vite par l’État turc en 1915, avant de devenir confronté à la mort d’unjeunehomme,retrouvédansleseauxduClain.A-t-ilétévictime l’esclave d’une famille musulmane, puis de de Jack le Pousseur, ce tueur de la légende urbaine? Bientôt, l’apprenti reporter se fait débarquer en France après un long périple. agresser… Pour son premier roman, Thibaut Solano distille Araxie s’y est mariée avec un certain une atmosphère poisseuse, flippante à souhait, en s’empaHaïgaz Manoukian, le grand-père de Ian, rant d’un fait divers qui a défrayé la chronique pour le pousser l’autre héros du récit. Avec son inséparable jusqu’aux lisières du fantastique. Diablement réussi ! f.l. copain Agop, le jeune homme s’était engagé dès ses 14 ans chez les fedaï, les milices « Les noyés du Clain », de Thibaut Solano, éd. Robert Laffont, d’autodéfense arméniennes qui luttaient 404 pages, 20 euros. LivReS CRiTique thIbautsolano,enquêteenaPnée PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 24
CriTique thomAsCAntAloube lAFrAnCe,FAçonellroy Après avoir soulevé les dessous nauséabonds de la France du Général avec « Requiem pour une République», Thomas Cantaloube enfonce le clou en nous transportant au Cameroun, ravagé par la guerre civile. Luc Blanchard, devenu journaliste, Antoine, le bandit corse, et Sirius, le mercenaire manchot, vont se frotter aux pires coups tordus des nervis de Jacques Foccart. Empoisonnement de Moumié à Genève, bombardement de villages favorables aux indépendantistes, appui sans bornes à un politicien sensible aux intérêts de Paris, les épisodes déplorables de nos magouilles coloniales accouchent d’un polar palpitant. L’amoral est sauf ! F.l. « Frakas », de Thomas Cantaloube, éd. Gallimard, 432 pages, 19 euros. AdélAïde de Clermont-tonnerre Amours, drAmes et piques Même romancière, elle reste une vraie journaliste. Elle s’intéresse à tout. Quand elle se met à un roman, elle mêle les milieux, les villes et les pays avec un génie de scénariste hollywoodienne. Dans « Le dernier des nôtres », Grand Prix du roman de l’Académie française, on passait d’un sosie de Trump à un jumeau de Wernher von Braun, du Studio 54 aux mines de Dora, du roman d’amour au thriller. C’est son truc : les grandes fresques. Cette fois-ci, « Les jours heureux » mettent en scène une star du cinéma français, un producteur de films, une île de rêve en Grèce, une pépée russe à faire lever le jour et… l’abominable W, l’ogre de Los Angeles, qui transforme les tapis rouges en séries noires. On reconnaît beaucoup de gens mais on se croirait dans une série. Sans la guimauve du happy end. Il y a de l’amour et du glamour, mais aussi du chantage, des mufleries, de la peur et des maladies. À un moment ou à un autre, tout tourne mal, sauf le style. L’encre coule encore plus vite que les larmes et le sang. On est avalé par l’histoire. Gilles martin-Chauffier « Les jours heureux », d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, éd. Grasset, 440 pages, 22 euros.
LA SEMAINE dE SebaStião Salgado SplendeurS et miSèreS de l’amazonie À la Philharmonie de Paris, le photographe nous immerge au cœur de l’immense forêt brésilienne. Un paradis si menacé qu’il pourrait bientôt être perdu. par aurélie raya Plutôt qu’un tour en pirogue sur le fleuve Amazone, rendezvous est donné dans ses bureaux, qui longent l’eau verdâtre du modeste canal Saint-Martin. Voilà vingt ans que Salgado a installé ses quartiers dans ce coin anciennement populaire de Paris. Le Brésilien peut y observer à sa guise les tribus locales, des hordes de bobos qui, l’été, boivent assis sur du bitume sale et se soulagent dans les ruelles alentour. Mais aux urbains sauvages le photographe préfère observer les « bons sauvages », les peuples qui habitent la terre comme au premier jour. Les Indiens d’Amazonie, Sebastião, 77 ans, les a capturés, regardés. Des décennies à côtoyer « Amazônia », à la ces êtres si particuliers, cela change quoi? «J’ai comphilharmonie de paris, pris qu’il existe un paradis sur terre, une nature jusqu’au 31 octobre. pure, pas de maladie, aucune des contraintes de notre société. Les Indiens n’ont pas d’argent, n’accumulent pas, récoltent selon leurs besoins, ne sont pas violents, disposent d’un temps libre colossal… » Quand on lui demande candidement si l’ennui peut poindre parmi eux – quelle existence incongrue sans Snapchat ni Balzac –, Salgado saisit son livre, va page 279. Deux hommes assis par terre semblent discuter. «Le type à gauche revient de neuf jours de voyage, il raconte son périple en forêt. L’autre lui relate les histoires du village. Dans les maisons, tous écoutent les nouvelles, on ne s’emmerde jamais. » Parmi les nombreuses tribus, les Suruwaha se rapprochent de nos critères, ils vénèrent la jeunesse et la beauté. Salgado a crapahuté sept jours pour les atteindre. Chez les Zo’é, qui ont manqué d’être décimés par la malaria, les femmes ont parfois quatre maris ! Chez les Kamayura, les hommes, un jour de fête, sont transformés en cochons et chassés à coups de bâton par les femmes. Salgado insiste : « Ils sont comme nous. Tu n’es pas plus maligne qu’une fille indienne. Elle sait à quoi servent tes gadgets, tes lunettes, ce que tu viens faire… La seule différence entre eux et nous, c’est qu’ils sont entrés en Amérique il y a vingt mille ans, après la glaciation du détroit de Béring. Nous, les Brésiliens, avons débarqué il y a cinq cents ans, avec la vague des Portugais. » Selon les derniers chiffres, il reste 102 groupes non « contactés» en Amazonie, soit quelques milliers d’Indiens qui n’ont jamais vu ou échangé avec un Occidental. La Constitution interdit de les déranger, eux seuls peuvent décider de « sortir ». C’est fascinant, émouvant, d’imaginer la préhistoire de l’humanité cernée de prédateurs qui cherchent à accélérer l’agriculture intensive. « Dans l’État de Maranhao, trois groupes isolés sont ceinturés de fermes avec Internet, tracteurs, camions… Bien sûr qu’ils s’approchent. » Salgado alterne regard doux, yeux noirs, il passe la main sur son crâne lisse avant de tonner contre les accords commerciaux Mercosur entre l’Europe et l’Amérique du Sud ou l’abattage des arbres et l’exploitation qui en résulte : « La bibliothèque François-Mitterrand est remplie d’ipé, un bois brésilien. Ce n’est expo PARIS MATCH du 3 Au 9 juin 2021 26
De g. à dr. : hommes de la tribu des Zo’é (État du Para). Bela Yawanawa, du village de Mutum, avec une coiffe et le visage peint. Une tempête dans le parc national de la Serra do Divisor (État d’Acre), 2016. pas normal… Mon désir de protéger ces peuples est immense. » Salgado se révèle optimiste, presque rassurant : « Les Indiens sont très organisés, et le peuple brésilien se mobilise enfin. » Il veut croire à la défaite prochaine de Jair Bolsonaro, ce satrape qui rogne la jungle, favorise les fermiers et tout ce qui peut contraindre les indigènes. Une pression brutale s’exerce sur les terres indiennes et les parcs nationaux, heureusement protégés. Sur une carte, Salgado pointe les parcelles qui appartiennent à l’État, déjà durement touchées par la déforestation. Que photographie-t-il ? De belles images ? La fin d’un monde ? L’admirateur d’Irving Penn plante sa vérité, simple : « La photographie, c’est ma vie. Elle occupe mon sommeil, mon réveil… Bien sûr que je pense aux cadrages, mais je ne provoque rien, personne ne pose. Je vais là-bas, et ces gens m’acceptent. Je garde toutes mes planches-contacts. Dans dix ans, je me replongerai dans ces images pour en publier d’autres, mon regard aura changé, mûri. » Un Salgado émerveillé vante la beauté des corps, des montagnes, des couleurs, des pluies diluviennes et cette chance qu’il a eue d’approcher des tribus récemment « contactées ». Une anecdote remonte : « Un gamin sautait, ne me laissait pas travailler. J’ai demandé à la linguiste si sa mère pouvait l’en empêcher. Elle m’a dévisagé, gênée : “Mais, Sebastião, les Indiens ne connaissent pas la répression.” Un gamin de 5 ans peut grimper à un arbre immense, s’il tombe, il meurt. Vous imaginez ici ! » Sa voix monte dans les aigus, semble traduire une lutte interne, entre dynamisme vital et lassitude de l’époque moderne. « L’Amazonie, c’est quelque chose… » On le croit volontiers. Unebande-sonamazoniaqUe Le brésilien s’est tourné vers Jean-Michel Jarre pour composer la bande-son de son exposition parisienne. Le grand manitou de l’électro française s’est donc immergé dans une jungle sonore, festoyante et verdoyante, pour mieux donner corps aux images du photographe. Il en est ressorti avec un disque de cinquante-deux minutes, bien loin de ses récents travaux. Preuve que, confronté à l’autre, Jarre sait se réinventer encore et encore. benjamin Locoge « Amazônia » (SonyMusic).
LA SEMAINE dE Exclusif dans lEs coulissEs du concErt tEst d’indochinE Samedi 29 mai à Paris, le groupe de Nicola Sirkis jouait Par Benjamin locoge / Photos hélène Pambrun 12 heures. Depuis 7 heures, une centaine de techniciens s’affairent au montage de l’immense scène de ce concert à Bercy pas comme les autres. Un seul mot d’ordre: tout doit être prêt pour l’arrivée du groupe. 12h30. Bienvenue dans la «black zone», trois loges réservées à Indochine. Nicola Sirkis dispose de la plus grande, les quatre musiciens de celle attenante, son équipe proche s’est installé un bureau dans la troisième. Émilie, leur manageuse, apprend que le véhicule du groupe est coincé dans le trafic. Rien de grave. Les consignes sont données au personnel chargé de la sécurité: personne ne peut entrer dans cette black zone sans son consentement ou celui du chanteur. 13 heures. Le van gris d’Indochine s’engouffre enfin dans les entrailles de Bercy. Nicola Sirkis, Boris Jardel, Marc Éliard et Ludwig Dahlberg retrouvent Oli de Sat, arrivé de son côté. Indochine n’a pas donné de « vrai » concert depuis le 7 mars 2020. Si le groupe a répété pendant quatre jours à La Seine musicale, l’enjeu reste de taille. Il faut éteindre les polémiques nées autour de ce concert test. 13h30. Nicola Sirkis a juste eu le temps de disposer des photos de ses trois enfants dans sa loge. «Dire qu’au départ je pensais que ce serait un concert “normal” », sourit le chanteur, qui se produit dans quelques heures devant dans le cadre d’Ambition Live Again, l’expérience scientifique imaginée par l’APHP et le Prodiss pour permettre au public de revenir debout dans les salles. Nous y étions. musique 5 000 personnes, toutes testées négatives ; 2500 autres volontaires, eux aussi testés, sont obligés de rester chez eux. Sirkis a prévu de les inviter à une prochaine date pour les remercier. «On se fait un petit “Station 13”», lance Nicola à son équipe. C’est la chanson qui ouvrira le show. «On ne sait pas qui sera le public, note le chanteur. Il y aura probablement une partie de fans. Mais pas que… Donc il faut être offensif d’emblée.» 15h15. Angelo Gopee, le patron de Live Nation France et membre du Prodiss, qui organise le concert test, passe une tête dans la black zone. « Ce concert va déterminer l’avenir de notre profession. Il va nous permettre d’établir un protocole sanitaire pour le futur et en roselyne Bachelot, olivier Véran et Brigitte Macron n’ont pas voulu rater le show PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 28 cas de nouvelles crises sanitaires. » Nicola Sirkis s’est retiré dans sa loge. Il est temps de passer en mode rock star. 16 h 10. Les premiers spectateurs entrent dans la salle. Tous sont munis d’une pochette bleue leur permettant d’effectuer un test salivaire et doivent revêtir un masque chirurgical blanc. Aucune bousculade, mais des gens courent se blottir derrière la barrière qui sépare le public et la scène. Bon enfant. 16 h 45. Roselyne Bachelot descend dans l’arène. Chaussée de baskets, la ministre de la Culture salue le personnel de santé. Anne Hidalgo, la maire de Paris, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, Olivier Véran, le ministre de la Santé, sont aussi de la partie. Aucun d’entre eux ne sera reçu par Indochine.
Dans les loges de l’AccorHotels Arena, derniers préparatifs avant le show donné devant 5 000 spectateurs masqués. 18 h 15. Dans la black zone, Émilie annonce : « Départ dans sept minutes. » Chacun est concentré, prêt à monter au front. Au pied de la scène, maquilleur et habilleuses jettent un dernier coup d’œil. Á 18 h 35 pile, Indochine joue. 20h10. Les quatre-vingt-dix minutes imparties n’ont pas été respectées. Oubliant les masques, le protocole sanitaire des derniers jours, Bercy a chanté haut et encore plus fort qu’avant. Nicola Sirkis a semé la panique dans les premiers rangs en descendant près d’eux pour «Tes yeux noirs». La foule a adoré « Nos célébrations ». Pendant le set, le chanteur Sirkis a dit son espoir de changer le monde grâce à ce concert test. 20h30. Brigitte Macron quitte l’AccorHotels Arena. La première dame a assisté au show avec ses petites-filles. « J’ai trouvé le concert formidable , confie-t-elle. Pour une reprise, c’était exactement ce qu’il fallait. C’est un joli message d’espoir pour les prochains mois. » 20 h 40. Dans sa loge, Sirkis débriefe avec son équipe. «La prochaine fois, on s’amusera un peu plus. » Personne n’a été totalement satisfait des conditions techniques. « J’ai eu la gorge nouée sur le premier morceau, sourit Nicola, j’espère que cela ne s’est pas trop entendu.» Ses techniciens se désolent de n’avoir pu officier que pour un seul concert. Mais tous ont compris l’enjeu : si, fin juin, les résultats sont bons, ce sera la reprise des concerts debout. Et l’on se souviendra qu’Indochine a fait partie de l’Histoire. « C’est la seule et unique fois qu’on aura joué cette setlist », explique Nicola.
LA SEMAINE dE Shirley ManSon Béni Soit le punk ! Garbage revient avec un septième album, clinquant à souhait. Et toujours l’envie d’en découdre. par Clémence Duranton Quand elle rit, c’est à gorge déployée. Elle jure sans s’excuser, donne son avis sans filtre. À 54 printemps, le tempérament de feu de Shirley Manson n’a pas pris une ride. « Vieillir, c’est formidable, vous n’avez plus à vous battre pour survivre ou impressionner votre monde », dit-elle de son accent écossais. Manson est loin de l’Ehpad mais est une des dernières survivantes de son espèce : chanteuse de rock de plus de 40 ans. Et elle le sait. Combien de fois s’est-elle vue ignorée parce que seule figure féminine d’un groupe de mecs virils? «Les critiques ont été condescendantes avec moi, ma musique a été questionnée. Ils ont des pénis, donc ils sont plus importants que moi et mon vagin. Fuck that ! » Comme on ne laisse pas Shirley Manson dans un coin, elle joue des coudes et se fait une place. C’est désormais en solo qu’elle assure la promotion des disques de Garbage. « Je ne me considère pas comme le leader, les autres membres du groupe non plus, mais pour partager notre message, c’est souvent moi qui m’y colle. Enfin, pas partout… Dans certains pays, les journalistes refusent encore de me parler et préfèrent avoir un des mecs. » Garbage vient de loin. Formé en 1993, le groupe est le fruit de la rencontre des producteurs américains Butch Vig (qui a découvert Nirvana), Duke Erikson et Steve Marker. Si le succès a été immédiat, les tensions internes ont poussé le quatuor à faire une « pause d’une durée musique PARIS MATCH du 3 au 9 juiN 2021 30 Butch Vig, Duke Erikson, Shirley Manson, Steve Marker. indéterminée » en 2005… avant de se retrouver cinq ans plus tard. « Les problèmes ont été réels, c’est encore compliqué, ça le sera toujours. Travailler en groupe demande pas mal de concessions. Mais si c’est trop facile, tu ne peux pas être aussi créatif. Cet album est excellent, alors forcément… » « No Gods, No Masters » est un disque mordant, qui explore une société en mal d’amour. Il dit non au capitalisme moderne, s’attaque aux inégalités, dénonce le racisme dans la bouleversante « Waiting for God ». « C’est la chanson la plus importante pour moi. On a eu longtemps l’excuse de ne pas savoir, mais depuis Internet, on est très au courant. J’ai honte d’avoir mis autant de temps à voir. Tout ça à cause de mes privilèges de Blanche. » Difficile aussi d’éviter la politique quand on a un pied au Royaume-Uni et l’autre aux États-Unis… « Entre Trump et le Brexit, la période était riche. J’avais envie de partager mon ressenti. Je n’adhère à aucun parti, j’aimerais juste qu’ils fassent leur “bloody job”.» Autre chose à laquelle Manson a tourné le dos et qui irrigue tout l’album : la religion. « Je ne m’en étais pas rendu compte avant que tous les morceaux ne soient finis, mais oui, Dieu est partout ! » Elle éclate de rire et ajoute : « Merde, on dirait que je prêche la bonne parole! » La chanteuse a grandi dans une famille catholique pratiquante, très croyante. Petite, elle allait à l’église tous les dimanches et admet avoir eu « une vraie relation à Dieu. Mais en grandissant, il y a eu beaucoup de désillusions. J’ai été très déçue et j’ai arrêté de croire en un système où la religion serait organisée. » Pendant le confinement, elle a retrouvé ses habitudes adolescentes et écouté un vinyle différent chaque soir – « avec un verre de vin, parce que maintenant je peux ! » – pour oublier ses angoisses. À la question « l’esprit punk est-il toujours vivant ? », elle répond : « Fuck yeah ! Et il coulera dans mes veines jusqu’à ma mort. » « No Gods No masters » (BmG), sortie le 11 juin.
Clara et son smartphone, c’est une histoire qui dure. Ensemble, faisons durer nos smartphones plus longtemps. Et si votre mobile vous accompagnait encore plus longtemps dans les bons moments ? Avec les Solutions Smartphone Durable, Bouygues Telecom offre à ses clients la possibilité de faire réparer leur smartphone. Et à prix avantageux*. Découvrez tous nos engagements pour faire durer vos smartphones plus longtemps sur bouy uestelecom.fr/smartphone-durable * Offre soumise à conditions pour les clients Sensation ou Sensation avec Avantages Smartphone pour toute réparation d’une panne ou casse, hors garanties chez notre partenaire WeFix.
LA SEMAINE dE Dans le bureau De Jean-Michel blanquer Alors qu’il s’apprête à distribuer « Les fables » de La Fontaine aux 800 000 enfants de CM2, il nous a ouvert les portes de son appartement du ministère de l’Éducation nationale rempli de souvenirs. Par Mariana Grépinet / Photos baptiste Giroudon 2. chiva coloMbienne 1. les aniMaux De la Fontaine «Ces serre-livres corbeau et renard étaient chez moi quand j’étais enfant. Ils ont sur moi un effet madeleine de Proust. Depuis mon arrivée à ce ministère, on publie chaque année une sélection de “Fables” distribuée aux élèves de CM2. En 2021, les belles illustrations sont signées Rébecca Dautremer. La Fontaine a magnifié la langue française et je suis heureux de contribuer à un renouveau qui doit aussi à des gens comme Fabrice Luchini ou Erik Orsenna. J’espère avoir créé une coutume qui perdurera.» «La Colombie est ma deuxième patrie. On y croise plein de bus de ce genre. J’y ai été coopérant à l’Institut français d’études andines de Bogota de 1989 à 1991, et de 1998 à 2004, j’ai dirigé l’Institut des hautes études de l’Amérique latine. J’ai écrit plusieurs ouvrages sur ce pays, dont le “Que sais-je?” (éd. PUF) qui lui est consacré, que j’avais terminé avant d’être ministre et qui est paru à l’été 2017.» 3. Fétiche tintin «Ce fétiche arumbaya est tiré de “L’oreille cassée” d’Hergé. J’ai grandi avec Tintin. J’ai lu tous les albums des dizaines de fois. Celui-ci m’a marqué. Il est peut-être même à l’origine de mon intérêt pour l’Amérique latine et a été très bien commenté par le philosophe Michel Serres pour expliquer le fétichisme et d’autres concepts. Tintin peut se lire au second voire au troisième degré!» 4. albert caMus «Je suis très attaché aux lycées professionnels et ce pochoir en acier m’a été offert lors d’une visite dans un établissement. Albert Camus est un de mes auteurs préférés. Je l’ai découvert très tôt, vers 11 ans. Mon père était son voisin dans le quartier de Belcourt à Alger et ma grand-mère parlait de lui comme du “fils de Catherine”. J’aime l’œuvre et le personnage. Sa destinée fulgurante. Je préfère les écrivains résistants comme Camus que les donneurs de leçons comme Sartre. Il y a un lien entre les idées et la pratique, quand on engage sa peau, on est dans une forme de cohérence.» PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 32 2 1 3 6 4 5. PiroGue «J’ai failli laisser ma peau dans une pirogue comme celle-ci. C’était mon embarcation de fonction lorsque j’étais recteur en Guyane. Je l’utilisais sur le Maroni, un fleuve très large, pour visiter les écoles isolées. Un jour, en 2006, alors que l’eau était à une hauteur exceptionnelle et le courant très fort, nous avons heurté un rocher. La coque s’est brisée avant de disparaître. J’ai été entraîné par un tourbillon vers le fond. Puis j’ai dérivé. J’ai senti l’odeur âcre de la mort. Mais j’ai fini par être recueilli par deux Surinamais rastas qui passaient du reggae dans leur pirogue. Tous mes compagnons de voyage ont pu être sauvés.» 5 6. Maillot De Foot «Je joue au foot depuis toujours. J’aime pratiquer ce sport – dès que je peux mais en ce moment pas très souvent – et le regarder. Ce maillot de l’équipe de France m’a été offert par Noël Le Graët avant la Coupe du monde de 2018, raison pour laquelle il n’y a qu’une étoile.»
Visuels non contractuels. Certaines caractéristiques du produit présenté pourront varier sans préavis. Pratique pour transporter ses vêtements et ses affaires de toilette séparément. La valise est équipée de 4 roulettes pivotantes à 360°, pour une maniabilité optimale Abonnez-vous pour seulement 6 € % 0 5 ,90 *** P LU S D E /mois DE RÉDU CT I O N ET RECEVEZ LA VALISE avec son vanity Dim. valise : environ H 45 X L 32 X P 20 cm Dim. vanity : environ H 25 X L 32 X P 18 cm PRIVILÉGIEZ L’ABONNEMENT PAR INTERNET SUR www.valise.parismatchabo.com À retourner dès aujourd’hui sous enveloppe SANS AFFRANCHIR à : PARIS MATCH - Service Abonnements - Libre réponse 85124 - 60647 Chantilly Cedex Je m’abonne à Paris Match et je reçois la valise et son vanity Je fais une économie supplémentaire en choisissant de régler par prélèvement sans engagement soit 6,90€*** tous les 4 numéros. Je complète le mandat SEPA ci-dessous. Je préfère m’abonner 1 AN 52 numéros et régler en une fois 89€ seulement au lieu de 215,40€** Chèque bancaire ou postal 89€ à l’ordre de Paris Match Je souhaite payer par carte bancaire pour un paiement sécurisé. Je me connecte sur www.valise.parismatchabo.com Paris Match est édité par LMN RCS Paris 834 289 373 2 rue des Cévennes 75015 Paris (tél : 01 87 64 68 10) TVA FR 23 834 289 373. Offres valables 2 mois, réservées aux nouveaux abonnés de France Métropolitaine, dans la limite des stocks disponibles. **Vous pouvez également acquérir séparément chaque exemplaire de Paris Match au prix unitaire de 3,20€, la valise au prix de 49€. ***Toutes les 4 semaines, pour un minimum de 12 prélèvements. Après enregistrement du règlement, réception du 1er No sous 4 semaines maximum et sous 4 à 6 semaines environ, par pli séparé, votre cadeau. L’envoi de votre bulletin vaut prise de connaissance et acceptation des CGV, accessibles sur www.abonnement.parismatch.com. Abonnement résiliable à tout moment (remboursement des Nos non reçus). En cas de litige, vous pouvez saisir le médiateur de la consommation (MEDICYS, 73 Bd de Clichy, 75009 Paris ou formulaire sur www.medicys.fr). Vous disposez d’un droit de rétractation de 14 jours après réception du 1er No (cf. formulaire de rétractation sur www.abonnement. parismatch.com). Ces données sont destinées à LMN et à ses prestataires techniques afin de gérer votre abonnement, et, si vous y consentez, à ses partenaires commerciaux, à des fins de prospection. Vous pouvez exercer vos droits d’accès, de rectification, d’effacement, d’opposition, à la limitation et portabilité de vos données, ainsi qu’au sort de celles ci après la mort à l’adresse postale ci dessus. Voir notre Charte données personnelles sur www.abonnement.parismatch.com. Mme Mlle Mr Nom* : Prénom* : N°/Voie* : Merci d’indiquer votre adresse complète (rue, bâtiment, entrée, étage, lieu dit…) Cplt d’adresse* : Code postal* : Ville* : HFM PMAFC3 N° Tél : Je laisse mon adresse email pour recevoir toutes les informations pratiques liées à mon cadeau @ Mon e-mail : J’accepte de recevoir les offres commerciales de l’Éditeur de Paris Match par courrier électronique J’accepte de recevoir les offres des partenaires de l’Éditeur de Paris Match par courrier électronique MANDAT DE PRÉLÈVEMENT SEPA En signant ce mandat, vous autorisez Lagardère Media News à envoyer des instructions à votre banque pour débiter votre compte et votre banque à débiter votre compte conformément aux instructions de Lagardère Media News. Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les conditions décrites dans la convention que vous avez passée avec elle. Toute demande de remboursement doit être présentée dans les 8 semaines suivant la date de débit de votre compte. Créancier : LAGARDERE MEDIA NEWS - PARIS MATCH - 2 rue des Cévennes - 75015 Paris - ICS : FR 14 ZZZ 851EF4 N’oubliez pas de joindre un relevé d’identité bancaire (RIB) IDENTIFICATION DU COMPTE BANCAIRE (Numéro d’identification international du compte bancaire) Fait à : I Le : B A N TYPE DE PAIEMENT PAIEMENT récurrent En signant ce mandat, j’accepte que par dérogation aux nouvelles normes européennes SEPA, le premier prélèvement soit effectué dans un délai de 5 jours avant sa date d’échéance. Signature obligatoire *Champs obligatoires Bulletin d’abonnement
pouvoirs Cédric Villani (à dr.) a fait le déplacement jusqu’à Angers, le 28 mai, pour soutenir la tête de liste écolo Matthieu Orphelin. Régionales Les écoLogistes rêvent des pays de La Loire À trois semaines du premier tour, le candidat Matthieu Orphelin veut créer la surprise dans cette région, terre traditionnellement à droite. par caroline Fontaine / photo ilan deutsch « Que faites-vous ici, monsieur Villani?» interroge un étudiant dans les rues d’Angers. « Je suis venu soutenir Matthieu Orphelin», rétorque le mathématicien, avant de poser pour un selfie. «C’est l’effet Villani, s’amuse le candidat. Cédric, c’est les maths, mais c’est aussi la pédagogie et la sincérité. Il compte pour beaucoup de Français.» Les deux compères se sont rencontrés en 2017 sur les bancs de l’Assemblée et ne se sont « plus quittés », dixit Orphelin. À l’époque, ils pointaient à La République en marche, ils en sont partis depuis, ont créé l’éphémère groupe Écologie, démocratie, solidarité à l’Assemblée nationale et continuent, malgré sa disparition, de travailler ensemble chaque semaine. «Cédric est une de mes plus belles PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 34 rencontres », assure Orphelin, aux côtés de Villani, visiblement heureux de ne plus être en première ligne. «Je me suis retrouvé dans la bonne grosse lessiveuse des municipales, les ragots, les trahisons… confie l’ex-candidat à la mairie de Paris. Je prends du recul pour me concentrer sur le fond.» Lui a désormais, dit-il, « le cœur à Génération Écologie », le mouvement de Delphine Batho. Alors, ces 28 et 29 mai, Cédric Villani comme Éric Piolle, le maire de Grenoble, la députée Paula Forteza ou l’insoumis Ugo Bernalicis ont sillonné les Pays de la Loire pour vanter les mérites de leur champion. « C’est la région que les écologistes peuvent gagner», assure Orphelin. Il est à la tête d’une liste de «citoyens engagés» soutenus par dix partis, d’Europe Écologie-Les Verts à La France insoumise en passant «par des gens qui, comme moi, ont cru en Macron en 2017 », ajoute-t-il : « Il faut qu’on gagne pour montrer que le rassemblement en 2022 est possible. » Depuis octobre, il quadrille donc la région, vend ses 200 mesures nées de ses rencontres avec « 50 000 citoyens » et espère battre la droite sur les terres de François Fillon et de Bruno Retailleau. Face à lui, la sortante LR Christelle Morançais, l’exministre François de Rugy pour LREM, Hervé Juvin, le «vert» du Rassemblement national, et le socialiste Guillaume Garot. Les quatre devraient être en mesure de se maintenir au second tour. Orphelin, sûr d’être devant Garot, se prépare à travailler avec lui «à un vrai contrat de gouvernance et à une fusion à la proportionnelle des scores au soir du premier tour». D’ici là, Delphine Batho, l’eurodéputé Damien Carême ainsi que les maires écologistes de Lyon ou de Poitiers sont attendus, et Yannick Jadot doit revenir. Peut-être même que Nicolas Hulot, dont Orphelin fut le bras droit, fera le déplacement. Mais ce sera pour l’entre-deux-tours… « il faut qu’on gagne pour montrer que le rassemblement en 2022 est possible » Matthieu orphelin
LA SEMAINE dE La pLume du président en campagne Conseiller du chef de l’État chargé des discours, Jonathan Guémas, 33 ans, se présente en Bretagne sur une liste soutenue par LREM. par mariana grépinet / photo michael Béchu Il rêve de créer un réseau d’ambassadeurs des Bretons hors de Bretagne. C’est oublier que la « Breizh connection » existe déjà ! La preuve : voici le Breton de l’Élysée mobilisé pour la campagne régionale aux côtés de Thierry Burlot, l’ex-socialiste ancien vice-président du conseil régional et désormais candidat soutenu par LREM, le MoDem et l’UDI. Jonathan Guémas, la plume du président, figure en quatrième position sur la liste en Ille-et-Vilaine. Originaire de Bédée, une commune de 4 400 habitants à l’ouest de Rennes, ce fils d’un technicien d’Orange et d’une Atsem dans une école maternelle a l’habitude des campagnes. À 19 ans, il s’était présenté sur la liste du candidat de l’union de la gauche à Bédée. « On s’était pris une grosse taule, on avait fait quelque chose de trop politisé, pas adapté à un scrutin local », raconte-t-il aujourd’hui. Étudiant à l’ENS Lyon après sa prépa littéraire, il y crée des listes apolitiques – « c’était En marche avant l’heure », dit-il en plaisantant –, est élu au conseil d’administration et repéré par Gérard Collomb, le maire de Lyon, qui cherche une plume. Jonathan Guémas l’accompagnera de l’hôtel de ville à la Place Beauvau. Très engagé dans la campagne présidentielle de 2017, cet exadhérent du PS (2010-2015, tendance DSK) « pratique » déjà un peu Emmanuel Macron, ce qui facilite son arrivée à l’Élysée, à l’été 2018, lorsque le chef de l’État cherche un nouveau conseiller discours. Guémas doit s’adapter aux références et au phrasé de son nouveau patron, mais la transition se fait en douceur : les deux hommes partagent le même univers intellectuel. S’il a toujours décliné les sollicitations des journalistes en prétextant que plume est un métier de l’ombre qui a vocation à le rester, le candidat accepte de prendre – un peu – la lumière. « C’est bien de dire, mais il faut faire », insiste-t-il, en rappelant qu’il n’a jamais vraiment quitté ses terres bretonnes et qu’il a planché l’an dernier en coulisses pour la candidate LREM aux municipales à Rennes. «Notre région devrait accueillir 400 000 habitants dans les vingt prochaines années; il va falloir concilier cela avec la préservation des paysages et accompagner les agriculteurs dans la transition écologique», explique-t-il. Il prétend que les jeux d’appareils et les alliances contre nature ne fonctionnent plus: «J’en sais quelque chose, je l’ai vu pour mon ancien patron, l’addition peut devenir une soustraction. » Mais selon un récent sondage, cinq candidats pourraient se maintenir dans cette région. Autant dire que les négociations au soir du premier tour promettent d’être longues. Élections Jonathan Guémas et la tête de liste LREM Thierry Burlot, à Rennes, le 31 mai. 25questions surmacron Quatre ans après son élection surprise, Emmanuel Macron conserve une grande part de mystère. Et il y a fort à parier que sa personnalité, devenueplusclivantequeséduisante, sera au centre des interrogations des électeurs en 2022. Le journaliste du « Figaro » Arthur Berdah s’est lancé dans un inventaire des « vérités et légendes» de cet imprévisible président. Le confrère tente de faire le tri entre les « contradictions », les «ambiguïtés» et la «complexité» de son sujet. L’ouvrage, articulé autour de 25 questions, a le mérite de reposer en partie sur les réponses d’Emmanuel Macron.Onretiendranotammentses confidences sur Brigitte: « J’écoute ce qu’elle sent. Elle me connaît et j’ai confiance en son jugement.» B.J. « emmanuelmacron.Véritésetlégendes », d’arthur Berdah, éd. Perrin, 224 pages, 13 euros. degauLLenouveau dieudustade Le nom de Gaulle est associé en France à plus de 3 900 endroits. Le 6 juin, la commune de Colombeyles-Deux-Églises (Haute-Marne) où le général s’est installé en 1934 et où il s’est éteint, va rebaptiser son stade municipal à son nom, en accord avec Yves de Gaulle, l’un de ses petitsfils. Il « était fan de sport collectif », confie Jacques Vendroux,consultant football et petit-neveu du général. Le stade sera inauguré avec un match de gala du Variétés hommage Club de France, géré par le journaliste, réunissant anciens joueurs de football et personnalités. MichelPlatini,LaurentBlanc,Bixente Lizarazu et d’autres chausseront les crampons pour affronter le Colombey FC. Les recettes seront reversées à la Fondation Anne-de-Gaulle. émilie cabot du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 35
LA SEMAINE DE L’ANALYSE DE BRUNO JEUDY Emmanuel Macron Jean Castex PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PREMIER MINISTRE LE MATCH DE L’EXÉCUTIF Approuvez-vous ou désapprouvez-vous leur action à leurs postes respectifs ? JUIN 2021 ÉVOLUTION /MAI2021 41 = Approuvent JUIN 2021 ÉVOLUTION /MAI2021 39 –2 +1 59 - Ne se prononcent pas = - +1 Pour chacune des appréciations suivantes, dites-moi si elle correspond à l’idée que vous vous faites des personnalités ci-dessus à leur poste. JUIN 2021 ÉVOLUTION /MAI2021 JUIN 2021 ÉVOLUTION /MAI2021 Défend bien les intérêts de la France à l’étranger 50 –2 45 –3 Est un homme de dialogue Renouvelle la fonction présidentielle 41 –2 41 –2 Dirige bien l’action de son gouvernement Mène une bonne politique économique 38 –2 37 +1 Vous inspire confiance A une vision pour l’avenir des Français 38 –2 36 –1 Est proche des préoccupations des Français Est proche des préoccupations des Français 30 –2 30 +1 Est capable de réformer le pays LES FRANÇAIS EN PARLENT Pour chacun des sujets suivants, dites-moi s’il a animé, cette semaine, vos conversations avec vos proches, chez vous ou au travail. 72 La nouvelle phase du déconfinement le 19 mai, avec la réouverture 70 60 59 49 40 40 39 37 34 31 30 30 23 des commerces, des bars et des restaurants. La campagne de vaccination contre le Covid-19 en France. Les discussions autour de la mise en place du passe sanitaire. La propagation de l’épidémie de Covid-19 en France. Le féminicide à Hayange d’une femme poignardée par son ex-conjoint. Le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. La manifestation de policiers et de personnalités politiques devant l’Assemblée nationale. La deuxième place à l’Eurovision de Barbara Pravi, qui représentait la France. Le retour de Karim Benzema en équipe de France de football. Le détournement d’un avion par la Biélorussie pour arrêter l’opposant Roman Protassevitch. Les élections régionales de juin 2021. Le sacre de Lille dans le championnat de France de football. La vidéo d’Emmanuel Macron sur le « concours d’anecdotes » avec les deux youtubeurs McFly et Carlito. La reconnaissance par Emmanuel Macron, dans le cadre d’un voyage au Rwanda, d’une responsabilité de la France dans le génocide rwandais de 1994. PARIS MATCH DU 3 AU 9 JUIN 2021 36 MACRON PLUS SOUTENU À GAUCHE QU’À DROITE Décidément, Emmanuel Macron n’en finit pas de brouiller les cartes. Voilà un président qui mènerait une politique de droite et qui, à l’arrivée, est davantage soutenu par la gauche. Va comprendre, Charles ! Pour le deuxième mois consécutif, la cote d’approbation du chef de l’État est, selon le tableau de bord Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, largement plus forte à gauche (41 %) qu’à droite (35 %). Il atteint même les 53 % auprès des sympathisants écolos contre seulement 35 % des LR. Dans cette même enquête, où son action se stabilise à un honorable 41 %, Emmanuel Macron récolte les fruits de son offensive vers la jeunesse. Il séduit un jeune sur deux de moins de 24 ans contre un tiers des personnes âgées. À dix mois de la présidentielle, la base macroniste se « jeunise » et se « gauchise ». Ce qui n’est pas forcément un avantage, car ces deux catégories ne seront peut-être pas les plus mobilisées en 2022. Le président sortant peut toutefois compter sur le soutien majoritaire (56 %) et en hausse (+ 12 points) des cadres et professions intellectuelles supérieures. Le contexte de décrispation sanitaire rassure l’opinion, notamment à gauche et dans les classes aisées. En revanche, les conversations des Français sur la sécurité (féminicide de Hayange et manifestation des policiers) prouvent l’inquiétude des électeurs de droite. Si le président tient le choc, le Premier ministre repasse derrière Emmanuel Macron (39 %, – 2). Il baisse chez les personnes âgées (– 10). Mais contrairement au chef de l’État, l’ex-membre des LR est plus soutenu par la droite (42 %) que par la gauche (36 %). Il gagne de précieux points (+ 3) chez LR. Cela sera nécessaire pour traverser la tempête annoncée des régionales. Un scrutin qui n’intéresse que 31 % des Français. « Du jamais-vu, dit Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Ça préfigure une abstention massive. » Et, sans doute, des scores modestes pour la majorité. L’enquête Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio a été effectuée sur un échantillon de 1 015 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille, niveau d’éducation), après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire autoadministré en ligne les 27 et 28 mai 2021.
Devenons l’énergie qui change tout. , NE SE RESSEMBLENT PAS. L’électricité d’EDF est à 97% sans émissions de CO2*. Et ça, c’est mieux pour le climat. L’énergie est notre avenir, économisons-la ! * Émissions directes, hors analyse du cycle de vie des moyens de production et des combustibles – périmètre EDF SA, source : edf.fr/climat.
LA SEMAINE dE La directrice générale internationale de L’Oréal Paris, Delphine Viguier-Hovasse, au siège, à Clichy, le 25 mai. L’oréAL PAris recrute KAte WinsLet La marque de beauté constate une reprise des ventes du maquillage. Par Anne-sophie Lechevallier Photo Vincent capman En 73 éditions, Jane Campion reste la seule réalisatrice à avoir décroché la Palme d’or à Cannes. Cette année, au moins un prix est assuré de revenir à une femme, celui de la réalisatrice de court-métrage. Hors compétition, il sera organisé pour la première fois par L’Oréal Paris, partenaire depuis vingt-quatre ans du Festival, afin de contribuer à rétablir l’équilibre entre les hommes et les femmes dans le cinéma. C’est Kate Winslet qui remettra la récompense. L’actrice anglaise oscarisée, révélée par « Titanic », a rejoint Jane Fonda ou Eva Longoria parmi les égéries de cette marque qui se définit comme « féminine et féministe ». « Kate Winslet est une femme avec une puissance, une intelligence et une voix qui se manifestent à travers ses rôles et son engagement auprès de l’Onu contre les violences envers les femmes », remarque Delphine Viguier-Hovasse, directrice générale internationale de L’Oréal Paris. Cinquante ans après l’apparition du slogan « parce que je le vaux bien », l’actrice réputée pour refuser les retouches photo mettra en avant les soins pour la peau et les colorations de cheveux. C’est grâce à ces deux catégories de produits que L’Oréal Paris a pu traverser la crise sans grandes turbulences. Ainsi, la fermeture des salons de coiffure a provoqué un bond des achats de coloration, de 38% en valeur sur les deux mois du premier confinement. Dans un marché qui a chuté de 8% dans son ensemble en 2020, la marque de beauté a conforté sa première place mondiale, selon Euromonitor. À mesure que la vie sociale reprend, les résultats s’améliorent. Avril marque un tournant, selon Delphine Viguier-Hovasse: «Nous avons constaté une croissance à trois chiffres des ventes de maquillage dans le monde, sans doute liée à la part croissante de la population vaccinée, à la disparition progressive du port du masque et au lancement de produits.» Ainsi, aux États-Unis, un fond de teint vanté par une influenceuse sur TikTok s’est écoulé à un million d’unités en une semaine. L’e-commerce, après une hausse de 47% en 2020, continue son envolée. Le Covid n’a pas non plus ralenti le déploiement des engagements. En matière de développement durable, par exemple. « Onze de nos usines sont déjà neutres en carbone, les 26 autres le seront en 2025, année où nous n’utiliserons que du plastique recyclé », détaille Delphine ViguierHovasse. Ingénieure agronome, entrée dans le groupe L’Oréal en 1997 et nommée en 2019 à la tête de L’Oréal Paris, elle est la première femme à accéder à ce poste. Elle met un point d’honneur à déployer Stand Up, une formation à la lutte contre le harcèlement de rue. Et dans le plan 2022 qu’elle vient de présenter aux salariés, c’est sur la place des femmes qu’elle leur a demandé d’accélérer. C’est le nombre de boîtes de nuit, à Paris et en région parisienne, qui participeront en juin à une expérimentation pour cerner les risques de contamination dans ces étaorganicoViD-19 blissements, sée par l’AP-HP et le cabinet du ministre des PME, Alain Griset. À Bercy, ce dernier assure que les résultats de ces tests figureront parmi les éléments déterminants pour prendre une décision à propos de ce secteur, qui reste le seul à n’avoir aujourd’hui aucune perspective de réouverture. cosmétiques PARIS MATCH Du 3 au 9 juin 2021 38 en 2020, L’oréal Paris a conforté sa première place mondiale Leretourdes économistesàAix Des grands patrons comme Pierre-André de Chalendar (SaintGobain) ou Jean-Bernard Lévy (EDF), des syndicalistes tels que Laurent Berger, des économistes comme Kenneth Rogoff et Esther Duflo, des responsables politiques, Valérie Pécresse, Fabien Roussel, Bruno Le Maire ou la présidente de la BCE, Christine Lagarde, seront aux Rencontres économiques d’Aixen-Provence, du 2 au 4 juillet, pour débattre du thème « Saisir l’avenir, ensemble », du capitalisme et des sociétés d’après la crise. A.-s.L.

LA SEMAINE dE C’est au cinquième étage de la faculté de médecine, au cœur du Quartier latin, qu’étaient entreposés les corps légués à Descartes. Par Anne Jouan L’ignominie n’est pas récente, elle dure depuis plus de trente ans. Les 13 diapositives Kodak confiées par un chirurgien qui disséquait à Paris-Descartes dans les années 1980 le prouvent. Si, à l’époque, il a pris ces clichés, c’est parce qu’il était frappé de découvrir là, au sein du temple de l’anatomie française, le plus grand d’Europe, « un charnier ». Des témoignages et des photos, déjà, avaient permis, en novembre 2019, de révéler cette situation sordide dans «L’Express». Les clichés remontaient à 2016. La mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) diligentée ensuite n’a pas trouvé traces de dysfonctionnements… avant 2012. Aujourd’hui, ces diapositives datées de juin, septembre et octobre 1988 marquent un tournant. Elles sont la preuve que l’horreur de Paris-Descartes n’est pas le résultat des dérives macabres de quelques illuminés. Pas plus que de simples pannes de frigos, comme cela a pu être invoqué. Cette abjection s’inscrit dans un système généralisé de maltraitance qui concerne des milliers de corps généreusement donnés à la science. Nous avons montré ces Ektachrome à Richard Douard et Dominique Hordé. Le premier a dirigé le centre de la rue des Saints-Pères de 2014 à 2017 avant de démissionner pour protester contre le non-respect des règles éthiques. Cet ancien chef de service de chirurgie digestive à l’hôpital Georges-Pompidou (Paris), qui officie désormais dans le privé, a été démis de son poste après la mise au jour du scandale. Dominique Hordé, elle, a été la secrétaire générale du centre de mars 2016 à juin 2018. Elle a envoyé de nombreux e-mails pour dénoncer les conditions indignes de conservation. Ni le doyen, Gérard Friedlander, pas plus qu’Antoine Tesnière, l’ancien directeur du département simulation, devenu conseiller d’Olivier Véran au ministère de la Santé, n’ont pris les mesures adéquates. Richard Douard et Dominique Hordé sont catégoriques: les cadavres photographiés en 1988 sont dans un tel état de putréfaction que cela indique qu’ils étaient conservés là depuis des années. «C’est un spectacle ignoble. Ce sont essentiellement des embaumés, desséchés, en état de décomposition avancée, estime Dominique Hordé. Pourquoi laisser pourrir des corps sans justification scientifique? Les directions successives ne pouvaient pas l’ignorer.» Ils s’accordent pour dire que la situation figée sur ces diapositives est «bien pire» que ce qu’ils ont connu en 2016. Cette année-là, le professeur Douard demande à Dominique Hordé de prendre des photos des chambres froides. Elles seront insérées dans un rapport alarmant remis en main propre au président de l’université de l’époque, Frédéric Dardel, nommé ensuite conseiller de la ministre de la Recherche. Des travaux seront votés, mais le centre fermera fin 2019, avant qu’ils aient démarré. InvEstIgatIon « Pourquoi laisser pourrir des corps sans justification scientifique ? Les directions successives ne pouvaient l’ignorer » Dominique Hordé PARIS MATCH du 3 au 9 juIn 2021 40 Les DiAPos De L’Horreur Alors que le Centre du don des corps de Paris-Descartes est l’objet d’une enquête judiciaire pour atteinte à l’intégrité d’un cadavre pour des faits postérieurs à 2011, preuve est faite que cette situation existait déjà en 1988. Le professeur Richard Douard explique cette longue omerta par un côté initiatique: «Il existe chez les anatomistes un rite selon lequel “j’en ai bavé, alors tu dois en baver”. C’est pourquoi ils ont vécu des années sur un charnier sans jamais s’en rendre compte. Quand j’ai découvert l’intérieur des frigos en 2014, j’ai saisi l’ampleur du problème.» Sa prise de conscience est définitive en 2017 quand son ami l’avocat Nicolas Baverez, membre du comité d’éthique du CDC, qui avait alerté l’université à plusieurs reprises, lui explique les risques juridiques. Pour Douard, au moins depuis la fin des années 1990, tout le Paris médical sait, à commencer par les cohortes d’étudiants de Descartes qui y ont défilé pour disséquer jusqu’en 2014. Le doyen de Necker, Philippe Even, assure avoir alerté, à la fin des années 1990, Jean-Pierre Lassau, alors directeur du CDC, après avoir visité le cinquième étage et découvert des conditions de conservation «scandaleuses». Depuis novembre 2019, le cinquième étage de Descartes n’a pas rouvert. En décembre, un préparateur à la retraite était mis en examen. Le mois dernier, l’université a été inculpée : alors que le centre avait prétendument été nettoyé, les enquêteurs y ont, lors de perquisitions en 2020, découvert des ossements. La justice ne s’intéresse pour l’instant qu’aux faits postérieurs à 2011. Entre 1988 et 2011, plus de 18000 donneurs ont légué leur corps à Descartes. Interview de Philippe Even à lire sur parismatch.com

le dessin de joann sfar PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 42
aCtuaLité 46 syrie : Les enfants saCrifiés de L’or noir Par Nicolas Delesalle 56 Bernard tapie dernière voLonté Par Arnaud Bizot 64 Jeff Bezos : pourquoi Le naBaB d’amazon fait son Cinéma Par Romain Clergeat 68 BiéLorussie : iL faut sauver Le soLdat protassevitCh Par Émilie Blachere 76 esther dufLo un Cerveau qui nous éChappe Par Émilie Lanez 82 Les nettoyeurs de La mort Par Mariana Grépinet 90 BenAfflecketJenniferlopez : secondechAnce dix-huit mois durant, ils furent le couple le plus glamour de la planète showbiz. dix-sept ans après, la « bomba latina » et le beau gosse de Boston reforment leur tandem. ils démontrent que le cinéma ne raconte pas la vie : à hollywood comme ailleurs, les femmes de plus de 50 ans ont des rôles d’amoureuses. (Pages 90 à 95) Jennifer Lopez Ben affLeCk Love story saison 2 Par Aurélie Raya 96 sara forestier L’insoumise Par Margaret Macdonald Crédits photo : P. 34 à 40 : I. Deutsch, DR, V. Clavières, H. Chatel/Hans Lucas, V. Capman. P. 44 et 45 : E. Vucci/ AP/Sipa. P. 46 à 55 : F. Lafargue. P. 56 et 57 : C. Hatilip. P. 58 et 59 : O. Lejeune/Le Parisien/MaxPPP, C. Hatilip. P. 60 et 60 : J.-P. Muller/AFP, Collection particulière. P. 62 et 63 : R. Picherie, C. Hatilip. P. 64 et 65 : P. Sharma/AP/ Sipa. P. 66 et 67 : Eliot/Starface. P. 68 et 69 : EPA/MaxPPP. P. 70 et 71 : Eastnews/Abaca, A. Stasevich/Tass/Abaca, N. Petrov/Sipa, AP/Sipa, Sputnik/Abaca, Tass/Abaca, J. Liangkuai/Xinhua/Rea. P. 72 et 73 : AFP, Reuters, Belarus Government press office/AP/Sipa, DR, C. Sokolowski/AP/Sipa. P. 74 et 75 : S. Gapon/AFP, DR, AFP, B. Giroudon.P. 76 et 77 : B. Vickmark/MIT/UPI/Abaca. P. 78 et 79 : TT News Agency/Reuters, UPI/Abaca. P. 80 et 81 : N. Berzane/Abaca. P. 82 à 89 : C. Delfino. P. 90 à 93 : Backgrid USA/Bestimage. P. 94 et 95 : Bauer-Griffin/KCS, Ramey agency/Abaca, C. Weeks/FilmMagic. P. 96 à 99 : J. Faure. DU 3 AU 9 JUIN 2021 paris matCh 43
le choc des photos la maison blanche demande PaRdon à Gianna Avec toute sa famille, la fille de George Floyd était l’invitée du président Joe Biden, le 25 mai. Un geste symbolique un mois après la condamnation pour meurtre de Derek Chauvin, le policier de Minneapolis qui a tué son père. Photo evan Vucci
ditorial le poids des mots Par Hervé Gattegno La justice en a décidé ainsi: le procès de Bernard Tapie se terminera sans lui. Déjà diminué par la maladie, l’ancien ministre devait subir en urgence des traitements supplémentaires et de nouvelles opérations; les magistrats ont préféré ne pas l’attendre. Même si leur justification a pu choquer – le temps de reprogrammer une audience, serait-il encore de ce monde ? –, on peut essayer de les comprendre : c’est eux qui n’étaient pas sûrs de pouvoir tenir le choc. Quiconque s’est trouvé un jour en face de Tapie le sait: la force de conviction de cet homme est telle qu’il ferait renoncer un tigre à la viande rouge. Aucune accusation ne l’ébranle, aucune charge ne l’impressionne, il n’est pas une évidence pour le faire plier et, convenonsen, il n’est pas toujours à une contradiction près. Aussi ses dernières confessions, rapportées par Franz-Olivier Giesbert dans le livre dont nous publions des extraits, ne l’amènent-elles pas à demander pardon. La seule faute que Tapie y concède, c’est d’avoir trop été lui-même : insatiable, incroyable, insupportable et (presque) toujours inarrêtable, en affaires comme en sport, sur la scène politique ou sur des scènes de théâtre, à l’image de ces aventuriers que célébrait Mark Twain: «Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait.» Son cancer, dont il a choisi de tout dire jusqu’à l’impudeur, a fait de cet épicurien un stoïcien. Dans son «concubinage avec la mort », selon la formule de Giesbert, avoir eu mille et une vies lui donne l’avantage mais pour combien de temps? Jadis, une France acclamait ses succès, une autre s’en agaçait. Les deux assistent désormais à l’ultime prouesse de Tapie: il a persuadé la mort que son histoire réservait encore des surprises; c’est pourquoi elle a décidé d’attendre un peu. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 45
Syrie Les enfants sacrifi s de L’or noir Le pétrole qui noircit leurs visages et leurs mains les empoisonne jour après jour, mais leur permet aussi desurvivre.danscetterégionsouscontrôlekurde,desréfugiésarrachentàlaterre,aveclesmoyensles plusrudimentaires,dequoifaireroulerlescamionsetalimenterlesgroupesélectrogènes.Laplupartarriventd’alep, détruite par la guerre. ici, il n’y a pas d’âge pour travailler, surtout quand les tâches les plus dangereuses exigent les gabarits les plus frêles. Photos Frédéric LaFargue / rePortage NicoLas deLesaLLe
Brahim, 15 ans, expert de la soudure à l’arc, répare les cuves délabrées. Mahmoud, son petit frère de 8 ans, lui sert d’assistant. En mai 2021, sur un site de raffinage clandestin près d’Abou Kadir, dans le Kurdistan syrien. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 47
Dans un décor digne de «Mad Max», des gamins brûlent leur jeunesse et leur avenir Hissam Al Hussein, 17 ans, chargé de l’ouverture des cuves. Ni la température ni la pression ne sont contrôlées. Un moment critique, les explosions sont fréquentes. La fumée contamine tout ce qu’elle touche, hommes, eau, cultures. La plupart des structures industrielles de raffinage ont été détruites et ces alambics de fortune ont surgi grâce aux moyens du bord : ils rejettent des substances volatiles et toxiques. Au fond des cuves est même récupéré le «zéro », qui sera utilisé comme litière pour les poulets.
du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 49
Pas de temps pour l’innocence. À 10 ans, Ahmed manœuvre déjà son Caterpillar en professionnel Avec une adresse stupéfiante, l’enfant manipule le « granulat » pour le charger dans les camions. « T’inquiète pas, nous dit son cousin qui l’a formé. Il fait ça depuis qu’il a 8 ans. » PARIS MATCH du 3 Au 9 juin 2021 50

Aref, 13 ans, ajuste la tension du poste à souder, sous les ordres de son oncle occupé à réparer une cuve. Le produit fini, du diesel, est chargé dans un camion. Un nuage noir va recouvrir le champ de blé.
ACTuAlITé Odeur pestilentielle, gaz explosifs, brûlures et intoxications quotidiennes... Ils sont à l’école de la mort De notre envoyé spécial en Syrie es fumées noires s’élèvent partout à l’horizon, l’air pue le soufre brûlé et Mahmoud, 8 ans, le visage encrassé par la suie, enchaîne les dribbles avec ses copains sur un terrain de foot de fortune. Sur une route défoncée, un chien souillé de pétrole cavale après des motards chargés de bidons d’essence. Ali, 25 ans, le nez couvert d’un foulard, regarde son petit cousin jouer et respirer à pleins poumons l’air vicié : « Où voulez-vous qu’ils aillent? Ils vivent ici. Tout est sale, l’air, le sol, l’eau. Le coronavirus, quand il vient chez nous, il voit ce ciel noir et il s’en va.» Tout autour du village d’Abou Kadir, une cinquantaine de raffineries artisanales obscurcissent le ciel, polluent les champs, les sources, dans des explosions silencieuses aussi meurtrières que les bombes. Il y en a des milliers dans tout le Rojava, le Kurdistan syrien. Des héros de Zola, des gamins de 10, 15 ou 17 ans y brûlent leur enfance et leur jeunesse dans un décor digne de «Mad Max». Échouées dans des flaques de mazout, les cuves dans lesquelles est raffiné le brut ressemblent à des vieilles locomotives à vapeur qui crachent par leur cheminée de métal tordu un interminable et puant panache noir. Dix ans après le début de la guerre en Syrie, le pays survit dans ses ruines. Dans l’Ouest, le régime de Bachar El-Assad et la Russie bombardent régulièrement Idlib, dans le Nord, les supplétifs turcs combattent toujours les Kurdes, et ici, chaque jour, des cellules de Daech lancent des attaques, de Deir ez-Zor à Hassaké. Dans les camps d’Al-Hawl ou de Roj, où croupissent les femmes et les enfants des combattants djihadistes, des prisonnières endurcies rêvent de prendre leur revanche et se dévorent entre elles : on y recensait trente assassinats par mois avant les opérations qui y ont été menées, fin mars, par les forces démocratiques syriennes. À Abou Kadir, Mahmoud s’en fiche, de la guerre. Il tape dans un ballon et profite des derniers instants de son enfance dans cette mine à ciel ouvert. Bientôt, comme ses frères, comme tous les gosses du coin, il ira travailler. À l’école, les cours sont dispensés en kurde. Eux parlent seulement arabe. Aucun débouché, de toute façon. La crise des liquidités au Liban, le Covid, la loi César et ses sanctions économiques contre la Syrie de Bachar ont touché par ricochet le Rojava des Kurdes, qui ont la même monnaie. La livre syrienne dévaluée ne vaut même pas le prix du papier pour l’imprimer. Le coût du panier moyen d’une famille syrienne a augmenté de 230% en un an. Les adultes n’ont pas le choix: ils mettent leur descendance au travail. Il faut manger. Mahmoud, 8 ans, aide déjà ses frères et son père, il branche le vieux générateur, tend les baguettes de laiton pour souder les trous béants des brûleurs. Ses frères, Chaadi, 13 ans, et Brahim, 15 ans, triment dans les cuves refroidies pour les nettoyer et les réparer. Leur métier est dangereux. Leur cousin Youcef, 18 ans, a été tué la semaine dernière, intoxiqué par le méthane qui reste en suspension dans ces fours de bric et de broc une fois éteints. «Je connais beaucoup de copains qui sont morts», lâche Brahim en s’allumant une cigarette avec une gestuelle de vieil homme, le visage couvert d’une épaisse couche de poussière noire. Au début de l’année, trois autres forçats du pétrole ont péri dans l’explosion d’une cuve. Brahim se rappelle aussi un accident qui l’a particulièrement touché. Il y a trois ans, un homme a garé sa voiture ici pour saluer ses amis. Il s’appelait Mazen Hamid Makla, ses trois enfants étaient dans la voiture. Une autre cuve a explosé. Ils sont tous morts. Ces raffineries artisanales fonctionnent depuis 2013, quand les pipelines qui reliaient les champs de pétrole de l’est de la Syrie et les raffineries de l’ouest ont été coupés par la guerre. Ici, le pétrole est vital: il alimente les générateurs qu’utilisent les boulangers pour cuire leurs pains, il sert au chauffage, et bien sûr aux voitures, aux camions et aux motos. La légende dit [SuITEPaGE 54] Ahmed, 12 ans, sur son stand de vente au détail. Il est fier de gagner quelque 6 000 livres syriennes par jour, l’équivalent de 3,90 euros, de quoi se nourrir sommairement. du 3 au 9 juIn 2021 PARIS MATCH 53
ACTuAlITé que c’est un prisonnier étranger de Daech qui a expliqué, contre sa vie sauve, comment raffiner le brut. Les cuves construites et soudées avec des plaques de tôle fonctionnent comme un alambic. Le pétrole est chauffé à haute température dans ces fours, l’huile produit des fumées qui se refroidissent dans une trempe à l’eau au bout de laquelle des tuyaux finissent par cracher des liquides dorés : le mazout et l’essence. Personne n’y contrôle la pression et la température, les enfants travaillent au bord de volcans. Quand le pétrole a fini de bouillir après vingt-quatre heures de fournaise, un ouvrier dévisse une bonde et les fumées toxiques s’échappent violemment vers le ciel, les champs alentour, le village. Hissam Al Hussein, 17 ans, vient justement d’ouvrir cette trappe. Le panache qui devrait s’élever ne sort pas: quelque chose cloche. Ses amis lui hurlent dessus. Il a oublié d’éteindre les brûleurs avant d’ouvrir. Tout peut exploser d’une seconde à l’autre. Hissam court comme un damné dans la fumée et verrouille à temps les brûleurs: «On est passés à deux doigts de la catastrophe, si ça pétait, on y restait tous, s’énerve Brahim. C’est notre quotidien.» Quand on lui demande s’il n’est pas gêné par l’odeur qui empuantit l’atmosphère, il rigole franchement et ses dents blanches font une demi-lune dans sa bouille encrassée: «Au début, les premières semaines, on a des migraines, et puis on s’habitue. Après un certain temps, on devient même accros à ce parfum.» Dans la raffinerie voisine, Tamin, 17 ans, dit qu’hier un coup de vent lui a renvoyé la fumée en plein visage. Sa bouche était anesthésiée, il n’a pas pu parler pendant quelques heures. Assan, 20 ans, fait déjà figure de vieux grigou : « Les jeunes sont inexpérimentés et font des bêtises. Mais on ne peut pas leur dire de ne pas venir, on a besoin d’eux. Ce boulot est très mauvais, on le sait, on ne paiera pas maintenant mais dans quelques années, on aura tous un cancer.» Un de leur ami, Mahmoud Aouad, 27 ans, deux enfants, est aujourd’hui traité contre ce mal à Kamechliyé. Dans la salle d’attente qui lui sert de bureau, le docteur Abdul al Rahman nous accueille à Rmeilan, une petite ville plus au nord, plantée au milieu des champs de pétrole. Le ton est enjoué, les yeux vifs, il porte la cravate et le costume. En 2016, il est parti en Allemagne, à Dortmund. Les Allemands lui ont offert un pont d’or. Il n’est resté que quatre mois: «Je ne pouvais pas abandonner les gens d’ici. » Dans son hôpital, qui dispose de vingt lits et de deux salles d’opération, le docteur accueille de plus en plus de malades du pétrole: «Quand ils viennent me voir, ils sont couverts d’essence de la tête aux pieds. La crasse ne part pas. Leur peau se desquame.» Ils souffrent de brûlures, d’atteintes pulmonaires graves, de cancers des poumons, de la peau ou du sang: «Rien n’est propre ici, le pain que vous mangez est pollué, le blé vert est contaminé, même les moutons sont noirs. On a aussi énormément de cas de trisomie 21, beaucoup plus que dans le reste de la Syrie. Dans certains villages, une famille sur deux a un enfant trisomique. Aucune étude ne lie activité pétrolière et trisomie, mais, moi, je vous parle de mon expérience, de ce que voient mes yeux depuis vingt-sept ans que j’exerce.» Pour ce médecin, l’activité des raffineries artisanales annonce de nouveaux malheurs. La situation s’aggrave. Toutes les semaines, des ouvriers d’à peine 20 ans prennent rendez-vous. «Et quand ils viennent consulter, c’est déjà trop tard. Il faut du temps avant qu’ils tombent malades. Je leur conseille de boire du lait, de manger des œufs. Les protéines ralentissent l’apparition des cancers. C’est tout ce que je peux faire.» Le ton badin du début de la conversation a disparu. Le docteur est au bord des larmes: «Vous savez, si les gens mettent leurs enfants au travail, c’est qu’ils n’ont pas le choix. Ils essaient juste de rester en vie. Moi, je vis ici, je les vois tous les jours. Ça me touche dans ma chair. Ils n’ont souvent pas d’électricité, pas d’eau, ce qu’ils mangent est contaminé. Pour moi, c’est trop lourd à porter. Le monde doit savoir ce qu’il se passe. Les Nations unies, les ONG, quelqu’un doit intervenir.» À Abou Kadir, Mahmoud et d’autres gamins du pétrole travaillent sous le regard soucieux d’Amid, 43 ans. Il porte un flingue sous le bras et a des faux airs de dur à cuire. Soudain, il ouvre grand sa bouche pleine de chicots : «Vous avez vu mes dents ? Bah voilà, la Syrie, elle est comme mes dents. Notre situation est sous zéro. Pour moi, c’est fini, j’essaie juste d’aider les autres.» Les autres, comme Mohamad Shechada Al Ghassim, le père de Brahim, de Chaadi et Mahmoud. Casquette noire, bottes, combinaison de chantier goudronnée. Il a 40 ans et respire les fumées toxiques depuis cinq ans. Il a fui Alep en 2012. «C’est très dur de voir trois de mes fils travailler avec moi, mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? » Mohamad n’a pas de maison. Il vit d’expédients. Avec ses fils, ils gagnent 50 dollars par mois. Il n’a pas de quoi payer un loyer, alors, avec sa famille, il erre de maison en maison, en fonction de l’aide qu’on lui donne. Il vit en ce moment dans une bicoque triste prêtée par Amid, quatre murs cernés par les fumées toxiques. Depuis quelques mois, il ressent une douleur dans la poitrine: «Je ne vais pas voir le médecin, parce que je sais ce qu’il va me dire. Mais je refuse de rester chez moi. » À Alep, dans le quartier où il habitait, tout est détruit, rasé. Ses enfants étaient censés aller à l’école quand la guerre a commencé. Ils sont illettrés. Assise sur les nattes étendues au sol de cette maison sans âme éclairée par des leds blanches, Malek, la mère de Mahmoud, prépare le thé: «Dès le matin, je ne pense qu’à eux, j’ai peur pour eux. La nuit, ils n’arrivent pas à dormir, ils ont les yeux qui piquent, il faut rincer longuement avec de l’eau. Pour le reste du corps, ils se lavent d’abord avec de l’essence, puis du savon. Mais ça ne part jamais. Tout l’argent qu’ils rapportent, je le dépense en savon et Avec ses fils, Mohamad gagne 50 dollars par mois. Impossible de payer un loyer, ils errent de maison en maison PARIS MATCH du 3 Au 9 juIn 2021 54
L’ouverture des cuves, à la fin du raffinage : le moment le plus dangereux et le plus polluant. en lessive.» «À Alep, avant la guerre, notre vie était parfaite, poursuit son mari. J’avais un bon travail dans une station-service, des amis, une maison que j’avais construite. Tout ça est en poussière. Je dépense pour ma survie. À la fin du ramadan, on offre normalement des nouveaux habits aux enfants. Les miens n’ont rien eu. Mes amis partis en Europe ne vivent pas dans un paradis, mais au moins leurs enfants vont à l’école.» Voilà dix jours, Mohamad et sa famille ont dormi dehors. Ça leur a rappelé le jour de la fuite d’Alep, sous les bombes. Dans la cohue, alors qu’il s’occupait de sa femme qui s’était cassé la jambe, il a perdu de vue quelques instants leurs enfants, avant de les retrouver: «J’ai couvé Chaadi qui avait 2 ans comme un oiseau couve son œuf pour le protéger des bombes. Ça, je ne le pardonnerai jamais.» En buvant le thé, Mohamad et Malek racontent qu’ils n’ont plus de rêves, plus d’espoir : « Quand nos enfants sont tous autour de nous, on est heureux, en paix. C’est la seule chose qui nous fait tenir debout.» Le soleil se couche sur Abou Kadir. Le Mozart de la tractopelle, Abdelkhader Al Jasmi, 17 ans, sourire en coin, yeux clairs et malicieux, regarde avec intérêt les manœuvres de la jeune génération. Dans un nuage de poussière noire, une pelleteuse monstrueuse charge le charbon de pétrole récupéré au fond des cuves et que tout le monde appelle ici le « zéro ». Il servira de litière dans les élevages de poussins alentour. Dans la cabine, Ahmed fronce les sourcils et se concentre. Il a 10 ans et pilote ce Caterpillar depuis deux ans. C’est son cousin, Saala, qui lui a appris à l’âge où les autres enfants jouent avec des camions miniatures: «Plus ils commencent tôt avec des vraies pelleteuses, mieux c’est », sourit Saala. « Les gamins ici n’ont pas le temps d’avoir des amis, de s’amuser, soupire Ahmed, un ouvrier de 31 ans. Mon cœur est brisé, mais on ne peut rien faire. On est pauvres. Nos parents étaient pauvres. Nos enfants seront pauvres.» Ali, 10 ans lui aussi, contemple le spectacle en gardant un troupeau de moutons. Deux des frères du berger travaillent dans les raffineries. Lui ne veut pas. « J’ai peur. L’un de mes frères a eu le visage et les mains brûlés. Je ferai ce que je peux faire. Les champs meurent ici. Les gens aussi. Peut-être que j’aimerais bien être docteur. » À la lumière rasante du couchant, Aref aide son oncle à souder un brûleur fatigué. Il a 13 ans, en parait 10, n’a pas mué et raconte d’une voix claire que sa croissance s’est arrêtée quand il s’est brûlé. Il montre les cicatrices sur son torse. « Ce n’est rien, juste du lait bouillant», prétend-il. Aref vient aussi d’Alep. Son père est malade. Il dit qu’il n’a pas le temps de se distraire. Pourtant, avec ses mains, il a façonné une petite piscine de pétrole dans la terre tout à l’heure, entre deux soudures, comme un château de sable sur la plage. « C’est pas une vraie piscine, hein », rigole-t-il. Au loin, le bruit d’une meuleuse couvre la pétarade continuelle des générateurs, les volutes noires masquent le soleil rouge. « Attention aussi aux fumées blanches, tu les traverses, tu meurs », dit Aref. Puis il frotte ses yeux d’enfant fatigué. Nicolas Delesalle « Le coronavirus, quand il vient chez nous, il voit le ciel noir et il s’en va » du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 55
Au printemps 2018, avant une rémission. « On me donnait deux ans… », se souvient-il aujourd’hui.
Bernard Tapie derni re vOLOnT il a quitté son procès pour recevoir de nouveaux traitementsetsubird’autresopérationsmaisilse bat encore et croit toujours en ses chances, face aux juges et contre le cancer. À 78 ans, l’ancien ministre et homme d’affaires revient sur sa vie – ses vies – pour repousser encore la fin. de ses confidences surprenantes et parfois émouvantes, Franz-Olivier Giesbert a tiré un livre au titre philosophique : « Bernard Tapie. Leçons de vie, de mort et d’amour » (Les Presses de la Cité). nous en publions des extraits. Photo CHRISTOPHE HaTIlIP récit aRnaud BIzOT du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 57
À la sortie du palais de justice de Paris, lors de la reprise de son procès, le 10 mai 2021.
ACTuAlITé « Je suis cassé complet ! Huit heures par jour au lit, j’ai l’air d’avoir 100 ans… », nous dit-il au téléphone « ne semaine de très grand creux », résume Laurent, le fils cadet de Bernard Tapie, pour décrire avec pudeur la dernière épreuve de son père face au cancer. Rien ne pouvait différer les séances en ambulatoire des 26 et 27 mai : chimio, radiothérapie, immunothérapie. De nouvelles tumeurs, qui ne se soignent pas toutes de la même façon, sont apparues sur la peau, les reins, l’abdomen, le cerveau, «et d’autres un peu partout», décrit-il. Il ajoute: «Son état est très préoccupant, les chances statistiques sont épouvantables, mais mon père est un homme hors norme qui déjoue les pronostics. » Et de préciser que « le pronostic vital à court terme n’est pas engagé ». Première dame en tête, la France suit l’évolution du patient Tapie. Bonne fille, elle lui a pardonné son ego, cette « odeur de soufre », écrit Franz-Olivier Giesbert dans la biographie qu’il lui consacre, et ses excès d’antan. Ne les a-t-il pas confessés? «Il se bat tous les jours, dit à RTL Brigitte Macron, qui prend régulièrement de ses nouvelles. Je suis très admirative de ceux qui ne cèdent jamais. C’est le combat de sa vie et là, en ce moment, c’est difficile. » Contre l’avis de certains de ses amis (« Les gens ne verront en toi que la mort », l’avaient-ils averti), Bernard Tapie a décidé en septembre 2017 de rendre public son cancer du cardia, l’organe situé entre l’œsophage et l’estomac. Mais comme nous l’explique Giesbert: «Pour mener ce combat, il a besoin des autres. » Son ami le publicitaire Jacques Séguéla décrit, lui, un homme qui « a besoin d’être sur le ring, d’avoir sa ration d’adrénaline, son shoot médiatique». 10 mai 2021. Longue balafre barrant son visage après une énième intervention chirurgicale, Bernard Tapie, 78 ans, comparait devant la cour d’appel de Paris pour « escroquerie» et «détournement de fonds publics» dans l’affaire de l’arbitrage sur la vente d’Adidas, rendu en 2008. En règlement de son contentieux avec le Crédit lyonnais, l’exprésident de l’OM avait obtenu 404 millions d’euros. Amaigri, la voix faible, éraillée, il doit tendre l’oreille. Des difficultés d’audition ont surgi. Puis, au fil des jours, cette ombre de lui-même se fait combative. Il demande la parole, s’agite, s’indigne, lève les bras au ciel. Et lâche tout ce qui lui reste de forces. Le 25 mai, il est à bout. Un report du procès demandé par Hervé Temime, son défenseur, est rejeté par la cour d’appel, que préside Sophie Clément. « Une décision incompréhensible, contraire au droit, et qui manque d’humanité, s’indigne l’avocat. La cour n’a pas ordonné l’expertise médicale que nous avons demandée. » Devant la rigidité de Mme Clément, l’avocat quittera définitivement les lieux en lançant : « Très bien, parfait, eh bien, au revoir ! » « Bernard Tapie est allé au bout de ce que son état du moment lui permettait, confie à Paris Match Me Temime. Il espérait tellement terminer son procès… C’est pour lui une question d’honneur et de rétablissement de la vérité. Seul, sans lui, je ne peux mener ce combat. » Laurent Tapie, plein d’amertume : « L’attitude de la cour est incompréhensible. Cette affaire dure depuis tant d’années ! Quatre mois de plus, ce n’était pas envisageable ? Les interventions médicales fonctionneront ou pas. Si ça ne marche pas, je ne fais pas de dessin, ce ne sera plus la peine de le juger… » Avant de rentrer à l’hôpital, un Tapie amer et fatigué nous avait révélé: «Le procès? Je m’en fous…» Son avocat, qui fait avec lui « un point régulier mais rapide des débats », nous dit qu’il juge «très dure » la décision de la cour de ne pas accepter le renvoi mais espère fermement être relaxé. Tapie nous précise : « Si la juge confirme la relaxe, ça expliquera pourquoi elle n’a pas voulu reporter le procès. Moi, je crois plutôt à cette version. Il n’y a pas la moindre annonce ou preuve qui peut changer le jugement de première instance, qui fait 340 pages ! » En Avec son arrière-petit-fils Hugo, « le footballeur le plus doué du monde, le futur Mbappé – mais réservé pour l’OM ! ». juillet 2019, le tribunal correctionnel avait balayé les soupçons de fraude sans laisser au doute la moindre place. Tapie a regagné son domicile parisien de la rue des Saints-Pères et a consulté deux fois l’acupunctrice qui le soulage depuis 2020 de ses lourds traitements. Mais il a passé ces derniers jours « sous l’eau », nous raconte-til. Comme son mentor François Mitterrand, il a un rapport paysan avec les antidouleurs – il n’en prend qu’en cas de souffrance extrême. Il préfère laisser travailler sa « carcasse » amaigrie à fabriquer des anticorps. Lueur d’espoir cependant, son nouveau protocole de soins. « ça lui donne un but, un espoir qui lui remonte petit à petit le moral », confie un proche. Le 31 mai, Bernard Tapie soufflait au téléphone : « Je suis cassé complet ! Huit heures par jour au lit, j’ai l’air d’avoir 100 ans… Ce protocole, c’est un programme très lourd. Un truc expérimental. Plus rien ne marche dans les traitements classiques. Mais on me donnait deux ans, ça va faire quatre ans en septembre, alors faut pas charrier ! » Au fil de la conversation, sa voix avait retrouvé toute sa [SUITEPAGE60] force. ArnaudBizot dU 3 AU 9 JUIn 2021 PARIS MATCH 59
actualité Exclusif Extraits dE « LEçons dE viE, dE mort Et d’amour », dE Franz-oLiviEr GiEsbErt « Depuis l’adolescence, Tapie prie, tous les jours que Dieu fait » Plaie d’argent… «J’ai beaucoup appris, reconnaît-il. Là où j’ai passé ma jeunesse, on ne m’a pas vraiment guidé et, à l’âge adulte, j’ai enchaîné les conneries en me laissant aller dans le désir, toujours insatisfait, de la possession pour la possession. Et puis un jour j’ai commencé à vivre sans mobilier dans ma sublime maison. Le Crédit lyonnais avait fait saisir illégalement tous les meubles et ils étaient sous séquestre. Avec ma femme, on s’est dit: “N’essayons pas de les récupérer, attendons de voir comment ça tourne sur le plan judiciaire. Si on perd le procès et qu’il faut les rendre, ça va être chiant.” On a donc vécu pendant neuf ans sans un meuble ni une lampe ! On habitait dans la chambre et on mangeait dans la cuisine. Eh bien, notre vie d’avant ne nous a jamais manqué ! Ce fut une bonne leçon.» Agressé par quatre «racailles» [...] Où sont passés l’autorité, le respect ? Dans la nuit du 3 au 4 avril 2021, alors qu’il est en week-end à Combs-la-Ville, le couple Tapie est surpris pendant son sommeil, ligoté, battu et insulté. [...] «Va te faire enculer!» répond l’une des «racailles» après avoir menacé les Tapie de «foutre le feu à la maison» en les y laissant ligotés. Les agresseurs sont finalement repartis quasiment bredouilles, avec deux montres et quelques bijoux. «Ils étaient prêts à nous tuer et on est vivants, dit Tapie. Ce sont les derniers clous de ma croix. Maintenant je peux entamer ma résurrection!» Traumatisé par l’extrême violence exercée contre Dominique, il évoque la désagrégation de la société : « Ça commence à l’école. Avant, quand tu étais petit et que tu chahutais en cours, tu te prenais une beigne du prof et le soir, quand tu rentrais à la maison, bim, ta mère remettait ça. Aujourd’hui, tout le monde est une victime. Même les salauds!» Mea culpa Entre les dernières nouvelles du cancer, les tumeurs qui ont doublé de volume ou les résultats d’une biopsie, j’ai régulièrement droit, comme biographe, aux pensées du jour, celle d’un titi qui, sur son lit de douleur, PaRiS MatcH Du 3 au 9 juin 2021 60 continue d’instruire le procès des classes dirigeantes: «Elles n’ont jamais supporté que je vive dans l’un des plus beaux hôtels particuliers de Paris, l’hôtel de Cavoye. Nos prétendues “élites” ne sont pas seulement nulles et pourries, elles veulent tout pour elles et rien pour les autres, même pas des miettes. Le système est complètement bloqué, comme au temps de l’Ancien Régime. C’est pourquoi tout finira par sauter, un jour ou l’autre.» Tenez, cette confidence du matin, en sortant d’un scanner: «J’ai toujours su que ça finirait comme ça et je n’ai donc pas été étonné quand les ennuis sont tombés sur moi. Je les avais un peu cherchés, pas vrai ? Surtout parce que je n’ai jamais fait d’efforts. Dans les affaires, le foot ou la politique, je me suis presque toujours refusé à fréquenter les milieux dans lesquels je travaillais: ça me gonflait. Mais j’ai quand même eu une belle vie, hein?» Et puis cette confidence du soir, avant la chimio du lendemain: «J’ai accumulé les conneries, c’est sûr. J’ai trop affiché mon bonheur, par exemple. Chez nous, on déteste l’argent des autres, leur pouvoir, leur gloire. Alors, quand on ne respecte pas l’adage national: “Pour vivre heureux, vivons cachés”, on s’expose à toutes sortes de vilenies. Je n’ai pas le droit de me plaindre.» Dialogue avec Dieu S’il n’est pas un pilier d’église, BT prie, depuis son adolescence, tous les jours que Dieu fait. «Le matin, quand je me lève, c’est mon premier geste: je me mets à genoux.» [...] Moi: Lui parles-tu à haute voix? Lui: Jamais, et ensuite, je ne raconte rien de ce qu’on s’est dit, même pas à ma femme, à qui je dis tout. Moi: Qu’est-ce que tu Lui demandes? Lui: Secret personnel. [...] Moi : Il t’arrive d’évoquer ton cancer avec Lui? Lui: Forcément. Je compte sur la médecine, bien sûr, mais je te dis la vérité: sans Lui, je ne peux pas gagner ce combat. Moi: Combien de temps est-ce que ça dure, une prière? Franz-Olivier Giesbert et Bernard Tapie dans un studio d’Europe 1, en 2000.
Dans les bras de sa mère, Raymonde. « Ma vraie vie ! Des parents aux arrière-petits-enfants, nous avons eu la chance de pouvoir tous vivre sous le même toit. » Lui: Cinq minutes, parfois trente. Moi: Est-ce que tu as des preuves que Dieu t’accompagne? Lui : Sans arrêt. Souvent, j’ai été au fond du trou, cerné par tous ces gens qui veulent ma mort, y compris ma mort physique [...]. À un moment donné, il y a toujours un fil qui apparaît, une main qui se tend, une porte qui s’ouvre et hop ! j’échappe à mes persécuteurs. Ça ne peut pas être que la chance. [...] Il y a, au-dessus de nous, des choses qui nous dépassent. [...] Moi: Tu crois donc à l’immortalité de l’âme pour aller te recueillir chaque weekend sur la tombe de tes parents, près de ta maison de campagne de Combs-la-Ville? Lui: J’ai besoin de les voir, de leur parler, d’être avec eux. Et puis j’ai aussi des photos de mes quatre enfants près de moi et il ne se passe pas de semaine sans que je prie pour au moins l’un d’entre eux. » Soudain, j’entends un claquement de mâchoires. Son visage s’est assombri. « Allez, on arrête là, j’en ai assez dit. Le reste, je le garderai pour moi, si tu veux bien.» [...] Il peut parler autant qu’on veut de lui, de ses combats, même de ses échecs, mais dès que l’on s’approche de la famille, de l’enfance, des parents, la pudeur prend le dessus, il serre les mâchoires et se ferme comme une moule plongée dans l’eau bouillante. « J’avais 11 ans, on campait avec mes parents dans la forêt de Senlis quand on est tombés sur un renardeau blessé. “On le prend”, j’ai supplié. Il est resté sept ans chez nous. » Les larmes… Le téléphone arabe fonctionnant bien dans la cité phocéenne, les supporters du club, c’est-à-dire tout le monde là-bas, savaient que j’étais en contact avec lui et me demandaient des nouvelles de sa santé. « Diteslui qu’on l’aime et qu’on est avec lui », répétaient-ils. Quand je lui transmettais leurs messages, son regard se mouillait. Tapie pleure souvent. Les vrais durs sont de grands émotifs. [...] Alors que la maladie imprime sa marque sur sa carcasse, BT ne s’est toujours pas remis de la mort de ses parents, de ses proches, de ses chiens, de ses petits chihuahuas comme de ses molosses, les cane corso. Une pensée pour eux et aussitôt son regard se voile. Il les pleure plusieurs fois par jour. Parfois, il peut même éclater en sanglots. … et les regrets [Bernard Tapie] déjeune avec Mitterrand, toujours chez Séguéla. [...] Le chef de l’état est venu, mais à reculons. [...] Il a cependant été convenu qu’il filerait à 14 h 30, il a une après-midi très chargée. Deux heures après, il était toujours là. De Mitterrand, Tapie dit à juste titre : « C’était un buvard. » [...] « Je sentis, observe [Séguéla], BT chavirer » et, « sans se l’avouer, changer de destin personnel ». [...] « C’est toute l’histoire de ma vie, dit Tapie. Là encore, je n’avais rien décidé, je suis entré par la porte qu’on m’avait ouverte. » Un silence, puis, avec la lucidité que donnent le temps et le recul : « Et voilà que commence le parcours politique qui va me conduire à la mort, oui, il n’y a pas d’autre mot, à ma mort. » [...] « Sacrifier un grand groupe industriel comme Adidas pour devenir ministre, c’est quand même très con, non ? Plus j’y réfléchis, plus je me dis que c’est la vanité qui m’a tué. Ce n’est même pas un péché d’orgueil, non, c’est ce sentiment débile, stupide, qu’on appelle la vanité.» [...] Son fils Laurent se souvient de l’avoir entendu dire un jour, quand il était au fond du trou : « Dire que j’avais Adidas. Qu’est-ce que j’ai été con ! » Alors qu’il ressent les morsures des grands froids éternels, il ne se le pardonne pas. «J’en ai fait des conneries dans ma vie mais cellelà, me dit-il, c’est la plus grosse. Tous mes vrais amis m’avaient mis en garde, pourtant. Eh bien, je l’ai faite : j’ai laissé tomber l’une des marques les plus connues du monde, sponsor des JO, pour un poste éphémère de ministre [144 jours en 1992 et 1993]. » [...] Premier Conseil des ministres. [...] Couvé des yeux par Mitterrand, Tapie est une attraction. Il discourt sans notes et en impose, refermant ses classeurs avec ostentation avant de prendre la parole. Aujourd’hui, il regrette ce geste : « Qu’est-ce [SUITEPAGE62] « J’ai toujours su que ça finirait comme ça et je n’ai donc pas été étonné quand les ennuis sont tombés sur moi. Je les avais un peu cherchés, pas vrai ? […] Mais j’ai quand même eu une belle vie, hein ? »
actualité « Je ne veux pas laisser ma femme aux mains d’un liquidateur judiciaire. Je dois la protéger des vautours et des charognards » En 1986, au temps du mobilier précieux, avant les mises sous séquestre. Avec Dominique, qu’il épousera l’année suivante. que j’avais besoin de claquer mon classeur pour montrer aux autres que je les trouvais bidon, car, moi, je ne lisais pas un texte ? C’est quand même mon gros défaut, non?» [...] à peine est-il au gouvernement que les « affaires » arrivent [...] de partout, comme les balles et obus à la bataille de Gravelotte, en 1870. Quatre demandes de levée d’immunité parlementaire en neuf mois, une information judiciaire pour abus de biens sociaux, une perquisition de la brigade financière à son domicile, une saisie conservatoire de ses meubles à la demande du Crédit lyonnais et j’en passe. [...] à partir de 1994, la classe politico-médiatico-judiciaire va se déchaîner contre lui, symbole des «années fric» de l’ère Mitterrand qui s’achève. Elle entend le purger, avec tout le reste. [...] Tapie aura donc droit à une double mise à mort. D’abord, l’assassinat politique perpétré par la droite balladurienne et qu’il résume bien ainsi: «Pour que je ne sois pas maire de Marseille, il ne faut pas que je puisse me présenter aux municipales de 1995. Pour que je ne puisse pas me présenter, il faut que je sois inéligible. Pour que je sois inéligible, il faut que je sois mis en liquidation.» [...] Tapie est né cette année-là, en 1995 : il a soudain changé de dimension. En tout cas, à mes yeux. Sans cela, je ne me serais sans doute pas intéressé à ce point à ce personnage, aussi mirobolant ou charismatique fûtil. Soudain, il passa du statut de «prédateur», ce qu’il n’était déjà pas, à celui de victime expiatoire, condamné à perpétuité, ennemi public numéro un. « Depuis cette année-là, reprit-il en baissant la voix, je suis toujours en liquidation de biens. Aussi incroyable que ça puisse paraître, je reste un “liquidé” et je n’ai même pas retrouvé mes droits civiques, ce qui aurait été la moindre des choses. Dans la foulée, j’ai même perdu, tiens-toi bien, mes droits de paternité. Depuis tout ce temps, l’état m’a traité comme un grand criminel, un bandit de grand chemin. Je crois que je suis le seul cas en France. » Dominique, son grand amour à sa sortie de l’armée, en 1964, Tapie est marié. Il a épousé Michèle, son premier amour. [...] [Ils] ont maintenant deux enfants: après Nathalie, Stéphane est arrivé. [...] Leur mariage prend l’eau. Femme de Tapie n’a jamais été un métier facile mais à l’époque, c’est comme si on avait épousé un courant d’air. On le trouve à peu près partout, sauf chez lui. [...] Un jour, Tapie apprend le licenciement d’une jeune fille qui travaille au service «Approvisionnement, Administration générale» d’une de ses sociétés: elle refusait les avances de son supérieur. Du #MeToo avant l’heure. Il l’avait remarquée, même si, engoncée dans ses chignons et ses jupes longues, elle faisait tout pour qu’on ne la calcule pas. Il demande à regarder son dossier. Bien qu’elle ne semble pas passionnée outre mesure par son travail, tout est parfait : la ponctualité, l’orthographe, etc. Il convoque le petit chef indélicat pour une explication de gravure [...] et lui annonce qu’il transfère la jeune femme dans son service, sous son autorité. Elle s’appelle Dominique MialetDamianos et c’est sa future épouse. Tapie m’a assuré qu’il ne s’était rien passé entre eux pendant plusieurs mois, qu’il ne l’aurait même jamais draguée. Il a néanmoins un petit béguin mais on ne peut pas dire que ce soit réciproque. Venant d’une famille modeste et rangée du XVIIe arrondissement, Dominique n’est pas du tout séduite par ce rodomont « Qu’il s’agisse de mon cancer ou de mes démêlés avec la justice, ma vie se déroule comme dans un film de guerre » PaRiS MatcH du 3 au 9 Juin 2021 62 qui vient au travail en Ferrari jaune et qui, quand il entre dans la cour de l’entreprise, fait ronfler son moteur comme s’il était sur un circuit de formule 1. Un jour, il décide de la ferrer : « Je peux vous raccompagner. J’ai une Ferrari. Êtes-vous déjà montée dans une Ferrari ? » Alors, Dominique : « Désolée. Mon fiancé vient me chercher. Il a une Austin. Je préfère. C’est moins vulgaire. » Et puis arrive ce voyage à Genève où BT doit animer une soirée pour un client américain. [...] Il embarque son assistante avec lui : dans son équipe, elle est la seule bilingue. Quand il voit arriver Dominique qu’il attend avant d’aller à la soirée, [...] c’est le coup de foudre. [...] « Elle n’avait plus de chignon, ses cheveux étaient défaits. Une métamorphose totale. C’était une bombe atomique.» [...] « Après la soirée, j’ai invité Dominique dans ma suite et je lui ai fait le coup du piano. On a bu un verre, puis deux, et je lui ai joué plein d’airs que je connaissais, au grand dam du concierge de l’hôtel qui m’a rappelé à l’ordre: “Monsieur, il est plus d’une heure du matin, vos voisins se plaignent. Ne pourriez-vous pas jouer un peu moins fort ?” Il ne s’est rien passé entre nous ce soir-là. Après, on ne s’est plus quittés, on est devenus fusionnels et ça fait près d’un demi-siècle que ça dure. » [...] Le voici, soudain, converti à la fidélité: «Je n’ai aucun mérite. Quand tu as trouvé ce que tu cherches et qui te remplit le cœur, le cerveau, le reste, pourquoi aller voir ailleurs?» Sur ce plan, désormais, Tapie n’est plus Tapie: il vivra tout le temps avec Dominique qu’il épousera et avec laquelle il aura deux enfants, Laurent et Sophie. Surtout, elle exercera une réelle influence sur lui qui, pourtant, semble laisser rarement de prise. D’une discrétion totale mais souriante, elle est sans doute la seule personne qu’il écoute vraiment: l’Alter Ego. [...] « Il faut que je tienne jusqu’au
procès, dit Tapie. Il y a certes mon honneur à défendre mais je ne veux pas laisser non plus ma femme aux mains d’un liquidateur judiciaire qui a essayé de nous couper l’électricité alors qu’on la payait. Je dois la protéger des vautours, des charognards.» Le combat contre le cancer J’ai longtemps cherché à percer le secret de son aptitude à la survie jusqu’à ce qu’il me donne un jour une piste sans le savoir. BT parle souvent des chiens. C’est même devenu peu à peu l’un de nos sujets de conversation favoris [...]. «Avec ma femme, on en a eu au moins cinquante, dit-il. Ils sont tous enterrés dans le jardin de Combs-la-Ville. Avec une tombe et leur nom dessus. évidemment, il y en a qui nous ont plus marqués que les autres. Boboy, par exemple. Tous les weekends, je vais me recueillir sur sa tombe, dans notre maison de campagne. Quelques pierres avec une plaque dessus.» Un jour que je lui demandais ce qui était écrit, il me fusilla du regard : « C’est personnel. » La première fois qu’il m’a parlé de Boboy, il m’a montré des photos de lui sur son portable, l’air ému, comme si c’était un enfant ou une ancienne amourette. Elles avaient été prises par Dominique pendant que le chien et lui dormaient, bras dessus, bras dessous, sous les draps, amants improbables. «Il préférait ma femme, dit-il, mais du jour où il a senti que j’étais affaibli, il a commencé à s’occuper de moi, et pas qu’un peu.» Boboy était un cane corso, race de molosses athlétiques d’origine italienne [...] « Après l’opération de l’estomac et de l’œsophage, chaque fois que j’avais des coups de pompe, il se couchait près de moi sur le canapé, je le prenais dans les bras et, un quart d’heure après, j’avais retrouvé la forme, l’énergie.» [...] « Qu’il s’agisse de mon cancer ou de mes démêlés avec la justice, ma vie se déroule comme dans un film de guerre, sur un piton rocheux, cerné de toutes parts. » [...] Il ne fait rien comme tout le monde. Quand Tapie a mal, il ne prend pas d’antidouleurs. [...] « Je ne veux pas abandonner aux médicaments ma résistance à la douleur, aux inflammations, aux infections. Quand on me fait une chimio, par exemple, je veille à ce qu’on ne me mette jamais de cortisone dedans. » Qu’importe s’il souffre le martyre, pourvu que son corps ne baisse pas la garde, qu’il reste fort, sans aide extérieure, face à l’ennemi. Il n’appartient pas à la civilisation Doliprane. Souvent, sa voix est faible, oppressée. Mais quand Tapie parle, son corps, même amaigri, ne semble pas atteint : il se lève, s’assoit, se relève, fait les cent pas et de grands gestes du bras. [...] Son fils cadet, Laurent, raconte que la première fois qu’il a pu rendre visite à son père à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, après son ablation d’une grande partie de l’œsophage et des trois quarts de l’estomac, une opération lourde qui a duré cinq heures, il l’a surpris, agrippé aux barres du lit, en train de faire des pompes sur le dos, dans son lit. [...] Laurent aime citer les mots d’une infirmière [...] : «À près de 75 ans, il a mieux cicatrisé en une semaine qu’un mec de 50 en trois semaines. Il vient d’une autre planète. » [...] Il décide même, à la fin de l’été 2018, un an après la découverte de son cancer, d’arrêter les chimios, sous prétexte qu’il ne les supporte pas [...]. « Après [...], je n’ai plus eu de nouvelles de mon cancer qui, apparemment, était parti. Tous les trois mois, pour vérifier, on me faisait faire un scanner et il n’y avait rien. En mai 2019, au quatrième scanner, toujours rien. J’étais heureux. Champagne ! Douze jours après ce scanner, je me réveille et je n’ai plus de voix. On me fait une ponction: un ganglion plein de métastases paralyse une corde vocale. Dans la foulée, on me fait un TEP-scan qui consiste à injecter du sucre fluoré, légèrement radioactif, pour repérer les cellules cancé- reuses, qui adorent le sucre. Et voilà qu’on découvre deux autres récidives, ce qui fait trois métastases en tout. Les autorités médicales de notre pays ont décidé que tout allait bien tant que les ganglions ne faisaient pas plus d’un centimètre. C’est une connerie. Si la tumeur ne m’avait pas rendu muet, le cancer aurait explosé avant le scanner suivant, prévu en octobre.» [...] La mort en face Tapie en parle comme s’il vivait en concubinage avec elle. Mais il ne la laisse jamais prendre le contrôle de sa vie, de sa tête. Sans cesse, il élargit devant lui l’horizon qu’elle devrait rétrécir peu à peu. Souvent, quand je sors de son hôtel particulier, secoué comme un arbre après la tempête, je me dis que je n’aimerais pas être à la place de son cancer. [...] La maladie a embelli Tapie. Elle l’a beaucoup amaigri, j’allais dire purifié, tandis qu’apparaissaient dans leur vérité des rides qui pouvaient passer pour les premières morsures de la mort. [...] La Ferrari n’est plus ce qu’elle était. Parfois, quand il me téléphone, il me semble que Tapie est très loin, à moitié parti – cette sale tumeur continue de manger sa corde vocale –, et, devant tant d’obstination à vivre, les yeux s’embrument : jamais il ne se rendra. Il mourra vivant, ce qu’on peut faire de mieux. Dans son hôtel particulier de la rue des SaintsPères, en 2018. « Bernard Tapie. Leçons de vie, de mort et d’amour », de Franz-Olivier Giesbert, Les Presses de la Cité, 360 pages, 21,90 euros. Parution le 10 juin.
Au palais de l’amour avec Lauren Sanchez, sa nouvelle compagne, le 21 janvier 2020.
Jeff Bezos Pourquoi le nabab d’amazon fait son cin ma Se sent-il aussi puissant que Shah Jahan, l’empereur moghol qui édifia le Taj Mahal et se proclama « roi du monde » ? Grâce au rachat de la MGM, le studio hollywoodien aux 4 000 films et 17 000 contenus télé, l’homme le plus riche du monde dispose d’un atout maître dans la « guerre du streaming ». Mais si son empire émerge de la pandémie plus dominant que jamais, les critiques à l’encontre du tycoon, qui quittera son poste de P-dG d’Amazon en juillet, suivent la même courbe. Ascendante. Photo pawan sharma Récit romain Clergeat du 00 MOIS 2021 PARIS MATCH 65
À Saint-Tropez avec Lauren, sur le yacht d’un ami, en août 2019. Le début d’une nouvelle vie de jet-setteur. il n’arrive pas à Hollywood pour faire de la figuration. Cette année, il va investir 15 milliards de dollars pour tailler des croupières à netflix et disney J « e veux mon “Game of Thrones” ! » Dans les oreilles de Roy Price, le patron d’Amazon Studios, la phrase cingle. La scène se passe fin 2016 et depuis cinq minutes déjà, Jeff Bezos, son boss, ne l’écoute plus. Il a beau lui réciter avec enthousiasme la liste des productions réalisées depuis deux ans, l’énumération de films et de séries décalées qui doivent permettre à Amazon de se distinguer de son concurrent Netflix le désespère. Il répète : « Je veux mon “Game of Thrones” ! » Il est clair qu’une saillie va bientôt tomber. Froide. Comme celles dont Bezos est si friand. Sa préférée ? « Où est le rapport de l’équipe A ? Parce que celui de l’équipe B est grotesque. » Le staff semble ne pas bien comprendre ce qui se joue : la lutte entre les plateformes de diffusion (ou streaming) va devenir brutale. Les audiences télé déclinent et les salles de cinéma ferment. Sans parler des habitudes prises pendant la pandémie. Les gens PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 66 veulent consommer de l’audiovisuel chez eux. Quand ils veulent. Et pour les satisfaire, il faut leur proposer des nouveautés. Qui leur donnent envie de revenir et, donc, de rester dans l’univers d’Amazon.Glaner un Oscar par-ci par-là, comme pour « Manchester by the Sea », c’est bien. Pour l’image, surtout. Mais personne n’a envie de s’abonner pour regarder la vie d’un solitaire dépressif. En revanche, pour suivre semaine après semaine et année après année des aventures pleines de fureur, de sexe et de luttes pour le pouvoir, si ! Sitôt la réunion terminée, c’est le branle-bas de combat au sein de d’Amazon Sudios. On a compris le message. Quelques mois plus tard, la nouvelle tombe : Amazon va produire une série adaptée du « Seigneur des anneaux » pour un budget de 200 millions de dollars par saison. Cinq sont prévues. Un programme à 1 milliard de dollars, donc. Un milliard, le nombre de spectateurs qui ont regardé « Game of Thrones » pendant huit ans. Ça, ça plaît à Jeff Bezos. Il n’est pas venu dans le monde du cinéma pour faire de la figuration. Il veut faire de Prime Video « le quatrième pilier » d’Amazon. Avec le cloud, la vente en ligne et le service de livraison.
actualité Amazon va dépenser des milliards de dollars pour ses programmes dans les années qui suivent (4,5 en 2018, 11 en 2020) et prévoit de monter à 15 en 2021. Pour donner envie aux gens de s’abonner à Prime Video. Dans quel but ? Chez Netflix, Disney ou Apple TV, un client content après un bon film ou l’épisode d’une série va se coucher le sourire aux lèvres. Sur Prime Video, il lui arrive en plus de faire un petit tour sur Amazon (11 000 dollars d’achats par seconde dans le monde !), histoire de se procurer quelque chose dont il n’a certainement pas besoin mais qu’il recevra en vingtquatre heures, un autre avantage du service Prime. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2016, les clients Prime ont dépensé 560% de plus que ceux qui n’avaient pas souscrit à l’offre. « Ses membres achètent plus que les non-membres. Et l’une des raisons à cela, c’est qu’une fois la souscription annuelle payée [49 euros en France pour de la musique en streaming avec Prime Music, 2 000 films et séries avec Prime Video, des livraisons express, etc.] ils se demandent : comment est-ce que je peux tirer le meilleur parti de ce programme ? Et ils achètent plus. » Ce n’est pas un analyste financier qui le dit, mais Jeff Bezos lui-même. On comprend pourquoi le P-DG d’Amazon tient à attirer de nouveaux clients. Prime Video est sa meilleure vitrine. Amazon Prime compte aujourd’hui 150 millions de membres. Non seulement il faut garder ceux-là, mais aussi en conquérir de nouveaux. Si possible en piquant ceux des autres. Disney (100 millions d’abonnés) ou Netflix (200 millions), par exemple. Le streaming est un ogre insatiable qui, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, réclame de nouveaux contenus à mettre dans le tuyau de diffusion. Or, les idées ne sont pas inépuisables, les techniciens sur le marché non plus, et les acteurs bankable, pas davantage. Raison pour laquelle, lorsque le catalogue de la MGM a été mis sur le marché en décembre par le fonds de pension qui le possédait, Jeff Bezos a vu une occasion qu’il ne pouvait pas laisser passer. À n’importe quel prix. Valorisé en Bourse à 1 600 milliards de dollars et fort de ses dizaines de milliards de cash, Amazon se savait bien placé. À son bataillon d’avocats et de négociateurs, Bezos n’avait donné qu’une consigne: « Il nous le faut. » Démarrées à 5 milliards, les enchères sont montées à près de 9 milliards, et Jeff Bezos a fini par essorer ses concurrents. Dont Apple. Les experts estiment que James Bond vaut à lui seul la moitié de ce prix. Surtout pour son potentiel. Bien davantage que le catalogue des grands classiques, ce sont leurs déclinaisons qui intéressent Bezos et ses concurrents. D’où vient James Bond et quelle était sa jeunesse ? Une douzaine d’épisodes, pour commencer, pourront remplir sur ce sujet la grille des nouveaux programmes. Quel genre d’étudiant était Hannibal Lecter du « Silence des agneaux », également au catalogue de la MGM ? Amazon ne compte pas s’arrêter là. Car s’il est un domaine qui génère de nombreuses heures de programmes avec un suspense quasi garanti et une régularité implacable, année après année, c’est le sport, lui aussi en passe d’être « amazoné ». Ceux qui voudront regarder les matchs en soirée de Roland-Garros vont s’en apercevoir dès cette semaine. Les passionnés de football américain, un soir par semaine, également. Amazon étend sa toile et affole désormais les acteurs traditionnels. Pour l’instant, le sport le plus populaire, le football, est un trop gros morceau, trop voyant, d’autant qu’Amazon doit se défendre, dans de nombreux pays, d’accusations d’abus de position dominante. Mais demain… Jeff Bezos, qui a commencé par empaqueter des livres dans son garage avant de faire d’Amazon le « supermarché mondial », est désormais assis sur un tas d’or. Près de 180 milliards de dollars. Les 38 milliards qu’il a dû donner à son ex-femme MacKenzie ont déjà été effacés « grâce » à la pandémie qui, en 2020, a vu l’activité d’Amazon augmenter de 38 %.C’est pourquoi, il y a quelques semaines, son annonce de se retirer de son poste de P-DG en a surpris plus d’un. « Être P-DG d’Amazon est une grande responsabilité et ça vous bouffe, écrit-il dans un mail envoyé à ses employés. C’est difficile de se consacrer à d’autres choses.» Et des « autres choses », Jeff Bezos en a plein. À commencer par Blue Origin, sa société qui va envoyer le 20 juillet son premier touriste dans l’espace, sa vraie passion. Un exploit qui s’affichera sans nul doute en une des journaux du monde entier. Et, donc, du « Washington Post », qu’il possède. Redorer son image prendra aussi du temps. Car le patron d’Amazon collectionne les rancœurs. Celles des employés mécontents de leurs conditions de travail, ou celles des régulateurs qui l’accusent d’adopter, face à ses fournisseurs, la stratégie du léopard face à la gazelle : épuiser la proie par sa puissance avant de la dévorer. Sans discuter la sincérité de son engagement, la création du Bezos Earth Fund (doté de 10 milliards de dollars), pour lutter contre le changement climatique, et du Bezos Day One Fund (2 milliards de dollars), pour aider les plus démunis, ne nuira pas à l’objectif : adoucir sa réputation de milliardaire à sang froid. Une évolution à laquelle participe également sa nouvelle compagne au tempérament flamboyant, Lauren Sanchez, ancienne présentatrice, maintenant à la tête d’une société de production audiovisuelle aérienne. À ses côtés, Bezos a troqué son look triste, marqué par le goût de la discrétion, pour des vestes à fleurs et des sorties dans la jet-set. On les voit aux Oscars, à Saint-Barth, à Portofino, aux soirées organisées dans sa nouvelle villa à Beverly Hills (achetée 165 millions de dollars !) ou dans son triplex new-yorkais (80 millions de dollars). Et bientôt sur son yacht, pour l’instant baptisé « Project 721 ». Sur ce sujet, on en sait peu sinon qu’il va lui coûter 500 millions de dollars, et qu’il sera si imposant qu’il devra être escorté en permanence d’un bateau d’assistance ! Jeff Bezos demeure président du conseil d’administration et sera remplacé par Andy Jassy, longtemps son éminence grise, patron de la division cloud (un secteur moins connu, mais celui qui rapporte le plus car même Netflix héberge ses data chez Amazon !). Mais Bezos veut rester léger. Lui qui répète à ses managers que « si deux pizzas ne suffisent pas à nourrir une équipe, c’est que celle-ci est trop grosse » a désormais 1,3 million d’employés à travers le monde! Les anchois ont du souci à se faire… Et ceux qui ne voudront pas passer par Amazon pour s’alimenter, se cultiver, se distraire, héberger leurs données… aussi. Romain Clergeat Le sport, lui aussi, est en passe d’être « amazoné » du 3 au 9 juin 2021 PaRiS MatcH 67
Bi lorussie Il faut sauver le soldat ProtassevItch Pour arrêter ce journaliste de 26 ans, un avion avec 171 passagers à son bord a été détourné. depuis, entre l’union européenne, la Biélorussie et son allié russe, un bras de fer a commencé dans les airs et se poursuit sur terre. À vilnius, en lituanie, où roman Protassevitch vivait en exil, nous avons rencontré ceux qui se battent à ses côtés. leur seul espoir pour faire plier le régime d’alexandre loukachenko : des sanctions économiques internationales. RepoRtage Émilie Blachere
Alors qu’il couvrait une manifestation à Minsk, en 2017. Accusé d’être « impliqué dans une activité terroriste » depuis 2020, il encourt désormais la peine de mort. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 69
Chez lui, en 1994, avec deux de ses trois fils, Dmitri (à g.) et Victor. Orphelin, élevé à la campagne, rustique et brutal, le camarade président Loukachenko a toujours le style « guerre froide » Comme Staline, on le surnomme le « petit père ». Comme Khrouchtchev, il joue la carte du bon sens paysan en se mettant en scène dans un champ. Ce nostalgique de l’URSS, au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, a su se rendre populaire en conservant le plein-emploi et un système social généreux. Mais la férocité de sa répression contre une jeunesse attirée par les démocraties européennes lève le voile sur des méthodes d’un autre âge. La récolte de pommes de terre, en 2015, dans sa résidence officielle de Drozdy, à quelques kilomètres de Minsk. PARIS MATCH dU 3 aU 9 jUin 2021 70
En grand uniforme, son fils, Nikolaï, 7 ans, lors du défilé de la fête de l’Indépendance 2011, à Minsk. Armé d’un fusil automatique près du Palais de l’indépendance, pendant les grandes manifestations de l’opposition d’août 2020. Avec Vladimir Poutine avant un match de hockey sur glace à Sotchi en 2019 et le 29 mai dernier sur la mer Noire. Au dix-huitième sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, en 2018.
Inspection des bagages du Boeing 737-8AS de Ryanair dans lequel se trouve Roman Protassevitch. Une « alerte à la bombe » l’a obligé à se poser à l’aéroport de Minsk, le 23 mai. Dans une vidéo diffusée par la télévision publique, le 24 mai, l’opposant détenu à Minsk dit être « passé aux aveux concernant l’organisation de troubles massifs ». Extrait d’une vidéo prise depuis l’avion après l’atterrissage forcé.
ACTuAlITé Lorsqu’il comprend que le détournement le vise, Roman garde assez de sang-froid pour effacer de son ordinateur les documents compromettants pour ses amis dissidents De notre envoyée spéciale en Lituanie Vilnius, dans son studio d’enregistrement télé, la journaliste Katsiaryna Yerusalimskaya a les traits minés par l’inquiétude et un regard embué mais incisif. Roman Protassevitch, qui vient d’être spectaculairement arrêté, est son excompagnon : « C’est un choc terrible, je pleure tout le temps. Avec ses parents, nous redoutons le pire. En prison, Roman risque sa vie tous les jours pour avoir fait son métier… » Photojournaliste, il fait l’objet de poursuites pour terrorisme depuis le 19 novembre 2020. Les autorités biélorusses le considèrent comme l’un des fers de lance de la guerre menée « depuis l’étranger » par les opposants au régime d’Alexandre Loukachenko. Dimanche 23 mai, un avion de chasse MiG-29 biélorusse armé de deux missiles interceptait, au-dessus de son espace aérien, un Boeing 737 Ryanair en provenance d’Athènes. À son bord, 171 passagers, parmi lesquels Roman Protassevitch et sa nouvelle petite amie, Sofia Sapega, 23 ans, étudiante russe en droit à l’Université européenne des sciences humaines. Après deux semaines de vacances, le couple croyait rentrer à Vilnius. Mais, au prétexte d’une alerte à la bombe du Hamas, leur avion se pose à Minsk : le leurre a fonctionné. « À l’aéroport, le comportement de trois passagers avait éveillé les soupçons de Roman, confie Katsiaryna. Lorsqu’il a compris, il a blêmi, songeant qu’il encourait la peine de mort. Mais il a gardé assez de sang-froid pour effacer de son ordinateur tous les documents compromettants pour les dissidents. Il nous a sauvés!» Dans son fauteuil en cuir, ses genoux tremblent… Séparée de Roman depuis mars, elle aurait dû se trouver à ses côtés dans ce maudit avion. «Traqués par le régime, nous avons fui nos familles, nos amis, notre pays. En Europe, nous pensions trouver un asile sûr, à l’abri de la tyrannie… On s’est trompés: le monde découvre aujourd’hui ce dont Loukachenko est capable pour écraser ses ennemis.» En vingt-six ans de règne, Loukachenko s’est fait ériger seize palais ! Le 10 juillet 1994, un an après la naissance de Roman Protassevitch, il s’imposait comme le premier président de la République de cette jeune nation indépendante peinant à se rebâtir dans les décombres de l’ancienne URSS. Il jure alors qu’il va éradiquer la corruption qui gangrène la classe politique ; 1,82 mètre, la silhouette lourde, le visage fermé, cet ancien directeur de sovkhoz – ferme d’État collective – a la réputation d’être froid, brutal. Né dans un milieu rural rude, nourri dans le sérail du parti communiste, aussi imperméable au nationalisme qu’aux idées libérales, il est d’abord populaire auprès des ouvriers et des agriculteurs. Son régime est à son image: autoritaire, centralisé, aux mains des forces de l’ordre agressives. Les années passent, l’homme perdure, entretenant la nostalgie des années soviétiques : il rétablit le russe comme langue officielle, se montre paternaliste envers la classe ouvrière. Grâce à l’appui financier de la Russie, il subventionne les usines en ruine, épargne des milliers d’emplois, stabilise l’économie et assure l’ordre. Selon le Programme des Nations unies pour le développement, l’indicateur d’inégalités en Biélorussie est l’un des plus bas d’Europe. Mais « Batka », comme on le désigne, «papa», assujettit aussi son peuple. Trois de ses adversaires disparaissent entre 1999 et 2000, probablement éliminés. Débarrassé de son opposition, il triomphe à chaque élection, [SUITEPAGE74] En ht, Natalia Protassevitch, la mère du journaliste, lors d’une conférence de presse à Varsovie, le 27 mai. En vingt-six ans de règne, Loukachenko s’est fait ériger seize palais Le dissident avec Sofia Sapega, une étudiante russe arrêtée avec lui. dU 3 AU 9 jUIn 2021 PARIS MATCH 73
1. Svetlana Tikhanovskaïa, leader du mouvement Biélorussie démocratique, à une manifestation devant les anciens locaux du KGB à Vilnius, le 29 mai. Elle tient la photo de son mari, emprisonné depuis mai 2020. 2. À Minsk, face à la police biélorusse, des dizaines de milliers de personnes protestent contre les fraudes lors de l’élection présidentielle d’août 2020. 3. Les couleurs inerdites. Roman Protassevitch lors d’une manifestation pour la liberté, à Minsk en 2012. Si Loukachenko imagine avoir décapité l’opposition, c’est raté. Partout en Europe, elle s’organise à travers des messageries cryptées Katsiaryna Yerusalimskaya (au centre), journaliste, dans un studio de Malanka, la chaîne d’opposition biélorusse pour laquelle elle travaille, à Vilnius le 28 mai. À g., Roman Protassevitch et Katsiaryna en 2020. À dr., Roman, 15 ans et déjà dissident, en 2011. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 74 1 jusqu’à supprimer en 2004 la limitation du nombre de ses mandats : il en cumule six jusqu’à aujourd’hui, se moquant de sanctions européennes censées le ramener sur le chemin de la démocratie. En 2005, Condoleezza Rice, secrétaire d’État américaine de George W. Bush, le qualifiait de « dernier dictateur d’Europe », ses services de sécurité qui gardent le doux nom de KGB musellent citoyens et médias. Pourtant, en 2010, Loukachenko essuie un premier revers: des milliers de Biélorusses protestent contre la fraude ayant mené à sa réélection. Roman Protassevitch, visage poupin, regard révolté, avance parmi ceux-là. Un Gavroche de 15 ans à peine. Sur le réseau social VKontakte, il anime deux sites d’information dont le très efficace «Nous sommes fatigués de Loukachenko » qui appelle au boycott des législatives. En septembre 2012, toujours mineur, il est arrêté. Frappé aux reins, au foie, il refuse de livrer ses codes d’accès, même quand on menace de lui faire endosser des meurtres non élucidés. Il ressort cabossé mais sans rien avoir perdu de son courage. Les réprimandes de son père, lieutenantcolonel, ou de sa mère, professeure de mathématiques à l’académie militaire, ne le font pas davantage rentrer dans le rang. «C’est impossible pour Roman de rester indifférent à la répression, jure un de ses proches, réfugié en Ukraine. C’est un pro des nouvelles technologies. Il se bat, peu importent les risques.» Expulsé de son lycée, puis de l’université où il étudie le journalisme, Roman Protassevitch rejoint à 17 ans des organes de communication dissidents, discrets, structurés. Les photos qu’il leur fournit dénoncent la répression
ACTuAlITé 2 violente, les arrestations arbitraires, mais aussi la guerre du Donbass opposant les Ukrainiens à Vladimir Poutine. «Entre 2014 et 2015, il a couvert la révolution de Maïdan, puis le front auprès des soldats ukrainiens, poursuit son ami. Embarqué dans différents bataillons dont celui d’Azov [unité paramilitaire régulièrement accusée d’être néonazie], il était en première ligne. Il a même été blessé. » Cette année 2015, le président Loukachenko joue les médiateurs dans ce conflit. En faisant libérer des prisonniers politiques, il regagne les faveurs de l’Europe, et la levée des sanctions… Une accalmie de courte durée. Les vagues de contestation se succèdent, plus ou moins brutalement réprimées. Des dizaines de dissidents ont le choix entre la prison et l’expulsion. Ils vont en Ukraine, en Pologne ou en Lituanie, où près de 4000 3 d’entre eux trouvent refuge dans des hôtels. Comme Margarita Levchuk, célèbre cantatrice: «Je suis arrivée en octobre 2020 pour deux semaines et n’en suis jamais repartie. Mes parents, restés au pays, font encore l’objet de menaces, mais on tient. Si je rentre, on me jettera en prison.» Loukachenko pense avoir décapité l’opposition, elle s’organise à sa porte, via des messageries cryptées. De mars à octobre 2020, Roman Protassevitch dirige, depuis Vilnius, Nexta, une chaîne de médias diffusée via l’application cryptée Telegram ; deux millions de personnes la suivent. Remarqué pour son abnégation, sa force de travail, il devient rédacteur en chef de la chaîne web Belarus of the Brain. Avec son insolence, ses dénonciations, ses encouragements à la révolte, il se met le dictateur et ses sbires à dos. L’opposition, qui jusque-là se cantonnait à Minsk, gagne la banlieue, les campagnes, se répand dans toutes les classes sociales. «En 2020, Loukachenko a accumulé les scandales, explique depuis Vilnius Andreï Stryzhak, cofondateur du fonds de solidarité Bysol. Il a taxé les chômeurs, minimisé l’ampleur de la pandémie du Covid, emprisonné sans procès ses adversaires et truqué la dernière présidentielle, s’octroyant 80,23% des voix…» Cette fraude de trop va déclencher trois nuits de terreur au cours desquelles s’affrontent, dans une violence inouïe, citoyens et forces de l’ordre. À Minsk, il est désormais interdit d’arborer le rouge et blanc, symboles de l’indépendance et de la lutte pour la démocratie. «Porter des chaussettes à ces couleurs est un motif d’interpellation, jure Andreï. Arborer un drapeau à son balcon est passible de 2000 euros d’amende, soit dix fois le salaire moyen mensuel.» Selon le ministère de l’Intérieur, durant les quatre premiers jours de rébellion ayant suivi l’élection, 6700 per- sonnes, parmi lesquelles des mineurs, ont été arrêtées. Des centaines d’autres auraient, depuis, disparu. Le petit ami de Sacha est emprisonné depuis juin : « Le jour, on lui interdit de s’allonger. La nuit, on l’empêche de dormir.» Un rapport d’Amnesty International, daté de janvier, révèle des centres de détention transformés en salle de torture avec des prisonniers « assoiffés, affamés, déshabillés, forcés de s’agenouiller pour écouter les cris des victimes». «C’est un État de non-droit», accuse Alexander Artemyev, porte-parole de l’ONG pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. «Nous connaissons vos visages et ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne soyez amenés à rendre des comptes au peuple biélorusse», vocifère Loukachenko à l’adresse de ses ennemis. Au prétexte d’endiguer la pandémie, les frontières vers la Lituanie et la Pologne ont été fermées, tandis que celles vers la Russie restent ouvertes. À Vilnius, depuis l’arrestation de Roman Protassevitch, la paranoïa et la peur gagnent la diaspora. Pourtant le combat continue. Svetlana Tikhanovskaïa, 38 ans, leader de la Biélorussie démocratique, le mène en première ligne. Elle nous montre la photo de son mari, incarcéré depuis mai 2020 : « Aussi scandaleuse soit l’arrestation de Roman, elle a le mérite de braquer les projecteurs sur la Biélorussie.» Invitée d’Emmanuel Macron en Angleterre où se tiendra du 11 au 13 juin le G7, elle ira porter la voix de ceux qui, comme Roman Protassevitch, espèrent encore une levée massive de boucliers internationale. Katsiaryna aussi s’accroche à son rêve: «La détention de Roman conduira peut-être à la destitution de Loukachenko et à la libération de notre pays.» Quand elle songe à son calvaire en détention, c’est le seul espoir qui puisse sécher ses larmes. Émilie Blachere Ceux qui espèrent encore attendent une levée massive de boucliers internationale du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 75
EsthEr Duflo un cerveau qui nous chappe À 40 ans, elle conseillait le président obama. sept ans plus tard, en 2019, elle décrochait le prix nobel d’économie. cette tête chercheuse vit depuis vingt-cinq ans aux États-unis. pour la convaincre de revenir, la France déploie aujourd’hui une campagne de séduction massive dont nous vous racontons les coulisses. rencontre avec celle qui réclame plus de solidarité sur les politiques de vaccination, mais qui juge dangereux d’annuler la dette. photo bryce vickmark / EnquêtE Émilie lanez
Lauréats. Avec son mari et ancien professeur, Abhijit Banerjee, à Cambridge le 14 octobre 2019: le couple et leur collègue Michael Kremer venaient de se voir attribuer la plus prestigieuse des distinctions. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 77
Le 10 décembre 2019, au Stockholm Concert Hall, le roi Carl Gustaf remet le prix à Esther Duflo, vêtue d’un sari en hommage à l’Inde.
actualité Trois écoles parisiennes lui offrent un poste universitaire à sa démesure, mais ne peuvent rivaliser avec les 500 000 dollars qu’un professeur comme elle toucherait à Boston eux fois quarante-cinq minutes en vidéo, exclusivement des questions à propos de la pandémie, aucun propos personnel et interdiction d’évoquer son retour en France, pourtant à l’étude. À ces conditions, non négociables, Esther Duflo, la plus jeune lauréate du prix Nobel d’économie (en 2019), l’une des deux seules femmes et première Française à recevoir cette distinction, déroule son exposé, casque audio collé aux oreilles. Front plissé, sourires furtifs, elle parle vite. Paragraphe 1, point 2, chapitre suivant, documents en pièce jointe et c’est plié. On tente quelques incursions : l’amoureuse de Bach joue-t-elle toujours du violoncelle ? Non, mais sa fille l’apprend. Et l’escalade ? Moins le temps. Tennis plus commode. Fin de l’entretien. Plus tard, dans un mail, elle répétera refuser l’exercice du portrait et nous enjoindra de cesser de contacter ses amis. Il est vrai que notre championne mondiale des sciences économiques n’est réputée ni pour sa souplesse ni pour sa coquetterie. À ce tempérament s’ajoute le calendrier épidémique, vécu par elle comme une tragédie planétaire et intime. Depuis cet hiver, elle ne sort presque plus, claquemurée dans son appartement proche de la Bastille. Abhijit Banerjee, son mari et colauréat du Nobel, souffrant d’une comorbidité, elle redoute la contagion. Mais c’est surtout le sort de l’Inde et de ses 300 000 morts du Covid qui la révolte – « Toutes nos connaissances là-bas sont malades », dit-elle –, car ce chaos implique l’effondrement d’une partie de la production mondiale de vaccins qu’assurait le géant Serum Institute of India, avec ses 70 millions de doses chaque mois. Une diminution de l’offre couplée à l’émergence de variants dont elle redoute la propagation vers le continent africain. «Les Occidentaux, 15 % de la population mondiale, ont administré 45 % des vaccins existants à leurs ressortissants, tandis que la moitié de la population mondiale n’a reçu que 17 % des doses et l’Afrique à peine 1,8 %, expose-t-elle. Mais nous sommes un monde commun, pourquoi les pays riches sont-ils si lâches ? » Ce ratio l’obsède car la pauvreté est sa grande affaire depuis vingt-cinq ans. Sa passion, sa mission et le sujet de sa gloire académique. Pour renouer le fil de son parcours de bolide, il nous faut revenir en 1972, à Asnières. Famille de protestants votant à gauche, père professeur de mathématiques à Normale sup, mère pédiatre, vaccinant bénévolement en Amérique latine. Une fratrie de trois, tous scouts et membres du Centre 72, un mouvement d’entraide paroissial. L’aîné, Colas, futur professeur de littérature du XVIIIe, la benjamine, Annie, qui deviendra spécialiste de l’Inde, et au milieu Esther, petite fusée aux airs de garçonne. Quand [SUITEPAGE80] En Inde, où se tiennent la plupart des expérimentations sur la lutte contre la pauvreté menées par J-PAL, le laboratoire créé par le couple en 2003. dU 3 AU 9 jUIn 2021 PaRiS MatcH 79
ACTuAlITé le pasteur demande de dessiner le passage de la Bible consacré à l’échelle de Jacob, un petit lève la main : peut-il peindre des anges ailés ? La réplique du futur Nobel claque : « S’il y avait des anges pour monter au ciel, à quoi servirait l’échelle ? » Et toc. Déjà, sa logique dynamite le consensus. Deuxième année de classe préparatoire au lycée Henri-IV, voyage organisé par sa troupe d’éclaireurs à Madagascar et là, électrochoc. La misère, la famine, les inégalités, ces malédictions endémiques dont lui parle sa mère et contre lesquelles tant de figures familiales ont lutté (Madeleine Barot, grandtante et ancienne secrétaire générale de la Cimade ; Bernard Granjon, l’oncle cofondateur de Médecins du monde ; Marie Duflo, tante et ancienne responsable du Gisti, Groupe d’information et de soutien des immigrés). En 1992, Esther Duflo a 20 ans, elle parle allemand et russe et intègre l’École normale supérieure, spécialité histoire. Tandis qu’elle rédige sa maîtrise consacrée au premier plan quinquennal de l’URSS, elle séjourne à Moscou. En cet automne 1993, le Congrès a démis Boris Eltsine, dont les réformes économiques effraient, l’armée occupe la capitale soviétique, des cadavres jonchent les rues. Les rares étudiants français tremblent de trouille dans leurs chambres glacées, sauf une. Avec ses cheveux sombres, on la prend pour une Caucasienne. Cheftaine de ses camarades affolés, elle déniche de la viande, trouve du lait, maîtrise les ruses du marché central kolkhozien. « Cette année-là régnait à Moscou une incroyable force du présent », se souvient Nathalie Moine, historienne et son amie depuis lors. Dans ces spasmes post-soviétiques, deux rencontres achèvent de faire basculer le destin de l’étudiante. L’une est l’économiste français Daniel Cohen, chargé par Eltsine, revenu aux affaires, de le conseiller dans son programme de privatisations. Cohen, professeur à l’ENS, la repère. Elle n’a que 22 ans mais elle le subjugue ; il la fait travailler à ses côtés. L’autre est le futur époux de Nathalie Moine (aujourd’hui divorcée), un économiste normalien, alors enseignant au Massachusetts Institute of Technology: Thomas Piketty. « J’ai un peu contribué à la faire partir aux États-Unis, se souvient ce dernier, même si je ne comprends pas qu’elle y demeure encore. » Entre ces deux cerveaux rapides et iconoclastes se noue « l’amitié entre deux avions de chasse », résume Tancrède Voituriez, autre économiste virtuose de la bande. Bientôt, elle abandonne l’histoire. L’économie, c’est plus concret, plus réactif. Elle se lance, compte le nombre de BMW roulant dans la capitale russe. « Elle avait déjà ses idées originales : dans un de ses premiers articles, elle démontrait comment, en augmentant les retraites des femmes en Afrique du Sud, on améliorerait le niveau de vie de leurs petits-enfants », raconte François Bourguignon, économiste français qui fut, de 2003 à 2007, vice-président de la Banque mondiale. Les études de terrain à toute petite échelle, voici l’ébauche de la machine Duflo qui bientôt décollera. Cap sur Boston et son prestigieux MIT. Doctorat en 1999, chaire professorale en 2002. Pour recruter la surdouée, âgée de 27 ans, le MIT contourne sa propre règle interdisant d’embaucher un de ses étudiants. Dans ce temple de l’excellence, elle découvre Michael Kremer et ses études randomisées. Une idée simple, venue de la médecine. Quand on teste un médicament, on divise les cobayes en deux groupes. L’un reçoit le produit, l’autre un placebo, puis on compare les effets. Il propose de faire de même avec l’aide au développement. Observer ce qui marche et ce qui ne marche pas au lieu de déverser des flots d’argent dans les poches des gouvernements et des intermédiaires. Au duo s’agrège le directeur de thèse de la Française, un champion des équations macroéconomiques, Abhijit Banerjee, un Indien ayant choisi la nationalité américaine. De onze ans son aîné, il est séduit par cette boule d’énergie qui s’acharne à prouver qu’en délaissant les calculs on peut agir et, veut-elle croire, faire reculer la pauvreté. Ils se marient. Financé par un mécène, Mohamed Abdul Latif Jameel, ancien élève au MIT et héritier d’un empire familial bâti en Arabie saoudite à partir d’une licence de distribution Toyota, le couple crée en 2003 le J-PAL, Jameel Poverty Action Lab. Se basant sur des compilations de données, ils mènent des études de terrain. Pourquoi dans cette vallée de l’Inde les enfants manquent-ils tant l’école ? Essai randomisé : trois villages, dans l’un on offre un plat de lentilles à la cantine, dans le second des vermifuges, dans le troisième des sacs de riz. On observe. Bingo, dans le village aux vermifuges, les enfants, moins malades, sont plus assidus. On recommence au Kenya avec les moustiquaires. Faut-il les donner, les louer ou les vendre ? En Inde toujours, les futurs Nobel observent que seulement 60 % des enfants reçoivent les cinq premières vaccinations alors qu’au Bangladesh voisin, pourtant plus pauvre, ils sont 80 %. Pour lutter contre ce faible pourcentage, essai randomisé. Dans un village, les mères reçoivent des SMS de rappel. Dans un autre, une heure de téléphonie prépayée et, dans le dernier, on cherche des personnes influentes, celles que les habitants écoutent. Résultat : en s’appuyant sur des ambassadeurs, on obtient 45 % d’augmentation de la couverture vaccinale. « Nous avons ensuite affiné et conclu qu’il fallait envoyer des textos de rappel à ces villageois influents pour qu’ils préviennent du passage du bus de vaccination », précise John Floretta, du J-PAL à Boston. Ces travaux seront répliqués au Ghana, au Malawi et dans dix pays africains. En bientôt vingt ans, J-PAL est devenu une entreprise universitaire salariant plus de 500 chercheurs, implantée dans chaque région du monde – en France au sein de la Paris School of Economics. « Elle Elle suggère de récompenser les Français rétifs à la vaccination Le fait que la moitié de la population mondiale n’a reçu que 17% des vaccins contre le Covid la révolte PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 80
Militante pour une meilleure répartition des richesses, lors du meeting-concert Printemps solidaire à Paris en 2017. a apporté une contribution majeure et salutaire à l’économie du développement, son travail est une révolution, analyse François Bourguignon. Seulement ses programmes sont très focalisés, leur extension pourrait-elle réduire la pauvreté ? » Les critiques, dont celles du Nobel d’économie 2015, le Britannique Angus Deaton, pointent les limites de ces essais randomisés : ceux-ci n’interrogent pas les causes, ils ne font que mettre en lumière ce qui fonctionne mais sans démontrer pourquoi. Quoi qu’il en soit, les effets des travaux de Duflo-Kremer-Banerjee, même locaux, même modestes, sont tels que la Banque mondiale, la Fondation Bill Gates, les agences onusiennes, les gouvernements, tous financent et achètent. Éducation, santé, égalité entre les sexes, hygiène, crédit, agriculture, les champs d’étude se multiplient. Et les honneurs pleuvent. En 2010, la revue « Foreign Policy » la classe parmi les cent intellectuels les plus influents au monde, puis Barack Obama la prie de rejoindre son Global Development Council, et le réputé « American Economic Journal » la nomme directrice de sa publication. « Elle reste humble, elle ne change pas, elle ne terrorise pas par un savoir en surplomb », observe Daniel Cohen. Et la France dans tout ça, qu’elle a quittée voici un quart de siècle ? « Ma localisation géographique ne me trotte pas dans la tête, écarte Esther Duflo, qui a adopté la nationalité américaine, d’ailleurs ce sujet n’a aucun intérêt. » Un peu tout de même, au regard de ce qui lui est proposé pour qu’elle s’y installe de nouveau. Depuis longtemps, en coulisses, son mentor Daniel Cohen se démène. Mission délicate, car aucun établissement n’est capable de s’aligner sur son salaire ni sur ses conditions de travail. Unissant leurs efforts, trois écoles supérieures – Paris School of Economics (PSE), l’ENS et Paris Sciences & Lettres – lui ont pourtant confié en septembre dernier un poste taillé sur mesure. Trente-six heures de cours en master, quinze heures auprès des premières années et un séminaire pour les doctorants. À quel prix, sachant qu’à Boston un professeur de son niveau toucherait 500000 dollars par an (410 000 euros) ? « Nous avons réuni des moyens importants, mais nous ne rivalisons pas avec la grille américaine », commente, pudique, Jean-Olivier Hairault, directeur de PSE. Ensuite, avec l’accord de Bercy et du ministère de l’Enseignement supérieur, a été mise sur la table une offre plus pérenne. Si elle rentre, elle bénéficiera d’un budget de recherche annuel de 1 million d’euros pendant dix ans, à consacrer aux sujets de son choix. En outre, coïncidence du calendrier, elle obtient aujourd’hui une chaire permanente au Collège de France où elle fut professeur invitée en 2009. Un immense honneur et un petit pincement pour son camarade, le très à gauche Thomas Piketty, qui n’aurait pas détesté enseigner dans l’institution née sous François Ier. Là encore, aucune date n’a été fixée pour sa leçon inaugurale. Symboliquement, il est certain que la France gagnerait au rapatriement de sa vedette: un signal fort quand tant de cerveaux formés dans les écoles publiques ont migré. Mais le pari n’est pas sans risque politique, car l’incontrôlable économiste n’a jamais peur de déplaire, persuadée que seul importe ce qui fonctionne. Son grand ami Martin Hirsch, joueur de violoncelle lui aussi, aujourd’hui directeur de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, n’a pas oublié comment Esther Duflo, chargée par lui en 2005 d’une étude randomisée sur les effets du micro-crédit, s’était pris le bec avec les promoteurs de ce mode de financement alors très en vogue. Une dispute fracassante, la jeune femme leur a démontré que leur recette était un mirage. L’éclat n’a pas empêché Hirsch, lorsque le Covid est venu brutaliser les hôpitaux parisiens, de la consulter de nouveau. L’hiver dernier, il l’a même intégrée à un petit groupe de réflexion interne. Là encore, elle bouscule, propose de faire des études randomisées entre les Ehpad et critique la campagne nationale de vaccination. « Elle pense que ce ne serait pas une honte de mettre en place des petites récompenses pour inciter les Français hésitants à se faire vacciner, résume Martin Hirsch, mais le gouvernement et le milieu académique n’y sont pas favorables, ils trouvent cela trop libéral.» Libéral ou pas, elle s’en fiche puisque ça marche. D’ailleurs, elle le recommande aux États-Unis, où le rythme des injections ralentit et où on écoute plus volontiers une experte pragmatique. Cet été, accompagnée de son mari et de leurs deux enfants, Esther Duflo retournera à Boston. Jamais simple de négocier avec elle. Émilie Lanez du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 81
les Nettoyeurs de la mort Leur équipe a été fondée par un ancien sapeurpompier de Paris. Suicides, crimes, corps découverts tardivement… Baptiste Girardet a compris que la tragédie ne s’arrêtait pas au moment du traumatisme. Avec Sang Froid, sa société, il a formé des spécialistes. Leur mission : soulager les familles d’une épreuve qui dépasse leurs forces. Photos claire delfino rePortage Mariana Grépinet
Le matelas souillé partira pour une Déchetterie spécialisée. Le corps d’un homme de 30 ans y est resté pendant une semaine. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 83
1. Se protéger, du masque jusqu’à la combinaison scotchée au poignet. Ici est mort un trentenaire atteint du syndrome de Diogène. 2. Il faudra cinq heures pour désencombrer l’appartement des poubelles et objets qu’il avait accumulés. 3. Autre lieu, autre mission. Dans ce salon, un mari a tué sa femme. La balle a traversé la bibliothèque. La maison était sous scellés depuis deux ans. 1 2 Masques, combinaisons intégrales, lunettes… Dans chaque recoin, le danger 3
4 pathogène rôde 4. Ici, le défunt, âgé, souffrant de démence, avait parsemé son pavillon d’excréments. Personne n’y est entré pendant deux ans. 5. Le canapé sur lequel son cadavre a été retrouvé est soigneusement emballé afin de prévenir tout risque d’infection. 5 Du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 85
1 2
actualité Chez Sang Froid, il faut avoir le cœur et l’estomac bien accrochés. La sophrologie aide les nettoyeurs à gérer leur stress D epuis deux ans, le sapin artificiel trône au milieu du séjour, avec ses guirlandes dorées et ses pommes de pin couvertes de fausse neige. Sur le buffet, en photo, le couple pose au temps des jours heureux. Mais, au pied de la longue table en bois, le sang a séché. Ici, le 6 janvier 2019, un homme de 69 ans tuait sa conjointe de deux balles dans le thorax. Nul, depuis, n’a été autorisé à entrer dans la maison : l’enquête n’était pas achevée. Baptiste Girardet donne les consignes : « Miguel et Corentin, vous vous occupez de la table et du tapis. Il y a beaucoup d’objets d’art et de bibelots, on y va gentiment… » Les trois hommes en combinaison blanche, masque filtrant sur le visage, parlent peu. Romain retire les adhésifs rouges posés sur les portes et les fenêtres par les services judiciaires. Ironie du sort, les traces d’autocollant sont les plus difficiles à faire partir. Après le sol, Miguel et Corentin inspectent le mobilier afin de nettoyer les marques de sang, puis passent une lampe à ultraviolets sur les murs et le plafond pour s’assurer que rien ne leur échappe. De la bibliothèque aux vitres brisées, Romain retire un livre épais, un « Kama-sutra » dans lequel une balle s’était logée. La police a emporté le projectile. L’ouvrage finit à la poubelle avec le tapis et un petit tableau, irrécupérables. Dans la pièce voisine, la fille de la victime trie des papiers. Elle avait songé à appeler 1. Pour neutraliser les odeurs et tout risque infectieux, pas d’autre solution que d’enlever les lattes de plancher. 2. Baptiste Girardet rend les clefs de l’appartement entièrement nettoyé à la mère du jeune homme décédé. une société de ménage à domicile mais s’était ravisée. « On ne peut pas envoyer des gens qui ne sont pas préparés sur des scènes comme ça », murmure-t-elle. Alors, les pompes funèbres lui ont recommandé Sang Froid, une société spécialisée dans le nettoyage et la décontamination de sites d’incidents traumatiques. Son fondateur est un ancien sapeur-pompier de Paris. Il a vécu la canicule de 2003, qui fit près de 20 000 morts en France, et se souvient de la dizaine d’interventions quotidiennes qu’il effectuait avec son équipe pour enlever des cadavres de vieillards, décédés seuls chez eux. Baptiste s’était demandé comment font les familles qui doivent nettoyer après… Il trouvera la réponse tout seul quand un oncle de 70 ans décédera dans son appartement parisien, rue de la Roquette. L’odeur qui émanait du corps en putréfaction avait alerté les voisins. Et Baptiste s’est retrouvé à nettoyer et débarrasser le trois-pièces. « Le bailleur m’avait donné dix jours. Je n’ai pas réussi à rendre les lieux impeccables. Ces images me hantent.» Un an plus tard, nouveau drame familial : l’épouse d’un cousin tue ses deux enfants et se donne la mort. À nouveau, il éponge le sang de ses proches… Entre-temps, il a passé le concours de la police scientifique pour devenir « criminalisticien de sécurité intérieure». Quand sort au cinéma le thriller « Cleaner », Baptiste se reconnaît en Tom Cutler, alias Samuel L. Jackson, ancien policier devenu « nettoyeur » de scènes de crime. Il mûrit son projet. Le métier n’étant pas réglementé en France, il part se former à Montréal. Et, en 2017, il crée Sang Froid. « Parce qu’il en faut pour faire ce métier… et parce qu’on en ramasse tous les jours », plaide-t-il à propos de ce nom, suggéré par un ami, qu’il a eu du mal à assumer. « Les hasards sont les tours que les dieux aiment jouer aux mortels », écrit l’Uruguayenne Carmen Posadas… En cet après-midi ensoleillé d’été, je le retrouve dans ses locaux de Triel-surSeine (Yvelines), situés dans une ancienne marbrerie funéraire, face au cimetière. Un agréable parfum d’eucalyptus flotte dans le hangar où Nasser et Romain préparent le matériel pour une intervention. Dans une dizaine de caisses en plastique bleu, ils rangent dégraissants, balais, franges à scratch, pulvérisateurs, éponges grattantes, chiffons en microfibre et produits pour les vitres. La veille, ils ont fini tard, occupés à nettoyer une cave dans laquelle un homme s’était pendu. Le syndic avait mandaté une entreprise classique qui a annulé sa venue au dernier moment: aucun des employés ne se sentait capable d’effectuer cette mission. Deux heures et demie après avoir été contacté, Baptiste, dont le téléphone reste allumé 24 heures sur 24, débarquait avec ses collaborateurs. Aujourd’hui, ils interviennent dans un appartement à Poissy. Trois jours plus tôt, les pompiers, alertés par des parents inquiets, découvraient un jeune homme décédé sur son lit. Le garçon buvait beaucoup, tout laisse à penser qu’il a été victime d’une hémorragie digestive. La cause exacte de la mort, Baptiste l’ignore : « Ça ne nous regarde pas. » Avant l’intervention, il s’est rendu sur place pour rencontrer la famille et calculer un devis. Un briefing sommaire. « Mieux vaut ne pas avoir trop d’infos, pour éviter de se faire des films », justifie Romain, qui auparavant travaillait dans le bâtiment. Le patron de Sang Froid présente son équipe à la mère de la victime, récupère les clefs et prend congé. « Pas de “bonjour”, nous a-t-il avertis. Il n’y a jamais [SUITEPAGE88] Le métier n’étant pas réglementé en France, Baptiste est parti se former à Montréal dU 3 AU 9 jUIn 2021 PaRiS MatcH 87
actualité de bon jour lorsque nous intervenons. Pas de condoléances, non plus. Ce ne serait pas sincère, on ne les connaît pas et ce dont ils ont besoin, c’est d’une expertise technique.» Déjà, Romain a commencé à dresser la tente en Nylon dans laquelle ils vont s’équiper discrètement. Les deux techniciens, de noir vêtus, sans flocage commercial, enfilent leur combinaison intégrale de protection à usage unique, des surchaussures et deux paires de gants. La première est en nitrile, un caoutchouc résistant ; la deuxième, en élasthanne, anti-coupures. Dans leur sac, une troisième paire, en Néoprène. Romain ajuste ses lunettes et son masque respiratoire panoramique avec cartouches filtrantes. Une carapace. « Respire par la bouche, m’explique Baptiste. Ce n’est pas une épreuve de cran… Si tu as besoin, on ressort. » Je m’engouffre après lui dans l’appartement. La puanteur est saisissante. Il a prévenu : « L’odeur de la mort n’est comparable à aucune autre. Elle imbibe tout et persiste longtemps. Un marteau en Déstresser. Avec la neurocoach Corinne Joubert, le débriefing est suivi d’un apprentissage de techniques de visualisation ou de respiration. Le pire, c’est l’odeur. Elle imbibe tout, persiste longtemps, n’est comparable à aucune autre bois non verni, récupéré chez mon oncle, sentait encore sept ans après… » Le deux-pièces semble avoir été retourné. Sur la table basse du séjour, les reliefs d’un repas japonais, une canette d’Orangina, une cigarette électronique, des écouteurs de téléphone. À côté de la corbeille de fruits qui pourrissent, les gants en plastique que le médecin légiste a abandonnés et une housse mortuaire laissée par les pompes funèbres. « Neuf fois sur dix, peste Baptiste, ils oublient les déchets médicaux. Comme la personne est morte, ils prennent les lieux pour une poubelle. » Dans la chambre, le sang a noirci sur le matelas. Même le sol est collant… Enfermé dans cet endroit clos pendant une semaine, le corps s’est décomposé, liquéfié… Des insectes volettent au ras du plancher. « Ça ne me plaît pas de nettoyer… mais on sait pourquoi on agit, insiste Baptiste. La famille ne verra rien. » La housse de couette avec des morceaux de cuir chevelu est ramassée, jetée dans la poubelle jaune destinée aux déchets d’activités de soins à risques infectieux qui sera collectée par une société spécialisée. Romain se charge de la salle de bains et de la cuisine. Il jette, nettoie la vaisselle, vide les placards, lessive le sol. Dépose dans un carton les objets personnels. Une vie défile : un contrat d’embauche en CDI comme chef cuisinier, des sachets d’épices, la reproduction encadrée d’un dessin d’Enki Bilal… Baptiste branche les machines de désinfection à l’ozone qui détruisent bactéries et virus. Une odeur âcre s’ajoute aux autres.
« Leur métier, c’est pas un sujet très cool, on n’en parle pas aux copains… », confie Maxence, le fils d’Aurélie, la femme – et collègue – de Baptiste Girardet. De chaque côté, Aaron et Noam, les garçons de Baptiste. Quatre heures après leur arrivée, Romain et Nasser s’attaquent aux lattes de parquet de la chambre. Le sang s’y est infiltré. Les asticots qui se nourrissent des chairs nécrosées s’y réfugient et y abandonnent leur carapace noirâtre, la pupe, lorsqu’ils se transforment en mouches. « Si on ne les retire pas, l’odeur persistera », assène Romain. Cheveux courts et regard franc, cet homme de 30 ans a rejoint l’entreprise il y a un an. Il faut avoir le cœur bien accroché pour faire ce métier. « Plus d’une fois, je me suis dit que je n’allais pas y arriver… J’ai l’impression que je vais m’évanouir, puis je me ressaisis grâce à des exercices de respiration », confie-t-il pendant la séance de NeuroCoaching organisée dans le pavillon propret de Baptiste. Corinne Joubert, ex-sophrologue dans des services d’oncologie et de soins palliatifs, intervient tous les deux mois pour aider l’équipe à gérer ses émotions et son stress. Ensemble, ils évoquent les interventions difficiles. Ce jour-là, Corinne leur propose de parler de leur plus grand choc visuel. Vite, la discussion glisse de l’odorat au toucher et à l’ouïe. Romain se souvient d’un tapis de cocons de mouches qui craquait sous ses pieds. « Ça m’a bien dégoûté », lâche-t-il en soulignant l’impact du réchauffement climatique, qui accélère le cycle de reproduction des insectes. « Ce n’est pas naturel, ce que vous faites », lâche Corinne. Avant de se reprendre : « Enfin… Nettoyer, c’est naturel. Le protocole, la routine vous aident à surmonter l’impact sensoriel. » L’équipe de Sang Froid est aussi confrontée régulièrement à l’insalubrité de logements occupés par des personnes souffrant du syndrome de Diogène, qui leur fait accumuler de manière compulsive toutes sortes d’objets et de détritus. Il y a peu, il a fallu vider un appartement de 30 mètres carrés et descendre du quatrième étage, sans ascenseur, 450 sacs de 100 litres d’ordures. «C’est vachement physique, je ne tiendrai pas jusqu’à la retraite », conclut Romain. Il le fait, dit-il, « pour les familles ». Nasser se remémore la première fois où il s’est trouvé seul face à la détresse. En voulant retenir son fils qui s’était suicidé devant lui de 28 coups de couteau, un père avait eu les mains tailladées. « Elles étaient encore bandées quand je l’ai vu. Vingthuit coups de couteau… Je me suis débiné, je ne savais pas comment gérer. À l’époque, j’étais un gros lâche. » Au moment du départ, leur client les a remerciés d’un : «Vous n’êtes pas assez chers. » Nasser, payé en free-lance, gagne entre 2 000 et 3 000 euros net par mois. Les interventions sont facturées en fonction du temps passé. À Poissy, le nettoyage a coûté 2 100 euros ; s’y sont ajoutés 1 600 euros pour la partie « embellissement », qui consiste à vider les lieux et à remplacer parquet et fenêtres. « Au Canada, signale Baptiste, les assurances indemnisent ces prestations. En France, elles remboursent à peine une partie de la remise en état. » Lui se bat pour que la décontamination soit incluse dans les frais de justice. Il fait partie d’un groupe de travail piloté par le ministère depuis fin 2019. Lors de la dernière visioconférence, il a aussi défendu des mesures de bon sens : que les gens qui vivent dans « Quand je raconte ce qu’on voit, les gens sont effarés » un appartement bientôt mis sous scellés puissent emporter suffisamment d’affaires, car les procédures sont longues, et qu’ils aient la possibilité de vider les poubelles, le réfrigérateur et le congélateur avant que le courant ne soit coupé. « Quand je raconte ce qu’on voit, les gens sont effarés. Ce sont pourtant les vérités du monde réel. » L’an dernier, Sang Froid a réalisé 675 interventions, dont 175 de désinfection Covid, principalement dans des entreprises. Le marché est vaste : Baptiste Girardet estime à 55 000 le nombre de suicides, homicides et morts oubliés qui nécessiteraient l’intervention de professionnels. Il négocie en ce moment avec la SNCF pour prendre en charge le nettoyage des locomotives ou des quais de gare lorsque des personnes se jettent sous un train. « La nouvelle génération de conducteurs refuse de travailler à côté de restes humains », précise-t-il. Sa PME familiale – il œuvre avec Aurélie, son épouse, ancienne salariée d’une société de vente de produits désinfectants – se porte bien. Il a recruté deux alternants, Corentin, un étudiant en commerce et marketing, et Miguel, élève en BTS métiers des services à l’environnement. Ce dernier a découvert Sang Froid lors d’un « job dating » organisé par son établissement. « On était une dizaine d’entreprises de propreté. Les autres patientaient pendant qu’une longue file d’étudiants curieux se pressaient devant notre stand », plaisante Baptiste. Il admet recevoir parfois des CV et des lettres de motivation «vraiment flippantes». Un de ses premiers employés lui avait avoué adorer nettoyer le sang. Baptiste Girardet a préféré s’en séparer. Mariana Grépinet du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 89
Jennifer Lopez Ben AffLeck Love Story SaiSon 2
Le 25 mai, à Miami, où les ex-nouveaux amants ont loué une villa face à la mer le temps d’une escapade. Chambre avec vue sur l’amour retrouvé. En 2003 déjà, beaux, riches et célèbres : bien avant les Brangelina, les Bennifer ont formé le premier « power couple » du XXIe siècle. Quelques mariages et cinqenfantsplustard–deuxpourJ.Lo,troispourBenAffleck –,ilsosentunremakecommeHollywood les aime : la passion ressuscitée avec plus de cicatrices, moins de naïveté. Blockbuster assuré. récit aurélie raya
Sad Affleck n’est plus… À l’affiche de trois films cette année, l’acteur de 48 ans a retrouvé la forme. Après une romance de neuf mois avec l’actrice Ana de Armas, il ne sera resté célibataire que quelques semaines. Crampe ou choré improvisée ? Qu’importe, J.Lo est décontractée jusqu’au bout des pieds. À 51 ans, elle est actrice, chanteuse et femme d’affaires. Sa fortune est estimée à plus de 400 millions de dollars. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 92
Pour se redécouvrir, il leur aura fallu dix-sept ans de réflexion Nouveau départ… et virée dans le Montana, début mai, où le couple a réservé une maison du très sélect Yellowstone Club.
Ils ont chacun leurs enfants, Ils ont connu la gloIre et les déboIres, leur soIf des projecteurs est assouvIe. ça va marcher entre eux S i renouer avec un ex s’apparente à du recyclage, alors Jennifer Lopez et Ben Affleck sont de fervents écologistes. Plus besoin d’impressionner, de consommer frénétiquement, de couvrir l’autre de parures, de réserver des salles de restaurant; elle et lui se connaissent tellement… Affleck serait à l’origine du retour de flamme. Dans «InStyle», récemment, l’acteur, nostalgique, laissait poindre son admiration pour Lopez, vantant son professionnalisme, son talent, sa beauté durable. Il l’aurait inondée de mails, de lettres; ils se sont offert une escapade dans son chalet du Montana, puis chez elle, à Miami… Dix-sept ans de réflexion, délai peu commun pour se rabibocher avec un ancien partenaire, ce n’est plus seulement de l’eau mais tout un torrent qui a coulé sous les vieux ponts. Ben Affleck, 48 ans, émerge à peine de sa rupture avec la jeunette et charmante comédienne cubaine Ana de Armas. Il avait présenté celle-ci à ses trois enfants, et ils partageaient une routine allègrement documentée par les paparazzis de Los Angeles. Promenade matinale de la gent canine un gobelet de café en main, courses en famille au supermarché... Ça semblait calme, serein, bien emmanché malgré la différence d’âge. La romance n’a pas tenu quatre saisons. Pourquoi revenir aux valeurs sûres ? Pour se rassurer. Le penchant naturel de Ben été 2002. Ils forment le couple le plus glam du moment. Elle a 33 ans et lui 30. Lors du tournage hot hot hot du clip de Jennifer « Jenny from the Block », auquel Ben Affleck participe, en octobre 2002. PARIS MATCH du 3 au 9 juIn 2021 94 Affleck ne le porte guère vers les tisanes bio . L’homme aime boire, beaucoup ; il a fréquenté de nombreux centres de désintoxication, promis d’arrêter, replongé. Des succès et des dérives, une existence compliquée. Avant Ana de Armas, Affleck paraissait heureux avec Lindsay Shookus, une compagne de sa génération, productrice de l’émission satirique « Saturday Night Live ». Mais voilà qu’une fille de 22 ans, mannequin pour « Playboy », est apparue dans le cadre, un soir de beuverie où il a été filmé titubant en pleine rue. L’histoire s’est achevée et un Affleck boursouflé est retourné en clinique, aidé par son ex-femme, Jennifer Garner. Sa vie sentimentale ressemble à sa carrière, alternant bonnes choses et ratages homériques. Le quadragénaire est surprenant. On aurait pu penser que «Will Hunting», coécrit avec l’ami Matt Damon, marquerait un coup isolé, le scénario pour percer à Hollywood. Pectoraux gonflés et huilés, cheveux gominés, Ben allait incarner le beau gosse par excellence. à lui les répliques monosyllabiques et les scènes d’embrassades à la chaîne ! Or, un cerveau se cache derrière ce regard un tantinet bovin. Affleck a réalisé plusieurs longs-métrages et remporté l’Oscar du meilleur film en 2013 avec « Argo », récit de la libération des otages de l’ambassade des États-Unis en Iran. Les années sans « J.Lo » n’ont pas été vaines. «J.Lo» – surnom définitif de la star latine des dernières décennies – a connu elle aussi son lot d’échecs et de ruptures, certaines grandioses, d’autres moins flamboyantes. Quand Ben a repris contact, elle venait d’annoncer sa séparation avec « A-Rod». Une des joies des commentateurs, en Amérique, est de contracter les noms et les prénoms pour accoucher d’une sorte de marque. A-Rod n’est autre que l’ancien et immense joueur de base-ball des Yankees de New York Alex Rodriguez. Quatre ans de passion entre elle et cette montagne de muscles au visage bizarre, pommettes saillantes, denture Tipp-Ex, une caricature de séducteur apprêté qui a pourtant conquis Madonna, Kate Hudson ou Cameron Diaz… Le doute étreint peu les gens à la réussite fulgurante: ils allaient convoler, deuxième mariage pour Alex, quatrième pour Jennifer. Ils posaient ensemble, se réjouissaient de l’entente de leurs enfants. Un joint-venture en marche, chacun pesant plusieurs centaines de millions. Et… patatras! Il se murmure qu’une infidélité de l’ancien sportif, autrefois condamné pour usage de stéroïdes, ne serait pas étrangère à la dissolution de l’aventure. Et J.Lo goûte peu la solitude. Lire Proust ou se gaver de glace en pleurant devant Netflix, pas son truc.
actualité Ben Affleck? Pourquoi pas! Elle l’avait aimé autrefois, du temps de la jeunesse vaniteuse, quand ils étaient trentenaires, dopés à la gloire, écrasés par la machine médiatique. Lopez et Affleck se sont rencontrés en 2002 pendant le tournage d’«Amours troubles». Au début, une camaraderie sympathique. Elle est mariée au chorégraphe Cris Judd; lui, en fin de parcours avec Gwyneth Paltrow. Peu à peu, les corps se sont rapprochés. La journée, le cinéma les oblige à s’embrasser; la nuit, ils perfectionneront les scènes, même si Affleck jure que rien, jamais, n’a eu lieu avant le divorce de madame… Les rotatives des tabloïds chauffent, les photographes ne ratent pas un instant du duo, détonant mélange d’ambition, de drames intimes, de volonté. Le père de Ben, alcoolique, a quitté le foyer tôt. Jennifer a grandi dans le Bronx, famille unie, pauvre, qu’elle abandonne à 18 ans pour courir les auditions de danse. L’un et l’autre ont traversé les affres de succès anormaux. Lui encaisse des chèques de 15 millions de dollars pour participer à des longs-métrages – «Armageddon», «Pearl Harbor»– où la testostérone chauviniste fait office de scénario. Elle diversifie les revenus de l’entreprise Lopez: des films parfois mauvais, parfois excellents, tel «Hors d’atteinte», des parfums malodorants mais rentables, des albums, de la soupe hip-hop-r’n’B latina qui cartonne… Début 2000, J.Lo campe la fille du moment, objet de toutes les convoitises. Puff Daddy l’a longtemps courtisée avant de s’afficher à son bras. Elle donne chaud à force de découvrir ses fermes abdominaux. Dévoiler son nombril est à la mode. Pas de gras apparent chez Jennifer, qui ne boit ni ne fume. « Bennifer », ou la première contraction des deux prénoms d’un couple vedette, avant « Brangelina ». Jennifer et Ben osent tout. Il accepte de se montrer dans le clip de la chanson «Jenny from the Block ». Elle y bronze fessier en évidence à l’avant d’un yacht, se pavanant tandis que lui gesticule en costume de gangster, risible. Une parodie de leur existence qui semble fort peu parodique. Ils s’affichent, déversent leurs sentiments sur papier glacé. Ben jure avoir déniché l’épouse et mère parfaite. On les perd à Boston, ville d’origine de Ben, on les récupère à Los Angeles ou Savannah, exquise bourgade de Georgie où il possède une propriété. La sortie d’«Amours troubles», en 2003, douche les ardeurs des amoureux. La critique étrille, déchiquette, massacre le film. Le véritable juge à Hollywood, le box-office, achève de les anéantir. Le flop est total. Si Lopez sait relativiser, Affleck digère mal les tombereaux de moqueries qui le visent. Mais les soucis de travail devraient aller en s’effaçant puisque le mariage se profile. La date est fixée, la bague Harry Winston offerte (1,2 million de dollars), les invitations lancées, le lieu réservé. Quatre jours avant l’autel, revirement incroyable: Jennifer et Ben ajournent leurs noces. Motif évoqué dans un communiqué: l’attention médiatique excessive. «Nous commençons à sentir que l’esprit de ce qui aurait dû être le plus beau jour de notre vie pourrait être compromis.» Une belle soirée de monsieur dans un club de strip-tease à Vancouver et des parties nocturnes de poker ou de black jack (Affleck peut perdre 800 000 dollars sans sourciller, le jeu lui coule dans le sang) n’ont pas contribué à solidifier la relation. Il a été écrit que Lopez ne supportait plus un fiancé vaseux au réveil. Bonnet de nuit et oiseau de nuit font rarement bon ménage. L’ensemble baroque, le Bostonien et la latina originaire de Porto rico, se maintient à flot quelques mois avant la chute finale. En janvier 2004, «Bennifer» rend l’âme. Chacun se console vite. Lui aura trois enfants, Violet, Seraphina et Samuel, avec la superbe comédienne Jennifer Garner: son union avec elle, célébrée sur une plage des Caraïbes, durera dix ans. Pas de scandales, messe tous les dimanches, kermesses de l’école. Mais, tapi dans les entrailles, le démon guettait et a grignoté les bonnes résolutions. Ou était-ce l’ennui d’une existence trop lisse? Ben Affleck faute avec la nounou, boit trop, se renferme, «squatte» la maison d’amis. Le divorce advint, inéluctable. Garner en fut brisée. Côté diva, J.Lo s’est éprise d’un de ses semblables, le chétif crooner newyorkais d’origine portoricaine Marc Anthony, inconnu en Europe mais vedette en Amérique du Sud. Elle accepte de s’effacer, de moins travailler, de le suivre en tournée avec leurs jumeaux, Max et Esme. Mais la popote ne dure qu’un temps. Lopez désire diriger une équipe, chanter, jouer, assurer le spectacle, bref, exister. Des fissures apparaissent, qui ne cesseront de se creuser et aboutiront au divorce. Jennifer a précisé qu’entre deux histoires sérieuses, elle avait besoin d’un homme rebond ; l’élu comble le vide sans s’incruster au-delà de la chambre à coucher. Le jeune danseur Casper Smart occupa le poste, et puis A-rod est arrivé… Ben, lui, ne saurait se contenter d’un second rôle. L’alliance peut prospérer. Ils ont le même âge, ce qui pour une célébrité de la trempe de Ben Affleck revient à fréquenter une grabataire ; les enfants sont faits, chacun a connu ses déboires, la soif de reconnaissance est étanchée. Ce « Bennifer » saison 2 ouvre des perspectives insoupçonnées, Brad Pitt et Jennifer Aniston, richard Gere et Cindy Crawford, Johnny Depp et Kate Moss, François Hollande et Ségolène royal… Le combat féministe actuel oblige à reconsidérer la contraction, qui devrait être «Jenniben». Une certitude: s’ils veulent perdurer, Jennifer et Ben ne doivent à aucun prix enclencher la suite d’«Amours troubles». Tout n’est pas possible. Et heureusement. Aurélie Raya « Amours troubles », le film qui les réunit, est un flop total. Leur idylle prend l’eau En juillet 2003, à Westwood, pour la première d’« Amours troubles », le film qui a scellé leur rencontre. du 3 au 9 juin 2021 PaRiS MatcH 95
Sara ForeStier L’insoumise Fière d’être inclassable. Dans son dernier film,« Playlist », elle s’essaie à l’éloge de l’échec. La lose… mais avec grâce et légèreté. À 34 ans, sara Forestier refuse d’être là où on l’attend. Après avoir donné « quinze ans de sa vie au drame », l’actrice déjà récompensée par deux César veut se consacrer à la comédie. « Le rire, nous dit-elle, les acteurs aussi en ont besoin. » Photos Julien Faure / rencontre Margaret Macdonald
Rue Amelot, le 28 mai. Si elle voit la vie en rose, c’est juste le temps d’un smoothie. du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 97
Près de la Bastille, dans le XIe arrondissement. À Paris, elle se dit sans domicile fixe, entre hôtels et les chambres des copains. « J’ai commencé à m’insurger quand on m’a demandé encore d’entrouvrir la bouche et de me cambrer en séance photo » rganiser un rendez-vous avec Sara Forestier n’est pas une mince affaire. L’actrice réside entre de modestes hôtels du XIe arrondissement de Paris et « la campagne », un lieu tenu secret où elle passe le plus clair de son temps, et elle ne répond que rarement au téléphone puisqu’elle ne possède plus de portable depuis quatre ans. La photographier s’avère encore plus complexe. Dans le métier, on la dit «ingérable». Un terme fréquemment employé pour les femmes qui s’imposent, qui ne souscrivent pas à l’injonction «sois belle et tais-toi» et qui ont le défaut d’afficher leur caractère. Pour le shooting, l’actrice choisit une première tenue du vestiaire prévu pour l’occasion, un pantalon chic et une chemise vintage; elle s’habille, hésite… puis se réfugie finalement dans l’immense sweat-shirt taché qu’elle portait en arrivant. Ça fera l’affaire ! Maquillage minimum. Sara Forestier PARIS MATCH du 3 au 9 Juin 2021 98 entend rester elle-même à tout prix : vingt ans à jouer des rôles l’ont rendue allergique aux faux-semblants et aux costumes qui ne lui «ressemblent pas». En photo, elle ne tient pas à se montrer jolie – un doigt d’honneur au diktat de la beauté imposée aux actrices – mais ne supporte pas, non plus, de se trouver laide. Délicat de parvenir à un compromis! Elle paraît stressée, presque apeurée, mais se montre infiniment gentille avec les équipes. «Quand j’ai commencé à m’insurger contre l’injonction au glamour pour les actrices, raconte la jeune femme, c’était parce qu’on me demandait encore d’entrouvrir la bouche et de me cambrer en séance photo. Aujourd’hui, les choses changent. Mais, il y a cinq ans, ce n’était pas le cas. » En 2017, le tsunami #MeToo s’abat sur l’industrie du cinéma et en modifie les mœurs, de force plus que de gré. « Nous sommes arrivés à l’étape où les gens s’autofliquent un peu plus », explique Sara avant de marquer un temps de pause interminable. «La prochaine est celle où chacun prendra ses responsabilités. Harvey Weinstein est tombé; c’est une bonne chose, mais ses complices sont restés intouchés. J’attends avec impatience que le système, qui a permis à un homme comme Weinstein d’agir, soit déconstruit. Ce à quoi Adèle Haenel s’attaquait en quittant la cérémonie des César. Nous n’avons parlé que du courage de sa parole sans vouloir analyser pourquoi elle n’a pas pu parler pendant aussi longtemps. Pourquoi sommes-nous dans un système qui contraint une femme à treize années de silence ? » Elle a le sourire aux lèvres, mais une pointe de tristesse dans le regard. Sara aussi a connu son lot de violences au cinéma. En 2017, un acteur – Nicolas Duvauchelle – la gifle sur le tournage de «Bonhomme», de Marion Vernoux. Elle quitte le plateau, remplacée au pied levé par Ana Girardot. Durant les mois qui suivent l’incident, l’affaire s’ébruite via l’équipe du film et une rumeur se répand: ce serait Sara qui aurait giflé Duvauchelle. «Ils avaient peur
actualité du siècle, les puces de lit, qui tombe amoureuse de son vendeur de matelas plutôt que de Hugh Grant. Filmée en noir et blanc, ce premier long-métrage de Nine Antico est une ode à l’amitié féminine et une néo-comédie romantique comme on en voit peu dans le cinéma français. « Ce film fait l’éloge de la lose et j’ai aimé ce rôle, parce que je trouve courageux d’affronter par le biais d’un personnage féminin l’échec, qui reste un tabou dans notre société. Pourtant, la beauté se situe dans les failles et la vulnérabilité. Ta vie est peut-être éclatée au sol mais tu vaux quand même de l’or. » Le registre du film semble comique, mais Sara y devine sans doute un parallèle entre sa trajectoire et celle de Sophie, l’héroïne. «J’ai perdu le goût des plateaux, notamment à cause de ce qui s’est passé sur le tournage où j’ai subi de la violence. Ça m’a traumatisée, j’ai perdu confiance dans les gens du cinéma et je ne m’entendais plus avec eux. Le piège s’est refermé sur moi, car j’étais méfiante et ça provoquait des crispations dans mes rapports avec les autres. Je me sentais jugée et on me pointait du doigt en disant que j’étais folle… C’est le sort des femmes qui refusent de se soumettre. Parce que je n’ai pas accepté l’humiliation et la violence, on a voulu me faire passer pour une ingérable.» Elle se reconnaît en Maïwenn qui porte, elle aussi, cette étiquette. « Il y a énormément d’hypocrisie. Les questions d’argent priment l’humain. On se sépare difficilement d’un agresseur sur un tournage, c’est trop Depuis quatreans, elle ne possède plus de portable coûteux au niveau des assurances. L’argent est le nerf de la guerre. » Alors qu’elle n’appartient plus qu’artistiquement au monde du cinéma, Sara s’est résolue à une forme de solitude, lot de ceux qui nagent à contre-courant. « La solitude fait partie de l’existence. J’ai pratiqué la superficialité sociale. Mais je n’y arrivais pas, faire semblant, c’est du temps où l’on n’a pas le plaisir d’être soi. » Lors de l’interview, Sara confie qu’elle souhaite arrêter le métier d’actrice ; mais, deux jours plus tard, elle nous rappelle pour clarifier ses pensées : « C’était simplement ce que je ressentais à un moment précis. » Son personnage dans « Playlist » marque le début d’une nouvelle ère dans sa carrière, car Sara écrit actuellement une série et un longmétrage qui relèvent du registre comique : « Et attention, ce sont des grosses comédies, précise-t-elle. À la “40 ans, toujours puceau” de Judd Apatow, pas des comédies d’auteur. » La preuve, elle vient d’achever le tournage de « Haters », avec Kev Adams, pour Prime Video. « Il n’y a pas de mode d’emploi pour le métier d’acteur. Je n’ai compris que tardivement que je m’abîmais à faire des drames, car j’étais seule face à mes émotions, tout le contraire des rôles comiques. Le rire est nécessaire pour le public, pour les comédiens également. Tu fais rire l’équipe à la première prise et tout le monde change de regard sur toi. Je me sens bête d’avoir attendu aussi longtemps pour faire des comédies. » La légèreté peut réconcilier Sara Forestier avec les plateaux de tournage. MargaretMacdonald Maqu age : Valérie Beauregard. Sty sme : Mina Njah / La Redoute, Pomandère, Roger Vivier. que je parle, ils ont donc voulu me décrédibiliser en prétendant que j’avais frappé quelqu’un. Si j’avais su qu’ils mentiraient de cette manière, je ne me serais pas tue sur le moment, parce que j’ai été trop gentille et ça s’est retourné contre moi. Ça a été vraiment très difficile.» Face à l’hostilité collective, heurtée par les ragots à son encontre, Sara décide de se retirer un temps. Sa filmographie, importante, s’étiole tandis que celle de Nicolas Duvauchelle décolle. « J’ai beau connaître mes valeurs et être en phase avec moi-même, j’ai dû m’extraire de ce milieu afin de me protéger. Indéniablement, c’est un métier violent, qui abîme. Ceux qui le font avec leur cœur peuvent finir drogués ou défoncés mentalement. Mon retrait est une réaction saine. Je suis abîmée mais j’ai su dire stop: ma vie est plus importante que ce milieu.» La pandémie de Covid-19 tombe alors comme une bénédiction. «Le chaos m’habitait, et le fait qu’il y ait le chaos dans le monde m’a fait du bien. J’étais rassurée de nous sentir tous vulnérables, parce que moi, je n’arrivais plus à suivre le rythme.» Dans une société obsédée par le succès, la vulnérabilité effraie davantage que l’infirmité ou la laideur. Sara Forestier en a fait sa spécialité et a incarné à répétition des personnages à fleur de peau, avec une justesse inconfortable. Pour elle qui fut découverte à 13 ans lors d’un casting de jingles pour Canal J, le cinéma s’est imposé comme une évidence. De «L’esquive», d’Abdellatif Kechiche, à «M», qu’elle réalise et où elle interprète une bègue, en passant par « Hell », de Bruno Chiche, « Suzanne », de Katell Quillévéré, ou « La tête haute», d’Emmanuelle Bercot, la comédienne césarisée à deux reprises multiplie les rôles dramatiques, tiraillée entre le désir de plaire et un anticonformisme viscéral. On lui reproche dans la vie ce qu’on aime chez elle à l’écran. «Dans mes rôles, j’ai quelque chose d’un peu punk caché par une grande douceur», analyse-t-elle après un énième silence prolongé. « J’ai beaucoup d’empathie pour les êtres humains. Peut-être trop, parfois. Ma liberté vient de l’éducation que mes parents m’ont donnée. Ils m’ont permis d’être qui je voulais. L’existence est tellement sauvage et brutale! Sans douceur, c’est invivable.» Loin de ses rôles habituels, Sara interprète dans « Playlist » une dessinatrice en herbe, en quête d’amour et de reconnaissance professionnelle, toujours à fleur de peau. Une Bridget Jones parisienne victime du mal
vivre joaillerie 102 Les inédits de la place Vendôme beauté 104 Du piquant dans vos soins ! voyage 106 Bienvenue chez les stars jeux 113 Superfléché avenir 114 Le bracelet antidouleur auto 115 La 2 CV fait « volt » face finances 116 Comment améliorer sa retraite santé 132 La nouvelle hypnose : méthode et application archives 135 1957, Elizabeth II et Philip, deux amoureux à Paris ESCAPADES CHEZ LES CÉLÉBRITÉS Le temps d’un week-end ou pour quelques jours d’été, on s’offre un séjour chic et glamour dans la demeure du XVIIIe siècle de Catherine Deneuve ; on dîne à la table familiale de Francis Ford Coppola ou on monte le son chez Ron Wood. De l’Europe aux États-Unis, embarquement immédiat pour savourer l’art de vivre de ceux qui forgent le rêve de notre époque. (Pages 106 à 112) crédits photo : P.100: P.garcia. P.102 et 103: courtesy of Dior, chanel, cartier, louis vuitton, f.helwig. P.104 : getty images, Dr. P.106 à 112: P.garcia, g.bensimon, g.Pfotenhauer, j.Paul, j.becker / contour pour getty images, f.nadeu, n.Koenig, getty images, Dr. P.114 : Dr. P.115 : c.choulot. P.116 à 130 : getty images, j. faure, P.fouque, Dr. P. 132 : getty images, Dr. P. 135 : Walter carone. P. 136 et 137 : Willy rizzo, rené vital, Walter carone, françois Pages, Dr. P. 138 et 139 : rené vital, Maurice jarnoux, jack garofalo. P. 142 : P.Petit, afp. Paris Match du 3 au 9 juin 2021 100 jeux 140 Mots croisés, Sudoku c’est la vie 142 Pom-pom seniors : ces Japonaises ne sont pas des mamies !
Entrée gratuite Inscription obligatoire quefaire.paris.fr/SimoneVeil #nousvousaimonsmadame 29 mai 1974, Simone Veil au Conseil des ministres à l’Élysée © Keystone-France/GAMMA RAPHO Exposition Mai-août 2021 Hôtel de Ville
VIVRE JOaiLLeRie nombre d’or Pour rendre hommage aux 100 ans du parfum N° 5, Chanel lui consacre une collection de haute joaillerie magnifique. Ainsi, ce collier Golden Burst se compose de 54 topazes impériales dont les tons ambrés, cuivrés et rosés font écho à celui de la fragrance. Outre la subtilité de cet appairage, il a fallu un an pour tailler les gemmes sur œuvre. Les topazes les plus importantes dépassent les 20 et 25 carats et font vibrer un diamant central de 4,51 carats. Objets de désir par Fabienne Reybaud Fraîchement sorties des ateliers, ces pièces de haute joaillerie sont emblématiques de l’excellence d’un savoirfaire parisien qui demeure, envers et contre tout, unique au monde. « Les clients, surtout les collectionneurs, veulent toujours être les premiers à découvrir une création exceptionnelle, confie un marchand de la place Vendôme. Quelques-uns sont même prêts à payer plus pour voir un bijou de haute joaillerie vierge de tout regard… » Comme dans le marché de l’art, si les maisons préfèrent réserver la primeur de leurs collections aux plus fidèles, elles peuvent consentir à en donner un avant-goût au grand public. « Cela peut susciter le désir chez ceux qui ne sont pas clients et attiser celui de ceux qui le sont, rappelle l’ancien patron d’une marque célèbre. Lors des grandes années de la Biennale des antiquaires à Paris, nous avions parfois jusqu’à cinq demandes pour un même collier à plus de 1 million d’euros. Je leur disais toujours : “Premiers arrivés, premiers servis !” » Aujourd’hui, la pandémie a redistribué la donne : les milliardaires extra-européens ne pouvant pas voyager, les bijoux sont présentés en vidéoconférence avant d’être expédiés aux quatre coins de la planète pour qu’ils soient essayés. Baroque Ce collier fait partie du deuxième volet de la collection Sous les étoiles dont le premier opus a été présenté en janvier à Paris. Plutôt que de figurer les astres, Van Cleef les sublime par une vision abstraite portée par trois pierres de centre exceptionnelles, deux saphirs de Ceylan de 13,40 et 7,56 carats et un diamant extra-blanc de 5 carats. L’assemblage en chevron des brillants et des saphirs navettes laisse sans voix. Les inédits de La pLace Vendôme Des rubis gros comme des cerises, des rivières de saphirs céruléens, une avalanche de diamants… Les marques s’apprêtent à dévoiler leurs nouvelles collections de haute joaillerie 2021. En avant-première, cinq précieux extraits. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 102
Victoire de Castellane « Le bijou est un prolongement de soi. Je le perçois toujours comme un personnage, une chose vivante » Interview par Fabienne Reybaud En deux décennies, la directrice artistique de la joaillerie Dior a su imposer son style dans un univers peu enclin aux créations hétérodoxes. À l’occasion de la sortie de Dior Rose, entretien avec une femme qui a un rapport singulier aux bijoux. Paris Match. Selon vous qu’est-ce qui motive une femme à acheter une pièce de haute joaillerie? Victoire de Castellane. C’est l’envie, le désir de s’appro- Floral Pièce maîtresse de la collection Dior Rose, ce collier, serti d’une nuée de pierres précieuses, arbore un saphir birman magnifique, taille émeraude, de 14 carats. prier l’objet. Il y a une séduction qui se noue entre la femme et le bijou, à laquelle s’ajoute la fascination pour les pierres qui représentent la préciosité ultime. Je crois que la joaillerie a un double effet, c’est à la fois une sorte d’armure de protection entre la femme et le monde et une source de joie, très enfantine, de l’objet coloré, du collier qui brille dans la lumière et chatoie sur la peau. Vous êtes connue pour avoir remis en question les codes de ce secteur grâce à une créativité débridée. Je ne me suis jamais rien interdit. Je dirais que j’ai pris une autre voie que celle qui existait à mes débuts en 1998 dans la maison. Ce n’était pas politique, ce n’était pas de la provocation, j’ai voulu créer des pièces qui correspondaient à mon goût, que j’avais envie de porter et qui n’existaient pas. L’offre était bien moins créative et pléthorique qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas de couleurs, peu de pierres singulières comme l’opale, les collections ne racontaient pas d’histoire, la fantaisie, la légèreté ou a contrario les volumes XXL ne faisaient pas partie du vocabulaire des joailliers. J’ai toujours aimé osciller entre différents styles, faire le grand écart entre le figuratif et l’abstrait, inventer de nouveaux jeux de couleurs, de nouvelles associations de pierres et de matières, sentir la main de l’homme. Il nous faut près de deux ans pour sortir une collection de haute joaillerie. Nous travaillons avec dix ateliers parisiens afin d’obtenir cette qualité extrême et unique. Dans la collection Dior Rose que vous dévoilerez en juillet, on retrouve votre goût pour la narration… Sixième sens Tel est le nom de l’ensemble de haute joaillerie que Cartier révélera fin juin. En attendant, il dévoile cette bague Phaan dont l’architecture repose sur une construction à étages. Au sommet trône un rubis thaïlandais de 8,20 carats sous lequel Cartier a inséré un diamant coussin de 4 carats. La mission de ce caillou invisible ? Amplifier l’éclat et l’intensité du rouge du rubis central… Sophistiqué ! Carrossé L’arrivée de Francesca Amfitheatrof à la direction artistique joaillerie de Louis Vuitton a galvanisé la créativité. Pour preuve cette bague réalisée pour une cliente richissime. Présence du « V signature » sur la monture, graphisme des lignes, beauté des pierres avec un saphir bleu-violet de plus de 13 carats et deux saphirs fuchsia… C’est très contemporain. Et tout y est. Oui, je n’ai pas cessé de raconter des histoires avec les bijoux que je crée. Dior Rose a été inspiré par la rénovation de l’hôtel particulier du 30 avenue Montaigne qui sera conçu comme une galaxie avec des mondes qui cohabitent. Ces roses précieuses sont les habitantes de la planète Dior. Certaines sont figuratives, d’autres abstraites, mais toutes se nourrissent de différentes influences, la nature, la couture… Même quand je dessine une bague abstraite, je la perçois comme un personnage, une chose vivante que la cliente va s’approprier. Le bijou est un prolongement de soi. Vingt ans après, quel regard portez-vous sur votre travail? J’ai l’impression d’être restée fidèle à moi-même. Pour moi, créer, c’est respirer. Je ne triche pas. Si mes bijoux ne plaisaient pas, je serais très peinée.
beauté VIVRE du piquant dans vos soins Hérissés d’épines urticantes, le cactus, l’ortie ou le chardon n’ont pourtant pas leur pareil pour faire du bien à la peau. Il est temps de redécouvrir ces plantes qui se piquent de bienfaits. par aurélia Hermange Surexposées au vent et au soleil, ne disposant que de très peu d’eau et d’un sol souvent pauvre en nutriments, ces plantes ont dû développer des capacités d’adaptation hors norme pour survivre. Une résistance aux conditions extrêmes qui n’a pas échappé aux cosmétologues qui s’en sont emparés pour formuler des soins inspirés de leur pouvoir de régénération. La figue de barbarie nourrissante L’agave revitaLisant Dotée d’un métabolisme exceptionnellement doué pour résister à la sécheresse, la figue de Barbarie est utilisée depuis des millénaires pour ses vertus régénérantes. Son huile est l’un des antioxydants naturels les plus puissants : un actif idéal pour lutter contre les radicaux libres responsables du vieillissement prématuré et régénérer les cheveux. Adapté aux climats arides, l’agave sécrète des fructanes, des sucres capables de retenir l’eau. Ils permettent de booster la microcirculation et le renouvellement cellulaire et d’améliorer l’irrigation des bulbes capillaires. Ils rééquilibrent l’épiderme et le cuir chevelu et stimulent la synthèse d’acide hyaluronique. L’ortie purifiante L’aLoe vera Hydratant Sérum régénérant à l’huile de figue de Barbarie, Christophe Robin, 43 €. Soin masque intense, Shaeri, 29 €. Crème des légendes, Kos, 120 €. Dream Eye Cream, Youth to the People, 47 €. Mieux vaut croiser l’ortie dans un pot que lors d’une balade ! Cette plante possède de multiples vertus bien connues des labos cosmétiques. Tonifiantes et raffermissantes, ses racines sont également riches en actifs équilibrants et reminéralisants pour les cheveux gras. Sans piquer. Shampooing PhytoCédrat purifiant sebo-régulateur, Phyto, 11,50 €. Mon shampooing purifiant, Laboratoire Giphar, 7,90 €. Shampooing nourrissant réparateur, Forvil, 32 € sur forvil.com. Shampooing soin solide chanvre et ortie bio, Logona, 7,80 €. Hydra-Global Serum, Sisley, 204 €. Shampooing agave renforce et anti-casse, Maui Moisture, 11,99 €. Super Radiance Resurfacing Facial, Charlotte Tilbury, 66 € chez Sephora. Gel crème hydra végétal, Yves Rocher, 15,90 €. Cette plante est dotée de feuilles charnues qui dissimulent un gel cicatrisant et une réserve de vitamines, de minéraux et d’oligoéléments. Ce puits d’hydratation possède aussi d’incroyables pouvoirs réparateurs: capable de stimuler la production de collagène et de cicatriser les brûlures, elle présente des vertus anti-inflammatoires et a fait ses preuves dans le traitement du psoriasis. Mousse nettoyante et purifiante, Physiodermie, 39 €. 50 % d’aloe vera. Émulsion visage super nature, Huygens, 29 €. Sérum Thirst Trap Juice, Wishful, 47 € chez Sephora. Baume universel hydratant, Fleurance Nature, 6,50 €. Le cHardon assainissant Méditerranéen, le chardon inhibe l’oxydation du sébum grâce à ses propriétés antioxydantes. C’est l’ingrédient idéal pour le soin des peaux grasses à imperfections. Son huile riche en oméga 6 régénère le film hydrolipidique de la peau pour l’assouplir et maintenir son élasticité. Correcteur anti-boutons Spot Off, oOlution, 19 €. PARIS MATCH du 3 au 9 juIn 2021 104 BB Cream réparatrice Le Chardon et le Marabout, Garancia, 31,50 €. Huile aérienne corps bio, Estime & Sens, 23 €. Sérum Silymarin CF, SkinCeuticals, 155 €.
“ Ma peau a enfin trouvé l’âme sœur. Entre nous, c’est l’affinité parfaite. ” Audrey Fleurot LA BIO-AFFINITÉ® JONZAC L’alliance unique d’une eau thermale riche en minéraux et d’actifs biomimétiques naturellement présents dans la peau dans des soins certifiés bio, haute tolérance et à l’efficacité prouvée. Une exigence de formulation au plus près de la physiologie de la peau pour une affinité parfaite avec toutes les peaux, même les plus sensibles. Vous aussi trouvez l’âme sœur de votre peau, faites votre diagnostic sur eauthermalejonzac.com En parapharmacies et pharmacies, magasins bio et sur leanatureboutique.com SOINS FABRIQUÉS EN FRANCE TUBES ET FLACONS ÉCO-CONÇUS SOINS À 99% NATURELLE D’ORIGINE CONVIENT AUX VEGANS 0% ALCOOL, SILICONE HUILE MINÉRALE Convient aux vegans : sans ingrédient ou dérivé d’origine animale. Cosmétique bio : hors spray thermal. JONZAC, LA COSMÉTIQUE BIO THERMALE®
voyage 1 Bienvenue Chez les staRs Dormir chez Catherine Deneuve, Robert De Niro, Bono… c’est possible ! Début des visites en Normandie, avec la maison Directoire de l’actrice française, devenue un somptueux hôtel. Cerise sur le gâteau, éric Frechon est aux fourneaux. Par Catherine Roig / Photos Philippe garcia 3. L’escalier qui mène aux chambres, éclairé par des suspensions en céramique de Paola Paronetto. 4. Le bureau horticole de Catherine Deneuve, transformé en boudoir fleuri. 5. Le spot idéal pour boire un verre sur l’Eure. La départementale 16 file à travers champs, aux confins de l’Île-de-France et de la Normandie. Rien ne laisse penser que l’une des plus grandes actrices françaises est venue cultiver son jardin dans les parages pendant trente ans. Pourtant, à peine foule-t-on les terres de Primard que l’on ressent la présence de Catherine Deneuve dans chaque rose, dans chaque pièce de ce domaine, qu’elle a cédé à Frédéric Biousse et Guillaume Foucher, le couple qui réinvente avec panache l’hôtellerie à la française. L’un est financier, l’autre historien de l’art et galeriste. À la tête de sept établissements aussi beaux qu’authentiques, ils ont su gagner la confiance de l’actrice. Il faut dire qu’ils subliment les lieux qu’ils acquièrent, à coups d’investissements stratosphériques et d’un talent hors norme. «Dans un premier temps, on a vu en PARIS MATCH dU 3 AU 9 jUIn 2021 106 Primard notre maison de campagne, confie Guillaume. Mais c’est si grand que l’on a préféré en faire un hôtel.» De luxe, cela va de soi. À la maison de l’Eure, comme posée sur la rivière, s’ajoute la maison du Lac, l’ancien bûcher où se nichent le spa Susanne Kaufmann et six chambres douillettes. Un peu plus loin, la maison du Verger abrite le restaurant gastronomique et le bistrot, emmenés par éric Frechon, associé et chef exécutif. Partout, le confort absolu se double d’un service impeccable. «On tient à ce que tout soit parfait, des matelas au WiFi, mais rien de tout cela ne doit se voir», dit Frédéric Biousse. La preuve par la visite des lieux. Comme l’actrice aimait à le faire, on entre par la cuisine. Une pièce chaleureuse, qui touche éric Frechon au cœur. « S’il est un endroit où la présence de Catherine Deneuve se ressent, c’est bien ici. J’ai gardé [SUITEPAGE108]
VIVRE PARIS MATCH OPÉRATION SPÉCIALE © Reto Duriet LesecretdePrimard Édifié au XVIIIe siècle dans le style Directoire pour le marquis de Dampierre, Primard aurait un lien particulier avec le château d’Anet, tout proche. Celui-ci, bâti par Henri II pour Diane de Poitiers au XVIe siècle, fut très endommagé pendant la Révolution française. Une quantité importante de pierres issues de ces dégâts aurait opportunément « migré » vers Primard, alors en pleine construction. 1. On découvre Primard, une maison d’eau bordée par l’Eure et entourée de douves, en visitant le jardin. 2. Immense actrice, Catherine Deneuve est aussi une jardinière hors pair. JOUR 1 /6 JURA & TROIS-LACS RESPIREZ LE GRAND AIR Avec ses 220 randonnées, Jura & Trois-Lacs a de belles histoires à raconter aux voyageurs qui s’aventureront sur ses chemins verdoyants et préservés. Prenez de la hauteur et admirez la vue 2 3 4 On le surnomme le « paradis de la randonnée ». Le massif jurassien et ses sommets, qui courent le long de la frontière franco-suisse au nord-ouest du pays helvète, offrent des panoramas exceptionnels sur les lacs et les Alpes. Sur la route des crêtes de Chasseral, pâturages boisés striés de murs en pierres sèches, combes, plateaux et vallées se succèdent dans une nature verdoyante. N’hésitez pas à faire appel à Noé Thiel, un accompagnateur en montagne féru de plantes sauvages. Tout au long de la balade, il vous racontera des anecdotes sur les lieux rencontrés ainsi que la manière de cuisiner les végétaux trouvés. Une expérience insolite. Sur les chemins de la réserve naturelle de Combe-Grède, vous pourrez traverser des gorges avant de grimper aux échelles pour atteindre ses hauts plateaux avec vue sur les Alpes. Gare aux marmottes et chamois ! Découvrez les métairies Après l’effort, le réconfort. Il est bon de reprendre des forces sur la terrasse d’une auberge de montagne, que l’on appelle ici une « métairie ». Ce sont des fermes-restaurants qui jalonnent les crêtes du Jura suisse et accueillent les randonneurs dans un cadre authentique. Vous y dégusterez sans modération les produits qui y sont façonnés ainsi que rösti, fondues, croûtes au fromage, charcuteries et autres spécialités. C’est en dégustant l’un de ces fameux plats roboratifs que l’on apprécie le charme rustique de cette région attachante et authentique. Un passage obligatoire. Plus d’infos sur j3l.ch et suisse.com/ete © Vincent Bourrut 5 POUR DÉCOUVRIR LES AUTRES RÉGIONS Rendez-vous sur refletsdesuisse.fr
VIVRE Inspiré par la nature omniprésente à Primard, le chef Éric Frechon a créé une cuisine sublimant le produit, à l’image de ce « pigeon voyageur », le plat signature du lieu. sa cheminée, on a juste ajouté un fourneau à l’ancienne », souligne le chef triplement étoilé. On imagine l’actrice assise à la table, refaisant le monde avec Yves Saint Laurent autour d’un bœuf aux carottes. « Les gens ne pourront pas s’empêcher de chercher des indices, semblent regretter Frédéric Biousse et Guillaume Foucher. Mais nous ne souhaitons pas faire un musée!» s’exclament-ils. De fait, la «maison» –en réalité un château de 35 pièces – a été restaurée de fond en comble. Cinquante nuances de bleu ont remplacé les teintes saumonées qu’affectionnait l’actrice. Des gravures botaniques de Redouté montent à l’assaut de l’escalier. Un salon a vu ses murs se couvrir d’anciens modèles officinaux de champignons, chinés par Guillaume, qui a assuré toute la décoration, laquelle mêle esprit du XVIIIe siècle et touches contemporaines. Les chambres donnent sur l’Eure et les douves, où glissent cygnes et colverts. S’y ajouteront des chevaux, des moutons noirs d’Ouessant, des vaches Highland… pour le plaisir des clients qui profiteront aussi du verger et de la roseraie. Ils y marcheront dans les pas d’une passionnée de roses au point de collectionner des centaines d’ouvrages d’horticulture PARIS MATCH dU 3 AU 9 JUIn 2021 108 Frechon en trois versions Un « gastro », un bistrot, une table d’hôtes : Éric Frechon, épaulé par le chef Yann Meinsel, a conçu trois lieux où se restaurer à Primard. Inspiré par la proximité de sa Normandie natale, il se coule avec malice dans le terroir local. Ainsi, le plat signature du restaurant gastronomique Églantine est un pigeon lové dans une enveloppe postale ! « Un clin d’œil aux concours de pigeons voyageurs de mon enfance normande », confie le chef. Pour les desserts, il mise sur le lait de la région, dont il décline les goûts et les textures sur une base glacée. Côté bistrot, il titille la nostalgie des gourmands, avec des plats comme les rognons flambés au cognac sauce moutardée, la poitrine de cochon laquée au miel et rôtie à la broche devant les clients, et un fameux burger à la cheminée. Enfin, dans la cuisine qui vit Catherine Deneuve faire mijoter de mémorables blanquettes, et que l’on peut privatiser, on déguste de généreux potages, rôtis, gratins et clafoutis autour de la table d’hôtes. Le tout, parfumé aux herbes du potager. « Quant aux roses, peut-être m’inspireront-elles un jour un dessert ! » La serre où Catherine Deneuve réalisait ses boutures a été transformée en salon de thé. qu’elle rangeait dans son bureau, désormais tapissé de papier peint fleuri et meublé d’une banquette en velours rose, reproduisant celle de l’appartement parisien de Christian Dior. Depuis ce boudoir, Catherine Deneuve veillait sur le somptueux jardin de roses et de buis qu’elle avait conçu avec le paysagiste Jacques Wirtz –qui a sévi aux Tuileries ou à l’Élysée. « Nous avons une admiration sans bornes pour le travail qu’elle a réalisé ici, dit Guillaume Foucher. Elle avait créé un arboretum, planté 350 sortes de rosiers, surtout anciens et anglais. Ses connaissances horticoles nous ont bluffés. La moindre des choses, c’était de perpétuer tout cela. » Les chanceux qui séjourneront ici pourront en attester : Primard est un paradis. CatherineRoig A partir de 290 € la chambre double jusqu’à 540 € pour la suite Jardin. lesdomainesdefontenille.com/domainedeprimard.html. [SUITEPAGE110] Ciel, glacier, sarcelle… des chambres à la cuisine en passant par les salons, le bleu se décline dans de multiples nuances.

VIVRE Comme dans tous les hôtels italiens, le cœur et l’âme du lieu est la gastronomie. LePaLazzoMargherita deFrancisFordcoPPoLa Pour ces célébrités, posséder un hôtel ne relève ni du placement ni du hobby. Mais d’une envie de faire partager leur univers. Qui fait souvent envie… Par romain clergeat Le réalisateur, déjà propriétaire d’un domaine viticole, a pris goût au rôle de maître hôtelier. Aujourd’hui, il possède cinq hôtels mais sa « Palme d’or » est en Italie, évidemment. Au cœur du village de Bernalda où son grand-père est né. Revenu en pèlerinage en 2004, Francis Ford Coppola est saisi par la beauté du plus bel édifice de la ville : le palazzo Margherita. Un palais du XIXe somptueux mais bien décati. Le cinéaste ne réfléchit pas, l’achète et le fait rénover avec le concours de Jacques Grange. Pendant près de dix ans, le lieu deviendra le refuge des Coppola. Sofia s’y mariera en 2011 et, un an plus tard, la famille décidera d’en faire un hôtel. Selon le principe valable pour toutes les chambres des établissements Coppola, chaque membre de la tribu a choisi la déco de la sienne : des tons pastel pour la suite Sofia, plus Art déco pour le fils Roman et ambiance nord-africaine pour celle de Francis et de sa femme. Et bien sûr, la musique du « Parrain » en fond sonore dans la trattoria... De 560 à 1 850 euros la nuit en chambre double. thefamilycoppolahideaways.com. Andy Murray et sa femme en pleine partie de croquet, devant le restaurant vitré où l’on sert une cuisine étoilée. thecroMLixd’andyMurray enÉcosse C’est comme enfant du pays, à Dunblane, dans le nord de la Grande-Bretagne, que le tennisman a racheté en 2013 ce manoir victorien menacé de fermeture. Chaque suite (seulement 15 chambres) porte le nom d’un héros national : Sean Connery of course, ou encore Ian Fleming. Quant à la gastronomie, elle est élaborée par Albert Roux, premier 3-étoiles d’Angleterre, décédé en janvier cette année, mais reprise par son fils, Michel Roux Jr., dans un subtil mariage entre cuisine écossaise et… italienne. Si, si. Ou plutôt, yes, yes. De 360 à 625 euros la nuit en chambre double. cromlix.com. PARIS MATCH DU 3 AU 9 jUIn 2021 110 [SUITEPAGE112]
RC S PARIS 792 111 551 Le meilleur prix mais pas à n’importe quel prix. Pouvoir d’Achat. 0€ 99 Boisson au thé saveur pêche 1.5L. Soit 0€66 le litre. Savoir d’Achat. Origine des ingrédients Sucre : Europe. Thé noir : Argentine, Chine, Inde et/ou Indonésie. Pêche : Afrique et/ou Europe. Lieu de fabrication France (Le Quesnoy, dans un site de fabrication de 180 salariés). Nutri-Score D. Marque Repère, en plus de protég Pouvoir d’Achat, vous propose le Savoir d’Achat. Origine des ingrédients principaux, lieu de fabrication et Nutri-Score, à retrouver sur le drive E.Leclerc et progressivement sur les emballages de tous nos produits alimentaires. Vous pourrez toujours compter sur Marque Repère. POUR VOTRE SANTÉ, ÉVITEZ DE GRIGNOTER ENTRE LES REPAS. WWW.MANGERBOUGER.FR
VIVRE Deux stars sur une photo : Ron Wood et le plus célèbre juke-box, le Wurlitzer. Une image que seuls de rares chanceux ont pu apprécier: Robert De Niro dans le rôle du concierge de son propre hôtel! Ci-dessous, le penthouse à l’esthétique japonisante. lasuiTeronWood duPalaCedeBarCelone Devenu peintre (presque autant que musicien depuis vingt ans), le guitariste a accepté avec enthousiasme de décorer une suite à son nom. « Il voulait une atmosphère rock’n’roll, mais pas trop, explique Eva Cheung, l’architecte d’intérieur de l’hôtel. Et marier du mobilier Art déco avec sa couleur préférée, le mauve. » Le résultat est en premier lieu étonnant car on s’attend à une ambiance plus sauvage. Très vite on est séduit par l’univers classieux mais un peu canaille imaginé par le guitariste des Rolling Stones. Et quand on regarde en détail, du choix du lustre dans la chambre en forme de palmier, en passant par la lampebougeoir de bureau ou les fauteuils pourpres qui ne dépareilleraient pas dans la loge de Keith Richards, on comprend que tout a été pensé par un homme au goût sûr, qui a su marier un certain classicisme avec un esprit rebelle « haut de gamme ». De 288 à 2 580 euros la nuit en chambre double. hotelpalacebarcelona.com. ThegreenWiChhoTel deroBerTdeniro S’il n’était pas acteur, De Niro serait probablement le «parrain» du quartier Tribeca. Là où il est né et où il vit depuis toujours. C’est au milieu des années 1990 qu’il commence par investir dans son «pâté de maisons», notamment avec le Tribeca Grill. En 2008, il se lance dans l’hôtellerie et ouvre The Greenwich Hotel. Toujours dans son quartier de Tribeca, comme son nom ne l’indique pas. Là encore, la réussite est totale. Il mêle des matériaux du New York industriel à des pièces d’artisanat d’art du monde entier. Une déco élégante où se croisent tapis italiens, meubles anglais, trophées africains et… des œuvres de son père, sculpteur. ambiance newyorkaise, univers rock’n’roll, atmosphère de club anglais ou île privée de rêve... À partir de 615 euros la nuit en chambre double ; 12 300 euros le penthouse. thegreenwichhotel.com. PARIS MATCH Du 3 au 9 juin 2021 112 Quand Paul David Hewson et Dave Evans ne s’appelaient pas encore Bono et The Edge, ils fréquentaient « assidûment » le bar du Clarence Hotel en rêvant de gloire et de musique. U2 devenu l’un des plus grands groupes de l’Histoire, ils ont décidé, au milieu des années 1990, de racheter l’établissement et d’en faire un lieu plus chic et ont confié la réalisation des travaux à Norman Foster. Longtemps déficitaire, l’hôtel a été agrandi et est maintenant rentable. Pour le groupe aussi, qui y tourne parfois des vidéos sur le toit et s’y montre incognito pour boire une pinte. Il suffit d’y être au bon moment. romain Clergeat De 140 à 426 euros la nuit en chambre double. theclarence.ie. eTaussi Le super écolodge au Belize de DiCaprio : The Blackadore Caye (photo), Le Mission Ranch, de Clint Eastwood, le Bedford Post de Richard Gere, le Sundance Mountain Resort de Robert Redford, le Gwinganna Lifestyle Retreat de Hugh Jackman, le Pestana CR7 de Cristiano Ronaldo à Madère et à Lisbonne… TheClarenCehoTel de Bono eT The edge àduBlin Bono et The Edge, fidèles à leur Dublin natal.
SUPERFLÉCHÉ par Michel duguet il donnE dE Bons tuYAuX loGEMEnt PAs CHER MÉlAnGE À l’APÉRitiF EntREPREndRE dEs FouillEs Condition dE JEu lA FAMillE dEs PAndAs Problème n° 3761 FAit RÉGiME suRFACE lARGuER sE lÂCHE dAns lA nÉGoCiAtion PREndRE dE l’AMPlEuR RÉsonnER on Y PRAtiQuE l’ÉCRÉMAGE JAillit ils REndEnt ZEn VARiE lEs PlAisiRs MAintEnus Au PouVoiR CAusAnt du toRt ÉtAt d’EsPRit PAssER lA MAin FinAlE dEs HABituÉEs dEs sAlons nE sE REtouRnE PAs un JuliEn dE lA CHAnson EnlEVER lE Plus GRos PRÉPARAtion CulinAiRE PiQuÉ Au ViF PEtit MAis CostAud sAVAMMEnt CAlCulÉE CoMME unE BRutE ! sE lAnCEnt suR lA PistE lE Coin du Bois AdJECtiF PossEssiF un BRuit dE MAlAdE il suit son CouRs RECHERCHE APPRoFondiE disPo JuGE AuXiliAiRE MiniBus PRÉCÈdEnt lEs AutREs HissAnt FAit l’ARtiClE Qui A tRois FACEs PlAnEs Qui s’AttEndAit À MiEuX Bout dE CHAndEllE dEs GRAndsMÈREs ont insPiRÉ VAn GoGH HÉRoÏnE PuRE du VEnt ! MissilE ou Poisson CoMBinAison À BoiRE AVEC ModÉRAtion À PAYER tRÈs À lA ModE PAPY RussE À Qui l’on tiEnt tECHniQuE dE sKiEuR suCCoMBER iMAGE dE MARQuE MAliGnE REliEF AuVERGnAt MARQuisEs EXotiQuEs dEs ConiFÈREs MAuRiCiEn disPARu VisitE Au MusÉE AuX AnGEs MonnAiE dE lAtino on Y A lA CotE instRuMEnts À dEssin CHoisi stRuCtuRE PÉRiPHÉRiQuE EllE tiEnt lA BoutiQuE ConsACRÉ suJEt AnonYME GRouPE dE tRAVAil lA HAntisE du sPoRtiF HoRiZontAlEMEnt inEXAuCÉ QuAnd il Est PiEuX FAÇonnER solution du n° 3760 par nicolas marceau VERtiCAlEMEnt 1. oblitération. opossum. 2. routine. aviatrice. su. 3. nuées. poire. ave. case. 4. il. modérée. are. mûre. 5. Ter. nord. solitaire. 6. Haie. seins. le. itou. 7. oublié. noème. erosion. 8. ain. sac. ogive. en. 9. obus. antériorités. st.10. Godets.etretat.Bai.11. us.erébus.ei.esope.12. eta.epurer.Que.latin.13. oronte.Velu.stérées.14. uni. Tièdes. en. osa. 15. Dues. artésien. star. 16. ader. entier. on. Tir. 17. Go. ere. etrier. patina. 18. eus. are. notaire. il. 19. réussira. sel. pressée. 20. serrera. absentes. ers. A. ornithologue. usagers. B. Bouleau. Boston. Douée. C. lue. ribaud. aride. sûr. d. item. elisée. ure. sr. E. Tison. in. Trente. ruse. F. en. Dose. aseptisée. ir. G. repère. sn. Buée. ara. H. ordinateur. Datera. i. Taie. noce. sévérité. J. ivresse. ré. rester. sb. K. oie. moite. erines. l. na. allégoriques. eole. M. Tarie. ire. niort. n. orvet. evitées. en.apt. o. pie. arrêtas. Ton. pire. P. oc. mi. etoles. Tares. Q. sécurisés. parasites. R. arétin. Bête. Tri. se. s. ussé. oo. sa. iéna. nier. t. mue. munitions. réales. Du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 113
avenir VIVRE Le braceLet antidouLeur Une start-up grenobloise, Remedee Labs, a mis au point un dispositif permettant Efficace en 30 min de soulager les douleurs chroniques sans recourir aux antalgiques. En intimant au cerveau, grâce à des ondes millimétriques, de libérer des endorphines. « Jesuisconvaincue deLeursoLutionMaisiLfaut desrésuLtats » Caroline Maindet, praticienne hospitalière au centre de la douleur du CHU de Grenoble Paris Match. Que pensez-vous du bracelet antidouleur de Remedee ? Docteur Caroline Maindet. La solution Une « montre » de paraît très prometteuse, et c’est la raison pour laquelle plusieurs études cliniques sont en cours, au CHU de Grenoble, pour confirmer les résultats préliminaires. 44 g Avez-vous constaté des résultats concluants et sur quels malades peut-il être utilisé ? Par Marianne de beer Arthrose, migraine ou fibromyalgie sont autant de pathologies qui riment avec douleur, et sont pour certaines de véritables handicaps au quotidien. Nécessitant parfois des traitements lourds, quand ils marchent. Le principe du bracelet Remedee est simple : grâce à 4 puces de 2 cm2 émettant des rayonnements électromagnétiques de faible puissance, le dispositif permet de stimuler les terminaisons nerveuses du poignet. Trente minutes plus tard, le Remedee déclenche un mécanisme de réponse naturelle du corps : la sécrétion des endorphines permettant à l’utilisateur de bénéficier d’effets naturellement apaisants. « Les endorphines sont connues pour leur capacité analgésique et agissent comme un antidouleur. Mais elles vont avoir également un effet dit “parasympathique” sur l’organisme, qui va contribuer à limiter le stress, ou favoriser l’endormissement », détaille David Crouzier, cofondateur et directeur général, chargé de la recherche scientifique et médicale de Remedee Labs. La solution repose sur Meet (Microelectronic Endorphin Trigger), premier module breveté d’émission d’ondes millimétriques miniaturisé. Intégré dans le bracelet et positionné à l’intérieur du poignet, il émet un signal de très haute fréquence, à 60 GHz, stimulant les récepteurs sous-cutanés (0,5 mm au-dessous de la peau). En réponse à cette stimulation nerveuse indolore, le cerveau libère des endorphines intracérébrales qui soulagent rapidement la douleur. En outre, les effets d’une session de trente minutes sont ressentis pendant plusieurs heures. Et elles peuvent être répétées deux à cinq fois chaque jour. Quand cette solution verra-t-elle le jour ? « À partir du moment où on a les résultats cliniques, on peut penser à obtenir le marquage CE médical. On peut imaginer que ça arrivera au plus tôt fin 2022», a d’ores et déjà annoncé Jacques Husser, cofondateur et président exécutif de la société. PARIS MATCH dU 3 aU 9 jUin 2021 114 30 % Dès la création de la start-up, en 2015, j’ai été absolument convaincue de leur solution, à titre personnel. Mais, en tant que scientifique, j’ai besoin de résultats. Dans mon domaine de compétence – la douleur –, nous avons débuté une étude sur la migraine et une deuxième sur l’arthrose périphérique. Nous commençons très prochainement une étude, très attendue, multicentrique, sur la fibromyalgie. Et j’y crois. de la population française souffre de douleurs chroniques
auto La 2 CV fait « VoLt » faCe Plus moderne que jamais, la Deuche devient la première voiture pouvant Sur le port de Cassis, cette 2 CV rétrofitée attire la sympathie des passants, tandis que la prise de courant factice passe presque inaperçue. être officiellement convertie à l’électrique. Une homologation que l’on doit au Méhari Club Cassis et à son directeur général, Stéphane Wimez. interview Lionel Robert / Photos Clément Choulot Paris Match. En quoi consiste le rétrofit d’une 2 CV ? Stéphane Wimez. L’opération, assez simple, exige une vingtaine d’heures de travail. Nous retirons le fameux bicylindre, le réservoir d’essence et la ligne d’échappement, que nous remplaçons par un moteur électrique et une batterie lithium-fer-phosphate de 10,2 kWh. Tout le reste est conservé, à commencer par la boîte de vitesses. Nostalgie oblige. Il suffit de venir avec sa 2 CV pour que vous la rétrofitiez… Presque… Seule la 2 CV 6, produite entre 1970 et l’arrêt de la production, en 1990, est concernée, pour l’instant, par cette homologation. Cela représente un parc de 80 000 véhicules en France, aujourd’hui. Avant la pose du kit de conversion, nous vérifions l’état général de la voiture et proposons d’éventuelles réparations, si nécessaire. Quelles sont les prestations offertes par cette 2 CV électrifiée ? l’avis de match Un peu plus lourde (+ 45 kg), elle conserve 70 % de sa puissance d’origine. La vitesse maxi est donc en retrait, mais les accélérations sont plus vives. La batterie permet de parcourir 90 kilomètres et se recharge en 3 h 15 à 6 h 30, en fonction du chargeur embarqué (1,5 ou 3 kW). Quel est le coût de l’opération ? Le kit de conversion est facturé 12 000 €, et la pose, 1 900 €. Grâce à la prime à la conversion, vous pourrez déduire de 2 500 € à 5 000 € en fonction de vos revenus. Il est également possible d’acheter une 2 CV déjà rétrofitée. Comptez 20 000 €, au minimum, pour un bel exemplaire. Un bonus de 1 000 € s’applique alors pour l’acquisition d’une électrique d’occasion. Quels seront les prochains modèles ouverts au rétrofit ? Nous travaillons déjà à l’homologation de la version fourgonnette de la 2CV ainsi qu’à la Méhari. On pense aussi à la 4L, une autre icône de l’automobile française. Parfaitement adaptée aux nouvelles zones à faibles émissions, la 2 CV rétrofitée s’adresse aux passionnés voulant profiter plus simplement et plus écologiquement de leur patrimoine roulant, voire le transmettre à la jeune génération. Plus exotique qu’une Renault Zoe d’occasion, cette deux-pattes électrifiée a, certes, perdu son âme avec l’ablation de son bicylindre à plat, mais elle a gagné en agrément de conduite et… en silence. Sympathique en ville, mais allergique aux voies rapides, la 2 CV, préparée par R-Fit, fait payer cher sa cure de jouvence. Circuler en Deudeuche verte a un prix. 2cv rétrofit taRif Kit+pose PeRfoRmanCes Puissance Poids vitesse max. autonomie temps de charge 13 900 € 20 ch 630 kg 90 km/h 93 km 3 h 30 minimum du 3 au 9 juin 2021 PAriS MAtcH 115
fInAnCeS aVeC Comment améliorer sa retraite Augmenter ses revenus après sa vie professionnelle est à la portée de tous, même sans effort d’épargne pendant des années. De nombreux leviers peuvent être actionnés. Coordination anne-sophie lechevallier Alors que la réforme des retraites est au point mort, les retraités voient leur pouvoir d’achat reculer. Le montant moyen des pensions perçues en France s’élève à 1 393 € net par mois en 2019, en baisse de 0,4 % sur un an, pour la deuxième année consécutive, selon les dernières statistiques de la Drees. Une conséquence des revalorisations annuelles inférieures à l’inflation instaurées ces dernières années afin de dégager des économies. Cette réalité renforce les craintes des Français encore en activité à propos du montant de la pension qu’ils percevront. Celles-ci ne sont pas infondées : le taux de remplacement, représentatif du montant de la pension rapporté au dernier revenu d’activité, est appelé à diminuer dans les prochaines décennies, selon les projections du Conseil d’orientation des retraites (Cor). Dans un tel contexte, les compagnies d’assurances ne manquent pas de mettre en avant le plan d’épargne retraite (PER), dispositif facultatif de retraite supplémentaire lancé en octobre 2019 avec le soutien actif du ministre de l’Économie Bruno Le Maire. POUVOIR D’ACHAT PARIS MATCH DU 3 AU 9 jUIn 2021 116 Son intérêt est indéniable pour les épargnants les plus aisés, en raison de la déductibilité fiscale prévue pour les versements volontaires. Mais aujourd’hui l’épargne retraite ne représente qu’à peine plus de 2 % des rentes perçues par les ménages. D’autres solutions sont en revanche accessibles au plus grand nombre, comme la constitution d’un patrimoine immobilier, l’optimisation de ses droits aux régimes obligatoires et, dans le cas où l’employeur l’a mis en place, le dispositif d’épargne salariale, dont une partie est affectée à la [SUITEPAGE118] retraite.

fInAnCeS Trois pisTes pour opTimiser les reTraiTes obligaToires Pour augmenter le montant de sa future pension, il existe plusieurs techniques. En France, toute activité déclarée est soumise aux charges sociales, dont les cotisations vieillesse. Quel que soit votre statut (salarié, fonctionnaire, indépendant), vous cotisez ainsi obligatoirement à un régime de retraite. Sachant que les Français passent, en moyenne, plus de vingt ans à la retraite, autant quitter la vie professionnelle avec la pension la plus élevée possible. éviTerladécoTe Pour percevoir une pension complète lors du départ en retraite, il faut non seulement ne pas partir à la retraite avant d’avoir atteint l’« âge légal » (l’âge minimum de départ fixé aujourd’hui à 62 ans), mais aussi respecter votre durée d’assurance. Cette dernière correspond à un nombre de trimestres de cotisation qui varie selon votre année de naissance (voir tableau page suivante). Ainsi, si vous êtes né en 1963, vous devez avoir validé 168 trimestres. Faute de quoi, votre pension sera minorée de 1,25 % par trimestre manquant. Cette décote fait d’autant plus mal au porte-monnaie qu’elle est viagère, c’est-à-dire appliquée jusqu’au décès. racheTerdesTrimesTres Si vous pensez qu’il vous sera difficile de respecter votre durée d’assurance, sachez que la décote est supprimée dès lors que vous partez à 67 ans, l’âge de retraite à taux plein. Au cas où vous ne souhaiteriez pas travailler jusqu’à un âge aussi avancé, vous avez aussi la possibilité de racheter des trimestres si vous avez suivi des études supérieures et/ou si, parce que vous avez travaillé à temps partiel, en CDD ou en intérim, vous n’avez pu valider à certains moments de votre carrière 4 trimestres dans l’année. Mais le rachat de trimestres n’est pas la solution miracle. Il n’est possible de racheter que 12 trimestres au maximum, ce qui peut ne pas être suffisant pour atteindre votre durée d’assurance. En outre, l’opération est coûteuse. Comptez plus de 6 000 € par trimestre racheté si vous avez 60 ans. Même si le rachat est déductible du revenu imposable, le retour sur investissement n’est pas assuré. «On peut demander à sa caisse de retraite un devis. Cette demande n’engage à rien », rappelle Philippe Bainville, expert à l’Assurance retraite, le régime de base des salariés et indépendants. Si votre employeur vous fait des appels du pied pour partir à la retraite, vous pouvez lui proposer de payer votre rachat de trimestres, vous n’aurez alors rien à débourser et profiterez tout de même de la déduction fiscale. repoussersondéparT La solution la plus simple pour ne pas subir une telle minoration est de cotiser jusqu’à disposer de sa durée d’assurance. Stéphane Bonnet, directeur d’Union retraite, l’organisme qui représente les 35 principaux régimes français de retraite, constate : « Décaler son départ à la retraite d’un ou deux ans peut éviter de se voir appliquer une décote de 5 % à 10 % sur sa pension. Les Français ont d’ailleurs compris l’intérêt d’atteindre le taux plein. Les salariés partent en moyenne à 63 ans, soit un an plus tard que l’âge légal. » Les salariés nés à partir de 1957 y ont encore plus intérêt : s’ils liquident leurs droits à 62 ans avec tous leurs trimestres, ils subissent une décote – temporaire cette fois-ci – sur leur retraite complémentaire Agirc-Arrco. Pour éviter ce malus de 10 % pendant trois ans, ils doivent cotiser 4 trimestres de plus, c’est-à-dire travailler un an de plus. « D’une manière générale, rester en activité plus longtemps améliore sensiblement sa retraite, remarque Françoise Kleinbauer, P-DG du cabinet France retraite. Cela permet de valider plus de trimestres, d’acquérir plus de points auprès du régime complémentaire et d’augmenter son salaire de référence. » Les rémunérations étant généralement plus élevées en fin de carrière, elles viennent augmenter le salaire de référence qui sert au calcul de la retraite de base. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 118 [SuiTEPaGE120]
Avec le contrat Allianz Vie Fidélité, vous pouvez donner du sens à votre épargne. Allianz vous offre l’opportunité d’investir* dans des secteurs comme les énergies renouvelables, l’agriculture, la santé ou encore l’éducation. Vous contribuez ainsi au développement de projets concrets et utiles pour vous et les générations à venir. Prenez rendez-vous dès maintenant avec un conseiller pour en discuter. Allianz.fr/assurance-vie/ * Investissements via des supports en unités de compte. En investissant sur des supports en unités de compte vous profitez du potentiel de performances des marchés financiers, mais vous prenez un risque de perte en capital. En effet, Allianz s’engage sur le nombre d’unités de compte, mais ne garantit pas leur valeur. Celle-ci est soumise à des fluctuations, à la hausse comme à la baisse, en fonction de l’évolution des marchés financiers. Allianz Vie Fidélité est un contrat d’assurance vie de groupe à adhésion facultative de type multi-support. Allianz Vie - Entreprise régie par le Code des assurances - Société anonyme au capital de 643 054 425 € - Siège social : 1, cours Michelet - CS 3005 92076 Paris La Défense Cedex - 340 234 962 R.C.S. Nanterre. Document à caractère publicitaire. Réalisation : Agence Pschhh - Crédit photo : © Getty Images / Photographe : kamisoka. Regardez vos investissements évoluer en même temps que les énergies renouvelables.
fInAnCeS laretraiteprogressive untempspartieletunepension Si vous êtes salarié ou travailleur indépendant, si vous avez au moins 60 ans et que vous disposez d’au moins 150 trimestres de cotisation, vous pouvez demander à travailler à temps partiel, tout en touchant une fraction de votre pension. Philippe Bainville, expert à l’Assurance retraite, explique la souplesse de ce dispositif: « La retraite progressive peut être utilisée durant une période donnée.Un senior peut passer à temps partiel pour s’occuper de ses petits-enfants ou d’un parent dépendant, puis revenir plus tard à temps plein.» L’opération est particulièrement intéressante si vous travaillez déjà à temps partiel. «En percevant en plus une partie de leur pension, les salariés à temps partiel voient leurs revenus augmenter», ajoute-t-il. Le dispositif permet également d’atteindre en douceur sa durée d’assurance. Françoise Kleinbauer, de France retraite, remarque : «Pendant la durée de la retraite progressive, l’assuré continue de cotiser et donc de se créer des droits. Au moment du départ à la retraite, les droits sont recalculés. L’assuré peut partir à taux plein grâce aux trimestres cotisés durant la retraite progressive, voire même obtenir une surcote.» Ces dispositifs mal Connus qui peuvent augmenter vos revenus Souvent ignorés des assurés, ils se révèlent la plupart du temps très intéressants. les trimestres nécessaires pour une retraite sans décote année de naissance durée d’assurance 1955-1956-1957 166 trimestres 1958-1959-1960 167 trimestres 1961-1962-1963 168 trimestres 1964-1965-1966 169 trimestres 1967-1968-1969 42 ans et 6 mois 1970-1971-1972 42 ans et 9 mois À partir de 1973 41 ans et 6 mois 41 ans et 9 mois 42 ans 42 ans et 3 mois 170 trimestres 171 trimestres 172 trimestres 43 ans lesraChatsmadelinetapprentis pourlestrimestresmanquants Vous êtes artisan,commerçant ou chef d’entreprise et vous n’avez pas validétouslesansquatretrimestresderetraitedansl’année?LerachatMadelin (du nom de la loi Madelin de 1994) est fait pour vous. Il permet de racheter les trimestres manquants de vos six dernières années d’activité non salariée. Il existe trois avantages par rapport aux rachats «classiques» au titre des étudesoudesannéesincomplètes:l’indépendantpeutracheterjusqu’à24trimestres (au lieu de 12), les rachats sont nettement moins chers (autour de 2000 € le trimestre) et ils permettent d’augmenter le salaire de référence qui entre dans le calcul de la retraite de base. Par ailleurs, si vous avez été apprenti entre 1972 et 2013, vouspouvezracheter jusqu’à quatre trimestres de cotisation à un prix préférentiel (1500 €). lasurCoteunepensionmajorée C’est un excellent moyen pour doper le montant de votre future retraite. Tous les trimestres civils (90 jours) travaillés au-delà de votre durée d’assurance vous permettent de majorer votre pension de 1,25%. Si vous avez tous vos trimestres et que vous décidez de travailler deux ans de plus (8 trimestres), votre pension sera ainsi majorée de 10%, jusqu’à votre décès. Mieux: contrairement à la décote, la surcote n’est pas plafonnée. Et, à votre mort, votre conjoint percevra une pension de réversion (une fraction de votre retraite) majorée elle aussi. Il faut savoir que le rachat de trimestres ne permet pas d’accéder à la surcote. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 120 lesretraitesd’entreprise unCapitalouunerenteensupplément Si vous êtes salarié dans un grand groupe, il y a de forteschancesquevousdisposiezd’uneretraitesupplémentaired’entreprise(ou«article 83»),d’unpland’épargnepour la retraite collectif (Perco) ou d’un plan d’épargne retraite d’entreprise collectif (Pereco ou Percol) qui a remplacé depuis le 1er octobre dernier le Perco. Des dispositifs qui proposent un capital ou une rente à la retraite et que vous avez tout intérêt à exploiter. Ainsi, «la moitié de la participation est versée, par défaut, dans le Perco ou dans le Pereco. Mais le salarié a la possibilité de demander que 100% y soient versés», prévient Pierre-Emmanuel Sassonia, directeur associé de la plateforme Eres. Autre moyen de cotiser sans sortir 1 euro de votre poche : vous pouvez monétiser et verser dans votre article 83, Perco ou Pereco jusqu’à dix jours de repos non pris par an. Enfin, sachez que les versements volontaires effectués sur un article 83 ou un Pereco sont déductibles, dans une certaine limite, des revenus à déclarer au fisc. [SuiTEPaGE122]

fInAnCeS UnepasserelleentreassUrance-vieetper ContrairementauPERetauxanciensdispositifsd’épargne retraite, l’assurance-vie est un placement étanche: il n’est pas possible de transférer son contrat dans une autre compagnie, ni de le transformer. Le législateur a prévu une exception pour faciliter l’essor du PER, en instaurant une incitation fiscale temporaire au transfert d’une assurance-vie vers un PER individuel. En cas de transfert, l’épargnant bénéficie d’un abattement spécial qui complète celui déjà en vigueur en TRANSFERTS fiscal cas de rachat d’un contrat d’assurance-vie. Au total, cela représente pour une personne seule 9200 euros de gains et pour un couple 18400 euros qui échappent à l’impôt sur le revenu. Cet avantage est cumulable avec la possibilité de déduire du revenu imposable les sommes ainsi versées sur le PER, comme n’importequelversementvolontaire.Cettepasserelleestréservée aux détenteurs d’un contrat de plus de huit ans, âgés de moins de 57 ans, les souscripteurs devant être à plus de cinq ans de l’âge légal de départ à la retraite. Le transfert peut être partiel ou total et il doit intervenir avant le 1er janvier 2023. Si l’assurance-vie présente l’intérêt de pouvoir disposer à tout moment de son épargne constituée, l’avantage fiscal offert par le plan d’épargne retraite (PER) au moment des versements constitue un atout attractif pour les contribuables fortement imposés. Les explications de Valérie Bentz, responsable des études patrimoniales de l’UFF, banque spécialisée dans la gestion de patrimoine. « les sommes versées sur un per ne pourront pas être débloquées en cas de besoin ponctuel » ParisMatch.EnquoilaloiPactechange-t-elle la donne pour l’épargne retraite? ValérieBentz. Il est désormais possible de réu- rédhibitoires pour certains épargnants. Dès lors, ils se tournaient souvent vers l’assurance-vie pour bénéficier de la libre disposition de l’épargne accumulée. La souplesse accrue conférée au PER lève un vrai frein au développement de l’épargne retraite. Dans quels cas faut-il préférer l’assurance-vie? L’assurance-vie conserve l’avantage de la disponibilité de l’épargne constituée pendant toute la vie du contrat : vous pouvez en sortir à tout moment, sans justification. Si vous êtes non imposable ou faiblement imposé et que vous ne disposez pas de patrimoine par ailleurs, les sommes versées sur un PER ne pourront pas être débloquées en cas de besoin ponctuel d’argent. Privilégiez d’abord la constitution d’une épargne de précaution, puis la préparation de projets avec l’assurance-vie. nir vos différents dispositifs d’épargne retraite dans une enveloppe unique. Cela simplifie la perception et l’usage puisque votre complément de retraite peut être versé par un seul organisme au lieu de plusieurs. Le deuxième apport est la faculté de sortir en capital à l’échéance, pour la quote-part du contrat issue de versements volontaires, et de façon anticipée pour l’acquisition de la résidence principale. En cas de versements volontaires sur un PER, vous avez le choix de déduire ou non les montants versés, dans la limite du plafond disponible figurant sur votre avis d’impôt sur le revenu. L’économie fiscale est en relation directe avec votre tranche d’imposition: plus celle-ci est élevée, plus l’avantage retiré est important. Pour un coût identique net d’impôt, le PER permet d’accumuler un capital plus important que l’assurance-vie. Pour les anciens contrats Madelin ou plans d’épargne retraite populaires (Perp), la sortie en rente est obligatoire et le déblocage anticipé impossible hors cas de force majeure. Ce blocage des fonds et la mise à disposition sous forme de rente étaient vécus comme des contraintes L’avantage procuré par la déductibilité des versements du PER est tel que le capital transmis net d’impôt au bénéficiaire désigné peut être plus élevé qu’avec l’assurance-vie, même si celle-ci jouit d’un cadre plus favorable, notamment si l’économie d’impôt a été [SuiTEPAGE124] réinvestie dans le PER. En quoi est-ce important? éparGne retraite Et pour les contribuables fortement imposés? Même au décès du souscripteur? profiter de la complémentarité entre assUrance-vie et per Les contribuables peu soumis à l’impôt sur le revenu doivent préférer l’assurance-vie au plan d’épargne retraite. PARIS MATCH du 3 Au 9 juiN 2021 122
Préparez votre retraite en réalisant, dès à présent, des économies d’impôt*. Vous pourrez déduire de votre revenu imposable le montant des versements que vous effectuez sur votre contrat dans certaines limites*. Un Plan Épargne Retraite avec : 0€ de frais d’entrée**, de frais de versement**, de frais d’arbitrage**… Sur internet, c’est transparence, accessibilité et meilleurs rendements pour votre épargne. *La réduction dépend de votre tranche marginale d’imposition. **Voir conditions générales. Document à caractère publicitaire sans valeur contractuelle. ALTAPROFITS, Société par actions simplifiée au capital de 11 912 727,82 euros - 535 041 669 RCS Paris – APE 6622Z. Siège social : 17 rue de la Paix - 75002 Paris. Immatriculée à l’ORIAS sous le n°11 063 754, www.orias.fr 01 44 77 12 14 (appel non surtaxé) Du lundi au vendredi de 9h00 à 19h00 altaprofits.com
fInAnCeS Les précautions avant de souscrire un per individueL Un PER peut être très différent d’un autre et ne pas correspondre à votre besoin. Voici les points à vérifier pour ne pas souscrire des contrats contraires à vos intérêts personnels. FraiséviterLescontratstropchers La tarification du PER constitue l’un de ses principaux inconvénients. En cumulant les différentes strates de frais, un PER peut dans les cas extrêmes rapporter davantage à la compagnie qui le commercialise qu’au souscripteur. D’où l’intérêt de s’intéresser aux contrats en ligne ou à ceux proposés par les mutuelles, moins chers que la moyenne. Les frais à l’entrée, prélevés sur les versements, sont parmi les plus pénalisants puisque la somme versée, ainsi amputée, n’est pas totalement investie. Récurrents, les frais de gestion, fixés en moyenne à 0,80% par an, culminent à 1,20% pour certains contrats, soit un surcoût de 50%. Difficile, dans ces conditions, de rentabiliser un contrat dans la durée. universd’investisseMent avoirLe choix Le PER ayant vocation à durer jusqu’à plusieurs décennies et à traverser plusieurs cycles économiques et financiers, la profondeur de l’offre de supports est un critère fondamental avant de souscrire, en particulier si vous faites partie des épargnants avertis préférant gérer leur plan eux-mêmes, dans le cadre d’une gestion libre. Les contrats les mieux dotés permettent d’investir dans toutes les classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, non coté), toutes les zones géographiques (monde entier, par continents, par pays) et tous les secteurs d’activité. Si vous préférez déléguer l’allocation de votre PER dans le cadre d’une gestion à horizon, où le contrat est sécurisé à mesure que l’âge de la retraite approche, privilégiez les contrats dont les supports sont gérés par des sociétés de gestion indépendantes ayant fait leurs preuves. ÀLasortieLaLiberté avant tout La loi offre à l’épargnant le choix du mode de restitution de son épargne entre une rente ou un capital par versement unique ou de façon fractionnée. La fiscalité étant défavorable à la sortie en capital, mieux vaut la lisser en la fractionnant sur un maximum d’années. Encore faut-il que le contrat le prévoie, sachant que chaque assureur est libre de définir ses propres règles. Il en résulte des modalités de restitution parfois très restrictives, avec une sortie échelonnée de un à cinq ans pour les moins bons élèves. Les contrats les plus souples permettent de récupérer l’épargne sans limite de temps. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 124 Trois PEr écorEsPonsablEs per responsable et solidaire (Maif) Premier PER entièrement écoresponsable, le plan d’épargne retraite individuel de la mutuelle Maif ne référence que des supports labellisés ISR ou Finansol, quel que soit le mode de gestion du contrat. Son fonds euros à capital garanti exclut certains secteurs controversés. C’est l’un des PER les plus accessibles du marché, ne nécessitant que 150 € d’apport initial et 30 € pour les versements suivants. préfonretraite(préfon) Transformé en PER le 1er décembre 2019, le régime Préfon retraite est un précurseur dans la prise en compte de critères extrafinanciers (environnement, social, bonne gouvernance) dans la gestion de son portefeuille. Accessible aux fonctionnaires, anciens fonctionnaires, et leurs conjoints, Préfon retraite est un PER en points, où l’épargnant ne peut librement choisir ses supports financiers. Multi horizon retraite (Macif) La majorité des 15 fonds proposés dans le PER Multi horizon retraite sont gérés selon des principes d’investissement responsable, dont huit labellisés ISR, un labellisé Greenfin et un labellisé Finansol. Le mode de gestion délégué «horizon retraite», choisi par la majorité des adhérents de la mutuelle, ne comporte que des fonds labellisés. 2,5 % frais C’est le taux moyen des frais sur versements maximaux prélevés par les assureurs sur les PER individuels (sur 64 plans analysés). Ce coût est négociable, parfois dégressif, selon la composition du contrat et les montants versés, et généralement nul pour les contrats commercialisés en ligne. Certains supports financiers ou immobiliers spécifiques peuvent être soumis à des frais de souscription additionnels. [suiTEPaGE126]

fInAnCeS éPARGNE COLLECTIVE SALARIéS ET EmPLOyEuRS, TOuS GAGNANTS Le PER réunit les dispositifs d’épargne retraite Une entreprise doit-elle nécessairement être rentable? Il s’agit davantage d’une question de trésorerie disponible. Que l’entreprise soit bénéficiaire ou non, un accord d’intéressement peut être mis en place: des objectifs fondés sur des indicateurs extra-financiers sont de plus en plus fréquents, tels que la satisfaction client ou dans le cadre de la politique responsabilité sociale et environnementale. Le curseur peut aussi être placé sur le développement du chiffre d’affaires pour une start-up en forte croissance. Cela coûte aussi moins cher à l’employeur… au sein d’une même enveloppe, dont un compartiment alimenté par l’épargne salariale. Un outil à la portée bien plus étendue qu’un simple réceptacle des primes d’intéressement et de participation. Plus aucune charge ne pèse sur ces dispositifs depuis la suppression du forfait social [prélèvement de 20%] en 2019 sur l’intéressement, la participation et l’abondement dans les entreprises de moins de 50 salariés, et sur l’intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés. Pour 1000 € versés par l’employeur, 903 € reviennent au bénéficiaire, si celui-ci choisit de placer sa prime sur un plan d’épargne entreprise (PEE) ou un plan de retraite d’entreprise collectif (Percol ou Pereco), contre un peu plus de 500 € pour un salaire. Le salarié y trouve-t-il son compte? Alors que plus de 80 % des PME de moins de 50 salariés ne sont dotées d’aucun dispositif d’épargne salariale, d’après la Dares, les assouplissements législatifs et réglementaires adoptés ces dernières années sont susceptibles de changer la donne. Entreprise comme salariés peuvent y trouver une utilité commune, plaide Benjamin Pedrini, cofondateur d’Epsor, spécialiste de l’épargne salariale et retraite d’entreprise. Paris Match. Pourquoi une TPE-PME aurait-elle intérêt à adopter des dispositifs d’épargne salariale et de retraite ? Benjamin Pedrini. Ce sont de formidables En faisant le choix d’investir au lieu de percevoir votre prime sur votre compte bancaire, le gain est immédiat et d’autant plus important si la tranche d’imposition est élevée. Si la politique salariale de l’employeur est généreuse, vous pouvez en outre vous voir offrir un abondement de l’entreprise qui vient s’ajouter aux primes et, le cas échéant, aux versements volontaires. Ce type de dispositif est d’ailleurs souvent utilisé pour valoriser le package de rémunération, en vue d’attirer les talents ou de les retenir dans les secteurs soumis à une forte rotation des effectifs. Le chef d’entreprise peut aussi en bénéficier lui-même, comme son conjoint collaborateur, dès lors que la société compte entre 1 et 249 salariés. « Que l’entreprise soit bénéficiaire ou non, un accord d’intéressement peut être mis en place » outils de gestion des ressources humaines et de management. C’est un moyen de communiquer en interne sur les objectifs à atteindre et de motiver l’ensemble des collaborateurs, qui toucheront, si les objectifs collectifs sont atteints, un complément de rémunération sous forme d’intéressement et/ou de participation. Quelles sont les incitations supplémentaires pour le Percol? Sur votre Percol, vous pouvez opter pour la gestion pilotée de votre épargne, cela permet de la sécuriser au fur et à mesure que votre âge de départ à la retraite approche, sans intervention de votre part. Les versements volontaires sur un Percol sont fiscalement déductibles, un avantage qui n’existait pas dans l’ancien Perco. Si vous avez accès à un PER d’entreprise collectif, vous n’aurez pas forcément d’intérêt à en ouvrir un à titre individuel. Abondement de l’employeur : les plAfonds pour 2021 L’employeur peut compléter la mise d’un salarié effectuant des versements volontaires sur son plan d’épargne salariale, pour un montant compris entre 0 et 300 % de la somme versée. Dans les faits, la somme abondée est souvent limitée en valeur absolue, par exemple à 1 000 ou 1 500 € par an et par bénéficiaire. Versements volontaires Abondement maximal (300 %) Montant maximal épargné PARIS MATCH du 3 Au 9 juin 2021 126 Source : Epsor. PEE PERCOL ou PERCO 1 096,90€ 2 193,90€ 3 290,80€ 6 581,70€ 4 387,70€ 8 775,60€ [SuiTEPAGE128]

fInAnCeS Être propriétaire à la retraite, loin d’une évidence L’aspiration à la propriété de sa résidence principale est freinée par de nombreux facteurs, dont la hausse des prix. Plus ils sont âgés, plus les Français sont culturellement attachés à la propriété immobilière. Si en moyenne 58% des ménages métropolitains possédaient leur résidence principale au 1er janvier 2019, selon l’Insee, ce taux atteint 75% chez les plus de 65 ans. Si vous n’avez pas encore franchi le pas, vous vous demandez peut-être s’il vaudra mieux posséder ou être locataire de votre logement au moment où démarrera votre après-vie professionnelle ? La donne, qui a longtemps fait pencher les arguments en faveur de la première option – l’envie d’avoir un chez-soi, ne plus avoir à payer de loyer ni à rembourser un prêt à un moment où vos ressources financières diminuent… –, a changé ces dernières années. Henry Buzy-Cazaux, président-fondateur de l’Institut du management des services immobiliers (Imsi), analyse l’évolution : « Pour les générations précédentes, la problématique de l’accession à la propriété était résolue bien avant la retraite. Aujourd’hui, on s’endette plus longtemps pour acquérir sa résidence principale, alors que l’entrée dans la vie active est plus tardive et que les carrières professionnelles sont moins linéaires.» L’aspiration à la propriété, qui n’est plus forcément une évidence pour une partie des ménages actifs toujours plus nomades, interroge aussi à l’approche de la retraite. Êtes-vous sûr que le choix de localisation et le type de logement que vous achèterez conviendront à vos aspirations? «C’est de moins en moins probable!» répond Henry Buzy-Cazaux. Et d’ajouter: «La solution exigera une nouvelle opération, qui consistera à vendre votre logement pour en acheter un plus adapté, en général plus petit, situé au plus près des services, peut-être aussi avec des équipements domotiques. Il faudra alors recycler le produit de la vente et acheter comptant, obtenir un crédit au-delà de 65 ans étant quasi impossible.» Ne négligez pas non plus les frais de maintenance, dont un locataire est généralement dispensé. « À la notion de propriété est associé un coût de fonctionnement de l’habitat qui va croissant. Il faut vous interroger sur votre capacité à supporter les charges, notamment de mise aux normes énergétiques», avertit le président de l’Imsi. Autre sujet lourd à prendre en compte: la fiscalité locale, appelée, selon lui, à connaître « une dynamique haussière » : « Avant, personne ne se souciait de la taxe foncière. Mais avec la fin de la taxe d’habitation, les collectivités vont se rattraper sur l’autre taxe importante à leur main.» Une solution intermédiaire reste possible : l’investissement locatif, auquel sont adossées des mesures de défiscalisation. Tout en étant locataire de votre résidence principale, vous faites l’acquisition d’un logement dans le but de le mettre en location, le loyer couvrant alors au moins une partie de votre crédit. il ne faut pas négliger les frais de maintenance, dont un locataire est généralement dispensé trois possibilités de défiscalisation immobilière Des dispositifs présentant une fiscalité avantageuse permettent de compléter ses revenus à la retraite avec des loyers. loipinel Si votre objectif est de payer moins d’impôts à court terme, un investissement en loi Pinel semble le mieux adapté. En faisant l’acquisition d’un bien immobilier neuf pour le mettre à la location, vous bénéficiez dès la première année d’une réduction d’impôt de 12, 18 ou 21 % pour un engagement respectif de six, neuf ou douze ans. Au terme de l’engagement, vous pouvez continuer à le louer, le vendre ou encore le transmettre. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 128 louerenmeublé Le statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP) permet de se constituer petit à petit un patrimoine immobilier en percevant des revenus locatifs peu ou pas fiscalisés. Le LMNP se décline notamment dans l’achat d’un logement dans une résidence gérée. Dans ce cas, le contrat passe par la signature d’un bail commercial avec un gestionnaireexploitant. nue-propriété Plutôt réservé aux personnes soumises à une importante pression fiscale, le démembrement de propriété consiste à séparer l’usufruit de la nue-propriété. Cet investissement, qui n’entre pas dans l’assiette taxable de l’Ifi, vous permet de diversifier votre patrimoine, sansgestionlocative,nialéaslocatifs,niimpôt lié aux revenus locatifs. Au terme du contrat, signé pour une durée de quinze à vingt ans, vous disposez librement du bien.
viager Un investissement risqUé L’achat en viager reste un marché de niche. Et pas seulement parce que l’opération constitue un « pari » sur le moment de la mort du vendeur. Rendu célèbre au début des années 1970 grâce au film de Pierre Tchernia, le viager est confidentiel en France. En 2019, seulement 6 500 nouvelles transactions de ce type ont été signées. Placement de long terme, le viager permet de constituer une épargne dans l’optique de la retraite. Sous réserve, bien entendu, d’en maîtriser les ressorts. Le premier est la prise en compte d’un aléa : la longévité du vendeur. « C’est une condition sine qua non, signale Olivier Grenon-Andrieu, président du groupe Equance, spécialisé dans la gestion de patrimoine. Sachant que le contrat est aléatoire, vous devez avoir en tête que plus le crédirentier vivra vieux, plus le bien vous coûtera cher. A contrario, si l’aléa intervient tôt, la rentabilité est augmentée. » Au moment de la signature de la vente devant un notaire, l’acquisition du logement s’accompagne du versement au vendeur d’une somme de départ (le «bouquet», qui représente généralement 30% de la valeur totale du bien). Ensuite, vous vous engagez à lui verser périodiquement une rente viagère jusqu’à son décès. « Le montant de la rente, réévalué tous les ans, se calcule sur la base de la valeur du bien et du bouquet, mais aussi de l’âge du vendeur et de son espérance de vie », explique le président d’Equance. Selon vos objectifs, vous pouvez opter entre un viager occupé et un viager libre. Dans le premier cas, vous ne prenez possession des lieux qu’au décès du cédant. Dans cet intervalle, vous supportez les frais liés aux charges et aux impôts. Mais vous conservez la possibilité de revendre le bien immobilier avant le terme. Moins courant, le viager libre permet de jouir des lieux (les habiter ou les mettre en location) dès la signature du contrat, tout en continuant de verser une rente. Mais, contrairement au viager occupé, vous ne pouvez pas prétendre à la décote du prix liée au droit d’usage et d’habitation. Quel que soit le mode d’acquisition choisi, le viager impose de faire les bons calculs avant de s’engager. Il faut veiller à disposer d’une trésorerie nécessaire pour pouvoir régler la rente. Au moindre impayé, le vendeur peut faire valoir la clause résolutoire : il récupère la propriété de son logement, mais aussi le bouquet et les rentes déjà versées. Prêtez aussi attention aux clauses inscrites dans le contrat, comme la clause résolutoire qui prévoit que, si le vendeur est un couple, le survivant récupère le droit d’usage et d’habitation au décès de son conjoint. [SUitEPAgE130] longévité
fInAnCeS résidences pour personnes âgées Au-delà des avantages fiscaux escomptés, la réussite d’un investissement locatif dans une résidence services appelle à réfléchir en amont. Les points à étudier avec Céline Mahinc, administratrice de l’Association nationale des conseils financiers et immobiliers (Anacofi-Immo). Paris Match. Pourquoi investir dans l’immobilier pour seniors ? Céline Mahinc. Ne pensez pas investir maintenant pour y être hébergé plus tard ! Qui pourrait parier sur sa qualité de vie quinze ou vingt ans à l’avance ? En revanche, au-delà d’un engagement sociétal, l’investissement en résidences services constitue une opportunité de complément de revenus sans augmentation immédiate de votre fiscalité. Solution de diversification, ce placement dans l’économie réelle doit correspondre à votre profil d’investisseur, selon votre aversion au risque ou encore votre horizon de placement. Vers quels produits “retraite” se tourner ? Il y a principalement le choix entre deux types de résidences, qui répondent à des objectifs différents. Vous avez, d’abord, les résidences de services pour seniors. Il s’agit d’établissements non médicalisés, destinés à des plus de 60 ans valides qui ne présentent pas de graves problèmes de santé, ni de dépendance, mais en quête d’un nouveau logement principal plus adapté à leur âge. De leur côté, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) accueillent des seniors en perte d’autonomie, à qui 11 % censi-bouvard En investissant dans un logement neuf meublé situé dans une résidence avec services pour seniors avec l’option CensiBouvard, vous pouvez bénéficier d’une réduction d’impôt égale à 11 % de la valeur du bien, dans la limite de 300 000 € par an, en contrepartie d’un engagement de location de neuf ans. Attention : cet avantage est soumis au plafonnement des niches fiscales à 10 000 € par an et par foyer. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 130 Bien choisir son gestionnaire Placer son argent dans un appartement en résidence senior ou dans une chambre d’Ehpad peut être un préalable à la retraite, à condition de ne pas négliger les risques. des soins hospitaliers sont dispensés sur place par du personnel médical qualifié. Dans les deux cas, le modèle d’investissement est identique : vous achetez un logement meublé, un petit appartement ou une chambre, comprenant des prestations de gardiennage, de ménage et de restauration. La gestion est obligatoirement confiée à un exploitant professionnel, avec lequel vous signez un bail commercial d’au moins neuf ans. Quelle fiscalité s’applique ? Vous avez la possibilité d’obtenir le statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP). À ce titre, vous pouvez déduire les charges et les intérêts d’emprunt de vos recettes locatives, mais aussi appliquer des amortissements. De facto, vos revenus locatifs seront longtemps nets de fiscalité. Si vous achetez un logement neuf, vous pouvez opter pour le régime Censi-Bouvard [voir cidessous]. Enfin, l’investissement locatif vous permet, sous conditions, de récupérer la TVA. Que faut-il regarder avant d’investir ? Comme pour tout investissement immobilier, le choix de l’emplacement est capital. Privilégiez un programme dans une agglomération où la demande est réelle, sans quoi les locataires seront difficiles à convaincre. Notez qu’une population encore autonome appréciera davantage la proximité d’un centre-ville avec toutes commodités. Autre élément primordial : le gestionnaire. N’hésitez pas à vérifier ses références et sa durée d’existence sur le marché. La pérennité de votre investissement peut être remise en cause si l’entreprise exploitante cesse son activité ou ne vous verse plus ou moins de loyer. Méfiez-vous également des promesses de rentabilité locative plus élevées que la normale. Faites-vous aider par un spécialiste. Il vérifiera les points essentiels limitant les facteurs de risque et vous les expliquera. « Méfiez-vous des promesses de rentabilité locative plus élevées que la normale » Un dernier point d’attention concerne les Ehpad… Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes sont considérés comme des actifs monovalents. Si le gestionnaire décide de partir avec son agrément (défaisance), il ne vous sera pas facile de changer la destination d’usage de la chambre. coordination anne-sophie Lechevallier
LEGS, DONATION, ASSURANCE-VIE Association reconnue d’utilité publique Marqué par la vie, protégé par nous. L’Ordre de Malte, une force au service des plus fragiles depuis 900 ans Mère et enfant, précarité, maladie, handicap, isolement : sur le terrain de toutes les fragilités, en France comme à l’international, les hommes et les femmes de l’Ordre de Malte France unissent leurs forces, leur foi et leur expérience de terrain pour accompagner, protéger et sauver chaque année des milliers de personnes en détresse. Aujourd’hui, en transmettant une part de vos biens au travers d’un legs, d’une donation ou d’une assurance-vie, vous pouvez être une force essentielle à nos côtés et œuvrer pour un monde plus fraternel, pour longtemps. Pour vous accompagner dans ce beau projet, n’hésitez pas à consulter notre équipe dédiée, votre notaire ou encore notre site internet ordredemaltefrance.org. M Mme Mlle Nom : ........................................................................ Prénom : ............................................................................. Adresse: .......................................................................................................................................................................................... Code postal : ......................................................... Ville : ......................................................................................................... Tél. (facultatif) : Email (facultatif) : ......................................................................................@....................................................................... ALPM0621 Si vous le souhaitez, je peux vous aider à construire votre projet de transmission. Je suis là pour vous, n’hésitez surtout pas à me contacter au 01 55 74 53 53, par courrier, ou à v.lazzarin@ordredemaltefrance.or . Je vous répondrai avec plaisir, à bientôt ! » VincentLazzarin,Responsabledesrelationstestateurs Merci de me faire parvenir votre brochure . Vous la recevrez gracieusement, sans aucun engagement de votre part. À compléter et retourner à : Ordre de Malte France - 42 Rue des Volontaires, 75015 Paris Sous la responsabilité de son Président, l’Ordre de Malte France, association reconnue d’utilité publique collecte vos strictes données nécessaires (coordonnées postale et mail, âge, téléphone, situation familiale et patrimoniale) à des fins de traitement interne de votre potentiel projet de transmission, dans la limite de la durée nécessaire au traitement limitée à 9 ans. Le traitement de vos données est exercé dans l’intérêt légitime poursuivi par l’association et les données ne sont pas transféré hors UE. Vous pouvez exercer votre droit à l’information sur vos données personnelles collectées et ainsi demander la rectification, le complément, la mise à jour, ou l’effacement de vos données collectées, vous pouvez vous opposer ou demander la limitation du traitement pour motif légitime, ou retirer tout consentement sur simple demande. Vous pouvez exercer vos droits auprès de notre DPO indépendant, garant de l’absence de conflits d’intérêts par Email : dpo.rgpd@ordredemaltefrance.org ou courrier à : DPO Ordre de Malte France - Institut PRH – 16 avenue de la Côte d’Argent 33380 MARCHEPRIME. Vous pouvez retrouver notre politique de confidentialité sur le site ordredemaltefrance.org. Pour en savoir plus sur vos droits, vous pouvez consulter le site de la CNIL : www.cnil.fr © Nathalie Bardou/Hans Lucas. Votre legs, le plus beau geste envers les plus fragiles
santé VIVRE « On apprend au sujet le chemin à suivre pOur qu’il Oriente sOn attentiOn ailleurs que sur sOn trOuble » * Docteur Jean Becchio, directeur du diplôme universitaire d’hypnose naissances lebaby-bOOm des jumeaux médicale et des TaC, université Paris-saclay, fondateur du Collège international des thérapies d’activation de la conscience. la nOuvelle hypnOse méthOde et applicatiOns Le docteur Jean Becchio*, coauteur du livre « Du nouveau dans l’hypnose » Le taux de gémellité a augmenté de 25 % en trente ans. Plus de 1,6 million de paires de jumeaux naissent chaque année dans le monde. Deux causes : l’assistance médicale à la procréation, qui s’est généralisée, et les maternités plus tardive : en effet, la gémellité croît avec l’âge des femmes. Huit jumeaux sur dix naissent en Afrique ou en Asie. (éd. odile Jacob), explique cette technique, son intérêt et ses dernières avancées. par le docteur philippe Gorny Paris Match. Qu’est-ce que l’hypnose ? Docteur Jean Becchio. Le médecin écossais James Braid l’a définie en 1843 comme un état de conscience particulier, proche du sommeil profond, commandé par la voix d’un praticien, caractérisé par une indifférence à l’environnement et une hypersuggestibilité. Un siècle plus tard, en opposition aux suggestions très directives de l’hypnose originelle, le psychiatre américain Milton Erickson découvrit que le langage du thérapeute gagnait en efficacité s’il utilisait des suggestions indirectes et des métaphores. En 1980, l’imagerie cérébrale fonctionnelle (IRM) prouva que le processus hypnotique correspond à l’activation d’aires du cerveau spécifiques, différentes de celles de la conscience normale. Depuis 2005, diverses avancées en neurosciences ont remis en question les définitions passées, donnant naissance à une “nouvelle hypnose”. En quoi consiste-t-elle ? La neurophysiologie moderne nous a montré que toutes les régions du cerveau communiquent entre elles de façon permanente et sans barrières, faisant de la vision freudienne qui cloisonnait le conscient et l’inconscient une notion dépassée. Que le schéma simpliste d’un cerveau gauche conscient et d’un cerveau droit inconscient est totalement faux. L’idée séculaire que l’hypnose peut explorer l’inconscient est apparue tout autant erronée. On parle désormais d’un cerveau connecté ou non. Être conscient, un peu, beaucoup ou pas du tout, est purement subordonné à nos facultés d’attention. C’est cette dernière qui détermine notre degré de conscience : elle est quasi nulle sous anesthésie générale et hyperactivée chez la sentinelle qui garde un camp. L’hypnose dont je parle manipule les phénomènes conscients de l’attention pour agir sur l’ensemble du cerveau. Ainsi, elle peu par exemple modifier le ressenti d’une douleur par action sur les émotions (système limbique), les réseaux de neurones impliqués dans le mécanisme algique, les zones motrices commandant les muscles d’un membre et l’analyse du tout par le cortex préfrontal (aire cérébrale qui conceptualise l’ensemble de nos perceptions). finDevie lesFrançaisplébiscitent l’aideàmOurir C’est ce que vous nommez techniques d’activation de conscience (TAC) ? Exactement ! Ces TAC, nouvelles en France (2015), portent l’attention des patients ailleurs que sur leur inconfort. Elles ne gardent de l’hypnose traditionnelle d’Erickson que la suggestion, les métaphores et les ressources du sujet en pensées positives. Elles abandonnent le concept d’amnésie, de dissociation mentale (entre l’environnement et ce que le thérapeute suggère) et le lâcher-prise corporel sur un divan. On remplace tout cela par l’hyperéveil de la conscience. On demande au sujet une posture tonique, incommode, assis sur un tabouret, mains devant la poitrine, pour le garder en alerte et dialoguer avec lui tout au long de la séance. On se désintéresse Un récent sondage Ifop, réalisé à la demande de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (chez 1 013 sujets âgés de 18 ans ou plus représentatifs de la population française adulte), révèle que 93% des sondés sont favosondage rables à l’euthanasie (53 % de façon absolue – 40 % selon les cas) pour les personnes atteintes de maladies insupportables et incurables. Ils sont aussi 89 % en faveur du suicide assisté si ces mêmes personnes le réclament. Ils souhaitent la légalisation de ces démarches via une évolution de la loi actuelle (ClaeysLeonetti) sur ces questions. « l’hypnose dont je parle manipule les phénomènes conscients de l’attention pour agir sur l’ensemble du cerveau » PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 132 du passé et de la cause du trouble. On travaille sur le vécu qui est “un mal-vécu”, ici et maintenant. On apprend au sujet le chemin à suivre pour qu’il oriente son attention ailleurs que sur son trouble. On exploite dans ce but la connectivité naturelle du cerveau. Alors que les séances d’hypnose traditionnelle sont longues (30-60 minutes) les TAC sont courtes (15 minutes), répétées autant que nécessaire. Quels en sont les champs d’application ? Les douleurs physiques, l’anxiété et le stress, les troubles de l’attention et de la mémorisation (hors maladies dégénératives), les addictions, des applications en soins palliatifs, en pré ou postopératoire, pour certaines anesthésies, la préparation mentale des sportifs… Comment trouver un bon hypnothérapeute? Sur notre site www.citac.fr on trouvera des praticiens certifiés.

Plus d’ArTICles sur PArIsMATCH.CoM Président d’honneur Daniel Filipacchi. directeur général de la rédaction Romain Lacroix Nahmias (photo), Aurélie Raya (actualités). coordination textes Photo : Jérôme Huffer. economie : Anne-Sophie Lechevallier. archives : Flore Olive. Sylvain Maupu (DA adjoint), Ludovic Bourgeois, Anne Fèvre (1ers maquettistes), Linda Garet, Alban Le Dantec, Flora Mairiaux, Paola Sampaio-Vaurs. chefs des services Hervé Gattegno. directeur de la rédaction Olivier Royant. directeurs adjoints de la rédaction chefs des services adjoints Guillaume Clavières (directeur photo), Caroline Mangez. Politique : Virginie Le Guay. culture : François Lestavel. Photo : Matthias Petit, conseiller de la direction, affaires internationales Corinne Thorillon (culture). Régis Le Sommier. grands rePorters Arnaud Bizot, Nicolas Delesalle, Sophie des Déserts, Mariana Grépinet, François de Labarre, Emilie Lanez, Ghislain Loustalot, Caroline Pigozzi. directeur artistique Cyril Clement. directeur artistique adjoint Thierry Carpentier. rédacteurs en chef Bruno Jeudy (actualités-politique), Elisabeth Lazaroo (Vivre Match), Benjamin Locoge (culture-Semaine de Match), Gilles Martin-Chauffier (éditing), Catherine Schwaab (chroniqueuse), Catherine Tabouis (personnalités). editorialiste associé Stéphane Bern. corresPondant à new York Olivier O’Mahony. rePorters Emilie Blachere, Pauline Delassus, Caroline Fontaine, Anne-Laure Le Gall, Grégory Peytavin, Florence Saugues. rePorters PhotograPhes Philippe Petit, Kasia Wandycz. numérique Yannick Vely (rédacteur en chef délégué), Vanessa Boy-Landry, Emilie Cabot, Adrien Gaboulaud, Sarah Louaguef, Clément Mathieu, Kahina Sekkaï (rédacteurs). dessinateurs Sempé, Joann Sfar. coordinatrice de la rédaction MAISON SCHOUMER ACHÈTE PAIEMENT IMMÉDIAT Karyn Bauer. secrétariat Lydie Aoustin, Nadia Frapin, Corinne Papin-Meriaux. documentation texte Françoise Perrin-Houdon. archives Photo Françoise Ansart, Claude Barthe, Pascal Beno, Nadine Molino. Tél. : 01 87 15 59 46 (Nelly Dhoutaut). Alain Dorange. Tania Lucio, Aline Paulhe (production – personnalités). Anne-Cécile Beaudoin (Vivre Match), Romain Clergeat (Match avenir), Tania Gaster (technique), Danièle Georget (rewriting), Laurence Cabaut (1re secrétaire de rédaction), Christophe Baudet, Agnès Clair, Séverine Fédélich, Sophie Ionesco. Révision : Monique Guijarro, Alexandra Peretz. rédacteurs en chef adjoints maquette revente Photos scooP service Photo secrétaire général de la rédaction Guylaine Schramm. secrétariat de rédaction aBonnements. 1 an (52 numéros) : 103 euros. Paris Match, 60643 Chantilly Cedex. Tél. : 01 87 64 68 10. Paris match 2, rue des Cévennes, 75015 Paris. Tél. standard : 01 80 20 30 00 - Site Internet : www.parismatch.com match aux etats-unis 235 Park Avenue South, 6th floor, New York, NY 10003. Tél. : 00 1 212 767 63 28 - Fax : 00 1 212 489 56 20 Paris match Belgique Paris Match Belgique, rue des Francs 79, 1040 Bruxelles Rédaction tél. : 0032 2 211 31 48 - Fax : 00 32 2 211 29 60 - E-mail : marc.deriez@saipm.com Paris match est édité par lagardÈre media news, société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) au capital de 2 005 000 €, siège social : 2, rue des Cévennes, 75015 Paris. RCS Paris 834 289 373. Associé : Hachette Filipacchi Presse. Présidente : constance Benqué. directrice de la PuBlication : constance Benqué directrice générale adjointe directeur des oPérations marketing direct editrice numérique ventes - diffusion communication et diversification éditoriale Anne-Violette Revel de Lambert. Anne-Lise Lecointre-Baladi. déveloPPement Gwenaëlle de Kerros. Christophe Choux. Laura Félix-Faure, Sandrine Pangrazzi (5678), Sylvie Santoro (5679). faBrication Philippe Redon, Nicolas Bourel. Sandrine Mascle-Dufin. Philippe Legrand. juridique Presse François-Xavier Farasse. Numérodecommissionparitaire :0922C82071. ISSN0397 1635. Dépôtlégal :juin 2021/©LagardèreMediaNews2021. Art asiatique Lesindicationsdemarquesetlesadressesquifigurentdanslespagesrédactionnellesdecenumérosontdonnéesàtitred’informationsansaucunbutpublicitaire. Lesprixpeuventêtresoumisàdelégèresvariations.Lesdocumentsreçusnesontpasrendusetleurenvoiimpliquel’accorddel’auteurpourleurlibrepublication.Lareproduction des textes, dessins,photographiespubliésdanscenuméroestlapropriétéexclusivedeParisMatch,quiseréservetousdroitsdereproductionetdetraductiondanslemondeentier. Imprimeries HELIO PRINT, 77440 Mary-sur-Marne Maury, 45330 Malesherbes - Rotofrance, 77185 Lognes. Papierprovenantmajoritairementd’Allemagne, 65 %defibresrecyclées.PapiercertifiéPEFC. Eutrophisation :Ptot0,003kg/T. lagardÈre PuBlicité news coordinatrice média : Aurélie Marreau. amarreau@lagarderenews.com 2, rue des Cévennes, 75015 Paris. Présidente : Marie Renoir-Couteau. directrice déléguée Pôle presse : Fabienne Blot. directrice de publicité : Dorota Gaillot. equipe commerciale : Olivia Clavel, Anne Demulder, Céline Dian-Labachotte, Sophie Duval, Maxime Mendelewitsch. PuBlicité littéraire Catherine Kolb. ckolb@lagarderenews.com PuBlicité internationale Lagardère Global Advertising : François Coruzzi (CEO), Julian Daniel (SVP). Tél. : +33 (0) 1 87 15 44 83. jdaniel@lagarderenews.com recherche documentaire, vente anciens numéros Fabienne Longeville. Tél.: 0187155488, http://anciensnumeros.parismatch.com, e-mail: flongeville@lagarderenews.com. Années 19491990 : 35 €. 1991-2000: 25 €. 2001-2013: 15 €. 2014 à 2018: 10 €. A partir de 2019 : 6 €. Joindre le règlement à la commande à l’ordre de Paris Match, adressé à Paris Match Service Lecteurs, 2 rue des Cévennes, 75015 Paris. Si recherche nécessaire, nous contacter. PARIS MATCH (ISSN 0397-1635) is published weekly (52 times a year) by LAGARDÈRE MEDIA NEWS c/o Express Mag, 12 Nepco Way, Plattsburgh, NY, 12903. Periodicals Postage paid at Plattsburgh, NY. POSTMASTER: send address changes to PARIS MATCH c/o Express Mag, P.O. box 2769, Plattsburgh, NY 12901-0239. Encarts :4p.Nord Pas de Calais,4p.Limousin Aquitaine Poitou Charentes,12p.GrandRhône Alpesentrelespages32 33et112 113.2p.abonnementposé sur 4e de couverture.« Lepoint » posé sur 4e de couverture. HELIO PRINT (imprimeur Hélio) 10-31-1282 Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org MAuRy IMPRIMEuR (imprimeur offset) Magazine imprimé sur du papier certifié PEFCTM (sauf encarts). Instruments de musique Nos reNdez-vous le Week-enD, écoutez sur « Europe Soir Week-end » de Wendy Bouchard et retrouvez le saMeDi à 19h50 « L’Entretien – une date, une histoire » de Philippe Legrand un partenariat « L’efficacité à l’état pur » PArIs MATCH Du 3 Au 9 JuIN 2021 134 la photo “Match” sur europe 1 Découvrez l’histoire de la photo d’actualité Paris Match, tous les samedis à 7h15 Dans la Matinale Week-enD 6 h-9 h De pierre De vilno Pâte de verre 06 87 15 41 52 ou s-schoumer@orange.fr Déplacement gratuit dans toute la France GESTES BARRIÈRES RESPECTÉS
leS ARCHIveS de Sa première visite officielle en tant que reine est réservée au peuple de France. Le duc d’Édimbourg l’accompagne. Ils sont mariés depuis dix ans déjà, mais dans la Ville Lumière, Elizabeth et son Prince sont acclamés comme un jeune couple hollywoodien. Entre le 8 et le 11 avril 1957, nos reporters et photographes les ont suivis pas à pas. Le numéro consacré à cet événement reste le plus vendu de l’histoire du magazine. Le 8 avril 1957, à l’Opéra de Paris, le président René Coty, la reine Elizabeth II et le prince Philip, debout dans la loge présidentielle, face aux spectateurs tournés vers eux, vont assister à un ballet inspiré d’une histoire médiévale intitulé « Le chevalier et la damoiselle ». du 3 au 9 juin 2021 PARIS MATCH 135
Au premier jour de leur visite, à 12 h 24 exactement, la Reine, son époux et le président de la République René Coty apparaissent au balcon du palais de l’Élysée. Photo : Willy Rizzo
Les couvertures des numéros 418 et 419 consacrés à ce voyage. Sur la seconde, la Reine et le prince place de l’Étoile, suivis par Bourgès-Maunoury, ministre de la Défense nationale, le général Zeller et le maréchal Juin. Le 9 avril 1957, Elizabeth II à la tribune d’honneur de l’hôtel de ville de Paris où elle prononce une courte allocution dans un français impeccable. Derrière elle, à sa gauche, sont assis René Coty et le prince Philip. La première journée se conclut par un gala à l’Opéra Garnier. Pendant l’entracte, la Reine se présente à la foule depuis le grand balcon du monument tendu de velours bleu. Elle s’en retire bouleversée : dans la rue, 50 000 Parisiens crient d’une seule voix : « Vive la Reine ! » À Flins, le 10 avril 1957, la Reine visite les usines Renault, assise à l’arrière d’une décapotable. d du 00 MOiS 2021 PARIS MATCH 137
Pour la dernière soirée du couple royal à Paris, le 10 avril 1957, la Reine pose avec le président René Coty et Mme Monnerville, épouse du président du Conseil de la République, avant le dîner organisé dans la salle des Caryatides au Louvre. Par Flore Olive «Mais comment les Français ont-ils pu guillotiner un roi ? » avait-elle demandé, touchée par la ferveur de l’accueil qui lui avait été réservé lors de sa précédente visite, en 1948. Elizabeth, qu’on appelait alors «la petite princesse », avait seulement 22 ans. Neuf ans plus tard, la voilà de retour dans le Paris des Trente Glorieuses, en tant que reine cette fois. Les cérémonies fastueuses organisées pour cette visite d’État de quatre jours n’auront pas d’équivalent. À l’Élysée, il a fallu deux mois pour préparer les appartements du premier étage réservés à la Reine et au prince. Le pays est en émoi. « Voici donc présentés les deux héros de la pièce en quatre actes qui s’est jouée sur le grand théâtre de Paris, écrivait Jean Farran, le reporter de Match. [...] Peu importait ce qu’on allait leur montrer. Ils étaient le vrai spectacle. » Accueilli à Orly le 8 avril 1957 par le président René Coty, qui complimenta la Reine pour son français parfait, le couple se rendit ensuite à l’Élysée où le prince Philip reçut la grand-croix de la Légion d’honneur. Le président laissa à la Reine le bénéfice de la traditionnelle PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 138 accolade. À la place, elle embrassa son mari sur les deux joues, rappelant ainsi qu’elle était avant tout une jeune femme moderne. Un geste « follement français » selon la presse anglaise. Après des visites protocolaires, la soirée se poursuivit à l’Opéra, où, depuis le balcon, eut lieu le premier tête-à-tête entre les Parisiens et le couple royal. Au pied du monument, ils étaient des milliers à scander son nom. La Reine se laissa griser par cette foule enthousiaste. « Je suis stupéfait », dit Philip. Pour Jean Farran, le 9 avril « fut sans aucun doute le jour le plus réussi avec ces deux diamants que furent la matinée à Versailles et la soirée sur la Seine ». Pour le déjeuner dans la galerie des Glaces l’attendaient 300 invités servis par 125 maîtres d’hôtel. Au menu, un cœur de charolais Montpensier et un suprême de bécasse Grand Siècle. Dans le ciel, au-dessus du Grand Canal, un avion écrivit « Vive la Reine ». Le dîner fut le seul moment d’intimité du couple. Ils partagèrent un simple poulet rôti accompagné d’un bordeaux blanc qu’elle avait elle-même choisi, avant de rejoindre la Seine pour une courte croisière. Dans sa robe de dentelles argentée rehaussée de diamants et de cristaux, les épaules recouvertes d’une cape de renard blanc, elle était « la belle Liz », comme l’avait baptisée la presse américaine. Tout Paris était là. « Il déferle sur les quais, écrit le journaliste de Match. Les concierges, les employés, les sergents de ville, les fonctionnaires, les dactylos et tous ceux qui ne font rien ou qui font ce qu’ils veulent. Tout ce grand fleuve d’hommes et de femmes qui remontent à contre-Seine vers le cœur de la ville qui est le cœur de la France. [...] Jamais on ne vit aussi grand théâtre [...]. Le plus grand “show” depuis l’inauguration du canal de Suez par l’impératrice Eugénie. » Parce que de forts liens d’amitié unissent la Flandre au Royaume-Uni, pour son dernier jour, le 11 avril, le couple remonta vers Londres en passant par Lille et Roubaix. Après avoir visité, la veille, les usines de la régie Renault,
les archives de Le feu d’artifice tel que l’a vu la Reine, depuis son bateau, immobilisé devant le pont Alexandre-III. Au deuxième jour de sa visite, Elizabeth II a effectué une croisière sur la Seine, traversant la capitale illuminée par 2 800 projecteurs. Abonnez-vous! Et plongez au cœur de l’actualité chaque semaine… Anne SinclAir « AvecDSK, j’étais sousemprise » leur vie, le choc, la rupture : elle se confie à match StAlincrAcK la drogue dans un jardin d’enfants! les mages qui indignent lADyDiAnA la vraie histoire del’interview scandale À Par s le 11 mai BULLETIN D’ABONNEMENT Adresse d’expédition du bulletin et du règlement: Paris Match - CS 50002 - 59718 Lille Cedex 9. FRANCE et DOM-TOM: 6 mois (26 Nos): 52 € - 1 an (52 Nos): 103 €. Je m’abonne à Paris Match pour une durée de : 6 mois 1 an au prix de :........................................................................................................................................................................... Je joins mon règlement par: chèque bancaire ou postal à l’ordre de: Paris Match mandat postal virement bancaire carte bancaire (France uniquement) N° Expire fin M M A A Date et signature: (obligatoires) la Reine se rendit dans les fabriques textiles du groupe Prouvost, Le Peignage Amédée et La Lainière de Roubaix, où travaillaient alors plus de 9 000 ouvriers et ouvrières. Elizabeth et Philip réservèrent leurs adieux à la France laborieuse. Selon Jean Farran, « cet accueil de la France a surpris la France elle-même. Le peuple le plus insolent de la terre, le plus républicain aussi, a acclamé une Reine qui ne vient jamais au niveau populaire, à qui le protocole interdit de boire, de fumer, de manger, de se maquiller en public, une Reine à qui l’on doit faire la révérence, à qui l’on ne doit pas parler le premier, ni même baiser la main : la plus hautaine de l’Univers, selon ses rites. Et c’est d’elle que Paris moqueur, Paris chauvin, a trouvé le moyen de tomber amoureux, d’elle, la descendante de la souveraine de Fachoda ». carte bancaire (États-Unis/Canada uniquement) N° Expire fin M M A A Date et signature: (obligatoires) Mme M. Nom Prénom Adresse Merci d’indiquer votre adresse complète (rue, bâtiment, entrée, étage, lieu dit…) Code postal Pays Date de naissance Le 9 avril 1957, la Reine remonte en voiture après avoir posé la première pierre de l’église presbytérienne écossaise de Paris, située rue Bayard, dans le VIIIe arrondissement. Ville J PMJ94 / PMJ95 J M M A A A A Je laisse mon numéro de téléphone et mon mail pour le suivi de mon abonnement. N° Tel E-mail J’accepte de recevoir les offres commerciales de l’Éditeur de Paris Match par courrier électronique. J’accepte de recevoir les offres des partenaires de l’Éditeur de Paris Match par courrier électronique. Bulletin à retourner avec votre règlement au service Abonnements du pays concerné. • Belgique 6 mois (26 Nos) : 58 € - 1 an (52 Nos) : 109 € Règlement sur facture Paris Match Belgique IPM Service Abonnements Rue des Francs 79 1040 Bruxelles. Tél.: (02) 744 44 66. E mail: ipm.abonnements@saipm.com • suisse 6 mois (26 Nos) : 99 CHF - 1 an (52 Nos) : 189 CHF Règlement sur facture Dynapresse, Chemin du Château Bloch, 10 CH 1219 Le Lignon Suisse. Tél.: 022308 08 08. E mail: abonnements@dynapresse.ch • ÉTATs-uNis 6 mois (26 Nos) : $ 109 - 1 an (52 Nos) : $ 199 Chèque bancaire à l’ordre de Express Mag, carte Visa, Mastercard, en monnaie locale. Paris Match, P.O. Box 2769 Plattsburgh, N.Y. 12901 0239. Tél.: 1 (800) 363 1310 ou (514) 355 3333. E mail: expressmag@expressmag.com Express Mag, 3339 rue Griffith, Saint Laurent, QC H4T 1W5 Canada. Tél.: 1 (800) 363 1310 ou (514) 355 3333. E mail: expressmag@expressmag.com • cANAdA 6 mois (26 Nos) : $ CAN 129 - 1 an (52 Nos) : $ CAN 239 Chèque bancaire à l’ordre de Express Mag, carte Visa, Mastercard, en monnaie locale (T.P.S. + T.V.Q. non incluses). • AuTres pAys Nous consulter Mandat postal, virement bancaire en monnaie locale ou l’équivalent en euros calculé au taux de change en vigueur. Paris Match, CS 50002, 59718 Lille Cedex 9. Tél.: (33) 0175337044. Pour tout renseignement concernant les abonnements, contactez-nous au : 01 87 64 68 10 ou par e-mail : parismatch@relationclient.lagarderenew.com Abonnez-vous sur Internet : www.parismatchabo.com Veuillez prévoir un délai de quinze jours pour la France et quatre à six semaines pour l’étranger pour l’installation de votre abonnement, plus le délai d’acheminement normal pour un imprimé. Pour tout changement d’adresse, veuillez nous prévenir suffisamment tôt. Prix de vente en kiosque 3 €. Paris Match est édité par LMN, RCS Paris 834 289, 2, rue des Cévennes, 75015 Paris (Tél.: 0187646810) - TVA FR 23834289373. L’envoi de votre bulletin vaut prise de connaissance et acceptation des CGV, accessibles sur www.abonnement.parismatch.com. Abonnement résiliable à tout moment (remboursement des numéros non reçus). En cas de litige, vous pouvez saisir le médiateur de la consommation (MEDICYS, 73 Bd de Clichy, 75009 Paris ou formulaire sur www.abonnement.parismatch.com). Vous disposez d’un droit de rétractation de 14 jours après réception du 1er numéro (cf. formulaire de rétractation sur www.abonnement.parismatch.com). Ces données sont destinées à LMN et à ses prestataires techniques afin de gérer votre abonnement, et, si vous y consentez, à ses partenaires commerciaux, à des fins de prospection. Vous pouvez exercer vos droits d’accès, de rectification, d’effacement, d’opposition, à la limitation et portabilité de vos données, ainsi qu’au sort de celles-ci après la mort à l’adresse postale ci-dessus. Voir notre Charte données personnelles sur www.abonnement.parismatch.com. du 3 au 9 juin 2021 Paris MaTch 139
JeuX mots croisés problème n° 3761 1 2 3 4 sudoKu par David Magnani 5 6 7 8 9 10 11 12 13 I complétez la grille avec les chiffres de 1 À 9 de façon à ce qu’ils n’apparaissent qu’une seule fois dans chaque rangée, chaque colonne et chaque carré de neuf cases. 5 2 II III CouP de PouCe on libère les 3 et 8, puis on inscrit les 9, 2, et les 4 qui sont bien cachés. mais on a les 5 qui veulent montrer le bout de leur nez, on y va. on suivra avec les 1, 7 et les 6. la grille remplie montrera une case avec un seul chiffre. on le libère ainsi que ses congénères, cela aura pour effet de dégager les 6 retardataires et le reste des 9. IV V VI VII VIII IX HORIZONTALEMENT I. Une action qui implique un investissement sur place. II. Quand un ange est aux anges. Dans le Jura mais en Suisse. Adresse électronique. III. Qui comprend tout. Trois-quarts gaulois, troisquarts romain. IV. Tirer du bord. Action en faveur de la culture. V. Rogne de vieux manuscrits. Façon d’aller qui se dit après avoir tu. A trouvé sa maison puis en est sorti. VI. Gâteau qui ne se partage pas. Or donc en d’autres termes. VII. Bien branché. Demande un minimum de tenue. Ignorent les plates bandes. VIII. Elles mettent les bouchées doubles. Est de l’assistance. IX. Ont suffisamment été portées. Autour desquels la foule se presse. VERTICALEMENT 1. Un écrit qui ne manque pas d’une certaine portée. 2. Couche avec des cadres supérieurs. Ronde de quartiers. 3. Écrire pour passer à la postérité. Deuxième d’une portée. 4. Sa marche est soutenue par de nombreux membres. Chevilles utiles pour faire des trous. 5. Des lézards comme des serpents. 6. Rallonge de table. Mise en page en cas de besoin. 7. Un bon endroit pour se faire des connaissances. Ça nous dit où et quand. 8. Représentante du personnel féminin. Hasard des débuts d’une rencontre. 9. Un tiens vaut mieux. Composition au piano et à la batterie. 10. Deux roues plus une. 11. Du latin pour ainsi dire. Passe par le nez ou par l’oreille. 12. Compte en Suisse. Fait goûter au poireau. 13. Concernées par tout ce qui est petit et bête. solution du problèmen° 3759 HORIZONTALEMENT I. Faites vos jeux. II. enfumée. aulne. III. mi. Ébène. puer. IV. impur. ansée. V. narrative. SVp. VI. Île. Satins. ah. VII. Setter. Établi. VIII. rareté. maul. IX. Émeu. rassurée. VERTICALEMENT 1. Féminisme. 2. animale. 3. if. prêtre. 4. Tueur. Tau. 5. embraser. 6. See. Tarer. 7. Venait. Ta. 8. enviées. 9. S.a. Sent. 10. jupe. Samu. 11. Élues. bar. 12. une. Value. 13. Xérophile. Solution dans notre prochain numéro impair. PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 140 niVeau : diFFiCile Solution de cette grille sous notre prochain sudoku 8 6 3 1 7 8 solution du sudoKu précédent 1 2 5 3 9 8 6 4 1 7 9 8 5 2 3 8 3 9 3 2 8 6 5 4 7 1 9 7 9 5 2 3 1 6 4 8 4 4 7 3 8 6 2 1 7 3 9 5 4 6 5 3 9 4 2 6 5 7 1 4 1 7 9 8 5 3 6 2 5 1 1 8 3 5 4 7 2 9 6 9 5 4 3 6 2 1 8 7 2 7 6 8 1 9 4 3 5 solutiondesAnAcroisésn° 1053 HORIZONTALEMENT : 1. Délicat 2. Absorbée 3. Chevalet 4. Examiner 5. Enceinte 6. Capable 7. Complexe 8. Attrapé (retapât) 9. Irritât 10. Gaufrage 11. Aromate 12. Vénerie (enivrée, éveiner) 13. Miauleur 14. Maudite 15. Etablit 16. Pipette 17. Garnira 18. Besacier 19. Spolias (spoilas) 20. Elagage 21. Ysopets 22. Ahurir 23. Paseos 24. Beurrée 25. Solubles 26. Boursier 27. Cuirait 28. Usables 29. Trappeur 30. Falaise 31. Socques 32. Haletant 33. Sismaux 34. Tapina (panait, patina, piñata, taïpan) 35. Museaux 36. Aunaies 37. Espadon 38. Guenons 39. Bonnets (snobent) 40. Pogoté 41. Agences (encagés) 42. Exigeons 43. Enémas (amènes, émanés) 44. Aposté (sapote) 45. Inaction 46. Adresses 47. Urètres 48. Stibiées 49. Ivrogne 50. Serrano (orneras) 51. Mégotent 52. Isérois 53. Micmacs 54. Lestages 55. Alésage 56. Aurait (atriau) 57. Réagines (anergies, égrainés, égrenais, générais, grainées) 58. Nullarde 59. Amitieux 60. Gigognes 61. Oasienne 62. Rôtira 63. Ionisée 64. Inexpié 65. Réerai 66. Faucille 67. Etisies 68. Jazzais. VERTICALEMENT : 69. Décuvage 70. Abbatial 71. Smicard 72. Exonérât 73. Angiite 74. Laminer (minéral) 75. Pfennig 76. Imprégné 77. Erosion (noroise) 78. Abolitif 79. Illusion 80. Cécité 81. Anémiera (amarinée, amènerai, émanerai) 82. Rinçage (craigne) 83. Etagère 84. Usaient (suaient, uniates) 85. Amertume 86. Postaux 87. Ambiguë 88. Réunion 89. Béquille 90. Cassons 91. Diergol 92. Snifais 93. Osséine (éosines) 94. Biphasée 95. Blaireau (biaurale) 96. Viragos (gravois) 97. Biogène 98. Voliger 99. Sourire 100. Arienne (enrênai) 101. Endossée 102. Faubourg 103. Tripier 104. Annonéen 105. Huronien 106. Sultans 107. Semences 108. Proposa 109. Malaisée 110. Escalope 111. Acétate 112. Subsiste 113. Simulais 114. Yèbles 115. Dessolé (désolés, soldées) 116. Muscari 117. Résidera (désirera, sidérera) 118. Britpop 119. Juponner 120. Libeller 121. Mixage 122. Rafalera 123. Arénas 124. Pianota (panotai) 125. Entêtés (tentées) 126. Dandinés 127. Souffris.
LES NUMÉROS HISTORIQUES OFFREZ-VOUS LES NUMÉROS COLLECTORS DE PARIS MATCH D’HIER ET D’AUJOURD’HUI POUR TOUTE COMMANDE OU RENSEIGNEMENTS parismatch.com/anciens-numeros flongeville@lagarderenews.com Tél : (33)1 87 15 54 88 HORS-SÉRIES COLLECTION «À LA UNE» I HORS-SÉRIE I COLLECTION “A LA UNE” I I HORS-SÉRIE I COLLECTION “A LA UNE” I LA NOSTALGIE KENNEDY HÉROS ET VISIONNAIRE VENTE EN LIGNE www.parismatchabo.com M 01066 - 1H - F 6,95 E - RD (uniquement possible pour les hors-séries, hors étranger) ALLAS LA FUREUR DE VIVRE SES AMOURS ROCK’N’ROLL ELVIS, JAMES DEAN... SON AMÉRIQUE À LUI APRÈS LAS VEGAS LA CROISIÈRE SECRÈTE S PHOTOS NFIN ETROUVÉES Yarol Poupaud « LA SCÈNE, SON RING » Histoire de fan « MA CHANSON POUR JOHNNY » JOHNNY LA LÉGENDE FK MBRES LUMIÈRES PHILIPPE LABRO MMENT IL A UVÉ LE ONDE DE OCALYPSE OLIVIER ROYANT Jackie LA PREMIÈRE FIRST LADY PAR VALÉRIE TRIERWEILER MODE AISONS ATALES ARILYN LES AUTRES LE CHIC À LA FRANÇAISE EXCLUSIF LES SŒURS RIVALES LE LIVRE À PARAÎTRE M 01066 - 8H - F: 6 95 E - RD
L VIE Par Catherine Schwaab à ses clientes qui se demandaient si, «à leur âge», elles pouvaient se permettre de porter ce fourreau moulant, cette robe patineuse au-dessus du genou. Il se fâchait tout rouge: «C’est parce que tu as ton âge que tu t’en fous! Toi, tu fais ta gym et, moi, je te fais la robe qui tient les fesses!» On rêve d’un nouvel Alaïa. Il aurait adoré Japan Pom-Pom. Aurait redessiné leur jupette rose. Car c’est bien la seule chose dont on peut se moquer. Au-delà du culot de se lancer, ces adorables Japonaises gardent leur goût «kawaï»! Mais individuellement, ces arrière-grand-mères ont une force intérieure qui doit nous inspirer. À commencer par leur leader, ancienne mère au foyer timorée, trois petits-enfants, quatre arrièrepetits-enfants. Fumie s’était quasiment résignée à finir sa vie frustrée et immobile. C’était il y a vingt-cinq ans, dans un pays pétri de conventions rigides. Cette dame lucide et intelligente a suivi son désir. Soutenue par son fils et sa fille, elle est allée au Texas étudier la gérontologie. À 65 ans. Maîtrise en poche, elle est rentrée au Japon, où près de 30 % de la population a plus de 65 ans – en France, c’est 21%, en Allemagne, 22%… Et ça augmente partout. Quand Fumie a découvert à la télé un groupe de Senior Pom-Pom américaines, elle a eu le déclic. Et voilà! Première sélection de copines qui déprimaient de voir leurs ami(e)s mourir autour d’elles, entraînement, costumes... «Même si vous sentez que vous ne pouvez plus suivre le rythme, vous devez quand même essayer de rester avec nous», martelait-elle. Aujourd’hui, tout le monde a intégré son «mental». En 2016, elles ont donné un spectacle anniversaire pour fêter leurs vingt ans d’existence. Et là, après un an de pause due au Covid, elles ont repris l’entraînement. Plusieurs équipes de sport les ont déjà réservées fermement. Pour stimuler leurs sportifs, elles avaient tenté les robots-chiens et les robots humanoïdes pom-pom. Technoïde et sans âme. À pleurer. Mme Takino résume: «Nous nous battons pour offrir de nous la plus belle attitude, c’est le plus efficace pour motiver une équipe.» On devrait les inviter au PSG. ’ C’est comme pour le vaccin AstraZeneca : pour être admise dans la troupe, il faut avoir plus de 55 ans. La règle a été instaurée par la fondatrice, Fumie Takino, 89 ans. En fait, la vingtaine de danseuses atteint une moyenne de 70 ans. Il y a dix ou quinze ans, « accuser » 70 ans, c’était se lever le matin sans avoir mal nulle part et se demander si c’est parce qu’on est mort. Les temps ont changé, les douleurs au réveil aussi. Pour les « filles » de la troupe Japan Pom-Pom, se réveiller sans courbatures est impensable. Des danseuses, quoi ! Du Moulin-Rouge à l’Opéra de Paris, ressentir l’effort musculaire de la veille, c’est le lot quotidien. Nos seniors s’entraînent deux heures par semaine. Ça semble peu vu leur chorégraphie rodée. Disciplinées, elles entretiennent leur musculature seules chez elles. Il faut les voir évoluer sans un tremblement, jambes et bras bien tendus. Sans âge. «Qu’y aurait-il d’amusant à regarder des grand-mères de 70 ans danser comme des vieilles?» réagit Fumie. Elle touche le cœur de la question. Chaque fois qu’on filme des vieux en train de faire de l’exercice, on adopte une sorte d’indulgence amusée devant ces corps fatigués, besogneux. On applaudit comme avec des enfants, mais on n’en pense pas moins: «Quand j’aurai leur âge, je ne donnerai JAMAIS ce spectacle de physique en décrépitude.» Plutôt mourir! Eh bien, Mme Takino vous éliminerait tout de suite de son casting! Comme le regretté Azzedine Alaïa le répétait Pom-Pom seniors Ces Japonaises ne sont pas des mamies ! PARIS MATCH du 3 au 9 juin 2021 142
*Un style de vie ! À partir de 119 € / MOIS (1) ENTRETIEN INCLUS (2) LLD 37 mois - 1 er loyer 1 790 € PRIME À LA CONVERSION 1 500 € DÉDUITE SOUS CONDITION DE REPRISE Encore plus séduisante, agile, élégante… Profitez du plaisir de conduire unique de la Nouvelle Swift Hybrid. Que ce soit en 2 ou 4 roues motrices, en boîte manuelle ou en boîte automatique, vous marquerez votre différence au volant de la Nouvelle Swift. Consommations mixtes gamme Nouvelle Suzuki Swift (WLTP) : 4,7 à 5,4 l/100 km. Émissions CO2 cycle mixte (WLTP) : 106 à 121 g/km. (1) Location Longue Durée pour 37 mois et 30 000 kilomètres pour une Suzuki Swift 1.2 Dualjet Hybrid Avantage, 1er loyer de 1 790 € couvert à hauteur de 1 500 € si éligible à la prime à la conversion*, puis 36 loyers de 119 €. Offre réservée aux particuliers, valable jusqu’au 31/07/2021 inclus, dans le réseau participant. Sous réserve d’acceptation de votre dossier par Arval Service Lease - SA au capital de 66 412 800 € - Immatriculée sous le n°352 256 424 RCS Paris. Siège social : 1, bd Haussmann - 75009 Paris - Identifant CE FR 68352256424 - ORIAS n° 07 022 411. Modèle présenté : Suzuki Swift 1.2 Dualjet Hybrid Pack option peinture métallisée So’Color, LLD pour 37 mois et 30 000 kilomètres, 1er loyer de 2 190 € couvert à hauteur de 1 500 € si éligible à la prime à la conversion*, puis 36 loyers de 149 €. (2) Les loyers comprennent les services associés suivants (en option et dans les limites et conditions prévues aux contrats de LLD et d’Assurance) : Entretien inclus • Assistance + : 24h/24 7j/7 au véhicule et aux passagers. Assurance Perte Financière, souscrite auprès de Greenval Insurance DAC, compagnie d’assurance de droit irlandais, enregistrée sur le numéro 432783, siège social : Trinity Point, 10-11 Leinster Street South, Dublin 2, Irlande (info@ greenval-insurance.ie) ; supervisée par la Banque Centrale en Irlande. Le détail du contenu des services associés est disponible auprès de Arval Service Lease. (*) Voir conditions sur www.primealaconversion.gouv.fr. Garantie constructeur 3 ans ou 100 000 km au 1er terme échu.
*L’élégance est une attitude Elegance is an attitude* Kate Winslet La Grande Classique de Longines